047 - En trois dimensions
« Mourir dans un monde c'est renaître dans l'Autre Monde. »
(Stephen Lawhead)
« Nos univers à contre-courant
Reviens sur terre… et pour de bon ! »
(Alizée, A contre-courant)
- Mes filles, je suis ravi que nous soyons réunis ici…
Le grand seigneur Salazar Caub regardait ses treize filles.
La première née, Mildred. Une grande femme aux grands yeux bleus. Sa prestance et sa coiffure en chignon très haut lui donnaient une classe incroyable. Surnom : L'impératrice.
- Père, tout l'honneur est nôtre.
La seconde née, Félicie. Blonde, charismatique. Sa plastique bien en chair mais sensuelle et son regard lumineux lui donnaient une prestance enviée. Surnom : La généreuse.
- Que cette heure, comme toutes les autres heures, compte.
La troisième née, Inès. Discrète et mesurée. Surnom : La pondérée.
Sa jumelle, Erin. Diplomate et magnanime. Surnom : La modérée.
La cinquième née, Paris. Belle, les cheveux noirs. Très appréciée des hommes. Surnom : L'envoûtante.
La sixième née, Florine. Ambitieuse et déroutante. Grande prestance. Surnom : La meneuse.
La septième née, Gillian. Grande amatrice de musique. Beauté discrète. Surnom : La mélodieuse.
La huitième née, Adeline. Jolie jeune nymphe à la réputation sulfureuse. Surnom : La diablesse.
La neuvième née, Jézabel. Méchante et fourbe. Belle mais vide. Surnom : L'idole.
La dixième née, Marissa. Beauté vive. Cheveux soyeux, peau brillante. Eveillée et érudite. Surnom : La miraculeuse.
La onzième née, Eleanor. Imbue d'elle-même. Prétentieuse et hautaine. Surnom : La privilégiée.
La douzième née, Pélagie. Espiègle et capricieuse. Petite brunette vivace. Surnom : L'intrigante.
Et la plus jeune, Bertha. Petite, blonde, grands yeux bleus, sourire jovial. Surnom : La prospère.
Salazar contempla ses filles. Les servantes apportèrent les cloches contenant le repas.
- Mildred. Je suis si heureux que ton mariage se passe bien.
- Merci, père. Oui, Johannsen est un homme étonnant, je ne pourrai être plus comblée.
- Et toi Félicie…
La blonde regardait sa sœur, jalouse.
- … de ce que je sais, Sherwood est également un excellent parti.
- Oui, père.
Mildred souffla.
- C'est tellement dommage qu'il boîte.
- Mildred… souffla Salazar.
- Non, père. Laissez. Je suis désolée, Mildred, que Sherwood Truce soit un héros de guerre et un soldat émérite, blessé dans un conflit, tandis que Johannsen mène les troupes, ne se bat pas et revendique la responsabilité de la victoire. Pardonnez-moi chère sœur de l'outrecuidance de mon mariage.
- Tu ne disais pas cela quand vous vous fréquentiez.
- C'était il y a fort longtemps et je te défends de revenir là-dessus.
- Tu te permets d'insulter mon époux, dois-je te le rappeler !
- Mes filles, mes filles…
Salazar levait les mains.
- Je suis le grand roi de l'Atlantide, future Poképolis, dans la nouvelle république que je vais fonder ! L'histoire retiendra mon nom et les vôtres, et ce château, le grand Castel de l'Harmonie, sera notre tombeau. Un peu de respect en ces lieux, je vous prie.
Mildred et Félicie se regardaient méchamment mais elles se turent. Salazar soupira. Un sanglot se fit entendre.
- Bertha !
- Bertha…
Inès et Erin se levèrent, soucieuses de leur petite sœur. Eleanor soupira.
- Petite peste…
- Je… je veux pas que Mildred et Félicie se disputent !
- Tout va bien, Bertha. Elles ne se disputaient pas.
- Mais non, elles parlaient entre femmes ! Tu es trop jeune pour comprendre !
Eleanor leva les yeux au ciel. Jézabel secoua la tête en haussant les sourcils. Salazar soupira.
- Mes filles, joignons les mains et prions.
Les treize filles se mirent en position de prière, joignant leurs mains accoudées sur la table.
- En ton nom, ô toi grande Harmonia, que la famille Caub perdure à travers les âges et répande sur terre son onction divine. Qu'elle soit au cours des âges la rivière qui guidera Poképolis sur la voie de la prospérité. Que ce nom et que les noms de leurs maris restent à jamais gravés comme ceux de la grandeur et de la dignité. Que jamais il ne soit sali par le malin et ses sbires. Que toujours il reste droit et fort, ne faiblisse jamais. Amen.
- Amen ! s'écrièrent d'une seule voix les treize jeunes filles.
Mildred regarda Félicie, toujours aussi durement. L'autre fille ne lui rendait pas meilleure justice.
***
Justin observait l'endroit. Il tenait son Bulbizarre qui grimpa rapidement sur l'épaule de son maître.
- On m'en avait parlé, mais si j'avais su…
Des colonnes, partout, évidemment. Un grand site. Un ancien temple, disaient certains.
- Monsieur…
- … Les Colonnes Lances. Un lieu historique. Un ancien temple construit à la gloire d'Arceus qui aurait été vu ici il y a des lustres.
Jerry et Fiodor acquiescèrent.
- Ici va se tenir, si nos calculs sont bons, un évènement absolument unique dans l'histoire de ce pays.
Justin inspira. Il tenait une mallette noire.
- Allons-y.
Le trio monta les marches blanches les séparant du site en lui-même. Justin observait tout comme s'il était nouveau en ces lieux. Il arriva finalement au site en lui-même. Bulbizarre observait, admiratif.
- Quel endroit… des ruines… Ce ne sont que des ruines… mais c'est bien plus que des ruines. Toute la mystique de ce monde se répercute ici. C'est un trésor que cet endroit.
Il repéra un endroit où les colonnes étaient plus écartées. Il hocha la tête.
- Bon. C'est ici. Vous êtes prêts ?
Fiodor acquiesça.
- Monsieur, dois-je vous rappeler les risques que vous encourez ?
- Non.
- Il y a de fortes chances que vous mourriez !
- C'est pour ça que Callum est là, Wick.
Jerry haussa les sourcils.
- Pardon ? Mais je suis incapable de veiller à votre sécurité, monsieur Truce !
- Non, pas ça, crétin. Vous irez le premier et si vous n'êtes pas mort, j'irai à votre suite !
Jerry blêmit. Bulbizarre hochait la tête comme pour confirmer les dires de son maître.
- Qu… QUOI ???
- Pourquoi pensez-vous que je vous ai amené ici ?! Vous n'avez aucune connaissance scientifique, vous n'êtes qu'une taupe envoyée dans l'école de ces stupides gamins et vous avez pour rôle de m'envoyer quotidiennement des informations.
- Oui, oui, mais je ne pensais pas que je serais ici pour…
- Oh, taisez-vous, Callum…
- Oui monsieur.
Fiodor Wick sourit. Jerry fit profil bas. Justin posa sa mallette.
- Bon.
Il l'ouvrit et prit la Pokéball et l'orbe qui s'y trouvaient. Justin soupesa l'orbe.
- Hm… D'accord…
Il sortit de sa poche un petit piolet. En frappant le rocher, il en détacha des fragments. Il en donna un à Jerry.
- Si ce que Fiodor a dit est exact, vous en aurez besoin.
- O… Oui monsieur…
Bon. Prêts ?
Fiodor acquiesça. Jerry, frissonnant, hocha la tête. Justin souffla et ouvrit la Pokéball. Giratina en sortit. Le dragon s'étonna et s'agita mais Justin frappa l'orbe d'un coup de piolet. La créature se calma. Justin, très calme, souffla, lassé.
- Ils essaient toujours de se rebeller. Les Pokémon légendaires et les jeunes, même combat. Bien. Revenant.
Giratina cria. Il refusait d'attaquer. Justin haussa les sourcils. Bulbizarre était à moitié en train de dormir.
- Rebelle et stupide. RE-VE-NANT !
- Monsieur…
- Quoi, Callum ?
- Je… pensais que l'attaque en question était Distorsion…
Justin souffla en l'air.
- Fiodor, expliquez-lui, j'essaie de contrôler un dragon géant qui me fait un caprice de pisseuse de seize ans !
- Revenant est une combinaison naturelle de Distorsion et Gravité. Là où le docteur Wound a réussi à combiner Distorsion, Telluriforce et Extrasenseur, Giratina est capable de disparaître et de réapparaitre entre les dimensions de façon naturelle. S'il exécute cette attaque ici, il ouvre une porte que Dialga et Palkia ouvrent également avec Spatio-Rift et Hurle-Temps.
Jerry plissa les yeux.
- Tout ça pour… ?
- Ne posez pas de questions inutiles, Callum… grommela Truce.
Giratina rechigna encore, mais cette fois Truce enfonça le pic du piolet dans l'orbe platiné. Ce qui fit souffrir Giratina encore plus.
- Obéis, stupide créature, sinon il t'en cuira !!
Giratina se soumit finalement à l'autorité de Justin Truce. Il poussa un cri qui ouvrit une porte cernée d'une lumière pourpre et noire. Bulbizarre fit un grand sourire.
- Ca y est ! Oui !!
- Monsieur… souffla Fiodor.
- Oooooooooh !! s'étonna Jerry.
Justin était tellement content qu'il n'avait pas remarqué que Giratina, sous sa forme serpentine, lui fonçait dessus, la gueule ouverte.
- MONSIEUR…
Justin n'eut qu'à lever une Pokéball pour que, dans un grand éclat de lumière, Giratina ne soit projeté dans les colonnes de pierre. Le Pokémon détruisit une bonne partie du site. Fiodor haussa les sourcils, surpris. Jerry se cacha carrément derrière son collègue. Le fracas était intense. Justin avait gardé tout son flegme. Bulbizarre n'avait pas bougé d'une griffe.
- Quand j'aurais ce que je cherche, faites-moi penser à tronçonner ce stupide orvet attardé et de donner les morceaux en pâture au Crocorible de Seth… Callum !
- Non, monsieur !
- Vous avez un morceau de l'orbe platiné sur vous, vous pouvez en théorie entrer et sortir !
- Monsieur…
- Je doublerai votre prime de risque due à votre mission actuelle !
- … ce n'est pas notifié sur un bordereau de comptabilité !
- C'est moi qui le dis, donc c'est officiel, bon sang !! Vous voulez subir le même sort que cet animal stupide, vulgaire et inutile ?
Jerry s'avança, tout penaud. Il approcha la faille dimensionnelle, prit une grande inspiration, s'avança et disparut dans les ténèbres. Fiodor plissa les yeux.
- Et si cela échoue ?
- Si cela échoue, monsieur Wick, Teresa aura la lourde tâche de taper une lettre de 250 mots pour expliquer à monsieur et madame Callum que leur fils est mort au cours d'un accident de travail dans les bureaux de Direction Dresseurs. Et notre service juridique aura une note en plus dans son agenda. Voyez. Rien de bien grave.
Fiodor hocha la tête. Jerry Callum revint, éberlué.
- Alors ?
Jerry hocha la tête. Justin sourit.
- Bon. Très bien. Comment c'est ?
Jerry n'avait plus de mots. Il était en état de choc, pour ainsi dire.
- Hm… Je vois. Bon, j'y vais. Si jamais Giratina se réveille, je vous laisse ça.
Justin donna ses quatre Pokéball à Fiodor.
- Et prenez aussi Bulbizarre.
Justin prit Bulbizarre dans ses bras.
- Papa s'absente un moment. Je reviens.
Bulbizarre hocha la tête. Justin le laissa à Fiodor.
- Tenez-le correctement voyons…
- Euh…
- Pas comme ça, voyons, ce n'est pas un sac à patates !
- Oui, pardon…
- Tchhh…
Justin ramassa l'orbe platiné et se dirigea vers le trou, dénudé de toute Pokéball.
- C'est parti…
Justin franchit la dimension comme du petit lait.
***
- Vous voulez QUOI ?
- Parler à monsieur Suzuki !
Le gardien regardait les papiers d'identité d'un homme assez jeune, en costume propret et assez rutilant pour montrer qu'il n'était pas un roturier.
- Truce… Vous savez que le seul fait d'être sur ces marches est un acte délictuel pour un membre de votre famille ?
- Je sais, mais laissez-moi parler à monsieur Suzuki…
- C'est « Seigneur Suzuki » pour une crapule de ton espèce !
L'homme baissa la tête.
- Laissez entrer cet homme !
Les gardiens se retournèrent vers un jeune homme châtain au regard taciturne.
- Je me présente, monsieur, je suis Johannsen Suzuki.
- Monsieur Suzuki… Je suis Clifford Truce.
Johannsen Suzuki troisième du nom, une bonne vingtaine d'années, ne serra pas la main de l'homme. Clifford serra les dents.
- Laissez-nous.
Les gardiens se placèrent en bas des escaliers.
- Je… sais ce que vous ressentez à l'égard de ma famille, mais croyez bien que je suis ici dans une volonté de paix et de réconciliation…
Johannsen hocha la tête.
- Hm.
- Je sais que vous pensez mon père responsable de l'enlèvement que vous avez subi étant jeune, mais croyez-moi…
- Ce n'était pas votre famille.
Clifford s'étonna. Johannsen acquiesça.
- Et croyez bien que je ferais tout pour que cette rumeur disparaisse. Je sais que ce n'était pas un Truce, et j'ai bien précisé que c'était un couple qui m'avait enlevé. Or votre père dirigeait l'armée révolutionnaire, donc il était impossible qu'il m'ait enlevé. Visiblement on ne m'écoute pas comme j'aimerai qu'on le fasse.
Clifford hocha la tête, réjoui.
- A… Alors nos familles sont officiellement réconciliées ?
Suzuki acquiesça.
- Si vous faites le premier pas, et je sais combien cela doit être difficile, je ne peux pas refuser.
- Oh merci monsieur Suzuki… C'est… c'est une merveilleuse nouvelle !
- En effet ! Cependant ne vous attendez pas à un rapprochement très éloquent, j'ai toujours les cadres et la famille sur le dos.
- Oh… Oui.
- Mais soyez rassuré, je travaille à l'annihilation totale de cette rumeur idiote et vous pouvez considérer votre famille comme à nouveau dans le sérail. Cela prendra le temps que ça prendra, mais cela arrivera.
- Merci à vous, seigneur Suzuki.
- De rien, monsieur Truce.
***
- Maman…
Rachel, sur le canapé avec Jim, regarda Ethan.
- Oui mon chou ?
- Pourquoi on peut pas sortir ?
Rachel inspira.
- C'est dangereux, Ethan. Je crois te l'avoir expliqué. On a un assez grand jardin, non ?
- Oui mais j'aimerais bien sortir de temps en temps…
Rachel regarda Jim qui se leva et prit Ethan par les épaules.
- Poussin, c'est pour ta sécurité. Tu te rappelles que tu as déjà été enlevé, n'est-ce pas ?
Ethan hocha la tête.
- Ta maman ne veut pas que ça se reproduise. Jamais. Alors on va rester ici jusqu'à ce que… les méchants qui pourraient t'enlever soient hors d'état de nuire.
- Bientôt, mon chéri, je te promets.
- Ca fait déjà tellement longtemps…
Rachel serra les dents.
- Un peu plus de deux ans, mon chéri. Mais… on y travaille.
Jim se mordilla les lèvres. Ethan hocha la tête et repartit bouquiner. Rachel soupira.
- Le pauvre…
- Tu n'y peux pas grand-chose… Tu peux juste attendre, et il faut qu'il se fasse une raison…
- Il n'a pas tort… J'ai un peu l'impression d'être emprisonnée, moi, ici…
- Mais c'est pour notre bien, pour votre bien.
Rachel soupira et regarda Jim.
- Comment tu peux supporter ça ?
- Eh, ça fait au moins cinquante fois que tu me poses la question !
- Oui et tu réponds toujours la même chose…
- Parce que je t'aime !
- A force, je ne vais plus y croire !
- Menteuse. Tu y crois toujours.
Rachel sourit et embrassa son compagnon.
***
Le jeune homme allait tranquillement à son travail. Il était manutentionnaire pour une entreprise spécialisée dans le commerce de marchandises. Il avait choisi ce boulot parce que c'était le travail qui lui demanderait le moins possible d'utiliser sa cervelle carrée et précise.
Ce jeune homme était, avant toute cette folle aventure, une personne simple, un humble serviteur de Dieu, un être humain d'une simplicité et d'une bonhommie crasse. Le début de sa vie avait été un tel bordel de souffrance qu'il avait décidé par la suite de mener la vie la plus calme et la moins chaotique possible, comme dans un réflexe d'autodéfense karmique.
Le Destin allait en décider autrement.
- Où vas-tu ?
Le petit homme s'arrêta dans la rue. Il était quoi, cinq, six heures du matin.
- …
- Je t'ai posé une question. Il fut une époque où tu me répondais sans réfléchir. Il en est une où tu t'es mis à me répondre sans broncher et… voilà que tu ne me réponds plus.
Dimitri Corbin se retourna, stupéfait. Il regarda la personne qui l'avait interpellé, entre la surprise et l'horreur. Un fantôme, voilà ce qu'il avait l'impression de voir.
- Coucou.
Marmonna délicatement Belzébuth.
Dimitri regarda Roland Smirnoff des pieds à la tête.
- J'ai besoin de toi.
- … Je ne vous écouterai pas, pas après tout ce que vous avez fait.
- Où vis-tu, actuellement ? Laisse-moi deviner : Dans un logement très petit, le minimum syndical, qui est ce qui se rapproche le plus de la boîte en carton dans une ruelle sombre.
Dimitri plissa les yeux.
- J'e… J'ai essayé… J'ai essayé de finir mes études, mais…
- C'est triste. Ce que je te propose vaudra plus que des études.
- J… Je ne veux pas traiter avec vous !
- Et moi je suis obligé de traiter avec toi. Tu as retrouvé mon fils.
Dimitri plissa les yeux.
- Oui, je l'ai fait, et ensuite vous l'avez laissé. Je l'ai retrouvé et vous vous êtes enfui.
Roland acquiesça.
- Raison de plus pour me faire pardonner en t'offrant un poste dans ma nouvelle aventure.
- Un poste ? Vous êtes allé voir votre femme au moins ? Votre fils ?
- Ce n'est pas à l'ordre du jour.
Dimitri baissa la tête.
- De toute façon, vous ne me lâcherez pas avant que j'accepte…
- Attention, je ne veux pas me servir de toi, que ce soit bien clair.
Dimitri regarda son professeur.
- J'ai besoin de tes capacités. J'ai besoin de ton bon sens inné. J'ai besoin d'un porte-parole qui mettra toute sa ténacité à expliquer ce que je veux clairement enfoncer dans la tête des idiots que je veux gouverner.
Dimitri haussa les sourcils.
- Vous voulez devenir maître de conseil ?!
- Trop chiant. Je vise un poste plus bas mais plus intéressant au point de vue des prérogatives…
***
- Quelle école de débiles !!
Pablo, Arlène, Dimitri et Jackson serrèrent les dents. Roland soupira.
- Seth a été obligé de prendre des risques inutiles tout ça parce que cet établissement d'attardés n'a pas été foutu de dire au début de l'année à cette classe qu'ils auraient un tournoi dans la Bibliothèque Nationale !! C'est pas vrai !! Je vais finir par engager quelqu'un pour faire la taupe dans cet établissement !!
- C'est étonnant que tu ne l'aies pas déjà fait… admit Arlène.
Roland grogna.
- J'AURAIS PU si ces crétins de Direction Dresseurs n'avaient pas une telle prise sur MES établissements, et s'ils ne l'avaient pas fait d'abord !! A présent, ils sont sur leurs gardes, et à tous les coups, leur taupe à eux doit être un professionnel !
Dimitri regarda ses fichiers.
- Jerry Callum, 27 ans, agent administratif chez Direction Dresseurs depuis un an. Il aurait un Tarpaud et un Pikachu.
Roland plissa les yeux.
- … putain ils sont encore plus cons que je le pensais. Qu'en est-il de l'autre problème ?
- Justin a bel et bien volé Giratina dans nos labos avec l'aide d'un complice, mon condisciple Fiodor Wick.
Roland regarda Jackson qui hocha la tête.
- Les dispositions ont été prises, ne t'en fais pas.
- Bien. Et de toute façon, tout le monde a été prévenu dans cette affaire, alors quand bien même…
Arlène, Dimitri, Pablo et Jackson hochèrent la tête.
- Comme quoi entre deux conneries, on réussit quand même certaines choses. Souci suivant : Trafalgar…
Haussement d'épaules général. Jackson baissa la tête, peiné.
- Situation stagnante… Rien de nouveau.
Roland soupira.
- Fait chier. Reste la classe de ma nièce, mais c'est un élément à la fois crucial, fragile et avec un champ d'action bien peu réduit…
- Si je puis me permettre…
Roland regarda Arlène.
- Tu dis que tu n'as pas d'élément intégré dans l'école. Pourtant tu en as, dans la classe de l'école tertiaire d'Ogoesse.
Roland hocha la tête.
- Je ne peux pas faire appel à eux, je crois te l'avoir déjà dit. Cela mettrait leurs familles en danger et ça, je ne peux pas l'accepter.
- Je pensais aux jumeaux Grimes.
Roland regarda Arlène.
- Ils sont dans cette classe ???
- Hm.
- … décidément mon destin serait gravé dans les tables de la loi de Moïse que ce serait pas plus évident… mais c'est pareil, si je les contacte, Richard et Laurène seront dans la merde…
- Si ce n'est que pour transmettre des messages, non.
Roland regarda Arlène en hochant la tête.
- Brave petite. J'ai vraiment bien fait de te ramener ici…
- Je te rappelle que je suis mariée.
- Je SAIS, berk ! Parle pas de choses aussi désespérantes. Pablo, comment se passe l'activité de l'association ?
- Merci pour les deux autres débiles qui y travaillent aussi… soufflèrent Arlène et Jackson.
- Je parle à Pablo.
- Il ME parle. Vos gueules, les hétérosexuels.
- Je suis hétéro aussi… marmonna Dimitri.
- Il l'est… souffla Arlène.
- TU N'ETAIS PAS CONCERNE, espèce d'autiste à la manque ! Bref…
- J'suis pas autiste.
- SI JE LE DIS ! OOOOOH, MAUVAISE CELLE-LA !!!
Roland secoua la tête en levant les yeux au ciel.
- Ahem. Tout se déroule correctement. Nous arrivons encore à contenir l'action de Direction Dresseurs, même si c'est moins facile que dans l'établissement d'Ogoesse. Leur contrôle sur la presse est toujours aussi impressionnant…
- La faute à la procédure de verrouillage de la presse sur les faits éducatifs qu'ils ont réactivée… Du coup, alors que je pensais que l'attaque sur Ogoesse les mettrait dans une merde pas possible, l'effet a été très mineur…
Arlène soupira.
- Si tu n'es pas content que les choses ne se déroulent pas comme tu le souhaites, tu n'as qu'à intervenir !
Roland grommela.
- Je le ferais, si j'étais de taille face à Truce, idiote !! Mais c'est pas le cas, je suis pathétique face à ce mec, alors je dois la boucler en attendant le bon moment ! Grrrr !!
- Et ce sera quoi le bon moment ? soupira Arlène.
Roland plissa les yeux. Arlène soupira. Jackson serra les dents. Pablo se mordilla les lèvres. Dimitri soupira.
- Il n'y a plus qu'à espérer que les cahiers leur apportent des éléments supplémentaires…
- On en est réduits à faire avancer un devoir scolaire pour appâter Direction Dresseurs… si ça, c'est pas pathétique… soupira Jackson.
Roland hocha la tête.
- Ouais. Mais c'est le seul moyen.
***
- Chef de Cabinet au sein de l'association Pokémon ?!
Roland hocha la tête et regarda Trafalgar.
- A la réflexion je ne peux pas faire ça sans vous. J'ai besoin de quelqu'un qui contentera les branches les plus extrêmes. Et aussi de quelqu'un d'assez robuste pour me remettre à ma place quand c'est nécessaire.
Ulrich Trafalgar plissa les yeux.
- Je n'ai honnêtement jamais envisagé la politique… à quelque niveau que ce soit !
- Votre vie de militant doit se solder par quelque chose de concret ! D'important ! A mes côtés vous réaliserez de grandes choses.
- Ce sont de bien jolis mots mais je préfère agir à ma manière.
- Comme depuis des années, et ça ne donne rien.
Trafalgar fronça les sourcils.
- Je préfère l'effort lent à la politique radicale.
- Oui, vous préférez vous donner l'impression que vous en faites beaucoup alors que vous ne faites pas grand-chose. Je connais. J'ai pratiqué pendant une période et ensuite j'ai connu les femmes ! Et ensuite j'ai recommencé à en faire des tonnes pour pas grand-chose.
Trafalgar soupira, atterré.
- Toujours aussi vicieux...
- Je vous propose le poste de vice-président et Garde des Sceaux.
Trafalgar s'étonna.
- Vous me proposez le poste sacré, le saint des saints, celui qui n'a jamais été terni en deux-cent ans ?
Roland acquiesça. Trafalgar hocha la tête.
- Qu'est-ce que ça cache ?
Roland serra les dents.
- Je préfère jouer franc jeu avec vous dès le départ.
- Nous y voilà…
- Jackson Wound fait partie de l'équipe.
Trafalgar s'offusqua.
- QUOI ???
- Oui. C'est principalement grâce à lui que j'ai vaincu la zone de combat à New York.
- Vous avez SOUMIS vos POKEMON à ces expériences dégradantes ?
- Ca a pas eu l'air de leur déplaire…
- Alors là, non, non, et non, Smirnoff. Je ne fraterniserai pas avec ce… docteur Mengele Poképolite.
- Les expériences de Mengele n'ont rien donné, celles de Jackson sont impressionnantes…
- C'est lui qui a donné ce pouvoir outrageant à nos gouvernants, ceux-là même qui ont causé la guerre !
- Pas de sophismes inutiles, je vous en prie. J'ai besoin de vous, mais j'ai besoin de lui, au moins de l'avoir à mes côtés pour le garder sous contrôle. C'est vraiment un gars bien, je pense que ses expériences ont été mal utilisées en fait…
Trafalgar grommela.
- Vous êtes crispant…
- Vous êtes indispensable à mon gouvernement.
Trafalgar grommela.
- Promettez-moi que je n'aurais pas l'obligation de parlementer avec cet immonde personnage…
- Promis. Enfin, n'hésitez pas quand même, si quelque chose vous gêne vraiment.
- Hmph… J'accepte…
- Bon.
***
Justin s'arrêta de marcher. Il était dans une avenue résidentielle tout à fait commune. Il sourit.
- J'y suis…
Il aperçut une créature qui l'observait. Justin s'étonna. « Des Pokémon ? Il y a des Pokémon ici ?! »
Justin approcha doucement. La créature sortit de derrière la barrière et s'avéra être un Arceus de petite taille. On aurait dit un faon.
« … mince alors… »
Justin approcha. Il remarqua que le petit Arceus avait une arche rose sur son dos.
« … Ca alors… »
Justin caressa le petit Pokémon qui semblait très affectueux. Justin dut le laisser avec grand peine pour avancer dans l'étrange rue qui s'étendait face à lui. Il n'y avait personne. Absolument personne. Justin regarda en l'air. Il y avait des Pokémon volants. L'un d'eux l'approcha. On eut dit un colibri, mais c'était un minuscule Artikodin.
Justin restait pantois. En regardant au sol, il vit des Heatran se comportant comme de vulgaires crapauds. Ils regardaient Justin et poussaient des petits cris.
Justin avançait dans le quartier. Il repéra un Lugia se baignant dans une fontaine de jardin. La créature observa Justin, intriguée. Comme si elle savait que Justin était un élément étranger.
C'est alors qu'il les trouva.
Il vit en fait d'abord les deux enfants qui courraient et qui riaient. Puis il repéra la femme.
La femme blonde.
Dans ses vêtements noirs.
Justin repéra ses yeux gris. « C'est IM-PO-SSIBLE… »
Il approcha, mû par la curiosité. C'était bien elle. C'étaient bien eux.
Cynthia Karashina et Jethro Gallhager. Et leurs enfants, Tommy et Darwin.
- … M… Madame Karashina, monsieur G…
Justin tenta de les approcher mais il fut repoussé par ce qui s'apparentait à un champ de force. Une barrière invisible. Justin s'étonna.
- J… Je veux juste vous parler !!
Un miaulement se fit entendre. Justin vit alors un Mew dont les quatre pattes étaient de taille équivalente à ses jambes habituelles. Le chat rose pencha la tête et miaula de nouveau.
- Hé-ho !
Cynthia ignorait l'homme. Jethro s'avança vers lui alors qu'elle se retranchait vers la maison avec les enfants. Le grand homme aux cheveux gris restait clairement derrière la barrière, comme s'il ne devait pas approcher.
- Que faites-vous ici ?
Justin s'étonna de parler à l'illustre Jethro Gallhager. Disparu depuis maintenant presque trente ans.
Premier constat : L'homme n'avait pas vieilli.
- J… Vous êtes vivants, c'est extraordinaire !!
- Je ne crois pas qu'on puisse dire cela.
Justin plissa les yeux.
- Vous n'êtes pas vivants ?
- Passons. Que venez-vous faire ici ?
Justin balbutia.
- Je… Je cherche quelqu'un. Auriez-vous vu cette personne ?
Justin sortit une photo et la montra à Jethro Gallhager qui ferma les yeux.
- Je n'ai vu personne. Vous êtes la première entité biologique à venir jusqu'ici.
- Je sais que ce n'est pas vrai.
- Vous pensez que j'aurais quelque intérêt à vous mentir, sachant que ma femme et moi avons l'impossibilité totale de sortir de cet endroit et que nous ne sommes plus concernés en rien par les affaires de votre monde ?
Justin plissa les yeux.
- … non, en effet.
- Alors croyez-moi, je ne sais rien.
- Vous êtes seuls ici ?
- Allez-vous-en, ça vaudrait mieux.
Justin grommela. « Stupide humain… »
Il s'éloigna, poursuivant son chemin à travers le quartier résidentiel. Il n'y avait vraiment personne d'autre que Cynthia, Jethro et leurs enfants. « Quel endroit sinistre… Bulbizarre me manque… »
Il regarda l'orbe platiné. « Je me demande combien de temps cet objet m'autorise à rester dans un tel endroit…
Justin repéra des Meloetta géants qui semblaient habiter une maison du quartier. Il s'en étonna franchement. Les Meloetta en question mesuraient bien un mètre quatre-vingt de haut. L'une d'elle regarda Justin.
- Hey ! Salut beau gosse !! Ça te dit de venir faire la fête ?
Justin fit de gros yeux. Il repéra au sol un très petit Giratina rampant comme une limace. Il déclina l'invitation bien qu'il avait une folle envie de poser des questions aux créatures. Mais c'était beaucoup trop bizarre.
« OU SUIS-JE TOMBE ??? » était la question qui le tiraillait. Il ne comprenait pas pourquoi Jerry avait réagi de la sorte. L'endroit était plutôt sympa à part tout ça.
Justin repéra alors une femme au milieu de la route.
Ce n'était pas un Meloetta. C'était une vraie femme. Il la connaissait en plus.
- Oh mon Dieu…
La femme lui fit un sourire. Justin plissa les yeux.
- Maman…
Justin s'avança vers la figure féminine. Il souriait.
- MAMAN !!!
Justin se mit à courir. Mais l'image de cette femme s'éloignait à mesure qu'il avançait.
- MAMAN ! NON !! M… MAMAN !!!
Justin vit tout autour de lui disparaître. Il se retrouva aux Colonnes Lances. Le trou créé par Giratina avait disparu.
- … non… Non…
Justin se retourna vers Fiodor. Il semblait furieux.
- IL FAUT RECOMMENCER ! COMBIEN DE TEMPS J'AI EU ???
- En… Environ quinze minutes…
- C'était TROP PEU !!! BEAUCOUP TROP PEU !!! CETTE STUPIDE CREATURE DEVRAIT POUVOIR ME DONNER PLUS DE TEMPS !!!
Justin rappela Giratina. Jerry plissa les yeux.
- Monsieur, vous devriez témoigner plus de respect à Giratina…
- SI JE VEUX !
- Je veux dire… Si vous exerciez un meilleur contrôle sur lui… vous auriez plus de chances de rester longtemps dans cette dimension.
Justin plissa les yeux. Il approuva.
- En effet. Vous n'êtes pas si bête que ça, Callum. Qu'avez-vous vu dans cette dimension ?
- … des choses tellement horribles que je préfère ne pas vous les dire !
- Vraiment ? J'ai trouvé que c'était un lieu charmant !
- Pas du tout, monsieur… Enfin, à mon sens, peut-être…
Justin regarda Fiodor qui haussa les épaules.
- Il n'a pas tort. Prenez un meilleur contrôle de Giratina, vous resterez plus longtemps dans cette dimension parallèle, et vous aurez même une prise plus importante sur ce qui se passe. Les mondes parallèles sont encore très méconnus.
Justin hocha la tête et sourit.
- J'ai touché du bout du doigt mon objectif final aujourd'hui… Nous reviendrons plus tard. C'est certain. Nous reviendrons…
***
Seth rangeait ses papiers. Il reçut un coup de téléphone.
- Allô ?
« Nous avons terminé pour aujourd'hui. »
- Ah. Alors… ?
Petit silence. Seth grimaça.
« Disons qu'il va falloir du temps. »
Seth acquiesça.
- Oui, c'est toujours mieux quand tu prends ton temps, tu sais ça.
« Hm. J'aurais dû t'écouter, une fois de plus. »
- Ne t'en fais pas, tu réussiras. Je suis de tout cœur avec toi sur ce coup.
« Je sais. Merci beaucoup. »
- Risotto de courgettes aux champignons, ce soir ?
Petit silence à nouveau. Seth attendait la réponse.
« S'il te plait, oui. »
- Génial ! Rentre bien.
« Hm. »
Seth raccrocha. Il souffla.
- Comme quoi c'est vraiment pas dur de gérer une entreprise et son chef ! Suffit de savoir cuisiner…
***
- « Monsieur Smirnoff, voici ce que vous nous aviez demandés », blablabla… « Précieux, gardez-les avec soin, ne les dispersez pas dans la nature » blablabla, signé les émissaires de la Zone de Combat, vos dévoués employés. Bon.
Roland regarda les trois Pokéballs, livrées par trois huissiers.
- Merci fort bien mes braves loquedus. Vous pouvez disposationner… marmonna Roland d'une voix exagérément bourgeoise.
Roland ouvrit le coffret. Il prit la première Pokéball et la tendit vers Jackson.
- Ca, c'est pour toi…
- Merci Roland. J'en ferais bon usage, crois-moi.
- J'te crois pas. Ceci est pour toi…
Arlène reçut la précieuse Pokéball.
- Je peux le vendre ? demanda Pablo.
- Hey, c'est à moi !
- Va te faire foutre. Et enfin, ceci est pour vous.
Trafalgar s'étonna en recevant la dernière Pokéball.
- Pour moi ?!
- En guise de contrat de confiance. Comme si vous étiez une chaîne de magasins spécialisés dans l'électronique qui sponsoriserait la météo à la télé.
Trafalgar plissa les yeux.
- C'est un trop grand honneur.
- Mais non. Vous êtes un type bien, je sais que je peux vous faire confiance, je veux juste le prouver à votre naïf et fragile cœur d'enfant. Bon. On va discuter de mon plan de campagne, ça va être très long et très chiant, j'en suis désolé…
***
- Nous prenons un risque, père…
- Je sais.
Les deux silhouettes grimpaient des escaliers.
- Mais nous devons le faire.
- Hm.
La plus grande silhouette atteignit une trappe qu'elle ouvrit. Les deux silhouettes sortirent au grand jour.
- Cela doit faire six mois depuis la visite de cet enfant…
- Vous êtes certain de vouloir faire cela, père ?
- Cet acte enverra un signal fort. Espérons que Roland Smirnoff le repère.
Ulrich Trafalgar retira sa capuche. Gloria fit de même.
- Cela fait du bien de revoir le soleil…
- Oui… Voyons voir…
Trafalgar prit une Pokéball. Il souffla et appuya sur le bouton pour relâcher celui qui l'habitait.
Terrakium sortit donc de sa Pokéball. Le Pokémon regarda Trafalgar et sa fille.
- Tu peux partir à présent, affirma Ulrich.
- Oui, va… Et désolés de t'avoir gardé enfermé si longtemps… souffla Gloria.
Le Pokémon hocha la tête. Il dévala ensuite la montagne comprenant en son sein la Grotte Inconnue. Ulrich et sa fille hochèrent la tête.
- Il va retrouver ses frères…
- Espérons qu'il le fasse. Espérons…