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Pokémon version Arc-en-Ciel T.1 : L'assassinat de Milolaidus



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Informations

» Auteur : Milolaidus - Voir le profil
» Créé le 18/06/2013 à 17:43
» Dernière mise à jour le 20/06/2013 à 18:57

» Mots-clés :   Aventure   Humour   Présence d'armes   Présence de personnages du jeu vidéo   Région inventée

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CHAPITRE XI : Le voleur [1/2]
Une chambre d'hôtel, en plein cœur de Pourprion. Un jeune garçon brun, allongé, le bras gauche sous l'oreiller, l'oreiller sous la tête, le bras droit le long du corps, plongé dans un univers onirique dont il aura hélas presque tout oublié au réveil.

La chambre rétrécie. À coté du premier lit, un autre garçon blond est plongé dans un sommeil tout aussi profond. Sur un mur, une horloge digitale affiche trois heures du matin.

La chambre s'éloigne. Elle est brusquement caché par le plafond, puis deux autres chambres, elles aussi occupées, apparaissent rapidement, avant d'êtres elles même remplacées par de grandes tuiles rouges disposées de façon régulière.

L'hôtel apparait dans son ensemble, mais caché en grande partie par le toit de tuiles qui le surmonte. Lui-même, bientôt, rétrécit. D'autres maisons apparaissent. Il ne devient rapidement qu'un bâtiment parmi de nombreux autres.

Tout continu de rétrécir. Au bout d'un moment, chaque maison ne devient presque plus distinguable de façon individuelle. Elles ne forment plus, chacune, qu'un infime élément d'une grande surface bigarrée, tachée de nombreux petits points lumineux. Ce tableau hétéroclite défile lentement, vers la gauche. Les limites de la ville finissent bientôt par apparaître. Soudain, tout s'arrête.

Puis la surface multicolore et ses tâches de lumières se mettent à grossir, grossir... De nouveau, les bâtiments deviennent visibles, individuellement. Mais tout au centre, un bâtiment plus gros que les autres, et à l'architecture bien plus compliquée, ressort. À force d'enfler, il fini par occuper toute la place, tout le champ de vision.

Il grossit toujours. Va-t-on entrer dedans ?

Non. Le bâtiment se décale soudain. Maintenant, à sa place, une tâche sombre, juste à côté de lui, se distingue. Malgré l'obscurité, ses contours se précisent. Il s'agit d'une silhouette. Plus précisément, d'un homme. Il est habillé entièrement de noir, et son visage est masqué par une cagoule. Deux petits trous, dans celle-ci, laissent apparaitre ses deux yeux, seule partie visible et non couverte de son anatomie.

L'homme n'est pas là par hasard. En face de lui, de grandes lettres en métal, apposées sur la façade principale du bâtiment, lui révèlent son défi : « Musée National de Pourprion ».

Tout a été peaufiné, depuis plusieurs mois. Tout a été pensé, calculé, préparé. Tout est prévu. Il ne lui reste plus qu'à jouer la chorégraphie qu'il connaît maintenant par cœur. Mais au moindre faux-pas, il n'y aura pas de seconde chance.

Comme chaque nuit, le musée de Pourprion, peut-être le plus important de la région d'Alaubia, est en alerte. La porte principale est infranchissable. Les fenêtres sont toutes gardées par un système d'alarme. Même l'effraction la plus habile ne manquerait pas de déclencher une alerte silencieuse. Déclencher une alarme, en soi-même, ne serait pas la chose la plus inquiétante. En ne trainant pas, il y aurait moyen d'agir et de ressortir en passant entre les mailles du filet. Mais le plus important, c'était que tout reste inaperçu, au moins quelques temps. Si l'effraction était découverte immédiatement, autant se rendre ! L'homme allait devoir se faire plus insaisissable et indétectable que le plus immatériel des Pokémons spectres.

S'enfermer dans le musée et attendre la nuit, dans une cachette où personne n'aurait eu l'idée d'aller le chercher, avait longtemps été le plan numéro un. Après son coup, il lui aurait ensuite suffit de retourner dans sa cachette, et d'attendre le matin, pour ressortir l'air de rien. Mais voilà, ce plan était particulièrement hasardeux, et comprenait nombre de risques difficiles à anticiper. De plus, cela signifiait apparaître sur les caméras de vidéosurveillance, à visage découvert, avant de se cacher. Aussi habile qu'il soit, les vidéos seraient sans doute tôt ou tard consultées. Si on voyait sur les enregistrements un homme, la veille des évènements, rester dans une pièce et guetter fébrilement le passage des visiteurs, avant de se rendre dans un endroit hors caméra où il n'avait rien à faire, ou bien s'enfermer dans les toilettes pour ne plus en sortir, on ne tarderait pas à faire le lien. Et être reconnaissable sur ce type de documents pourrait être très embarrassant. Masqué, il ne craint rien. De toute façon, les techniques de ce genre sont bien connues. Il est fort possible qu'un tour du musée soit régulièrement fait après la fermeture, pour vérifier que tout le monde est bien parti.

L'homme fait le tour du bâtiment. Il n'existe qu'une seule petite issue, une seule petite faille dans toute cette cuirasse ultra-sécurisée. C'est du moins ce qu'ont semblé révéler plusieurs mois de repérage. L'homme s'arrête et lève les yeux. La petite porte des toilettes, à plus de dix mètres de hauteur, au deuxième étage. Le personnel qui a été chargé de poser les alarmes n'a visiblement pas pensé que cette toute petite lucarne inaccessible méritait d'en être équipée. Ou alors, se pourrait-il qu'ils ni aient tout simplement pas portés attention ? Quoi qu'il en soit, cette petite erreur allait lui être très profitable.

L'homme porte un petit sac à dos, bien ajusté, ne contenant que les quelques objets dont il a besoin. Il ne s'agit pas d'un sac sans fond. Ceux-ci sont surtout des modèles à l'usage des voyageurs, et ils sont assez encombrants, même vides. Non, son sac est un petit sac tout ce qu'il y a de plus normal, parfaitement adapté à ce qu'il prévoit de faire. Il ne sera que très peu entravé durant sa progression. Il en sort d'étranges ventouses munies de sangles, qu'il accroche fermement à ses chaussures. Il est maintenant obligé de rester sur les talons pour éviter de se coller au sol. Il sort une nouvelle paire de ventouses, cette fois accrochées sur des gants spéciaux, qu'il enfile par-dessus ceux qu'il porte déjà pour éviter de laisser des empreintes digitales. Le deuxième gant est plus difficile à enfiler que le premier, vu qu'il est gêné par l'autre ventouse, mais il s'en sort malgré tout en quelques secondes. Même ces gestes-là ont étés répétés.

Il appuie en premier son bras gauche contre le mur, à environ deux mètres du sol. À l'aide d'une poire placée dans son gant, grâce à un système de pression, il vide l'air qui se trouve entre la ventouse et le mur. Il faudrait maintenant une traction de plus d'une tonne pour réussir à décoller sa main du mur. Puis il appose son pied droit. Il n'y a pas de système de pression sur ses pieds, puisqu'il serait trop compliqué à utiliser, mais cela l'accroche tout de même un petit peu au mur, et l'aide à progresser. Un système de semelles agrippantes n'aurait pas été envisageable, car cela aurait risqué de laisser des traces sur le mur. Les ventouses ont l'avantage de ne pas laisser la plus petite éraflure sur leur passage. Autant ne prendre aucun risque, et donner le moins d'informations possible à « l'ennemi ».

En progressant ainsi méthodiquement, en faisant le vide, puis en rétablissant la pression pour décoller les ventouses, il parvient ainsi à atteindre la fenêtre en une petite minute. D'une main, il décroche l'une des trois Pokéballs qu'il porte à la ceinture. Il aurait pu en emmener plus, mais il n'en a besoin que de trois : autant être le plus léger et le moins encombré possible. Il jette un coup d'œil en arrière et sonde les ténèbres, cherchant à s'assurer que personne ne le verra. Puis, précautionneusement, l'homme pose la Pokéball sur le rebord de la petite fenêtre. D'une main, il ouvre son sac et en sort une couverture noire et épaisse dont il recouvre la Pokéball. Il s'assure que tout est bien disposé, puis glisse sa main sous la couverture, et presse le petit bouton permettant d'ouvrir la balle. Une bonne partie du flash lumineux est masqué par la couverture. La petite boule qui était visible dessous, auparavant, semble soudain enfler, et prendre une forme vaguement humanoïde. Ne pouvant pas tenir sur le rebord juste assez grand pour accueillir une Pokéball, la forme se laisse tomber, complètement inerte, et est rattrapée par l'homme encagoulé. La forme s'anime et se débarrasse de la couverture qui l'aveugle, avant de la ranger dans le sac, puis de le refermer. Toujours agrippée à l'homme, elle monte alors sur ses épaules en faisant attention de ne pas le blesser avec ses griffes.

Plusieurs mois de dressage et d'entraînement n'ont pas étés de trop pour convaincre un Dimoret de se jeter dans le vide, la vue masquée par une couverture. Mais l'effort, maintenant, paye. L'homme ne peut s'empêcher de jeter un regard attendrit à son Pokémon dont il est si fier.

- Bien joué Dimo'. C'est la grande nuit, cette fois. Tu sais ce que nous avons à faire, je compte sur toi !

Le Pokémon ténèbres, imperturbable, reste fixé sur son objectif. Cependant, un petit sourire retrousse un instant ses lèvres, et laisse subrepticement apparaître une canine pointue. Il se concentre sur la petite fenêtre. Ce qu'il s'apprête à faire requière une grande précision. Mais il s'est entraîné plusieurs mois, inlassablement, jusqu'à atteindre la perfection. Il est confiant. Le système d'empreintes digitales n'ayant pas encore été adapté pour les Pokémons, le Dimoret n'hésite pas à toucher directement la vitre. De toute façon, elle doit déjà être pleine d'empreintes. Il l'étudie pendant quelque secondes, se prépare mentalement, puis commence à l'entailler avec beaucoup de soin à l'aide de l'une de ses griffes. Pas une fissure n'apparaît, pas un éclat, même minuscule, ne vole. Bientôt, le Pokémon a formé un rond parfaitement circulaire dans la vitre.

L'homme pose précautionneusement sa main droite, toujours équipée d'une ventouse, sur la vitre. Il aspire doucement, et le cercle de verre se détache sans la moindre résistance. Il le pose sur le bord de la fenêtre, puis renvoie son Pokémon, toujours perché sur ses épaules, dans sa Pokéball.

- Du travail parfait Dimoret, comme d'habitude !

Le trou formé est juste assez grand pour laisser passer sa main gantée. Il enlève sa ventouse, ouvre la fenêtre de l'intérieur, puis s'introduit péniblement dans le cabinet sur lequel donne le petit interstice. Il se contorsionne, évite habilement la cuvette des toilettes, et parvient finalement à se retrouver dans la petite pièce, en position horizontale. Il se dépêche d'enlever tout son équipement, qui ne lui sert plus, pour l'instant. L'homme en noir se tait soudain, s'immobilise et écoute.

Pendant deux bonnes minutes, il n'entend rien, sinon le bruit de sa respiration qu'il cherche instinctivement à étouffer, et celui de son cœur qui tambourine contre sa poitrine. L'homme se reproche intérieurement son stress. Il est extrêmement entraîné, et tout est calculé ; il ne devrait pas éprouver la moindre once d'inquiétude. L'angoisse fait faire des bêtises.

Soudain, un petit bruit se fait entendre. Il s'agit de petits coups réguliers frappés contre le sol, et cela se rapproche. Clac... Clac... Clac... Des pas. Le bruit gagne en intensité, se fait plus distinct, avant de diminuer à nouveau. L'homme se représente mentalement la carte du musée, qu'il connait par cœur. Il s'agit d'un des trois gardes qui surveillent le deuxième étage. Il compte soixante secondes, dans sa tête, après que le bruit de pas se soit estompé, puis décroche sa deuxième Pokéball.

À toi de jouer, Ouisticram, chuchote-t-il.

Il ouvre la Pokéball, en s'arrangeant pour étouffer au mieux le son. Le petit Pokémon feu en sort. Ce dernier éteint sa queue enflammé, et réduit sa température au maximum. L'homme récupère le morceau de vitre et le replace dans son emplacement d'origine. Il s'y insère parfaitement. Son Dimoret a fait du bon boulot !

Ouisticram, connaissant parfaitement son rôle, grimpe sur son dresseur et se juche, comme Dimoret avant lui, sur ses épaules, afin d'atteindre la petite fenêtre. Il est le Pokémon parfait dans cette situation : il est petit, agile, et surtout capable de concentrer de la chaleur avec précision sur une faible zone. Avec application, il vise la fissure circulaire, puis, tout doucement, laisse sortir un tout petit jet de flammes de sa bouche, qu'il régule avec le bout de ses doigts. Son rôle n'est sans doute pas plus simple que celui de Dimoret, et il doit à plusieurs reprises changer de côté, pour que le tout soit bien homogène. Finalement, petit à petit, le rond de verre se ressoude à la vitre dont il est issu. Après moins d'une dizaine de minutes, le résultat est presque impeccable.

L'homme en noir rappelle son Pokémon, après l'avoir félicité, et observe minutieusement la vitre tout juste réparée. En faisant attention, on parvient tout de même à distinguer la trace de soudure, et la vitre est légèrement moins transparente à cet endroit. Mais personne n'irait examiner minutieusement cette pauvre vitre, tant que rien d'anormal n'aura été découvert. Laisser quelques traces infimes n'est pas bien grave, tant qu'elles sont suffisamment discrètes pour ne pas attirer l'attention avant qu'il ne soit trop tard.

À nouveau des bruits de pas, le gardien repasse. L'homme attend encore un peu puis, très silencieusement, il sort des cabinets, arrive dans la petite pièce où se trouvent les lavabos, colle sont oreille contre la porte sur laquelle est fixée un petit personnage représentant une femme, et, satisfait de n'avoir rien entendu, se faufile tel un fantôme dans le couloir du musée. Il est au deuxième étage, et, avant de se rendre à son objectif, au premier, il doit d'abord traverser tout l'étage. Il connait la ronde des gardiens, mais il sait qu'elle peut hélas varier, et que les gardiens, n'étant pas des robots, ne sont pas complètement prévisibles. Il sait aussi que, tant qu'il reste dans les couloirs et évite les salles contenant des objets précieux, il ne devrait pas rencontrer trop de lasers, susceptibles de déclencher l'alarme du musée. Il connait pratiquement par cœur les emplacements de tous les systèmes de sécurité, mais, par précaution, il s'équipe quand même de son brumisateur, outil indispensable pour repérer les lasers. Le musée, de nuit, n'est pas complètement éclairé. Cela jouera en sa faveur.

Après quelques minutes, deux gardes et trois lasers évités, l'homme en noir arrive enfin dans la zone où il voulait se rendre. Il entend soudain de faibles bruits de pas. Rapidement, il entre dans une petite salle dont il connait le système d'alarme, et referme doucement la porte derrière lui. Sans les voir, il sait qu'un mur étroit de lasers se trouve juste devant lui. Il a intérêt à rester collé à la porte. Les pas se rapprochent. Une raie de lumière passe sous la porte. Le gardien doit être en train de sonder le couloir avec sa lampe torche. A-t-il perçu quelque chose ?

Mais bientôt, le veilleur de nuit éteint sa lampe torche et reprend sa marche. L'homme en noir attend que les pas arrivent au niveau de la porte. Alors, doucement, il fait trois petits claquements de langue brefs, presque imperceptibles. Le bruit de pas continu exactement au même rythme, mais l'homme sait que le veilleur de nuit à entendu. Il attend un peu, puis, quand il entend les pas se perdre au loin, il sort de sa cachette. Il voit le gardien tourner, au bout du couloir. L'homme se dirige dans la même direction que le veilleur, en scrutant le sol. Bingo ! Une petite clé, presque invisible dans les ténèbres, est posée sur le sol, pile entre les angles de vue de deux caméras.

Son complice a exécuté sa partie du travail à la perfection. Cela lui a valu de travailler longtemps comme gardien de nuit, mais ça en valait la peine. Après plusieurs mois de travail exemplaire, il est au-delà de tous soupçons. Malgré tout, trouver où était cachée cette clé, et s'en emparer, n'avait pas dû être une mince affaire. L'homme en noir se promet de le féliciter dès qu'il en aurait l'occasion. Malgré tout, il garde à l'esprit que pour l'instant, ce gardien de nuit est toujours un adversaire potentiel. S'il ne se dissimule pas assez bien, le gardien a reçu pour ordre de l'arrêter, afin de ne pas griller sa couverture.

Pour l'instant, tout marche au mieux. L'homme reprend son exploration, sans faire de mauvaises rencontres. Il descend prudemment au premier étage, et se dirige vers la salle où il était prévu qu'il aille, tout en prenant les chemins les moins risqués possible. De temps en temps, il utilise son brumisateur, par précaution, au cas où un changement dans le système de sécurité aurait été opéré à la dernière minute. Un gardien semble manquer à l'appel. Il le repère bientôt en train de se faire une pause café, dans une salle dédiée à une civilisation qui aurait vécu à Unys il y a plusieurs milliers d'années. De ce côté-là, au moins, il est tranquille pour quelques minutes. Il poursuit sa progression, passe au dessous ou au dessus de cinq ou six nouveaux lasers, se joue de la ronde des gardes, et arrive enfin devant son but.

Devant lui se trouve la salle des pierres précieuses. Elle est grande et haute, et une très grande porte en bois sculpté, plus décorative que vraiment utile, en orne l'entrée. La salle est ouverte, mais il ne peut pas espérer fermer les portes sans attirer l'attention. De plus, comme il s'agit d'une des pièces les plus importantes du musée, une rangée très serrée de lasers en protège l'entrée. Impossible de passer sans en toucher un seul ! Heureusement, si l'homme en croit le circuit habituel des gardes, il devrait être tranquille pendant quelques courtes minutes. C'est là qu'intervient son troisième et dernier Pokémon.

- Gardevoir, à toi.

Il ouvre sa dernière Pokéball avec encore plus de soin qu'il n'en a usé pour les deux premières. Le Pokémon vert, vêtu de ce qui semble être une longue robe blanche fendue, apparait. Il est difficile d'apercevoir ses pieds, et sa robe ondule de telle façon qu'il paraît flotter juste au dessus du sol. Le Pokémon et l'humain se regardent. Sans produire le moindre son, d'un même mouvement, ils joignent leurs mains. L'homme ferme les yeux. Le Pokémon se concentre. Ce qu'il va tenter demande une grande précision psychique, et toute erreur serait catastrophique.

L'air crépite un bref instant autour du Pokémon et de l'humain, puis, d'un coup, ils sont tous les deux transportés dans la pièce, derrière la barrière de rayons. Gardevoir a parfaitement réussi sa téléportation.

L'homme touche au but. Face à lui se trouve maintenant l'objet qu'il convoite, le rarissime, l'inestimable, l'unique... le dangereux... Orbe Bleu. L'homme, au comble de l'excitation, se permet même d'adresser un geste de triomphe à une des caméras de surveillance qui filme la scène, sachant parfaitement qu'il n'est pas identifiable sous son accoutrement, et que, si tout se passe bien, la vidéo ne sera visionnée que beaucoup trop tard. Maintenant, il n'y a plus qu'un seul obstacle entre lui et la relique : la cage en verre. Et il en possède la clé.

Il s'empresse de la faire tourner dans la serrure, tout en faisant attention de ne pas trop bousculer la vitre, par pure précaution. Cela n'a pas été facile, mais il a réussi à trouver des informations sur les systèmes de protection utilisés dans ce musée pour les objets particulièrement précieux. À priori, il n'a rien à craindre, s'il se contente d'ouvrir la vitre. Mais s'emparer de l'Orbe est une toute autre affaire.

Celui-ci est posé sur un dispositif particulier. Si ce dispositif détecte le moindre changement de poids, l'alarme sera donnée immédiatement. En temps normal, n'importe quel voleur se serait emparé de l'orbe avant de s'enfuir en quatrième vitesse, une méthode bourrine et risquée, mais pouvant néanmoins marcher. Mais là, la situation est différente. L'homme ne doit laisser aucune trace de son passage. Là encore, il a dû mettre au point une technique qu'il a perfectionnée durant plusieurs mois. Il n'a toujours pas rappelé son Gardevoir, et c'est justement lui qui va se charger de cette partie du plan extrêmement délicate. Mais l'homme ne s'en fait pas. Dans cette mission, c'est le Pokémon envers lequel il a le plus confiance.

Le Gardevoir se concentre. Il projette ses pouvoirs psychiques vers l'orbe et le dispositif, et analyse avec une extrême précision les forces en jeu. Il hoche bientôt la tête, signalant par là qu'il est prêt. L'homme sort alors de son sac une imitation extrêmement réaliste et précise de l'Orbe Bleu. Une attention toute particulière a évidemment dû être portée au poids de l'imitation. À l'œil nu, les deux orbes sont indiscernables. Son Gardevoir utilise alors ses pouvoirs psychiques. Son énergie, parfaitement bien dosée, crée comme un mur immobile sur le dispositif, si bien que celui-ci ne peux pas bouger d'une fraction de millimètre. Le poids exercé semble constant.

Avec beaucoup de prudence, comme s'il cherchait à extraire un bâton d'un jeu de Mikado, l'homme soulève l'Orbe Bleu. Durant un instant, il a l'impression fugace qu'un courant d'énergie lui traverse le bras, mais la sensation s'estompe rapidement. Il se dépêche de mettre le précieux objet dans son sac, tandis que de l'autre main il tente maintenant de placer son imitation. Il doit faire vite. Gardevoir ne peut maintenir sa concentration qu'un court moment, et les gardes ne vont pas tarder à revenir. L'homme dépose avec une extrême douceur l'imitation à l'emplacement exacte qu'occupait le vrai Orbe à l'instant même. Heureusement, le Gardevoir bloque le dispositif, plus qu'il ne lui impose un poids fixe, si bien qu'il n'est pas plus difficile de déposer un objet que de l'enlever. Après quelques sueurs froides, tout est enfin en place, ni vu ni connu. Le Gardevoir relâche la pression, et l'homme referme la vitre. Il attend dans la salle que les gardes, qui de toute façon ne franchiront pas les lasers, passent, puis il en sort comme il y est entré.

Il parvient sans difficulté à esquiver les quelques pièges qu'il a déjà franchis à l'aller. Il repasse dans la zone où se trouve son complice, redépose la clé à l'emplacement exacte où il l'a trouvée, puis retourne dans les toilettes pour femme par lesquelles il est entré dans le musée. Il en profite pour souhaiter mentalement bonne chance à son complice. Il espère qu'il réussira aussi bien à remettre les clés en place qu'il n'a réussi à les prendre. Il enfile de nouveau son équipement, rouvre la fenêtre et ressort à l'air libre, hors de ce véritable champs de mines dans lequel il a passé suffisamment de temps.

Rapidement, ses pieds foulent de nouveau l'herbe qui entoure le musée. Il range tout son matériel, hôte ses gants, et s'éloigne. Quand il pense avoir mis assez de distance entre lui et l'imposant bâtiment, il enlève aussi sa cagoule. Il redevient ainsi un banal badaud qui se promène dans les rues de Pouprion en pleine nuit, sans doute pour rentrer chez lui, après un travail de nuit ou une fête tardive.

La mission s'est déroulée sans le moindre problème. Du travail parfait, exactement comme cela avait été prévu. L'homme a maintenant en sa possession l'Orbe Bleu, bien calée au fond de son sac. Serein, il se dirige vers la sortie de la ville, et se permet même de siffloter un petit air joyeux.

Maintenant, le vol ne pourra être découvert que si des analyses sont faites sur l'Orbe Bleu, s'il prend au personnel de sécurité l'idée saugrenue de visionner les enregistrements au bon endroit, où encore s'ils sont interpellés par les quelques très maigres traces que l'homme a laissées. D'ici à ce que l'un de ces évènements se produise, il pouvait bien se passer plusieurs mois. Il serait tranquille pendant un bon moment.

Ou plutôt, « ils » seraient tranquilles.