Le manoir de l'étrange
C'était une nuit d'orage, le ciel grondait et le vent faisait claquer les vitres. Soudain le cri d'un enfant perça la nuit, c'était celui d'un bébé, un bébé qui réclamait sa mère. Et sa mère, c'était moi !
Je m'appelle Espérance. Quel prénom ! Ma mère me disait toujours que j'étais son rayon d'espoir et que j'avais illuminé sa triste vie. Il n'empêche que j'ai toujours eu du mal à le porter. Je vivais à Unys, et plus précisément à Arpentières. Nous vivions dans un manoir un peu caché dans une vallée du Mont Renenvers. C'était un endroit magnifique où il faisait bon vivre. Aujourd'hui l'endroit est déserté et a la réputation d'être hanté, d'ailleurs les gens l'appelle le manoir de l'Etrange, surement pour se moquer de ses anciens propriétaires, les Lestrange.
Donc voilà, je m'appelle Espérance Lestrange, j'ai 44 ans et je vais vous conter mon histoire.
Il y a 20 ans, je me suis mariée avec un riche héritier d'Unys : Richard Collay-Monté. Sa famille détenait de nombreuses villas à Vaguelone et dans tout Unys et ils étaient richissimes. En plus de cela, Richard s'était créé en empire dans la technologie, rivalisant ainsi avec la célèbre Sylphe Sarl. Richard et moi avions décidé de reprendre le manoir familial à Arpentières, et c'est là que nous avons établi notre vie. Les gens pensent qu'après un certains nombres d'années de mariage, le couple ne ressent plus d'amour, mais c'est faux, mon mari et moi nous nous aimions toujours passionnément, même après 20 ans de mariage ! D'ailleurs nos enfants nous le reprochaient, c'est vrai que ça doit être chiant de voir ses parents se comporter comme des ados qui s'aiment à la folie. Nous avons eu six enfants, c'est énorme je sais ! Nos enfants étaient tous plus beaux les uns que les autres.
Notre aînée, Lucie, était d'une grâce extraordinaire, elle était belle, intelligente et drôle. Elle était toujours prête à aider les autres, à tel point qu'elle s'était développée un orgueil surdimensionné. Elle devait aider tout le monde, sauver les Pokémons, la forêt, etc....Bref, elle voulait sauver le monde ! Elle se mettait dans de ces situations parfois, et en plus elle voulait toujours se débrouiller toute seule ! En plus de son orgueil, elle était impulsive et très instinctive, ce qui n'arrangeait pas les choses... Elle ne se séparait jamais de son Charmina que nous lui avions offert pour ses quatre ans. Ah, ce Charmina il était redoutable, c'est avec lui que Lucie a remporté le grand festival d'Unys, quelle victoire !
Après Lucie, nous avons eu des jumeaux : Tom et Léo. Ah, ces deux là ! C'étaient des monstres ! Ils enchainaient conneries sur conneries et ne s'arrêtaient pas, ils étaient inséparables et ne faisaient jamais rien sans l'autre. Ils avaient des tempéraments de feu, c'étaient des battants et de puissants dresseurs. Léo avait un Arcanin, grand et musclé, d'une puissance à couper le souffle, et Tom avait un Feunard, beau et élégant, d'une force incroyable ! Ce qui est marrant c'est qu'Arcanin et Feunard reflétaient bien la personnalité et le physique de mes deux garçons.
Après les jumeaux, il y a eut Chloé ! Ma Chloé, qu'est ce qu'elle était mignonne ! Elle aimait beaucoup la musique et jouait souvent du piano, à chaque fois j'étais émue. Elle était douce et gentille, un peu l'opposé de Lucie ! Elle allait souvent passez des heures dans le jardin avec son Kirlia, toutes les deux. Elles cueillaient des fleurs et jouaient ensemble. Souvent elles me rapportaient un bracelet de pâquerettes tressées, c'était mignon ! Chloé aimait beaucoup son Pokémon, elle l'avait recueillie alors que c'était un petit Tarsal, elle était blessée et fatiguée et s'était perdue (c'est une femelle). Chloé s'en occupa et remit rapidement le petit Pokémon sur patte qui ne voulut désormais plus la quitter.
Ensuite il y a eut Max. Lui, par rapport à ses frères, il était extrêmement calme, il jouait dans les rochers avec son Scalpion, il jouait à l'aventurier et au Pokémon Ranger. Il rêvait d'être un Ranger, si bien que je lui offris un faux Capstick pour son anniversaire, il était aux anges ! Il était fan de ses deux grands frères qui l'entraînaient toujours dans des bêtises, je retrouvais toujours le petit Max traumatisé après avoir passé une après-midi avec les jumeaux.
Enfin, ma petite dernière, Emma. Mon petit bébé ! Je pense que je lui offrirais un Evoli car elle aime beaucoup la poupée du Pokémon évolution. Emma est ma plus belle réussite, je l'aime tant. Elle ne pleure jamais, elle ne fait que rire, toujours le sourire aux lèvres. Bref, je suis dingue de mes enfants !
Au moment de notre histoire, Lucie a 18 ans, les jumeaux en ont 15, Chloé a dix ans, Max en a 6 et Emma 2.
La tragédie commence par un beau matin du mois de mars, de nombreux Poichigeons picorent dans la cour de la maison et des Ceribou chantent sous le cerisier en fleurs. Lucie, Thomas et Léo parcourent les routes d'Unys pour devenir les meilleurs dresseurs/coordinateurs. Seuls Chloé, Max et Emma sont avec moi. La maison est calme et je suis heureuse. Je ne soupçonnais pas les horreurs à venir.
Comme Chloé est encore trop jeune pour devenir dresseuse, elle reste souvent à la maison. Mais la plus part du temps, elle va jouer sur le Pont de l'Inconnu avec Kirlia et une de ses amies de Méanville. Je ne sais pas pourquoi mais elle adore cette endroit, elle peut y rester toute la journée. Je ne sais pas trop ce qu'elle fait, mais à chaque fois qu'elle y va, elle rentre émerveillée. Aujourd'hui encore, elle voulait y aller et comme je n'y vois aucun risque, j'accepte.
- Tiens, prend mon Gueriaigle et vas-y ! Je viendrai te chercher puis on ira prendre une glace à Méanville, dis-je
- Oui maman ! Merci beaucoup ! répondit-elle en s'emparant de la Pokeball du Pokémon oiseau
- Allez, amuse toi bien, et à tout à l'heure !
Chloé s'envole vers d'autres cieux et je la regarde partir, toute contente.
Deux heures après, je sors de mon atelier, et oui je suis peintre Pokémon à mes heures perdues, et commence à me préparer pour notre petite escapade mère-fille à Méanville. La nounou s'occupe de Max et d'Emma, je n'ai donc aucun souci à me faire. Je sors de la maison et cherche dans mon sac une Pokéball. Ah ! C'est celle de Lackmécygne, exactement celle que je cherchais. Je la lance et vois apparaître mon magnifique Pokémon, mon premier d'ailleurs. Je lui grimpe dessus et nous nous envolons vers le pont. La distance à parcourir n'est pas très longue et j'arrive rapidement devant l'entrée du pont de la route 16. Les portes coulissantes s'ouvrent et je suis stupéfaite par ce que je vois. L'accès au pont est bloqué par la police et de nombreuses personnes attendent dans le sas d'entrée. Il y a une forte agitation, bizarrement, il n'y a pas Chloé. Je m'approche d'un policier et lui demande :
-Excusez-moi monsieur, que se passe-t-il ?
- Nous ne savons pas encore, mais il y a eut un accident
- Je pourrais accéder au pont, ma fille m'attend dessus et je la cherche.
- Non madame, veuillez patienter comme tout le monde ! me répond sèchement l'agent
Je prends mon mal en patience et m'approche d'un distributeur et m'achète un soda cool. Je reste debout car tous les bancs sont occupés. J'attends. D'après ce que j'entends des bribes de conversations de commères situées à coté de moi, il y aurait eut un grave accident sur le pont et quelqu'un serait mort. Je suis légèrement inquiète et pour me détendre, je sirote mon soda tranquillement. Soudain des policiers sortent de l'ascenseur et expliquent que d'après les témoins, une petite fille serait tombée du pont. Je commence à devenir assez angoissée et m'approche des policiers pour comprendre ce qu'il se passe. Je n'ai pas eut besoin de poser de questions, un agent arrive en courant et a un objet dans ses mains.
Tout se fige autour de moi. Ma respiration devient bruyante et des gouttes de sueurs perlent sur mon front, des frissons me parcourent et je me mets à trembler. L'homme qui vient d'arriver a dans sa main une écharpe, une écharpe jaune tricotée à la main ! C'est celle de Chloé, je la reconnaîtrais entre mille puisque c'est ma mère qui la faite ! La bouteille de Soda cool me glisse des mains puis je reste paralysée quelques instants. Au bout de quelques secondes, je sors de ma torpeur et me mets à courir, j'enjambe la barrière de sécurité et me précipite vers l'ascenseur.
- Madame, s'il vous plaît veuillez patienter !
- Cette...cette....cette écharpe est a ma fille ! dis-je la voix emplie de larmes
- Vous n'avez pas le droit de continuer madame, pour des raisons de sécurité...
- Vous n'avez pas compris, ceci est à ma fille, il lui est arrivé quelque chose ! Chloéééé ! Chloéééé ! Dis-je en hurlant de peur et d'angoisse
L'ascenseur arrive et je me précipite dedans, les policiers restent stupéfaits devant moi et n'interviennent pas. L'ascenseur monte, ça dure une éternité et la panique me saisit de plus en plus, je suis terrifiée. Les portes s'ouvrent et j'arrive sur le pont. Je cours, je cours en criant : « Chloééééé ! Chloééééé ! Ma chérie ! »
Là ! Je vois son Kirlia, recroquevillée sur elle-même, toute tremblante et poussant de petits gémissements. A coté d'elle, la police s'agite autour d'un endroit où la rambarde du pont a cédé. Kirlia me voit et s'approche de moi. Elle a les yeux remplis de larmes et mon arrivée la blesse, la frappe, à cause de toutes mes émotions qu'elle réussi à capter. Elle ressent ma douleur. Elle veut me montrer quelque chose, elle me regarde de ses grands yeux puis d'un coup des images apparaissent dans ma tête, les images de la disparition de Chloé.
Ma fille était là, accoudée à la barrière, son amie venait de partir, elle m'attendait. Elle regardait l'étoile d'Unys passer lentement sous le pont et les Roucouls qui batifolaient sur les câbles du pont. Elle avait l'air heureuse. Puis un bruit sourd, un bruit de métal qui se tord, se fait entendre. La rambarde pète et Chloé qui n'a pas eut le temps de réagir, perd l'équilibre et tombe du pont. Son écharpe, qui était juste posée sur ses épaules, s'enroulent autour de la barrière. L'enfant chute dans le vide, elle hurle et les derniers mots qu'elle crie sont : « Kirliaaaaa ! » Puis de nombreuses secondes après, on entend le bruit de son corps qui s'écrase dans l'eau.
Les images disparaissent, j'hurle, je me mets les mains sur le visage, m'écroule sur le sol et pleure, pleure toutes les larmes de mon corps :
- Aaaaaaaaah !! Chloéééééééééé ! Chloééééééééééé !
Des passants, des témoins, des policiers se précipitent sur moi en hurlant : « Madame, madame, tenez le coup ! Madame.... »
Le son de leur voix se perd, je ne ressens plus que la main de Kirlia dans la mienne, puis après c'est le noir total.
Lorsque je me réveille, je suis dans ma chambre. Les volets sont fermés et la salle est plongée dans la pénombre. Un feu crépite dans la cheminé, mon mari est assis là, dans un fauteuil et regarde les flammes qui s'agitent. A coté de moi se trouve une infirmière Joëlle avec un Leveinard.
- Aïe ! Ma tête..., dis-je en quittant mon lit
- Monsieur, monsieur ! Votre femme est réveillée ! s'exclame l'infirmière
- Chérie, quel soulagement ! dit-il en me serrant dans ses bras
- Ah ! Richard..., dis-je en perdant la voix
- Tu es restée endormie pendant trois jours, j'ai appris la nouvelle peu de temps après, je...je...
Soudain, je revois tous les événements sur le pont de l'Inconnu, je me remets à pleurer, hurler, crier « Chloééééééé ! » puis je m'écroule sur mon lit, à nouveau évanouie. C'est ainsi que pendant trois mois mon état ne s'améliore pas. Je passe des crises de nerfs, de tristesse et d'angoisse, à la déprime, le regard figé sur le plafond. J'ai de la fièvre, des tremblements, des frissons et des spasmes. Si je ne suis pas malade, je me remets à faire des crises. Je pleure, j'hurle, je m'arrache les cheveux et me frappe la poitrine en répétant sans cesse le nom de Chloé. Si je m'agite trop, le Leveinard chante une berceuse pour me calmer et me renvoyer au pays des rêves. Pendant tout ce temps, Lucie s'occupe de moi. Elle me nourrie, me parle, s'occupe de moi. Sans doute pour éviter qu'on tombe toutes les deux dans une dépression. Elle est toujours à coté de moi, elle est si gentille. Elle a abandonné les concours d'Hoenn pour être auprès de moi.
Un jour, alors que je suis dans la phase mollesse, c'est-à-dire celle où je scrute le plafond, j'entends quelqu'un jouer au piano. Une douce musique, belle mais mélancolique, me vient aux oreilles et m'apaisent. Sans réfléchir, je sors de mon lit et quitte la chambre, je traverse le couloir et descends les escaliers pour arriver dans l'entrée. Là, je vois Lucie jouer. Je m'approche d'elle et voit qu'elle pleure. Je la sert dans mes bras, elle s'arrête de jouer et pleure de plus belle. Nous restons un quart d'heure comme ça, sans parler.
C'est bon, je me sens beaucoup mieux, la maison a repris de la vie et moi aussi. Lucie est restée pour s'occuper de moi ainsi que d'Emma et de Max. Les jumeaux rentrent demain. Lucie me demande si elle peut sortir ce soir, j'aurais bien aimé qu'elle reste avec moi, mais il fut bien qu'elle s'aère un peu l'esprit elle aussi.
Pour accéder à la maison, il faut suivre un petit sentier au fond d'un défilé, la nuit le chemin est assez glauque mais je pense que Lucie n'a pas peur. Je la laisse partir sans crainte. Je tente de m'endormir tranquillement, Richard n'est pas là, il est à Janusia pour un contrat, il rentrera demain. Je suis donc seule avec Emma et Max ce soir. Je tourne et me retourne dans mon lit, je ne trouve pas le sommeil. J'entends des hurlements de Granhyena dehors, et ça ne me rassure pas. Minuit sonne et je m'endors, tuée par la fatigue des trois mois passés.
Le lendemain, Lucie n'est pas là. Elle est surement partir faire un truc, son lit est fait et ses affaires ne sont pas là. Moi, je me dépêche, je dois retrouver Richard à la piste d'atterrissage d'Arpentières. Il est 10h30, il faut que je me dépêche. Je prends Emma avec moi et file vers la petite ville des montagnes. Je traverse le petit sentier des gorges, longe l'entrée des grottes du mont Renenvers et arrive à Arpentières. J'aime beaucoup ce village. Richard m'attend dans le bâtiment du service Fret aérien, je le rejoins, nous nous embrassons puis rentrons à la maison.
- Bonjour Esperance, bonjour Richard ! Comment allez vous ? demande un habitant d'Arpentières
- Très bien et vous ! répond Richard
- Vous n'avez pas appris la nouvelle ?
- Non ! De quoi vous parlez ? je réponds
- Eh bien on a retrouvé un cadavre dans la montagne ce matin la personne a été dévorée par les Granhyena, elle est méconnaissable !
- Ah quelle horreur ! s'exclame Richard, on peut aller voir ?
- Ah non ! C'est monstrueux ! Je rentre à la maison.
- Allez chérie !
- Bon, ok mais on regarde puis on repart.
- Mais comment pouvez-vous savoir que ce sont des Granhyena qui ont fait ça ? demande Richard
- Et bien, c'est assez reconnaissable, vous verrez par vous-même ! explique notre ami
On y est donc allé. Le cadavre était sur un flanc du mont Renenvers, une pluie de cendre tombait du volcan et une odeur de souffre se répandait dans l'air. Le manoir était en contrebas.
- Regardez ! C'est là ! dit notre ami en soulevant un tas de pierre qui faisait office de tombe.
C'est horrible. Il y a sous ce tas de rocher un corps complètement défiguré par les Granhyena. Le visage était lacéré de coup de griffe, le flanc est troué et du sang en jaillit. Les os sont brisés et on voit des énormes traces de griffes. Les bras sont mordus et les os sortent de l'épaule. Le corps repose dans une flaque de sang. Déjà des petits Rapions dévorent la chair encore un peu fraiche. D'énormes traces de Pokémon loup entourent le cadavre
- AAAAH ! je crie
- Qu'y a-t-il ? demande Richard
- Tu ne reconnais pas ce corps ! Ce pull rose, c'est celui de Lucie ! Ahh ! Quelle horreur
Je n'ai pas le temps de pleurer, un cri horrible de petit garçon provient de la maison. Je regarde autour de moi, Emma est dans mes bras ; mais où est Max ?
- Max ! Maaaaaaax ! je hurle
- Quoi ! dit Richard le visage tordu par l'angoisse
- J'ai laissé Max à la maison ! Les Granhyena ! dis-je en dévalant la pente qui menait à la maison
Richard me suit et nous nous précipitons vers la maison. La porte est brisée et la maison en désordre. Je crie le prénom de mon petit garçon mais personne ne répond. Richard part fouiller les étages pendant que je me dirige vers le jardin. Tout semble calme. Au fond du jardin se trouve une grande mare où Max a l'habitude d'aller jouer. Je m'approche de celle-ci et ne voit rien. Soudain, je discerne dans les lentilles d'eau une paire de petites bottes rouges qui flottent sur l'eau. La peur me saisit et je m'approche des bottes, l'eau est teintée de sang et là, je découvre dans les roseaux le corps de mon fils mort. Lui aussi a été tué par les Granhyena, son corps a été brisé par la puissance des mâchoires du Pokémon, beaucoup de sang se déversen dans la mare. J'hurle, j'appelle Richard qui arrive en courant et découvre l'horrible spectacle. D'énormes traces de Pokémon apparaissent dans la boue.
- C'est étrange, il y a que les traces d'un seul Pokémon, d'habitude les Granhyena agissent en meute...s'interroge Richard
Moi, pendant ce temps, je fulmine, la rage s'empare de moi. Mon visage se crispe et se déforme sous les effets de la colère et de la haine, je deviens agressive et ne parviens pas à me contrôler.
- PEU IMPORTE ! COMMENT OSENT-ILS TUER MES ENFANTS !
- Chérie calme toi, dit Richard au bord des larmes
- NON ! O TOI GRANHYENA, SACHE QUE MA HAINE ET MA RAGE NE CESSRONT PAS TANT QUE JE NE T'AURAIS PAS TUE DE MES PROPRES MAINS ! je crie
Sur ce, je pars dans la montagne en prenant quelques affaires et en laissant Richard seul face aux cadavres de ses enfants. Je me suis mise à chasser le Granhyena. Pendant deux semaines je passe mes nuits dans les montagnes à traquer le tueur, je deviens une bête. Le moindre son, la moindre odeur me fait réagir, j'ai besoin de tuer ! Pendant la journée j'essaie de trouver des indices, des endroits où je pourrais trouver le monstre. Je suis rageuse et colérique, la moindre remarque de ma famille me met hors de moi.
Et enfin, une nuit, je trouve la bête. J'étais sur un rocher, assise et j'essayais de percevoir l'odeur du monstre lorsque j'entendis son hurlement. Je me précipite alors vers l'origine du bruit et là, je le découvre dévorant un Groret. C'en est trop, il faut le tuer !
Le Granhyena se retourne et me voit, il est énorme ! Il a une musculature extrêmement développée, de puissantes pattes et un regard effroyable. Du sang dégouline de sa gueule. Il a une taille peu ordinaire pour un Granhyena.
Je sors une Pokéball et libère mon Gallame. Les deux Pokémons se regardent, l'un en face de l'autre. Ils s'échangent des regards de haine, puis d'un coup je dis : « Gallame, Lame-feuille ». Le Pokémon lame court vers son adversaire et le frappe violemment, le Granhyena, surprit d'être attaqué n'a pas réagit. J'en profite et ordonne à Gallame d'utiliser dance lames. Puis d'un coup, le monstre tueur fonce sur mon Pokémon et lance une attaque Ball'ombre surpuissante que Gallame se prend de plein fouet. Celui-ci se relève et lance Casse-brique que la bête évite. Celle-ci, grâce à la vitesse prise par son esquive, court vers Gallame et lui mâchouille le bras. La douleur doit être abominable. « Gallame utilise Casse-brique avec ton autre bras ! » Le Pokémon frappe la tête de Granhyena qui poussa un hurlement de douleur « Enchaine avec Plaie-Croix ! » Gallame attaque son adversaire avec ses deux bras et ouvre une plaie sur son flanc. Le monstre riposte avec Vibrobscur qui blesse mon Pokémon. Les deux combattants sont essoufflés et commence à fatiguer. Ils échangent à nouveau un regard et les yeux de Granhyena étincèlent de rage. Soudain, la bête fonce sur Gallame à une vitesse affolante puis fait un incroyable saut, sa mâchoire se met à briller et une aura sombre se forme autour de sa gueule. Craignant une nouvelle attaque Ball'ombre, j'ordonne à Gallame d'utiliser Casse brique lorsque Granhyena sera au dessus de lui. « MAINTENANT » je hurle !
Le puissant bras de Gallame frappe les côtes du monstre. Celui-ci hurle, j'entends le craquement des os qui se brisent. La bête tueuse s'écroule sur le sol, morte.
- ENFIN ! je dis en jubilant, SALE CHIEN !
Je fonce sur le corps du Granhyena et commence à donner des coups de pieds dans le cadavre en hurlant et en criant de rage. Mes enfants sont vengés. Je ris d'avoir enfin tué le monstre, mais le rire qui sort de ma bouche est effrayant, il m'a moi-même surpris. C'est un rire presque diabolique. Puis je continue à frapper le cadavre. Je m'apprête à donner un nouveau coup lorsque la main de Léo me saisit le bras, Tom arrive derrière lui
- MAMAN ! ARRETE ! Crie Tom
- NON !! je hurle avec la voix pleine de haine.
Je commence à me débattre et mes deux fils saisissent mes bras pour me stopper.
- LAISSEZ-MOI ! LAISSEZ-MOI !
- Calme-toi maman, CALME TOI ! dit Léo
- JAMAIS !! IL A TUE LUCIE ET MAX ! C'EST UN MONSTRE !
- C'est toi qui devient un monstre, tu ne ramèneras jamais Lucie et Max ! Ni Chloé d'ailleurs ! répondit Tom
- NON !! NON !! je continue mais ma voix commence à dérailler, Lucie, Max ! Lucie ! Max ! Noooon ! je m'effondre et pleure toutes les larmes de mon corps, je pleure enfin la mort de mes enfants.
Tom et Léo me ramène à la maison, nous sommes tous les trois en larmes. J'avais enfermé ma douleur dans la haine et la rage, je me sentais enfin libérer. Je suis restée deux jours au lit puis je me suis rapidement remise de mes émotions. Je me suis habituée à la tristesse. J'ai perdu trois enfants en quatre mois. Mais je suis devenue maussade, sombre et fermée sur moi-même, comme nous tous d'ailleurs. La maison devient vide et glauque, elle commence à faire peur à voir. Le jardin tombe en friche et l'on ressent la souffrance de ses habitants lorsque l'on y vient. Pour éviter de tomber dans la dépression, je décide de faire comme M. Fuji à Lavanville à Kantô, c'est-à-dire m'occuper des Pokémons blessés, abandonnés ou perdus. De nombreux Pokémons vivent dans la maison, le jardin revit un peu et mes journées s'éclairent légèrement. Léo est parti tenter le Pokémon World Tournament à Port Yoneuve. Il ne reste plus que Tom, Emma, Richard et moi. Un soir au diner je dis :
- Sur le Granhyena, j'ai vu une chose étrange, il avait une marque sur la patte avant droite.
- Quel genre de marque ? demande Richard
- C'était une marque gravée au fer rouge, il y avait un P majuscule entouré d'un éclair
- Je vois pas ce que ça peut être, répond Richard
- Je sais...je dis
- Tu sais quoi ? demande Richard
- Je sais que tu sais ce que c'est. Je connais ce regard, celui qui montre que tu caches quelque chose
- Hum...et bien ce symbole, c'est celui de la Team Plasma
- La team Plasma ? Que viendrait faire la Team Plasma dans l'histoire ? demande Tom
- Et bien c'est assez compliqué, répond Richard
- Explique-nous ! je dis
- Et bien ça remonte il y a trois ans. Ghétis, le leader de la team Plasma était venu me voir pour me demander si je voulais lui vendre mon entreprise. Je savais que la team Plasma était, la plus part du temps mal intentionnée, donc je refusai. Il insista en me proposant des choses extraordinaires mais j'étais catégorique. Il repartit furieux et je crus ne jamais le revoir. Mais il revint un mois plus tard pour me proposer une nouvelle offre. Lorsqu'il entra dans mon bureau, il semblait plus mauvais que la dernière fois, plus noir. Il me demanda si j'acceptais de lui vendre le manoir et tout son contenu. Je lui répondis que ma famille vivait là-bas depuis une éternité et que je ne la vendrais pas. Alors, il s'approcha de moi et me saisit la main : «Votre femme attend un enfant, une fille, elle se nommera Emma. Son futur est radieux, elle accomplira de grandes choses et sera une puissante dresseuse avec la faculté de communiquer avec le cœur des Pokémons. Ce sera une femme extraordinaire » Malgré sa prédiction, je refusais toujours de lui vendre la maison. Furieux il me jeta un regard noir et dit « Soit ! Dans ce cas, je vous maudits ! Que jamais votre famille ne connaisse le bonheur, que le Mal et les ténèbres s'emparent des votre et les punissent ! Quant à votre petite fille, que jamais elle ne vive heureuse ! Que sa vie ne soit que cauchemar et malheur ! » Sur ce, il sortit de mon bureau, me laissant seul. Effrayé, j'en ai parlé à ta mère. Celle-ci ma dit que si Ghétis désirait la maison c'était pour Cresselia. D'après elle, la maison avait été construite sur un ancien sanctuaire dédié à ce Pokémon et il en resterait des ruines dans la cave. Elle m'expliqua que dans la cave, il y avait une véritable Lun'aile, capable d'invoquer Cresselia. Elle me conseilla d'appeler celle-ci pour lever la malédiction. C'est ce que je fis. Le Cresselia m'apparut et rayonna d'une douce lumière, la malédiction était levée mais je ne sais pas si c'est notre malédiction ou celle d'Emma qui est levée...
- Pourquoi tu me l'as jamais dit ? je demande
- Parce que tu étais enceinte et je ne voulais pas t'effrayer !
Après ces étranges révélations, nous sommes partis nous coucher, demain c'était la finale du tournoi de Port Yoneuve et Léo participe y participe.
Le lendemain, je m'occupe des Pokémons perdus tranquillement, Tom est parti faire une course à Arpentièrers. J'allume la télé et cherche la chaine qui montre le tournoi. Bizarrement je ne la trouve pas. Pour faire passer le temps, je regarde les infos et là, je découvre la nouvelle. L'écran montre une journaliste dans un hélicoptère qui tourne autour de Port Yoneuve. Une épaisse fumée s'échappe du port et il y a un incendie, c'est la panique générale dans la ville. Puis la présentatrice parle : « C'est effroyable, cette nuit une bombe a explosé dans le port, le stade du PWT a explosé ainsi que le centre Pokémon construit spécialement pour le tournoi. Les quatre bombes étaient surpuissantes, il ne reste plus rien des bâtiments, c'est une vision de chaos total. A l'heure actuelle nous n'avons toujours pas trouvé de survivants. Le gouvernement vient de proclamer cette explosion comme terroriste, nous attendons de plus amples informations. »
Je reste figée devant la télé mais une secousse provenant de dehors me tire de ma torpeur. Je ne réussi même pas à être triste, ça commence à devenir habituel. La seule question qui me tracasse c'est comment je vais l'annoncer à Tom. Je sors de la maison et me dirige vers l'origine de la secousse, c'est-à-dire le petit sentier de la gorge. En marchant, je passe devant la tombe de Lucie, et là ma gorge se sert. Je continue mon chemin et m'arrête, stupéfaite. Il y a eut une avalanche et d'énormes rochers sont tombés sur le chemin. Je m'approche pour voire s'il n'y a pas de dégât et découvre une main sortant du tas de pierres. Effrayée, je m'approche du bras qui ne bouge pas, je soulève quelques petite pierres en sachant déjà ce que j'allais trouver.
Je ne suis pas surprise. Sous les pierres je découvre le corps de Tom. Il est mort. Je lâche le rocher que j'avais dans les mains, pousse un cri et court vers la maison. Sans réfléchir, je monte dans ma chambre et cherche dans les tiroirs de Richard. Il est là ! Le pistolet ! C'est fini, j'en ai marre de ce calvaire, ma vie n'est que mort et malheur, à quoi ça sert de vivre sachant que j'ai perdu tout ce que j'aimais ? Je n'en peux plus, je serais enfin libérée ! Mes enfants sont tous morts en un an, je n'ai plus aucune raison de vivre. L'espoir m'a complètement quitté. J'approche l'arme de ma tempe sans aucune hésitation et sans aucun regret, je m'apprête à tirer, lorsque le cri d'un bébé me ramène à la réalité. J'avais oublié Emma ! Je ne peux l'abandonner ! Quelle idiote d'avoir penser au suicide. Je range le pistolet et court dans la chambre de ma petite fille, je la prends dans mes bras et de grosses larmes amères coulent de mes joues. Je murmure « Oh Emma, ma petite Emma, maman est là ! »
Après la mort des jumeaux, Richard et moi ne nous voyions plus. La nuit, les visions de nos enfants nous hantent lorsque nous dormons ensemble. Vivre ensemble devient insoutenable. Seule Emma nous unit. Un jour, Richard m'appelle : « Chérie, rejoins moi au bureau, laisse Emma car la team Plasma rode à Volucité, j'ai quelque chose d'important à te dire »
Quel étrange appelle ! J'hésite à prendre Emma mais Richard m'a dit de la laisser...je préfère suivre son conseil, il a toujours été sage. J'ai quand même un mauvais pressentiment. N'écoutant que mon instinct, je descends à la cave et vais chercher la Lun'aile. C'est une vraie ! Elle est magnifique et brille d'un éclat phosphorescent, elle est toute douce. Je remonte dans la chambre et mets la plume de Cresselia autour du coup d'Emma. Ensuite je mets Emma dans la bibliothèque puis je dis :
« O toi Cresselia, protectrice de notre maison et déesse des rêves et de la Lune, protège Emma de ta lumière divine, que jamais malheur ne lui arrive. Que ton éclat lunaire la guide toujours ! »
Ensuite je quitte le manoir, en laissant tout les Pokémons que j'avais adoptés, ils veilleront sur ma fille. Enfin, je m'envole vers Volucité, vers la tour de platine. J'arrive dans l'immense building, prend l'ascenseur qui mène au dernier étage et commence mon ascension vertigineuse. La tour de platine était l'une des plus hautes tours de Volucité, elle s'élevait à 200 mètres et le bureau de Richard se trouvait à son sommet.
Je toque à la porte mais personne ne répond, tant pis, j'entre. Le bureau est parfaitement rangé et la lumière du couchant illumine la salle au travers de l'immense baie vitrée. Je vois Richard, écroulé sur sa table, à coté de lui se trouve un vers de Whisky. Je m'approche de mon mari et je relève sa tête. Son visage est convulsé, tordu de douleur. On a l'impression qu'il étouffet Il a la face toute pâle. Je regarde son verre vide, il y a des marques blanches sur la paroi. Serait-ce du poison ? Apparemment oui. Je m'assois sur un fauteuil de cuir et me mets à réfléchir. Soudain, je me lève, sans comprendre pourquoi. Je prends le presse papier de cristal en forme d'Artikodin que j'avais offert à Richard et le jette sur une des vitres qui explosent. Je m'approche de l'ouverture, mes pieds avancent tout seul mais je n'ai pas envie de lutter. Je suis sur le rebord et sans aucune hésitation, je saute. Soudain mon esprit se libère et je reprends le contrôle de moi, le sol s'approche de plus en plus vite. Je ne comprends pas pourquoi j'ai sauté. J'hurle, je crie pour une dernière fois le mot Emma, puis une larme s'échappe des mes yeux et remonte vers le ciel. Ma dernière larme de bonheur, ma dernière larme de vie, ma dernière larme d'espérance qui brille comme un diamant. Elle part vers le ciel et je souhaite qu'elle aille vers Emma.
Ensuite c'est le noir total.
Pendant ce temps, dans le bureau de Richard, un homme sort d'un placard. Il est entièrement de noir vêtu et ressemble à la faucheuse. A coté de lui se trouve un Hypnomade avec la même marque rouge sur son cou. L'homme regarde le triste spectacle d'une famille brisée puis sort un portable :
- C'est bon monsieur, ils sont tous morts, dit-il
- Très bien ! Maintenant partez au manoir ! Volez tout ce que vous voulez mais je veux l'enfant et la Lun'aile ! dit une voix effrayante
- Oui monsieur ! Hypnomade, Téléport !
L'homme en noir apparait devant le manoir Lestrange, la nui est tombée et le ciel est chargé de lourds nuages noirs. L'homme entre et monte directement vers la bibliothèque, à croire qu'il connait déjà la maison et la cachette d'Emma. L'Hypnomade défonce la porte à l'aide d'un puissant coup d'boule et ils entrent dans la salle. L'homme s'approche d'Emma et s'apprêtent à la saisir lorsque un Abri apparaît autour d'elle. Le bouclier luit d'une lueur verte et un doux cri se fait entendre. Cresselia surgit de nulle part et projette les deux voleurs vers le mur à l'aide de Psyko. L'Hypnomade riposte avec Ball'ombre que le Pokémon lunaire ne parvient à éviter. Cresselia s'écrase sur une étagère. Soudain, toutes les lumières s'éteignent subitement et une ombre apparaît sur le sol, d'un coup Darkrai sort du parquet lance un puissant Vibrobscur sur les ravisseurs. Ensuite Darkrai et Cresselia se dressent devant Emma, comme pour la protéger. L'homme en noir décide de changer de tactique et libère un Papilusion qui entame une attaque Bourdon. Les deux protecteurs sont frappés par ce son horrible et baissent leur garde. La faucheuse en profite pour se saisir d'Emma mais la pièce s'emplit d'une lumière blafarde et un « NON !! » venant de nulle part et de partout à la fois se fait entendre. Sept petites flammes bleues apparaissent dans la bibliothèque puis des corps fantomatiques se forment autour des flammes. La famille Collet-Monté est au complet, et moi aussi, je suis là ! L'homme recule, saisit par la peur.
- Jamais tu n'auras notre fille ! je dis d'une voix d'outre-tombe, tu as brisé notre famille, tu nous a tous tués et tu veux en plus de ça enlever notre fille !!
- Des fantômes ! Des fantôôôôômes !
- Tais-toi ! Tu va payer pour ce tu as fait ! je hurle en m'approchant dangereusement de lui
Je m'approche de plus en plus de l'assassin, celui-ci recule, il est mort de peur. Il tremble, son visage est tout blanc et ses yeux reflètent sa terreur. Je continue à m'avancer puis soudain, l'homme se crispe de douleur, il pose ses mains sur sa poitrine et hurle, il se tord tellement il souffre puis il tombe raide mort, mort de peur. Son visage et ses cheveux sont devenus blancs comme la mort, sa bouche est entrouverte, comme si elle voulait pousser un dernier hurlement. Je recule, puis je disparais, ainsi que ma famille, Darkrai repart vers les ombres et Cresselia reste là, elle veille. La maison est maintenant frappée de la marque des Yokaïs, plus personne n'osera s'y aventurer. Le manoir est désormais hanté et abandonné. Il peut maintenant porté un nouveau nom : le manoir de l'étrange.
C'était une nuit d'orage, le ciel grondait et le vent faisait claquer les vitres. Soudain le cri d'un enfant perça la nuit, c'était celui d'un bébé, un bébé qui réclamait sa mère. Et sa mère, c'était moi !