Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Aide-toi et le ciel t'aidera de Kydra



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Kydra - Voir le profil
» Créé le 08/04/2013 à 07:31
» Dernière mise à jour le 08/04/2013 à 07:31

» Mots-clés :   Aventure   Présence d'armes

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Chapitre 72 : Octazooka
La troupe resta longtemps sous le choc. Les combattants s'assirent là où ils s'étaient arrêtés, le regard interdit. Avec Vaillant-Rescapé de leur côté, il leur semblait impensable de se faire encore attaquer par des Pokémon. Pourtant, cela avait eu lieu et il s'en était fallu de peu pour que cet événement ne tournât pas à la tragédie. Certes, l'affrontement n'avait fait aucune victime, mais ce que l'Insécateur avait prédit n'échappait à personne : les ennemis reviendraient certainement. La présence de certains de leurs semblables ne les empêcherait en rien de les attaquer de nouveau, comme l'avait montré ce premier face à face. Surtout, il ne devait pas y avoir de Pokémon dans cette zone selon l'encadrement… Qu'allait-il donc se passer ? Leur avait-on caché la vérité ?

Le colonel s'entretenait à l'écart avec les lieutenants. Le groupe était réparti autour de la zone, scindé mais suffisamment proche pour se rejoindre en cas d'attaque. Cette situation de conciliabule ne faisait qu'en ajouter à l'inquiétude des combattants. Les gradés le savaient, pourtant, ils ne pouvaient pas faire autrement, car la situation d'imprévu l'imposait. Enfin, le lieutenant réapparut, les traits tirés. Il peinait à cacher l'impact de toutes les mauvaises nouvelles qu'il avait sans doute apprises durant cette réunion. Il rassembla ses hommes, pour leur parler des changements de plan.

Les combattants s'étaient réunis autour de leur chef, attendant beaucoup de son intervention. Malik prit la parole, expliqua que la situation était certes compliquée, mais pas désespérée. Il n'eut pas le temps de dévoiler les projets du colonel pour la suite… Le sol trembla dans un bruit sourd, la poussière se souleva, à quelques centaines de mètres à peine du lieu où ils se trouvaient.

............- Les mortiers ! hurla Malik pour couvrir le bruit des impacts suivants.

La suite des ordres fut assez simple à comprendre, mais bien plus compliquée à mettre en place : il fallait quitter la zone au plus vite, mais surtout sans trop s'éparpiller. Vassili appelait Newton, tout en cherchant son frère. Enfin, le cheval de feu répondit à son appel, bien moins effrayé par les obus actuels que par le précédent inconnu de la montagne. Il se montrait calme, en contraste avec les humains qui couraient, hurlaient, paniquaient tout autour. Il s'approcha de son dresseur, qui prit la longe qui pendait de sa tête. Vassili aida le colonel à monter sur le dos de son Pokémon, jeta son sac sur son dos et partit en courant à la suite de ses camarades.

Les deux frères rattrapèrent la colonne des rebelles affolés, Eclair-de-Liberté à leurs talons. Un obus s'écrasa à quelques dizaines de mètres. Newton se cabra. Des hommes furent projetés au sol, alors que d'autres se jetèrent volontairement à terre pour se protéger. Quand les antérieurs du cheval enflammé retouchèrent le sol, Vassili vit son encolure, couverte de plaies. Sa tête n'avait été épargnée par les éclats d'obus projetés dans le souffle que par miracle. Les deux hommes devaient quant à eux leur survie à l'écran qu'avait fait le Ponyta.

Les combattants valides tiraient des blessés et des étourdis, alors que le bruit des obus qui s'écrasaient grondait encore. On en oubliait sans doute certains, mais comment retrouver tout le monde dans cette agitation ? Inès croisa Vassili, une main ensanglantée, le souffle court. Elle courait dans l'autre sens, mais fit demi-tour en voyant son ami. Elle inspira difficilement plusieurs fois, pour dire, d'une voix hachée :

............- Il manque le P'tit Nours du groupe ! Je repars le chercher…

Sur ces mots, elle fit une nouvelle fois volte-face. Vassili l'interrompit alors même que Dimitri allait le faire.

............- Prends Newton, j'y vais.

Elle fit « non » de la tête, mais prit quand même la longe et le sac que Vassili lui tendait sans faire plus de résistance. Le colonel approuva la décision de son frère, en hissant le paquetage à ses côtés. Eclair-de-Liberté emboîta le pas à son dresseur. Ce dernier l'attrapa par les poils du cou pour le repousser en arrière, ce qui n'eut pour effet que de le ralentir. L'humain ne s'entêta pas, partit en courant. Bien vite, il se réjouit de la compagnie de son Elecsprint, qui l'aidait à suivre les chemins, partant en avant pour le guider. Sa respiration commençait à s'affoler, alors qu'il entendait le grondement des obus et qu'il s'éloignait de plus en plus de ses compagnons.

Il retrouva le petit Marcacrin, qui se traîna lentement dans sa direction quand il l'aperçut. Vassili le souleva, provoquant chez lui un couinement de douleur : le sang collait les poils autour de plaies que l'étreinte de l'humain aggravait. Ce dernier reprit sa course dans l'autre sens, Niryo contre son torse. Il ne pouvait pas écarter les branches, les deux mains occupées. Il avançait lentement, se cognait lui-même et son passager. Aussi, il ne tarda pas à ouvrir les boutons de sa veste et y coincer le petit Pokémon pour se libérer les bras.

Niryo ferma les yeux. Il ne savait pas s'il était encore pleinement conscient. Il se sentait flotter ; sa douleur passa au second plan. Agité par les pas de son porteur, il se concentrait pour ne pas se laisser sombrer. La sueur de Vassili réveillait ses blessures périodiquement, quand il sentait une goutte lui dégouliner dans le poil. Alors que son esprit s'éloignait progressivement de la réalité, il s'attacha à la dernière chose dont il était encore conscient : le cœur de l'humain, dont il percevait les battements, forts et rapides. Assurément, il courait à en perdre haleine, jusqu'à la limite de ses forces. Alors qu'il savait que le sien peinait à faire circuler son sang, le Marcacrin était rassuré de sentir cette preuve de vie chez Vassili.

La course s'arrêta finalement. Vassili se laissa tomber au sol, à bout de forces. Eclair-de-Liberté posa son museau sur sa cuisse, attendant patiemment qu'il reprît sa respiration. Les mains tremblantes, l'humain sortit la petite boule de poils de sa veste. Il la tint un moment contre lui, comme il l'aurait fait avec un nourrisson. Il sentait ses poumons se gonfler faiblement ; cela le rassurait. Essoufflé, il examina les blessures. Il sortit sa gourde, qu'il peina à déboucher : toute énergie lui faisait défaut. Il mouilla délicatement le sang coagulé pour retirer les corps étrangers des plaies. Il n'était pas médecin, aussi, il doutait de l'efficacité de son action, cependant, il ne pouvait se résoudre à regarder le Marcacrin mourir dans ses mains. Enfin, il le logea à nouveau dans sa veste pour repartir, un peu plus lentement, vers le point de ralliement.

Enfin, quelques voix parvinrent aux oreilles de Niryo. Vassili marchait à présent, il voyait ses alliés. Quand il s'approcha, on était rassuré que le bruit dans la végétation n'eût été que lui… Malgré l'éventualité d'un tel événement, les combattants ne se sentaient pas prêts à voir resurgir un ennemi immédiatement. Ils avaient organisé une garde, montée par des rebelles en armes, prêts au combat. Le reste des valides récupérait de cette course contre la mort, soignait les nouveaux blessés. Partout on appelait le médecin. Celui-ci ne répondait jamais : il avait disparu durant la fuite et fort était à parier qu'il était mort. Le bilan s'alourdissait de minute en minute. Les hommes remarquaient peu à peu l'absence de telle ou telle personne ; les espoirs de les retrouver vivants restaient trop minces pour y croire.

Le colonel étudiait sa carte à l'écart, la mine renfrognée. On aurait pu le croire entièrement consacré à ses pensées, insensible aux pertes et aux plaintes. Pourtant, Vassili savait que c'était exactement l'inverse… S'il avait l'air en colère, c'était bien parce qu'il ne pouvait pas se consacrer à sa troupe : il se devait de prévoir la suite des opérations, pour ne surtout pas laisser l'initiative à ses ennemis, encore plus dans un moment pareil. Il prenait cette défaite comme une erreur personnelle, ce qui lui rendait l'acceptation des pertes encore plus pénible. Le fait que ce fussent ses subordonnés qui avaient fait les suppositions de l'absence d'ennemi n'occultait en rien sa responsabilité de les avoir validées.

Il appela à lui ses cadres un par un. Il passa longtemps à s'entretenir avec Victor, le lieutenant à l'origine de la prédiction de l'absence de Pokémon dans cette zone. Quand le ton de l'échange commença à monter, les deux hommes s'éloignèrent, sous le regard inquiet des combattants spectateurs. Vaillant-Rescapé sentait l'ambiance pesante se répandre dans les rangs : l'inquiétude due aux blessés s'ajoutait à l'énervement de cette querelle entre dirigeants. L'Insécateur prit alors l'initiative de former des groupes pour aller cueillir des baies, guidés par des Pokémon. Il ne s'éloigna pas ; cette activité n'avait pas pour but de faire des provisions, juste d'apaiser les tensions… Il eut d'ailleurs la présence d'esprit de répartir les plus énervés dans les différents groupes.

Quand Vaillant-Rescapé revint, il passa à côté de Vassili, qui n'avait pas quitté Niryo une seule seconde depuis qu'il l'avait ramené blessé. Il le gardait dans ses bras, contre lui. L'œil du Pokémon avait reçu un éclat, il avait beaucoup saigné et à présent, l'espèce de croûte jaunâtre qui s'y formait n'augurait rien de bon quant à sa guérison. L'Insécateur tendit une baie à son humain, pour ne pas rester à les regarder les lames ballantes. L'intéressé l'attrapa du bout des doigts en formulant un remerciement sincère. Il écrasa le fruit puis déposa délicatement le jus ainsi obtenu dans la bouche du Marcacrin. Il arriva à lui en faire avaler un peu, mais évidemment, cela ne suffirait pas à guérir le blessé.

Le colonel avait pris sa décision. Malgré le danger que représentait le déplacement, tous les rebelles devraient regagner les bâtiments du poste conquis auparavant. Là-bas, ils pourraient au moins faire soigner leurs blessés. Mais pour s'y rendre, ils traverseraient la route, pour éviter le village, car ils ne pouvaient pas se permettre d'y reprendre des contacts ou d'y passer la nuit, maintenant qu'ils avaient été décelés. Comme la zone était tenue par l'ennemi, se montrer en terrain découvert représentait un véritable problème… D'autant plus qu'ils ne pourraient se contenter de passer rapidement, ce serait impossible étant donné le nombre d'invalides à transporter ! Chaque groupe passerait à un moment différent, sur un itinéraire qui lui serait propre. Le premier à entreprendre cette retraite serait Vaillant-Rescapé. Cette fois, le colonel ne l'accompagnait pas ; il traverserait avec un autre groupe.