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Le Projet Wallace de Domino



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Informations

» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 17/04/2013 à 10:58
» Dernière mise à jour le 17/07/2013 à 03:36

» Mots-clés :   Action   Humour   Romance   Slice of life   Unys

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039 - Secret of Nana
« Il n'y a pas plus prude que celui qui a un secret à cacher. »
(George Sand)

« Il est si beau et si fragile sous son armure de pluie
Qui se brise sous mes remarques quand je me moque de lui
Son avis change comme le temps passe
Il est pressé, mon chevalier »

(Alizée, Mon Chevalier)



La famille Kingsley se retrouvait en voiture. Mais certainement pas pour des vacances. Duncan semblait relativement neutre et conduisait. Shawn semblait gavé. Jordan était dans son siège et végétait à moitié.

Et LaBarbara était, une fois n'est pas coutume, en rogne.

- POURQUOI elle nous fait ça MAINTENANT !
- Bar, c'était ta mère... souffla Duncan.
- Et elle m'en a voulu toute sa vie de t'avoir épousé, la garce ! Pourquoi elle fait ça alors que tu avais tes jours de congés juste en même temps que les miens ! La garce ! Elle l'a fait exprès j'en suis sûre ! Rupture d'anévrisme, mon cul !!
- Bar, les enfants écoutent...

LaBarbara se retourna vers ses enfants.

- Alors écoutez les enfants : Maman ne déteste pas grand-mère, elle trouve juste que c'était une vieille salope narcissique, égoïste, alcoolique et aussi fiable qu'une attaque Métronome, et que si maman est aussi sévère avec vous maintenant c'est parce que sa propre mère était une laxiste finie incapable d'élever ne serait-ce qu'un Magicarpe.

LaBarbara se rassit. Naomi et Shawn se regardèrent, stupéfaits.

- Voilà ! J'ai resitué le contexte !

Duncan haussa les sourcils.

- On va passer un superbe week-end...
- AH OUI AUSSI ! Pourquoi vouloir se faire enterrer à Rosalia ? Cet endroit est nul !
- Elle y vivait, tout comme toi...
- C'était nul. J'ai vraiment bien fait de te rencontrer et on a bien fait de concevoir Shawn aussi vite !
- Trop de détails !! geignit le grand frère de Naomi.
- Tu as le droit de savoir !
- Non ! souffla Duncan.
- Carrément pas !! grommela Shawn.
- Sache que ton père et moi on t'a conçu sur la moquette d'un couloir d'hôtel !
- LABARBARA ! grogna Duncan.
- MAMAN, MERDE !
- Et voilà ! C'est dit ! Et voilà !

Naomi se frappa le front, s'y attendant à des kilomètres.

***

Arrêt essence. Naomi se retrouvait seule avec sa mère et Jordan dans la voiture.

- Chérie, ton père t'a parlé depuis le début des vacances ?
- Oui, je n'arrête pas de lui dire que tout va bien, j'ai l'impression qu'il ne me croit pas.
- Ca le désole vraiment ce qui t'es arrivé, il se sent coupable.
- C'est... Il faudra que je trouve le courage de m'expliquer avec lui, mais je suis du genre à délayer ce genre de choses...

LaBarbara souffla.

- Tu tiens ça à la fois de lui et de moi...
- Tu plaisantes, maman ? Tu es toujours en train de t'exprimer...
- Dans le dos des gens !
- Tu n'es pas tendre avec tante Cléo...
- C'est ma sœur, et je l'engueule plus que je ne suis sincère avec elle.

Naomi acquiesça.

- Et toi maman, ça va ?

LaBarbara souffla.

- Oui.
- ... Si je tiens mon manque de courage pour m'expliquer avec les gens de papa, je sens que je tiens mon incapacité à extérioriser mes sentiments de toi !

LaBarbara éclata de rire.

- Tu as raison, ma grande, tu as raison... C'est pour quel garçon que tu as quitté Mike ?

Naomi s'étonna.

- ... Personne !
- Oh voyons, ce mec était parfait pour toi. Tu avais l'air tellement pimpante, tellement nouvelle...
- Trop nouvelle. J'étais plus vraiment moi, j'en venais à délaisser mes vrais amis.
- En même temps je me demande pourquoi je te demande ça, avec ta volonté de fer tu feras ce que tu veux dans la vie, ma fille, ça, je te fais confiance...

Naomi hocha la tête.

- Et si c'est pas le cas, je te tue, ma fille, tu m'entends ?

Naomi hocha rapidement la tête.


***

Lundi

***

Le petit déjeuner se passait dans le calme. Duncan regardait sa fille avec insistance.

- Tout se passe bien à l'école ?
- Oui papa.
- Tu n'as pas eu d'autres problèmes, tu n'as pas été abordée par des inconnus ?
- Non papa.

Duncan hocha la tête. Naomi souffla, pas très à l'aise. LaBarbara soupira. Shawn observait le petit déjeuner, un peu à l'écart.

***

- Ton père s'inquiète ?
- De plus en plus...

Perrine hocha la tête.

- C'est logique, il était au plus près de ces affaires... Il se dit qu'il aurait pu l'empêcher.
- J'ai pas trop envie de l'embêter avec ça... C'est pas comme si c'était lui qui avait déclenché l'attaque...
- Il a fourni du personnel... Il a offert un partenariat à caractère financier aussi... Et de ce que tu en disais, c'était un contrat de confiance...

Naomi acquiesça.

- Je sais pas comment aborder ça...
- C'est étonnant que tu sois aussi posée, rationnelle, carrée, mais que pour autant tu aies du mal à parler clairement avec les gens...
- Je sais, j'ai presque l'impression d'être une dissimulatrice née !
- Hm... Pour changer un peu de sujet, faudrait qu'on s'arrange avec nos amis les fous de l'ordinateur pour continuer nos recherches...
- Difficile depuis que Wallace a rudoyé Tristan...
- Hm... On n'est pas aidées...
- Hey Naomi...

Les filles se tournèrent vers Mike.

- Salut Perrine...
- Grrrrr...
- J'ai pas peur de toi, juste embarrassé !
- Je n'ai pas de rancune, c'était une situation différente, la vie avance, et cætera, tu es tout pardonné, ça va comme ça ?

Mike hocha la tête. Perrine haussa les épaules en levant les mains vers le ciel.

- Ton frère est dans l'équipe de basket ?
- Oui.
- Il fait aussi partie de l'association sportive ?
- Oui il me semble...
- Tu pourrais lui dire que les handballeurs de première année n'ont pas le droit d'occuper notre terrain pendant leurs heures ?

Naomi plissa les yeux.

- Ils n'ont pas une salle ?
- Fermée pour dégradations avec la merde à la fin de l'an passé !

Naomi et Perrine s'étonnèrent.

- Dégradations ?!
- Ils étaient coincés dans le gymnase ! s'étonna Perrine.
- Justement apparemment ils ont paniqué et un peu foutu le bordel... admit Mike.

Naomi serra les dents. Perrine semblait surprise.

- Eh bah...
- Je sais pas si mon frère peut faire quelque chose, mais tu peux t'adresser à lui directement, il est cool !
- Je confirme, son frère est très sympa ! affirma Perrine.
- Tu ne l'as rencontré que deux fois ! s'étonna Naomi.
- Justement.

Mike hocha la tête.

- Si tu le dis... Merci !
- De rien !

Mike s'éloigna. Perrine s'étonna.

- Tu es vachement cool quand il vient te parler !
- Oh Mike est très sympa quand il est relax !
- Y'a pas la sœur à Wallace dans l'association sportive aussi ?
- Si... Tu n'as pas de chance de ne pas avoir de grand frère ou de grande sœur...

Naomi se mordilla les lèvres.

- Désolée !
- C'est rien...
- Tu vois, c'est toujours comme ça, dès que j'essaie un peu de rentrer dans la vie des gens, je dis des bêtises !!
- Comme tout le monde ! Sauf que moi j'essaie jamais !
- Oui... Ça te facilite les choses...
- Je vais à mon casier, à tout à l'heure !

Naomi acquiesça. Elle regarda vers Wallace et Walter qui semblaient dans une conversation agitée, au loin.

« Au moins ils se sont réconciliés... »

Naomi soupira.

« - Tiens, coucou chéri !

Naomi fit la bise à son mari Walter qui rentrait du travail, dans sa chaise d'handicapé. Il écrivait sur son clavier parlant.

- COMMENT... TU... VAS... BOMBASSE ?
- Oh Walter, voyons ! Hihihi ! »


Naomi secoua la tête.

« Non, non et non, arrête de penser à ce genre de choses, ça ne se passerait pas comme ça !! »

Walter, plus sexy que jamais, sprinta dans le couloir du château. Il s'agenouilla en glissant vers Naomi.

- Bonjour à toi, amour de ma vie ! sourit-il avec la voix d'un crooner britannique.
- Oh Walter, voyons ! Hihihi ! »


Naomi frissonna. « L'univers de tes fantasmes est atroce, Naomi Kingsley ! »

Tristan arrivait tranquillement à l'école. Il croisa Gina et Holly qui le remarquèrent.

- Oh, toi, là !

Tristan plissa les yeux. « Elles connaissent pas mon nom ?! »

- On voulait te demander un truc...
- Tu t'y connais en ordis, nan ?

Tristan hocha la tête. « Mais si elles peuvent me payer pour que je répare un de leurs PC, c'est pas de refus... »

- Gina a acheté des sandales sur Topaffaires.com...
- Mais en fait je les veux plus, et j'veux me faire rembourser !

Tristan haussa les sourcils.

- Euh...
- Mais par Internet c'est pas possible, alors on voulait savoir si tu pouvais pas pirater Internet pour que je me fasse rembourser !

Holly hocha la tête. Tristan ne savait pas par où commencer.

- L... Les filles, ça n'a rien à voir avec Internet, il faut juste vous adresser au service après-vente du site internet qui vous a vendu les sandales !

Gina et Holly se regardèrent.

- Tu vois, je t'avais dit qu'il voudrait pas nous aider !
- Ouais, t'es pas sympa !
« Disent les filles qui se foutent de ma gueule tous les jours... »
- J'suis sûre qu'il pourrait le faire et qu'il veut juste qu'on lui donne quelque chose en plus !
- Ouais, tous les mêmes, ces mecs !

Les filles partirent, lasses. Tristan plissa les yeux et haussa les épaules. « Bon, au moins j'arrive à donner le change et à passer pour un banal hétérosexuel... »

Les élèves se dirigeaient vers les terrains où se déroulerait le cours d'apprentissage technique des attaques.

***

- Excellent, Christina !

Les élèves s'entrainaient à toucher des cibles mouvantes. Sandrine Aubert observait leur travail. Christina s'acharnait particulièrement.

- Je ne sais pas quelle mouche vous pique mais c'est une bonne mouche !

Christina souffla, terrassée par l'effort. « Je dois devenir plus forte... Je veux que Tino me regarde et m'admire... Je veux être forte !! »

Wallace s'entrainait avec Manternel dont le Tranch'Herbe était toujours aussi précis.

- Bon, bon, bon... Cet entrainement m'est inutile à première vue !
- L'entrainement c'est jamais inutile...

Wallace regarda Naomi à ses côtés.

- Le fait que tu te mettes à côté de moi et non à côté de Perrine traduit ton besoin d'avoir avec moi une conversation importante...
- J'ai pas mal de soucis en ce moment.

Wallace hocha la tête.

- Ton père...
- Hm. Il balise complètement...
- C'est normal. Tu devrais en profiter pour lui soutirer des informations.
- J'avais oublié que tu pouvais aussi donner de mauvais conseils...
- J'vois pas comment tu pourrais tout arranger... C'est ton père et sa conscience !
- Ca m'atteint beaucoup, j'ai l'impression d'avoir une responsabilité...

Wallace leva les yeux au ciel.

- Ton sens moral est vraiment la pire de tes qualités...
- J'estime que c'est la meilleure. Je ne peux pas effacer ça aussi vite, je sais que quelque part j'aurais pu empêcher ça.
- Et si quelqu'un avait découvert le truc de Jésus quand il faisait ses tours de magie, l'histoire du monde occidental aurait été très différente ! Naomi, bordel, arrête de porter le poids du monde sur tes épaules ! Laisse ton père régler ses problèmes.

Naomi grimaça.

- Pourquoi tu es aussi hostile ?!
- Parce qu'on ne peut pas régler les problèmes de ses parents. J'en sais quelque chose. Perrine et Walter en savent quelque chose. Je sais toujours pas pourquoi ma mère ne me parle pas, au début je pensais qu'elle était malade et j'ai fini par me faire une raison. Walter me parle souvent de son père l'inquiet chronique, et Perrine sait que ce devoir touche sa famille personnellement aussi. Chacun son fardeau. Tu n'y peux rien, personne n'y peut rien. Désolé mais c'est comme ça.

Naomi plissa les yeux alors que Kungfouine attaquait les cibles.

- Mon pauvre Wallace, si on t'écoute, on ne fait plus rien...

Wallace regarda Santana, à la droite de Naomi.

- Ca faisait longtemps que tu m'avais pas cherché, toi !
- Tu es un ami déplorable. Elle est en plein désarroi et tout ce que tu trouves à dire c'est « Touche à ton cul ».
- Qu'est-ce que tu veux que je lui dise, je vais pas m'immiscer dans sa vie familiale !
- Certes mais il y a de meilleurs conseils à lui donner, comme : Trouve le bon moment et aie une conversation franche avec ton père.

Naomi regarda Santana.

- Franche à quel point ?! Je vais pas lui dire toute la vérité sur mon implication dans le devoir...
- Ah ça, ça te regarde.

Wallace leva les yeux au ciel.

- « Ça te regarde », vraiment ? T'as un diplôme d'hypocrite en préparation, City Sushi ?
- Je me fous de ton racisme, sale pédé.
- Tu peux parler, Ouaga Goudou !
- Je ne connais pas son niveau de proximité avec son père, je ne peux pas lui dire à quel point elle peut parler sincèrement avec lui !

Wallace allait répondre mais il grommela.

- Elle a raison, la carne !
- Contente de te l'entendre dire.
- A part ça, comment ça va, la vie de lesbienne asiatique solitaire ? souffla Wallace.
- Eh bien, ma mère a retrouvé un mec, ça baise dans tout l'appart c'est insupportable, je n'ai aucune nouvelle de mon père biologique que je ne connaissais pas jusqu'à il y a deux ans, la nourrice de mon petit frère est à deux doigts d'appeler les services sociaux, niveau vie amoureuse, je devrais arrêter de m'intéresser aux filles trop prudes ou qui ont besoin de trois grammes d'alcool dans le sang pour se laisser aller, niveau santé je ressors d'une adorable gastro-entérite qui m'a vidée de toute énergie vitale pendant les dernières semaines de mon été, donc je suppose... que ça va mieux que toi !

Naomi éclata de rire. Wallace plissa les yeux, son crâne fumant comme une forge.
Plus loin, Perrine et Walter s'entrainaient.

- C'était drôle. Mon père avait envie de se reposer mais ma mère tenait absolument à ce qu'il vérifie la tuyauterie de la cuisine...
- Tante Aude a une drôle de conception du week-end... marmonna Perrine.
- Mon père a été le faire et il a dormi sous l'évier.
- Wow. Dis-moi que t'as pris des photos !
- Moi non, mes sœurs oui, avec leurs téléphones...
- A ce propos, Firmin fait des merveilles avec Couaneton, Denis est super fier, David un peu plus méfiant.
- Pour changer...
- Ca ne lui plait pas trop que Firmin fasse tout avec ce Pokémon... ce à quoi Denis lui a répondu qu'il avait un Paras depuis le plus jeune âge... et David a rétorqué « Oui mais c'était pour des raisons de santé »...
- J'adore tes parents... souffla Walter.

Robbie, à côté d'eux, pouffa de rire. Son Cochignon semblait doué pour frapper des cibles à coups d'Eclats Glace. Perrine le regarda.

- Non mais dis donc Robbie, tu écoutes notre conversation ?!

Robbie regarda Perrine, découvert.

- Euh... Par pure inadvertance !
- Plus important : ça te fait rire ?! grimaça Perrine.

Robbie grimaça et regarda partout.

- Nnnnnon !
- Bon...

Walter s'étonna. Perrine garda le silence, passablement énervée. Walter – et Robbie – semblaient embarrassés.

***

Repas de midi, grande agitation.

- DES FRITES ??? ENCORE ???

La cuisinière regarda Rebecca, pas vraiment impressionnée.

- VOUS AVEZ PENSE A MA LIGNE ??? Vous devez proposer des repas dié-té-tiques !! Pas des trucs tellement gras que rien qu'en les touchant mes doigts je prenne dix tonnes !

Amélia hochait la tête comme une idiote. Violette gardait le silence.

- Tu n'es pas d'accord, Violette ?
- Euh... Si... euh... mais il y a de la salade...
- En entrée seulement, Violette !! J'ai besoin de manger !
- ... je te passerai la mienne s'il n'y a que ça...
- Tu vas MANGER DES FRITES ???
- J'ai besoin d'énergie, Rebecca, j'ai option cet après-midi !
- Violette, tu es mon amie ?

Violette plissa les yeux.

- M... Mais... euh... oui !
- Alors tu vas me faire le plaisir de ne pas finir ton assiette !!
- ... oui, Rebecca...
- Quand même !

Rebecca et Amélia partirent à la table. Violette prit sa ration. La cuisinière la regarda.

- Si vous devez vous débarrasser d'elle, j'ai un cousin en prison pour meurtre !

Violette grimaça, dégoûtée.

Francis, Quinn et Naomi arrivaient au self.

- Quoi qu'il en soit, Naomi, je... tenais à m'excuser pour avoir si mal réagi l'an passé. C'était pas votre faute.
- Un peu quand même... admit Naomi.
- En tout cas j'espère que ça ne recommencera pas... c'était trippant mais dangereux... admit Quinn.
- Pour en revenir à ton père, je pense que tu devrais la jouer calme. Ce n'est pas la mer à boire, tout ça, alors fais-lui sentir que tout est apaisé, que tout va bien... conseilla Francis.
- Ouais, regarde, on l'a affronté en face et on en est sortis vivants ! admit Quinn.

Naomi acquiesça.

- Oui mais par rapport à ce qui est arrivé à Wallace et Walter...

Francis serra les dents. Quinn sembla plus hésitante.

- Voyez...
- T'es pas obligé de tout lui dire !
- Oui voilà, tu fais un pieu mensonge !

Naomi grimaça. Francis et Quinn se regardèrent, pas très sereins.

Andréa regardait Clive, totalement ahurie.

- J'y crois pas, tu m'en veux ?!
- Non.
- Alors quoi ?!

Clive inspira.

- Mon... estime de toi est quelque peu réduite à présent.

Andréa plissa les yeux.

- M'enfin Clive, j'ai toujours été un peu sauvage comme ça !
- Sauvage oui, de là à être complètement stupide et à... te taper ce mec-là...
- C'était dans la fureur de l'instant !
- Tu te rends compte de ce que doivent penser les autres ?
- Personne n'est au courant !

Clive roula des paupières.

- Tu te demandes pas pourquoi Mike et James rigolent quand tu passes dans le couloir ?
- ...
- Ni pourquoi Fey te regarde de travers ?

Andréa se tourna vers la table en question où tout le monde se retourna ou détourna le regard.

- ... eh merde.
- Je crois qu'Ana le sait aussi par Fey, ainsi que Holly et Gina, qui l'ont raconté à Rebecca, Amélia et Violette. Laquelle l'a probablement raconté à...
- Espèce de roulure !

Andréa regarda Santana, étonnée.

- Quoi, mais...
- Steven Weldon ? De tous les abrutis avec une bite de la terre, il a fallu que tu baises ça ?!
- Je fais ce que je veux !
- Tu te rends compte que le peu d'estime que j'avais pour toi s'est envolé à la minute où je l'ai su ?!
- C'est pas la mort, arrêtez enfin !
- M'enfin tu te rends compte de ta nouvelle réputation dans la classe ?
- Je me fous de ce que les gens pensent !
- Ca les empêche pas de penser... marmonna Santana.

Laquelle s'éloigna. Andréa soupira, lessivée.

- Putain !
- J'te le fais pas dire.
- J'ai juste fait quelque chose qui sur le moment me paraissait excitant !
- T'aurais pu, je sais pas, faire du tricot...

Andréa plissa les yeux, blasée. Clive agita les mains.

- ... à côté d'un incinérateur ?

Andréa leva les yeux au ciel.

Wallace arriva le dernier à la table des quatre.

- Ok, sujet du jour : Il faut tuer Santana. Qui a des idées ?

Walter, Perrine et Naomi plissèrent les yeux.

- On discutait de la consistance de l'entremet... marmonna Perrine.
- Il nous paraît un peu trop... souple... constata Walter.

Wallace regarda Naomi.

- Pourquoi tu me saoules avec tes problèmes et pas eux ?!
- Elle nous en a parlé... marmonna Walter.
- Oui, la différence, c'est que nous ça ne nous saoule pas... marmonna Perrine.

Wallace s'assit et commença à manger son entremet.

- Vous avez raison, cette merde est dégueulasse.

***

Après manger, Naomi alla au terrain de basket, où son frère jouait avec l'équipe.

- Débugant, Bluff !

Le Pokémon Combat sauta droit devant Etourvol et lui chipa la balle. L'adroit petit Pokémon marqua un panier.

- Trop lent, Winston !
- C'est pas juste, Shawn ! Il est tout petit ce truc !

Le coach de l'équipe de basket siffla.

- Winston a raison, Shawn. Là, tu t'en sors parce que ton Pokémon est petit et agile, et qu'il fait face à un adversaire faible...
- Eh !
- Winston, si tu savais entraîner ton Etourvol, ça se serait vu ! Je te recommande de plus suivre en cours et de moins glander de manière générale ! Shawn, tu dois développer ta force globale en plus de ton adresse !
- Oui coach.
- Prenez une pause !

Shawn rejoignit sa sœur qu'il avait repéré.

- Yo.
- Salut Shawn... Fallait que je te parle des handballeurs qui occupent le terrain de foot...
- Ouais, il paraît que c'est à l'ordre du jour...
- Et...
- Me dis pas que t'es toujours en déprime à cause de papa ?
- Je ne peux pas m'en empêcher...
- Je sais, ouais... En l'occurrence c'est des problèmes de son boulot, tu peux rien arranger.

Naomi sembla embarrassée. Son frère la regarda en soupirant.

- Purée, Naomi, tu peux pas sauver le monde, arrête de te prendre la tête !
- Je suis obligée, Shawn !
- Nan t'es pas obligée ! Les adultes règlent leurs problèmes, t'as les tiens, je suppose, tout comme moi j'ai les miens ! Alors arrête de vouloir régler les problèmes des autres. Tu peux pas tout arranger ! Sérieusement, t'es sûre que tu veux vraiment bosser dans l'administration et pas dans la médecine humanitaire ? Ça t'irait mieux, j'te jure !

Naomi grimaça.

- Pourquoi tu m'envoies paître ?!
- Parce que t'es gavante à toujours voler au secours de tout le monde ! C'est à croire que toi t'es parfaite et que les autres, autour, ont tous besoin de ton aide ! Regarde, moi j'ai des problèmes de genou en ce moment. Je flippe de plus pouvoir faire le sport qui me passionne !

Naomi plissa les yeux, empathique. Shawn la désigna des deux mains.

- TU VOIS ! Tu veux essayer de m'aider aussi !
- Je me fais du souci pour toi aussi évidemment !
- TU as un souci, petite sœur. A force de voler au secours des autres, tu vas finir par oublier de t'aider toi-même... T'as forcément des problèmes en ce moment. Toi, personnellement !

Naomi agita la tête.

- Plus des cas de conscience.
- Bah essaie de les résoudre, pour changer. J'dis ça pour ton bien !

Shawn retourna sur le terrain. Naomi semblait on ne peut plus d'accord avec son frère.

***

- Humains, Pokémon... Une difficile alliance. Si différents... Ennemis par le passé... Récemment réunis... D'excellentes choses naissent des relations entre les hommes et les Pokémon. La technologie évolue. La vie quotidienne. Plus personne ne peut vivre sans eux. On peut dire – grossièrement bien sûr – que personne n'est seul grâce aux Pokémon.

Wallace acquiesça. Santana observait la prof qui se lançait dans une de ses grandes explications dramatiques.

- Mais l'est-on vraiment ? Dans son ouvrage de 1946, Oleg Jacobson décrit son enfermement durant la Shoah. Il est resté enfermé dans une cave pendant cinq ans avec pour seul compagnon un Soporifik sauvage coincé avec lui. Résultat, il est devenu fou et l'a tué. Chose qu'il résume très bien à la fin de l'ouvrage : « Il me sort par les yeux. Je n'en peux plus. Je prie Abraham de me pardonner. Il y a ce marteau avec lequel je casse les noix qui me nourrissent, avec lequel j'ai brisé la tuyauterie qui m'abreuve, avec lequel j'ai cassé le parquet pour y faire mes besoins. Mais cette créature inutile, à quoi me sert-elle ? Quel combat ai-je à mener ? Quelle tâche ai-je à accomplir d'autre que m'ennuyer, écrire, manger, faire mes besoins ? Il ne me sert à rien. Je lui parle, il comprend mais ne répond pas. Qu'Abraham me pardonne, vraiment, mais j'ai été obligé d'anéantir cette chose. Non pas qu'il en savait trop, non pas qu'il était mauvais ou traitre. Non, il me sortait par les yeux, à ne pas me répondre. Avec le recul je regrette infiniment ce geste, parce que probablement, cette créature m'a aidé à survivre au départ. Sa compagnie m'a probablement aidé. Mais sur le moment, cette grosse chose jaunâtre stupide m'apparaissait plus comme une bouche à nourrir inutilement que comme un quelconque comparse. C'était moi ou lui, sur le moment. Et je réalise tout à fait que c'est absurde. »

Vivienne Marx ferma le livre et regarda ses élèves.

- La communication est la clé de tout ! C'est ce qui manque aux Pokémon. Ah, si seulement on pouvait leur parler. D'aucuns disent que ça romprait un certain charme. Pour certains c'est le but inabouti de toute une vie... Encore faudrait-il que ce qu'ils disent soit traduisible...

Wallace hocha la tête, totalement convaincu.

***

- Bien, asseyez-vous... Je signale avant le début du cours que Tristan Edison sera demandé au bureau du proviseur après la fin du cours.

Tristan s'étonna. Tino, Orson et Benjamin le regardèrent, surpris.

- T'as fait quoi ?

Tristan haussa les épaules.

***

Francis parait les balles envoyées par les autres membres de l'équipe. Le coach soupira.

- T'es un bon stratège mais t'es un goal de merde !
- J'ai jamais dit que j'étais bon goal !
- Tu préfères la défense ou le milieu ?!

Francis plissa les yeux. « sérieusement... »

- Bah euh... La défense, c'est un poste cool !
- Mouais, c'est bien ce que je me disais...

Francis pencha la tête. « Ça veut dire quoi, ça ?! »

Steven, James et Mike envoyaient des balles presque toutes retenues par Kadabra. Le coach hocha la tête.

- Par contre je vois bien qui mettre en attaque.

Francis baissa la tête. « J'suis maudit ! »

***

Robbie rangeait les archives.

- Quel bazar... Tu t'en sors, Lilian ?

Le jumeau hocha la tête alors qu'il tapait encore l'almanach.

- C'est énormément de boulot... mais je suis en bonne voie !
- Bon... Christina, tout va... Christina ?!
- HEIN ???

La jeune fille s'était endormie au-dessus de son clavier.

- Oh mon Dieu, j'ai bavé partout !
- .............
- Rockwell, tout va bien ?! s'étonna le prof.

L'agitation de la salle se détourna vers Christina qui s'agita, confuse.

- Oui oui, tout va bien !!

Christina se remit au travail. « Tu t'entraines trop, Christina Rockwell, tu t'entraines trop ! »

***

- J'ai lu ce fameux livre dont vous nous avez parlé l'an passé. Le recueil de nouvelles.

Le professeur de littérature hocha la tête. Naomi observait Walter, intriguée. Fey, Ana et Quinn étaient dans la salle également.

- J'ai trouvé ça...

Ambrose Rodenberg hocha la tête.

- ... atroce.

Le prof haussa les sourcils. La classe s'étonna. Naomi sourit et écouta plus attentivement.

- Sérieusement... La première nouvelle est stupide. Pas intéressante. Le héros ne fait que se plaindre. On dirait un texte inachevé, et à la fin, l'auteur a essayé de lui donner un sens.
- ... c'est... cette fin qui fait toute l'excellence de cette nouvelle !
- C'est bien la seule chose alors.

Rires dans la salle. Le professeur observait Walter, circonspect.

- La seconde... En quoi une orgie de Toudoudou, c'est antimilitariste, monsieur ?
- Il dénonce la guerre des armes par la guerre des sexes !
- Avec des bébés Pokémon ?!

Brouhaha dans la salle. Naomi jubilait.

- Pour la troisième, j'ai trouvé que c'était mièvre et pompeux.
- Ah non, Walter...
- J'ai vu le même scénario dans un épisode des Simpson ! Le coup des motards qui enlèvent la femme qui devient leur amie !

La classe ricana carrément. Naomi se rassit dans sa chaise, tout sourire.

- « Scato », à la limite, est intéressante. Moi aussi, je me poserai de sérieuses questions si je devais être déféqué par une baleine.

Quinn ne put se retenir et éclata de rire. La classe la suivit de bon cœur. Le professeur grimaça, pas très content de voir un de ses livres préférés ainsi douché.

- La cinquième, je n'ai pas pu la finir.
- Ah non ?
- C'était beaucoup trop caricatural. Au moment où j'ai lu le passage suivant...

Walter ouvrit son exemplaire de « Jocaste en Mobylette ».

- « Anémone Dupont de Bourgogne vit les indigènes arriver. Elle se dit soudainement que c'était probablement une mauvaise idée de traverser le désert en diligence. Elle songea à s'évanouir car l'expectative d'un choc des cultures la tétanisait d'avance. Elle regarda son bébé et pensa très fort : 'je t'aime, oh je t'aime si tu savais !', puis regarda à nouveau : Les indiens arrivaient toujours, et rien ne les ferait partir. Elle demanda un verre d'eau, elle avait soif, tout à coup. »

Walter regarda ses camarades qui ricanaient toujours. Le professeur agita la tête.

- Tu sors l'extrait de son contexte...
- C'est le début de la nouvelle. Y'a pas de contexte, ce sont les premières lignes. La suivante est répugnante et gratuite.
- C'est contre le tabou de la Poképhagie !
- Bah ça en valait pas la peine, tout le monde s'en fiche toujours autant. Celle d'après est également idiote et caricaturale...
- Oh, non, Walter, là, tu abuses...

Walter prit une nouvelle page du livre.

- Ahem : « Wolfgang balança « Les Misérables » à la tête de l'Insolourdo Zombie. Parce qu'il était vraiment misérable. »

Walter regarda son prof, perplexe. Lequel serra les dents devant une classe hilare.

- J'ai apprécié la huit.

Ambrose sourit.

- « Time and Feelings », oui !
- C'était sympa, bien écrit. Très beau.

La classe s'attendait à une nouvelle pique, mais de nouvelle pique il n'y eut pas, ce qui intrigua jusqu'à Naomi.

- Unita est une chiure infâme. C'est mauvais. On s'attend à une bataille finale épique, et non, c'est juste un grand discours de paix et d'amour. Et c'est chiant.
- Oh, Walter...
- Le personnage de Sarah, monsieur Rodenberg, quand même !
- Elle est très bien, Sarah !

Walter regarda ses camarades.

- Le personnage de Sarah Wellington change quatre fois de camp en quarante pages ! Pour mourir noyée dans une fontaine après avoir trop bu !

Eclats de rire dans la salle. Naomi était très amusée.

- Elle cuvait le gâchis total qu'était sa vie !
- Elle aurait pu le faire dès la première page, ça n'aurait rien changé !
- Elle était tiraillé entre son pays de naissance et son pays de cœur !
- Monsieur, elle ne fait que prendre des décisions stupides ! Quand elle couche avec Marius et qu'ensuite elle insiste bien sur le fait qu'elle ne l'aime pas et qu'il n'est qu'un objet pour elle... Elle se doute bien qu'il va la torturer devant tout le village !
- Elle a privilégié la sincérité au dogme !
- Elle est stupide, c'est tout. Quant à la dernière nouvelle, elle a failli me faire vomir.

Ambrose agita la tête.

- Réaction normale.
- Et j'ai pas pu la finir non plus.
- Tout ça pour dire...

Walter soupira.

- Que certaines bonnes lectures échappent même à ceux qui aiment lire !
- Voilà. Qu'une analyse est toujours subjective, et que l'objectivité se trouve dans ses mots. A ta place, Walter, excellent travail.

La classe applaudit son comique de service en fauteuil roulant. Naomi lui tapota l'épaule.

- Tu as été excellent.
- Merci.
- Tu n'as rien à envier à Wallace en tant qu'orateur !
- Ca me flatte, merci.

Naomi sourit et se rassit correctement. Walter était tout content. « Elle m'admire. Génial. Non, tais-toi, Walter, oublie ça, elle était simplement gentille avec toi. Chut, chut, chut. »

***

- Très bien l'exercice du jour consiste en une performance artistique. En une minute ou moins, vous devez représenter votre humeur du moment. Vous n'avez pour seul matériel qu'une toile de taille classique, des pinceaux et de la peinture. L'exercice est noté. On va commencer avec... Truman !

Perrine leva les yeux au ciel. « Ce que ça coûte d'être la chouchoute... »

Perrine se rendit sur le piédestal devant les autres élèves.

- Top !

Perrine dessina à coups de peinture de diverses couleurs des petits bâtons en cercle. Elle dessina ensuite un bâton plus détaillé au centre et l'entoura d'un cercle qu'elle barra en rouge. La prof hocha la tête.

- Très figuratif ! C'est vous au milieu ?!

Perrine haussa les épaules.

- Votre art est tellement simple et en même temps tellement complexe ! A vous, Clive !

Clive monta sur le piédestal, prit de la peinture noire et traça des lignes horizontales.

- ... je vois... c'est... assez classique !
- C'est mon humeur.
- C'est un peu tout le temps votre humeur, je me trompe ?

Clive hocha la tête. Odile Dulac hocha la tête.

- Bon... Andréa ?

La jeune fille monta à son tour.

- J'comprends pas trop l'exercice...
- Représentez sur cette peinture votre humeur du moment ! Quel est votre sentiment général ? Qu'est-ce que vous ressentez ?

Andréa hocha la tête. Elle prit le pinceau. Elle le retourna, crispée. Et elle lacéra la toile d'un grand coup sec. Odile sursauta, impressionnée.

- MA-GNI-FIQUE !!!

Andréa retourna auprès de Clive, tout aussi impressionné.

- Cool. Cool...

***

- Elle me prend pour une idiote. Je suis sûre qu'elle traîne avec cette Santana !!

Amélia regarda Rebecca.

- Pourquoi ça te préoccupe autant ?!
- Violette est MA meilleure amie ! Elle n'a pas à traîner avec d'autres filles comme ça !! Et le pire c'est qu'elle me ment !!
- Elle a peut-être oublié en fait...
- Es-tu stupide, Amélia ?
- Bah... Non, j'crois pas... marmonna la blonde.
- Violette ment. Elle a changé et je ne sais pas pourquoi et je ne la reconnais pas !!
- T'as qu'à lui demander ce qui va pas...
- Mais non ! Le principe c'est qu'elle me le dise elle-même !!
- Pourquoi ?
- Pfff... laisse tomber !!

Gina et Holly faisaient leurs mouvements tout comme les autres filles.

- C'est crevant... souffla Gina.
- Oui mais ça fait du bien de se dépenser un peu... J'ai pas l'occasion de le faire à la maison... Et puis ce soir on a cette stupide réunion paroissiale...

Gina plissa les sourcils. « Sous-entendu, moi, je n'ai pas de vie... »

- Tu fais quoi ce week-end ?! demanda Holly.

Gina soupira.

- Réunion de famille !
- T'as de la chance d'avoir une grande famille comme ça...
- Hm... J'ai de la chance... souffla Gina entre deux étirements.

***

Léon se démenait à la course. Il faut dire que cette fois c'était noté.

Violette et Lucy courraient également, presque côte à côte. Le reste des élèves avait la même dynamique.

La ligne d'arrivée s'approchait. Violette avait beau avoir un excellent souffle, elle avait des pensées idiotes plein la tête.

« Pourquoi elle est aussi méfiante avec moi ? »
« Qu'est-ce que j'ai fait de mal ? »
« Est-ce que je dois vraiment supporter ça ? »
« Mais ça n'est pas comme si je pouvais être avec Santana tout le temps. Que diraient les autres ? »
« Sa peau me manque. Sa bouche me manque. »
« C'était tellement bien à la fête de Wallace. J'aimerai bien que ça recommence... »

Du coup, elle se fatiguait inutilement dans ses foulées, n'étant pas assez concentrée. Elle franchit la ligne d'arrivée complètement défaite. Elle resta debout, les mains sur les genoux, haletante.

« J'peux pas... J'peux pas continuer comme ça... »

On lui tendit une bouteille. Violette leva les yeux vers Lucy qui s'épongeait le front. Violette s'étonna franchement.

- ... pourquoi ?!
- Parce que t'es épuisée, idiote. C'est de l'eau sucrée au citron, garantie sans calories !

La jeune fille grande et élancée regarda la petite chinoise. Elle prit la bouteille d'eau.

- Merci...
- De rien.

***

Tristan vint voir le prof à la fin du cours.

- Un souci ?
- Bah, le proviseur...
- Oh ! Rien de grave ! Attends, je t'y amène !

Dominic se leva, poussa gentiment Tristan d'une tape dans le dos et l'emmena dans le couloir.

- Rassure-toi, ça n'est rien de grave ! Du tout ! J'ai juste suggéré au proviseur, qui m'a parlé d'une affaire assez grave, que tu pourrais aider l'établissement.

Tristan s'étonna.

- Moi ?
- Oui, toi. Un garçon aussi talentueux que toi peut servir de grandes causes !

Le professeur et l'élève franchirent les couloirs jusqu'à atteindre celui de l'administration. Tristan ne savait pas trop à quoi s'attendre.

- Monsieur Long ! Et...
- Monsieur le proviseur, voici Tristan Edison. C'est l'élève que je vous ai recommandé.
- Ah oui... euh... monsieur Long je ne comprends toujours pas pourquoi...
- Tristan est bien plus doué que moi pour ce genre de choses !

Holland s'étonna. Le proviseur Grant leva les mains.

- Si vous le dites. Jeune homme, nous avons un souci vis-à-vis du réseau informatique de l'école. Il nous semble qu'il a été... comment dire, piraté.

Tristan s'étonna.

- Qu'est-ce que vous... voulez que j'y fasse ?
- Nous voudrions que tu établisses une étendue des dégâts, des pertes de données et de ce qui a pu être... volé, soutiré, copié...

Tristan hocha la tête. Le proviseur hocha la tête.

- Tu as tous les moyens de l'école à ta disposition.
- Oh je peux le faire de chez moi, c'est facile d'entrer sur un Intranet à distance.

Holland grimaça. Le proviseur sembla effrayé. Dominic sourit.

- Je vous avais prévenu !

***

- Pourquoi vous avez fait ça ?!

Dominic regarda son élève.

- Parce que... tu es un excellent élève !
- Benjamin ou Orson auraient tout aussi bien pu le faire... surtout Benjamin. Même Tino aurait pu.
- Tu es bien plus talentueux avec les ordinateurs. Ton travail dans mon cours est excellent !

Tristan hocha la tête, pas très convaincu. Dominic s'arrêta au milieu du hall et tapota l'épaule de son élève.

- Et puis, ça fait du bien d'être reconnu pour ses talents, non ?

Tristan hocha la tête. Le professeur sourit et retourna à sa salle. Tristan semblait flatté.

***

Sortie du vestiaire des filles.

- Je comprends pas.

Lucy regarda Violette.

- Tu comprends pas quoi ?
- Pourquoi tu m'as donné ta bouteille ?

Lucy plissa les yeux.

- J'aurais pas dû ?
- ... On n'est pas amies... On n'est pas proches, on ne se parle qu'à l'occasion de ce cours !
- Tu es ma camarade de classe, tu avais l'air vraiment épuisée, j'ai pensé que ça te ferait du bien.
- Oui mais... Je suis l'amie de Rebecca ! Pas la tienne !
- Tu as le droit d'avoir des amis à toi, Violette... Tu as signé une sorte de contrat d'exclusivité avec Rebecca ?!

Violette secoua la tête.

- Non mais... On est amies depuis l'école préparatoire ! Elle a toujours été là pour moi...
- Je suis amie depuis longtemps avec Quinn et Francis, ça ne m'empêche pas d'avoir des amis à moi.

Violette hocha la tête.

- Tu te prends beaucoup la tête quand même. C'était un simple geste de bonté de ma part...

Violette dût admettre que c'était vrai. Elle se posait cependant toujours autant de questions.

***

Naomi rentra chez elle, quelque peu fatiguée. Elle trouva son père avec un parfait inconnu à table.

- Oh, chérie ! Je te présente mon collègue, Hinton Cheadle !

Naomi serra la main du grand monsieur noir robuste et tout sourire.

- Hinton, ma fille, Naomi !
- Bonjour !
- Enchanté, jeune fille ! Ton père m'a énormément parlé de toi !
- Ah ?
- Oh, Hinton, voyons ! C'est faux, Naomi, il te fait du charme, là !

Naomi grimaça. « Génial, j'adore que les collègues de papa me 'fassent du charme'... »

- Comment ça se passe, l'école ?
- Très bien !
- Très important, l'école... C'est une lutte de tous les instants !

Naomi hocha la tête, méfiante.

- Avec Hinton on... retraçait le bon vieux temps ! sourit Duncan.
- Oh... vous ne travaillez plus ensemble ?
- J'étais dans une cellule concernant un ancien dossier de ton père... marmonna Hinton.

Naomi hocha la tête.

- Ah je vois...
- Elle est bougrement rusée, ta fille ! Elle voit tout !
- Arrête de l'embêter, Hinton ! ricana Duncan en reprenant son verre de scotch.
- Ah... Tu sais, Naomi, c'est moi qui ai offert à ton père cette superbe photocopieuse dans son bureau.

Naomi s'étonna.

- ... tu sais celle qui est synchronisée avec son téléphone !
- Celle dont vous n'avez pas le droit de vous servir ! sourit Duncan. J'enguirlande sans cesse ta mère quand elle veut s'en servir.
- Vu le coût de l'engin, ça vaut mieux ! Eloigne les femmes de ce bijou technologique !

Naomi prit congé. Lorsqu'elle tourna le dos aux deux hommes, elle semblait mortifiée.
Elle monta dans sa chambre et ressortit la liste des membres de Direction Dresseurs.

[Hinton Cheadle – Cadre – Membre du conseil administratif.]

Naomi serra les dents, stupéfaite.

***

La famille Kingsley arriva sur les lieux. Il y avait beaucoup de personnes. Cléophée arriva vers eux.

- Oh mon Dieu, Barbara, ma sœur chérie !
- Epargne-moi ton blabla, Cléo... Où est le cercueil ?
- ... A l'intérieur, mais voyons...
- Il est ouvert ?
- Oui, pour la présentation...
- Génial.

LaBarbara avança au pas de charge. Duncan donna Jordan à Shawn et se précipita derrière sa femme.

- Chérie...
- Je sais où je vais !
- LaBarbara ! cria une femme dans l'assistance.
- PAS LE MOMENT ! grommela la mère de Naomi.

La jeune fille suivait d'ailleurs ses parents de loin, ayant laissé Shawn sur le carreau, dehors.

LaBarbara arriva à hauteur du cercueil. Elle vit sa mère, toute vieille et embaumée. Elle lui cracha alors dessus.

- LaBarbara !!! chuchota Duncan, affolé.
- C'était mérité !

Duncan sortit un mouchoir et essuya le visage du cadavre. Mais le maquillage partit avec.

- Merde ! Merde !!

Naomi arriva, étonnée.

- Papa !!
- Ta mère a craché !
- Shawn !

L'adolescent arriva.

- Quoi ? Oh putain, grand-mère est toute sèche !!
- Naomi, comment je répare ça ?!
- Shawn, couvre-nous !

Naomi prit son sac à main et sortit des lingettes démaquillantes. Elle essuya correctement le visage de l'aïeule.

- Voilà.
- Merci ma fille... ça va pas se voir ?
- Elle est toute grise de toute façon... souffla Naomi.

Cléo arriva, toute triste.

- Elle est morte ! Elle est morte !! Oh mon Dieu pourquoiiiii !

Duncan et les enfants s'éloignèrent.

***

Naomi et Shawn restaient dehors avec Jordan pendant la cérémonie religieuse.

- Quelles vacances géniales... soupira Shawn.
- Ouais... pffff... J'aurais préféré rester à glander à la maison... soupira Naomi.

Shawn regarda sa sœur.

- C'est quoi cette embrouille qu'il y a eu à ton bal de promo ?!
- Rien...
- Lindsay m'a dit que c'était pas rien.

Naomi soupira.

- On a juste été ciblés par une attaque...
- Ouais, le truc banal quoi.

Naomi regarda son frère, pas dupe.

- Tu te... moques de moi ?
- A ton avis ?

LaBarbara sortit et s'alluma une clope. Naomi, Shawn et Jordan regardèrent leur mère, surpris.

- C'est trop chiant ! J'en ai ma claque !! Le jour où je meurs, je vous ordonne de me foutre à la poubelle sans plus de cérémonie !! Viens là mon grand !

LaBarbara, clope au bec, prit Jordan dans ses bras.
Naomi et Shawn se regardèrent.


***

Mardi

***

La matinée fut très normale. Naomi prit son petit déjeuner, partit vers l'école.

Sur le chemin, elle croisa un Pokémon bondissant sur le trottoir.

- ... v'la autre chose, un Spoink...

Naomi avança aux côtés du Pokémon.

- On se balade ?

Spoink regarda Naomi. Le Pokémon rougit et sembla fasciné par Naomi.

- Oh. D'accord... Je suis fascinante, c'est nouveau ça...

Spoink suivit Naomi. Elle haussa les épaules.

- Bon. Si tu veux...

Elle sortit une Pokéball. Spoink tourna sur elle-même, toute contente.

***

Naomi arriva à l'école, quelque peu secouée par la veille. Walter avait déjà été monté par Perrine. Tristan l'aborda.

- Naomi, bonjour.
- Hey Tristan... Désolé que Wallace ait été un enfoiré avec toi...
- C'est à lui de s'excuser et je veux pas parler de ça avec toi. Tiens.

Tristan tendit une petite liasse à Naomi qui s'arrêta et la regarda. Tristan soupira.

- Ne venez pas m'en reparler de la journée, ok ? Je ne veux pas reparler à Wallace.

Tristan s'en alla. Naomi resta stupéfaite.

***

- J'ai une nouvelle terrible ! souffla Naomi en arrivant vers Wallace, Walter et Perrine.

Les trois adolescents regardèrent Naomi, intrigués. Elle montra la liasse de feuilles.

- Je sais pourquoi on a été attaqués à la fin de l'année dernière ! L'école a subi un vol de données informatiques au même moment ! Quelqu'un a profité de l'attaque pour se procurer des informations !

Walter s'étonna.

- Quel genre ?
- Liste des élèves, des professeurs, des Pokémon en réserve dans l'établissement, mais également tous les fichiers présents sur tous les ordinateurs de l'établissement...

Naomi soupira.

- C'était une mise en scène ! Tout ça, toute cette attaque... Aussi, je crois bien que tout est de ma faute...

Naomi soupira, submergée par l'émotion. Walter approcha pour lui tenir le bras. Perrine s'apprêtait à la soutenir. Wallace écoutait.

- Je suis trop bête, la photocopieuse du bureau de mon père, qui est également l'imprimante et le scanner, est synchronisée avec son téléphone, comme ça il peut imprimer depuis n'importe où... Donc j'ai déclenché l'attaque quand j'ai imprimé les listes !
- Non ! souffla Walter.
- Naomi c'est pas vrai et tu le sais ! soupira Perrine.
- Et alors ?

Naomi regarda Wallace qui haussa les épaules.

- C'est fait, c'est fait, tu vas pas te flageller non plus !
- Mais tu te rends compte, tout est de ma faute !
- Tout est de MA faute, c'est MOI qui ai commencé tout ça en commençant ce devoir ! Tout ce que tu as fait, c'est des photocopies. Arrête de gamberger, reprends-toi !

Naomi sursauta. Wallace soupira.

- Si tu lâches prise, c'est eux qui ont gagné.

Naomi hocha la tête. Walter regarda Wallace.

- Tu pourrais être moins dur quand même...
- Nan. Ça te va comme réponse ?

Naomi acquiesça et alla à son casier. Walter plissa les yeux. Perrine regarda Wallace, puis Naomi. Elle se décida à rejoindre Naomi.

- Euh...
- Elle se met une pression de dingue sur le dos qu'elle n'est même pas capable de supporter ! Elle veut faire la forte alors qu'elle ne l'est pas. J'veux pas qu'elle flanche, c'est la seule qui garde la tête froide dans tout ce bordel.

Walter acquiesça.

- Quand même...
- Je m'excuserai quand elle n'aura plus l'air à deux doigts de pleurer.

Walter grimaça.

Steven plissa les yeux.

- Tu veux QUOI ??

Mike haussa les épaules.

- J'veux juste me remettre bien avec Naomi pour amorcer la suite...
- Oh putain, mec, tu veux ressortir avec elle ?!
- J'peux toujours essayer.
- Meeeeeec ! James, James ! Tu vas voir, même un gros débile comme James va trouver ça trop con ! James !

James approcha. Steven désigna Mike.

- Il veut ressortir avec Naomi.
- Crétin... soupira James.
- TU VOIS !
- On sait jamais, ça peut marcher. Elle a l'air un peu mal en ce moment, j'peux lui faire du bien !
- Elle est chiante comme la pluie, ses potes sont tarés, gays ou handicapés, mec !
- Ouais, mais y'a un truc entre elle et moi. La preuve, elle me déteste pas !

Steven secoua la tête.

- T'es trop con.
- Mec, tu pourrais au moins me soutenir !
- Te soutenir dans quoi, tu vas droit dans le mur et tu t'en aperçois même pas !
- Mais j'vais pas droit dans le mur, arrête ton délire !
- Ouais bah viens pas pleur... Salut Andréa !

Andréa adressa à peine un regard à Steven. Lequel ricana.

- Elle y reviendra, elles y reviennent toutes.
- ... et après c'est moi qui suis con ? souffla Mike.

Andréa entra dans les toilettes des filles. Elle se recoiffa aux lavabos. Elle regarda dans le miroir. Christina, à l'autre lavabo, la regardait de travers.

- ... Quoi ? C'est quoi ce regard ?!

Christina se mordilla les lèvres. Andréa leva les yeux au ciel.

- Jeeeee vois. C'est le regard « Merde alors, quelle salope » ! C'est ça que tu penses ? Que je suis une salope ?!

Christina serra les dents d'une manière qui tendait à faire penser que oui. Andréa hocha la tête.

- Je vois. Je suis une salope parce que je me suis tapé Steven, c'est ça ? Ou alors je suis une salope parce que tu crois que j'en suis une ?

Christina regarda le miroir, hautaine et fermée.

- Tu sais quoi, Christina Rockwell ? Tu as raison, je suis une salope. J'aime baiser, j'aime qu'on me baise. Et j'en ai pas honte. Mais toi, on t'a mis dans la tête que le sexe c'était mal. On t'a contaminée avec des concepts puritains, on t'a dit qu'il fallait mépriser les filles comme moi et les mettre au banc. Parce qu'évidemment personne n'aime baiser, personne n'aime le sexe, le sexe c'est nul, c'est vilain, c'est pas beau.

Andréa acheva de se laver les mains.

- Eh bah nan, c'est génial ! Et ceux qui te diront le contraire veulent juste contrôler ta vie. Quant à moi ? Moi, salope ou pas, j'me sens pareil !

Andréa quitta les toilettes. Christina se mordilla les lèvres. « Mais euh... j'ai rien dit... »

***

Helen semblait lasse avant même d'avoir commencé le cours.

- Hurf... L'histoire religieuse de Poképolis... Hurf...

Preston apporta de la bière à Helen qui le regarda, étonnée.

- Crétin, on n'est pas à la maison ! Va reposer ça dans la réserve !

Preston se hâta. Helen s'accouda à son bureau. Les élèves semblaient circonspects.

- Alors... Dans les premiers temps, Poképolis croyait en... Arceus, comme le grand créateur, le premier, le roi, le supérieur. Et puis...

Helen agita la tête.

- Et puis il y a des gens qui se sont mis à vénérer des divinités plus locales. A Sinnoh par exemple. Sinnoh est la région la plus religieusement diversifiée...

Helen diffusa une carte au rétroprojecteur.

- Donc... Les habitants proches des lacs vénèrent Créfollet, Créfadet et Créhelf. Plus encore qu'Arceus. Il n'est pas rare d'entendre les gens de là-bas jurer « Par Créfollet ! » ou « Nom de Créfadet ! ». A Joliberges, on a assisté par le passé à un conflit séculaire entre adorateurs de Cresselia et adorateurs de Darkrai, ce qui amena les gens à se battre jusqu'à ce que l'église des témoins d'Arceus n'unifie les deux cultes en prétendant qu'ils étaient les mêmes.

Helen inspira.

- De même, les habitants des alentours du Mont Abrupt vénéraient Heatran jusqu'à ce que la Pierre Magma soit dérobée. Cette pierre est le point de repère de Heatran. Je vous fais rapidement un topo : Heatran est un Pokémon volcanique. Ses yeux lui permettent tout juste de voir dans la lave. Il n'a pas de point de repère gravitationnel autre que cette pierre qui serait en fait les restes de son « œuf ». Cette pierre, lorsqu'on l'amène à certains endroits, attire Heatran. Cette pierre a été dérobée par on sait qui pour un usage personnel de Heatran. Qui depuis est on ne sait où, d'ailleurs... Je serais curieuse de savoir qui possède ce Pokémon actuellement. Ou même de savoir si personne ne le possède. Passons. Notez juste qu'à Sinnoh, le nombre de cultes locaux est extrêmement important et qu'ils ont cependant tous, avec le temps, été supplantés par celui d'Arceus.

Helen reprit ses notes.

- A Kanto, la région dite « originelle », pionnière, le premier culte a été celui des Pokémon. Les oiseaux légendaires n'étaient pas considérés comme des dieux mais comme des forces agissant sur la nature ou nées des actions des hommes sur celles-ci. A Johto, on ne vénère pas des divinités mais des traditions, des légendes. On respecte ces Pokémon à l'origine d'un droit canon ancien qui régira Johto pendant des siècles. Hoenn... Hoenn c'est beaucoup plus compliqué... A Hoenn, aucun Pokémon légendaire n'émerge d'une légende, d'un rite ou de quelque cosmogonie... On a d'abord un trio légendaire qui régit les climats, et qui est issu d'un rite purement préhistorique : Rayquaza, Kyogre et Groudon sont de purs dinosauriens, issus d'une descendance de Pokémon préhistoriques très longue et très ancienne. Qui ont fini par devenir des Pokémon légendaires. A la limite je préfère les légendes de Hoenn qui ont un sens historique, à celles des autres régions, plus cosmiques et tribales. Les golems, aussi, sont issus de l'histoire terrestre de Hoenn. Le métal, la pierre, la glace. Sinnoh, en fait, est le seul vrai gros bordel religieux dans tout ça. Ne notez pas ça, hein. Et surtout : Religieux au sens Pokémon du terme. Les trois grandes religions sont apparues tardivement dans un pays très fermé à l'immigration depuis sa plus tendre histoire. On estime que, sur sa population totale, Poképolis comporte trois pour cent de catholiques, huit de musulmans, six de juifs et deux des autres religions. Je n'ai pas évoqué Unys parce que tout le monde sait ce qu'il en est : A Unys, le sud est plongé dans un athéisme profond. Les Pokémon légendaires sont des... résidus d'anciennes guerres et ne font pas l'objet d'un culte. Par contre le nord, notamment le triumvirat Flocombe – Janusia – Entrelasque – dans l'ordre, d'ouest en est – tente depuis des lustres d'imposer le mythe des dragons comme un mythe créateur. Sauf que non, c'est un mythe mystique, certes, mais qui n'a rien de fondateur... Même si, en écoutant cette idiote d'Iris, vous pourriez penser que l'apparition d'un dragon blanc et d'un dragon noir a précipité la création d'Unys, ce qui, vous en conviendrez, est stupide. Pas plus stupide que de penser qu'un poney blanc avec une arche dorée sur le dos a créé le monde. Bref !

***

Helen acheva son cours. Holland vint la rejoindre.

- Tout va bien ? Quatre heures de cours, je peux te parler quand même ?
- Oui ! Ce boulot est ma drogue, ma clope ! C'est relaxant de le faire !

Holland hocha la tête.

- On fait quelque chose ce soir ?
- Tu veux faire quelque chose ?!
- ... je pensais qu'on pourrait aller dîner.
- Oh j'en ai marre d'aller dîner... C'est comme si on sortait ensemble, conventionnellement, comme des gosses...
- On... ne sort pas ensemble ?! Je vis quasiment chez toi, on prend nos repas ensemble et si on ne sort pas ensemble, alors hier soir on a fait des trucs vraiment bizarres !

Helen leva les yeux au ciel.

- Je ne veux pas de ça. Je ne veux pas d'une vie à deux complètement sclérosée... Je ne veux pas qu'on aille dîner !

Holland plissa les yeux.

- Alors tu veux quoi ?
- Je veux que ça soit comme au départ. Sans conséquences. Sans promesses. Juste prendre du bon temps.

Holland haussa les épaules.

- Cinéma alors ? Comme ça on sera même pas obligés de se parler ?
- Voilà ! Tu comprends vite !

Helen partit vers la salle des profs. Holland soupira.

- Nom d'un Caninos...

***

Repas de midi. Naomi avait décidé de manger seule avec Walter. Perrine et Wallace s'étaient donc éloignés par convenance en mangeant avec Lilian et Léon.

- Vous mangez avec nous pour quoi au juste ? s'étonna Lilian.
- Naomi ne veut pas me parler parce que je lui balance la vérité en pleine gueule.

Perrine leva les yeux au ciel.

- Elle voulait simplement parler avec Walter seule à seule. C'est avec lui qu'elle a le meilleur contact.
- C'est pas faute que j'aie essayé d'être le plus copain possible avec elle !
- Je sais, j'ai remarqué, et elle apprécie ton amitié, mais là, disons qu'elle avait pas besoin de ça sur le moment.

Wallace soupira.

- Je voulais juste qu'elle ne porte pas ce genre de poids sur ces épaules. J'y avais pensé aussi au coup de la photocopieuse reliée à Internet.

Perrine souffla.

- Elle s'en veut parce que son père gamberge, de son côté.
- Je sais... Mais ça c'est à elle de le résoudre.

Léon se mordilla les lèvres et regarda son frère.

- On doit dire quelque chose ?!

Lilian secoua la tête.

- Toi, en ce moment, ça va ? demanda Wallace.
- Non. Andréa ne va pas bien et je me demande si je dois faire quelque chose.

Wallace plissa les yeux.

- Elle va pas bien ? Elle avait qu'à pas baiser Steven !

Lilian et Léon sursautèrent.

- Elle ne s'attendait pas à ce qu'il raconte tout à ses amis, je pense...
- Putain, c'est comme penser qu'on sera pas mouillé en plongeant dans la flotte ! Elle est méga conne !
- C'est toi qui dit ça ? Tu couches avec n'importe qui !
- Ouais mais je m'arrange pour que ce soit personne d'ici !

Perrine leva les yeux au ciel.

- On va dans la même option, je me demande si je devrais lui en parler... D'un autre côté ça m'embête de le faire parce qu'on est pas non plus... copines... Elle m'apprécie, je la trouve pas chiante mais bon...
- Si ça t'embête, ne le fais pas !

Perrine soupira.

- Et si ça m'embête encore plus de la voir aller mal ?

Wallace leva les yeux au ciel.

- Je déteste les gens qui font les questions et les réponses. Tu le sais, Truman.

Perrine acquiesça.

Naomi et Walter mangeaient face à face. Ils n'avaient pas dit un mot depuis le début du repas.

- Je pensais que tu voudrais discuter...
- Non.
- D'accord.

Le duo continua à manger. Walter avait sur Naomi un œil bienveillant.

- Tu sais...

Naomi regarda Walter.

- Tu peux penser que c'est un mal que ce soit ta faute pour l'attaque de l'an dernier... Mais c'est aussi un bien quelque part. Grâce à ça, on les a fait sortir de leur trou et on connait leur vraie nature. Donc c'est un mal pour un bien.

Naomi hocha doucement la tête.

- Et mon père qui a perdu le dossier ?
- ... c'est pas plus mal, pour sa sécurité, vaut mieux pas qu'il soit acoquiné à des trucs aussi louches. Tu peux voir le négatif mais aussi le positif.

Naomi hocha la tête.

- C'est toujours comme ça avec toi, il y a du bon comme il y a du mauvais.
- Bah oui, comme dans tout !

Naomi hocha la tête, un sourire aux lèvres.

- Hm. Merci de me rasséréner une fois de plus.
- Si ça peut te rassurer, j'me donne pas de mal.

Naomi hocha la tête.

- Tu sais, j'ai... tendance à penser que... Je suis un gros boulet.

Walter regarda Naomi, intrigué.

- M... mais non...
- Que je suis juste une idiote, bonne à... réfléchir. A me... poser des questions...
- Il en faut bien.
- Et... quand je discute avec toi, je sens que je suis tellement plus...

Walter sembla légèrement embarrassé. Il replongea vers son assiette.

- C'est... c'est comme ça, je suppose, enfin...
- Je suis en train de te dire que j'ai des sentiments pour toi, Walter.

Walter releva la tête si brusquement que son cou craqua.

- Hein ?
- Je... J'ai des sentiments pour toi. Il fallait que je te le dise, ça fait trop longtemps que je porte ça en moi, je... Je crois que je t'apprécie beaucoup, au-delà d'une simple amitié.

Walter resta sur le cul. Quasi incapable de rétorquer quoi que ce soit.

- Euh... Ok, je suis censé dire quoi, là ? sourit-il faussement.
- Rien, je te dis juste ça comme ça.
- Ah bon. Parce que...
« Tu dois lui dire que c'est impossible ! »
- Euh...
« C'est affreux, c'est tellement inespéré qu'une fille comme elle ait des sentiments pour toi, et que tu en aies pour elle, alors envoie-là chier pendant que c'est encore à l'état de flirt bizarre ! »
- Parce que moi pas du tout, enfin je te vois comme une amie, uniquement...
- Oui c'est bien ce que je me disais...
« Ah, tu vois, en plus elle sait que comme t'es un handicapé, t'es un eunuque ! »
- Hm, enfin, j'me permettrai pas de toute façon...
- Oui, bien sûr...

Petit silence gênant. Qui dura pratiquement jusqu'à la fin du repas.

***

- Et j'appelle donc... Williams.

Holly descendit les marches de l'amphithéâtre.

- Contre... Pitterson, tiens.

James s'étonna.

- Moi ?
- Nan, l'extincteur.

Rires dans la salle. Fey plissa méchamment les yeux.

James descendit les marches. Les deux adversaires se firent face.

- Ca va être super facile... marmonna Holly.

James haussa les épaules.

- Trois contre trois. Simple.
- Mélofée, Go !

Le Pokémon apparut. Wallace, à l'arbitrage, plissa les yeux.

- L'a toujours pas évolué, ce truc ?
- Je ne t'ai rien demandé.
- Oh mais pardon, Sailor Uranus.

Santana pouffa de rire. Ce que la classe remarqua allègrement.

- Euh...Lan ! grommela la prof.
- D... Désolée madame...
- Pourquoi tu m'appelles comme ça ? s'étonna Holly.
- T'as la même coupe. Pis tu traines tout le temps avec une meuf aux cheveux longs !
- Oui mais les miens sont plus soyeux, ceux de Gina sont plus brillants...
- Bah ouais précisément. Sailor Uranus et Sailor Neptune.
- Mais Sailor Uranus c'était pas un homme ? s'étonna Holly.

Santana éclata carrément de rire.

- HAAAAAAAHAHAHAHA !!!
- LAN, BORDEL ! grogna la prof.
- P... Pardon madame ! J... J'le referai plus !

Santana toussota, gênée. Elle se recoiffa sommairement. Violette semblait amusée de la voir comme ça.

James appela Tauros. Le Pokémon meugla en grattant le sol.

- Commencez...
- Tauros, attaque Bélier.

Tauros chargea vers Mélofée. Holly sourit calmement.

- Berceuse !

Mélofée chantonna, ce qui endormit Tauros qui s'effondra devant la créature rose.

- Réveil Forcé !

L'attaque projeta Tauros ad patres, mais elle eut le mérite de le réveiller. Le Pokémon était affaibli mais debout.

- Bordel...
- Tes attaques sont trop simples, même une dresseuse classique comme elle peut les appréhender.
- On se passera de tes commentaires ! soupira Holly.
- Je suppose que tu as des tactiques pour les tacles au foot, utilise-les !

James regarda Wallace.

- Elle a raison, j'ai pas besoin de tes commentaires. Mania !

Tauros chargea encore plus rudement et follement que tout à l'heure.

- Nœud d'Herbe !

Mélofée fit trébucher Tauros. L'attaque, cumulée aux précédents dégâts, l'acheva.

- Merde...
- Ça valait la peine de pas m'écouter ! sourit Wallace.
- La ferme !

Fey se frictionna le visage. La prof semblait se faire chier.

- Je peux avoir le bassin ?

La prof ouvrit le bassin du côté de Holly en pressant un bouton sur son bureau. Wallace regarda James.

- Elle va appeler Ecayon. Choisis ton Pokémon en conséquence.
- Je t'ai rien demandé, putain !
- Ecayon, à toi !

James soupira et envoya Yanmega. Wallace hocha la tête.

- Mine de rien tu m'écoutes.
- Pour la dernière fois, la ferme ou je te bute.
- Oui monsieur.

Holly soupira, lasse.

- Tornade !

L'attaque repoussa vivement Yanmega.

- Attaque Sonicboom !
- Quoi ? T'as rien de mieux à lui sortir !
- Mais je t'ai rien demandé putain !
- Nan mais attends t'es face à un Pokémon Eau avec un insecte qui peut lancer des attaques plantes !
- Va chier !

Les lames soniques furent esquivées par le poisson, très à l'aise dans l'eau.

- Laser Glace...

L'attaque frappa Yanmega qui commença à chuter.

- Bordel, bordel !
- Rebond.

Ecayon sauta hors de l'eau, droit sur Yanmega, puis il retourna dans son bassin. La libellule volante s'écroula définitivement.

- Chié...
- Mec, tu te bats comme une merde !
- Pardon ?
- Excuse-moi mais je crois que j'exagère à peine ! C'que j'fais là c'est de la solidarité masculine humanitaire, sérieux ! T'as de bons Pokémon, t'as un max de potentiel, le problème c'est que tu te bats comme si t'avais Mike et Steven derrière toi !

La prof hocha la tête. Tino semblait d'accord. Mike et Steven penchèrent la tête.

- Pardon ? Tu sous-entends quoi ?
- Rien du tout, je suis très clair. Tu balances une attaque mais tu préjuges d'effets qu'elle n'a pas. Je suppose que tu as lancé Bélier et Mania à la manche précédente en t'attendant à ce qu'on couvre tes arrières, mais c'est pas arrivé, et là, ton attaque en ligne droite, c'était pour le faire esquiver, en attendant qu'un autre l'attaque à ta place.

James semblait très, très embarrassé. La classe le regardait comme s'il était stupide.

- Tu peux pas te battre seul contre un adversaire unique comme si tu étais sur un terrain avec tes équipiers !
- T'as fini, putain ?

Wallace leva les mains.

- Ok. J'ai rien dit.
- Ouais tu fais bien. Tarlouze, va.

Wallace agita la tête. Holly ricana à l'insulte.
Le terrain fut remis en place. Holly souffla.

- Aéromite !

Le papillon rose apparut. La classe sembla admirative. Holly regarda Wallace.

- Tu vois, lui, il a évolué !
- Dommage que t'aies pas fait pareil.
- Les humains ça peut pas évoluer, banane !
- Oui... ça vaut mieux que tu te dises ça...

Holly grimaça. Santana se pinça pour ne pas rire.

- Hariyama !

Le gros Pokémon combat apparut. Wallace souffla.

- Elle a l'avantage, privilégie la couverture et la diversion...
- POING DE FEU !

Hariyama brandit son poing et fonça vers Aéromite.

- ... tu peux aussi foncer dans le tas comme un crétin, oui, c'est une possibilité...
- Entrave !

Le poing de Hariyama se désenflamma.

- Eh !!
- Rafale Psy !

Aéromite envoya par son front un rayon arc-en-ciel. L'attaque choqua Hariyama qui fut repoussé.

- Merde, merde !
- Si tu avais commencé avec Bluff...
- Hariyama, attaque Bluff !

Hariyama regarda son maître, intrigué. Wallace plissa les yeux.

- Ne sois pas plus bête que tu ne l'es déjà ! C'est trop tard et tu viens de perdre ton tour !
- Crocs Poison !

Aéromite mordit Hariyama à l'épaule, comme un vampire.

- Cool ! sourit Clive.

L'attaque empoisonna Hariyama qui bénéficia de Cran.

- C'est ta chance ! Attaque !! cria Wallace.
- Me donne pas d'ordres, putain ! Tu te prends pour qui ? COGNE !

Wallace se frappa le front. Hariyama frappa Aéromite. Rudement, certes, mais... Aéromite n'en avait presque rien subi.

- Quoi ? Mais...
- Insecte et Poison, ça résiste bien aux attaques combat...
- Putain...

La Rafale Psy acheva Hariyama. James pesta contre lui-même. La prof releva la tête.

- Hmmmm... Williams, c'était... très basique, trop basique même, tu repasseras... Pitterson, je suis d'accord avec tout ce que Gribble a dit. C'était... laborieux, il va falloir travailler là-dessus.

James grommela.

- A vos places, on fait un peu de théorie.

***

Le cours de combat direct s'acheva.

- Madame...

Blandine releva la tête vers Wallace, suspicieux.

- Vous m'avez pas mis en arbitre seulement pour me punir, n'est-ce pas ?

Blandine se repencha vers sa copie.

- Tu sauras de quoi il en retourne bien assez tôt.

Wallace inspira, haussa les épaules et sortit de la salle.

***

Mike se dirigea vers Naomi.

- Hey, merci, ils ont mis une circulaire sur les terrains, le coach nous l'a dit !
- C'est Shawn que tu dois remercier ! sourit la jeune fille.
- Ouais... Ça me fait plaisir qu'on arrive à se parler normalement, comme avant...
- Oui ! Je crois que je te préfère vraiment comme un ami.
- Hm... ou...ais...
- A demain Mike !

Mike grimaça alors que Naomi partait vers Walter pour l'aider à vider son casier pour la soirée. Il observa la candeur de la jeune fille avec le jeune homme. Il vit son sourire avec lui, sa réponse plus que positive à ses paroles, son attitude enjouée et détendue. Et là, soudainement, Mike comprit des tas de choses. Il lâcha tout espoir que les choses redeviendraient comme avant. Son regard s'assombrit, et il tourna les talons.

Wallace et Perrine arrivèrent vers Walter et Naomi. Naomi regarda Wallace qui soupira.

- J'suis désolé.
- Non... Non, c'est pas la peine. J'ai compris ce que tu voulais me dire... Je dois surmonter et pas... m'arrêter et constater.

Wallace baissa la tête et la hocha.

- Ouais. Désolé d'avoir été un peu direct...
- Oh, c'est tout à ton honneur. J'aimerais bien être comme ça un peu aussi.

Perrine s'était éloignée pour répondre à un SMS.

[Vendredi midi, ça te va ?]

Perrine tapota sur son téléphone.

[Oui.]

On lui répondit assez vite.

[Même dans ton école ?]

Perrine serra les dents.

[Je peux m'arranger.]

***

- Et là, il se passe quoi ?

Naomi frappa Shawn d'une tape sur le bras. La famille avait repris la voiture.

- Ouch !
- On emmène la dépouille en terre... LaBarbara, tu n'as pas parlé à ton père...
- Je n'en ai aucune foutue envie.
- Je sais que les choses sont difficiles...
- Difficiles ? Ok, d'accord, j'irai lui parler.
- ... En toute cordialité, hein ?

LaBarbara soupira. Naomi grimaça.

***

L'air de rien, Naomi suivit sa mère dans le cortège, alors qu'elle allait parler à son père. Elle le rejoignit, alors que le cercueil était porté dans le caveau. LaBarbara se posa à côté du vieil homme, un vieillard noir un peu sec, l'air austère. Naomi n'avait vu son grand-père qu'une seule fois dans sa vie et elle était très petite.

- Papa...

Le vieil homme regarda la femme. Cléophée était à ses côtés. LaBarbara se racla la gorge.

- Je ne sais pas ce que tu es en train de te dire mais je suppose que la phrase qui te vient c'est... Ouf, enfin !

Naomi haussa les sourcils. Le père de LaBarbara la regarda durement.

- Qui es-tu ? Comment oses-tu revenir ici, pointer ta face et me parler alors qu'on enterre ma femme !
- Mais je suis ta fille, papa ! Maman était peut-être alcoolique et négligente mais au moins elle était là. Elle essayait ! Toi tu travaillais, travaillais, travaillais, tout ça pour quoi ? Pour t'éloigner de tout ça, pour t'éloigner de nous !
- Mais c'était pour vous nourrir, sale petite ingrate !
- C'est MOI ! MOI qui nous ai nourries toutes les deux !! J'AI travaillé au salon de coiffure, J'AI fait des ménages dans des salons crasseux ! C'est Tante Adèle qui s'est occupée de nous quand maman a quitté la maison pendant trois semaines pour te rejoindre à l'hôtel !
- LaBarbara... marmonna Cléophée.
- TAIS-TOI ! Tu prends leur parti parce qu'ils ont payé tes études ! Moi j'ai eu le droit de me BROSSER !
- Hors d'ici ! On enterre ma femme !

LaBarbara approcha du caveau, sortit une bouteille de parfum et aspergea le caveau avec un liquide violet. Elle fut repoussée par les pompes funèbres.

- Madame !!
- Dites !!
- GARCE ! cria le père.
- Rien à foutre ! Ça, c'est pour tout ce que vous nous avez fait subir !
- LABARBARA MAIS QU'EST-CE QUE TU FAIS ??? geignit Cléo, désespérée.
- Toi, n'oublie pas de qui tu es redevable ! N'oublie pas grâce à qui tu en es là où tu en es !

Le père de LaBarbara approcha, la canne à la main.

- Tu vas prendre une correction...
- Ne TOUCHEZ PAS à ma MERE !

Tout le monde regarda Naomi qui s'était avancée. LaBarbara eut des bouffées de chaleur.

- Naomi !! souffla-t-elle.
- Laissez ma maman !
- Qui es-tu, toi !

Naomi approcha, prit la canne des mains du vieillard et le regarda, sévère.

- Je suis votre petite-fille, si j'ai bien tout compris !

Le grand-père regarda la gamine.

- Naomi... Bon sang, qu'est-ce qu'elle a poussé. Elle est habillée comme une putain !
- PAPA ! cria Cléo.

LaBarbara tressaillit face à ce ton qu'elle connaissait trop. Duncan et Shawn s'étaient approchés, Duncan tenant le petit Jordan dans ses bras.

- Et vous vous ressemblez à un monstre ! Vous êtes un vieux fossile stupide, borné et têtu, vous n'avez rien d'un homme, rien d'un père, rien d'un mari endeuillé ! Vous portez vos habits de tous les jours à l'enterrement de votre femme ?!
- ... Tu es habillée comme une putain !
- C'est ça, jouez les séniles. Vous ne méritez même pas la colère de ma mère.
- Ta mère est une ingrate, et tu es une putain ! Quelle famille ! J'ai payé cet enterrement de ma poche, je m'habille comme je veux, moi, petite merdeuse !

Naomi leva les yeux au ciel. Elle sortit Cadoizo.

- D'accord. Ma mère est une ingrate, je suis une putain.

Shawn serra les poings mais Duncan le retint.

- Santa, Cadeau.

Le Pokémon créa une charge. Naomi s'avança. Sa route fut barrée par les pompes funèbres. Pas celle du Pokémon. L'oiseau balança la bombe qui dévasta l'intérieur du caveau. La foule s'en trouva abasourdie. LaBarbara resta coite.

- MON CAVEAU !!! MON CAVEAU !
- Viens maman. Laisse monsieur enterrer sa femme.

LaBarbara prit la suite de sa fille. Cléo regardait les deux femmes, stupéfaite. LaBarbara salua sa sœur.

- A plus tard, sœurette !

LaBarbara poussa son mari et son fils, et la petite famille retourna à la voiture.

***

Silence dans le véhicule. Shawn osa une fois de plus prendre la parole.

- On... a fait l'aller-retour pour... que maman s'engueule avec grand-père ?!

Duncan répondit à la place de sa femme, endormie.

- Votre mère n'avait jamais eu l'occasion de parler sincèrement avec son père. Quand je l'ai épousée, elle m'a avoué peu avant l'autel qu'elle m'épousait principalement pour se sortir de l'horreur de sa jeunesse, de sa famille oppressante, étouffante et dans un tel état de pauvreté... Dans ses vœux, elle m'a dit : « Je t'épouse pour ton argent et pour la sécurité que tu me donnes. Je t'aime et je veux être vraie avec toi, et te dire que oui je t'aime, mais je compte également sur toi ». Et je n'ai jamais failli... sauf aujourd'hui, ou... j'ai vu que j'avais une fille extraordinaire !

Shawn regarda sa sœur, étonné.

- Ouais, t'as assuré, Naomi.

Naomi souffla.

- C'était pas de gaité de cœur... C'était surtout pour défendre maman...
- Hm, tu sais te défendre ma chérie...
- Oui papa, je sais me défendre, tu n'as pas à t'en faire pour moi.

Duncan sembla gêné. Naomi plissa les yeux, voulut en dire plus, mais n'osa pas. Elle se frictionna le front. « Je suis capable de hurler sur mon grand-père, de saccager une tombe pour défendre ma mère... mais incapable de parler à mon père... »

Naomi regarda dehors le paysage défiler.

« Maman a épousé papa pour s'échapper de son horrible vie... Pourquoi je voudrais sortir avec Walter ? Pour me sortir de quoi ? De quoi d'autre que de mes tourments personnels ?! »

Naomi plissa tristement les yeux. « Je sers à rien... Je suis juste bonne à me prendre la tête... »


***

Zelda Link's Awakening – Face Shrine OST (Piano)

Naomi rentra chez elle, accompagnée du Spoink capturé ce matin.

- Je vais t'appeler... Perle. Ouais, ça semble te correspondre...

La Spoink sourit et tournoya sur elle-même en sautillant.

- ... bah le moins qu'on puisse dire c'est que t'es joyeuse...

***

Chez elle, Naomi se posa tranquillement devant la télévision avec son père. Elle soupira.

- Papa...
- Hm ?

Naomi inspira.

- Tu sais, mon devoir à quatre, mon groupe de travail ?
- Hm. Sur l'histoire de l'asso...
- C'est à propos de Direction Dresseurs.

Duncan grimaça, baissa le son de la télé et regarda sa fille.

- QUOI ?
- Je me suis jointe au devoir avec Perrine et Walter parce que leur famille est concernée aussi. Comme je suis l'amie de Perrine, j'ai foncé dans le tas, et... je dois dire que je m'attendais pas à tout ce que j'ai découvert.

Duncan ne savait pas par quoi commencer.

- M... Mais enfin, vous êtes fous ???
- On veut juste savoir ce qui se trame entre Direction Dresseurs et le système éducatif de Roland Smirnoff.
- ... Oh mon Dieu, c'est pour ça que Justin... Oh bon sang...
- Papa, c'est ma faute. J'ai utilisé ta photocopieuse.

Duncan plissa les yeux.

- Hinton... le savait... Et merde... Ma fille, mais dans quoi t'es-tu embarquée ?!
- Tout va bien, je gère la situation !
- Mais non ! Cet homme, Justin Truce, il est... Il est en quête de quelque chose qui nous dépasse ! Moi, Roland Smirnoff, tous ! Cet homme est dangereux !
- En quoi ?

Duncan grimaça.

- Eh bien... Au départ, quand nous avons élaboré ce partenariat, c'était pour améliorer le système. Mais Truce a été frustré par son incapacité à tout faire changer. Et il y avait cette obsession contre les nobles, et enfin ce rêve qu'il avait... L'arrivée de Roland Smirnoff a tout changé, l'a poussé à rationnaliser...
- Un rêve ?
- D'abord tu dois savoir que l'objectif réel de Justin Truce, il n'y a que deux personnes qui le connaissent : Seth Corrigan et Roland Smirnoff.

Naomi hocha la tête.

- Je sais, ils sont dans le même camp, Seth a connu Roland Smirnoff avant Justin Truce.
- Oui, mais les liens entre ces trois-là sont extrêmement compliqués...
- C'est quoi, le rêve de Justin Truce, papa ?
- Tout ce que je sais, c'est qu'il avait besoin de Giratina pour cela.
- Giratina ?!
- Un Pokémon légendaire qui a le pouvoir d'aller et de venir entre les dimensions... Des choses très compliquées... Il avait aussi tenté d'extorquer des informations à un certain Jackson Wound.

Naomi s'étonna.

- Un des membres du gouvernement Smirnoff !
- Oui, c'est possible.
- Mais... Pourquoi ?!
- Aucune idée, c'était un projet annexe très secret...
- Et... quelle influence Justin a eu sur la politique de Roland Smirnoff ?

Duncan soupira.

- Je peux te le dire, je ne suis plus dans ces affaires...
- Hm.
- Ils avaient partagé l'éducation. Roland Smirnoff a régi le programme scolaire, la condition professorale et l'environnement scolaire.

Naomi hocha la tête.

- L'administration a été règlementée par Justin Truce.

Naomi plissa les yeux.

- Je... ne comprends pas bien les implications...
- Tu te souviens de la fois où ta prof de gym tentait de te faire changer d'option ?
- Hm !
- C'était grâce à une règle écrite par Justin.

Naomi plissa les yeux.

- Ils se sont tirés dans les pattes... Truce et Smirnoff... L'un du côté des profs, l'autre à l'administration... ça ne pouvait pas marcher...
- C'est exactement comme ça qu'on peut décrire leur relation. Ils avaient peur l'un de l'autre. Mais un jour, Roland Smirnoff a... lâché prise. Il n'a plus été en mesure de soutenir le climat entre eux, et c'est lui qui a cédé.

Naomi plissa les yeux.

- Comment ça ?
- Je ne peux pas vraiment t'en dire plus, ma grande, sinon ça te mettrait en danger, mais, je peux te confirmer que c'est entièrement la faute de Justin Truce si Roland Smirnoff a quitté son poste de président.

Naomi secoua la tête.

- Dingue...
- Quoi qu'il en soit, chérie, je ne t'ai rien dit. Mais si ces gens cherchent encore à te faire du mal, crois-moi, j'interviendrai.

Naomi hocha la tête.

- Oui mais maintenant tu sais que je saurai me défendre. Ou du moins que je sais à quoi m'attendre. Tu n'as plus à t'inquiéter, d'accord ? Je sais ce que je fais.

Duncan hocha la tête.

- Oui... Avec ta mère on sait bien que tu es plus forte que tu ne le laisses croire.

Naomi acquiesça.

- Hm... Bonne soirée, papa.
- Hm. Bonsoir ma grande.

Naomi monta dans sa chambre, étrangement contente de sa journée.