Déchirure [OS] de Saked

Il fait nuit noire en ce jour d'automne, la souffrance ceint mon cœur et je me dis que les sentiments ne servent qu'a souffrir au fond. Je les ai vus mourir face à moi, hurler de douleur tout en me protégeant alors que je n'étais rien pour cette famille. Non, je n'étais qu'un inconnu en fuite, un Pokémon aux teintes sombres n'ayant pas étés décidées par les membres d'une certaine organisation. Pourquoi suis-je né ainsi alors que tous mes frères et sœurs sont d'un magnifique vert pâle aux antennes légèrement bleutées ? Notre mère est d'un rose lié à sa nature de chromatique, on dit qu'elle représente le Passé alors que père est d'une couleur normale tout en représentant un Futur lointain. Nous ? Nous ne sommes pas encore assez grands pour être considérés comme de vrais voyageurs temporels et peut-être ne le serais-je jamais à présent. Je suis né différent, ma propre famille m'a mit à la porte et j'ai dû me trouver un refuge. J'ai survécu seul, je croyais aux valeurs que prônent les Humains et les autres Pokémon jusqu'à maintenant.

- Alors petit Dark-Célébi, tu comptes te cacher encore longtemps ?

Cette voix gutturale est digne d'un gavial et elle me fait frémir dans ma cachette. La crainte me gagne au fil du temps, mes muscles se contractent dangereusement et des frissons parcourent mon échine. Je suis si faible et j'ai pourtant envie d'hurler que je ne fais pas partie de la famille des Dark-Pokémon. Je ne proviens pas de Rhôde, je ne suis qu'un petit Pokémon de la région de Johto alors pourquoi ? Pourquoi devrais-je vivre tout cela ? Pourquoi ne puis-je pas grandir comme tout le monde dans un monde où des valeurs comme l'amitié existent et non la haine ?

- Montre-toi avant qu'un malheureux Rattata ne souffre par ta faute !

Ils ont déjà tués tout ceux m'étant venu en aide, ils ne vont tout de même pas attaquer un innocent pour que je me montre, si ? Mon cœur se serre lorsque je perçois une créature violette se faire attraper sauvagement, je me terre plus encore au fond de ce vieux placard déglingué et ferme les yeux en l'entendant hurler de douleur. Je ne veux pas savoir ce qu'ils lui font, je ne veux pas me dire que c'est de ma faute que tout cela arrive alors que la seule bavure que j'ai faite à été de naître d'une couleur différente. JE SUIS COMME TOUS LE MONDE !

- Ce Pokémon est un trouillard, on ne devrait pas s'en occuper et mettre le feu à cette baraque afin de chercher d'autres Pokémon sombres.

Mettre le feu ? Ils veulent faire brûler ce lieu ? Mais… Ils n'ont pas le droit ! Je tente de bouger, mes pouvoirs me permettant de léviter un minimum m'abandonne pile à ce moment là provoquant ma chute droit vers un plancher parsemé d'échardes. Le choc est rude, de petits morceaux entrent dans ma chair et je dois me retenir d'hurler de douleur. Je veux faire quelque chose, faire en sorte que cet endroit ne disparaisse pas, qu'il redevienne un havre de paix. Difficilement je me relève sur mes pattes arrières tout en grimaçant de douleur au moment où un nouveau cri résonne de l'autre côté de ma protection boisée.

- A ce rythme il ne restera aucun Pokémon ici… Mis à part cette chiffe molle.

Je ne suis pas une chiffe molle, je peux être aussi puissant que mes parents enfin je pense. Une goutte de sang perle d'une des petites entailles avant de glisser lentement et de mettre sa teinte parmi les copeaux marrons. Je me mords l'intérieur des joues, avance vers la porte que je pousse en chancelant tant je me sens faible et me retrouve face à deux Humains qui sourient d'une manière qui ferait même peur à Darkrai d'après moi.

- Tu étais donc là-dedans ? Que nous sommes bêtes de ne pas y avoir pensé.

Je sens le côté narquois de cette réflexion. Ils le savaient, je ne sais pas comment, mais ils le savaient et cela m'énerve légèrement. Mes prunelles mauves brillent étant donné que je prépare un assaut malheureusement il ne portera jamais étant donné qu'un canidé m'envoie une boule sombre que je me prends de plein fouet n'ayant jamais appris à esquiver une attaque. Je rencontre l'une des poutres, le choc me fait perdre connaissance et j'ai l'impression de flotter dans un environnement cotonneux durant un bon moment. Jusqu'au réveil…

- Il n'est pas comme les autres légendaires noirs…
- Et ? Qu'est-ce que ça change doc' il n'en est pas moins un Dark ce petit Célébi.

Comme les autres ? Il y a d'autres Pokémon noirs comme moi ? Une cuisante douleur me transperce de part et d'autre alors que je tente de tourner la tête dans leurs directions, une décharge électrique d'une puissance digne d'un Fatal-Foudre sans en être un vient de me traverser sans que je ne m'y attende et mon cri me quitte. Je souffre le martyr, la sueur commence déjà à perler sur mon front d'enfant et je croise leurs regards un bref instant. J'ai peur… Peur d'apprendre ce qui m'attend, peur de le savoir au plus profond de moi, peur de ne plus pouvoir être vraiment moi, de ne plus être libre à jamais. J'ai peur tout simplement.

- Ce n'est qu'un bébé…
- Les légendaires ne peuvent pas pondre d'œufs, vous le savez pertinemment !

Et je suis né comment alors ? Je me souviens parfaitement des autres nouveau-nés à mes côtés, de nos parents, de la souffrance que j'ai ressentie au moment où ils m'abandonnèrent. Trahison, me souffle mon esprit et je secoue doucement le haut de mon corps avant que les larmes ne tombent. Tout le monde voyagera à travers le temps, passé, présent et futur réunis alors que moi je serai captif à jamais.

- Nous ne pouvons pas, c'est déontologiquement interdit…

Interdit de faire quoi ? Le sol tremble un peu durant un bref instant et un Pokémon apparaît dans l'embrasure et je le reconnaîtrais entre mille ayant entendu parler de lui de nombreuses fois. Terrakium. Enfin il devrait être Terrakium sauf que voila il est noir, comme moi, et jette un regard froid d'un rouge intense dans diverses directions avant de s'arrêter sur ma frêle silhouette. Il pourrait m'écraser sans problème si j'étais par terre.

- L'une de nos plus belles créations.

Création ? Il a été créé par des Humains celui-là ? Une coque en verre descend du plafond avant de m'englober, je ne peux rien faire contre cela et mes traits deviennent paniqués. Je veux sortir de là, quitter cette alcôve de verreries où l'on m'enferme de force sans me demander mon avis, retourner à ma liberté même si j'étais mal aimé.

- Dis adieu à ton passé petit…

Comment ? A mon passé ? Mais même si j'ai souffert je ne veux pas le perdre il fait partie de moi, de mon patrimoine ! Et c'est quoi cette fumée blanche qui m'englobe maintenant ? Je me débats, les liens m'enserrant me blessent un peu plus profondément le corps et je me mets à tousser dès qu'une volute me passe dans les narines. Un air qui me semble désolé s'affiche sur le visage du « doc », mon cœur se serre et mon estomac se contracte, je tente désespérément de faire ce pour quoi j'existe c'est-à-dire partir à travers le temps. Mes souvenirs commencent à devenir lointains, ma gorge se noue et lorsque je réussi enfin à fuir jusqu'à une autre époque je ne me souviens plus de rien. Je n'existe plus, je suis un autre et mon instinct m'oblige non pas à venir en aide à ceux que je rencontre, mais à les attaquer sans distinction. Je ne suis plus un gentil Célébi, je suis devenu un véritable être empli de noirceur pour qui tuer un Humain ou un autre Pokémon n'est pas un problème…

Les meurtres sur mon passage se succèdent, je vois la peur dans les yeux de mes victimes qui me supplient de les épargner, mon air angélique semble les calmer un bref instant avant que l'attaque finale ne vienne les achever. La pitié ? Je ne connais plus depuis un bon moment déjà, mon cœur est comme de la pierre et mon esprit ne suit qu'une seule piste celle de la mort.

- S'il vous plait… Arrêter…

Des larmes, des cris, des suppliques et mon regard glacial croisant celui d'un enfant. Un chant sort de ma bouche, lent et en même temps macabre, un Requiem l'enveloppe et je me détourne comme si de rien était. Ses pleurs déchirent les lieux, attirent de frêles créatures qui tentent de le réconforter alors que je continue mon vol tout en faisant commencer à mon attaque Feuillemagik une danse infernale.

Quelqu'un m'arrêtera-t-il ? Tout le monde pense qu'un Célébi fait venir la paix là où il apparait, ce n'est pas mon cas vu que la désolation me suit peu importe l'endroit. Les légendes ne sont que foutaises de toute manière, aucun des miens ne viendra ici du moins pas encore et cela me fait rire. De toute manière que feront-ils ? M'attaquer ? Ils n'ont que peu de chances face à moi, face à mes pouvoirs et pire encore si j'utilise un autre être en otage car jamais ils ne l'attaqueront. Mon vol continue, mes rencontres également et finalement je me décide à changer d'époque. Le faire sera l'équivalent d'un changement historique profond surtout si je détruis les personnalités importantes de ce temps. Plus aucuns imminents professeurs Pokémon, des organisations détruites avant leurs créations et surtout le règne d'entités dites supérieures. Je me concentre, l'aura me permettant de disparaître m'entoure provoquant la fuite de certaines créatures dû à sa couleur d'un magnifique rouge sanglant. Adieu époque où j'ai atterris.

Le bruit d'une arme à feu résonne à mes oreilles, j'arrête mon geste et me tourne vers l'imprudent. Un humain, un stupide bipède ose m'affronter avec un objet métallique. Je ricane, tente d'utiliser un Choc mental, mais il tire à nouveau et je me prends une balle pile au niveau du thorax. Le sang débute sa chute, mes prunelles passent de la haine à la peur quand je me rends compte que je risque d'y laisser la vie. Il ose tenter de me tuer, je ne mourrai pas seul. Malgré la douleur j'avance dans sa direction, une trainée sanglante me suit au sol, il continue ses tirs répétés alors qu'un rictus malsain s'étire sur mon visage angélique. J'arrive à son niveau, enserre mes petits bras autours de son cou alors qu'il recule afin de m'éviter, ses yeux gris crient de terreur et cette fois mon attaque psychique ne peut être arrêtée malgré la sensation métallique qui traverse mes entrailles. Je ne mourrai pas seul, je l'ai dis. Sa voix se perd dans sa gorge que je continue d'enserrer, mon corps se raidit au fil du temps alors que je sens mes forces me quitter et le froid m'envahir. Je vois ses yeux devenir vitreux, il succombe avant moi et je m'effondre finalement au sol dans une flaque rougeoyante composée de mon propre sang. Adieu...