Nous sommes des Héros, volume 1 : Les porteurs d'Hooseki de Tatsushi-chan

Je n'avais jamais entendu un silence aussi oppressant de toute ma vie. Quand j'ai terminé de lire ce mot, je suis resté comme deux ronds de flan. D'abord car nous venions d'apprendre qu'Arceus n'était pas le Dieu suprême des pokémons, mais aussi à cause de la signature en bas de la lettre, Kitai…

- Mais c'est moi ça ! me suis-je exclamé très intelligemment.

- Si c'est une plaisanterie, elle est pas drôle, Kitai ! gronde Shayla.

- On ne plaisante pas avec ça ! renchérit Shinichi. Qui est le véritable auteur ?

- Mais puisque je vous dit que c'est moi ! Enfin Kitai ! Euh…je veux dire, nous avons le même nom, rien de plus !

Shayla, qui commence à perdre patience, m'arrache le papier des mains. « Hé ! » je proteste sans aucun effet. Elle survole rapidement le texte pour arriver à la signature.

- C'est vrai ! C'est Kitai qui l'a signée ! Enfin…ça ne peut pas être toi !

- Lui, un Dieu ? ricane l'Absol à côté de moi. Laisse tomber !

- Attendez, il y a un P-S…

Shayla se racle la gorge.

« P-S : Toi aussi tu t'appelles Kitai n'est-ce pas ? Alors, tu ferais bien d'aller voir le livre de « L'Histoire du Néant Absolu »… un simple conseil… »

- Quoi ? C'est bizarre non ? C'est comme s'il me connaissait déjà…et quel jour sommes-nous ?
- Euh…le 25 Octobriely de l'an 1893…mais pourquoi… ?

- Ce mot a été écrit il y a plus de 1600 ans !

- Bah, demandons le livre à la Bibliothèque au lieu de discuter ! Ça va fermer, nous devons nous dépêcher !

- Bibliothèque…je commence d'une petite voix. Pourrais-tu m'apporter le livre nommé « L'Histoire du Néant Absolu » s'il te plait ?

- Bien.

Aussitôt, le livre est téléporté par la Bibliothèque sur notre table. Dans le genre poussiéreux, on fait pas mieux. Sous le titre du livre, il y a un trou noir de représenté. Tout ça c'est bien beau, mais on n'aura jamais le temps de tout lire, va falloir l'emprunter. Mais on a le temps de le feuilleter. J'attrape ce machin plein de poussière là, qui semble cacher des choses sur moi, et je l'ouvre. Les deux autres sont silencieux. Je passe rapidement sur les pages, et rien ne me saute aux yeux. Alors que j'ai envie de refermer le livre d'un geste rageur, un bout de papier glisse d'entre deux pages.

- Qu'est-ce que c'est ? demande Shayla en le ramassant.

Elle déplie le papier et l'étale à plat sur la table. Il y a un dessin dessus. Trois cercles, avec un mot dans chacun d'eux. Ils y a quelques gribouillages incompréhensifs autour des cercles, certainement une langue antique. Les trois mots inscrits dans les cercles sont les seuls dans notre langue : Glace, Foudre, Feu…

- Les Hooseki ! je m'exclame soudain. Placez-les sur le cercle qui correspond à votre pierre !

- Hum, ça à l'air logique, dit Shinichi en posant sa pierre bleue sur le cercle « Glace ».
Shayla fait pareil avec sa pierre, sur « Feu ». J'enlève ma Hooseki qui pend à mon cou et la pose sur « Foudre ». Les trois pierres sont posées.

- Et maintenant ? je demande.

Soudain, les pierres se mettent à briller avec force, projetant des ombres sur le sol. La lumière se concentre sur un mur de la Bibliothèque, un des seuls qui soit nu, sans étagères. C'était comme une sorte de projection d'un film. Dans lequel nous allions nous plonger dès à présent.


*****


Un gigantesque dragon apparut sur l'écran improvisé. Il ressemblait à un long serpent sinueux, et deux ailes recouvertes de plumes bleu ciel étaient reliées à son corps par ses omoplates. Nos trois héros remarquèrent que ce n'était pas des écailles qui recouvraient le corps du dragon serpent, mais des plumes irisées, aux couleurs de l'arc-en-ciel. Il volait dans le ciel avec des mouvements lents, sans aucune grâce. On voyait bien qu'il souffrait.
- C'est lui…le Dieu Kitai… ? demanda Shayla.

- Je crois bien, dis-je. J'ai l'impression…

- Quoi ?

- Non, rien.

Le dragon survolait une forêt dont les arbres étaient étrangement bleus. Enfin, les feuilles étaient bleues, du bleu ciel presque blanc jusqu'au bleu nuit, en passant par le turquoise. Les troncs eux étaient argentés, semblables à la lumière de la lune. Le serpent volant flotta un instant, en suspens, et se posa finalement à proximité d'un temple. Deux Trioxhydre montaient la garde. Ils demandèrent au dragon son identité, et celui dit qu'il ne parlerait qu'avec leur chef. On l'escorta donc jusqu'au fond du temple. Un Trioxhydre couvert d'une parure en or était assis sur un trône. Il y avait des types dragon de tous les côtés. Un Drattak montait la garde près du trône, les crocs dégarnis en guise d'avertissement. Le Dragon-serpent ouvrit la bouche, et dit :

- Bonjour…Roi des Dragons.

- Le Roi ? je répète, incrédule.

- A cette époque, chaque type à un roi ou une reine, explique Shinichi. Roi du Feu, Reine des Glaces… tu vois ?

- Oui…

Pour toute réponse, le Trioxhydre goûte l'air de sa langue. Il plisse les yeux en s'adressant au visiteur.

- Tu n'es d'aucun type de pokémon… je n'arrive pas à percevoir ton type, mais je peux sentir tes pouvoirs. Ils ressemblent à ceux d'un Légendaire, même si ce n'est pas vraiment ça. Qui es-tu au juste ?

- Je m'appelle Kitai, dit le serpent, confirmant nos soupçons. Et tu as raison. Si je ne suis d'aucun type, c'est parce que je ne suis pas un pokémon.

- Hum ! Voyez-vous ça ! Alors, qu'est-ce que tu es ?

- Un…dragon, on peut dire ? J'aimerais m'entretenir avec toi en privé.

Le Trioxhydre siffla. Aussitôt tous les gardes, les servantes et la cour du Roi quittèrent ce qui était en réalité la salle du trône. Quand ils furent partis, Kitai repris la parole.

- Arceus est un imposteur, lâche-t-il du tac au tac.

Trioxhydre se redresse et lorgne le grand dragon, penché pour ne pas abîmer la voûte de la salle.

- Pardon ?

- Arceus, les Légendaires et tous les autres… c'est moi qui les ai créés.

- C'est une hérésie ! rugit le Roi. Comment osez-vous… ?

- Non, c'est la vérité ! De plus, ils vous ont soumis, vous, les pokémons inférieurs ! Vous ne voulez pas reprendre le pouvoir ?

Cette proposition est alléchante pour le Roi-dragon, qui se voit déjà au sommet du mont Couronné à la place d'Arceus.

- Mais pourquoi venez-vous me voir moi ?

- Vous êtes un dragon vous aussi, j'ai pensé qu'il serait plus facile de discuter avec vous. Je veux renverser Arceus et les Légendaires, mais je sors d'un combat contre Shinigami et je…
- Qui est Shinigami ? coupe le roi.

- Mon inverse, dit Kitai. Je créé, il détruit. C'est simple.

- Effectivement, ça a le mérite d'être clair. Donc, vous venez de vous battre contre lui ?
- Oui, et je suis beaucoup trop faible pour m'attaquer à Arceus. Je voulais aller me reposer dans ma dimension, un trou noir spécifique, mais cela va prendre du temps…

- Combien ?

- Deux millénaires environ, explique Kitai.

- Nous allons rester sous le joug des Légendaires pendant deux millénaires ? Ne vous foutez pas de…

- Non ! Je voulais repartir quand j'ai eu une idée. Si je scinde mon corps en deux grâce à mes pouvoirs et que j'en laisse une moitié ici sous forme d'œuf, ce dernier va éclore et pourra accomplir ce que je ne peux pour l'instant pas faire sous cette forme. J'aurai voulu que vous le gardiez.

- Il lui faudrait environ combien de temps pour éclore ?

- Je dirais…6 mois ? Et je reviendrai quand j'aurai entièrement récupéré, dans deux millénaires, pour récupérer ma place. Mais en attendant ce sera mon autre moitié qui gouvernera ce monde, et nous fusionnerons quand je reviendrais. Car il ne faut pas oublier que nous sommes les mêmes !

- C'est-à dire ? Vous allez devenir notre Dieu ?

- Oui, acquiesce Kitai. C'est l'idée. Alors, acceptez-vous de prendre cet œuf ?

Le Trioxhydre reste muet un moment.

- J'accepte.

- Fantastique ! s'exclame Kitai. Je ne peux rien vous donner pour vous remercier pour l'instant, alors cette moitié de moi sera à votre image, un Trioxhydre une fois qu'il sera plus âgé. Et qu'il porte le même nom que moi, pour que je puisse le reconnaitre. Cela vous convient-il ?

- Bien sûr !

Kitai se concentra alors. Pendant un moment il ne se passa rien, mais bientôt celui-ci se mit à rapetisser, jusqu'à faire la moitié de sa taille actuelle. L'air s'emplit de poussière scintillante et quand elle se dissipa, il ne restait qu'un œuf de couleur irisée.

- Je dois m'en aller maintenant. Je reviendrais. Et en attendant, aidez mon autre moi, car il ne se souviendra de rien !

Kitai partit en direction de la sortie. Le Trioxhydre l'accompagna et le regarda s'envoler dans le ciel et disparaître à travers les nuages. Il retourna dans la salle du trône et contempla l'œuf pendant un moment. Puis il murmura :

- Toi ou Arceus, c'est du pareil au même. Mieux vaut en éradiquer un tant qu'on le peut encore. Je connais les Légendaires et tu leur ressembles. Tu n'es pas le premier à créer un double de toi sous forme d'œuf. Si je le détruis, il se reformera. Mais j'ai la solution. Laser-Glace !

Aussitôt, le laser toucha l'œuf, qui prit une teinte étrangement bleue, avant de commencer à se couvrir de glace.

- Ton autre-toi congelé, il ne pourra pas gouverner. Et d'ici deux millénaires, quand tu reviendras, je serais mort depuis bien longtemps…je n'aurai pas à craindre ta vengeance. Ma famille surveillera l'œuf. Il restera sous cette forme encore longtemps… d'ici-là, je gouvernerai peut-être le monde, qui sait ?

__________________________________


Le décor change. Le village de Yokodachi apparait sur la projection murale. On voit un Trioxhydre à l'air très malade, couché dans un lit. On voit bien qu'il va mourir. Une jeune Diamat le regarde. Avec un choc, Kitai reconnait là sa mère. Elle écoute le Trioxhydre attentivement.

- Tu ne dois jamais le décongeler ! Seuls les héritiers du Roi dragon comme nous peuvent l'approcher, les sorts qui le recouvrent ne peuvent se briser qu'en présence d'un membre de notre lignée.

- D'accord, mais comment un bébé pokémon pourrait être appelé à gouverner le monde ?

- Je n'en sais rien. Les écrits se sont perdus au fil des siècles, et je sais juste que jamais cet œuf ne doit être tiré de sa torpeur !

______________________________________


Le décor change à nouveau. On voit la Diamat qui entre dans une grotte… et récupère l'œuf, malgré les avertissements du vieux Trioxhydre. Elle rentre chez elle avec, où l'attends son mari, un Trioxhydre lui aussi. Avec douceur, elle dépose l'œuf sur un tas de paille, près du feu, et s'applique à le réchauffer.

- Tu es sûre de vouloir faire ça ? demande son mari.

- Oui. Je suis que mon père exagérait. Si nous éduquons cet enfant, il sera gentil. Je suis persuadée que ce n'est qu'une histoire pour nous effayer.

- Alors, nous allons l'élever !

Et juste après, l'écran affiche les mots six mois plus tard, et on voit un solochi sortir de l'œuf.
C'est Kitai.