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Team Rocket X-Squad de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 10/07/2013 à 08:58
» Dernière mise à jour le 13/05/2018 à 23:33

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 176 : Extermination ou ascension
Le Boss avait réuni son état-major au grand complet, c'est-à-dire tous les généraux et les commandants d'unité, ainsi que tous ses Agents Spéciaux. La seule absence qui se faisait remarquer était celle de Lord Judicar, mais elle était considérée comme parfaitement normale. 001 venait aux réunions seulement quand il le voulait bien. Beaucoup de généraux basés à l'étranger assistaient à la réunion par hologramme. Tender faisait parti de ceux là. Il avait rechigné à se déplacer en ces temps de guerre. Siena, elle, était venue. 003 avait sans doute tenu à ce qu'elle soit là en personne. D'ailleurs, ce fut le premier qui vint l'accueillir à son entrée dans la grande salle de conférence de la Team Rocket. Toujours le même, souriant constamment, avec sa coupe déjantée, il prit Siena par l'épaule.

- Que voilà notre nouvelle colonelle ! Alors, comment ça ce passe, le boulot avec Brenwark ?

- Il vous a sûrement déjà fait un rapport détaillé, sourit Siena.

Elle ne se faisait pas d'illusion. Silas avait beau être sympathique, Siena ne doutait pas qu'il était l'instrument de Vilius pour la guider et la surveiller.

- Oui, et je suis très enthousiasmé par vos recrues. Cette unité prend une jolie forme. Il ne faudra pas tarder à lui donner un nom pour la rendre officielle. En attendant, venez donc, très chère, que je vous présente à toutes les huiles qui désirent vous rencontrer.

Et ce fut un défilé de généraux, de commandants, de colonels, qui tous se montrèrent obséquieux à souhait avec elle, ne tarissant pas d'éloges sur sa personne, flattant son illustre famille, lui souhaitant leurs plus chaleureuses félicitations pour son fils, et ce fut ainsi un bon moment. Siena avait l'impression d'être la star que tout le monde attendait, et ce ne fut pas pour lui déplaire.

- Ce sont des idiots, lui fit Horrorscor. Mais ce sont les idiots qui font de nous des rois. Apprend à te servir d'eux, à leur sourire comme il faut, à les flatter à leur tour, et un jour ils te le rendront bien.

Du coté des Agents, 004 vint la saluer chaleureusement. 006 s'inclina avec un air lugubre, comme à son habitude. L'Agent 007 et sa tête de beau gosse nec plus ultra lui fit carrément un baisemain. 008 et 009, eux, étaient du genre trop stoïque pour bouger de leur coin. Seule l'Agent 005 ne vint pas la saluer, se contentant d'un regard soupçonneux. Rien d'étonnant à cela. Estelle était la grande rivale de Vilius pour le poste de futur Boss, et elle voyait naturellement en elle une créature de son frère pour accroitre son champ d'action. Enfin, 003 mena Siena devant un homme qu'elle n'avait jamais vu mais dont le nom était assez célèbre dans la Team. Il était assez vieux, mais très bien conservé, et très élégant dans son uniforme entièrement blanche avec des broderies en or sur les épaules.

- Colonel Crust, fit 003, permettez-moi de vous présenter le général Curlin Boxtown, le commandant en chef des armées de la Team Rocket.

Siena se mit automatiquement au garde à vous. Cet homme était le plus puissant des généraux, et le second du Boss.

- Repos, colonel, dit Boxtown d'une voix amicale et douce. Je suis heureux d'enfin vous rencontrer.

- Tout l'honneur est pour moi, monsieur, répliqua mécaniquement Siena.

- Laissez-moi vous regarder de près...

Et c'est ce qu'il fit, en se penchant vers elle, étudiant son visage sur toutes ses coutures. Siena tâcha de ne pas ciller.

- Oui... Vous ressemblez beaucoup à votre père, Hegan. Vous avez ses traits et ses cheveux. Mais ce sont les yeux de votre mère que vous avez là. Les yeux de Karus.

- Vous avez connu mon grand-père, monsieur ?

- Et comment ! J'étais son bras droit, à l'époque où il était Généralissime. Il a démissionné un an avant votre naissance, et j'ai pris sa place. Je n'ai pas gardé le titre, cela étant. Pour moi, il n'y avait qu'un seul Généralissime. Vous avez une famille d'illustres personnes de la Team Rocket, jeune dame. De nous tous ici, seul notre bon ami Vilius et sa sœur Estelle peuvent en dire autant.

Vilius éclata de rire.

- Bah, ma grand-mère était peut-être une grande dame, mais le vieux n'a rien de si exceptionnel. Il serait temps qu'il cède la place à de plus jeunes...

- J'entends tout, Vilius, fit la voix de Giovanni derrière eux. Tu sembles toujours très pressé à ce que je prenne ma retraite.

- Pour votre bien seulement, père, sourit Vilius en s'inclinant insolemment. Le travail de Boss n'est pas de tout repos, et vous avez tellement fait toutes ces années...

- Et j'ai encore beaucoup à faire, coupa Giovanni. Nous allons commencer.

Tout le monde pris sa place dans la salle. Siena ne savait pas trop où se mettre, et Vilius la garda près de lui. Giovanni se leva en s'adressant à tout le monde. Malgré ce que pouvait dire Vilius, le chef incontesté de la Team Rocket respirait encore la force et la volonté.

- Comme vous le savez tous, la guerre contre les Dignitaires est en train de s'enliser considérablement. Bien que nous soyons plus nombreux, le gouvernement semble toujours avoir une longueur d'avance sur nos projets, et leurs nouveaux commandants de la Shaters n'aident pas. Nous aussi, nous avons nos propres super-armes, diriez-vous ? Il est vrai, la X-Squad nous a toujours bien servi, notamment les jumeaux Crust, nos deux Mélénis. Mais il apparait que la puissance des Shadow Hunters est plus ou moins du même niveau que la leur, et voici que maintenant, nous perdons notre seul arme contre eux : le Flux.

Il se rassit et céda la parole au général Boxtown. Il se déplaça jusqu'au centre de la salle et montra à tout le monde une pierre bizarre qu'il tenait en main. Elle était petite, et brillait d'un éclat vert impressionnant, comme une émeraude.

- Ceci nous est parvenu grâce à l'action d'un de nos hommes infiltré dans le gouvernement, expliqua le général en chef. Les Dignitaires appellent ce caillou Ysalry. C'est un minerai très rare et très cher. Rien ce que je tiens dans ma main vaut un petit million de Pokédollars. Et ça serait la source de la nouvelle immunité des Shadow Hunters face au Flux.

Il y eu des murmures dans la salle. Siena observa avec intérêt la source des récents malheurs de son frère et de sa sœur.

- Ce caillou serait en mesure de bloquer le Flux, poursuivit Boxtown. J'ai demandé l'analyse de deux experts. Le premier est un historien. Il m'a assuré que le nom d'Ysalry ne lui était pas inconnu. Selon de très anciennes sources, les humains d'autrefois s'en servaient pour persécuter les Mélénis. Le second expert est avec nous en ce moment.

Boxtown recula, et céda la place à un nouvel hologramme qui apparut. Siena reconnu immédiatement le professeur Natael Grivux, le scientifique en chef de leur base G-5, et un allié de la X-Squad.

- J'ai commencé à étudier la structure de ce minerai, fit-il. Il me faudrait le concours de Mercutio ou Galatea pour confirmer, mais il semblerait que cet Ysalry annihile les effets du Flux à une certaine distance. Plus le rocher est grand, plus la portée l'est également.

- Ce que je tiens dans ma main suffit pour immuniser totalement quelqu'un du Flux, reprit Boxtown. Les Shadow Hunters en ont tous un comme ça. Mais je vous rassure, selon nos sources, les Dignitaires n'en ont pas une quantité énorme. Juste assez pour protéger les Shadow Hunters, et peut-être quelques restes pour autre chose...

- Mais pourraient-ils reproduire synthétiquement cet... Ysalry ? Demanda le Boss, butant sur le mot inconnu.

- Je n'ai pas encore poussé mes recherches jusque là, monsieur, répondit Natael. Mais de toute évidence, il semblerait que non. Ils ont de l'Ysalry depuis au moins un an, et s'ils avaient pu en créer, toutes leurs armées seraient désormais immunisées face au Flux, or nous savons qu'il n'en est rien.

Giovanni tendit la main pour que Boxtown lui donne la pierre. Il la contempla un moment, puis dit :

- Les Dignitaires ne doivent plus posséder ces choses. Je veux qu'on les détruise toute.

Siena s'agita en même temps qu'Horrorscor dans sa tête. Tous les deux pensaient apparemment la même chose.

- Monsieur, intervint-elle, il va de soi qu'on ne peut pas laisser les Dignitaires plus longtemps avec cette roche. Cependant, les détruire serait dommage...

- Vous voulez les leur voler ? Résuma 007. À quoi ce caillou pourrait-il nous servir ?

- À ce qu'il est censé servir. Nous protéger des Mélénis. Il n'est jamais exclu qu'on ai un jour à en affronter. Ils sont plus nombreux que nous le pensons. Et cet Ysalry peut également nous servir d'assurance sur nos propres Mélénis.

Sa phrase provoqua un grand silence, que le général Tender s'empressa de rompre.

- Est-ce moi, ou bien vous êtes en train de suggérer que les jumeaux Crust puissent nous trahir, colonel ?

Siena affronta le regard de son père sans ciller.

- Je n'exclu jamais aucune possibilité. Mercutio et Galatea n'ont jamais été les membres les plus prompts à respecter les ordres de la Team Rocket. J'ai confiance en eux, bien sûr, mais il ne faut rien écarter.

Vilius hocha la tête.

- Je suis d'accord. Ce minerai est trop précieux pour que nous nous contentions de le détruire à vue. Il nous le faut, au cas où...

Giovanni haussa les sourcils et interrogea Boxtown du regard. Le général en chef hocha la tête.

- Très bien, nous essaierons d'en conserver. Merci pour votre intervention, professeur Grivux. Je compte sur votre rapidité dans vos travaux sur ce minerai.

- Monsieur, fit Natael en s'inclinant.

Son hologramme s'éteignit. Giovanni appuya sur un bouton sur son siège, et l'écran géant de la salle s'alluma, représentant une vaste carte de Kanto.

- À présent, parlons stratégie, si vous le voulez bien. Notre position à Parmanie est précaire. Nos hommes de la base G-8 nous ont informés que les Dignitaires ont contourné la Piste Cyclable que nous gardions pour longer la côte. Cramois'île et les Iles écumes ne sont pas gardées, et si... Que ce passe-t-il ?

L'écran montrant la carte s'était mis à se brouiller, jusqu'à s'éteindre complètement. Siena pensa à un problème d'électricité ou de réseau, jusqu'à que l'écran se rallume, mais pas pour remontrer la carte. Ce fut le sceau des Dignitaires que tout le monde pu admirer.

- Nous sommes piratés ! S'exclama 004.

- Comment est-ce possible ? Fit un général dont Siena ignorait le nom. Notre réseau est...

- Mesdames messieurs les Rockets.

La voix provenait de l'écran. Le sceau des Dignitaires laissa place au visage d'un homme. La soixantaine, les cheveux blonds presque blancs, et une courte barbe bien taillée qui lui donnait un air noble. Ce visage n'était inconnu de personne ici. C'était l'un de leurs ennemis.

- Je suis, comme vous le savez sans doute tous, Balthazar Igeus, l'un des Dignitaires. Aujourd'hui, c'est moi qui dirige le Conseil Supérieur. Je savais que vous alliez tous vous réunir aujourd'hui, et j'ai pris mes dispositions pour vous délivrer un petit message.

Le Boss avait retrouvé son calme, et traita le Dignitaire avec une froide indifférence.

- Nous n'avons pas le temps pour les messages des Dignitaires, monsieur Igeus.

- Pourtant, celui-ci devrait vous intéresser, cher monsieur Giovanni. Je vous le donne en mille : vous avez perdu la guerre. Rendez-vous si vous voulez vivre, et nous ferons preuve de clémence.

Plusieurs Rockets exprimèrent leur dégout, d'autres leur amusement.

- Vous savez compter, Igeus ? Lui demanda Boxtown. Alors avez-vous déjà compté nos forces respectives ? Je crois que vous ne saisissez pas bien la réalité pour vous permettre de déclarer de telles sornettes.

Le sourire d'Igeus s'élargit.

- Au contraire, je la saisis mieux que vous. Il est vrai que vous avez bien plus d'hommes et de ressources que nous. Toutefois, la taille de nos armées respectives est maintenant d'ordre subsidiaire. Mais voyez-vous-même...

Le visage d'Igeus s'effaça, pour montrer un gros plan sur le Mont Sélénite, au grand nord de la région. Il y avait quelque chose à son sommet. Un engin non-identifiable. Gigantesque, ça ressemblait à une immense usine, avec des piques qui sortaient de tous les cotés, et qui soutenaient une grosse boule orange à demi transparente. Sans doute un générateur quelconque. Puis enfin, la boule était sertie de sept tubes énormes dispersés sur tout son diamètre.

- C'est quoi cette horreur ? S'exclama un des généraux. Pourquoi ne l'a-t-on pas repéré avant ?

- Parce que vous ne pouviez pas, chers amis, fit la voix désincarnée d'Igeus. J'ai fait installer, dans le plus grand secret, un générateur d'invisibilité sur le site tandis que je le construisais. Je ne tenais pas à être dérangé, voyez-vous ? Mais observez plutôt les effets de ce charmant engin, que j'ai nommé le Canon Jupiter.

La structure sembla s'animer, et sa boule à son sommet brilla d'une lueur dorée difficilement soutenable, même par écran. Enfin, toute l'énergie produite se déversa dans l'un des sept tubes, et se condensa en un énorme rayon éclair qui fila à l'horizon. Puis ce fut tout.

- Maintenant, je vous invite à prendre des nouvelles de la Forêt de Jade. Je sais que vous y avez un petit détachement pour observer nos forces à Jadielle.

C'est ce que fit Giovanni, en l'ordonnant sèchement à Boxtown. Malgré son calme appartenant, Siena voyait bien qu'il était crispé. Elle l'était tout autant. Le général en chef revint avec la réponse deux minutes plus tard. Il semblait effaré.

- Monsieur... la Forêt de Jade...

- Eh bien ?

- Elle... Elle n'existe plus, monsieur. Elle a été totalement rasée. Il ne reste plus... qu'une terre aride en proie à de violents incendies !

Giovanni se retourna vers l'écran, où le visage d'Igeus était réapparu.

- Vous êtes fou. Pensiez-vous qu'il n'y avait aucun civil présent sur les lieux à ce moment ! Et tous ces Pokemon que vous avez exterminés ?!

- Oh, épargnez-vous votre rhétorique. Vous n'êtes pas vraiment le mieux placé pour parler du bien-être des Pokemon. Quant aux inévitables civils présents, eh bien... ils seront morts pour que bien des autres vivent. Vous avez vu la démonstration de la puissance de mon Jupiter. Bien sûr, je ne vous cacherai pas qu'il n'est pas encore tout à fait opérationnel. Pour l'instant, nous ne pouvons tirer qu'à 30% de la puissance maximale, et sur des cibles très peu éloignées.

Siena fut saisie d'effroi. Si ce tir était à 30% à peine, elle n'osait imaginer ce que pourrait provoquer un tir à puissance maximale. Comment les Dignitaires avaient-ils pu acquérir une telle technologie au nez et à la barde de tout le monde ?!

- Dans très peu de temps, continua Igeus, je serai en mesure de cibler méthodiquement chacune de vos bases dans le monde entier, et chacune des villes que vous contrôlez. Oh, vous pouvez toujours essayer de détruire mon jouet tant que vous le pouvez, mais je me dois de vous informer qu'il bénéficie de toutes les défenses possibles et inimaginables. Il est entouré d'un bouclier énergétique d'Eucandia. Comme quoi, vos petits déboires avec ce Zelan Lanfeal nous ont été utiles... En plus de ça, des centaines de batteries de missiles air-sol. Aucune attaque aérienne ne fonctionnera contre lui, et aucun missile ne passera. Du reste, j'ai fait positionner la moitié de nos forces armées là-bas, ainsi que la totalité des Shadow Hunters. Venez donc vous y frotter, si vous l'osez... Oh, bien sûr, avec la moitié de notre armée en moins, vous êtes donc libre de conquérir quasiment toutes les villes que vous souhaitez. Mais ça ne vous apportera rien, car quand le Jupiter sera pleinement opérationnel, je peux vous assurez que...

Soudainement, l'écran explosa. Après ce qu'ils venaient de voir, de nombreux Rockets crièrent d'effroi, songeant à un tir du Jupiter, et ce fut le chaos pendant un bon moment avant que Giovanni ne parvienne à faire revenir le calme. Entre temps, deux hommes venaient d'entrer dans la salle. L'un était entre deux âges, et portait un uniforme noir. Quant à l'autre, il semblait vieux, mais on aurait difficilement pu lui donner un âge. Il portait une cape brune, avait des cheveux gris, et un visage dur. Quelque chose se dégageait de lui, Siena n'aurait pas su dire quoi. Une espèce d'aura, qui fit que tout le monde cessa tous bruits et le regarda avec des yeux ronds, comme s'il était une hallucination collective. Quand il fut assez proche, Siena pu voir ses yeux. Ils brillaient d'intelligence, de force et de charisme. Et surtout, ils étaient de la même couleur que ceux de Mercutio. Que les siens.

- Désolé pour le grand écran, fit l'homme. J'ai jamais pu blairer le blabla de ces gus de Dignitaires.

Le général Boxtown était comme paralysé devant le vieil homme. Le Boss lui-même avait perdu la sérénité qu'il avait pourtant gardée lors de la démonstration du Jupiter.

- Gé... Généralissime Karus ?!

- Salut gamin. T'as bien poussé, dis.

Siena se rendit compte qu'elle avait sous les yeux son légendaire grand-père, Karus Crust, le plus puissant des Rockets avant Lord Judicar, celui qui, avec la mère de Giovanni, Urgania, et le professeur Chen, fonda la Team Rocket. Celui qui fut le père de Livédia Crust, l'instructeur d'Hegan Tender, et le grand ami du commandant Penan. Disparu depuis dix-sept ans, présumé mort, le seul Généralissime que la Team Rocket n'ait jamais eu était de retour. Apparement, il n'était inconnu de personne ici. Tous les Agents le regardèrent avec une espèce de révérence, et tous les généraux se mirent instantanément au garde à vous. Sans nul doute, tous devaient avoir servi sous ses ordres jadis. Seul Tender resta de marbre, regardant son ancien maître d'un air inquiet. Boxtown, lui, sorti enfin de son mutisme. Il avait presque les larmes aux yeux.

- Mon... mon Généralissime... Vous êtes vivant...

- Etais-tu assez sot pour en douter, Curlin ? J'ai rencontré la mort d'assez près plusieurs fois, et c'est elle qui a toujours pris la fuite. Je lui faisais trop peur pour qu'elle me prenne, sans doute.

Karus éclata d'un rire rauque, et regarda le rang des Agents Spéciaux.

- Ah, que de visages familiers qui ont tant vieilli ! Estelle, tu es devenue une femme magnifique, comme je l'ai toujours prédis. Ah, et Acutus, tu joues toujours autant à la momie, alors ? Et ce cher vieux Bornet, alias 006 ! La vache, t'a plus l'air très frais, dis moi... Les autres, je ne les connais pas.

Vilius s'avança.

- Moi, pourtant, je me rappelle de vous. Je n'étais qu'un gamin à l'époque, mais vous veniez souvent discuter avec grand-mère...

Karus fronça les sourcils, puis son regard s'éclaira.

- Oh, mais c'est le petit Vilius ! Comment voulais-tu que je te reconnaisse, avec cette coupe absurde ?

De Vilius, il passa à Siena, à coté de lui. Son regard s'assombrit, comme si la vision de Siena était une offense pour ses yeux. Il ne fit aucun commentaire et repassa au Boss.

- Alors gamin, il t'a plus, le numéro de ce zozo de Dignitaire avec son canon géant ?

Giovanni avait encore du mal à aligner deux phrases.

- Mais que... Je veux dire... Pourquoi...

Karus soupira.

- Fichtre et foutre, t'es devenu vieux au point de ne plus savoir causer convenablement ?

- Généralissime, nous sommes tous très surpris de vous revoir après tant d'années, intervint Boxtown. Mais vous... euh... comment dire... Vous n'avez pas changé en presque vingt ans !

- Oh, c'est ça qui vous trou le cul ? Bah oui, j'ai toujours l'âge que j'avais quand je vous ai quitté. Du moins physiquement. Mais ça ne devrait tant vous étonner. À présent, vous devez connaître quelques personnes qui ont un beau maintien de vigueur, non ?

Karus ouvrit la main, et une lumière blanche s'en échappa. Siena avait assez vu Mercutio et Galatea le faire pour ne pas ignorer ce que c'était.

- Vous avez le Flux ! S'indigna Giovanni. Pourquoi nous l'avoir caché durant toutes ces années avec nous ?!

- Ta mère savait, répliqua Karus. Et si elle avait voulu que tout le monde le sache, elle l'aurait dit. Mais elle aussi, elle avait ses petits secrets... Enfin, ce n'est pas le sujet. Vous êtes bien dans la merde, les gars, hein ? On se plait à jouer à la guéguerre en avançant nos deux petits Mélénis apprivoisés, mais quand les méchants sortent les gros joujoux, on ne sait plus quoi faire, hein ?

Le visage du Boss s'assombrit.

- Que voulez-vous, Crust ? Vous nous avez quittés il y a longtemps. Vous ne faite plus partie de la Team Rocket.

- Voilà une chose sur laquelle tu dis vrai, gamin. Je ne reconnais pas ta Team Rocket. La vraie Team Rocket, c'était celle que j'ai aidé à fonder. Celle de ta mère. Celle qui n'avait pour but que l'instauration d'un monde meilleur et unifié, et non le remplissage de tes poches.

- Je respecte les idéaux de mère ! Protesta Giovanni. Ce n'est pas vous qui allez me les apprendre ! Mais on a besoin d'argent pour...

- Tu n'en auras bientôt plus besoin, coupa Karus. Deux options s'offrent à toi, maintenant. Plier le genou face à cet Igeus et son canon, car il a raison, tu ne pourras rien faire contre lui. Ou t'associer à moi.

- Vous prétendez savoir comment nous sauver ?

- Je ne le prétends pas. Je le sais. Mais tu dois savoir, gamin, que ma victoire signifiera la fin de la Team Rocket. Mais au moins aurons accomplis le rêve d'Urgania : un monde nouveau, fort et unifié. Un monde Mélénis.

Karus fit signe à l'homme qui l'accompagnait d'approcher.

- Certain d'entre vous se rappelle peut-être de mon ami ici présent ? Eliott Duston, un gars que j'avais moi-même formé. Il m'a suivi, avec quelques autres, quand je suis parti. Aujourd'hui, il m'est loyal.

- Je m'en souviens, oui, fit Boxtown.

- Bien. Donc tu te souviens que ce jeune homme était fort, intelligent et compétent, mais qu'il n'avait aucuns pouvoirs surnaturels ?

- Pas à ma connaissance, non...

- Eliott, montre donc à tous ses messieurs ce que je t'ai fait...

Duston tendit le bras, et les débris de l'écran géant commencèrent à se repositionner, jusqu'à reproduire l'écran tel qu'il était avant.

- Comme vous voyez, Eliott a le Flux, alors qu'il ne l'avait pas avant, reprit Karus devant l'assistance médusée. Comment ai-je fait, vous demandez vous ? Eh bien, je n'ai pas passé toutes ces années en exil à rien faire. J'ai réfléchi à ce sort tous les jours durant. Le moyen de donner le Flux à un humain. Et j'ai fini par trouver. Il me fallait juste une puissance électrique hors du commun, et je me suis servi dans votre nouvelle centrale toute belle à Rhode.

- C'est vous qui l'avez attaqué ?! S'indigna Giovanni.

- N'élève pas la voix, gamin. Oui, c'est moi. J'ai pris à mes cotés tous ceux qui se sont rendus, et j'ai tué les autres. Mais quelle importance ? Grâce à cette centrale, je disposerai très bientôt du moyen d'amplifier mon sort à échelle mondiale. Tous les humains deviendront des Mélénis.

L'énormité de ce qu'il disait mis un moment à pénétrer la cervelle des personnes présentes.

- Mais... dans quel but ? Demanda enfin Estelle.

- N'est-ce pas évident ? Un monde unifié, fort, nouveau. Les humains sont imparfaits, débiles, et surtout prompts à se faire la guerre à cause de leurs différences. Si tout le monde devient Mélénis, tout le monde sera pareil : égaux dans le pouvoir et la sagesse. Plus de guerre. Plus de destruction. Un monde exclusivement Mélénis, de paix, de connaissance, de progrès. Tel est ma vision. Acceptez-là, et vous accèderez à la puissance. Refusez-là, et vous disparaîtrez.

Il n'en fallu pas plus pour que quasiment tout le monde hoche la tête, dont Giovanni lui-même. Siena n'en fit rien. La vision de son grand-père, elle ne la voulait pas.