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Le Projet Wallace de Domino



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» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 23/04/2013 à 09:50
» Dernière mise à jour le 03/05/2013 à 14:27

» Mots-clés :   Action   Humour   Romance   Slice of life   Unys

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041 - Helen Clover et le Temple Maudit
« Pris la main dans le sac, le gentilhomme se suicide, un bourgeois démissionne, un politicien nie, un aventurier persévère. »
(Vladimir Volkoff)

« Hey ho here she goes
Either a little too high or a little too low,
Got no self-esteem and vertigo
Cause she thinks she's made of candy »

(Robbie Williams, Candy)



Ca frappait depuis un petit moment déjà, mais Helen savait qui c'était alors elle prit son temps plus que de mesure. Elle soupira finalement et ouvrit.

Holland Tenorman cessa enfin de frapper et se frictionna le poignet. Helen soupira.

- Vous vous êtes fait mal ? Pourtant vous devriez être plutôt souple à cet endroit...
- Est-ce que je peux vous inviter à dîner ?

Helen leva les yeux au ciel.

- Holland, pour la troisième fois en trois jours : Non. Ce n'est pas parce que vous m'avez sauvé la mise face à Justin Truce que vous avez gagné mes faveurs. Non, le fait d'avoir joué les Galaad et d'avoir abattu un dragon pour me sauver ne nous a rapprochés au point que c'est cousu de fil blanc.

Holland soupira.

- J'essaie juste de sortir avec vous, c'est si difficile à comprendre ?
- QUOI, VRAIMENT ???
- Oui, vraiment !
- J'étais sarcastique, gros bêta.
- Vous me prenez de haut, quoi.
- Je trouve votre façon de faire assez moyenâgeuse, en fait... et c'est pas faute d'être prof d'histoire, hein...

Holland soupira.

- Au cas où ça ne se verrait pas, j'ai reçu une trop bonne éducation.
- Oui, le genre qui vous empêche de sortir parce que le monde extérieur est une brute et que vous êtes une petite chose fragile.
- Voilà.

Helen soupira.

- Je ne suis absolument pas prête à vivre une grande histoire d'amour en ce moment.
- ... oh, très bien, d'accord.

Holland tourna les talons devant une Helen stupéfaite.

- QUOI C'EST TOUT ? VOUS ABANDONNEZ MAINTENANT ?

Holland haussa les sourcils.

***

- Décidément je ne comprendrai jamais rien aux femmes !

Holland regarda Helen, à ses côtés, dans le lit, en train de fumer une clope.

- Et moi rien aux hommes. Ça vous est venu d'où cette idée qu'on avait forcément envie de dîner ?!
- Bah je sais pas... Je pensais être romantique...
- Vous êtes roux, le romantisme c'est un luxe pour vous !

Holland plissa les yeux.

- On est obligés de se vouvoyer après ce qu'on vient de faire ?
- Je dois avouer que pour un laquais de l'administration vous êtes doué... Ok, je veux bien te tutoyer, Holland !
- Merci, Helen.
- On remet ça ?

Holland haussa les épaules.

***

- Tu devrais juste rester ici...

Holland plissa les yeux, tout comme Preston le Miradar.

- Ah ?
- Bah on est en vacances tous les deux, tant qu'à s'amuser, autant passer l'été ensemble !

Holland acquiesça.

- D'accord... Je prends quelques affaires chez moi alors...
- Ouais.
- Bon. Tu te rappelleras que c'est toi qui en a décidé...
- C'est juste pour le fun, à la rentrée ça redeviendra comme avant !

Holland acquiesça. Preston semblait moins certain.

***

Holland était sur l'ordinateur tout en prenant son café, accompagné de Blair, son Cornèbre. Helen arriva avec sa nouvelle couleur de cheveux.

- Me revoilà brune !
- C'est... mouais, ça change !
- Quelle réaction... Qu'est-ce que tu regardes ?
- Bah l'endroit où tu veux partir en vacances... C'est genre dangereux, nan ?
- N'importe quoi. L'Australie, ça n'a rien de dangereux. Pis y'a des tas de sites archéologiques sympas !

Holland plissa les yeux.

- Tu vas pas me traîner là-dedans !
- Libre à toi de rester à l'hôtel !
- Ce serait ennuyeux...
- Bon. Eh bah je vais te traîner dans un superbe temple !
- Oh. Bon. Cool je... suppose...


***

Helen se leva, seule dans le plumard.

« Qu'est-ce qui se passe... »

Elle se leva. Miradar arriva et lui raconta des tas de trucs comme s'il était son assistant parlementaire.

- C'est quoi cette odeur... AAAAAAAAAAH !!!

Helen observa la pièce. Elle était mortifiée.

Cette odeur...

- Oh mon D...

Cette vision...

- Mais qu'est-ce que... mais qu'est-ce que...

Elle n'espérait plus revoir ça de sa vie. C'est le genre de choses qu'une femme comme elle pouvait difficilement supporter. Cette vision d'horreur, ce sentiment d'impuissance face à une tragédie de cette ampleur. Un instant elle pensa fondre en larmes.

- Oh seigneur...
- Ça te plait ?

Holland arriva avec les biscottes dans un plat qu'il posa sur la table copieusement garnie.

- Super petit déjeuner pour commencer la semaine !
- ... J'ai envie de vomir !!
- Pas sur la table alors, j'ai mis une bonne heure à préparer tout ça.
- Comment as-tu osé...

Holland regarda Helen, étonné.

- C'est... juste un petit déjeuner...
- Ce n'est pas juste un petit déjeuner, tu l'as préparé, tu y as mis du temps et de l'attention et surtout tu l'as préparé pour MOI !

Holland hocha la tête, hébété. Helen s'assit et prit une tartine.

- Je te déteste. J'en ai marre de ton ingérence dans ma vie !

Holland s'assit, penaud.

- Je... fais le nécessaire pour... te satisfaire !
- C'est TROP ! Je n'en peux plus !

Holland soupira.

- J'essaie juste de m'investir dans notre relation.
- Quelle relation ? On prend du bon temps, je ne veux pas d'une relation plan-plan comme ça, bon sang, j'ai trente-cinq ans, je suis une aventurière, je tiens à mon indépendance et à ma solitude, aussi crasse soit-elle !

Holland hocha la tête.

- J'ai payé la facture d'électricité.
- Oh le FUMIER !!!

Holland serra les dents. Preston le Miradar lui lançait un regard sévère.

- Comment as-tu PU ???
- La facture était sur la table, on pouvait la régler par Internet...
- MAUDIT sois-tu, Internet... Tu abêtis mes élèves et tu permets à mon...

Helen désigna Holland d'une main hésitante.

- ... compagnon de vie à temps plein sans la sécurité de l'emploi de régler mes factures !!
- C'est un peu aussi ma facture, j'utilise cette électricité...
- C'est la MIENNE, je la paie !
- ... on se dispute sur qui possède l'électricité, là ?
- On se dispute sur... ce qui se passe dans cet appartement, c'est n'importe quoi ! Tu étais censé partir à la rentrée !!
- Tu m'as jamais demandé de partir !
- Je sais, tu aurais dû partir de toi-même !
- ... tu es sérieuse ?
- Non ! Hmm c'est délicieux ! Non je ne suis pas sérieuse parce que tu m'as préparé un petit déjeuner et tu as payé ma facture, du coup... gnarf... je ne suis plus objective ! Comment je fais cours, moi ?
- ... comme d'hab !
- T'es chiant !

Holland mangeait aussi.

- En même temps c'est pas dit que tu fasses beaucoup cours aujourd'hui...

Helen plissa les yeux puis réalisa.

- Par l'enfer, c'est vrai qu'il y a cette stupide grève !
- Mouvement social. Roland Smirnoff a interdit la grève sous peine de mort. Enfin c'est ce qui est marqué dans le règlement...

Holland sortit une liasse.

- J'arrive pas à croire que tu aies ça sur toi en permanence...
- Faut bien... Hm : « Faire grève est le droit le plus vil qu'un professeur puisse exercer. Le proviseur se réserve le droit d'exécuter au fusil tout professeur qui fera grève. En cas de grève débile (et elles le sont toutes), les cours sont tenus d'être maintenus, quitte à ce que ce soit par des élèves de classes supérieures ou des remplaçants contactés à la dernière minute voire que des profs fassent cours spontanément à leur classe à des horaires différents. »

Holland agita une main théâtrale.

- La plume de cet homme me donne des frissons... de terreur.
- Tu m'étonnes...
- Tu comptes...
- Assurer tous mes cours comme une badass avec des explosions en arrière-plan ? Je veux mon neveu. Toi tu fais pas grève que je sache !
- J'ai pas le droit. Administration.
- Oh, oui...
- Et je vais devoir faire la police auprès de professeurs en furie qui vont me traiter de minable... génial... ma journée va être extraordinaire...

Helen hocha la tête.

- Oh on s'en sortira !
- Mouais...

***

Helen et Holland arrivèrent à l'école. Les professeurs étaient devant l'école à protester.

- MOINS DE SOUPLESSE ! PLUS D'ENCADREMENT !
- ON EN A MARRE DE CHANGER D'EMPLOI DU TEMPS COMME CA !!
- UN PEU DE RIGUEUR, QUE DIABLE !!

Blandine et Sandrine approchèrent d'Helen.

- Clover, vous faites grève ?
- Non, j'ai de l'amour-propre et crier devant un établissement scolaire va à l'encontre de mes convictions religieuses.
- Oh allez Helen ! On n'en peut plus d'avoir des horaires escamotables comme ça ! souffla Sandrine.
- Non merci !
- Lâcheuse !
- BOUUUUH !
- Du calme, du calme... soupira Holland.
- C'est votre faute, hein ? Vous couchez avec elle, vous l'avez influencée !! grommela Blandine.
- Dheu... j'aurais eu bien du mal... Calmez-vous et assurez vos cours...
- Eh bah non ! On va faire un sit-in dans le hall !
- OUAIS !

Helen soupira et rejoignit la salle des professeurs. L'horrible vieille doyenne félicitait les professeurs brise-grève.

- Vous êtes des héros et la nation vous sera reconnaissante !

Helen leva les yeux au ciel. Elle croisa Jerry Callum, le professeur de fondamentaux.

- Vous êtes là ?
- Eh bien oui... C'est mon premier poste en tant que remplaçant d'un professeur mort, alors bon...
- La deuxième année va vous lyncher... admit Helen.
- Je sais... de toute façon je sais que la plupart des élèves méprisent un peu ce cours donc je prendrai leurs réactions avec humour.

Helen hocha la tête.

- Bon état d'esprit...

Helen scruta la salle, repérant les profs pour les options de cet après-midi. Vivienne Marx épluchait ses cours, assise à la table avec Odile qui examinait des gravures. Jacob prenait un café à la même table. Au fond de la pièce, Ambrose et Dominic discutaient. Helen leva les yeux au ciel. « Evidemment ces crétins de profs de sport font grève... »

Elle se dirigea vers Ambrose et Dominic. Ambrose quitta la conversation et rejoignit Helen.

- Dites-moi, Helen, Dominic, il est bien marié ?
- Il... me... semble... pourquoi ?!
- C'est bien ce que je me disais...

Ambrose sortit de la salle devant une Helen circonspecte.

- Dominic, bonjour !
- Helen, content de voir que vous allez assurer vos cours.
- Il faut bien... J'ai une journée trop chargée pour la sécher comme ça...
- Vous avez bien raison... Moi je me lève, il me suffit de penser à mes élèves et impossible de ne pas accourir !

Helen acquiesça.

- C'est qu'ils nous attendent, les petits sacripants !
- Ah ça oui ! assura Dominic.

Helen se dirigea vers sa salle de cours. La classe de Lindsay Gribble poussa un soupir désespéré.

- Madaaaaaaaaaame !!!
- Au boulot les feignasses, telle est ma devise ! Allez hop !

***

- C'est INADMISSIBLE !

Jerry Callum serra les dents. La classe observait Rebecca Gates, Gymnaste Accomplie, Fille Populaire, Noble de son Etat, Bête de Scène accomplie, livrer son office contre l'impudent professeur.

- C'est jour de GREVE, monsieur, vous êtes censé être ABSENT ! AB-SENT ! C'est pourtant pas compliqué ! Le matin, vous vous levez, vous éteignez votre réveil, vous restez couché et vous mangez des Weetabix !

La classe grimaça. « Des quoi ?! »

- Je déteste cette meuf mais elle a raison, vous contrevenez aux lois de la nature, là ! assura Wallace.
- Vous enseignez les fondamentaux, c'est pas non plus indispensable ! souffla Gina.
- Même les geeks font des parties de Call of Duty pendant votre cours ! dénonça Rebecca.

Tino se tourna vers Rebecca.

- Primo : On ne « fait » pas des parties, on optimise notre teamwork. Deuxio : C'est pas Call of Duty, c'est League of Legends, Tertio : Hey, c'est ma réplique !
- Grave, et son copyright alors ? souligna Benjamin.
- Voleuse de répliques ! souffla Orson.
- Et pis toi tu regardes des séries, on t'entend ricaner d'ici... admit Tristan.
- FERMEZ-LA, LES NAZES !!! AUCUN DE VOUS N'A LE DROIT DE M'ADRESSER LA PAROLE ! cria Rebecca.
- C'est ça... soupira Tino.

Violette grimaça. Amélia jouait à un jeu passionnant avec des bulles colorées et une flèche qui envoyait d'autres bulles.

- Rebecca, pourquoi j'ai jamais les bulles que je veux ?! geignit Amélia.
- Qu'est-ce que j'en sais !!

Jerry soupira.

- Ecoutez, vous faites ce que vous voulez dans mon cours tant que vous restez calmes, mais sachez quand même que les notes comptent et qu'elles sont au même coefficient que toutes les autres matières !
- EH BIEN CA AUSSI C'EST STUPIDE !!! grogna Rebecca.
- Ouais, ça nous oblige à être attentifs de la même manière dans toutes les matières ! soupira Holly.
- Bah... c'est un peu pour ça qu'on va en cours... pour être attentif... admit Tino.
- Faut bien gagner son diplôme... marmonna Robbie.
- Ouais et pis c'est ça ou dormir alors bon autant être attentif... admit Quinn.

Jerry souffla.

- On continue... chapitre 3 : Les fonctions mathématiques !
- Ooooooooh...
- Silence, c'est très compliqué même pour moi !
- Ah bah d'accord... grommela Rebecca.

Jerry se retourna vers la jeune fille qui tira la langue au professeur. Lequel continua à écrire au tableau.

***

- Donc on note une recrudescence des actes terroristes durant cette période. Des questions ?

Helen regarda la classe de Lindsay qui semblait complètement gavée.

- Génial... Je vous rappelle que vous êtes en troisième année, messieurs-dames... Je sais que vos profs de sport chéris sont absents mais vous avez le droit d'être un minimum actifs dans mon cours... Enfin... Je continue, tant que vous notez après tout, j'assume que c'est appris...

***

Helen soupira dans les couloirs. Elle croisa Holland couvert de farine et d'œufs.

- ... séance pâtisserie ?
- J'ai passé ce début de matinée à tenter de faire cesser le sit-in, du coup j'ai eu droit à une riposte en règle...
- Ils ont fait un sit-in ? C'est mignon ! Le proviseur a prévenu l'administration centrale ?
- Oui... Ils vont envoyer quelqu'un à ce que j'ai compris.
- Ouuuuh ! A quel obscur collaborateur va-t-on avoir droit ?
- Je crois que l'affaire a été prise en haut niveau, on va avoir droit au gratin.
- Un inspecteur d'académie ?
- L'association Pokémon.

Helen haussa les sourcils.

- Oh. Faut que je prévienne mes loupiots !
- Ça peut être dangereux... Vaudrait mieux que ce soit toi ou moi.
- Oh, tu es tellement chou à jouer les courageux avec tous ces aliments étalés sur toi !

Holland plissa les yeux.

- Je suis chou mais à part ça on s'engueule parce que je paie la facture d'électricité !
- Ce n'était pas à toi de le faire, c'est mon appartement, c'est mon problème !
- Ça te gêne tant que ça que je veuille faire ma part ?
- Mais quelle part ! On s'amuse, c'est tout ! Pourquoi tu veux que ça devienne un ménage ?
- C'est pas déjà ce que c'est ? On vit ensemble, on couche ensemble, on mange ensemble, on travaille ensemble...

Holland étendit les bras.

- Tu vas pas me dire que t'as pas de sentiments quand même ?

Helen soupira.

- Je sais pas.

Holland fit de gros yeux. Helen soupira.

- Quoi, ça n'a rien d'étonnant, je te rappelle que c'est toi qui est fou de moi, la réciproque n'est pas forcément évidente !
- D'accord, donc en gros je suis tout juste bon à coucher avec toi de temps en temps et à faire une magnifique plante décorative qui n'a pas besoin d'être arrosée !

Helen ne trouva pas à répondre. Holland grommela.

- Je vais me nettoyer...
- Oui tu... tu fais bien.
- Comment tu peux être aussi sérieuse au travail et si... nulle en relations humaines ? Je suis désolé de ne pas être entré dans l'histoire, ça t'aurait peut-être permis de faire plus attention à ce que je ressens !

Holland s'éloigna. Helen plissa les yeux. « Oh, ma Helen, tu ressembles à une personne à qui tu avais pourtant juré il me semble de ne jamais ressembler... »

***

Pendant le voyage en avion, Helen lisait un gros pavé traitant de l'histoire de l'humanité, tandis que Holland était à moitié endormi avec la discographie des Cranberries dans les oreilles.

*Le vol à destination de Perth va atterrir. Le vol à destination de Perth va atterrir, veuillez remettre vos ceintures.*

Helen marqua sa page avec un Miradar en papier et ferma son livre. Holland enleva son casque.

- On s'est à peine parlés pendant le vol...
- De quoi voulais-tu qu'on parle ?
- Je sais pas, je trouve cool qu'on fasse ça tous les deux alors que ça fait à peine un mois...
- Tu es la première... personne avec qui je sors qui reste assez longtemps pour que je l'emmène en excursion, alors bon...
- En excursion ?! C'est comme ça que tu appelles un voyage de près de douze heures ?! ricana Holland.
- Nous allons visiter un temple secret dont je suis une des rares à connaître l'existence.
- Vraiment ?
- Hm. Je t'expliquerai tout là-bas. Ça risque d'être un peu bizarre, ne t'en fais pas, reste avec moi et tout ira bien.
- Tu attises ma curiosité...
- C'est mon boulot !

***

Holland était stupéfait par plusieurs choses. La chaleur et les aises évidents qu'Helen prenait. Elle s'était même changée dans les toilettes pour avoir une tenue plus adaptée, et ressemblait désormais à une pure archéologue de film.

- J'ai... pas prévu de tenue spéciale...
- Rassure-toi, ce marcel et ce bob ridicule te vont très bien.
- Mer...ciiiii...
- Le bus qui nous emmène est... le bus touristique 14.
- Tu es bien renseignée...
- Hm. Ensuite on va négocier avec des trafiquants de narcotiques pour la fin du voyage.

Holland fit de gros yeux. Helen haussa les épaules.

- Les bus ne vont pas tous où l'on va, depuis quelques années !

***

Holland resta stupéfait. Helen sourit et regarda l'objet de son dévolu. Un immense rocher rougeoyant au milieu d'une lande surchauffée et tout aussi ocre rouge.

- Uluru, aussi appelé vulgairement l'Ayers Rock, jeune homme ! Satisfait ?
- Et remboursé... Mais c'est pas censé être un site touristique ?
- Si. Mais pas depuis que mon père l'a fait fermer.

Holland haussa les sourcils.

- Quoi ? C'est la faute de ton père ?!
- Faute, faute... cet endroit est sacré, c'est un bête rocher. Mon père a racheté le parc, et il a interdit que qui que ce soit s'y rende. De fait l'endroit n'est plus entretenu.
- Et... euh...
- Et c'est une excellente chose, comme ça, plus aucun touriste crasseux ne vient défigurer ce bel endroit !

Holland plissa les yeux.

- Mais... C'est un parc national, il était protégé...
- Protégé de quoi, je t'en prie, Holland !
- ... c'est toi qui a demandé à ton père de le racheter et de le fermer ?
- Oui. En échange, il pouvait racheter également l'opéra de Sidney pour ses affaires. Mais la fermeture totale n'est effective que depuis trois ans. J'avais hésité à y aller, maintenant j'ai l'occasion !

Holland soupira.

- Quoi qu'il en soit : Il n'y a pas de temple ici, l'Ayers Rock...
- Uluru...
- ... Uluru, ok, a été exploré sous toutes ses coutures, il ne possède pas de temple en son sein !
- Que tu dis. Il y a quelques années lors de mon voyage en Turquie, j'ai rencontré un vieil homme qui m'a parlé de ce temple, qui est sous le protectorat d'un pacte qui se passe d'inconnu en inconnu. Voyant que je lisais une encyclopédie historique sur les Etrusques, ce type est venu à ma table et il m'a détaillé les coordonnées de ce temple. Jusqu'à présent je l'ai pris pour un fou jusqu'à ce que j'en discute avec un conférencier universitaire qui m'a affirmé que les historiens et les archéologues n'avaient pas toutes les infos mais qu'il confirmait l'existence d'une hypothèse persistante à ce sujet.

Holland grimaça.

- Tu es ici pour... vérifier une hypothèse persistante ?!
- Oui.
- ... on a fait douze heures de vol et trois heures de transports – dont une heure avec des types auxquels je paierai volontiers un bain – pour... un temple qui n'existe peut-être même pas ?
- Oui ! C'est pas super excitant ?
- ... je suis très excité mais je sais pas si c'est pour la même chose...
- Ah non, berk ! Pas de ça pendant une excursion !
- Je parlais d'envies de meurtre...
- Oh. Bah... on va voir. Faut commencer par escalader ce truc.

Holland plissa les yeux.

- C'est une sacrée montagne...
- Rocher. Uluru est une formation rocheuse créée par l'érosion, ça n'est pas vraiment une montagne.
- ... ce monde est encore plus étonnant qu'il n'y paraît...
- Hypérion !

Golemastoc apparut. Holland plissa les yeux.

- Il va nous emmener là-haut.
- ... je pense à quelque chose, on n'aurait pas pu se servir de lui pour voler jusqu'ici au lieu de donner cinq-cents dollars à des types qui trafiquent de la drogue et qui n'ont pour seul mérite que celui de posséder un véhicule ?

Helen cligna des yeux, intriguée.

- Ah. Oui, probablement.
- ... probablement... ?!
- Allez, monte dans sa main !

Le duo atteignit le sommet de l'Ayers Rock. Helen sourit.

- Normalement c'est pour ainsi dire interdit de se trouver ici, sauf pour des raisons scientifiques. Et encore, il faut être accrédité...
- Pourquoi tu ne demandes pas une accréditation ?
- J'en avais une, jusqu'à ce que je m'aperçoive à quel point c'était chiant. Là je suis libre, je fais ce que je veux ! Alors...

Helen rappela Golemastoc et sortit Cryptéro.

- ... je peux te demander ce que tu fais ? marmonna Holland.
- Je sonde. Aczan, comme tous les Cryptéro, peut repérer toute trace d'énergie mystique. Un temple est généralement creusé ou édifié avec le cœur des ouvriers qui s'y attèlent, cette énergie se transcende dans l'œuvre finale et lui donne sa qualité mystique.
- Oh.

Cryptéro repéra effectivement un point précis. Helen s'étonna.

- Ah, euh...
- C'est quoi ?
- Visiblement...

Helen s'accroupit et frotta le sol d'une main légère. Elle repéra des écritures.

- BINGO, il avait raison !
- La vache...
- Je suis trop forte ! Trop, trop forte ! Alors, ces écritures racontent une histoire à propos d'un temple caché, sauf qu'elles sont la clé pour y entrer.
- La clé ?!

Helen sortit une bouteille d'eau.

- Justement j'ai une de ces soifs... soupira Holland.

Helen renversa l'eau sur les cryptogrammes sous les yeux révoltés de Holland.

- Heeeeeeeey !!!

La terre se mit à fondre et révéla un escalier. Helen siffla un air connu dans un jeu Zelda quand on découvre un passage secret.

- Allez on y va !
- ... tu as juste jeté de l'eau et...
- Je sais, je suis trop forte !
- ... mais c'est tout bonnement imp...
- Oh un conseil, quand tu es avec moi sur un site archéologique, oublie la seule notion de possible, impossible... c'est superflu !
- ... ça va les chevilles ?
- Contente-toi de me suivre !

Holland suivit Helen dans le caveau.

***

L'endroit était étonnamment frais. Il y avait beaucoup d'eau et des racines. Holland et Helen marchaient sur une allée de pierre tracée au milieu de ce qui s'apparentait tout à fait à une forêt tropicale intérieure. Miradar éclairait le tout avec ses rayures jaunes.

- Cet endroit est insensé... s'étonna Holland.
- Bof... J'ai vu plus bizarre.
- Il y a de l'eau et des racines mais... tu as vu un arbre là-haut ? Et... autant d'eau... de terre... sur un rocher aussi sec !
- C'est pas ce qui m'intéresse plus particulièrement...
- Y'a des Pokémon ! Helen !!

La prof d'histoire se tourna vers des Maraiste et Axoloto sans yeux. Quelques Barloche blancs et tout aussi aveugles vivotaient dans l'eau vaseuse.

- ... berk...
- C'est fascinant...
- Pas vraiment.
- Oh arrête tu ne vas pas me dire que ça n'a rien d'intéressant !
- C'est intéressant mais ça n'a rien de pertinent ici.
- ... qu'est-ce qu'on cherche en fait ?
- Un vestige.
- ... un vestige ? Un truc que tu pourras vendre ou faire exposer ?
- Non, parce que ce temple est secret et je tiens à ce qu'il le reste. Je cherche un mur, une pièce précise qui me donnerait des renseignements supplémentaires sur l'histoire du pays, de la région, du monde, qui sait...

Holland plissa les yeux.

- Tu sais pas en fait, hein ?
- De manière générale c'est ce que je recherche. Après si y'a du vestige archéologique rare et qui a de la valeur... bah...

Le duo marchait toujours. L'endroit était humide voire moite, il faisait cependant plutôt frais.

- Je suis étonné que ce temple n'ait pas été découvert avant... J'veux dire... c'est pas si caché que ça.
- C'est quand même perché comme endroit pour dissimuler un temple...
- Oui, je conçois... mais... tu as juste eu à verser de l'eau, ça parait simpliste quand même...
- Seulement si tu arrives à ramener de l'eau jusqu'à un endroit pareil.
- C'est moi ou il y a des cavités dans la roche ?

Helen enfila des lunettes et observa autour d'elle. Il y avait en effet, entre les racines et les lacs quelques cavités rocheuses assez grandes pour contenir un ou plusieurs êtres humains.

- ... qu'est-ce que c'est que cet endroit ?
- D'habitude quand tu visites un temple, il n'y a pas... un signe qui t'indique à quoi il sert ? Mausolée, offrande, hommage à quelque Dieu que ce soit...

Helen hocha la tête.

- T'es pas bête, toi, j'vais t'garder.
- Je croyais qu'on ne parlait pas de ce genre de choses en excursion.
- C'est vrai, pardon... Oh !

Une porte au bout de l'allée de pierre. Helen s'étonna.

- Tiens donc...
- On y va ?
- Cette question, bien sûr qu'on y va !


***

- C'était le week-end le plus débile de toute mon existence... soupira Perrine.
- Arrête, c'était trop drôle, tu nous invites chez toi et on se retrouve à aider tes parents à réparer la tuyauterie ! ricana Naomi.
- En plus mon père est venu en prime, c'était super ! sourit Walter.
- Le plus drôle c'était quand Daria et Firmin se mettaient à remplir l'évier exprès pour embêter les adultes...
- Tu n'aurais pas dû les suivre dans leur délire ! souffla Perrine.
- Aude l'a fait avec moi ! Son Tiplouf est encore plus mignon que le mien ! geignit Wallace.
- Maman était coordinatrice, rien de plus normal... souffla Walter. Et maman ne remplissait l'évier que parce que papa le lui demandait !
- Bref c'était débile et ça ne devra jamais se refaire ! souffla Perrine.
- Tout ça parce qu'à l'apéro après, madame a bu un cocktail un peu trop serré... ricana Wallace.
- Je t'avais jamais vue rigoler autant !! ricana Naomi.
- J'étais pompette !! souffla Perrine.
- Tu étais déchirée ! assura Wallace.

Helen arriva l'air de rien.

- Salut les kids !

La conversation s'arrêta net. Les quatre jeunes regardèrent l'ancêtre. Helen souffla.

- J'aurais voulu parler à Wallace...
- Oh mon Dieu ! Excusez-moi je dois SAUVER le couple royal !

Walter, Naomi et Perrine haussèrent les sourcils. Wallace et Helen s'éloignèrent.

- Vous avez conscience qu'on a cours avec vous après ça ?
- Je saiiiiis mais je voulais te parler !! J'ai des soucis avec Holland, il croit que j'en ai rien à foutre de lui !
- Arf...
- Et... je crois que j'ai pas envie d'en avoir quelque chose à foutre parce que... ça m'attacherait à un homme et je ne veux pas être attachée à un homme, je suis une femme libre, je n'ai pas envie de me caser aussi tôt !
- Vous avez 35 balais, espèce d'Eliza Jane Wilder !
- HEEEEEY ! Je le prends super mal !!
- Oui pardon, en plus vous n'êtes plus rousse, et vous n'avez pas de frère abruti au regard bovin et avec le système nerveux d'un Vigoroth en rut...
- En même temps j'ai pas envie de te ressembler et d'enchaîner les relations sans lendemain, avec Holland on a passé l'été ensemble...

Wallace plissa les yeux.

- Je croyais que vous le trouviez lourdingue, le rouquin !
- Bah oui !
- Insistant, pompeux, fouineur...
- Bah oui...
- Pis il est pas super jojo, vous pouvez trouver bien mieux quoi... C'est quoi qui vous botte chez lui ?

Helen grimaça.

- Bah... il... est gentil... il m'aime...
- On dirait Eliza Jane Wilder. Vous tenez un journal intime ?
- Encore une remarque de ce genre, sale petit con, et je te fous un rapport au cul ! grommela Helen, vexée.
- J'sais pas, j'suis pas un expert en relations mais... y'a sûrement un truc en plus, quelque chose chez lui qui vous fait dire... « J'ai envie de rester avec lui » !

Helen hocha la tête. Wallace leva les yeux au ciel.

- Je suis vraiment pas le mieux placé pour en parler, vous devriez en discuter avec Denis Truman... soupira Wallace.
- Ah non pas lui, il est beaucoup trop mignon, chaque fois que je lui parle je me dis « Mais bon sang, pourquoi es-tu homosexuel !! »

Wallace soupira.

- Eliza Jane Wilder.
- WALLACE ROBIN GRIBBLE !
- Ouais j'crois que vous avez même atteint le boss final en matière d'Eliza Jane Wilder, vous m'appelez par mon second prénom !

Wallace rejoignit sa bande.

- Helen ne fait plus partie des gens cools, c'est fini, elle a rejoint le côté obscur de la petite maison dans la prairie... soupira Wallace.
- Euh... quoi ? s'étonna Walter.

***

- MADAME, C'EST INADMISSIBLE ! cria Rebecca.
- Tu n'as aucune autorité ici, Rebecca, silence. Si je dis que les élèves dont les professeurs font grève resteront à la médiathèque, c'est qu'ils le feront, c'est clair ?

Rebecca se figea. Les autres élèves soupirèrent. Helen leva les yeux au ciel.

- Tout de même... Alors... on poursuit sur la religion à Poképolis. Je sais, ça vous passionne.

La classe plissa les yeux.

- Chaque région comporte un ou plusieurs lieux de grand culte. Je vais les lister moyennant quelques explications pour certains... On commence par Kanto. La Tour Pokémon est la première évidence. Elle fut édifiée à l'endroit où aurait été commis premier meurtre du monde sur un Pokémon – c'est une légende, d'aucuns prétendent que cet endroit est maudit par les spectres. C'est le seul endroit dévoué à quelque culte pseudo-religieux. Johto c'est le florilège : Tour Chétiflor, Tour Cendrée, Tour Ferraille, Tourb'Îles, Autel du Bois aux Chênes, Ruines Alpha, vous avez des lieux mystiques ou dignes d'intérêt tous les trois mètres. Et surtout des lieux chargés d'histoire soigneusement consignée sur des étiquettes touristiques. Du coup beaucoup, dont moi, pensent que la plupart des mythes et légendes de Johto sont des mythes forcés.

La classe sembla perplexe. Helen consentit à s'étendre sur le sujet.

- Nous avons déjà parlé de l'action des familles nobles sur le pays, et je vous ai déjà parlé de l'action de la famille Stockwell qui a une emprise importante sur Johto. Et une rumeur courante dit que les Stockwell ont très largement brodé les mythes locaux pour les rendre plus impressionnants. Par exemple ils prétendaient que les Ruines Alpha ouvraient la porte vers un autre monde en récupérant tous les Zarbi, ce qui a été démenti par la seule personne au monde qui les possède tous : l'Aîné Baroun Banks. La famille Stockwell n'a, on s'en doute, pas souhaité commenter ce fait établi. Hoenn comporte des lieux non nommés mais symboliques, les trois inselbergs des golems légendaires. Cette région ne comporte pas de temple mais des grottes. La Tour Céleste est une vieille masure qui était en fait l'ancien phare de Pacifiville. Qui était un port militaire pour Poivressel. Bref. Sinnoh est comme indiqué au cours précédent, pleine de lieux mystiques, de temples commémoratifs. Unionpolis comporte une grande chapelle vouée aux Témoins d'Arceus. Frimapic est une terre sacrée. Les champions d'Arène de cette ville reculée au nord du Mont Couronné – lui-même un haut lieu mystique puissamment magnétique au point que les élèves de là-bas cachent leurs ordinateurs en passant en bus dans les tunnels qui le garnissent – les champions de Frimapic sont les gardiens de ce lieu, ils sont choisis sur des épreuves supplémentaires qui prouvent leur fiabilité et ne peuvent pas démissionner de leur poste car le gardiennage du Temple Frimapic est une tâche très, très importante. Regigigas n'est sorti que trois fois de ce temple et c'était le plus souvent pour de mauvaises raisons. A Unys nous avons tout un tas de jolis lieux mystiques ou intrigants qui ont presque tous une signification logique. Certains sont liés aux légendes de la famille royale Harmonia qui s'est éteinte et qui voulait plus ou moins usurper le pouvoir de la noblesse Poképolite. Bref. Partie 3 : Actions et apports du culte religieux dans l'histoire. Accrochez-vous à vos chaussettes.

***

Helen sortit de sa salle et fut assaillie par ses amis les plus chers, les profs de sport.

- Helen, de quel droit une battante comme vous ne fait pas grève ? souffla Mounia Ghanem.
- On a besoin d'une femme comme vous à nos côtés, vous nous aiderez à convaincre le proviseur ! admit Gregory Tremblay.
- Laissez tomber, elle se tape l'assistant du proviseur, elle va pas nous aider ! souffla Gilbert Grey.

Helen regarda les pieds nickelés.

- Par quoi je commence... soupira Helen. Vous, j'ai mon libre-arbitre, notion avec laquelle vous êtes visiblement fâchée puisque vous semblez savoir à l'avance ce que tout le monde pense ou veut faire, je plains votre mari et vos enfants.

Mounia fit de gros yeux.

- Vous, vous êtes un fainéant et un idiot, vous voulez juste ne pas assurer vos cours parce que si vous étiez vraiment investi dans votre cause, vous iriez protester à l'académie, à l'inspection centrale ou à l'association Pokémon. Mais non, allez hop, on reste sur le lieu de travail et on ne travaille pas pour PROTESTER. Ouah ! Bravo ! Vous, vous en avez !

Gregory pencha la tête, stupéfait.

- Quant à vous... je vous ai déjà parlé ce matin et je crois même avoir tiré la chasse après...

Gilbert grimaça. Helen partit parce qu'elle était cool à ce point.

- Sérieusement...

Helen se rendit à la salle des profs où elle posa ses affaires avant de rejoindre la cantine.

- Pfouuu... J'espère qu'il y a un truc bien bourratif, j'ai besoin de me sentir grosse et laide...

Elle arriva à la cantine et trouva Dominic Long.

- Dure journée ?
- Epuisante... Et vous ?
- J'ai passé la matinée à nettoyer la réserve de la salle informatique, c'était passionnant. C'est qu'il y en a, de beaux appareillages !
- J'y connais tellement rien...

Helen alla s'asseoir à une des tables où les rares professeurs non-grévistes s'étaient rassemblés, ainsi que Holland qui faisait toujours la tête.

- Faites-moi une faveur, ne parlons pas de la grève ! soupira Helen.
- J'approuve, marmonna Vivienne.
- Oh que oui... soupira Odile.
- C'est dans ces moments-là que j'aime ne pas être professeur ! sourit Denis.

Dominic s'assit entre Helen et Holland. Il les regarda tous les deux.

- Un souci ?
- Aucun... marmonna Helen.
- Mêlez-vous de vos oignons.
- Où est Ambrose ? marmonna Odile.

Vivienne soupira.

- Il a rejoint le camp ennemi, il fait grève avec les autres !
- Oh non ! soupira Helen.
- Le proviseur va gueuler... marmonna Dominic.
- C'est même pas ça, c'est quand même un professeur côté, il a enseigné en fac, et monsieur fait la grève ! soupira Helen.

Vivienne plissa les yeux.

- Helen, vous mêlez l'engagement politique et l'intelligence ?
- Mais bien sûr !

Denis grimaça également.

- Ca n'a rien à voir...
- Si, ça a à voir. Il faut être débile pour penser qu'une protestation pour des broutilles change quelque chose. Il faut être stupide pour penser qu'une protestation tout court change quelque chose. Même dans les états démocratiques, les élections ne changent rien.

Dominic grimaça.

- De la part d'une prof d'histoire, c'est très étonnant...
- Il n'y a que deux actions qui changent vraiment les choses, ce sont les armes ou l'amour. La violence crée des révoltes puis des révolutions, et l'amour de même.

Odile s'étonna.

- L'amour ?
- Ou du moins il en est le mobile. Combien de dirigeants a-t-on vus renversés ou grièvement déstabilisés par des affaires amoureuses !

Holland soupira.

- Si je comprends bien, faut que je te menace avec un flingue pour que tu me dises que tu m'aimes ?

Helen leva les yeux au ciel.

- Est-ce que j'étais en train de te parler ? Plus encore, est-ce que j'étais en train de parler de nous ?!
- Non mais c'est amusant que tu prêtes une telle force à l'amour tout en étant incapable d'en éprouver pour qui que ce soit !

Helen posa ses couverts tandis que Denis et les autres profs assistaient à la scène.

- Je me base sur des détails historiques ! Ça n'a rien à voir avec nous puisque nous ne vivons pas une histoire d'amour ! Pour vivre une histoire d'amour il faut que les deux personnes soient amoureuses ! Tu l'es, je ne le suis pas, c'est tout !
- C'est pour ça que depuis trois mois j'habite chez toi. Parce que tu n'es pas amoureuse !
- C'était pour t'avoir à ma disposition !
- Nan, tu ne m'as pas traité comme un objet pendant ces trois mois, tu m'as traité correctement, avec égard et même parfois avec tendresse !

Odile, Dominic et Vivienne faisaient de gros yeux.

- Bon sang, vous les hommes, vous ne comprenez rien... Je ne veux pas me caser définitivement, c'est tout !
- C'est pour ça que ça fait trois mois que j'habite chez toi sur ton invitation.
- T'es pas content tu rentres chez toi !
- Je n'ai pas de chez moi. Sois un peu logique dans tes actes, soit tu m'aimes et nous sommes dans une relation normale d'adultes normaux, soit tu ne m'aimes pas et on est juste amis avec bénéfices, ce qui fait de toi l'anagramme du mot Grâce, pour rester poli !
- Pourquoi tu ne veux pas comprendre que je veux pouvoir garder un contrôle sur ce qui se passe ? J'apprécie ta compagnie, mais je veux juste le compte gratuit, pas le compte premium payant avec tout un tas d'obligations !

Dominic manqua de s'étouffer. Denis plissa les yeux.

- C'est à cause de femmes comme toi que le féminisme n'avance pas !
- Bah voyons, comme si une bande de connasses enragées qui croient que toutes les femmes devraient penser pareil qu'elles allaient me dicter ma conduite ! Je suis résolument contre les idéologies fascisantes !

Odile et Vivienne regardèrent Helen, stupéfaites.

- Quoi ? Si les femmes étaient vraiment contre le patriarcat, ça fait longtemps qu'elles lui auraient mis le genou dans les roustons, nan ?
- Euh...
- Quand même, Helen... marmonna Vivienne.
- Tu vois, c'est ce que j'aime chez toi !

Helen regarda Holland, surprise.

- Tu as des opinions fortes et appuyées et tu n'hésites pas à les partager même si tu sais qu'elles fâchent. Tu as une détermination de fer avec laquelle tu déplaces des montagnes ! Comment ne pas admirer ça ?
- Je déteste la flatterie...
- Tu détestes tout... C'est également admirable !
- C'est désespérant, tu serais prêt à dire n'importe quoi !
- Et ça t'étonne ?!

Holland s'éloigna avec son plateau. Helen soupira.

- Les hommes, je vous jure !
- Il a pas tort... marmonna Denis.

Helen regarda Denis, éberluée.

- Vous êtes un homme, vous êtes de son côté !
- Et vous, vous vous braquez parce que vous savez qu'il a raison et ça vous fait peur parce que vous aimez trop votre solitude et votre indépendance. Qu'il admire, par ailleurs et qu'il serait peut-être prêt à respecter !

Helen leva les yeux au ciel.

- Dire que Wallace Gribble m'a conseillé de vous parler !
- Dire que ce même Wallace Gribble ne tarit pas d'éloges à votre sujet !

Helen soupira. Dominic serra les dents.

- Bon appétit...

Jacob arriva à la table. Le silence se fit. Le régisseur de l'option journalisme renifla.

- Un problème ?!
- Non non...
- Nan.
- Hm-mh.

***

Christina et Robbie étaient surpris. Pourtant, Tristan, Tino, Benjamin et Orson avaient bel et bien sorti leurs ordinateurs à la cantine.

- J'aimerai bien comprendre ce que vous faites... marmonna Christina.
- Une vieille histoire... soupira Tino.
- Une vieille histoire qui date d'hier. On se bat contre une équipe de crétins à League of Legends... soupira Tristan.
- Le cinquième gars qui joue avec nous s'est connecté... marmonna Orson.
- On peut pas compter sur lui, il est beaucoup trop débile... marmonna Benjamin.

Robbie plissa les yeux.

- Ca... peut pas attendre ?!
- Nan ! On pourra pas faire ça en informatique cet après-midi !

Robbie regarda Christina qui grimaça. Tino grommela.

- Mais quel CRETIN se sert de Ashe !! Ce con ne sert à rien !
- Son coup spécial peut quasiment traverser le terrain... marmonna Tristan.
- Il est d'un niveau trop ridicule pour que ce soit utile ! Faut qu'on change de cinquième homme ! Robbie !!
- Euuuuh... non ! marmonna le jeune homme.

Rebecca était mécontente.

- Cette prof se prend pour une dictatrice, mais elle n'a aucune autorité !

Santana acquiesça.

- Oui, tout à l'heure tu n'avais pas l'air terrorisée du tout.
- Tu as vu le ton sur lequel elle m'a parlé ? Je devrais en référer au proviseur !

Amélia hocha la tête. Gina et Holly mangeaient tranquillement tout en écoutant d'une oreille distraite.

- Bah vas-y... souffla Santana.
- Oui, je vais le faire.

Santana secoua la tête. Violette grimaça.

- Rebecca, tu ne devrais pas faire ça...
- Violette, quand on sait qu'on a la loi de son côté, on peut faire appel aux forces de l'ordre. Mon père dit toujours qu'en la poussant un peu, la police peut être très utile !

Santana hocha la tête, désabusée.

- Et après c'est la prof qui est autoritaire...
- Elle n'a pas à me crier dessus, je suis une élève, je discute ses ordres si je veux !

Santana secoua la tête en levant les yeux au ciel. Rebecca regarda Violette.

- Pourquoi tu veux qu'elle mange avec nous, elle me contredit tout le temps !
- J... J'y peux rien, et puis elle est dans notre groupe de travail !

Santana plissa les yeux. « Dis-lui que tu m'aimes et que c'est comme ça et pas autrement, bon sang ! »

- En même temps je ne peux pas lui en vouloir d'être mal éduquée, je suppose que dans son pays les choses ne se passent pas comme ici...

Santana fit de gros yeux, prit son plateau et s'éloigna sous le regard désolé de Violette.

- Aaaaaaah ! On respire !

Violette baissa la tête, contrite.

Lilian et Léon déjeunaient mais tout le monde s'en fichait.

- Ca va, mec ?

Mike acquiesça. Steven plissa les yeux.

- T'as l'air bizarre. J'croyais que t'essayais de ressortir avec Naomi, ça avance cette affaire ?

Mike haussa les épaules.

- Nan, plus trop.

Fey plissa les yeux.

- Mais... tu nous bassines tout le temps avec ça !
- Ouais bah ça m'intéresse plus.

James haussa les épaules. Steven souffla de soulagement.

- Tant mieux parce que bonjour la pauvre fille quoi. Tu mérites dix fois mieux.

Fey s'étonna.

- Elle est très bien, Naomi !
- Elle est juste lourde, c'est une lèche-bottes, je supporte pas ce genre de personnes ! C'est comme ces crétins d'intellos... Regarde-les, encore avec leurs ordis ! Pffff !

Fey plissa les yeux.

- Y'a des choses que tu apprécies, Steven ?
- Les gens qui se prennent pas la tête et le sport, pourquoi ?

Fey secoua la tête, désabusée.

***

Helen sortit de la cantine et se dirigea vers la médiathèque pour y poser ses affaires. En plus de Denis, à la réception, elle y trouva la doyenne et le proviseur.

- Madame Clover...
- Monsieur Grant, madame Kovulet...
- Nous avons eu vent par une élève de votre classe qui tient à rester anonyme...
« Rebecca Gates... »
- Que vous aviez très fermement indiqué aux élèves de seconde année un qu'ils devaient rester à la médiathèque pendant les heures où les professeurs avaient grève.
- C'est ce qui est indiqué dans le règlement, il me semble. En cas d'absence des professeurs dans les locaux de l'établissement, les élèves sont tenus de rester en permanence.
- En l'occurrence cette règle s'applique notamment à la matinée et dans les situations où il y a éventuellement cours ensuite...

Helen inspira.

- Je suis la responsable de l'équipe pédagogique de cette classe, n'est-ce pas ?
- Oui mais cela ne vous...
- Vous devriez enguirlander mes stupides collègues grévistes au lieu de m'enquiquiner moi !
- Madame Clover, le droit de grève est un droit élémentaire ! souffla la doyenne.
- Ce n'est pas ce que dit le règlement des professeurs !
- En l'occurrence le règlement de l'administration a été rédigé par quelqu'un de sensé qui autorise les profs à faire grève si cela est nécessaire, sans restriction de salaire grâce aux syndicats ! souffla Aloysius Grant.

Helen écarquilla les yeux.

- Syndicats ?
- Oui, les syndicats ont été rétablis depuis la période Smirnoff, vous n'étiez pas au courant ?
- Je sais mais ils ne sont pas censés avoir autant de pouvoir après, précisément, des évènements impliquant un autre Smirnoff ! L'affaire Price ! Les attentats du centre culturel de Bourg Geon !
- Madame Clover, est-ce que vous vous croyez autorisée à me parler sur ce ton parce que vous sortez avec un membre du personnel ?

Denis haussa les sourcils. Helen sembla destabilisée.

- Mais absolument pas ! Je vous dis simplement qu'en... qu'en tant que professeur principal je... Je suis tenue à...
- Les élèves seront libres de faire ce qu'ils veulent, rester à la médiathèque ou partir. C'est bien compris ?

Helen acquiesça. Le proviseur et la doyenne partirent. Denis se mordilla les lèvres.

- C'est exactement le genre de situation où vous ne vouliez pas vous trouver, n'est-ce pas ?

Helen regarda Denis, défaite.

- Vous ne voulez pas admettre vos sentiments parce que vous pensez que ça vous rend faible d'en avoir. Quand vous êtes seule, vous vous moquez des conséquences, quand vous avez quelqu'un, vous devez faire plus attention.

Helen soupira.

- Je crois que j'ai besoin de lui en fait, là... J'aurais bien besoin de... le serrer dans mes bras... Et je me sens terriblement conne pour ça !
- Laissez du temps au temps, au bout d'un moment vous arriverez à lui faire une place.

Helen souffla.

- Ca m'énerve de me confier à un homosexuel, c'est tellement cliché...
- Eh, on est faits pour ça !

Quelqu'un entra dans la médiathèque. Gregory Tremblay.

- Helen...
- Monsieur Tremblay ?
- J'ai décidé de... ne pas faire grève. Vous avez raison, ça ne sert à rien.

Helen hocha la tête.

- Bien. Bien. Vous restez ici pour prévenir vos élèves.
- Hm.
- Bien. Merci de votre... professionnalisme, je vais voir les autres professeurs...

Helen alla dans les couloirs. Gregory regarda Denis.

- Qu'est-ce qu'elle a ?
- C'est une femme, voilà ce qu'elle a !

***

- Waouh !

Derrière l'ouverture se trouvait une grande pièce, mieux construite que le reste du temple. En son centre, un autel sur lequel était posé une statue de Kangourex sur lequel s'écoulait du sable fin. Helen fit la moue.

- Pffff... Tout ça pour ça, c'est désolant.
- Quoi donc ? Cette pièce est superbe ! D'où vient ce sable à ton avis ?

Helen souffla.

- Nous sommes dans une chambre d'exécution. Nous étions auparavant dans une prison.

Holland s'étonna et se retourna vers Helen.

- C'est même pas un temple ?
- Ce qui me chiffonne, c'est pourquoi le vieil homme m'en a parlé comme d'un temple.
- Il était peut-être fou.
- Il m'a dit que le temple s'ouvrait avec de l'eau sur les symboles... mais je l'ai fait et ça n'a rien ouvert d'autre que cette prison.

Holland haussa les épaules.

- Il s'est peut-être trompé... ou tu as mal entendu.
- Je n'ai jamais tort, Holland Tenorman !
- Très bien, très bien... Explique-moi comment on tuait dans cette salle.
- Ça t'intéresse vraiment ?
- Ouais. Tant qu'on est là, après tout.
- Eh bien, le Kangourex que tu vois là, qui est un des Pokémon emblématiques de l'Australie...

Helen abaissa le bras droit de la bête. Holland recula. Kangourex s'ouvrit. Il y avait des pointes à l'intérieur de la structure.

- ... est en réalité un coffre de torture avec des pointes à l'intérieur. Si je presse l'autre bas, elles se resserrent vers le centre, tuant ainsi celui qui y est enfermé.

Holland haussa les sourcils.

- Joyeux.
- En effet, mais ça n'explique toujours pas pourquoi on m'a vendu cet endroit comme un temple !
- Les trolls ne seraient donc pas qu'internautes ou tolkeniens...

Helen soupira, frustrée, et marcha autour de l'exécuteur. Holland regardait autour.

- Y'a rien d'écrit sur les murs...
- Evidemment que non, cet endroit est un vulgaire peloton d'exécution.
- M'engueule pas...
- Je ne t'engueule pas, je suis frustrée.

Une fois le tour de la statue effectué, Helen déclencha un mécanisme qui ferma la porte et surprit Holland et Miradar.

- ... oups ! Quelle conne !!

Le trio tenta de rouvrir la porte mais c'était peine perdue.

- Han merde !!
- C'est pas vrai... on va mourir ici !
- Et y'a plus d'eau et à peine assez de nourriture pour tenir une heure !! geignit Holland.
- La tuile...
- C'est ta faute ! Tu as renversé toute l'eau ! Si ça se trouve une seule goutte suffisait !
- Si j'avais pu savoir que le grand temple secret d'Uluru c'est un stupide boucher des criminels, crois-moi, j'aurais à peine déversé une goutte de sueur !
- Comment on sort ?!
- J'en sais rien, j'ai dû activer un dispositif de sécurité au cas où le criminel arrêté s'échapperait !
- Cet endroit n'a aucun sens ! Pourquoi ici ?! Pourquoi ça ?

Helen réfléchit.

- La peine de mort existait au temps des aborigènes... elle est abolie actuellement... Peut-être qu'il faut simuler une mise à mort ! Je vais dans le coffre et tu fais semblant d'abaisser les bras de la statue !

Holland plissa les yeux devant le visage extatique d'Helen. Qui plissa les yeux.

- J'aurais jamais dû t'emmener !
- Au contraire tu as bien fait, dans cette situation, tu serais morte !
- Oui, peut-être...
- Tu es vraiment insouciante.
- Disons juste que je ne me prends pas la tête. En fait ce qui m'embête le plus c'est que je n'ai rien à étudier... A part ces mécanismes, mais...

Holland soupira et approcha de la statue.

- Tout ça pour ça... Tout ça pour un couloir de la mort...
- Belle observation, oui, en effet, on a franchi un long couloir avec des geôles pour qu'au final...

Helen leva l'index au ciel.

- Mais oui ! On a croisé des Pokémon sur le chemin, non ? Je crois t'avoir vaguement entendu en parler !
- ... ta capacité d'écoute me chagrine...
- C'est un peloton d'exécution pour les Pokémon ! C'est pour ça qu'il est caché ! Les aborigènes portaient les Pokémon au rang de créatures sacrées !

Holland soupira.

- Ça change rien au fait qu'on soit coincés ici sans eau ni nourriture !
- Moi, ce que je viens de découvrir me suffit comme eau et nourriture pour la semaine ! Vive le savoir et les connaissances !

Holland grommela.

- Je suis d'accord, c'est cool, mais comment on sort ?!
- J'essaierai de péter la porte avec Golemastoc demain, sois tranquille.
- Demain ?
- Bah oui, on va dormir ici, il va être tard, je te signale qu'on doit rentrer pour ainsi dire à pied. Je me rappelle maintenant pourquoi je ne voulais pas utiliser Golemastoc, il est trop voyant ! On sait jamais, on pourrait être suivis !

Holland soupira et regarda la statue.

- Foutu gros tas de pierre !
- En fait ça m'a l'air d'être de l'argile ! nota Helen.

Holland cracha sur la statue. Helen se releva.

- HEY !
- Rien à foutre ! Stupide statue qui nous coince ici sans raison !

La pièce trembla. Helen se leva. Miradar vint se serrer contre elle.

- Tu as déchaîné je ne sais quelle fureur...
- Génial. L'histoire de ma vie ! Je fais un tout petit truc et ça prend des proportions énormes !
- Tu m'as jamais raconté ta vie !
- C'est à peine si on discute ! grommela Holland.
- Tu crois que c'est le moment d'avoir cette conversation ?

La pièce se mit à descendre, comme un ascenseur. Elle s'arrêta à l'étage en dessous, où la porte, derrière Helen, était ouverte.

Holland et Helen se regardaient. Helen hocha la tête.

- De l'eau sur les symboles... en crachant sur cette statue, tu as... ouvert le temple ! La statue est un symbole en elle-même !
- Tu vois qu'il suffisait d'une goutte !
- Oh la barbe !

Helen et Holland pénétrèrent le vrai temple, cette fois. Il comportait des murs sur lesquels figuraient fresques et gravures. Le plafond était vouté, et il perlait de l'eau entre les blocs de pierre.

- C'est un temple pour quoi ?! demanda Holland.

Helen se pressa près des murs.

- OH MON DIEU !
- Quoi ?
- C'est l'histoire entière de l'île ! C'est un résumé total de l'ensemble de l'histoire de l'Australie depuis les premiers peuples jusqu'à...

Helen alla à l'opposé.

- ... 1788...
- 1788 ? s'étonna Holland.
- L'année de la colonisation britannique... Jusqu'où ira la folie des hommes... C'est écrit en Zarbi, du coup c'est compréhensible par n'importe qui !! Quelle présence d'esprit !!
- N'importe qui qui a fait un peu d'histoire... moi je comprends pas le Zarbi... Tu vas en faire quoi ?
- Rien. Je vais... hm... déjà il faudra que je dise à quelqu'un d'autre que ce temple existe, ça c'est sûr.

Holland acquiesça.

- On prend des photos de la salle. La meilleure définition possible. Tu as les cartes SD en rabe ?
- Oui.
- Oh ça va être géniaaaaaal !!! Et en rentrant on les numérotera toutes par ordre chronologique, et je reconstituerai toute l'histoire, et ça sera mon codex à moi !!
- T'es folle mais t'es également outrageusement sexy dans ces moments-là !
- Pas de ça en excursion !

Holland leva les yeux au ciel.

- Néanmoins tu as raison, après l'effort, le réconfort !

Holland sourit et s'apprêtait à prendre une photo lorsqu'Helen lui retira l'appareil des mains et l'embrassa.


***

Helen passa dans les couloirs. Elle vit Odile qui assurait bien son cours tout comme Vivienne. Wallace et Santana saluèrent leur professeur. Helen les salua d'une main distraite.

La prof déambula dans les couloirs. Elle vit que la salle de Jacob était active, avec notamment Christina, Lilian et Robbie au turbin. Elle hocha la tête, satisfaite.

En montant à l'étage, elle alla vers la salle d'informatique. Elle regarda par la vitre de la porte de la salle et vit Dominic qui lui leva un pouce. Helen partit, rassurée.

- Et donc, on peut dire qu'Internet, tel l'Univers, est à la fois en perpétuelle expansion mais également en perpétuelle destruction. Bref. On se lance dans les exercices de la page 180...

Tino, Tristan, Orson et Benjamin se hâtèrent de feuilleter leurs bouquins.

- J'ai remarqué que certains d'entre vous avaient du mal avec la programmation, il va falloir que ça s'améliore si vous ne voulez pas foirer votre option. Dans cette classe, il y a de très bons élèves pour ça. Randall, Carrie, Herbert, Benjamin... C'est difficile d'écrire des commandes mais vous pouvez y arriver. Evidemment je suis à même de vous apporter un soutien et même de vous envoyer des mails explicatifs... Oui, Tristan ?

Tristan baissa la main.

- Euh... Je connais quelques tutos sympas sur le net, si ça intéresse certains...
- Tu me les enverras, je transmettrais, ok ? sourit Dominic.

Tristan acquiesça. Tino regarda Tristan, blasé.

- Bêcheur.
- C'est toi qui dis ça ? sourit Tristan.

***

- Allez, allez, plus vite !

Le prof chronométrait ses élèves. Léon gambergeait sur ses probables kilos en trop et se demandait pourquoi il avait course juste après manger. Violette et Lucy franchirent la ligne d'arrivée avec les autres élèves. Gregory regarda Léon qui s'était arrêté peu après.

- Bah alors, Grimes ?
- Trop... Trop mangé !
- Ah ça j'y peux rien... Bien joué tout le monde, repos et ensuite cent mètres !

Violette et Lucy soufflèrent un peu.

- J'en peux plus...
- Et encore, toi t'es grande, la course n'a pas l'air de faire le double de ce qu'elle fait en longueur !

Violette hocha la tête. Lucy la regarda.

- Ça va ?
- Oui... un peu vannée en ce moment, je sais plus trop où j'en suis.
- A quel niveau ?

Violette haussa les épaules.

- Un peu de tout ici. Y'a qu'à la maison que je me sens moi-même.
- Comme tout le monde quoi. A part ça, tout baigne ?

Violette souffla.

- Je crois que j'ai un problème avec Rebecca.
- Tout le monde a un problème avec Rebecca. L'univers a un problème avec Rebecca, il ne sait pas quoi faire d'elle !

Violette agita la tête. La petite chinoise sirota sa bouteille d'eau.

- Tu sais Violette, beaucoup d'élèves dans la classe se posent des questions sur toi.
- A... Ah bon ?!
- En gros c'est : Comment une fille aussi cool peut traîner avec cette peste de Rebecca.

Violette soupira.

- On est amies...
- Mais encore ?
- ... Elle... euh... Parfois elle est gentille... elle est de bon conseil aussi...
- C'est moi ou toi que tu essaies de convaincre ?

Violette plissa les yeux, embêtée.

- Je crois que c'est moi qui ai un problème en fait...
- Tu es dure à suivre, Violette. Mais si tu as besoin, je suis là, ok ?
- 100 METRES, TOUT LE MONDE !

Les filles se dirigèrent vers la ligne d'arrivée.

***

Helen retrouva Holland à la médiathèque. Le rouquin regarda Helen.

- Le proviseur m'a dit pour ton... putsch.

Helen soupira.

- Je ne m'excuserai pas.
- Je sais.
- Pizza ce soir ?
- Hm.

Les deux adultes observaient les quelques élèves qui faisaient leurs devoirs à la médiathèque ou discutaient.

- Tu n'as pas de chez-toi ?

Holland regarda Helen.

- Hein ?
- Pendant le repas, je t'ai dit de rentrer chez toi, tu m'as dit que tu n'en avais pas.
- Oui, avant d'habiter chez toi, j'habitais chez mes parents.

Helen regarda Holland, se retenant de rire.

- Tu as trente-trois ans !!
- Je sais.
- Pourquoi tu ne m'as... non, c'est évident que tu ne pouvais pas me le dire, c'est la honte !

Holland agita la tête en se mordillant les lèvres. Helen inspira.

- J'y avais même pas pensé, en fait. A... toi, à ta vie personnelle. Je sais même pas c'est quoi ton plat préféré...
- Le tien c'est la tartiflette ! sourit Holland.
- Il y a tout ce que j'aime dans ce plat, il est tellement parfait !
- Le mien c'est les quenelles.

Helen regarda Holland l'air de dire « t'es sérieux, là ? »

- Si tu t'apprêtes à faire un lien désagréable entre cette préférence et ma masculinité, je t'ordonne par avance de cesser !
- On n'est pas un vrai mec quand on adore les quenelles, Holland !
- C'est tellement délicieux !
- Bof...

Silence. La fin de l'heure, et donc de la journée, sonna. Les élèves rangèrent leurs affaires et partirent. Helen soupira.

- Ne paie plus jamais mes factures.
- Je le ferai quand même.
- Et je t'engueulerai pour ça évidemment.
- L'émissaire de l'association Pokémon arrivera d'ici quelques minutes pour régler le souci des grévistes.
- POURQUOI TU M'AS RIEN DIT ???

***

Retour en avion. Helen observait les photos sur son ordinateur.

- C'est à moi, c'est à moi, cette fresque murale est à moiiii...
- Tu comptes rester gaga devant ton ordinateur pendant tout le vol ?
- Oui !!!
- Oh.

Holland regarda le siège en face, déçu. Helen était toute contente devant son ordi.

- Tu veux même pas discuter un peu ?
- Pourquoi discuter quand j'ai mon précieux face à moi ?

Holland ne put qu'acquiescer. « Un précieux que je t'ai aidé à récupérer et à classer pendant des heures... »
Il observa longuement l'historienne à ses côtés, et finalement, en tout désespoir d'établir un contact social, il remit son casque. Pour ce retour en avion, ce serait la discographie de Deep Purple.


***

Les élèves sortaient, zigzaguant entre les profs assis et immobiles.

- N'importe quoi... soupira Steven.
- Sérieux... souffla James.
- Et après mes parents me disent que JE suis immature... soupira Fey.

Walter et Naomi contournèrent le cortège, suivis par Wallace et Perrine.

- Tu fais quoi ce soir, Walter ?
- Bof. Je pense que je vais lire. Et toi ?

Naomi haussa les épaules.

- La même chose probablement.
- Je suis bien content que cette horrible journée soit finie. Partons vite avant que la prof ne me fasse un nouveau compte-rendu de sa vie sexuelle ! grommela Wallace.
- Tu adores ça... soupira Perrine.
- Jamais de la vie ! Berk ! geignit Wallace.
- Elle a raison et tu le sais ! soufflèrent Walter et Naomi en même temps.

Lesquels se regardèrent. Wallace les dépassa, mécontent. Il les montra du doigt, mesquin.

- Vous deux, dépêchez-vous de faire des bébés !!

Perrine avança et frappa Wallace derrière la tête alors que Walter et Naomi étaient tous rouges.

- Avance, abruti, et arrête de dire des conneries plus grosses que toi !!

Le quatuor sortit et passa devant une dame rousse avec des lunettes noires. Ils ignoraient qu'ils venaient de dépasser une importante membre de l'association Pokémon.

La femme entra et regarda le sit-in. Elle enleva ses lunettes, révélant être Arlène Rhodes. Les professeurs scandèrent des slogans.

- MOINS DE FLEXIBILITE !
- UN MEILLEUR CADRE !
- UNE VRAIE COHESION ADMINISTRATION-PROFESSEURS !!!

Arlène leva les yeux au ciel.

- J'en ai marre de ce boulot de merde...
- Bonjour madame Rhodes !
- Bonjour !

Arlène se tourna vers Lilian et Léon Grimes.

- Oh, salut les enfants ! Vous êtes ici, c'est dingue !
- Eh oui, le monde est petit ! sourit Lilian.
- Monsieur Smirnoff va bien ? demanda Léon.

Arlène hocha la tête.

- Il est extrêmement occupé mais il va bien. Disons qu'il... se dépatouille avec un casse-tête assez compliqué en ce moment. Mais il s'en sortira.

Les jumeaux hochèrent la tête.

- Si vous le revoyez, vous pourrez lui dire qu'on n'a pas oublié ses conseils ? demanda Lilian.
- Oui, ils nous portent chaque fois qu'on s'entraine ensemble ! admit Léon.

Arlène leva les yeux en souriant.

- Je suis sûre qu'Ariane et Corbier ont fait plus pour vous que Roland en quelques phrases !
- Euh, bah...
- Ils nous ont appris notre technique de combat globale, mais...
- ... Roland Smirnoff nous a appris notre leitmotiv, notre devise personnelle...
- C'est juste psychologique. Tout ça est en vous, les garçons.

Lilian et Léon se regardèrent et hochèrent la tête.

- Hm. Bonne soirée madame Rhodes !
- Vous de même les garçons.

Arlène sortit une Pokéball pour couper court au concert de protestations. Elle envoya Noacier. La créature lévita et menaça les professeurs de ses lianes piquantes. La nuée de profs se couvrit et fit silence.

- Bien. La prochaine fois c'est l'extermination. Je lance la procédure des pourparlers avec votre administration. Retournez au travail sinon je vous détruis l'un après l'autre. Pour ceux qui auraient autre chose à dire, j'vous attends à la sortie pour vous casser la gueule. Bande d'ingrats. Pustules sur pattes. Rebuts.

Helen et Holland approchèrent de Madame.

- Vous êtes l'émissaire de Ro... De l'association Pokémon ?

Arlène regarda Helen, la dévisagea et hocha la tête. Helen tendit une main.

- Helen Clover, ravie de vous rencontrer, voici Holland Tenorman.

Arlène regarda la main tendue.

- Je peux vous aider ?
- Euh... En fait ce serait bien qu'on parle en privé...
- Si c'est pour un plan à trois, j'accepte les chèques.

Holland rougit plus que c'était nécessaire avec sa peau de rouquin. Helen grimaça.

- ... C'est à propos du devoir de Wallace Gribble !
- Du quoi de qui ? Je sais pas qui vous êtes ni de quoi vous me parlez mais je suis là pour un truc censé être important, alors bon, hein...
- Mais... Roland Smirnoff a envoyé un message ! Un message à destination de Wallace Gribble !!
- Roland Smirnoff est trop occupé actuellement pour s'occuper d'affaires aussi superficielles. Retournez dans votre bibliothèque, vos archives ou quoi que ce soit qui vous permette de subsister et d'acheter des fringues pareilles.

Arlène traversa la foule des professeurs en les éloignant avec des claquements de doigts. Helen grimaça. Holland secoua la tête, tout ébaubi.

- Quelle FEMME !
- ... quelle salope ouais ! murmura Helen.
- Mission échouée alors ?
- Bah... on... dirait bien... Je vais prendre mes affaires et on part ?
- Hm. J'ai pas à être avec Grant pour les négociations de ce genre...
- Et je refuse que tu passes du temps dans la même pièce que cette pétasse !

***

Arlène traversait le couloir de l'administration. Avec sa dextérité mêlée de nonchalance, elle saisit son téléphone.

- Ta lettre a été bien reçue, Roland. Dimitri avait raison, la prof est un élément important de leur recherche, visiblement elle les soutient également. Concernant la lettre, je pense cependant que le message est mal passé...

Arlène s'arrêta dans le couloir.

- On ne fait rien de plus à ce sujet ? Tu es sûr ?... A eux de deviner, je suppose...

Arlène attendit et hocha la tête.

- Très bien, je termine ici et je transmets aux autres. Bon courage.

Arlène raccrocha et continua son travail.