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Cinhol, le Royaume Perdu de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 05/07/2013 à 09:07
» Dernière mise à jour le 06/03/2018 à 00:56

» Mots-clés :   Aventure   Fantastique   Médiéval   Présence de Pokémon inventés   Région inventée

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Chapitre 3 : La reine tyrannique
Que ressent-on quand nous avons entre les mains la vie de plusieurs personnes ? Est-ce jubilatoire ? Se sent-on puissant ? Redouté ? Aimé ? Non, rien de tout cela. On est seulement las.



*****




Aujourd'hui était un triste jour pour le Royaume de Cinhol. Sa reine Hasteria Haldar, par la grâce de dieu, souveraine du territoire et veuve de l'ancien roi Rushon Haldar, descendant du grand Castel, était morte.

La reine n'était pourtant pas bien vieille. À peine quarante ans. Mais elle avait été atteinte d'un mal soudain et incurable, qui l'avait fait agoniser durant une semaine, sans qu'aucun médecin ne puisse rien faire pour elle. Même le Patriarche Ryates, pourtant versé dans de nombreux arts dont celui de la guérison, fut impuissant à la sauver. Et aujourd'hui, le royaume entier s'était réuni sur la grande place de Castel, juste devant le palais royal, pour accompagner la défunte dans sa dernière demeure.

Enfin, dire tout le royaume était une façon de parler, songea Padreis Isgon. Bien entendu, tous les habitants des bas quartiers, qui faisaient la grande majorité de l'ensemble de la population de la cité, n'avaient pas été convié. Non pas qu'ils seraient venus s'ils l'avaient été, de toute façon. Le petit peuple n'avait aucune raison de pleurer la reine Hasteria, bien au contraire. Cette dernière avait toujours fait publiquement part de son mépris pour les « gueux d'en dessous », comme elle disait.

Des quartiers moyens, seuls quelques riches commerçants étaient là. Puis toute la ville haute, bien sûr, les représentants des plus hautes fonctions de la cité, les courtisans, et tout ce beau monde dont Padreis faisait partie. Lui, appartenait à la cour depuis cinq ans maintenant, en tant que proche ami de la princesse. Padreis n'était pas de Cinhol, mais du duché de Rimerlot, à plusieurs lieux d'ici. Le Rimerlot était sous la gouvernance du royaume de Cinhol, certes, mais quand il fut rattaché, le roi de l'époque, Festil le Conquérant, avait daigné faire demeurer l'autorité du duc Isgon, son rival, mais un rival qu'il appréciait. Le duc était d'ailleurs venu aujourd'hui, rendre hommage à la reine.

Le duc Lopep Isgon, connu de tous de son seul nom, était le père de Padreis. Un bougre de géant de soixante ans, qui n'avait rien perdu de la vigueur de sa jeunesse. Il y a quarante ans, il avait succédé à son père en tant que nouveau duc de Rimerlot, et avait défié le roi Festil de Cinhol qui escomptait conquérir le duché. La guerre avait duré longtemps, près de six ans. Mais finalement, à l'issue d'un duel à l'épée mémorable, Isgon fut vaincu par Festil. Le roi, vouant un profond respect et une admiration au formidable guerrier qu'était Isgon, décida de l'épargner, et de lui laisser la direction de Rimerlot, à condition que le duché jure allégeance à Cinhol. C'est ce que fit Isgon, et depuis, une profonde amitié lia le duc au roi. Une amitié que partagea ensuite les fils de Festil, Rushon et Astarias. Aujourd'hui, Padreis, le fils d'Isgon, vouait la même amitié à la princesse Nirina, la fille de Rushon.

Non, elle n'était plus princesse, à présent. Dès que sa mère Hasteria avait rendu le dernier soupir, Nirina Haldar était devenue la reine de Cinhol. La voici qui sortait du palais, précédant le cercueil de sa mère que portaient les hommes de la Garde Royale, tandis que tout le monde s'inclinait à son passage. Il n'était personne à Cinhol qui n'osait contester le titre de femme la plus belle de tout le royaume à la reine Nirina. À seulement vingt ans, l'héritière de Castel Haldar possédait une immense chevelure dorée, ainsi que des yeux bleus foncés, les signes classiques de la maison Haldar.

Elle portait son ample robe d'or, ceinturée par le symbole de la royauté de Cinhol : deux éclairs entrecroisés, ou deux V, selon ce que disaient les gens. Elle tenait entre ses mains la légendaire épée Meminyar, qui avait jadis appartenu à Castel Haldar, et que ses descendants se transmettaient de génération en génération. Elle n'avait pas tardé à se l'approprier, d'ailleurs, de même que la couronne royale. S'il y avait bien quelqu'un ici qui ne regrettait sûrement pas la mort d'Hasteria, c'était bien elle.

Nirina était très belle, oui, mais sa beauté était le plus souvent gâchée par ses moues royales d'indifférence voir de mépris qui défiguraient son si beau visage. Bien qu'il fût son plus proche ami, Padreis n'était pas dupe de ses défauts. Nirina était froide, distante, et faisait parfois preuve de cruauté envers ceux qu'elle n'aimait pas. De plus, elle méprisait encore plus que sa mère les petites gens. Bref, son règne ne serait sans doute pas un règne apprécié.

Pourtant, Nirina avait été une fille douce et aimable autrefois. Mais depuis qu'elle avait pris pour conseiller ce damné de Patriarche Ryates, elle avait profondément changé. Un vrai démon, ce Ryates... Tiens, le voilà qui suivait la reine, d'ailleurs. Un homme dans la cinquantaine, portant une ample robe noire, le crâne totalement rasé. Et des yeux, par Arceus, des yeux si noirs, qu'ils semblaient aspirer l'âme de ceux qu'il regardait. Padreis se défiait de cet homme plus que tout. Bien que tout mielleux et au service de la famille royale depuis des années, il semblait respirer le mal à l'état pur.

On mena le cercueil d'Hasteria dans le tombeau des rois, qui passait par un escalier sous une dalle au milieu de la cour de Castel. Seuls la nouvelle reine et les Gardes Royaux y pénétrèrent. Les autres restèrent à l'extérieur. Padreis en profita pour rejoindre son père, qui était en grande discussion avec le prince Deornas, le cousin de Nirina. Padreis aimait bien Deornas. Un homme simple, loin de toutes les manigances de la cour. Son père était le chevalier Astarias, des Quatre Hauts Protecteurs.

Un grand homme que cet Astarias, qui avait été le fils de Festil, et donc le frère cadet de l'ancien roi Rushon. Il était, à juste titre, le meilleur guerrier du royaume. Le second devait encore être le duc Isgon. Et en tant que Haut Protecteur, Astarias avait l'immense privilège de posséder un Pokemon. Les seules personnes qui possédaient ces créatures sacrées étaient le roi ou la reine en titre, qui se faisaient obéir des six Pokemon de Castel Haldar, et puis les Quatre Hauts Protecteurs, les premiers gardiens du royaume et de la reine, qui en possédaient un chacun.

- Alors donc, il parait que le Sire Shinobourge, le Second des Pokemon, s'est fait la malle ? Demanda Isgon à Deornas. C'est ce qu'il se dit depuis mon arrivée en ville.

- Oui, c'est le cas, bien que Nirina ne veuille pas trop l'ébruiter, répondit le fils d'Astarias.

- Mais les Pokemon ne peuvent quitter leur Pokeball sans qu'on ne les appelle, je crois savoir, dit le duc en se grattant sa barbe drue. Sire Shinobourge n'est sûrement pas sorti tout seul, foutre de dieu !

- Assurément non. Nirina mène personnellement l'enquête.

Padreis remarqua l'air gêné du prince. Parce qu'il était un homme singulièrement honnête et si peu familier des faux semblants de la cour, Deornas ne pouvait mentir sans rougir. Padreis n'ignorait rien que du fait que c'était lui qui avait libéré Shinobourge. Parce qu'il connaissait bien Deornas, qu'il avait grandi avec lui, et qu'il avait été comme un frère. Et c'est pour ces raisons que jamais il ne le trahirait, quelles que soient l'affection et la loyauté qu'il avait pour la reine.

Et puis, après tout, c'était la volonté même de Sire Shinobourge que de quitter Cinhol pour rejoindre l'Ancien Monde. Depuis longtemps déjà, le Second Pokemon de Castel n'était pas à son aise dans le royaume, sous les ordres d'Hasteria. Pourquoi, alors que les six Pokemon royaux étaient d'une loyauté sans faille vis-à-vis des descendants de Castel ? Mystère. En tous cas, Deornas avait été très proche de Shinobourge, et sans doute avait-il compris son besoin.

Mais bon, ce n'était pas si grave que ça. Nirina avait toujours cinq Pokemon d'une puissance redoutable, dont le légendaire Hafodes, le premier des six. Certes, la symbolique en prenait en coup, mais Nirina avait laissé la Pokeball vide de Shinobourge à son emplacement réservé sur Meminyar, histoire que personne ne se doute de rien. Et elle avait fait taire - parfois de façon définitive - les quelques gardes qui étaient au courant. Pour venir en aide à son ami, Padreis changea de sujet.

- Vous comptez rester pour l'intronisation de la reine, père ?

- Bien obligé, maugréa le duc. L'absence du second homme du royaume serait quelque peu remarquée.

Padreis savait que son duc de père haïssait ces grandes fêtes royales, et il n'était pas un intime de Nirina. Pourtant, son serment de loyauté envers la couronne l'obligeait, et le duc Isgon n'était pas homme à enfreindre ses serments. On passa donc bien vite de la journée de deuil à la soirée de réjouissance. La Cour royale de Cinhol ne connaissait pas une nuit sans fête ni sans réjouissance. Evidemment, ils commençaient à manquer de choses à célébrer. La vie, la reine, le royaume, la paix, le vin, le ciel sans nuage... Mais au final, quelle importance, ce qu'ils célébraient, du moment qu'ils le faisaient, n'est-ce pas ? Et puis, tous ces somptueux repas, les nobles ne les payaient pas de leur poche. C'était grâce aux impôts que la reine - louée soit-elle - prélevait sur le bas peuple.

La reine Nirina était partie se changer. Elle y mettait beaucoup de temps, et selon les rumeurs, près de quinze valets l'assistaient. En attendant sa royale présence, ses favoris parmi les nobles déambulaient dans la grande salle, fiers comme des paons, et tous vêtus de soie qui avait le prix de plusieurs années de travail des manants du bas peuple. Padreis demeura en compagnie de son père et de Deornas ; les deux seules personnes qu'il appréciait dans ce nid de vipères qu'on nommait la cour. Autrefois, durant le bref règne du roi Rushon, la cour comprenait en son sein de preux et d'honorables chevaliers, des gens honnêtes, compétents. À sa mort tragique il y a dix-sept ans, son épouse, la reine Hasteria, avait petit à petit introduit à la cour des gens de son acabit : des flatteurs, des comploteurs, des vautours.

Cela encore, on le devait aux bons conseils du Patriarche Ryates. Le roi Rushon n'avait jamais apprécié Ryates et se passait fort bien de ses conseils. En revanche, Hasteria en avait fait son plus fidèle conseiller. Et l'arroseur fut arrosé, quand Ryates devint le serviteur numéro un de Nirina. D'aucuns prétendent secrètement que ce sont ces deux-là qui ont tué la reine en l'empoisonnant. Padreis ne savait qu'en penser. Il était vrai que Nirina n'avait jamais débordé d'amour pour sa mère, mais de là à la faire assassiner... Mais ce fils de démon de Ryates était capable de la pire vilénie.

Les nobles durent attendre bien deux heures avant que Nirina - sous la grâce de Dieu, reine de Cinhol - fasse son entrée. Ses longs cheveux blonds cascadaient en une coupe royale jusqu'à sa taille. Sa robe dorée scintillait encore plus que les lumières de la salle. Son maintien était sans faute, malgré l'épée royale, sertie de six Pokeball, qu'elle portait toujours à la ceinture. Son visage, fier et hautain, était la perfection incarnée, et ses yeux couleur saphir parachevaient cette sculpture idyllique. Mais il y avait quelque chose chez la reine qui rendait sa beauté distante et inaccessible. Peut-être son regard qui ne renvoyait aucune chaleur.

Il était en effet bien connu que la reine ne s'intéressait qu'à elle-même. Elle restait indifférente à tout, quand ce n'était pas de l'indifférence mais de la cruauté. Même son jeune fils de quatre ans, le prince Alroy, ne parvenait pas à dégeler son cœur. Pour elle, il n'était que l'incarnation de la nécessité de faire perdurer sa royale lignée, rien de plus. Elle ne s'en occupait pas, et il vivait constamment chez sa nourrice. Le sourire que Nirina servit à la cour était la définition même de superficiel.

- Chers amis ! Nous sommes heureuse de vous retrouver encore ce soir, cette fois pour deux évènements, l'un ô combien tragique et l'autre plus joyeux. Ce soir, prions pour l'âme de ma mère, qu'elle rejoigne sans faute mes illustres ancêtres à la droite du grand Castel Haldar, le Fondateur. Puis festoyons pour mon accession au trône, dans cette ère nouvelle qui débute. Car chaque jour que nous vivons est un don des cieux, nous nous devons, nous les élus, de les fêter avec reconnaissance. Aussi, Nous vous demandons de vous amuser jusqu'à que le soleil se lève à nouveau. Non, plus encore, Nous vous l'ordonnons. Telle est Notre volonté !

Son petit discours fut appuyé par les applaudissements nourris des nobles, qui repartirent bien vite à leur orgie de nourriture, d'alcool, de rire, de danse et de ragots. Nirina, comme à son habitude, ne prit guère part à tout ça. Sa Gracieuse Majesté n'aimait pas être entourée de monde, même les nobles. Elle considérait tous ces paons comme inférieurs et indignes de sa présence. Et sans doute avait-elle raison. Elle était la reine, la femme la plus puissante de Cinhol. Son autorité lui était conférée par les Pokemon qu'elle possédait, et par ses Hauts Protecteurs, qui chacun avaient un Pokemon aussi. Défier la reine était impensable. Même le bas peuple le savait.

Pourtant, ça ne les empêchait pas de commettre parfois quelques folies. Pas plus tard que la semaine dernière, par exemple, un noble avait été retrouvé mort dans les bas quartiers de la cité. Naturellement, Nirina avait accusé le bas peuple. Comme aucun coupable n'avait été trouvé, la princesse avait fait capturer au hasard cinquante roturiers, et en avait fait tuer deux chaque jours par pendaison, jusqu'à que le coupable se dénonce. Ce qu'il n'avait pas fait.

Autre fait marquant, il y avait un peu plus d'un mois : un groupe de gueux du bas peuple était monté, une nuit, jusqu'au palais ; une chose rare qui leur était en principe interdite. Devant la porte close, ils s'étaient mis à hurler en réclamant du pain. Nirina était montée elle-même sur les créneaux, et en guise de pain, leur avait offert les attaques brûlantes d'Hafodes, le premier des six Pokemon. Plusieurs étaient morts, carbonisés, et après quoi, Nirina avait déclaré aux autres : « Vous avez faim ? Eh bien, bouffez donc les cadavres. Nous vous l'autorisons ».

Padreis désapprouvait ce genre de méthodes barbares et injustes. Les cinquante habitants qui avaient été exécutés n'y étaient pour rien, et parmi eux se trouvaient des femmes et des enfants. Malgré tout, Padreis n'arrivait pas à être en colère contre Nirina. Lui, il était le seul à qui la reine pouvait offrir un sourire sincère. Il était le seul avec qui elle pouvait se trouver sans qu'elle n'ait à faire la grimace.

Il y eut soudain un cri qui n'avait rien à voir avec l'abus de boisson. La porte de la grande salle était grande ouverte, et les deux gardes gisaient au sol, la gorge tranchée. Un individu vêtu de haillons se tenait debout, un long poignard ensanglanté en main. Il avait les yeux d'un possédé et la gestuelle d'un fou. Des hurlements de terreurs se rependirent parmi les nobles. Padreis, lui, mit la main sur la garde de son petit poignard caché dans les plis de son haut costume de soirée. Certes, les armes étaient interdites à l'intérieur de la salle, mais Padreis n'avait pas survécu jusque-là à la Cour Royale et à ses manigances en restant sans défense. Son père, le duc Isgon, lui, avait toujours son immense hache à double tranchant où qu'il aille, et personne n'osait lui dire quoi que ce soit. Mais qu'un manant armé d'un couteau puisse pénétrer ainsi la salle des banquets du palais était alarmant quant à l'efficacité de la garde.

- NIRINA ! Clama le gueux. Je vais te faire payer tous tes crimes !

Les quelques gardes qui se trouvaient à chaque coin de la salle se regroupèrent prestement autour de la reine. Celle-ci ne parut pas inquiétée le moins du monde. Au contraire, la venue de ce pseudo assassin lui offrait un divertissement bien meilleur que celui de voir jaser ses nobles. Elle se leva, et fit signe aux gardes de reculer. Ce qu'ils firent sans hésiter. Si la sécurité de la reine était leur premier devoir, ils savaient très bien de quoi elle était capable.

- Qui es-tu, citoyen ? Demanda-t-elle d'un ton presque poli.

- Autrefois, j'étais boulanger dans le niveau médian. Je vivais assez bien. Maintenant, à cause de tes taxes, j'ai fait faillite, et je me suis retrouvé, moi et ma famille, dans les plus bas niveaux de la cité !

- Voilà qui est bien malheureux, commenta la reine d'un ton indifférent. Mais tu voudrais que tous ces gens ici présent n'aient rien à se mettre sous la dent ? C'est ce qui se passerait si Nous ne prélevions pas d'impôts chez les petites gens. En échange de cette modeste somme pour Notre royale personne, Nous vous protégeons et Nous vous autorisons à vivre. Es-tu si égoïste au point que tu ne veuilles pas participer au bien commun de ce royaume ?

Le boulanger rougit de colère, et l'assistance des nobles, un peu remise de ses émotions, éclata de rire.

- Ma famille meurt de faim ! J'ai perdu mon plus jeune fils parce que je n'avais rien à lui donner à manger ! Et qu'est-ce que je vois ici ? Des pourceaux qui ne se donnent pas la peine de travailler et qui dévorent le dur labeur de ceux qui le font !

Isgon jura, et Padreis espérait que l'homme allait se calmer. Pour son propre salut. Oh, bien sûr, pour avoir tué deux gardes du palais et menacé la reine, il perdrait sa tête, mais si, par ses paroles, il mécontentait gravement la reine, son châtiment pourrait être plus... douloureux. Il pourrait servir de jouet humain à ses Pokemon. Pour l'instant, les nobles semblèrent le trouver amusant.

- Nous mourrons de froid dans les bas niveaux, poursuivit l'individu. Ces rues sont abandonnées par le pouvoir royal, le crime et le délabrement gagnent du terrain chaque jour ! Jadis, du temps de tes ancêtres, reine Nirina, tout le monde prospérait dans ce royaume. Mais ta mère a laissé tomber ton peuple pour sa seule petite personne et tes riches amis ! Et toi, tu es encore pire ! Je vais débarrasser Cinhol de ta gangrène !

Et il fonça à travers la salle, son poignard au-devant, vers Nirina. Padreis crut qu'elle allait faire appel à l'un de ses Pokemon, dont les Pokeball étaint incrustées dans son épée royale, mais non, elle n'en eut nul besoin. Elle se contenta de faire un pas de côté quand l'homme arriva, puis d'une torsion de bras, elle le jeta au sol, récupérant au passage son poignard.

Tout s'était déroulé en une seconde, et voilà qu'un homme adulte et de grande taille se retrouvait à terre et désarmé par une jeune femme en robe étouffante. Mais ça n'étonna personne. La reine, en plus de ses Pokemon, possédait des aptitudes physiques étonnantes pour quelqu'un de son âge et de son sexe. Elle pouvait étaler sans trop d'effort ses propres gardes avec seulement ses mains, et elle était sans doute la plus fine lame du royaume en matière de grâce. Elle avait été formée par Astarias, après tout. Nirina plaqua le bout de son épée sur la nuque du forcené.

- Nous sommes de bonne humeur ce soir, donc Nous allons te faire grâce d'une mort rapide, bien que tu mérites cent fois pire. Sache juste une chose, manant. L'égalité n'existe pas dans ce monde. L'égalité est une abomination. L'ordre des choses veut qu'il existe des personnes supérieures à d'autres. Et Nous, Nous sommes au-dessus de toute chose. Toi, tu es plus bas que terre. Et ça ne changera pas. Car telle est Notre volonté !

La reine eut une torsion du poignet. Il y eut un bruit vif, celui de la lame contre le vent, puis celui, dégoutant, de la lame rencontrant la chair et les vertèbres. Plusieurs nobles eurent un sursaut de dégout, et certains même vomirent quand la tête coupée roula vers eux. Nirina se contenta d'essuyer son épée sur une nappe, puis s'adressa à l'assemblée.

- Veuillez Nous excuser, seigneurs et gentes dames, mais Nous en avons vu assez pour cette nuit. Nous allons nous reposer. Mais avant, lequel parmi vous est le responsable de la garde de nuit du palais ?

Il y eut un lourd silence, puis un petit seigneur obèse avança lentement, tremblant de tous ses membres.

- Moi, ma reine, gémit-il. J'implore votre pardon pour la gêne occasionnée. Je puis vous assurer que les gardes responsables d'un tel manque de vigilance seront punis.

- Les soldats coutent chers, répliqua Nirina. Mais les nobles, c'est facilement remplaçable. Il suffit d'en éliminer un de l'échiquier pour qu'un autre vienne prendre sa place immédiatement. Voilà qui devrait motiver votre successeur à plus de professionnalisme.

Elle prit l'une de ses Pokeball accrochée à son épée et la lança devant le seigneur. Le Pokemon qui en sorti était le Quatrième parmi les six, Squablarto, un Pokemon de type Sol et Eau, bipède, à la face de requin, avec un nez en forme de puissant marteau et une couleur sable. Ses dents et ses griffes étaient ses attributs les mieux visibles, ce qui faisait de Squablarto le Pokemon le plus sauvage des six de Castel. Puis pendant dix minutes après le départ de la reine, on entendit plus que les cris de douleurs et d'agonie du condamné, puis le bruit de mastication du Pokemon, heureux de ce repas inattendu, sous le regard mi-amusé mi-horrifié des nobles. Le duc Isgon jura à nouveau.

- Par les couilles d'Arceus, voilà pourquoi je déteste mes séjours à la capitale ! Ce n'est plus que folie ici, depuis la mort de Rushon. Grand dommage qu'il n'ait point eu de fils qui lui ressemble, à lui ou à son grand-père Festil. Eux, c'étaient de vrais rois, qui se souciaient du peuple qu'ils gouvernaient !

- Parlez moins fort, duc, lui demanda Deornas. On pourrait vous entendre...

- Et alors ?! Qu'on m'entende, oui ! J'ai fait sauter Nirina sur mes genoux quand elle n'était pas plus haute que ça ! Elle ne va pas m'empêcher de dire ce que je pense ! Elle va faire quoi, m'envoyer son requin ? Je pourrai la déchirer en deux d'un seul coup de hache, sa bestiole ! Par le cul d'Arceus, que j'aurai préféré que ce soit ton père qui hérite du trône...

- Sire Astarias fait parti des Hauts Protecteurs, père, lui rappela Padreis. Il ne peut plus prétendre au trône depuis qu'il a prononcé ses vœux.

- Mouais, belle connerie, si vous me demandez... Même toi, Deornas, tu aurais fait un bien meilleur roi que ta fichue cousine !

Le prince haussa les épaules.

- Peut-être. Mais il n'y a rien que je ne désire moins.






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Image de Squablarto :