CHAPITRE VIII : Eva et les Frisons [3/3]
Un premier Frison attaqua. Le Brasegali d'Eva parvint à le repousser sans trop de difficulté. Mais déjà de nouveaux approchaient. Tandis que les autres membres tentaient de faire face à la situation, Brown réagit d'instinct. Il sorti son Kadabra et tenta de distraire l'attention des Frisons avec la capacité Télékinésie. Son Pokémon fit léviter une cuillère grâce à ses pouvoirs psy et la fit tournoyer devant les yeux du Pokémon le plus proche d'Eva, la pliant et la dépliant. Perturbé, celui-ci suivi bientôt l'étrange objet des yeux, dédaignant sa précédente cible. Pendant qu'il tentait d'endormir le suivant avec son Arceus ovoïde, les autres membres, y comprit ceux qui se trouvaient derrière le troupeau, avaient commencés à former un cercle.
— Bon sang Enzo ! Qu'est-ce qui s'est passé encore ? !
— Eva a tentée de prendre une initiative mais ça n'a pas très bien marché. On pourrait peut-être reparler de ça plus tard ! Tu as une idée là ?
Pendant qu'il parlait, Enzo avait envoyé de son autre main un Noctali qui tentait de protéger Eva du mieux qu'il le pouvait avec Abri, et son fidèle Kicklee qui essayait tant bien que mal de tenir le troupeau en respect.
— Evitez si possible de blesser les Pokémons ! hurla Enzo en s'adressant aux autres membres.
Alors Connor, on fait quoi ?
— J'ai peut-être bien une solution. Tu as Brown sous la main ?
— Il est occupé à contenir les Frisons avec les autres, mais il y a peut-être moyen de…
— QUOI ? !
— Mais… Je… Il n'a rien pour l'instant…
KICKLEE, BALAYETTE SUR LE GROS LÀ-BAS ! Reste à portée de Noctali.
— ENCORE HEUREUX ! Eloigne-le immédiatement et passe-le-moi !
Brown essayait d'aider le groupe du mieux qu'il le pouvait, mais ses Pokémons manquaient encore beaucoup d'assurance et d'entrainement. Etrangement, pour l'une des premières fois de sa vie sans doute, il faisait preuve d'un peu de courage et d'audace, et, étonnamment, ça lui plaisait beaucoup ! Enzo arriva juste au moment où le Kadabra de Brown était envoyé au tapis par une violente attaque Peignée.
— Rappelle tes Pokémons, Brown, on prend le relais. Connor veut te parler, l'informa Enzo en lui tendant son Pokématos.
Brown ne se le fit pas dire deux fois. Le courage, ce n'est pas si mal, mais ça flirt souvent un peu trop avec l'inconscience. Et l'inconscience n'apporte presque toujours que des ennuis.
— Allo ! Allo ! entendit-il dans l'appareil.
— Oui.
— Tu me reçois ?
— Euh… Oui.
— Tu es un dresseur débutant et tu te mets en première ligne ! C'est un peu comme si je te disais que… heu… que…
Enfin bref oublie ! Tu m'as compris quoi.
— Pas vraiment mais bon, ce n'est pas grave…
— Bref, tu as un Pokédex, non ? Tu peux juste me rappeler ce qu'il dit sur les Frisons ? Il y a une chose dont j'aimerais m'assurer.
Brown fouilla rapidement son sac. Heureusement, il avait eu la présence d'esprit de mettre son Pokédex dans une poche extérieure, facile d'accès. Il pointa son appareil sur les Pokémons laineux partout autour de lui, et un texte s'afficha dans la partie dédiée. Du coin de l'œil, Eva l'avait aperçu, et elle ne put s'empêcher de retenir un hoquet de surprise.
— « Frison. Son pelage fourni absorbe… » commença à lire Brown, qui n'avait rien remarqué.
— Non, pas ça…
— « Il charge sans réfléchir sur tout ce qui pénètre son territoire pour l'envoyer voler dans les airs,… », c'est ça ?
— Continue.
— « …fût-ce un train. ».
— ATTENTION ! hurla un membre.
Brown recula prestement et le laissa s'interposer devant un Frison qui avait tenté de sortir du cercle formé par les six membres de l'E.d.S. Brown tenta de reprendre le fil de la discussion, tout en gardant un œil sur ce qui se passait autour de lui.
— « Fût-ce un train » tu dis, répondit Connor. Oui, après tout, pourquoi pas ? Je pense que je n'ai plus vraiment le choix, c'est encore la meilleure chose à faire…
Brown voulu répondre, mais Connor avait déjà interrompu la conversation. Alors que la situation commençait à devenir ingérable, une grosse locomotive surgit soudain de nulle part, en poussant un gros sifflement grave. Tout les Frisons tournèrent instantanément la tête. D'un seul coup, la petite bipède avec ses boules cracheuses de Pokémons et ses alliés qu'ils étaient en train d'attaquer leurs parurent bien peu digne d'intérêt, et ils se jetèrent à la poursuite de cette grosse bête fumeuse et sifflante à l'air un peu menaçant. Un des deux membres du côté d'Enzo demanda à son Tetarte d'utiliser Reveil Forcé sur les quelques Frisons qui avaient étés victimes d'une Hypnose ou d'une Poudre Dodo, durant le combat. En une quinzaine de secondes, tout le troupeau fut en train de filer dans la direction opposée de Yellow-sur-Mer.
Connor rappela rapidement le Pokémon qu'il avait sorti, mais la plupart des membres, y comprit Brown, l'avaient vu. Enzo ne manqua pas de le relever :
— Alors comme ça tu as un Zoroark vieux frère ?
Connor ne souligna même pas le surnom, il avait l'habitude.
— C'était évident ! Mis à part peut-être certains Pokémons légendaires, continua le jeune chef, il n'existe à ma connaissance qu'un seul Pokémon capable de produire une illusion aussi convaincante. Même le son est parfaitement fidèle. Ce n'est pas du 8-bit ça, je peux l'affirmer ! Ton Zoroark est vraiment très doué ! Mais dis-moi, tu m'avais caché que tu avais ce genre de Pokémons. Ils sont très difficiles à obtenir, et compliqués à élever en pension.
— Et bien oui, j'en ai un. Il y a pleins de choses que tu ne sais pas sur moi, tout comme il y a certainement plein de choses que je ne sais pas sur toi, non ?
— Il ne doit pas y en avoir tant que ça. Enfin, si tu avais un tel Pokémon avec toi, tu aurais peut-être pu essayer de t'en servir avant, tu ne crois pas ?
— Je n'y ais pas pensé, éluda Connor. Bon, tout le monde va bien ?
Les membres se rassemblèrent. Heureusement, personne n'avait rien de fâcheux. Brown était même le seul à avoir un Pokémon KO. Mais tout cela aurait pu bien plus mal tourner. Enzo interpella Brown :
— Il faut que tu comprennes que d'habitude, les choses se gâtent rarement. Décidemment, on ne doit vraiment pas te donner une bonne image de l'E.d.S., avec toutes ces histoires. Je vais aller m'expliquer de ce pas avec Eva. Elle a tendance à prendre un peu trop la grosse tête, ces derniers temps. Prends-le toi aussi comme une leçon : ici, on agit en groupe et non pas chacun de son côté ! On prévient les autres si on a quelque chose en tête, et, dans la mesure du possible, on agit tous ensembles. Souviens-t-en.
Enzo commença à remonter les bretelles à Eva, qui resta silencieuse, les sourcils froncés. Il lui expliqua à quel point son attitude avait été imprudente, et combien ce n'était pas digne d'elle. Si Enzo, avec son laxisme habituel, se mettait à faire des remontrances, c'est vraiment que la situation devait l'exiger.
— Ma technique aurait pu marcher, si je n'avais pas perdu le contrôle de la situation, tenta-t-elle de se justifier. Et puis j'aurais vraiment aimé avoir ce Frison. Je n'en ai pas encore, et ils sont assez rares dans la région. Je suis sûre qu'on a du me refiler des Hyperballs au rabais, je ne vois que ça. Ca doit être des Hyperballs de mauvaise qualité made in Hoenn, avec leur politique de production à la chaîne, voir peut-être même des contrefaçons. J'ai lu qu'il y avait une recrudescence, ces derniers temps. C'est dingue, non ?
— C'est ce que tu as trouvé de mieux, reporter la faute sur ta Balle ? ! N'était-ce pas toi qui disait il y a quelques minutes quelque chose comme : « même un très bon dresseur ne voudrait pas se retrouver avec un troupeau de Frisons aux fesses » ?
Entre temps, Connor s'était approché.
— Enzo, calme-toi. Inutile de dramatiser comme ça ! Tout s'est bien fini, et c'est pratiquement la première fois qu'on a un problème avec elle. Elle fait un boulot admirable, j'en ai des vents jusque dans mon groupe. Je pense qu'elle a compris, elle ne recommencera plus. Passons à autre chose.
— Et c'est toi qui dis ça ? !
Brown, qui avait entendu la discussion, était lui aussi choqué. Là, vraiment, il n'y avait pas à dire, c'était clairement du foutage de gueule !
— Bon, laissons tomber, comme tu dis, soupira Enzo. En tout cas, il n'y a pas eu de problèmes avec Brown, tu es d'accord ? Tu vois bien que nous pouvons lui faire confiance !
— Oui, même si je trouve qu'il s'est mit en danger, alors qu'il était censé rester en retrait, à observer. Mais bon, là, ça vient plutôt de toi. On ne peut pas trop compter sur toi pour rester attentif et respecter le minimum syndical concernant la sécurité. J'aurais dû insister pour qu'il vienne avec moi, ou que nous soyons tous les deux du même côté. Mais je suppose que cette décision de ta part n'était pas anodine.
— De toute façon, il ne fera probablement pas la prochaine mission ici, trancha Enzo. N'est-ce pas Brown ?
— On devrait repartir demain, effectivement.
— On peut compter sur toi, à Pourprion ?
— Je serais là, oui.
Les membres commencèrent à se préparer au retour, tandis qu'Enzo appelait la sécurité de Yellow-sur-Mer pour les informer de l'incident. Il apprit qu'ils étaient déjà au courant, qu'ils étaient content de savoir que l'E.d.S. avait pu repousser le troupeau, et que le problème allait rapidement être prit en charge. Brown restait debout, immobile, à attendre le départ.
— Comment se fait-il que tu ais un Pokédex ?
Brown tourna brusquement la tête en direction de son interlocuteur. C'était Eva qui lui avait parlée.
— C'est Blue qui me l'a donné. On s'est rencontrés par hasard, sur la route 158, entre Verdion et Boulocity. Il nous a proposé de remplir un questionnaire, à moi et a mes deux amis qui voyageaient avec moi, et visiblement, nos réponses lui ont paru suffisamment bonnes pour qu'il nous en donne un.
— À vous trois ? !
— Oui, j'ai trouvé ça un peu étrange aussi. Si tu veux mon avis, il y en a au moins un parmi nous trois qui ne devait pas vraiment le « mériter ». Blue se voyait peut-être mal le donner à seulement deux dresseurs sur trois. Je parle plutôt bien de moi à la troisième personne, tu ne trouves pas ?
— Non non, inutile d'essayer de noyer le poisson. L'ancien professeur Chen, en son temps, et les professeurs de son époque, à qui il transmettait quelques modèles de Pokédex, savaient très bien ce qu'ils faisaient. Ces précieux appareils n'ont jamais étés donnés à tord, et Blue n'a eu de cesse de prouver que son grand-père n'avait rien à lui envier. Non, qu'est-ce qui est si spécial, chez toi, et chez tes amis ?
— Je… Je…
— J'ai moi-même tenté d'obtenir le Pokédex. Cet appareil, ce n'est pas seulement une encyclopédie électronique interactive sur les Pokémons, c'est un véritable trophée. Il n'y a pratiquement pas eu un dresseur à l'avoir obtenu qui ne soit devenu un des meilleurs mondiaux. Cela fait des années que plus personne n'en a eu. J'ai rempli le questionnaire, je l'ai rendu. Quelques jours plus tard, je recevais une lettre de Blue. Il avait le regret de m'annoncer qu'il ne me pensait pas digne d'un de ses Pokédex, mais qu'il m'encourageait néanmoins à persévérer dans la voie du dressage.
— Ca ne veut pas dire que tu es une mauvaise dresseuse…
— Et comment ! le coupa Eva. Je vais te paraître terriblement prétentieuse, mais je suis une des dresseuses les plus prometteuses de ma génération. Je l'ai suffisamment entendu pour que le nier sorte du cadre de la modestie, tu n'as qu'à demander aux membres ! Alors pourquoi est-ce que MOI, je ne suis pas digne d'obtenir le Pokédex, mais que TOI et tes amis, vous le méritez ? Qu'avez-vous de plus ? ! s'emporta Eva.
— Je… Je ne sais pas !
Entre temps, Enzo avait fini sa communication, et tout le monde était prêt à partir.
— C'est bon, on est ok, on rentre, signala-t-il.
Brown trouva que c'était là une merveilleuse occasion pour couper court à cette discussion qui commençait sérieusement à le mettre mal à l'aise. Il se dirigea vers Enzo, qui lui prêta de nouveau son Scorvol, et Brown parvint même à convaincre le chef de voler avec lui, « histoire de changer ».
Ainsi s'acheva la deuxième mission de Brown au sein de l'Equipe de Solidarité. Mais ce que lui avait dit Eva continuait malgré tout de lui trotter dans la tête…