040 - Ex-Libris
« On demande homme-tronc pour fondation arbre généalogique »
(Pierre Dac)
« Je remets ma vie à un plus-tard abandonné
Pour simplement vivre, tenter d'atteindre une humanité
Des lambeaux de terre me regardaient disparaître
Et parmi les pierres, je vivais et j'espérais, tu sais… »
(Mylène Farmer, Dans les rues de Londres)
Denis Truman prit une grande inspiration.
- Je tenais avant tout à m'excuser auprès de cette voiture toute entière.
- N'abuse pas… soupira David.
- Je suis sérieux ! Perrine, j'espère que tu me pardonneras un jour !
- Non, jamais.
Denis tressaillit. Perrine souffla.
- Je plaisante.
- Uuuuuh…
- Denis, ne stresse pas… soupira David.
- Firmin, tu restes calme, tu me le promets ?
Le gamin était endormi avec son Couaneton sur le ventre.
- Oooooh notre petit bébééééé !
- Tu conduis, Denis ! Regarde la route !!
- Mais David, regarde notre fils comme il est trop mignon !
- Denis, arrête, ce sont juste tes parents. Et tes sœurs. Et ton frère.
- Ouiiiiiin…
Perrine leva les yeux au ciel.
- J'veux pas y aller David !
- Bah fais demi-tour.
- Je peux pas ! Mon pauvre père, ma pauvre mère !! David !
- Regarde la route et arrête de faire des caprices !! J'ai même plus besoin de me demander d'où Firmin tient ça !
Perrine toussota. David regarda sa fille.
- Papa, tu es pareil !
- Je sais… mais moins pire !
Perrine roula des paupières.
***
- Mon chériiiii !
- Maman ! Papa ! Vous avez des mines radieuses !
- Et toi donc mon grand ! sourit Ruben.
- Oh oui tu as l'air d'aller tellement bien !
- Ouais ça va, ça va…
David soupira et regarda Perrine.
- Ma chérie, ne te marie jamais, ou alors, le jour où ça t'arrive, prétends être sourde et muette devant tes beaux-parents.
- A ton avis, à quoi je m'entraine depuis la naissance ? marmonna Perrine.
- David !
- Oh mais comme vous êtes resplendissant !
- Belle-maman, beau-papa… C'est un plaisir !
Firmin, mal réveillé, avait Couaneton posé sur sa tête.
- Arrête de faire le zinzin, Firmin.
- C'est pas moi, c'est Duck Nukem !
- Arrête avec les surnoms débiles de Wallace !
- Tonton Wallace il dit que je dois pas t'écouter parce que t'es la… t'es à la… à la… à la solde du capital, qu'il a dit !
Perrine s'essuya le visage d'une main grasse et lente.
- Perrine bonjour ma chérie !
- Salut grand-mère…
- Bonjour ma grande !
- Coucou grand-père…
- Firmin ! Oh regarde Ruben il a un Pokémon !
- Comme il est chou avec ! Ça lui va bien !
Perrine plissa les yeux. « Je vais mourir. »
***
Dans la maisonnée, Denis s'étonna de voir… autant de monde.
- Waouh… Virginie… Tu es… là… avec ton mari !
- Denis, bonjour… Rodney, voilà mon frère, Denis.
- Alors lui c'est le pédé, c'est ça ? demanda un type blond à lunettes et en costard.
- Oui c'est exactement ça…
- D'accord. Enchanté de faire votre connaissance !
Denis grimaça et serra la main adverse avec une politesse mesurée.
- Sandrine, ma chérie !
- Bonjour Denis !
Denis serra sa sœur dans ses bras de manière bien plus affectueuse qu'avec Virginie, qui du coup reprit un verre de vin rouge.
- Maxwell va bien ?
- Oui, oui… On songe à adopter.
- Voilà, très bien, garde une attitude positive ! Martial, salut !
- Coucou frangin…
Martial tenait une petite de cinq ans dans ses bras. La gamine semblait timide. Beaucoup plus en tout cas que la petite amie de Martial, une jeune femme bien en chair et…
- Bonjour Trisha…
- J'TE PARL'PAS A TOI !
Denis grimaça. Martial frappa son amie du coude.
- Calme-toi, là ! On lui doit encore de l'argent, j'te rappelle !
- RIEN A FOUTRE. Y M'A TRAITE DE GROS PARASITE INUTILE !
- J'étais… en colère ! sourit Denis, souhaitant calmer le jeu.
David arriva et salua tout le monde d'un geste de la main.
- David, mari de Denis, enchanté, nos enfants, Perrine et Firmin.
Perrine salua d'un geste de la main. Virginie pouffa de rire.
- Elle est encore plus grosse que la dernière fois !
Perrine grimaça. « Je. Veux. Mourir. Pas ici. Plus tard. »
***
- Et donc nous vivons paisiblement dans notre petit appartement d'Ogoesse, moi avec mon salaire de fonctionnaire, David avec sa situation en tant que chef de service… La belle vie quoi !
David grimaça. Virginie en était à son septième verre. Sandrine semblait maussade. La gamine de Martial était énervée et lui donnait des coups de pied dans les roustons.
Ruben et Ester, comme à leur habitude.
- C'est merveilleux, mon petit chéri !
- On est content que tu t'en sortes, comme tous nos enfants !
Ahanements modérés à table. David était genre super embarrassé. Perrine lisait un livre sur le travail d'Otto Dix. « Si seulement moi aussi j'avais pu être démembrée à la guerre… On m'aurait pas transporté partout comme ça ! J'aurais évité ce week-end ! »
- Eh bah moi je suis contente de revoir Virginie ! Ça fait plaisir de voir que… Vous avez accepté son petit copain !
- On est mariés… grommela Virginie.
- Oh tu sais, Denis, il faut parfois… mettre de l'eau dans son vin… admit Ruben.
- Oui, voilà, on n'allait pas rester fâchés éternellement…
Rodney sourit. Virginie soupira, à moitié saoule à 16h30. Firmin semblait apprendre un nouveau tour à Couaneton.
- Allez, PouetPouet ! Comme le glaçon ! Allez !
Perrine regarda son frère et secoua la tête. « Pouetpouet….. »
Martial soupira et posa sa fille par terre.
- Allez, Kim, va jouer avec ton cousin, là !
Firmin regarda la gamine foncer vers lui à quatre pattes. Perrine plissa les yeux. « Elle a cinq ans et elle se déplace à quatre pattes ??? »
- A VEUT LE CANARD !!! A VEU LE CANARD !!!
- KIM TU FAIS PAS CHIER !!! grommela le monstre-limace qui avait fait un enfant avec Martial.
Denis regarda son frère, le regard empli de compassion et de pitié. Firmin prit Couaneton sur sa tête et fonça dans le jardin.
- Au s'couuuurs !!!
- A VEUT LE CANARD !!!
Perrine se replongea dans sa lecture. « Mon royaume pour une ellipse temporelle… »
***
Denis était très intrigué. Parce que pour le premier service du repas de midi, Wallace avait décidé de venir à la médiathèque. Et visiblement il avait besoin d'aide pour une recherche.
- Il me faudrait aussi l'histoire de la littérature gay des années 1950 à 2000.
- … pour ton cours de philosophie ?!
- Oui, c'est super important ! Faut que j'en discute avec vous aussi, je sais que vous êtes calé !
Denis plissa les yeux.
- Pas… vraiment en littérature gay…
- Oh allez, aidez-moi, vous êtes comme un parrain pour moi !
Denis plissa les yeux.
- Ok… Je t'amène tout ça… même si honnêtement je me pose des questions…
- S'il vous plait !!! geignit Wallace de son air le plus charmeur.
Denis partit dans un rayon alors que Wallace, assis à la table, tapota par SMS.
« Denis la Malice est occupé, la voie est libre ! »
***
Walter reçut le SMS, dans la cantine. Attablé avec Naomi, il hocha la tête, et Spoink continua à bondir joyeusement sur la table, entre eux deux.
- Tu dis que Perrine attend quelqu'un d'important ?
- Oui… Du moins quelqu'un qui a compté dans sa vie.
- Oh. Et… Pourquoi Wallace n'est pas là, en fait ?
- Parce que si Denis voit la personne en question, va y avoir du grabuge…
Naomi acquiesça. Perrine attendait seule à une table. Robbie passa près d'elle.
- … Tout va bien, Perrine ?!
- Oui oui.
- Tu… es seule par choix ou par obligation ?
Perrine haussa les épaules.
- Par choix teinté d'obligation.
- … okay… tu as besoin de compagnie ?
- Non merci.
Robbie hocha la tête et partit vers la table des geeks.
Rebecca, Violette et Amélia passèrent devant elle.
- On n'a plus d'amis, la vachette ?
Rebecca et Amélia ricanèrent. Violette baissa la tête, contrite. Perrine attendait toujours. Holland Tenorman arriva avec un étrange petit monsieur.
- Là-bas.
- Ah oui. Merci.
- De rien.
L'homme se dirigea vers la table. Perrine sourit et se leva.
- Salut, papa !
Kyle Tennant serra la main de Perrine, un faible sourire sur son visage.
- Bonjour Perrine... Merci d'avoir accepté…
- Pas de problème. Assieds-toi.
Kyle prit place face à Perrine. Il était toujours aussi blond, les cheveux courts et coiffés en brosse. Il portait des lunettes carrées, une veste terne assez usée et un pantalon beige.
- Tu as l'air d'aller… bien ! marmonna l'homme.
- Oui oui, ça va, ne t'en fais pas pour moi.
- Cet endroit est superbe aussi…
- Mouais, c'est pas comme si j'habitais ici.
Kyle hocha la tête.
- Je vois qu'on a hérité du franc-parler familial !
Perrine sourit.
- Et toi, ta vie, qu'est-ce que tu deviens ?
- Oh tu serais déçue.
- Du peu que je me rappelle, quand j'étais chez toi… c'était décevant aussi…
Kyle serra les dents en hochant la tête.
- Je sais, je… sais. Y'a vraiment pas de quoi être fier…
Perrine inspira.
- Y'a pas de quoi te fouetter l'échine non plus, si ça peut te rassurer… Au moins tu t'es occupé de moi.
- … C'était égoïste, Perrine… Je voulais… simplement te garder avec moi pour… emmerder ton père. Pardonne-moi l'expression.
- Non, ça va.
- J'ai été stupide.
Perrine agita la tête.
- Admettons. Ta vie ?
- Je… suis en couple depuis deux ans.
- Bien ! sourit Perrine.
- Je songe à la séparation cependant.
- … pas bien.
- Disons que… je pense pas être fait pour la vie à deux…
- Ah ?
- Après ton père honnêtement… Vincent, c'était une erreur aussi…
- Oh il était gentil… Un peu neuneu mais gentil.
- Après, tous les mecs qui sont passés…
- A la réflexion c'était une période marrante. Au moins j'ai vu du monde.
Kyle eut un regard doux-amer.
- Je suis désolé…
- Je sais que tu l'es. C'est pour ça que quand tu m'as retrouvée sur Facebook, j'ai répondu à ton message.
Kyle acquiesça.
- Je veux me séparer parce que… ça ne me convient pas, cette vie conventionnelle, pépère, planplan… On a un appart, on bosse, on se voit le soir pour sortir, on fait des câlins, mais… y'a pas l'étincelle comme y'avait eu avec David.
- Tu travailles dans quoi actuellement ?
- Prothèses et rééducation des Pokémon amputés.
- Ouuuuh ! sourit Perrine.
- Génial, hein ?
- J'en connais plus d'un dans ma classe qui adorerait !
- Hm ! Et toi, pas de garçon qui te court après ?
- Oh papa…
- D'accord, d'accord…
- Disons que je suis pas intéressée.
- Fille ?
- Tu veux parier toi aussi ?
- Parier ?
- J'avais surpris une conversation bizarre chez la famille et… je les soupçonne de parier sur mon orientation sexuelle !
Lilian et Léon, la table à côté, lâchèrent leurs couverts, stupéfaits. Perrine et Kyle les regardèrent. Léon se prit la tête entre ses mains.
- Pourquoi on est toujours amenés à entendre ce genre de conversations ?!
- Laisse tomber, Léon, j'te fais plus confiance pour choisir la place !! grommela Lilian.
Perrine et Kyle reprirent leur conversation.
- Bref, je… suis pas là-dedans en ce moment.
- Ok. A la maison, ça se passe ?
Perrine acquiesça.
- David et Denis sont très pris dans leurs carrières respectives, David est chef de service maintenant, ouh, attention…
Kyle hocha la tête.
- Génial. Il le mérite.
- Denis bosse ici donc j'ai dû prendre des précautions draconiennes.
Kyle haussa les sourcils.
- Ah oui. Tu voulais vraiment qu'on se voie alors !
- Quand tu m'as dit que tu n'avais que le vendredi de disponible…
- Ouais, c'est un peu spécial, mon patron est à une conférence…
Perrine haussa les sourcils, surprise.
- Quoi ?
- … David aussi est en conférence…
- … quelle coïncidence ! Sur l'anatomie ?
- Il me semble oui ! admit Perrine.
- Ouah. J'ai un petit béguin pour mon patron.
- Ah oui ? Plus qu'avec ton petit ami actuel ?
- Bah… disons que j'ai plus envie de lui faire des choses que d'emménager avec !
Perrine acquiesça.
- Indécrottable, hein ?
- Ouais, exactement…
***
- Personnellement j'ai énormément de mal à me trouver dans une position passive, et David n'aime pas ça de toute façon, mais je comprends ton attitude de t'adapter aux mecs avec qui tu couches.
Wallace acquiesça.
- Ouais, j'veux dire… J'suis gay, j'peux tout faire, tant que ça m'apporte du plaisir !
- Hm. En l'occurrence, avec David, les rôles sont bien définis.
- Vous avez eu d'autres hommes que lui ?
Denis acquiesça.
- Hm… Owen, Armand… L'autre con que je préfère encore oublier…
- Lequel était le meilleur ? Niveau sexe je parle.
- Eh bien… Armand était nul, avec le recul, il était trop romantique, c'était chiant. Et il criait comme une fille. L'autre con… c'est brouillé à cause des… conditions dans lesquelles ça se passait… mais je crois me rappeler qu'il était pas mal… Owen c'était le premier donc… le meilleur. David se situe un peu en dessous.
- J'ai du mal à l'imaginer en bête de sexe… Il a l'air tellement… mou !
- David est génialement tendre. Et il sait y faire, vraiment.
- Hm. J'sais pas. Il est vraiment pas mon genre.
- Tu as un genre d'homme ? s'étonna Denis.
Wallace acquiesça.
- Poilu… Brun… Grand… Musclé… Grosse quéquette !
- Ce n'est pas un… genre, Wallace, c'est… un Sims à ce niveau-là !
- J'ai oublié de préciser Maigre et avec une bonne gueule !
- … Okay… Moi par exemple j'adore les hommes à lunettes !
- Berk !! C'est moche !
- Bah non !
- Moi ça me perturbe trop !
- Ils les enlèvent quand ils couchent, Wallace !
- Ah… ouais…
- Regarde, David a eu une aventure avec son assistant, qui porte des lunettes. Je pense qu'on a un peu le même genre de mecs en fait.
Wallace tressaillit.
- V… quoi ?
- Oh, pardon, j'ai… un peu trop parlé… Ne le répète pas à Perrine !
- N… Non, non, je le savais déjà, mais… Vous le saviez ?!
- Oui… Je m'en suis douté… C'était quand j'avais mes soucis de jambe… C'est normal qu'il ait été voir ailleurs, je ne lui en veux pas. Je pense qu'il s'en veut assez lui-même. Faudrait que je lui en parle d'ailleurs histoire de crever l'abcès.
Wallace plissa les yeux. Denis le regarda, souriant.
- Bah mon grand, t'as l'air tout peiné !
- Vous… Vous acceptez ça ?!
- Bien sûr !
- Mais… Mais il vous a trompé !
- C'est mon David, c'est l'amour de ma vie. On a deux superbes enfants, je ne le quitterai pour rien au monde.
- … ça… ça me désole qu'il vous ait trahi comme ça !
- Il y a des choses, Wallace, qu'on accepte de la part de celui qu'on aime, ça s'appelle le compromis, et crois-moi, ça peut pousser à faire de sacrées choses !
Wallace acquiesça.
- Ça me fait mal de savoir que… vous savez et que vous acceptez ça aussi… facilement !
- Ça te fait mal ? Je pensais que tu n'avais aucun sentiment !
- J'vous aime bien tous les deux, et voir que les choses sont allées mal entre vous…
- Une bonne relation est faite de mauvais moments. David et moi on s'est beaucoup disputés pendant cette période ! Et un peu avant. Mais on est restés unis dans la tempête parce que… Lui et moi c'est du solide. Au point que je n'envisage plus rien sans lui et réciproquement.
Wallace hocha la tête.
- Je sais pas si moi je pourrai supporter tout ça… de devoir accepter des choses qui me déplaisent…
- Ça te déplairait d'être trompé ? Toi qui couche à droite à gauche, qui refuse l'idée de relation ?!
- Le seul fait d'être trahi quoi…
- David ne m'a pas trahi, il a simplement… fait une bêtise, mais je sais qu'il en est conscient.
Wallace grimaça. Denis sourit.
- Tu es jeune, tu ne peux pas comprendre. Et puis vu ta conception des choses…
- Il a couché avec un autre !
- Oh j'ai fait bien pire, Wallace. Dans ma vie en général, je parle. J'aime trop David pour le quitter simplement pour ça.
- « Simplement pour ça » ?
- Je n'ai rien vu, rien entendu, je m'en suis douté après en les voyant tous les deux en accompagnant David à un gala de son hôpital, ça se voyait comme le nez au milieu de la figure, David ne sait pas mentir, dissimuler ou frauder. C'est passé, je vais pas en faire tout un drame.
Wallace semblait perturbé.
- Vous êtes vachement relax…
Denis haussa les épaules.
- Que veux-tu. Je vais pas foutre nos deux vies en l'air pour une histoire stupide qui se justifie totalement sur le moment.
- … Eh bah ça m'encourage pas à me caser…
- Ça te viendra un jour. Tu es un garçon trop bien pour ne pas t'engager avec quelqu'un.
Wallace plissa les yeux.
- J'pense pas être un garçon bien.
- C'est-à-dire ?
- Bah… Honnêtement actuellement ça me ferait chier de sortir avec un mec, d'avoir à lui rendre des comptes tout le temps…
- Personne ne rend de comptes à personne…
- Vous êtes dans une relation depuis longtemps, vous n'avez plus à en rendre à David, mais à mon âge, c'est l'enfer. Et t'étais où, et tu parlais à qui, et c'est qui dans ton téléphone… Personne se fait confiance, c'est la suspicion permanente ! Je veux pas de ça ! Et développer des sentiments aussi ça m'embête. C'est une attache trop contraignante.
Denis sourit.
- Je sens que tu n'attends pas les bonnes choses d'une relation.
- Faut attendre quelque chose d'une relation ?
- De l'amour, Wallace ! Etre aimé, c'est génial ! Savoir que quelqu'un sera toujours là pour vous !
Wallace plissa les yeux.
- Je me débrouille très bien tout seul.
- Vraiment ? Tu aimes ta situation actuelle ?
Wallace plissa les yeux.
- J'crois qu'il faut que je vous raconte ce qui m'est arrivé pendant les vacances.
- Je suis tout ouï et crois-moi je ne me rappelle absolument plus que tu es censé être là pour un devoir de philosophie ! sourit Denis.
***
Denis et Martial s'isolèrent en allant faire un tour dans le jardin.
- Tu as réfléchi à ce que je t'ai dit ?
- J'peux pas… J'peux pas m'barrer comme ça !
- Pas te barrer ! Divorcer et avoir la garde de la petite ! Ca crève les yeux que tu adores cette gamine, mais si tu restes avec cette femme, frérot, tu n'y survivras pas !
Martial soupira.
- J'sais pas si j'pourrais te remercier assez pour la façon dont tu… Dont vous m'avez aidé.
- C'était de bon cœur. T'es mon frangin quand même. Pis pour l'argent t'en fais pas, t'as tout ton temps.
Martial hocha la tête.
- Euh… frangin, j'suis désolé de t'avoir… insulté ou…
- C'était le bon temps et soit je le méritais, soit c'est ton caractère, voilà quoi.
Martial soupira.
- C'est juste que c'est chiant quand tes potes te disent « Eh ton frère c'est un pédé… »
- J'comprends.
Martial soupira.
- J'aurais pas les burnes de divorcer de Trisha. Quel con j'ai été de l'épouser aussi…
- C'est pas ta faute. Elle payait tout, les parents étaient tout contents… T'as pas vraiment eu ton mot à dire.
Martial soupira.
- Si jamais je divorce de Trisha et que ça se passe mal…
- Bah y'aura toujours les parents, mais au pire des cas, oui, tu pourras venir chez nous.
Martial hocha la tête.
- Et la petite ?
- C'est la grande inconnue… ça dépendra du tribunal.
Martial blêmit à la seule mention du tribunal. Denis inspira.
- Tu as vingt-trois ans, mon grand, va falloir grandir !
Martial regarda son frère qui haussa les épaules.
- J'avais vingt-trois ans quand je me suis casé avec David. Et j'en ai fait du chemin. Tu as le même âge, la vie est devant toi.
Martial ne put qu'acquiescer.
***
- Pas de petit copain ? s'étonna Virginie.
- M'enfin regarde-là, chérie… Comment veux-tu !
Perrine n'était pas violente.
Et heureusement.
- Rassurez-vous, je gère tout à fait mon capital laideur. Je suis capable de devenir belle en un instant et de tous les faire tomber comme des mouches. Il me suffit d'un peu de patience, d'un échafaudage, d'un camion de maquillage et en deux bonnes semaines je deviens présentable.
Rodney plissa les yeux. Virginie était tellement pétée qu'elle comprit à peine « Capital ». Sandrine observait, absolument fascinée par la verve de Perrine. Trisha essayait désespérément de suivre.
- Je sais, je suis grosse, mais les garçons adorent. Vous avez déjà essayé de manger de la chantilly de manière sensuelle en étant squelettique ? Ça ne tient pas du tout. Alors que moi, à peine je suce délicatement mon gros doigt boudiné plein de crème, et ils fondent tous !
Firmin observait d'un air halluciné sa grande sœur qui se lançait dans un grand numéro de parler-pour-ne-rien-dire.
- T'as raison. T'es une bombe sexuelle de cent-vingt kilos !
- Oui mais je suppose qu'aucun garçon n'a envie de sortir avec toi, de coucher…
- Ah, hors de question de coucher : Plus je fais languir ces messieurs, plus ils me courent après, et plus ils m'offrent de beaux habits. Et des chocolats, je n'ai pas parlé des chocolats. Justement ils m'en offrent trop, d'où mes cent-vingt kilos !
Virginie, complètement saoule, hocha la tête.
- M'donne presque envie de redevenir célibataire !
- Chérie ! Enfin, n'écoute pas cette gamine, c'est à peine si elle sait ce que c'est qu'un pénis !
- Parce que vous, vous savez ce que c'est ? demanda Perrine.
Virginie, Sandrine et Trisha regardèrent Rodney qui faisait beaucoup moins le malin.
***
En cuisine, David aidait les parents de Denis.
- Vous êtes beaucoup trop gentils, si vous aviez plus d'autorité, certaines situations n'auraient pas lieu…
Ruben soupira.
- Que voulez-vous qu'on dise, David ? « Virginie, dégage avec ce type » ? C'est un coup à perdre notre fille ! « Sandrine, arrête de te lamenter et passe à autre chose » ? Elle n'arrive pas à s'enlever de la tête qu'elle est infertile, ça la désole complètement !
- Et Martial, alors là… soupira Ester.
- Le pauvre petit. On a été incapables de lui dire de ne pas épouser cette fille !
David se mordilla les lèvres.
- Vous me rappelez moi-même à une certaine époque… Mais il faut savoir dire non ! Si Denis s'en est aussi bien sorti c'est… en quelque sorte grâce à la drogue ! Il est allé tellement loin dans l'abjection qu'il a compris lui-même qu'il devait sortir de votre trop grande gentillesse !
Ruben et Ester hochèrent la tête. David aida la matriarche à sortir le gratin du four.
- Tenez, c'est un repas familial et vous faites un gratin ! C'est trop classique ! Vous n'avez rien prévu qui perturbe un peu le palais de vos enfants, c'est… un simple gratin ! Même la première fois que je suis venu chez vous, vous nous avez servi un rôti ! Et c'était votre anniversaire de mariage !
Ruben et Ester se regardèrent. David souffla.
- Excusez-moi de vous parler un peu rudement mais avec mes parents en Europe, vous êtes ce que j'ai de plus proche en termes de sagesse du troisième âge, alors bon…
- On vous aime beaucoup aussi David !
- Ah ça oui. Pour une fois que notre Denis trouvait quelqu'un de bien… On a toujours l'impression que nos enfants trouvent des gens bien en fait… On n'a pas envie de les contrarier ! admit Ruben.
- Eh bah y faut ! somma David.
***
- Au final… L'impression que j'ai eu avec la prison, c'est…
Kyle se frictionna le visage.
- C'est que… ma vie avait déjà été trop agitée comme ça pour que j'en rajoute. J'ai fait mon année et après je me suis juré de garder un bon cap.
Perrine hocha la tête.
- Et… je sais que c'est le genre de trucs qu'on dit sans le penser !
- Totalement !
- Mais… quand… j'ai compris que… la normalité c'était pas pour moi, et que… les excentricités c'était plus destructeur qu'autre chose… Je me suis résigné à… une vie chiante et conventionnelle. Parce qu'au fond je… savais que d'une manière ou d'une autre j'étais bloqué entre… une vie sans espoir et une autre.
- C'est pas déprimant du tout cet état d'esprit.
- Oh j'ai… dépassé le cadre du suicide depuis longtemps. Un an en prison, ça te calme.
- Qu'est-ce qui t'a… empêché de te suicider en prison ?
Kyle sourit.
- C'est la conversation père-fille la plus hallucinante qui soit, hein ?
- Tu m'étonnes.
- Pourtant j'ai l'impression que je peux tout te dire !
- Oui, on me surnomme Bob l'Eponge ici. J'absorbe, je rends tout le monde gay et je suis poursuivie par un benêt en bermuda.
Kyle s'étonna. Perrine se pencha.
- Regarde discrètement le blond à deuxième table derrière moi.
Kyle plissa les yeux et regarda Robbie qui détourna les yeux.
- Il nous fixe depuis tout à l'heure, soit il me trouve sexy soit c'est toi qu'il trouve sexy.
- Je sais pas ce qu'il a, il fait une fixette sur moi…
- Tu pourrais trouver bien pire ! sourit Kyle.
- Pas intéressée. Tu peux répondre à ma question maintenant ?
Kyle soupira.
- Je suis tombé amoureux.
- Sous les douches ?
- Nan. Un maton. J'étais fou de lui, c'était désespéré, il ne me rendait pas mes sentiments mais… son amitié… m'a… fait comprendre que les relations humaines étaient plus complexes que de simples parties de sexe. Ça m'a fait me dire que j'avais toute une vie à refaire, une vie sans raccourcis dans les rapports humains.
Perrine haussa les sourcils.
- Je devrais te présenter à un de mes amis… ou lui recommander un emprisonnement… ce qui vu nos rapports ne serait pas étrange.
- Tu as des amis ? Beaucoup ?
- Un nombre raisonnable. Ils sont cools.
- Bon.
- Et toi ? demanda Perrine.
- Un petit cercle. On va dans des bars, on sort, c'est sympa.
Perrine acquiesça.
- Une petite vie tranquille.
- C'est ce qu'il me faut. Même si je suis pas contre une petite murge de temps en temps.
- Bien sûr !
- Hm. Le seul problème c'est… que je ne sais pas ce que je veux, sentimentalement parlant. J'ai eu le summum avec ton père, maintenant… j'ai que des miettes.
- C'est moi ou t'as pas fait l'impasse sur mon père ? Juste une hypothèse comme ça…
Kyle soupira.
- J'avais beau me… fourvoyer la face, pendant le procès pour te récupérer, ton père avait… entièrement raison. Quand je suis arrivé en prison, j'ai… réalisé à quel point je l'avais torturé psychologiquement, à quel point j'avais été mauvais avec lui… à quel point au fond je ne le méritais pas. Parce qu'avec lui j'avais de l'amour… une famille… une grande famille… On a vécu des choses assez hallucinantes. La Ligue Pokémon, fallait y être quand même…
Perrine acquiesça en voyant son père étreint par les regrets.
- J'ai merdé…
- Ouais… Et quand mes parents reparlent de toi, honnêtement…
- Comment tu as pu avoir envie de me revoir ?
Perrine soupira.
- Cette question. Tu es mon père quand même.
- J'ai plus aucun lien avec toi, et une injonction m'interdit en théorie de t'approcher à moins de cent cinquante mètres.
- Ouais, comme si t'allais me kidnapper…
- Bah y'a une camionnette dehors mais si tu veux on fait ça simplement avec un flingue !
Perrine fit la moue.
- J'aurais préféré une arbalète.
- Tu peins toujours ?
- Oui. Je suis des cours d'art ici.
- Bien !
Naomi et Walter observaient à distance de temps en temps.
- Ca a l'air de bien se passer…
- Hm. J'espère que Wallace n'essaie pas de draguer oncle Denis… marmonna Walter.
- C'en est même amusant à quel point elle est détendue…
- Elle aime bien discuter quand ça n'a pas d'importance. Quand elle est bavarde c'est qu'elle sait que ce n'est pas grave si elle papote, ça n'a pas de conséquences.
Naomi acquiesça.
- Tout le contraire de toi et moi.
Walter pencha la tête.
- On bavasse, on bavasse mais on sait bien que tout ce qu'on se dit est très important.
- Hm… oui…
- Enfin, moi, je sais bien.
- J'en… suis conscient aussi, Naomi…
Naomi acquiesça. Walter continua à manger, méfiant.
***
- Oooooh c'est trop mignon !! s'enquit Denis.
- Mouais… Depuis lundi, j'lui ai rien envoyé.
Denis plissa les yeux.
- Je t'ordonne d'envoyer un SMS à ce garçon !
- J'peux pas poursuivre. J'peux pas… continuer à lui donner de faux espoirs. J'veux pas le revoir.
- Pourquoi ?
- Il habite trop loin, c'est débile, ça n'a aucun avenir.
Denis plissa les yeux.
- Tu anticipes plus vite que ton ombre…
- J'vais faire quoi ? Sortir avec lui à distance ? On va juste se perdre de vue, ça me demanderait trop d'efforts de poursuivre… « ça »…
Denis hocha la tête.
- Je pense que tu te mens à toi-même. Tu as un Manternel, tu te fais du souci pour les autres, tu es un garçon dévoué, tu as une âme paternaliste au fond.
- Me faites pas votre truc de Pokémonologie…
- En même temps tu as un Chartor. Tu es renfermé, tu aimes brouiller les pistes.
- Mon Tiplouf c'est mon amour pour la natation synchronisée ?
- Ta fierté. Tu n'acceptes pas qu'on te donne, qu'on te materne, qu'on t'emprisonne. Et Canarticho c'est ta faiblesse.
Wallace haussa les sourcils.
- Manny n'est pas faible !
- En Pokémonologie, Canarticho c'est le signe d'une faiblesse personnelle face à tout, d'une impuissance face à la vie de manière générale.
Wallace plissa les yeux.
- Je pensais que la Pokémonologie associait les Pokémon à des caractères… Je suis pas faible.
- Tu n'es pas faible, tu te sens en position de faiblesse face à la vie. Tu as la flemme de contacter ce garçon, tu as peur de ce qui peut arriver. Cela active ton réflexe Chartor, tu te protèges des sentiments parce que tu as peur de souffrir, de perdre, d'être vulnérable.
Wallace grimaça.
- C'est con votre truc…
- Qu'est-ce que tu attends d'une vraie relation, Wallace ?
- Rien. J'attends pas de relation.
- Imaginons, demain, tu sors avec un garçon. Qu'est-ce que tu attends de lui en tant que petit ami ?
Wallace soupira.
- Qu'il… soit compréhensif. Qu'il soit capable de… me supporter… de m'écouter. De pas me dire ce que je veux entendre, de me dire la vérité. De pas me trahir.
Denis hocha la tête. Wallace soupira.
- J'veux quelqu'un qui me soutienne, qui… puisse me rassurer quand j'vais pas bien, et qui inversement ne refusera pas mon aide quand il va mal… Putain, j'suis une vraie tarlouze !
- Tu es sensible, c'est bien !
- Je crois que j'attends exactement la même chose de l'autre en fait. C'est pour ça que je sortirai jamais avec personne. J'ai des standards trop hauts.
Denis agita la tête.
- Je te rassure, dans une relation, généralement, tu es vite ramené aux réalités ! Et tes standards, ils vont vite s'effacer. L'amour est aussi inattendu que tout le reste.
Wallace acquiesça.
- Mais comptez pas sur moi pour sortir avec un mec de sitôt. Je tiens à mon indépendance.
Denis acquiesça.
- Certes. Mais parfois dans la vie, on ne peut pas faire face tout seul. Et de même, on ne peut pas s'empêcher d'intervenir pour quelqu'un. Tu es indépendant mais que tu le veuilles ou non, ta vie est liée aux autres.
Wallace inspira et hocha la tête.
- Je suis d'accord avec ce que vous dites… mais ça change rien pour moi !
- Comme tu veux. J'peux pas te forcer !
Wallace sourit.
- J'vous ai raconté une histoire personnelle, à votre tour !
- J'ai trop faim pour parler de ma vie !
- Allez !
- Je sais toujours pas pourquoi tu t'obstines à me retenir ici. J'espère qu'il n'arrive rien à Perrine.
- Que voulez-vous qu'il arrive à Tru… Perrine !
- Qu'est-ce que je t'ai dit à propos du nom de famille !
- Mais il est tellement cool ce nom de famille !
Denis inspira.
- Ok, je vais te raconter un truc personnel…
- Chouette, chouette, chouette !!
- Tu sais déjà que notre appartement est un don généreux des frères Trianon, de l'Hôtel de Ville d'Ogoesse.
- Hm !
- Eh bien… Rachid est devenu un ami de la famille, tout comme Armando et Noa, et… un jour ils nous ont invités chez eux, Perrine gardait Firmin, et… la soirée faisant, on était un peu… torchés. Armando et Noa sont allés se coucher, on est restés avec Rachid…
Wallace hochait la tête comme s'il suivait un épisode des Feux de l'Amour.
- … il a commencé à se lamenter sur son célibat, sa solitude, sa vie avec ses frères, il était pété, nous aussi, et les choses faisant…
Wallace grimaça, perspicace.
- Oh mon DIEU !!!
- Ouais, comme tu dis. C'était génial…
- La vache… J'suis excité, là, mais à un point !
- C'était pas le but !
- Sérieusement, vous, David et Rachid ?!
- Ouais… Le lendemain c'était un peu bizarre mais finalement les choses se sont remises correctement. Et de ce qu'on a entendu, Rachid a trouvé chaussure à son pied depuis…
Wallace bavait presque. Denis ricana.
- Allez, je vais manger, ça va me faire du bien. Et à toi aussi.
- Non, euh…
Wallace sortit une Pokéball.
- J'vous défie !! Vous pouvez pas refuser !
- Je comprends pas pourquoi tu tiens à ce que je reste ici !
- Vous pouvez pas repartir d'ici avec une poutre pareille dans votre pantalon !
Denis regarda vers le bas et soupira.
- Petit vicieux, tu vas prendre cher !
- Double-sens douteux, monsieur Truman !
- Merde !
***
Le repas commença magnifiquement bien.
- Du gratin ? Sérieusement ?! grogna Trisha.
- J'ai ajouté une sauce sympa ! sourit David.
- Pffff… On ira au macdo demain, hein chéri !
Martial hocha la tête, résigné. Denis plissa les yeux. Virginie dormait dans un fauteuil derrière la table. Rodney était face à Perrine.
- Euh… Perrine et moi avons eu une très intéressante conversation…
- Oui à propos de la séduction et des mœurs humaines avant l'accouplement…
Embarras général à table. Rodney s'attrapa le col.
- Euh… Non en fait nous n'avons pas parlé du tout !
- C'est bien ce que je me disais… marmonna Perrine.
Sandrine ricanait, amusée.
- Perrine a… un humour un peu spécial ! sourit Denis.
- J'trouve pas… marmonna Trisha.
David mangeait auprès des parents de Denis qui semblaient affligés mais silencieux.
- Perrine a juste son humour à elle… C'est… bien, d'avoir son humour à soi…
- Moi je la trouve très drôle ! assura Sandrine.
- Hi… Hiroshima…
Tout le monde se tourna vers Virginie.
- … Hiroshima c'est moi, pauvre tête de cul… zzzz… si j'merde sur le clavier j'fais exploser ton foutu département en moins de deux… zzzz…
Denis leva sa fourchette.
- Notons que Virginie travaille toujours dans le nucléaire !
La tablée sourit. Ester souffla.
- Ca fait du bien d'être réuni en famille…
- Oui… admit Ruben.
- Hm… soupira Martial, nostalgique.
David se mordilla les lèvres. Trisha soupira.
- La sauce est pas bonne.
- Eh bien vous irez chez MacDo demain, rassurez-vous ! sourit David.
Trisha regarda Martial.
- T'as entendu ce qu'il m'a dit ? Tu vas me défendre ?
- … il t'a rien dit, c'est toi qui sait pas apprécier la bonne cuisine.
- Je veux du gratin sans sauce !
- Tu veux qu'il fasse quoi, qu'il aille sécher le plat au soleil ?! Le gratin sans sauce c'est infect !
- Ouais mais ça, c'est même pas bon !
- Arrête de te plaindre. La petite adore !
Trisha se mit à bouder. David soupira. Rodney se leva pour réveiller Virginie.
- Viens manger, chérie !
- Hmmm… Fous-moi la paix !
- Allez !
Virginie se leva, complètement assommée.
- Fait chier… putain…
Ruben et Ester soupirèrent. Firmin mangeait calmement. Sandrine n'arrêtait pas de le regarder. C'est finalement elle qui craqua en fondant en larmes.
- Sandrine !! s'étonna Denis.
- Oh non… soupira David.
- Arrête de chialer, tu me fous mal au crâne ! soupira Virginie.
- Dis à ta sœur de fermer sa gueule… grommela Trisha.
Martial regarda sa femme.
- Elle est en train de pleurer, Trisha !
- Désolée, c'est juste que… Excusez-moi !
Sandrine s'essuya maladroitement. Denis grimaça.
- J… J'comprends pas comment tout peut être aussi facile pour toi, Denis, et pourquoi tout doit être aussi dur pour moi !
- … FACILE ??? Tu sais ce que j'ai traversé pour en arriver là ? Facile, non mais j'aurais tout entendu !
- Elle a raison… soupira Virginie.
- Toi, t'es bourrée, alors tu fermes ta grande gueule, toi et ton gigolo de merde !
- Je suis comptable !! grommela Rodney.
Perrine haussa les sourcils. « En effet c'est beaucoup mieux… »
- Sandrine, ça a pas été plus facile pour moi que ça peut l'être pour toi !
- T'es homo et t'as deux gosses, j'suis mariée et j'peux pas en avoir !
- J'ai adopté, ce que tu devrais faire si tu n'étais pas aussi passive !
- PASSIVE ??? Tu sais combien de FIV j'ai tenté ??? Tu as de la chance, tu n'as pas ce stress de donner la vie !
- On aura tout entendu, j'ai de la chance d'être homo ! Tu sais ce que c'est d'être homosexuel, tu te rends compte que ce que j'ai vécu à l'adolescence ?! Tu as de la chance d'être normale !
- Taisez-vous et allez me faire du gratin ! grommela Trisha.
Martial se frictionna le visage. David observait en mangeant, très neutre pour le coup.
- Tu as surtout de la chance parce que ton mec est d'une famille riche et célèbre !
David manqua de s'étouffer.
- Ca n'est JAMAIS entré en ligne de compte, et je te signale que j'étais avec David avant que son frère se fasse un nom !
- Ouais bah t'as bien joué ton coup !
- Arrête, Denis, t'es en tort… soupira Virginie.
- Pour la seconde fois, toi, ferme ton clapet !
- Elle a raison, Denis, arrête de faire comme si tu n'avais pas eu de chance !
- CESSE DE T'EN PRENDRE A TON FRERE POUR TES PROBLEMES !
La tablée regarda Ester Truman, en COLERE. Perrine tapota le dos de son père pour l'aider à dégager son œsophage.
- Merci ma puce.
- Ca fera vingt Pokédollars pour mes frais d'infirmière…
Ester souffla en se rasseyant correctement.
- Ça suffit ! Si tu veux tant que ça un enfant, adopte ! Mais arrête de blâmer ton frère parce qu'il a fait les bons choix !
- Maman, arrête, il s'est contenté de…
- Virginie, tais-toi ! Regarde-toi, avec ce type qui a presque notre âge ! Tu as passé l'après-midi à te saouler pour oublier que ta vie ne va nulle part et que tu passes juste ton temps à enchaîner les promotions et à travailler comme une damnée !
Virginie grimaça, touchée en plein cœur. Rodney s'étonna.
- M… Madame Truman, si je peux me permettre, je n'ai que quarante-six ans et… je n'ai certainement pas votre âge !
- Quarante-six ans ? Moi je n'en ai que seize, pourquoi vous vouliez sortir avec moi tout à l'heure ?
Rodney fit de gros yeux. Virginie regarda Rodney, tout comme Sandrine, Martial, Trisha, Ruben, Ester, David et Denis. Firmin était occupé avec Couaneton qui mangeait dans son assiette.
- Excellent dîner, je… euh… vais prendre le bus pour rentrer !
Rodney quitta la pièce, fissa. Perrine souffla.
- C'était pas vrai, je voulais juste qu'il dégage.
- Quant à toi, bats-toi un peu pour avoir ce que tu veux au lieu de t'enfoncer dans la crasse !! grommela Ruben à son fils.
Martial plissa les yeux. Trisha s'étonna.
- Ca veut dire quoi, ça ?! J'vais l'avoir, mon gratin ?
***
Retour en voiture. Denis soupira. David était calme. Firmin jouait avec Couaneton. David se retourna.
- Perrine…
- Hm ?
- Jure-moi que ce vieux machin ne t'a pas fait de propositions bizarres.
- Je le jure. Il s'est juste donné une peine hallucinante pour me faire croire que j'étais laide, minable et que je ferais mieux de m'enfoncer dans un trou pour y mourir plutôt que de m'échiner à vivre.
- Quel connard… soupira Denis. Au moins, Martial avait l'air résolu à faire changer les choses…
- Oui… tant mieux. Et Sandrine s'est excusée au moins.
- Elle était en colère, j'lui en voulais pas. Par contre Virginie…
- Faut de la patience avec ta sœur…
- Dites, euh… C'est juste moi ou les deux côtés de la famille sont aussi dingos l'un que l'autre ?! souffla Perrine.
David et Denis ne purent que hocher la tête en même temps.
***
- Sur QUOI ???
- Direction Dresseurs et Roland Smirnoff. On a bien avancé.
Kyle s'enfonça dans sa chaise.
- Tu es stupéfiante ! Tu n'es pas seulement pragmatique, tu es aussi un esprit libre et complètement inflexible ! Aller contre tes propres parents pour en savoir plus !
- Ce type a fait trop de dommages à ma famille pour que je reste sans rien faire. Le jour où on a appris qu'il allait se présenter… David a fait un malaise cardiaque.
Kyle grimaça.
- Ow… mince… il a jamais été très chanceux de ce côté-là…
- Ouais… Et puis ils se disputaient pas mal après son départ… quand j'étais gamine je pensais qu'ils allaient se séparer, je m'y étais même préparée psychologiquement… Je pensais que c'était de la faute de Roland – ce qui n'est pas vrai – mais il n'a pas non plus arrangé les choses… alors je veux mettre ça au clair pour que, le jour où je saurais la vérité, je puisse la partager avec mon père pour qu'il soit plus serein.
Kyle acquiesça.
- C'est une excellente chose. J'espère au moins que ce n'est pas dangereux…
- Nan, ça va. On a juste été menacés l'an dernier par une attaque, mais tout va bien.
Kyle hocha la tête.
- Je… suppose que tu sais ce que tu fais.
- Ouais, ça va. C'est pas comme si j'étais pas en territoire familier, hein !
- Ou plutôt familial !
Perrine et Kyle sourirent.
- Tu es dans une bonne classe ?
- Ouais. Là-bas, y'a Walter et Naomi… Walter est le fils adoptif de Colin et Aude.
- Oh. Oui… Le cousin Colin… sacrée tronche de cake… souffla Kyle.
- Euh, si tu veux… La table du gars blond derrière, y'a que des gens de ma classe… Des geeks.
- Berk. Mes voisins d'à côté sont des fans de Starcraft, ils sont debout toute la nuit !
- A deux tables derrière, des filles de ma classe… le clan des garces.
- Oh. Tes meilleures copines je suppose !
- Grave. La table à côté de nous, c'est Francis, Quinn, Lucy et Ana. Ils sont plutôt sympas.
- Bon.
- Au fond de la salle, la table, c'est les sportifs de ma classe.
- Ouuuh. Y'a pas masse de beaux gosses…
- J'sais pas. Sur le côté la fille asiatique en rose c'est Santana. Elle est cool. Et deux tables plus loin, c'est Clive et Andréa.
- Wow. Gothique-gothique…
Perrine acquiesça.
- Euh… D'ailleurs Andréa a des soucis en ce moment… On est dans le même cours d'art et… elle est un peu déprimée ces derniers temps…
Kyle hocha la tête.
- Elle a couché avec un des garçons de la classe et du coup tout le monde la regarde bizarrement. En cours elle a… un peu pété un câble et… je me demande si je dois faire quelque chose.
Kyle inspira.
- Tu es la mieux placée pour lui parler, je pense. Tu es bien dans ta tête, ton opinion sur le sexe est complètement neutre. Elle se sentirait en confiance et tu pourrais la rassurer intelligemment, je pense. C'est pas comme si t'étais bête !
Perrine sourit.
- Ouais…
***
Denis et Wallace se faisaient face.
- Prépare-toi à perdre ! assura Denis.
- Z'êtes pas si fort que ça… souffla Wallace.
- Allez, Fred !
Bétochef apparut. Wallace haussa les sourcils.
- Wow. Cool !
- N'essaie pas de me flatter !
- Ok, ok ! String, go !
Manternel apparut.
- C'est parti, Tranch'Herbe !!
Manternel envoya les feuilles qui se fichèrent dans un bloc de béton que Bétochef avait tendu.
- Haha !!
- Eeeeeeeeh !!
- Fred, attaque Poing de Feu !
Bétochef laissa ses blocs de béton dans le sol et chargea vers Manternel.
- String, Lame d'Air !
Denis s'étonna. Manternel créa une sphère d'air face à lui. Le Pokémon la trancha et envoya l'attaque vers Bétochef qui se prit la lame en pleine face.
- Wow ! Belle technicité !
- Merci !
- Lame de Roc !
Bétochef leva les bras en l'air, fit léviter ses blocs de béton, les disloqua en petits blocs et les projeta vers Manternel.
- Lame Feuille !!
Manternel trancha les blocs de pierre à une vitesse affolante. Denis sourit. Wallace aussi.
- Vous avez vu à quelle vitesse je réduis votre attaque en poussière ?
Bétochef frappa Manternel avec son Poing de Feu. Wallace haussa les sourcils alors que son Pokémon s'effondrait, KO.
- Nan…
- Si ! Tu n'as pas fait assez attention… On continue ?
- Hmph… Tabasco !
Chartor apparut. Denis acquiesça.
- O'Kama, go !
Joliflor apparut. Wallace haussa les sourcils.
- Vous le faites exprès ? C'est pour m'humilier ?!
- Nan !
- Hmph ! Lance Flammes !!
Chartor attaqua vivement. Denis sourit.
- C'est bien ! Tu as bien travaillé tes problèmes d'obéissance avec tes Pokémon ! Abri !
Joliflor se protégea derrière un mur.
- C'est pas juste !! grommela Wallace. Canicule !
Chartor prépara l'attaque. Denis plissa les yeux.
- Ca, c'est une attaque pas encore complétée.
- QUOI ? Mon oncle m'y a aidé !
- C'est trop long, absolument pas utilisable dans le cadre d'un combat réel ! Vampipoing !
Joliflor chargea et frappa Chartor en pleine face.
- Hey !
- O'Kama, Danse Fleurs !
Joliflor balança Chartor d'une attaque par le dessous qui renversa le Pokémon tortue. Wallace plissa les yeux.
- Tu es sérieux ou pas ? sourit Denis.
- … rhô l'humiliation… geignit Wallace.
- Dernier ?
Wallace acquiesça.
- Naosu !!
Grotadmorv apparut. Wallace plissa les yeux.
- Chelou… Bon, Manny !
Le Canarticho apparut. Denis sourit.
- Bon, bon, bon !
- Attaque Tranch'Air !
Canarticho agita son poireau et envoya des rafales de vent vers Grotadmorv qui encaissa tout avec brio.
- Juste pour rappel : Grotadmorv est ce genre de Pokémon qui a une excellente défense spéciale !
- … Hmmm…
- Bombe Acide !!
Grotadmorv tendit les mains par lesquelles il envoya des boulettes de boue toxique. Canarticho esquiva comme il put.
- Zut, zut, zut !!! Manny, Faux-Chage !
Canarticho tenta de contrer les attaques, mais Grotadmorv était trop puissant.
- Sérieusement !!
- Il est moins fort que les autres…
Canarticho se releva, vexé.
- Pourtant je l'entraine autant… sinon plus, on a une super relation depuis sa capture !
Canarticho s'éleva dans les airs et s'illumina de bleu. Denis s'étonna.
- Il apprend une nouvelle attaque, je crois !
- Sérieux ?
Canarticho fonça vers Grotadmorv, le bâton en avant, comme pour une charge épique.
- Rapace ! Génial !
- Rapace ?! Mouais…
Canarticho frappa Grotadmorv assez fort ce qui surprit Denis.
- … d'habitude Naosu absorbe bien les chocs…
Le Pokémon recula, vivement touché.
- Hey ! Il est nul, votre gros tas !
Denis plissa les yeux.
- Hey ! Ce Pokémon est un cadeau de David !
- Sérieux ? C'est naze !
Denis plissa les yeux.
- Naosu, DETRICANON !
Grotadmorv se tint droit. Wallace plissa les yeux.
- Manny, attaque Rapace !!
Canarticho s'éleva dans les airs et fonça vers Grotadmorv. Le Pokémon Poison cracha une vive fumée toxique qui explosa au contact du canard au légume. Le palmipède fut repoussé et immédiatement KO.
- Waouh…
- Primo : Rapace occasionne des dégâts de recul. Secundo : L'aptitude spéciale de ton Canarticho est Acharné.
Wallace sourit malicieusement.
- Ca me va bien !
- Quand on baisse une statistique de Canarticho, son attaque augmente. Ça peut t'être très utile ! C'est pour ça que tu m'as frappé aussi fort.
Wallace hocha la tête.
- En tout cas tu es très bon, tu m'as opposé une bonne résistance.
« Tu parles il m'a bousillé en un seul coup à chaque fois… »
- Merci, hihihi…
- Maintenant je vais manger !
- Euh…
Wallace regarda son téléphone. Il vit que Walter avait envoyé un message.
- Euh… Ok !
Denis plissa les yeux.
- Je sais pas pourquoi tu m'as retenu ici mais honnêtement j'aimerais bien savoir !
- J'vous ai pas retenu du tout, j'avais… envie de… papoter !
- Mmmmouais. C'est cela…
Denis s'éloigna. Wallace souffla.
***
- Merci d'être venu en tout cas.
- Merci à toi de m'avoir accueilli aussi cordialement… je dois te dire que je m'y attendais pas.
- C'est pas dit que ça se refasse de sitôt mais ça m'a fait plaisir !
Kyle acquiesça.
- Bon courage pour ta scolarité en tout cas.
- Tu pourras faire une partie de mes devoirs si je t'en envoie ?
Kyle ricana.
- Nan !
- Ooooooh…
Kyle sourit et partit. Perrine inspira.
- Eh bah voilà… c'est fait…
Elle retourna dans le réfectoire. Denis arriva à ce moment. Il aperçut une silhouette qui passait la porte de l'établissement. Il plissa les yeux et entra dans la cantine du personnel. Wallace se faufila à sa suite dans le réfectoire des élèves.
- Putain j'ai la dalle !
Perrine se dirigea vers la table de Clive et Andréa qui la regardèrent.
- C'était qui ce mec ? s'étonna Andréa.
- L'un de mes trois papas.
Clive semblait impressionné.
- T'es… géniale !
- Andréa, je veux te parler par rapport à ce qui s'est passé avec Steven…
La blonde commença à se braquer. Perrine leva les mains en signe d'apaisement.
- Je sais que c'est difficile de supporter quand les autres se font des idées sur toi, mais tu dois être plus forte. Je pense que tu assumes entièrement ce que tu as fait, à titre personnel…
Andréa acquiesça doucement.
- Ok. Tu te renfermes pas mal ces derniers temps, et c'est pas une bonne solution parce que du coup tu gardes tout pour toi, et un jour, tu vas exploser… Faut que tu relâches la pression, et je pense que tu devrais mettre les choses au clair avec Steven pour que les autres te lâchent la grappe.
Andréa s'étonna et acquiesça.
- Ok… mer…ci ?!
- Désolée, ça peut paraître un peu soudain…
- Ah non, on suit des cours ensemble, c'est normal et… même… gentil que tu te fasses du souci pour moi… Merci !
- De rien… Je… vais à ma table.
- Ok.
Perrine s'éloigna, toute contente d'elle. Andréa prit le broc d'eau. Clive s'étonna. La jeune fille s'avança vers la table de Steven, Mike, Fey et James. Steven regarda Andréa, souriant.
- Mais c'est le meilleur coup de la classe ! Saaalut !
Andréa renversa l'eau sur la tête de Steven. Mike, James et Fey se levèrent pour éviter la flotte.
- Ca, c'est pour avoir tout dit aux autres !
- PUTAIN T'ES MALADE !
Andréa leva la jambe et écrasa le service trois-pièces de Steven devant une cantine éberluée.
- BORDEL !
- Et ça c'est un avertissement : T'as plutôt intérêt à t'éloigner de moi à l'avenir. Capice ?
- Ouais, ouais !!! Merde !
Andréa retourna à sa place. Elle regarda Perrine et lui leva un pouce satisfait.
A sa table, Perrine était stupéfaite.
- J'ai créé un MONSTRE.
- Faut que t'arrêtes de parler aux gens, t'es dangereuse ! sourit Naomi.
- C'est ton père qui t'a fait cet effet-là ? s'étonna Walter.
- Dire que j'ai fait du gringue à Denis pendant une demi-heure pour ça ! Ça valait le coup !
Perrine regarda Wallace qui haussa les épaules.
- Tu m'as dit de le retenir, pas de parler couture et œnologie !
***
Denis et David se mirent au lit le soir même.
- C'était une journée bizarre aujourd'hui…
- Pour toi aussi ? Cette conférence était d'un chiant… souffla David.
- J'ai beaucoup parlé avec Wallace… et… ça m'a rappelé à quel point j'aimais être avec toi.
David haussa les sourcils.
- Ah bon ?
- Oui… que… malgré nos erreurs et nos défaillances personnelles, on était bien ensemble. Et que finalement je pouvais plus vraiment envisager la vie sans toi.
David acquiesça.
- Hm…
- Et… bah…
David soupira.
- Je me souviens que tu as trente ans demain, Denis !
- Tu t'en rappelles ?! Oh non ! J'aurais juré que tu avais oublié et que j'aurais toujours la vingtaine, comme un brave !!
- Oui, et… plus important… je t'ai trompé.
Denis acquiesça.
- Je sais.
- Tu savais…
- T'es pas doué pour cacher quoi que ce soit, quand tu m'as présenté « ce cher Wilton », honnêtement…
- C'était… une erreur, j'ai… merdé, j'étais pas bien sur le moment, je…
- Oh t'as pas à te justifier, j'comprends.
- Tu... J'suis désolé, j'm'étais juré de jamais faire ça...
- Et c'est toi qui disait que si je te trompais, tu me quitterais en plus ! sourit Denis.
David regarda Denis, coupable. Denis se serra contre David, miséricordieux.
- Je t'aime David. Ok ?
- Moi aussi je t'aime…
- Tu es un homme, tu es faillible et c'est pour ça que je t'aime, ok ?
- Serre-moi fort Denis... sanglota presque David.
***
Perrine cessa de peindre, éteignit ses lumières et alla se coucher, fatiguée. Elle entendit des ressorts grincer. Elle leva les yeux, ennuyée, et chuchota, mécontente :
- Sois maudit, Wallace Gribble... Sois MAU-DIT...