Chapitre 2: Un départ...mouvementé!
Sur le coup, je n'avais pas eu le temps d'y penser. Je devais finir mon exercice, et j'étais déjà en retard à l'école. Mais maintenant que j'y pensais à tête reposée, c'était la seule piste que j'avais. Car si les Légendaires recherchaient tellement ces secrets, c'est qu'il y avait forcément l'un des deux qui disait comment les vaincre ! Mais pour les trouver, j'allais devoir me rendre dans cette ville, qui était vraiment loin d'ici. Qu'allais-je dire à mes parents ? Sûrement pas la vérité. Ils n'accepteraient jamais que je parte en quête des Sombres Secrets de l'Heure Noire…
Bon, j'avais le temps. Je pouvais y réfléchir quelques jours. En attendant, j'allais rentrer, j'étais resté assez longtemps ici.
Je suis reparti à travers la forêt. J'ai pris la direction du village et je me suis demandé comment Drake allait me recevoir. Après tout, je l'ai déchiqueté avec mes griffes… Quand je suis arrivé à l'entrée du village, je me suis aperçu avec étonnement qu'il n'y avait pas un bruit. C'était un silence oppressant. D'habitude, on entendait toujours des enfants rire et jouer, des femmes s'échangeant les derniers potins, même à ces heures-ci où le soleil est déjà presque couché. J'ai accéléré mon pas, inquiet. J'ai emprunté une petite ruelle menant jusqu'à chez moi, quand je me suis arrêté net. En face de moi ce tenait un Tranchodon, un Drattak et un Trioxhydre, plutôt balèzes.
- Euh…je peux faire quelque chose pour vous ? ais-je demandé d'une voix aimable, quoique un peu tremblotante.
- Ne pas nous résister et nous suivre sans faire d'histoires serait déjà un bon début, grogne le Drattak.
Lentement, je me mets à reculer, pour finalement faire demi-tour, espérant m'enfuir par où je suis venu. Mais c'est sans compter sur un autre groupe de pokémons, qui me coupe toute retraite. Je n'ai même pas le temps de me retourner que le Drattak me percute violemment avec Bélier, me plongeant dans l'inconscience.
*****
Quand j'ouvre les yeux quelques minutes plus tard, je me rends compte que le Tranchodon me traîne sur le sol, et que je suis attaché. Mes pattes avant et arrière sont entravées, ainsi que mes deux museaux de Diamat. Je grogne et me mets immédiatement à gesticuler, mais le Tranchodon se retourne et me toise d'un air tellement méprisant que je me ratatine et préfère ne plus bouger.
On arrive bientôt à la place. Pas étonnant qu'il n'y ait pas de bruit tout à l'heure, tous les villageois sont rassemblés ici, silencieux. On me fait gravir l'estrade, où Drake et son père attendent. Je commence lentement à prendre conscience de ce qu'il risque de m'arriver. Le maire du village, un Trioxhydre, est là lui aussi. Le Tranchodon me balance sans ménagement à leurs pieds, et va se poster avec ses deux compères aux coins de l'estrade, au cas-où je tenterais de m'échapper. J'entends soudain un gémissement, des pleurs même, puis :
- Kitai ! Ne meurs pas ! je t'en supplie, je ne veux pas que tu meurs !
Je tourne difficilement la tête, empêtré comme je suis dans mes chaînes, et je repère celui qui vient de parler.
- Chijaille ! je crie, en tout cas j'essaye, avec les chaînes qui me bouclent le museau.
Car c'est bien le petit Coupenotte qui pleure pour moi, malgré ce que j'ai fait à Drake, et sous ses yeux qui plus est.
- ça suffit, ne pleure donc pas ce meurtrier ! lui grogne son père, un puissant Tranchodon à l'air plutôt diabolique.
Dire qu'on a regardé moi et mes amis toute la dernière saison du Pokéathlon chez lui…et maintenant, on dirait qu'il ne peut plus me voir en peinture. A raison, je dirais.
- Ton père a raison ! rajoute sa mère Insisache.
Je me tourne vers les trois, le maire et les deux Drakkarmin. Drake est couvert de bandages sur tout le corps, encore pire sur le visage, où l'on ne voit qu'un œil, qui apparaît à travers les bandelettes de tissu blanc. Mais cet œil est chargé d'une telle haine que l'espace d'un instant, un frisson court sur ma colonne vertébrale. Le pauvre, je lui en aurais vraiment fait baver jusqu'au bout car même dans ce moment décisif pour ma peau, je ne peux m'empêcher de lui lancer une pique :
- Bah dis donc, che t'es chalement amoché, mais faut dire que tu le méritais, cha oui !
Bon, vu les chaînes qui m'empêchent de parler, ça tombe un peu à l'eau.
- Diamat, pour avoir attaqué avec une cruauté sans bornes Drakkarmin ici présent…
Je signale au passage que les adultes ne connaissent pas les noms que nous nous sommes donnés.
- Et pour l'avoir défiguré…
Je commence à redouter la suite de sa phrase. Vraiment.
- Je te condamne à mort. Cette sentence est applicable immédiatement. Monsieur Drakkarmin, vous pouvez commencer le travail, termine le maire à l'intention du père de Drake.
Là, je flippe. Ils veulent me tuer alors que je n'ai fait que remettre à sa place cet abruti… Voilà son père qui s'approche. Mais je ne suis pas sans ressources. J'ai récemment inventé une nouvelle manière d'utiliser mes pouvoirs. Et là, j'ai déjà une idée de quelle technique je vais utiliser. La Draco Ruade….il va rien comprendre.
Je me dresse sur mes pattes avant et envoie d'une poussée les arrières en l'air. Peu importe que je sois enchaîné, j'ai inventé cette attaque en pensant justement que je pourrais me retrouver dans une situation comme celle-là. Mes deux pattes arrières envoient alors un genre de Dracochoc, qui se combine et va le percuter de plein fouet, l'autre serial-killer. Il pousse un rugissement de douleur (il a reçu mon attaque en pleine tête !) et recule. Dans sa précipitation, il trébuche et tombe de l'estrade en faisant un roulé boulé monumental. Malgré la situation critique, je me mets à rigoler.
- Je vais le faire moi-même, incapable ! lance Drake à son propre père.
Il prépare un Dracogriffe pour m'achever. Alors qu'il est sur le point d'attaquer, un cri perce à travers le brouhaha enthousiaste de la foule. Je n'y pense que maintenant, mais où sont mes parents ? Ils ne s'inquiètent donc pas de mon sort ?
- Imbéciles ! piaille la voix de Cisaille. Il s'enfuit !
D'un même mouvement, nous tournons tous la tête dans la direction que nous indique le petit Coupenotte. Un Diamat s'enfuit déjà en courant. Je reconnais très facilement Diamant, mais en sera-t-il de même pour les autres ?
Apparemment non. La foule entière se jette à ses trousses. Bientôt, il ne reste plus que nous quatre : Coupenotte, Drake, son père, toujours assommé par terre et moi.
- Tu ne me crois pas capable de reconnaître Diamant ? persifle Drake à l'intention de Cisaille, qui se met à trembler en essayant de se faire plus petit encore, si c'est possible.
Il va voir, lui ! Oser faire une peur pareille à un ami ! Je commence à utiliser une autre de mes techniques spéciales, Aura Dragon. C'est comme un Dracochoc, mais qui m'entoure comme une aura et brise tous les objets en contact avec mon corps. En quelques secondes, les chaînes qui entravaient mes gueules et mes pattes se brisent.
- Quoi ?!
Eh oui, même mes amis ne connaissent pas mes techniques. Je voulais que personne ne soit au courant. En tout cas, j'étais libre. J'ai balancé un Draco-Rage à Drake, décuplé par ma colère et j'ai filé sans demander mon reste.
J'ai couru aussi vite que je pouvais en rasant les murs pour me rendre chez moi. Heureusement, c'était ouvert. Mais la maison était vide. Je me suis demandée où étaient mes parents. Peut-être qu'ils étaient partis vendre des articles aux villages voisins, comme on faisait certaines fois, même si ça m'aurait étonné qu'ils partent un soir, sans me prévenir. A bien y réfléchir, je me doutais que ce n'était pas la raison de leur absence. Ils auraient pu aller sur la tombe de mon frère, mais dans ce cas je les aurais croisés. Mais bon, je n'avais pas que ça à faire.
Drake devait penser que j'étais parti directement, mais il ferait quand même un crochet par ici pour vérifier. Je suis monté dans ma chambre et j'ai pris tout ce que j'estimais utile : une boussole, une carte, une couverture, une lampe torche, de l'argent (des pokés essentiellement), mon livre recensant tous les Légendaires, ainsi que ce qu'on savait d'eux, puis je suis redescendu.
J'ai ouvert le frigidaire, et j'ai attrapé le plus de baies possible que j'ai fourrées dans mon sac avant de le refermer. J'allais quitter la maison, quand j'ai pensé à faire un mot pour mes parents. J'ai fait demi-tour et j'ai écrit sur un bloc-notes un message rapide, mais qui disait tout :
"Papa, Maman
Je ne sais pas où vous êtes passés, mais peu importe, vous finirez bien par trouver ce mot, du moins je l'espère. Il s'est passé beaucoup de choses. Les villageois exagèreront en vous racontant toute l'histoire. Ne croyez pas tout ce qu'ils disent, écoutez votre cœur, ce qu'il pense de moi. En attendant, je pars. Ils veulent me tuer, je ne peux pas rester ici. Je vais me rendre à la Bibliothèque des Heures Sombres, dont vous m'avez parlé il y a quelques mois. Je vais trouver le moyen de vaincre les Légendaires, pour venger Solochi. L'un des Sombres Secrets de l'Heure Noire contient forcément le moyen de les anéantir.
Je trouverai.
Diamat"
J'ai caché le bloc-notes dans la taie d'oreiller de ma mère. En changeant les draps, elle le trouverait forcément. Puis je suis sorti, et je me suis enfoncé dans la forêt, avec un seul regard en arrière en pensant à Cisaille, et à Diamant qui a risqué sa vie pour moi.