Gardiens de l'Harmonie T.1 : La mélodie de vie de Malak

En bon dresseur Pokemon qu'il était, Kinan avait toujours espéré mettre les pieds dans les prestigieuses salles du Conseil des 4, dans la Place du Mérite, berceau de la Ligue Pokemon de Naya. Mais les circonstances de sa venue n'étaient pas vraiment celles dont il aurait pu rêver. Il n'était pas là en conquérant ou en challenger, mais en tant qu'invité, tandis que Kelifa et lui suivaient Maître Balterik à travers les salles richement marbrées et impressionnantes de ce haut lieu pour tous dresseurs Pokemon de la région. Kelifa marchait derrière lui, un peu en retrait, comme si elle ne se sentait pas à l'aise ici. Ce qui était normal. À Johkan, la région mère de la Team Rocket, le Conseil des 4 et le Maître étaient ses pires ennemis.

Balterik avait arrangé une audience avec le Maître et le Conseil des 4 au complet. Enfin, désormais, c'était le Conseil des 3, se souvint Kinan avec tristesse. Si la mort d'Elias avait touché ses confrères, ces derniers avaient toutes les raisons de s'allier à eux, ou du moins de les aider. Mais le problème, comme l'avait signalé Balterik, c'était que le Conseil des 4 et le Maître étaient les garants du gouvernement de la région. S'opposer directement au Triumvirat en aidant des personnes recherchées serait considéré comme la pire des trahisons. Mais Kinan pensait qu'il valait mieux être un traître engagé plutôt qu'un loyal serviteur d'un gouvernement corrompu qui traitait sans doute avec un meurtrier en puissance.

Kinan n'avait cessé de songer à Ad durant le voyage sur dos de Pokemon. Elle était seule avec Geran dans cette forêt mille fois maudite. Heureusement, il y avait peu de temps, Spyware les avait contacté mentalement grâce à son nouveau pouvoir du Don, pour s'enquérir de leur situation, et leur dire que son groupe était bien arrivé sur l'île d'Esbroff, et que de leur coté, Ad et Geran avaient bien atteint le Verger sans problème. C'était une bonne chose, mais Kinan s'en faisait toujours. Pour les innombrables dangers que renfermait cette forêt, bien sûr, mais aussi pour une raison un peu plus personnelle. Kinan aimait Ad depuis qu'il l'avait rencontrée, il ne s'en était jamais caché. Bien que la jeune fille ait toujours repoussé ses piètres tentatives de rapprochement avec une indifférence narquoise, Kinan ne perdait pas espoir. Après tout, Ad était comme ça avec tous les garçons.

Mais voilà qu'arrivait ce Geran, plutôt beau gosse, plus vieux que lui, chevalier héroïque, et qui de plus partageait le Don avec Ad. Bon, Kinan l'avait aussi à présent, mais Geran avait toujours une longueur d'avance sur lui. Et Kinan avait surpris quelques regards qu'Ad décochait à l'encontre du Gardien de l'Harmonie. Bien qu'elle ait toujours manifesté la plus totale des indifférences pour le sexe opposé, Kinan était certain que Geran l'intéressait d'une façon ou d'une autre. Il n'avait donc plus qu'à espérer que Geran était marié ou fiancé à son époque, et qu'il était du genre très fidèle, même si sa femme n'était plus que quelques ossements enterrés quelque part maintenant.

- Tu ne penses pas à la mission, lui reprocha Kelifa avec amusement.

- Comment le savez-vous ?

- Apparement, le Don permet bien des choses, comme celle de ressentir les émotions de ceux qui le partagent, entre autre. Si tu voulais être avec la gamine Dialine, fallait plus insister.

L'adolescent rougit furieusement.

- C'est une violation d'esprit ! Et non, si j'avais insisté, ça aurait été suspect, alors que je suis celui qui a toujours rêvé de voir la Ligue ou d'aller dans la Tour Scellée.

- Pourquoi ? Tu comptes capturer le Pokemon Légendaire qui loge là-bas ?

Kinan secoua la tête.

- Seuls ceux qui ont vaincu le Maître en titre ont le droit de pénétrer dans la Tour Scellée. Même si j'y allais, je n'aurai pas le droit de défier Stratoreus. De toute façon, je n'y arriverai pas. Le Pokemon vit dans la tour depuis près de deux siècles, et personne n'a jamais réussi à le capturer, et pourtant, ceux qui ont essayé étaient tous des Maîtres. Non, c'est juste pour le voir. Pour l'enregistrer dans mon Pokédex. C'est déjà énorme.

Kelifa haussa les sourcils. Sans doute n'aurait-elle pas craché sur un Pokemon Légendaire. Avec ça et son Don nouvellement acquit, elle aurait été très bien accueillie par ses supérieurs à Johkan. Ils atteignirent enfin la dernière salle, celle du Maître. Elle était ovale, avec des murs uniformément gris et brillants. Le sol était aussi fait d'un acier réflecteur de telle sorte qu'on semblait flotter dans plusieurs dimensions à la fois. La salle était faite à l'image de Maître Narek Congois, qui était un expert en Pokemon Acier. Il se trouvait là, entouré de ses trois élites, et alla serrer la main de Balterik avec chaleur. Narek était entre deux âges, avec un visage taillé à la serpe et une courte barbe brune. Il était richement vêtu, comme il sied au maître de la région, et au membre d'une grande famille de la noblesse de Bakan qu'il était également.

- Maître Balterik, commença-t-il. Il est bon de vous revoir en ces lieux.

- C'est pour une affaire plus sérieuse qu'un combat, je le crains.

- Qui sont vos amis ?

- Le jeune Kinan Denteks, un dresseur prometteur. Et Kelifa Akenvas, commandante de la Team Rocket à Naya. Tous deux font partie du même groupe que moi dans l'affaire qui nous occupe.

Narek eut un instant d'hésitation devant le nom de Kelifa, plus que devant son titre. Il les salua tous deux et présenta ses trois élites.

- Voici Dylan, notre expert en type Glace.

Il montra un adolescent au visage fermé et aux cheveux d'un blanc laiteux, qui portait un bonnet.

- Alcalia, aux Pokemon Electrique.

La femme aux cheveux bleus foncés et qui tenait un sceptre qui ressemblait au bout à un éclair s'inclina.

- Et enfin Medof, maître du type Ténèbres.

L'Elite portait un manteau à capuchon et avait un long poignard sinistre à la ceinture. Bien sûr, Kinan connaissait chacun d'entre eux, pour les avoir vus et admirés à la télévision, dans chacun de leurs combats. Mais les voir en vrai, devant soi, c'était autre chose. Il aurait bien aimé en combattre un ou deux, mais la situation ne s'y prêtait guère. Et puis, il se ferait de toute façon proprement aplatir, comme quand il avait combattu l'oncle d'Ad.

- Je dois avouer, reprit Narek, que vos messages m'apprenant la mort d'Elias des mains du meurtrier dont tout le monde parle, puis celui me demandant de me méfier du Triumvirat m'ont laissé aussi accablé que perplexe. Je l'ai été encore plus quand j'ai appris que vous étiez recherchés par le gouvernement. Mes amis et moi aimerions bien connaître le fin mot de l'histoire, maître.

- C'est pour ça que je suis là, acquiesça Balterik. La situation est grave, et je ne vais rien vous cacher.

Il leur parla de tout. D'Odion, de Geran, du Don, de l'attaque de New Naya, du massacre au stade G, d'Archangeos, et du fait qu'ils étaient tous devenus Gardiens de l'Harmonie. Il conclut par leurs doutes concernant le Triumvirat, qui serait de mèche avec Odion. Et durant tout ce temps, Balterik n'utilisa pas le Don une seule fois pour pousser ses interlocuteurs à le croire. Narek, qui avait retenu son souffle durant, le relâcha d'un coup, comme sonné.

- Cela fait beaucoup à digérer. J'ai l'impression que l'on nage en plein conte de fée...

- Si ce n'étaient que des fées, ça ne serait pas grave, intervint Kelifa avec un sourire sinistre. Mais on a affaire à un taré qui veut purger la planète de tous ses êtres vivants, sans doute parce que ses voix intérieures lui ont dit que c'était bien.

- Et le Triumvirat l'aiderait ?! C'est absurde, fit Medof.

- Le fait est qu'Odion s'est rendu au siège du Triumvirat, et en est ressorti sans tuer personne, rappela Balterik. Et ce n'est qu'après que nos têtes ont été mises à prix. Je ne crois pas à une coïncidence.

- Pourquoi feraient-ils ça ? Demanda Alcalia.

- Nous ignorons les intentions du Triumvirat, mais nous connaissons celles d'Odion. Nous ne pouvons que vous demander l'aide de la Ligue Pokemon. Odion a tué Elias, et il en a après chacun d'entre nous, en particulier après la jeune Adélie, la fille de Guben, que tu as bien connu, Narek.

- En effet, fit ce dernier. C'était un grand homme. J'avais espéré que son fils Nathan se montre digne de lui, aussi ai-je servi le Triumvirat avec loyauté. Mais si ce que vous dîtes est vrai, je ne peux plus le suivre. Nous vous soutiendrons, maître.

Dylan et Alcalia hochèrent la tête. Seul Medof ne paraissait pas content.

- Narek, dit-il, tout cela est folie. Je veux bien croire qu'un démon soit parvenu à remonter le temps. Je veux bien croire aux Gardiens de l'Harmonie et à leurs pouvoirs. Mais je ne peux pas croire que le Triumvirat s'associerait à tout ça pour tuer les citoyens qu'ils sont censés protéger. Nathan Dialine a toujours été quelqu'un d'intègre. Si Maître Balterik et son groupe sont recherchés, c'est sans doute pour une bonne raison.

Kinan perdit soudain de son admiration pour le maître ténèbres.

- Nous n'avons toujours fait que combattre Odion, protesta-t-il. Le Triumvirat le sait. Mais il veut quand même nous attraper, et nous accuser de tous les maux, comme si toutes les actions d'Odion étaient de notre faute !

Maître Narek leva les mains, conciliant.

- Nous ne pouvons pas défier le Triumvirat ouvertement. Moi plus que les autres, car je fais partie de la famille Congois, qui a fait allégeance à la famille Dialine. Mais nous pouvons nous tenir à l'écart du gouvernement, et leur cacher que nous vous aidons.

- C'est plus que nous pouvions l'espérer, merci, déclara Balterik.

Medof secoua la tête, mais garda le silence.

- Alors, que pouvons-nous faire pour vous ? Demanda Narek.

- Nous sommes en mission pour Archangeos. Nous cherchons quelque chose qui nous aiderait à vaincre Odion. Quelque chose qui se trouverait dans la Tour Scellée.

- Je vois. Et qu'est-ce que c'est ?

- Désolé mon ami, je ne puis le dire. Archangeos nous a fait jurer le secret. Ni Odion ni le Triumvirat ne doivent savoir. Je te fais confiance, mais moins nous serons à le savoir, mieux ce sera.

Narek hocha la tête, pas le moins du monde offensé.

- Bien sûr. Vous voulez donc la clé de la tour ? Mais vous savez, plus que tout autre, maître, qu'en tant que gardien en titre de la tour, je me dois de vous accompagner.

- Je le sais. Ta présence ne nous gênera pas, mon ami.

- Alors allons-y. Ça fait un moment que je n'ai pas parlé avec le vieux Stratoreus. Il doit commencer à s'ennuyer.

Après qu'ils furent partis, les trois élites revinrent dans leurs salles respectives. Là, Medof tira un portable de sa poche et composa un numéro.

- Ici Medof, du Conseil des 4. Veuillez me passer le Premier Triumvir, je vous prie. J'ai des informations qui pourraient l'intéresser...


***


La Tour Scellée siégeait au centre de la mer séparant la région de la Place du Mérite, le quartier général de la Ligue Pokemon. La présence de Stratoreus entre ses murs faisait que le coin était constamment en dessous de puissants orages, au milieu de violentes tempêtes, et au dessus de nombreux tourbillons. Après tout, on n'appelait pas Stratoreus le Pokemon de l'Orage pour rien.

Passer par la voie des airs était trop risqué du fait des orages. Passer par la mer l'était tout autant, sauf si on connaissait le chemin pour naviguer entre les tourbillons ; chemin que connaissaient uniquement les Maîtres de Naya. Par chance, il y en avait deux actuellement. La tour se dégageait des flots, sans terre en dessous. Quand elle fut construite, il y a des millénaires, la mer n'était pas encore là. À cette époque, elle servait de tour de guet pour repérer de loin les possibles envahisseurs qui venaient de la mer. Quand cette dernière arriva jusqu'à la tour, elle servit de siège pour le roi de Naya.

À la chute de la monarchie, il y a quelques cinq cents ans, la tour devint le quartier général de la Ligue Pokemon. Et puis un jour, il y a deux siècles, le maître de l'époque, le légendaire Citris, réussit un exploit qui fit son mythe. Il captura l'un des trois Pokemon Légendaires de Naya : Stratoreus, le Pokemon de l'Orage. À la mort de Citris, Stratoreus décida de demeurer dans la tour, et garda de bonnes relations avec les maîtres successifs, alors qu'avant sa capture, c'était un Pokemon sauvage et méfiant envers les humains. Depuis lors, la Ligue Pokemon a déménagé à la Place du Mérite, laissant la tour à son occupant. L'on dit que le Pokemon Légendaire était nostalgique de l'époque où il appartenait à Citris, et qu'il attend dans la tour qu'un nouveau puissant dresseur vienne le défier et le capturer. Pour l'instant, aucun n'avait réussi.

Cette histoire avait toujours ému Kinan, qui s'était juré de devenir l'héritier de Citris, et de capturer Stratoreus. Il n'en aurait pas l'occasion cette fois, mais poser les yeux sur le Pokemon de l'Orage était déjà beaucoup, pour lui qui n'avait que quatre badges. Narek gara le petit bateau sur l'unique embarcadère de la tour, puis il monta les escaliers jusqu'à la porte d'entrée, finement ouvragée, et bien sûr fermée à clé. Une clé magnifique, qui semblait faite de saphirs, que Maître Narek tira de sa poche et encastra dans la serrure. Puis il se tourna pour prévenir Kinan et Kelifa.

- Stratoreus vit au dernier étage, avec un toit ouvert pour aller faire un tour dans la stratosphère quand l'envie lui en prend. Mais il n'est pas le seul Pokemon de cette tour. Rencontrer le Pokemon Légendaire est censé être une épreuve pour chaque nouveau maître. Aussi la Ligue a fait en sorte de mettre dans cette tour plusieurs Pokemon sauvages, rares et puissants.

- Ça ira, le rassura Kinan. Le Don nous permet d'avoir la confiance des Pokemon.

Enfin, c'était du moins ce que Geran leur avait dit. Kinan ne savait pas trop comment cela fonctionnait en pratique. Maître Narek fut impressionné et s'adressa à Balterik :

- Vous comptez fouiller toute la tour, maître ?

- Allons d'abord parler à Stratoreus, proposa celui-ci. Peut-être sait-il où est ce que nous recherchons.

Ils montèrent donc les différents étages de la tour, en passant effectivement devant plusieurs Pokemon, tous très variés mais ayant pour point commun leur force et leur rareté. Des Magnezone, des Ptera, des Golemastoc, des Trioxhydre, des Metalosse... Et Kinan jurait même avoir aperçu un Lucario, un Pokemon fort, rare et noble qu'il était extrêmement difficile de dresser. Mais ils n'eurent aucun problème pour passer. Comme Geran et Ad le leur avait appris, ils laissèrent filer leur Don en permanence de façon subtile, pour s'identifier aux sens des Pokemon. Kelifa dut plusieurs fois pousser Kinan devant elle, tellement il était absorbé par la contemplation de tous ces beaux spécimens. Cette tour était vraiment un paradis pour n'importe quel dresseur. Mais le plus fantastique d'entre eux était le locataire du dernier étage. Kinan fut ébloui dès qu'il entra dans la pièce.

Stratoreus avait le corps fin et long, enroulé sur lui-même dans les airs. Tout étiré, il devait bien faire dans les quinze mètres ! Sa peau dorsale était bleue foncée, et ce qui semblait être sa crinière, un enchevêtrement de nuages bleu électrique, descendait jusqu'au bout de son corps. Il avait deux très longues moustaches qui sortaient de son nez, deux rangées de pattes séparés par près de dix mètres d'intervalles, et d'immenses cornes noires. Tel était le Pokemon de l'Orage, l'une des trois divinités de la région de Naya, répondant lui aux types Dragon et Eau, bien qu'il fut capable de voler et de maîtriser sans doute plusieurs attaques électriques. Quand Stratoreus parla, ce fut d'une voix semblable au tonnerre, mais en même temps douce et sage.

- Narek... et Balterik ! Que me vaut ce rare plaisir, amis humains ?

- Nous te saluons, Pokemon de l'Orage, déclara Narek avec solennité. Maître Balterik et ses compagnons sont venus pour te demander quelque chose.

Stratoreus pencha sa longue tête de dragon vers Kinan et Kelifa, comme pour les sentir. Ils tâchèrent de ne pas reculer ni baisser les yeux, mais le regard électrique du Pokemon de l'Orage dégageait une pression difficilement supportable pour les pauvres humains qu'ils étaient.

- Des Gardiens de l'Harmonie... Cela faisait fort longtemps que je n'en avais plus senti. Je croyais cet ordre disparu. Bonne nouvelle. Fort bonne nouvelle. Elle me réchauffe le cœur.

Encore une fois, Kinan et Kelifa laissèrent Balterik se charger d'informer le grand dragon des détails. Comprenant qu'ils allaient bientôt venir à l'objet qu'ils cherchaient, Maître Narek eut l'immense tact de les laisser et de s'éloigner.

- Je vois je vois, soupira Stratoreus. Alors le Prince des Ténèbres est de retour... Ce fut une époque bien sombre quand il était en activité. Même nous, Pokemon Légendaires, nous nous sommes tenus à l'écart de cet être.

- Tu es vieux, ô grand Stratoreus, dit Balterik, et tu es dans cette tour depuis longtemps. As-tu connaissance de quelque chose qui aurait été déposé en ce lieu. Quelque chose qui puisse nous aider à vaincre Odion ?

- Humm... Il y a bien quelque chose. Quelque chose qu'avait déposé Guben il y a des années, en précisant qu'un jour, quelqu'un viendrait le récupérer.

- Guben ? Intervint Kinan. Vous voulez dire Guben Dialine, le père d'Ad ?! Qu'est-ce qu'il aurait été venu faire dans la Tour Scellée ? Il n'avait pas le droit d'y entrer, non ?

- C'était l'un des triumvirs, le plus puissants des trois, lui rappela Kelifa. Il avait tous les droits.

- Non, insista Kinan. Seuls ceux qui ont vaincu le Maître de la région peuvent venir ici, ou alors il faut être un dresseur, accompagné du Maître en titre et avec son autorisation. C'est une règle aussi vieille que le Triumvirat.

- Tu as raison Kinan, acquiesça Balterik. Et Guben était quelqu'un de profondément intègre et respectueux des règles du dressage Pokemon. Mais il n'a pas eu à enfreindre cette règle là. Guben avait vaincu le Maître Pokemon de la région, et avait donc parfaitement le droit d'entrer.

Kinan ouvrit grand les yeux.

- Je n'ai jamais entendu parler de ça ! Quel maître avait-il vaincu ?

- Moi, répondit Balterik avec un pâle sourire. Guben Dialine était vraiment un dresseur d'exception. Mais comme il a refusé de prendre ma place, et qu'il ne s'était pas vraiment vanté de cet exploit, ça s'est peu su. Toujours est-il qu'il avait le droit de monter ici. Mais je ne me rappelle pas qu'il l'ait fait...

- Oh si, il est venu, et même plusieurs fois, dit le Pokemon de l'Orage. Lors de sa dernière visite, il a déposé quelque chose, juste derrière, dans le mur.

Les trois Gardiens de l'Harmonie contournèrent l'immense Pokemon pour rejoindre le mur d'en face, qu'ils examinèrent attentivement. Ce fut Kelifa qui trouva une brique mobile. Elle la retira, et attrapa ce qui était posé derrière. Un vieux parchemin. Elle le tendit à Balterik qui l'ouvrit délicatement.

- Ce sont bien les paroles d'une chanson, confirma-t-il.

- Alors on l'a trouvé, ça y est ? S'étonna Kinan, surpris mais content. Je pensais que ça serait plus difficile que ça.

- Mais nous partons avec un mystère en plus : c'est vraisemblablement Guben qui a caché cette partie de la chanson ici. Pourquoi ? Quel lien avait-il avec cette histoire, alors qu'Archangeos nous a bien dit que c'était l'élue d'Arceus d'il y a cinq cent ans, celle qui a écrit les paroles, qui les a caché en ces trois lieux.

- Quelle importance ? Se désintéressa Kelifa. Nous avons ce pourquoi nous sommes venus. Allons retrouver Archangeos. Il aura peut-être les réponses aux questions que vous vous posez.

Balterik, toujours troublé, hocha lentement la tête puis mit le parchemin dans la doublure de sa toge. C'est à cet instant que plusieurs bruits d'avions se firent entendre dans les cieux, de plus en plus proche. Stratoreus s'ébroua.

- Les appareils volants des humains ne devraient pas réussir à voler au dessus de la tour. Qu'est-ce que cela signifie ?!

Kinan put les voir à travers le toit ouvert. Trois avions fins et élancés, qui commençaient à déployer des cordes. Des avions avec le symbole de Triumvirat.

- Narek ! Appela Balterik.

Le Maître Pokemon revint, observant avec horreur et stupéfaction les hommes de la Garde Gouvernementale qui tombaient du ciel.

- Medof... murmura-t-il. Il n'aurait pas osé !

- Si, il a osé, répondit une voix féminine. C'est un bon citoyen du Triumvirat, contrairement à vous, cher Maître.

Deux personnes venaient d'arriver, entourées de plusieurs gardes en noirs. Ils étaient connus de tout le monde ici. Eléonore Sochenfort et Charlus Akenvas, deux des triumvirs.





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Image de Stratoreus :