« Pour adorer Dieu, il faut devenir Dieu. »
(Coomaraswany)
« Peu m'importe si tu m'aimes
Je me fous du monde entier »
(Edith Piaf, L'hymne à l'amour)Marcel était un être d'une importance extraordinaire. Nouveau Jésus, il en arborait le look et la splendeur infinie. Au volant de son camion, employé de la compagnie « 49% Angel », il s'apprêtait à faire une livraison d'une importance capitale pour l'avenir du monde libre.
Il arriva devant la maisonnée. Une voiture qui le suivait se gara également.
L'homme qui en sortit regarda la maison et sourit.
- C'est notre chez nous... Enfin !
La femme sortit. Elle était enceinte. Elle regarda son mari en souriant.
- On va enfin habiter dans une vraie maison !
- Oui. Je t'avais bien dit qu'un jour on aurait une maison ! Eh ! Sors de là, viens voir notre nouvelle maison !
La porte de la voiture s'ouvrit et laissa sortir un petit garçon assez timide. L'homme regarda son fils, étonné.
- Tristan, enfin !
- C'est vraiment chez nous ?
- Oui !
- Ah bon.
L'homme leva les yeux au ciel.
- La maison ne va pas te manger !
- Tristan, voyons... souffla sa mère.
Tristan descendit de la voiture et regarda la maison.
- C'est joli !
- Ouf !! Il est content ! ricana le père.
Marcel arriva, prêt à livrer ce qu'il avait à livrer. Il avait la plus belle coupe mulet de toute la civilisation humaine.
- C'est quand vous voulez pour les meubles.
- Tout de suite, merci !
***
Peu à peu la petite famille s'était installée. Tristan, bien qu'âgé de neuf ans, était déjà très à l'aise avec les ordinateurs.
- Tu as installé le wi-fi mon grand ?
- Oui papa, mais il va falloir attendre que la ligne se mette...
- Oui j'ai fait les démarches, t'en fais pas.
Sa mère arriva avec un jouet démonté dans les mains.
- Tristan !
- Oups...
- Tu as encore pris les outils de ton père en plus ! Dylan, tu devrais mieux ranger tes outils !
- Où que je les range, il les trouve !
- Je ne supporte pas que tu encourages ces activités comme ça !
- Gladys, le petit est super à l'aise avec tout ce qui est mécanique ! Il a compris des tas de trucs en un rien de temps !
Un Skitty arriva en miaulant. Dylan prit le Pokémon dans ses bras.
- Qu'est-ce qu'il y a, Nova, hein ?
- Dylan, ne détourne pas la conversation en t'occupant de Skitty !
- Chérie. Regarde. Tristan a eu un Morphéo pour Pokémon académique ! Ça veut dire que c'est un enfant doué ! C'est un signe ! Il faut l'encourager !
- Pas au point de le laisser manipuler des outils !
- Bon, bon...
Gladys s'éloigna. Dylan regarda son fils.
- Maman est un peu énervée à cause du bébé !
- J'ai entendu, Dylan !
***
- Quelle maison adorable...
La famille Edison recevait Georgia, la sœur de Gladys.
- Oui c'est confortable, lumineux... Tout ce qu'on cherchait ! En plus on est plus près de chez toi, c'est super ! sourit Gladys.
- Hm. Comment vous avez fait pour la payer ?
Dylan plissa les yeux, blasé. Il avait un vrai problème avec la sœur de sa femme – tout comme avec ses beaux-parents d'ailleurs.
- J'ai eu une prime !
- J'ai des primes aussi mais je vis toujours au même endroit, moi...
Dylan roula des yeux. Georgia souffla.
- C'est juste un prêt, pas de quoi rougir...
- Je peux le rembourser !
- Là n'est pas la question...
Dylan regarda sa femme qui agita la tête.
- Mais au moins tout va bien, Georgia ?
- Oui, oui... si on excepte le fait que je vis toujours dans un petit appartement, toute seule...
Dylan plissa les yeux. « Et d'une j'y peux rien et de deux ta petite jalousie, je m'en... »
- Ca va s'arranger Georgia...
- Non mais je remarque juste que ce sont toujours les mêmes qui ont de la chance !
Gladys soupira. Georgia regarda Tristan.
- Et toi, ça va l'école ?
Tristan acquiesça, ayant toujours été un peu intimidé par sa tante – comme par le reste du monde.
- Comme d'habitude.
Dylan leva les yeux au ciel.
***
- Elle est gavante, ta sœur...
- Je sais. Je ne sais pas ce qui lui prend...
- Elle est jalouse comme un pou, voilà ce qui lui prend...
Dylan faisait la vaisselle avec l'aide d'un Krabby.
- Pourtant elle a un bon travail...
- Elle a qu'à s'y bouger un peu à son travail ! Au lieu de gaspiller son énergie à chercher des noises à tout le monde...
- Je vais voir si Tristan est couché.
Gladys alla voir Tristan qui ne dormait pas.
- Ca va maman ?
- Oui, oui...
- Et papa, ça va ?
Gladys sourit.
- Oui, c'est juste que... ta tante est un peu bizarre parfois. Dors, Tristan.
- Hm !
Tristan se coucha alors que sa mère fermait la porte.***
Tristan se réveilla.
Rien n'avait changé.
Il était toujours chez sa tante.
Il se releva dans le canapé déplié. Un peu dégommé de l'intérieur, comme tout le temps. Il s'assit sur le côté du lit. Il pesa le pour et le contre. Oui, ça valait probablement la peine de se lever ce matin, pour une raison quelconque.
***
Tristan se prépara le petit déjeuner. Sa tante était levée.
- Tout va bien mon grand ?
Tristan acquiesça.
- Hm. Ça va.
- Tu n'as pas l'air, ces derniers temps. Tu as passé les vacances planté sur l'ordinateur, comme d'habitude, ou à faire des réparations chez divers clients, et à lire...
Tristan agita la tête.
- Un peu comme chaque été.
- Hm, mais cette fois tu avais l'air... concentré.
- Je pense que ça sera mon travail plus tard, alors bon...
- Quelle vie triste ce sera... Trouve-toi au moins une petite femme !
Tristan soupira.
- Je verrais, tante Georgia...
- Tu dis tout le temps ça...
***
William Sheller – Un homme heureuxTristan allait en cours comme chaque jour. Il savait pertinemment que cette journée serait comme toutes les autres. Les élèves autour de l'école semblaient plutôt contents, cools, avec plein d'amis, des vies enrichissantes. Au moins plus que la sienne.
Pourquoi les gens qui s'aiment
Sont-ils toujours un peu les mêmes ?Tristan vit Fey et James qui s'embrassaient. « Tiens, c'est la première fois que je les vois s'embrasser, ces deux-là. A force je commençais à penser qu'ils étaient juste amis... »
Ils ont quand ils s'en viennent
Le même regard d'un seul désir pour deuxTristan emprunta l'allée. Il vit Francis qui se vantait auprès de Quinn. « Eux, ils feraient un beau couple. J'devrais avoir honte de penser aux gens de la classe comme ça... »
Ce sont des gens heureux« Si ça se trouve, eux, ils pensent rien de moi... »
Pourquoi les gens qui s'aiment
Sont-ils toujours un peu les mêmes ?- Coucou Tristan !
Tristan se tourna vers Helen et Holland qui le saluaient. Tristan les salua en retour.
Quand ils ont leurs problèmes
Ben y a rien à dire, y a rien à faire pour euxTristan allait vers les marches. Il vit Naomi monter Walter sur sa rampe. Les deux adressèrent un salut à Tristan qui les salua en retour, brièvement. « Vous deux, tout le monde a remarqué votre petit manège, arrêtez de tourner autour du pot...
Ce sont des gens qui s'aiment« Hmph... Oh non... »
En haut des marches, Tristan dépassa rapidement Wallace, ne voulant absolument pas lui parler.
Et moi j'te connais à peine
Mais ce serait une veine
Qu'on s'en aille un peu comme euxTristan franchissait l'allée, sans tourner le dos, ne s'apercevant pas que Wallace s'était retourné vers lui.
On pourrait se faire sans qu'ça gêne
De la place pour deuxTristan remarqua Santana et Violette qui papotaient. Gina et Holly qui le regardèrent en souriant. Rebecca et Amélia qui, de même, rirent méchamment à son passage. « Génial... »
Mais si ça n'vaut pas la peine
Que j'y revienne
Il faut me l'dire au fond des yeuxTristan ouvrit la porte de son casier. Il ignora Mike et Steven qui semblaient bien rigoler, d'il ne savait pas quoi mais qui rigolaient.
Quel que soit le temps que ça prenne
Quel que soit l'enjeuTristan cherchait dieu sait quoi. Ce serait combat direct et fondamentaux ce matin, option et médiathèque l'après-midi. Grosse journée.
Je veux être un homme heureuxTristan ferma son casier et vit Robbie qui lui fit une peur bleue.
- Wah !
- Hey ! J't'ai fait peur ?
- N... Non... pas tant que ça.
- Tout va bien ?
- Comme d'habitude...
- Je sais pas... T'as l'air étrangement bien depuis le début de l'année.
Tristan plissa les yeux.
- Etrangement ?
- Ouais... Tu ne te ressembles pas en fait... Y'a une différence entre le Tristan de l'an passé et le Tristan de cette année...
- Avec ce qui s'est passé l'an dernier j'ai... décidé d'être un peu plus sûr de moi et un peu moins chochotte.
Robbie plissa les yeux.
- Mais... euh... Tristan, rien n'a changé, enfin... Au fond, tu es toujours le même, non ?
Tristan soupira.
- C'est à moi d'en décider, nan ? De qui je veux être.
Robbie grimaça. Tino, Orson et Benjamin arrivèrent à leur tour.
- J'ai le sentiment qu'on a cours aux terrains... marmonna Tino.
- Ca va être d'un ennui... soupira Benjamin.
- Et je ne serais même pas assis confortablement... souffla Orson.
Tristan souffla.
- Faut bien qu'on fasse cours. Et puis pensez qu'on a option après.
- Ouais !
- Hm ! Génial !
- Super !
Robbie plissa les yeux.
- Bande de drogués...
- Totalement ! sourit Orson.
- C'est génial, un cours où on est reconnus pour ce qu'on fait de mieux ! admit Benjamin.
Tristan ne pouvait qu'acquiescer. Francis arriva dans le couloir.
- Votre attention, damoiselles et damoiseaux ! Le cours de combat direct se déroulera en salle ! Pas dehors mais en salle, merci !
Tino plissa les yeux.
- Je perds mon fluide !
- Faut croire que ça s'use à force... marmonna Tristan.
- Hm... Vu le temps dehors ça semblait probable...
La petite troupe se dirigea vers les terrains. Christina rejoignit Tino.
- Salut Tino ! Tu as passé une bonne soirée ?
- Atroce, j'ai repris World of Warcraft, Benjamin et Orson m'ont engueulé toute la soirée.
- Oh... Eh bien... Ça ira mieux demain ! Hein ?
- Hm, je suppose...
Tristan plissa les yeux. « Laisse une chance à cette fille, Tino, bon sang... »
***
- Bon... On va commencer le cours par le combat habituel...
Wallace se plaça en arbitre.
- Et je veux voir... Truman.
Perrine haussa les épaules et alla sur le terrain.
- Je vais t'arbitrer ta race, Truman !
- Tu n'arbitres pas, tu fais la nounou...
- Contre Edison !
Wallace leva les yeux au ciel. Perrine sembla presque amusée.
Tristan arriva sur le terrain. Il salua Perrine qui lui rendit son salut.
- Ce sera un... simple un contre un.
Perrine acquiesça. Tristan souffla de soulagement.
- Commencez !
- Mona !
Kecleon apparut, tout content. Tristan acquiesça.
- Katana, à toi !
Osselait apparut. Wallace retint un rire. Perrine le regarda, blasée.
- Quoi ?
- Rien, il l'a pas fait évoluer.
Tristan souffla, refusant de parler à Wallace.
- Ca le regarde, laisse-le tranquille.
- Katana, attaque Osmerang...
Osselait balança son os vers Kecleon.
- Hm... euh...
Kecleon esquiva l'attaque à l'aller.
- Tête de Fer !!
Osselait fonça vers Kecleon et le frappa au ventre. Le Pokémon tira la langue, choqué. L'Osmerang le frappa par derrière dans une combinaison super efficace. Osselait reprit son os. La prof de combat haussa les yeux, impressionnée.
Tristan souffla. Perrine était également positivement surprise. Les autres élèves observaient, curieux.
- Bon. Ombre Portée.
Kecleon prit la pose. Son ombre s'agrandit et frappa Osselait qui fut repoussé et surpris.
- Hm...
- Souplesse !
Un bon coup de queue frappa Osselait de plein fouet. Tristan serra les dents.
- Masse d'os !
Osselait fonça vers Kecleon.
- Rafale Psy !
L'attaque stoppa Osselait et le fit retomber en arrière. Tristan se ressaisit.
- Bah alors, t'avais si bien commencé...
Tristan n'adressa même pas un regard à Wallace.
- Tête de Fer !
Osselait fonça tête baissée vers Kecleon qui le largua avec Souplesse. Mais la queue toucha le crâne, et Kecleon prit donc le type Acier.
- Osmerang !
Osselait balança à nouveau son os. Kecleon choisit d'encaisser. Tristan s'étonna. L'os allait toucher Kecleon.
- SEISME !
L'os émit une onde de choc qui repoussa violemment Kecleon. Wallace et le reste de la classe s'étonna. Blandine hocha la tête, très surprise.
- Oh... admit Perrine.
Kecleon eut du mal à se relever. Perrine leva les deux mains.
- Je lâche l'affaire, il a gagné. Je ne pourrais rien faire de plus.
Blandine inspira.
- Je... suis un peu déçue pour vous, Truman, vous m'avez montré mieux.
- J'étais pas aidée...
- Par contre Edison, excellente surprise, amélioration dans la technicité. C'est bien !
Tristan sourit. Il s'avança pour remercier Perrine qui lui serra la main.
- Merci ! sourit Tristan.
- Tu as eu de la chance, je suis un peu rouillée !
Tristan leva les yeux au ciel. Perrine retourna à sa place suivie par Wallace. Il la regarda.
- Ton sens de la charité est répugnant et avilissant.
- Tu es un arbitre de merde, j'ai donné tout ce que j'avais... souffla Perrine.
- Hm, et ça s'est vu... admit Naomi.
- Achète des lunettes, Wallace... marmonna Walter.
- J'en ai déjà mais elles me défigurent !! geignit Wallace.
Tristan retourna à sa place, félicité par ses camarades.
- Bien joué vieux ! sourit Tino.
- C'était balaise ! souffla Orson.
- Grave, t'étais géant ! sourit Benjamin.
Tristan sourit, satisfait de sa performance.
- Bon, on va faire un peu de théorie qui va plaire aux sportifs en parlant des règles de combat en Pokéfoot. Je sais que certains d'entre vous n'aiment pas le sport mais c'est le programme qu'on me demande de vous enseigner.
***
- T'as de la chance.
Tristan regarda Tino. Il avaient presque dix ans et se connaissaient depuis l'an passé.
- Pourquoi tu dis ça ?
- Tu as un Morphéo. Tu as de la chance. Moi j'ai eu un Mime Junior.
- Il est mignon ton Mime Junior.
- Hm. Mais il n'est pas aussi rare et cool que ton Morphéo.
Tristan haussa les épaules.
- Tu sais, moi je m'en fiche d'avoir un Morphéo...
- Hm. Tu devrais pas. Parce que je suis jaloux de toi.
Tristan sourit.
- Mais t'es le plus riche de l'école !
- Bah oui mais t'as un truc que j'aurais jamais. Un Morphéo.
Tristan plissa les yeux.
- Mais tu pourrais en capturer, ça existe à l'état sauvage...
- Ce serait trop fatigant.
Tristan ricana. Tino sourit.
***
Le père de Tristan n'aimait pas beaucoup Tino. Il percevait chaque visite du jeune garçon hispanique bien habillé et bien coiffé comme une mini provocation.
Le souci c'est que sa mère était une amie de sa femme.
- Alors j'ai dit à Joaquim : Leur mariage ne tiendra pas deux semaines ! Eh bah j'aurais dû parier, cinq jours plus tard, ils ne vivaient plus ensemble !!
- Non !
- Si !! C'était trop drôle, elle était là à prétendre que tout était parfait, et quand ils ont ramené la dinde, elle a fondu en larmes et elle a dit « C'était son plat préféréééé !!! »
Les deux femmes éclataient de rire. Dylan plissa les yeux. « Mouais, retourne aux dossiers de tes assurés, Dylan... »
Il tint quand même à aller voir si Tristan et Tino n'avaient besoin de rien. Il passa devant la chambre de son fils.
- Je me sens bien ici.
Dylan s'étonna. C'était la voix de Tino.
- Ah bon ?
- Hm. Chez toi tout est normal. Chez moi tout est... on dirait que tout se passe pour de faux.
Dylan sourit.
- En tout cas tu as moins de livres que moi.
Dylan plissa les yeux, agacé.
- ... Mais tu as de la place pour d'autres choses... eh, tu as démonté ce robot !
- Ouais, je voulais essayer de lui faire dire des gros mots !
Dylan fit de gros yeux.
- Ah bon ?
- Oui mais c'est dur de changer la puce vocale.
- Ah, oui... Je serais incapable de faire ça, moi...
- Eh regarde j'ai des livres quand même !
- ... « Mé-ca-ni-que et é-lec-tro-nique ». Ouah.
- C'est le livre qui m'a tout appris !
- Tu me le passes ?
- Ah non c'est à moi !
- Maiiiis !
Dylan s'éloigna, rassuré. « Bon. Il ne se vante pas auprès de mon gamin, c'est déjà ça... »
***
- Papa...
Dylan couchait son petit.
- Quoi, Tristan ?
- ... pourquoi t'as toujours l'air inquiet ?
Dylan grimaça.
- C'est à cause de tes clients à ton travail ?
- Nan, nan... C'est parce que... J'ai ta maman, et je t'ai toi et... j'ai peur de ne pas toujours savoir faire ce qu'il faut... pour vous protéger tous les deux. Et bientôt tous les trois.
- Nous protéger de quoi ?
Dylan soupira.
- De la vie. On a déjà parlé des méchantes personnes, Tristan, hein ?
Tristan acquiesça. Dylan hocha la tête.
- Eh bien... je sais que tu en rencontreras forcément dans ta vie, et... le jour où ça arrivera je veux que tu puisses savoir que je serais là pour toi, et... si je suis inquiet c'est parce que je ne sais pas si je pourrais te protéger... de tout.
Tristan plissa les yeux.
- Mais papa, tu seras toujours là pour me protéger, nan ?
- Je ne suis pas là à l'école avec toi !
Tristan ricana.
- Mais papa, il peut rien m'arriver à l'école !
- Oh si, mon grand. Les autres enfants peuvent être méchants. Et je peux rien faire contre ça.
- Papa, je suis pas ton client !
Dylan, conseiller en assurances, sourit.
- Je sais, je sais...
- Alors t'inquiète pas !
Dylan serra son fils dans ses bras.
- Je suis obligé, mon grand. Je suis obligé.***
La petite classe sortit de la salle pour se rendre en cours de fondamentaux.
- Hey mec, bravo, tu l'as bien niquée la grosse ! ricana Steven en tapant le dos de Tristan.
- Bien joué mon gars, t'as assuré grave ! souffla Mike.
- Joli coup, Tristan ! ricana Holly.
- T'es pas si nul que ça en fait ! admit Gina.
Tristan acquiesça, modérément convaincu. Tino soupira. Tristan le regarda.
- Promis j'l'ai pas fait exprès !
- J'aime pas quand les gens changent de comportement sur commande comme ça... souffla Tino.
- J'y accorde pas d'importance si ça peut te rassurer ! Je sais où sont mes vrais amis.
- J'espère bien.
Arrivée aux casiers. Tino et Tristan ouvrent les portes.
- Tu sais...
Tristan regarda Tino, intrigué.
- ... je... je suis bien content que tu sois revenu un peu plus vers nous... ça me fait plaisir vraiment.
Tristan sembla gêné.
- Bah...
- Pendant un moment, l'an passé, j'ai cru que... tu avais honte de nous, que tu ne te sentais plus à ta place...
Tristan se mordilla les lèvres.
- Pendant un moment j'ai même cru que tu nous cachais quelque chose, à vrai dire !
Tristan sourit faussement.
- Tu sais bien que... j'ai toujours été nul pour ça, surtout avec toi !
Tino acquiesça.
- Oui c'est vrai, y'a rien qui m'échappe.
- Ouais !
- Et puis si y'avait quoi que ce soit tu me le dirais, au moins à moi !
Tristan regarda Tino et hocha la tête.
- Ouais bien sûr.
- Bon.
Tino prit son sac et partit vers le cours de fondamentaux. Tristan le regarda, dépité. Il ferma son casier et prit son sac. Robbie le rejoignit.
- Joli match.
- Merci...
- Ton comportement avec Wallace a changé.
Tristan s'arrêta, décontenancé.
- Robbie, l'an passé tu m'as dit de me rapprocher de Wallace, ça ne m'a apporté que des problèmes !
- Je voulais que tu restes ami avec lui et que tu puisses lui parler quand tu voudrais !
- A quel sujet ? Ce mec ne pense qu'à lui-même ! Je suis bien mieux sans lui, à penser à mes études et uniquement à mes études. Regarde, ça m'a réussi, non ?
Robbie hocha la tête.
- Hm. En effet.
- Alors laisse-moi tranquille. Je sais où je vais.
- Hm. Et tu sais aussi d'où tu viens et ce que tu es en tant que personne.
Tristan regarda Robbie, le regard braqué.
- Ca veut dire quoi, ça ?
- Rien. A part qu'on n'échappe pas à soi-même.
- Et tu es qui, Robbie ? Dans cette classe personne ne sait qui tu es ! Tu traines avec nous mais le seul truc un peu geek que tu fais c'est d'avoir un ordinateur et de savoir à peu près t'en servir !
- Tu traines avec Tino, Benjamin et Orson, mais le truc le plus hétérosexuel que tu fais c'est te brosser les dents le matin !
Tristan cessa cette conversation et dépassa Robbie. Le grand blond regarda Tristan, inquiet. Perrine et Naomi arrivèrent à son niveau.
- Qu'est-ce qu'il a ? s'étonna Perrine.
- ... Je sais pas trop... Du moins je sais pas si je dois m'en mêler...
Naomi inspira.
- Tu devrais. Parce que quand quelqu'un est dans le faux, c'est rare qu'il le réalise lui-même !
- C'est du vécu, tu peux la croire ! admit Perrine.
Robbie acquiesça. Naomi partit en avant. Perrine regardait Robbie, toujours aussi décontenancé. Le blond se tourna vers Perrine.
- Pas trop déçue d'avoir perdu ?
- Bof. J'devrais ?
- Bah...
- Bah non, tu vois !
Perrine s'avança. Robbie soupira et s'avança à son tour.
***
Tristan avait changé de place et s'était mis à l'opposé de Robbie alors qu'habituellement il était entre Robbie et Tino. Le jeune hispanique s'étonna.
- Bah... S'passe quoi, là ?
- J'ai juste eu envie de changer d'air ! souffla Tristan.
Orson était en pleine dépression nerveuse.
- Pourquoi il a changé de place, c'est pas logique !
- T'occupe, c'est comme ça ! souffla Benjamin.
- Ca me perturbe complètement !
- Orson, bon sang, y a-t-il une chose qui ne te perturbe pas dans la vie ?! geignit Benjamin.
- Les gâteaux ! Ils n'ont rien de perturbant, ils sont toujours faits pareils. Et les rails aussi ! As-tu déjà constaté la perfection des chemins de fer ?
- Oui Orson, tu me l'as démontrée des milliers de fois...
Tristan souffla.
- Tout va bien Orson. J'ai juste voulu changer un peu, comme ça, pour voir !
- Oh ! Mais ça ne me rassure pas...
- L'équilibre de l'univers est toujours perturbé... soupira Benjamin.
- C'est pas ça ! Chaque chose à sa place et chaque place à sa chose !
- Ca veut rien dire et c'est exactement ce que je viens de dire !!
- Tu te moques complètement des changements qui nous arrivent !
- Tu leur donnes une importance bien trop grande !
Tino regarda Tristan. Les deux garçons haussèrent les épaules.
Le professeur donnait son cours avec sa maladresse habituelle. Rebecca, Violette et Amélia suivaient péniblement. Gina et Holly semblaient s'en foutre. Wallace avait repris ses parties de casse-briques.
***
- Tu veux entrer d'abord ?
- Non, toi !
- Tristan, il va bien falloir que tu la voies !
Tristan inspira et franchit la porte de la chambre. Sa mère le regarda.
- Mon chéri, viens voir ta petite sœur !
Tristan approcha de la boîte en plastique où se trouvait sa petite sœur. C'était un tout petit bébé tout rouge et tout fripé.
- C'est quoi son nom ?
- Molly.
- Elle est belle ! sourit Tristan.
Le père de Tristan approcha de sa femme, tout ému.
- On va devoir repeindre la chambre...
- Oh Dylan, ne pense pas à ça !
- Pourquoi le docteur a dit que ce serait un garçon ?!
- Il a dû mal voir !
- Il devrait changer de lunettes...
Tristan observait le bébé, intrigué et content aussi, dans un sens. Il ignorait exactement pourquoi.
***
L'ennui c'est qu'après ça, Tristan avait évidemment beaucoup moins l'attention de ses parents.
- Elle mange bien je trouve !
- Oui j'avais peur qu'elle fasse comme Tristan et qu'elle soit moins gourmande mais elle me rassure !
- Hm. En même temps sa naissance s'est mieux passée !
- Oui aussi.
Tristan mangeait tranquillement sans que personne ne se préoccupe de savoir si c'était assez ou non.
***
- Tu quoi ?
- Je crois que j'aime pas le bébé.
Tino leva les yeux au ciel.
- C'est ridicule.
- Tu imagines si tes parents avaient un autre bébé ?! Tu ferais quoi ?
- Rien. Et puis de toute façon ils n'en veulent pas d'autre, ils m'ont déjà moi ! Pourquoi ils feraient un autre enfant ?
Tristan fit la moue. Tino grimaça.
- En même temps je... crois que les adultes ne font pas exprès de faire des bébés... Enfin j'en sais rien.
- Au moins un truc que tu sais pas.
Tino souffla.
- C'est juste un bébé. Ça veut pas dire que tes parents t'aiment pas.
- Je sais...
- Eh bah alors ?
- ... je sais pas, ça me gêne !
- Ça passera. C'est ta petite sœur, Tristan !
Tristan regarda Tino.
- Ouais. T'as raison. Comme toujours.
- Hm, content que tu le dises.
***
- Allez bonne nuit Tristan.
- Papa...
Le père resta dans l'encadrement de la porte.
- Euuuh... Vous vous occuperez toujours de moi, hein ?
Dylan plissa les yeux.
- Bah... bien sûr Tristan !
Le père approcha du lit de son fils.
- On est tes parents. Là on s'occupe de Molly parce qu'elle a vraiment besoin de nous, mais on t'aime aussi et on sera là si tu as besoin de nous. Mais tu es un grand, alors que Molly est toute petite.
Tristan hocha la tête.
- Mais ça veut pas dire qu'on s'en fiche de toi. Tu le sais ?
- Oui oui !
- Mon grand, c'est ta petite sœur, un jour tu pourras même t'en occuper !
- Ah nan berk c'est sale les couches !
- Héhéhé... Ouais t'as pas tort ! J'évite de la changer d'ailleurs, je dis à ta mère que c'est mieux qu'elle le fasse parce qu'elle sait mieux le faire... mais chut ! sourit Dylan.
Tristan sourit en retour. Dylan frictionna les cheveux de son petit.
- Allez, tu t'en fais pas, moi et maman on t'aime toujours, qu'il y ait un bébé ou des tas d'autres !
- Y'en aura pas d'autres hein ?!
Dylan serra les dents.
- Je... ne sais pas ! Bonne nuiiiit...
Tristan plissa les yeux. « Il a pas dit non ! »***
- C'est quoi le souci avec Robbie ?
En direction de la cantine, Tristan regarda Tino.
- Une... simple divergence de point de vue. Tu me connais, j'suis susceptible.
- Hm. J'dirais plutôt obstiné... Restez pas disputés, ce serait ballot, Robbie est un type bien.
- Je sais...
Le petit duo se dirigea vers la cantine. Christina approcha des deux amis.
- On mange encore ensemble hein Tino ?
- Oui, Christina, comme à chaque fois.
- Chouette !
Tristan regarda Christina puis Tino.
- Tino, tu sais que je n'ai pas l'habitude de me mêler de tes affaires sentimentales...
- Hmmmm choisis prudemment tes mots à venir...
- Tu devrais laisser une chance à Christina.
- Tu devrais effectivement te mêler de tes affaires... tout court.
- Tu es amical avec elle, sans raison apparente !
- On est dans le même groupe de travail !
- Malgré tous ses défauts tu l'aimes bien ! Tu n'es jamais méchant avec elle !
- Ce qui ne signifie et ne justifierait en aucun cas que je doive me rapprocher d'elle de façon moins diplomatique que maintenant.
Tristan soupira. Tino inspira.
- Tristan, les rapprochements qui semblent évidents dans la vie ne le sont pas toujours.
Tristan ne put que hocher la tête.
- L'amour vient par surprise, il attend patiemment dans un coin et se jette sur nous.
- C'est... moche... et presque mignon.
- Ce que je veux dire c'est que... je préfère attendre.
- Très bien... Comme tu veux.
Les deux prirent leurs plateaux et rejoignirent Benjamin et Orson, seuls.
- Robbie n'était pas avec vous ?! s'étonna Tino.
- Il mange avec Wallace et sa bande... marmonna Orson.
- Nous aussi on n'a pas compris... souffla Benjamin.
Tino regarda Tristan qui soupira.
- Je m'excuserai cet après-midi...
- Tu as intérêt...
Wallace, Walter, Perrine et Naomi regardaient Robbie qui mangeait en bout de table.
- On pue, c'est ça ? Walter, le fait d'être en fauteuil ne te dispense pas de ne pas mettre de déo !
- Wallace, le fait que tu sois gay ne te dispense pas de réfléchir avant de parler !
- Sale homophobe !
- Pourriture invalide !!
- On a compris, vous vous aimez beaucoup de façon totalement platonique... soupira Naomi. Que se passe-t-il, Robbie ?
Le blond secoua la tête.
- J'veux pas en parler, je veux juste manger tranquille.
- Personne ne mange à cette table sans raison. C'est comme le sado-masochisme. Maman donnait d'excellentes fessées, je veux que ça se poursuive ! fabula Wallace.
- Tu es incroyablement débile... soupira Naomi.
- Tu es incroyablement noire ! ajouta Wallace.
Robbie soupira.
- Je ne comprends pas ces gens qui refusent de voir la vérité en face ! Pourquoi se mentir à soi-même, pourquoi ne pas... juste embrasser ce qu'on est au lieu de passer son temps à prétendre être quelqu'un d'autre !!
Walter, Naomi, Wallace et Perrine se regardèrent. Wallace regarda Robbie.
- Ok, qu'est-ce que ton père t'a fait quand tu étais petit ?
- Je n'ai pas de père, merci pour ton tact.
- Sois plus clair, on comprend que dalle ! Moi j'en ai marre des gens comme toi qui parlent par énigme ! Pourquoi tu parles pas clairement au lieu de prétendre parler d'autre chose ?!
Robbie regarda Wallace en soupirant.
- Je comprends ce que Tristan disait maintenant...
Robbie prit son plateau et alla manger avec les jumeaux.
- Salut Robbie !
- Salut les jumeaux...
Wallace secoua la tête.
- Manger avec les jumeaux, la dernière étape avant des années d'errance dans la rue en tant que SDF...
- Visiblement c'est manger avec nous, puis manger avec les jumeaux... fit remarquer Perrine.
Walter et Naomi acquiescèrent.
Tristan, Christina et Tino admiraient la dernière dispute à la mode de Benjamin et Orson.
- Je ne peux pas avoir de conversation sensée avec quelqu'un qui croit qu'Earthbound est un clone sexy de Dragon Quest.
- Tu avoueras que les deux se ressemblent ! grommela Orson. Et puis moi au moins je ne suis pas raciste envers les jeux de golf !
- C'est un sport débile et ces jeux sont chiants !! Et quand on n'aime pas Final Fantasy...
- J'aime les épisodes 1, 2, 4, 7, 8, 9 !!
- Espèce de réincarnation d'Hitler sur pattes ! Comment oses-tu ne pas citer le 6 !!
- Le fait que ce soit une fille le personnage principal me perturbe !!
Tristan secoua la tête.
- Pourtant c'est un épisode pair, tu devrais l'aimer... marmonna Tristan.
Tino ricana. Orson les regarda.
- Et pis y'a trop de personnages !!
- L'histoire est géniale, Orson ! Arrête, n'ayons pas ce débat ! souffla Tino.
- Ton épisode préféré est le cinq, tu ne peux pas parler !! grommela Orson.
- J'aime le système de jobs, ça t'embête ! Regarde, Tristan, son préféré c'est le 10 !
Tristan agita la tête. Benjamin secoua la sienne.
- Une vraie bizarrerie de la nature !
- L'histoire est vraiment sympa et les personnages sont attachants ! justifia Tristan.
- Tidus est le héros le plus nul jamais inventé ! clama Orson.
- Tu n'as que des arguments débiles comme ça ? Terra est une fille, Tidus est nul... soupira Tino.
- A part ses... réactions exubérantes, Tidus est cool ! admit Tristan. Et puis l'histoire avec Yuna est jolie...
- Berk ! C'est Final Fantasy, pas les feux de l'amour ! souffla Orson.
- Tu n'es pas objectif, Orson, tu repousses tout ce qui diffère de ton mode de pensée mollasson ! souffla Tino.
- Haha ! Exactement !
- Benjamin, tu n'es pas mieux, les jeux de sport ont de bons côtés ! J'adore les jeux de tennis, pour autant je serais incapable d'en pratiquer !
- Et puis les jeux de golf ça fait sacrément appel au timing et à la maîtrise de ses réflexes ! assura Tristan.
Orson et Benjamin semblaient embêtés.
- Quand vous discutez avec nous c'est embêtant ! geignit Orson.
- Ouais vous avez toujours des arguments... souffla Benjamin.
- Faut savoir, vous voulez débattre ou pas ? soupira Tino.
Christina et Tristan ne purent s'empêcher de rire.
***
Le quatuor était tout content quand il rejoignit le sacro-saint cours d'informatique.
- Benjamin, tu pourras m'aider pour la programmation ? soupira Orson.
- Demande à Tristan, il s'y connait mieux que moi...
- J'ai envoyé les tutos au prof, vous n'avez rien reçu ?
- Si, mais Orson ne sait pas lire ! sourit Benjamin.
Tino acquiesça.
- J'ai reçu le mail mais je maîtrise ce truc au moins aussi bien que toi.
- Au moins ?
- Hm... au moins !
Tristan grimaça. Le prof arriva, tout sourire.
- Entrez, entrez...
Les élèves entrèrent dans la salle. Dominic les laissa tous entrer, puis il ferma la porte.
- Bien ! Avant de commencer ce cours, j'aimerais informer Tristan que j'aimerais le voir à la fin du cours.
Tristan s'étonna. Tino, Orson et Benjamin le regardèrent.
- Ne t'en fais pas, rien de grave. Bien ! On va entamer la délicate partie de la création de pages web. Qui dans cette classe sait se servir de Wordpress ?
Tristan, Tino, Orson et une bonne partie de la classe leva la main. Benjamin regarda ses camarades.
- Eh zut...
- C'est moi qui vais t'aider ! sourit Orson.
Tristan secoua la tête en souriant.
- Bien. Ça va être plus simple... Ceux qui ne connaissent pas, n'hésitez pas à demander à ceux qui savent. Bon. Wordpress est un moteur de blog à la base mais qui peut tout à fait servir à créer des sites web. Pourquoi je vous parle de Wordpress, parce que c'est une base intéressante pour commencer. Notamment parce que c'est très complexe. Si on commence par le plus dur, on peut faire le plus simple après, n'est-ce pas. C'est comme commencer en utilisant Linux puis en passant à Windows !
La classe ricana.
***
Les yeux s'ouvrirent avec tendresse sur le lit douillet. Le jeune garçon se leva et en sortit pour avancer en pyjama vers la porte. La chambre est remplie de jouets.
Il sort, et la maison est pleine de lumière à l'intérieur.
Le petit garçon tâtonne vers le salon où ses parents, déjà réveillés, prennent le petit déjeuner sous la lumière chaude du début de l'été.
- Bonjour Tristan !
- Salut papaaaa.
Le grand type mal rasé mais au grand sourire très gentil déposa un baiser sur le front de son fils.
- Bien dormi ?
- Oui papa !
La mère sortit de la cuisine avec son bol de café. Une grande femme encore jeune et belle à la peau toute douce.
- Oh mon petit bout de chou est réveillé ! Je te fais tes céréales tout de suite...
Tristan regarda le bébé que tenait sa mère, emmailloté dans un linge rose
- ... j'étais en train de faire le biberon de ta sœur !
- Ok maman !
Tristan attendit son petit déjeuner alors que la radio diffusait une radieuse musique. Il observait ce petit monde en pleine ébullition.
- Tu te rappelles que c'est aujourd'hui qu'on va chez grand-mère, hein ?
Tristan acquiesça. Dylan soupira.
- J'espère qu'elle sera de meilleure humeur... moins...
- Elle avait l'air mieux la dernière fois qu'on l'a laissée... souffla Gladys.
- Oui mais bon... C'est jamais génial de voir que l'état de maman se dégrade au point qu'elle veuille en finir...
- Pas devant le petit !
- Oui, oui, pardon...
***
Le voyage en voiture se déroula normalement.
- Ta sœur est bien attachée, Tristan ?
- Oui oui.
- Elle n'a que cinq mois, ça m'embête qu'on la transporte comme ça... souffla Gladys.
- Mais qu'est-ce que tu veux qui arrive ? On est à même pas quarante-cinq minutes de la maison de repos ! Pis c'est pas comme si on restait des heures !
***
Tristan vit sa grand-mère. Une femme sèche dans tous les sens du terme.
- Je n'en peux plus. Faites quelque chose bon sang.
Dylan serra les dents.
- Maman, les infirmières font ce qu'elles peuvent.
- Non ! Elles sont méchantes ! Elles me frappent !
- Tu... n'as même pas remarqué que tu avais une petite-fille...
- Je me moque de ta petite-fille, je veux mourir !
Tristan plissa les yeux, choqué. Gladys souffla, lui prit la main et sortit.
- On t'attend dehors, chéri.
- Hm.
Gladys, Molly et Tristan sortirent de la chambre.
- Maman...
- Grand-mère est très vieille, Tristan, c'est normal qu'elle... soit comme ça. Mais ça ne veut pas dire que c'est bien. Elle est juste... fatiguée. Elle en a assez de ne rien faire.
Tristan acquiesça. Gladys soupira.
- Le problème c'est que ton père est incapable de lui dire non clairement...
Tristan se mordilla les lèvres, gêné. Dylan sortit, inquiet, et interpella une infirmière.
- Elle s'est arraché une perfusion !
Gladys ferma les yeux, lasse. Tristan grimaça, inquiet.
***
Dylan, Gladys, Molly, Tristan et la vieille dînaient à la cantine de la maison de retraite.
- Vous restez uniquement par pitié.
- Madame Edison... soupira Gladys.
- Maman, pourquoi tu n'essaies pas de reprendre la couture ? souffla Dylan.
- Ma cataracte, jeune homme. Ça t'a échappé, apparemment.
- Oui, oui, pardon.
Gladys regarda son mari.
- Chéri, il est déjà dix-neuf heures...
- Je sais mais que veux-tu...
- Oh vous pouvez partir, je ne vous retiens pas.
Tristan était très mal à l'aise. Il restait aussi silencieux et immobile que possible.
- Maman, c'est déjà bien assez difficile...
- Tout ce que je veux c'est en finir. Pourquoi tu ne veux pas demander à ces infirmières stupides de m'achever ? J'ai mal partout quand je bouge, je ne vois plus que d'un œil, c'est à peine si je peux manger toute seule. Dylan, bon sang.
Dylan semblait plus qu'embarrassé. Et que dire de sa femme et de son fils.
***
Silence dans la voiture, au retour. Il faisait sombre.
Gladys soupira.
- Je ne te comprends pas.
Dylan leva les yeux au ciel.
- Quoi, qu'est-ce que je devais faire ?
- Etre ferme, lui dire « Très bien maman, nous partons, nous reviendrons quand tu feras moins la tête ! »
- Tu crois vraiment que je peux dire ça à ma mère ?!
- Oui tu pourrais ! Si tu avais un peu de courage !
- C'est ma mère ! Je ne peux pas... Je t'ai expliqué que notre relation était compliquée !
- Oui parce que tu n'es pas capable de lui dire non !
- Tu peux parler Gladys ! Ta sœur non plus c'est pas un cadeau !
- C'est juste ma sœur, là c'est ta mère et elle a pratiquement traumatisé le petit !
- Que veux-tu que j'y f...***
Tristan avança vers le bureau du professeur alors que les élèves sortaient.
- Tu nous rejoins à la médiathèque ? demanda Tino.
- Ouais !
Les élèves partirent. Dominic regarda Tristan. Le professeur se leva et alla fermer la porte. Tristan s'étonna.
- Tristan, j'ai... remarqué tes efforts en ce moment et sache que je suis absolument ravi de ton travail.
Tristan haussa les épaules, content de lui.
- M... Merci ! Je... Enfin j'aime beaucoup votre cours, donc c'est naturel.
Dominic acquiesça.
- J'ai décidé de récompenser tes efforts en te montrant la réserve !
- La... réserve ?
- Oui, la réserve de la salle. Tu sais que j'ai du matériel rare, ici. Tu es spécialisé dans tout ce qui est hardware, il me semble.
Tristan hocha la tête.
- Eh bah alors !
Dominic se leva avec une clé et ouvrit la porte à côté de son bureau. Il ouvrit la réserve. Tristan approcha.
- Pose ton sac, voyons !
Tristan acquiesça et posa son sac. Il entra à la suite du professeur, un peu gêné. Dominic alluma la salle. Tristan écarquilla les yeux.
- Waouh !
- Eh oui !
- Oh, un Altair 8800 !! Comment vous pouvez avoir ça ?
- J'ai des contacts !
- Génial... Apple I !! Apple I, c'est dingue !
- Il ne marche plus, malheureusement...
Tristan observait les postes, impressionné.
- IBM PC 5150... Cool... Vous avez vraiment de belles pièces...
Dominic hocha la tête. Tristan le regarda. L'atmosphère changea radicalement. Le professeur commença par poser une main sur l'épaule de son élève.
- Tu sais Tristan, de belles pièces, tu pourrais... en tâter souvent.
- M...
- Chhht... Détends-toi...
Tristan ne résista pas. Sur le moment, il ignora pourquoi. Peut-être parce que son professeur était avenant, séduisant, qu'il ne semblait pas mal intentionné. Oui, c'est ça. Il n'y avait rien de violent ou de brutal. C'était juste un simple baiser. Auquel Tristan s'adonna avec hésitation. Le professeur recula et observa Tristan, tout intimidé et hypnotisé.
- Tu ne t'y attendais pas, hein ?
Tristan secoua la tête.
- J'avais... remarqué tes sourires, tes regards... Et ton petit mail, ça m'a beaucoup touché.
- M... « C'est vous qui m'aviez demandé de vous l'envoyer... »
- Tu es tellement mignon, tu me rends fou...
Tristan laissa faire son professeur. Il resta immobile quand l'homme recommença à l'embrasser. Le jeune homme, au départ troublé, ressentit progressivement un certain plaisir dans ces caresses. Ah oui, c'était profondément malsain, interdit, transgressif. Il sentit les mains de l'enseignant se rendre dans des endroits où définitivement ils n'avaient pas leur place.
- Ta peau est tellement douce... tellement...
Tristan sentait le souffle, les mains, la bouche, de l'un des enseignants qu'il respectait le plus, sur lui, sur son corps. C'était particulièrement perturbant. Les mains de l'adolescent commencèrent à bouger, mais pas pour repousser l'assaillant.
Dominic recula et regarda Tristan.
- Ça te plait ?
- Euh bah... euh...
- Ça t'embête si j'enlève ma chemise ?
Tristan secoua doucement la tête, le regard dans le vague.
***
Le jeune homme sortit de la salle une bonne quinzaine de minutes plus tard. Livide.
« Mais qu'est-ce que j'ai fait... »
Il respira bruyamment.
« J'aurais dû partir... J'aurais dû... J'aurais pas dû rester là et faire ça et... »
Tristan grimaça. « Et c'était ma première fois... »
Tristan marcha maladroitement en direction des toilettes. Il s'enferma dans un box. Il cracha longuement dans la cuvette pour se débarrasser d'un certain goût dans sa bouche. Il regarda le fond de la cuvette, tétanisé par ses propres actions.
« Je ne vaux pas mieux que Wallace... Je ne vaux mieux que personne... Robbie a raison... Je peux me voiler la face autant que je veux... je... je... »
Tristan se mit à vomir. Ca faisait des siècles qu'il n'avait pas vomi. Tout en toussant, il pleura : La douleur était intenable. Le jeune homme resta au-dessus de la cuvette des toilettes à pleurer, à la fois de la douleur et sur sa propre stupidité.
« J'aurais vraiment dû partir... Pourquoi je suis pas parti !! »
Il sortit du box après quelques minutes. Il se nettoya sommairement au lavabo. « J'ai fait quoi pour provoquer ça en plus ? Ce foutu mail... ce foutu mail c'est lui qui m'a demandé de l'envoyer... J'ai juste ajouté « ci-joint » en plus des liens... »
Tristan sanglotait. « Pourquoi j'ai rien dit, pourquoi j'ai pas bougé... »
Le jeune homme sortit dans le couloir. Il n'y avait personne, heureusement. Il hésita à se rendre à la médiathèque. Il se regarda dans les vitres de l'ascenseur pour handicapés. « Ça va j'ai pas l'air trop... »
Tristan se toucha le visage. « Robbie avait raison... bon sang... Je peux pas échapper à moi-même... »
Tristan descendit les escaliers. Il croisa soudainement Holland.
- HAAAAAAH !
- ... Monsieur Edison ?!
Tristan s'était plaqué contre le mur.
- M... Bonj... Bonjour monsieur Ten... Tenorman...
- ... tu n'es pas censé avoir cours à la médiathèque avec Helen ?
- Oui, oui, mais j'étais... aux toilettes !
- Il y a des toilettes en bas... Tu es tout rouge...
- Je... j'ai couru, celles d'en bas sont... bouchées !
- Oh. Il faudra que je prévienne la maintenance...
Tristan acquiesça. Il se mit à courir pour dépasser Holland. Il arriva au couloir d'en bas. Il marcha calmement jusqu'à la médiathèque.
Une fois près de la porte, il hésita franchement à entrer. Il se décida et entra, en espérant que personne ne remarque qu'il s'était déshabillé avec son professeur dans la réserve de la salle informatique et qu'ils n'avaient pas fait que regarder le matériel.
« Oh bon sang, bon sang, bon sang... »
Francis, Ana, Quinn et Lucy le regardèrent, étonnés.
« Qu'est-ce qu'ils ont à me regarder ? »
Tout comme Benjamin, Orson, Clive et Andréa.
« Mais arrêtez, arrêtez bon sang... »
Gina, Holly, Lilian et Léon le regardèrent aussi.
« Stop, stop, stop... »
Tout comme Santana, Rebecca, Violette et Amélia.
« Non, non, arrêtez... »
Il rejoignit la table de Tino, Christina et Robbie. Christina et Tino le regardèrent, surpris. Robbie pencha la tête.
- ... C'est à cette heure-ci qu'on arrive ?! s'étonna Tino.
Tristan hocha la tête et rajusta ses cheveux.
- Ouais, ouais... Hm-mh. On a parlé de... plein de choses.
- De quoi vous avez pu parler ?
Tristan hésita et il lâcha alors le plus gros et le plus terrible mensonge de toute sa vie.
- De... trucs personnels, par rapport à mes parents, tout ça...
Tino acquiesça.
- Ok...
- Ouais...
- On examinait de nouveau la bibliographie.
- ... oh non, encore... soupira Tristan, éteint.
- ... bah, il faut bien, je conteste toujours certains choix...
- Autant en faire trop que pas assez, nan ? Contente-toi de rajouter des livres qui te plaisent, on fera le reste.
Tino regarda Tristan, surpris. Christina regarda Robbie qui haussa les épaules.
- Euh... bah, oui, je... suppose qu'on peut faire comme ça...
Helen quitta Wallace, Perrine, Walter et Naomi pour venir voir le groupe de Tino.
- Tristan ! Dom... euh, monsieur Long t'a retenu bien longtemps !
Tristan acquiesça.
- On a parlé de plein de choses... assez difficiles.
Helen hocha la tête.
- C'est bien. C'est un type bien, c'est tout à fait bien si tu as trouvé quelqu'un à qui parler.
Christina et Robbie se regardèrent, ignorant de quoi il s'agissait. Helen hocha la tête.
- Bon, vous n'avez pas besoin de moi ?
- Non, je contrôle la situation, madame ! sourit Tino.
- Parfait...
Tristan regarda la prof partir. Il tourna la tête vers Wallace.
Wallace qui le regardait, furieusement intrigué. Tristan le fixa quelques secondes avant de se retourner vers son travail.
***
Lorsque Tristan reprit conscience, tout était sombre. Tout était douloureux. Il regarda autour de lui, il ne voyait que des formes rondes. Les phares étaient éteints et la voiture avait visiblement été se ficher contre un arbre.
Tristan avait mal au ventre et au flanc, visiblement la ceinture l'avait très bien retenu.
Il chercha à allumer une des petites lumières au dessus de sa portière.
Lorsqu'il y parvint, le spectacle était accablant et traumatisant. Son père était retourné vers lui. Il le regardait fixement.
- P... PAPA !!!
- A... pelle... les... secours...
- Papa non ! Non !! Ma... Maman !!!
Tristan s'avança et vit que sa mère était littéralement passée à travers le pare-brise.
- Oh non ! Non !! Non !
- Tris...tan...
- Papa... Papa !!!
Tristan se mit à pleurer de façon incontrôlable. Son père le regardait, à moitié mort. Tristan ne put que remarquer que la moitié de son corps était coincée par l'habitacle qui s'était renfoncé sur lui.
Et ce sang, tout ce sang...
- Non... Non... Nooooon...
Tristan se mit à sangloter. Avec ses dernières forces, son père lui prit l'épaule.
- Je suis... déso...
Tristan vit son père mourir, les yeux dans les yeux. Le petit garçon n'arrivait pas à cesser de pleurer. Et ce fut pire quand il constata que sa petite sœur n'avait pas supporté le choc et qu'elle était inerte, les yeux grand ouverts.
- Non... Non...
Tristan prit le téléphone de son père après une douloureuse fouille de ses poches. Il composa le numéro des pompiers qu'il avait appris par cœur à l'école préparatoire.
« Allô ? »
- ALLO ! AU SECOURS !!! MON PAPA ET MA MAMAN ILS ONT EU UN ACCIDENT !!!
« Calme-toi petit ! Vous êtes où ? »
Tristan regarda autour de lui. La rase campagne. Une bête route avec la rase campagne.
- ON EST SUR LA ROUTE !!!
« Quelle route ?! »
- ON VIENT DE... ON VENAIT DE... LA MAISON DE MA GRAND-MERE !!
« Où ça ? Donne-moi ton nom ! »
- JE SUIS TRISTAN MONSIEUR !
« Tristan quoi ? »
- T-T-TRISTAN EDISON, MONSIEUR !
« Tu ne vois pas un panneau ou une borne ? »
- NAN ! VENEZ VITE MON PAPA ET MA MAMAN SONT BLESSES !!!
« On va essayer de te localiser. Comment vont tes parents ? »
- J... JE CROIS QU-QU-QU-QU'ILS SONT MORTS !
« On arrive le plus vite possible ! »
Tristan lâcha le téléphone.
- Je sais... même pas... où on est... on est...
***
- ... sur la route, je... je sais pas...
L'infirmière discutait avec un policier.
- C'est un bête accident, le petit est en état de choc, il a vu ses parents et sa sœur mourir...
- Ouais, ouais... Faut le placer quelque part. Il a de la famille ?
- Ils revenaient d'une visite à la mère du père qui est en maison de retraite. La mère a une sœur...
- C'est normalement à elle que revient la garde... Vous avez un numéro ?
- Sur le téléphone de la mère.
- Bon.
Tristan, prostré, ne faisait que répéter ces mots.
- Je sais pas où on est... on est sur la route... je sais pas...***
- Nationale 6... entre Renouet et Ogoesse...
- Hein ? demanda Orson.
- Euh... non, rien, je... réfléchissais à voix haute ! sourit faussement Tristan.
La fin de la journée approcha. Les élèves sortaient de la médiathèque.
- On a bien bossé, sûrement parce qu'Orson l'a moins ouverte que d'habitude ! sourit Benjamin.
- Bah voyons, monsieur « Je m'occupe de la période antique » ! soupira Orson.
Tino hocha la tête.
- On a bien avancé aussi ! Hein Tristan ?
- Hm.
- Tu étais drôlement en retard, Tristan... fit remarquer Orson.
Tristan hocha la tête. Le quatuor s'arrêta.
- Hey les enfants !
- Bonjour monsieur Long !
Tristan leva les yeux vers un homme dont il connaissait toutes les coutures à présent.
- Tristan, j'aurais besoin de tes talents...
« Pourquoi moi, qu'est-ce que j'ai fait à ce foutu lama blanc avec un serre-tête dans le dos... »
- ... je voudrais que tu répares mon IBM PC 5150. En fait je voudrais que tu commences dès maintenant.
Orson, Benjamin et Tino regardèrent Tristan, stupéfaits.
- WAOUH ! Un IBM PC 5150 !!! s'étonna Benjamin.
- Je rêverais de pouvoir le toucher !! souffla Orson.
- La chance ! sourit Tino.
Tristan geignit maladroitement.
- Je... j'ai pas le temps...
- Je suis prêt à te payer le double de ce que tu prends actuellement.
- Fonce, Tristan, c'est la chance de ta vie !! assura Benjamin.
- Je me damnerai pour ne serait-ce qu'en voir un en vrai ! marmonna Tino.
- Si seulement je savais réparer autre chose que les trains... geignit Orson.
Tristan regarda Dominic, tout sourire. Ne voulant pas perdre la face devant ses camarades, il acquiesça.
- Ok, d'accord...
- Veinard ! souffla Tino.
- Je te jalouse, Tristan ! geignit Orson.
- Moi aussi... soupira Benjamin.
- Tu viens, Tristan ?
Tristan acquiesça et suivit le prof. Les trois autres soupirèrent, envieux.
Tristan monta les escaliers avec le professeur. Il sortit de son mutisme lorsqu'ils arrivèrent dans le couloir.
- Pourquoi ?
Dominic se retourna.
- Pourquoi moi ? Qu'est-ce que j'ai fait de si particulier ?!
Dominic acquiesça.
- Rien. Tu es juste plus mignon que les autres. Tu as un sourire absolument craquant. Tu es talentueux. C'est ça que j'aime chez toi, ton talent pour l'informatique. Je pense qu'on peut avoir une relation tout à fait sympa, toi et moi.
- ... je suis votre élève !
- Et alors ? Tu es un homme, non ? Tu es un adulte.
- ... je sais pas, je...
- Tu avais l'air d'aimer ce que je te faisais tout à l'heure, en plus. Ne dis pas le contraire.
Non, en effet, il ne pouvait pas dire le contraire. Il avait aimé.
- Ça restera très discret, ne t'en fais pas. On se voit juste en coup de vent, de temps en temps. Pour prendre un peu de bon temps. Hein ?
Tristan hésita.
- Je... je sais pas...
- Moi je sais. Viens.
***
- Ça va ?
Wallace hocha la tête en regardant Perrine alors que Naomi poussait Walter.
- Ouais, j'sais pas... j'ai trouvé Tristan bizarre.
- Il est juste arrivé en retard...
- Il était bizarre.
- Ça te préoccupe, maintenant ? s'étonna Walter.
- Bah... j'sais pas... il était tout cool toute la journée, et là... il était comme... mort.
- Ah oui tu l'as beaucoup regardé quand même ! sourit Naomi.
- Vous foutez pas de moi ! J'vous dis que c'était bizarre !
Perrine soupira.
- Tu n'as qu'à lui parler.
- Il ne veut pas me parler.
- T'excuser... suggéra Naomi.
- Plutôt crever.
- Parler à ses amis... continua Walter.
- Ils me détestent aussi ! souffla Wallace. Surtout Ricky Martin.
- On dirait les paroles d'une comédie musicale... souffla Perrine.
Wallace soupira.
- Vous êtes lourds ! Pour une fois que je me fais sincèrement du souci pour quelqu'un !
- Comme par hasard pour Tristan... marmonna Naomi.
- Ouais, pourquoi Tristan ? s'étonna Walter.
- La baaaaaaaarbe !!!
***
Etienne Daho – Quand tu m'appelles EdenDominic ferma la réserve à clé. Il enleva d'abord sa chemise. Tristan, face à lui, fit de même.
- T'es vraiment craquant...
Dans la tête de Tristan, ces paroles sonnaient faux. « T'es juste un trentenaire qui cherche de la chair fraîche... »
Petit monstre, petite teigneDominic s'approcha avec la volonté d'embrasser Tristan qui ne se refusa pas à lui. « A quoi bon, après tout... »
Démon à apparence humaine
Mon ballon d'oxygèneTristan se laissa caresser par les mains adultes. Il essayait de s'oublier un peu.
- Y'a des couvertures dans le fond... chuchota le professeur à son élève.
Tu me plais, car tu me touches beaucoupTristan se dirigea vers le fond de la réserve. Le professeur en profita pour lui déboutonner son pantalon.
J'aime tes fruits défendus, ton cul haut perché,
Comme ces statues africainesDominic palpa ces fesses dont il était visiblement un fanatique.
- Tu es tellement mignon... tellement sexy...
Tristan plissa les yeux. « Tu parles... »
Toi la liberté même,
Tu me plais oh vraiment j't'aime beaucoup
Mon petit trésor à moiLes deux hommes s'allongèrent sur les couvertures au fond de la pièce. Tristan se découvrit une fascination pour les néons au plafond. Dominic s'en donnait à cœur joie sur son corps. Le plus jeune des deux ne pouvait s'empêcher de gémir.
Je suis ton Sugar DaddyDominic remonta au niveau du visage de Tristan.
- Ça va ? Tu es à l'aise ?
Tristan hocha la tête. Dominic recommença à l'embrasser avec sa bouche toute sale qui avait été partout sur lui.
Et tu viens d'un pays où les p'tits rois et les p'tites reines
Ont un p'tit blèmeTristan était obligé d'apprécier à certains moments, tout de même, de gré ou de force. Ainsi, les étreintes n'étaient pas si désagréables.
Avec la morale chrétienne
Antédiluvienne
Ça me plaît, ça me touche beaucoupReste que c'était un professeur. Tristan ferma les yeux alors que son caleçon lui était peu à peu retiré. « Pense à quelqu'un d'autre... pense à... pense à Wallace ! »
Quand tu m'appelles Eden...
Eden...
Eden... Le professeur retira lui-même ce qui lui restait d'habits.
- Tu l'as si bien fait tout à l'heure, tu vas bien le refaire maintenant ?
Tristan, soumis à l'autorité professorale, ne put qu'obtempérer.
Je suis ton sugar daddyLe professeur gémissait. Tristan fermait les yeux et ne pensait pas à ce qu'il était en train de faire. Surtout, il se sentait terriblement stupide, incapable de dire non à quelque chose d'aussi répugnant.
Et tu viens d'un pays où les p'tits rois et les p'tites reines
N'ont aucune gêneLorsqu'il eut fini, son professeur tint absolument à l'embrasser. Tristan était prêt à vomir de nouveau.
Avec leurs zones érogènes, mon hallucinogène, phénomèneTristan laissait le professeur faire ce dont il avait envie. D'autant qu'il était assez doué dans certains domaines. Tristan ferma les yeux. « J'aurais dû dire non. C'est ma faute. »
Oh vraiment j'aime beaucoup- Tu me dis, si je te fais mal.
Bah tiens. Comme si ça allait l'arrêter.
Quand tu m'appelles Eden...Tristan se crispa. Il avait envie de hurler. Mais heureusement son cher et tendre amoureux de professeur l'embrassa goulument sur la bouche. Plus Tristan l'embrassait, plus il le trouvait mauvais à ça. Répugnant. Balourd.
Eden...« Pense à Wallace, Tristan, pense à un homme pour qui tu as au moins un tant soit peu de sentiments... »
Eden...« Et attends que ça finisse... »