Pokémon version Arc-en-Ciel T.1 : L'assassinat de Milolaidus

Après avoir mangés, ils retournèrent au centre Pokémon, où chacun enregistra tout les Pokémons qu'il avait déjà capturé sur son Pokédex. Brown en avait sept, Pauline huit et Grey neuf. Les Pokédex dernière génération regorgeaient d'informations sur les Pokémons, pour peu qu'on puisse les remplir. On y trouvait une description détaillée des Pokémons ou le lieu de leur capture mais aussi d'autres informations très utiles comme les Pokémons avec lesquels il pouvaient se reproduire, ou les attaques qu'ils pouvaient apprendre, et comment. Cette dernière partie se complétait au fur et à mesure que les Pokémons capturés ou ceux rencontrés apprenaient ou connaissaient déjà des attaques. Il y avait d'ailleurs une partie du Pokédex qui listait les attaques et en faisaient une description. Brown doutait que son Pokédex puisse obtenir autant d'informations simplement parce qu'il venait de capturer un Pokémon. Malgré ce que Blue avait dit, il devait lui faciliter la tâche en lui laissant à disposition ce qui avait déjà été découvert par ses prédécesseurs. Mais il devait quand même gagner ces informations. D'ailleurs, ça expliquait la partie « note » pour chaque Pokémon et la possibilité de les envoyer via le Wifi a ce qui devait être un ordinateur gérant les données des Pokédex. Il pouvait ainsi apporter sa propre participation au Pokédex, s'il jugeait que certaines informations qu'il avait découvertes méritaient d'y figurer.

— Le Pokédex pouvant donner de précieuses informations en combat, il est interdit de l'utiliser lors de tout combat officiel, sauf règle particulière, les informa Pauline. Tout comme on ne peut pas utiliser d'objets autres que ceux que tiennent nos Pokémons.

— Mais alors comment fait-on, se demanda Brown, si on est face à un Pokémon inconnu que l'on veut enregistrer dans notre Pokédex, et qu'il appartient à un dresseur ?

— Bonne question… réfléchi Pauline.

Brown, qui continuait à explorer les options de son appareil, s'exclama soudain :

— Je crois que j'ai trouvé !

Grey et Pauline s'approchèrent, intrigués, et regardèrent le Pokédex de Brown.

— Le mode « combat officiel », expliqua celui-ci, en montrant un menu de son Pokédex. Dans la session aide, on nous explique que quand ce mode est activé, le Pokédex continue d'enregistrer des informations, mais qu'il est impossible d'y accéder. L'adversaire doit rentrer un mot de passe que lui seul connaît pour enclencher le mode, histoire d'éviter toute tricherie. À la fin du combat, il rentre de nouveau son mot de passe pour déverrouiller le Pokédex. Si l'adversaire a oublié le mot de passe, ou qu'il ne joue pas le jeu et refuse de le débloquer, il se débloque tout seul au bout d'une heure.

— Pratique, commenta Pauline. Ça doit être un rajout de Blue, les règles des combats officiels étaient moins strictes il y a une vingtaine d'années.

Les trois amis occupèrent le reste de l'après-midi à visiter la ville, et surtout l'arène. L'entrée était gratuite, mais ils constatèrent qu'un stand dans l'arène vendait du « Véritable miel d'Apitrini de Boulocity » à 150 pokédollards le pot.

— Je vois qu'ils trouvent toujours un moyen de faire du bénéfice, constata Brown.

— Du bénéfice ? répondit Pauline. Pas vraiment. Une petite participation tout au plus. Ce n'est pas avec 150 pokédollards par-ci par-là qu'on finance une arène. La majorité des fonds vient de l'état.

Les trois adolescents regardèrent autour d'eux. L'arène était encore plus spectaculaire de l'intérieur que de l'extérieur. Les « alvéoles » en verre un peu jaunâtre qui recouvraient toute la surface de l'arène dispersaient la lumière aussi bien qu'un prisme. Le sol, les murs, tout l'intérieur de l'arène semblait recouvert de milliers d'arcs-en-ciel avec une petite insistance sur le jaune. L'étage du bas, celui des visiteurs, où se trouvait le trio, ne devait faire que cinq mètres de haut. Mais le plafond était lui aussi constitué d'hexagones en verre. Ainsi, on pouvait voir, bien qu'un peu déformé, toute la partie supérieure de l'arène.

Le haut de l'arène ressemblait à un immense parcours d'accrobranche. Fausses toiles de Migalos en cordes, plateformes mouvantes en forme de Papillusion géant ou autre insecte volant, cordes tenant lieu de liane auxquelles se balancer… tout y était. Des sortes de ruches étaient accrochées un peu partout au sommet de l'arène. Brown en compta huit. Il y avait aussi des plateformes accrochées aux murs ou soutenues par de grandes barres de métal qui descendaient jusqu'à l'étage des visiteurs, comme des piliers qui soutiendraient le plafond. Vers le haut de l'arène, six hexagones manquaient. Les trous étant au même niveau et à égale distance les uns des autres, ils avaient de toute évidence étés faits pour aérer la partie haute. Des grandes raies de lumière y entraient. Le tout formait une sorte de labyrinthe en trois dimensions. Un mince filet était tendu sous la structure. On voyait facilement au travers. Brown fronça les sourcils. Il ne lui paraissait pas très sûr, et une personne qui tomberait risquait d'atterrir sur une plateforme située plus bas et non-pas dans le filet.

Près de la plus haute plateforme, située au centre de l'arène, qui était soutenu par trois piliers raccordés aux murs, flottait un magnifique Pyrax, un Pokémon très rare venu tout droit d'Unys. Ses ailes étranges ondulaient avec grâce et ses flammes projetaient une belle lumière rouge autour de lui. « Il doit s'agir d'un Pokémon de la championne, pensa Brown. Elle doit être sur la plateforme au sommet ! »

Mais le plus impressionnant restait l'immense barre de métal, au centre de l'arène, qui devait avoisiner les deux mètres de diamètres. Elle montait jusqu'au sommet, traversant au passage le plafond des visiteurs et la plus haute plateforme. Brown s'approcha. Des barrières avaient étés placées autour de la base, pour éviter les accidents. En effet, la barre semblait continuer dans le sol. « C'est la barre qui soutien l'Apireine de métal et lui permet de monter, compris Brown. Le mécanisme qui la fait monter et descendre est sans doute situé sous l'arène. »

Brown leva de nouveau la tête. Quelque chose le perturbait. Il avait beau se placer sous tous les angles, il n'apercevait personne. Il semblait n'y avoir dans la partie supérieure de l'arène que le Pyrax, et sans doute la championne, perché au sommet, et qu'on ne pouvait pas voir du bas.

— Je me demande où sont les dresseurs, dit Brown. Les arènes possèdent toujours des dresseurs qui mettent à l'épreuve ceux qui veulent affronter le champion. Mais là je n'en vois nulle part.

— Je dois t'avouer que je n'en ai pas la moindre idée, répondit Pauline, tout aussi pensive que son ami.

— Moi, ce que je me demande surtout, réagi Grey, c'est si le filet est vraiment sûr.

Ce fut un homme châtain d'environ trente-cinq ans qui leur répondit :

— Excusez-moi, mais je vous ai entendu parler. Je suis un habitué de cette arène. Cela fait bientôt douze ans que j'essaye régulièrement d'avoir ce badge. Le seul que j'ai réussi à obtenir pour l'instant est celui de Pourprion, il y a une dizaine d'années. J'ai d'ailleurs déjà affronté le prédécesseur de Cassandre, avant qu'il prenne sa retraite de champion.

Il s'arrêta et examina soudain Brown.

— Ce n'est pas toi que j'ai vu dans le journal il y a quelques jours ?

— Il n'aime trop qu'on en parle, expliqua précipitamment Pauline avant que ne se crée un scandale.

— Bien, c'est comme il veut. Si vous avez des questions, je peux y répondre.

Brown, Grey et Pauline acceptèrent volontiers.

— En fait, le filet, c'est simplement pour rassurer certains candidats, et aussi pour donner un look. La vraie protection, c'est la tenue qu'enfilent les candidats. Ils sont équipés de deux mousquetons qu'ils accrochent aux câbles sur les parcours ou à d'autres choses, comme les lianes. Ils ne courent ainsi aucun danger, tant qu'ils respectent les règles de sécurité et qu'un mousqueton au moins est toujours accroché. Exactement comme pour un parcours d'accrobranche. D'ailleurs, les candidats tentant l'arène pour la première fois doivent d'abord passer une initiation dans un bâtiment à coté. Vous avez déjà fait de l'accrobranche ?

— Brown et moi, plusieurs fois, dis Grey. Pauline, je ne crois pas.

— En fait, c'est que j'ai un peu peur du vide, répondit l'intéressée en baissant les yeux.

— Et bien, si tu veux un jour avoir ce badge, jeune fille, il va falloir apprendre à vaincre ta peur, répondit l'homme. Un bon dresseur n'est pas juste bon en combat. Il doit aussi être capable d'évoluer en milieu hostile et de faire fonctionner sa cervelle. D'où les parcours et les énigmes qu'il doit franchir avant d'affronter un champion.

Pauline leva de nouveau les yeux vers le haut de l'arène, dégluti et répondit :

— Je pense qu'en prenant sur moi je devrais y arriver. De toute façon j'ai encore le temps d'y songer.

— Mais vous ne nous avez pas dis où sont les dresseurs, fit remarquer Brown.

Au même moment, un jeune homme qui devait à peine avoir la majorité rentra par une porte située derrière le comptoir d'inscription. Il était équipé d'une tenue d'accrobranche qui faisait ressortir sa ceinture de Pokéballs.

— C'est la première fois qu'il tente sa chance, lui, commenta l'homme. Je l'ai vu arriver il y a une vingtaines de minutes. Vous vous demandez où sont les dresseurs, vous allez bientôt le savoir ! (L'homme montra du bras des fauteuils près du mur de l'arène.) Allons nous assoir là-bas, on y a une excellente vue. Si c'est la première fois que vous venez, je peux vous dire qu'il va y avoir du spectacle. Pas comme dans toutes ces arènes ou seule la partie des visiteurs est visible. Pff !

Brown, Grey, Pauline et l'homme s'installèrent dans les fauteuils. Un homme demanda quelque chose au candidat, qui hocha négativement la tête. On lui retira son sac, et on lui tendit une petite sacoche arborant le blason officiel des arènes d'Alaubia : deux mémoires balls s'entrechoquant dans une myriade d'éclairs jaunes, sur un fond orangé, avec un demi-cercle jaune vif rappelant le soleil levant.

Grey et Brown interrogèrent Pauline du regard.

— Il est interdit d'utiliser des objets en combat officiel. Cependant, pour le parcours avant d'atteindre le champion, c'est un peu particulier. Le candidat doit affronter plusieurs dresseurs. Il peut réussir à en éviter certains en prenant les bons chemins, mais pas tous. Ces dresseurs ne peuvent utiliser que trois Pokémons et de préférence pas leurs meilleurs, pour laisser un avantage au candidat. Mais les dresseurs sont quand même bien plus nombreux. C'est pourquoi on donne au candidat un rappel max, un rappel, une potion max, une guérison et deux total-soins. Il peut même les utiliser pendant un combat, mais il est souvent plus intéressant et plus pratique pour lui de soigner ses Pokémons hors combat. Il a aussi le droit de prendre des objets à faire tenir et a utilisation unique, tant que c'est ses Pokémons qui les utilises et non pas lui, mais apparemment il n'en a pas ressenti le besoin. Enfin, un dresseur qui pense avoir une réelle chance face au champion doit normalement être capable de n'utiliser aucune potion ou presque.

— Je vois que tu connais déjà bien le fonctionnement des arènes, jeune fille !

Le candidat entra dans un ascenseur. Une alvéole s'ouvrit dans le plafond et l'ascenseur monta jusqu'à la partie supérieure. Le candidat sorti. L'ascenseur descendit et l'alvéole se referma. Maintenant, il ne pouvait plus rebrousser chemin ! Un écran s'alluma et afficha « 60 ».

— Ca indique le nombre de déplacements qu'il reste au candidat avant qu'il ait perdu, dit l'homme, précédant leurs questions. À chaque fois qu'il traverse une structure, filet, pont de cordes ou autre, ça compte comme un déplacement. Aux dires de la championne, en moyenne, une dizaine de déplacements peuvent suffire à la rejoindre. Je dis en moyenne car elle modifie le parcours tous les mois ! Au début, quand elle est devenue championne et qu'elle a fait reconstruire l'arène, elle avait prévue de mettre un chronomètre, mais l'idée a été bien vite abandonnée, car les candidats auraient risqués de négliger les règles de sécurité pour aller plus vite. Ca sert surtout à éviter que l'épreuve ne s'éternise. Le plus souvent, quand les candidats on fait soixante déplacements, ça fait déjà un moment qu'ils tournent en rond.

— Mais enfin, où sont les dresseurs ? ! s'exclama Grey.

— Patience, tu ne vas plus tarder à le savoir.

Pendant qu'ils parlaient, le jeune homme avait commencé le parcours. Il évoluait agilement sur les structures et semblait parfaitement à l'aise. À une intersection, il eu le choix entre un pont composé de plusieurs rondins se balançant au bout de cordes et un mur d'escalade d'une dizaine de mètres de haut. Le mur lui parût plus judicieux. Une fois qu'il l'eu escaladé, il continua à avancer en réfléchissant au prochain chemin qu'il allait prendre, mais, alors qu'il atteignait une grande plateforme, des barrières en verre surgirent soudain de tous les cotés. Il était bloqué sur la plateforme et ne pouvait pas s'échapper !

Une « ruche », vingt mètres plus haut, s'ouvrit. Une femme svelte en bondit et descendit rapidement en rappel, retenue par un câble, imitation parfaite d'une araignée accrochée à son fil. En à peine cinq secondes, elle avait atteint la plateforme. Elle se décrocha d'un geste professionnel et sembla dire au candidat d'en faire autant, bien qu'on ne puisse presque rien entendre depuis la salle des visiteurs. Heureusement, la plateforme était un peu transparente et on pouvait voir ce qui se passait. Seule celle de la championne ne l'était pas. Le candidat se décrocha et ils commencèrent le combat.

— Maintenant, vous savez où sont les dresseurs ! s'amusa l'homme, en voyant leur surprise.

— Surprenant en effet ! commenta Brown. Mais s'il arrive à atteindre la championne, on ne pourra pas voir le combat ?

— Des caméras sont installées au sommet de l'arène. D'ailleurs, tous les combats officiels des champions sont filmés.

Le jeune homme envoya un Absol, tandis que la femme envoyait un imposant Cizayox. Le Pokémons insecte, se sentant avantagé face à un Pokémon qui ne pouvait à priori pas lui faire très mal compte tenu de son type, tenta de charger sa puissance en utilisant Danse Lame. Mais le jeune homme avait vu le coup venir et Absol vola l'effet de la capacité en utilisant Saisie. Enervé, la dresseuse commanda à son Cizayox de lancer sa puissante attaque Plaie-croix sur le frêle Absol. Mais encore une fois, ce fut Absol le plus rapide. Il battit en retraite grâce à relais, et c'est un énorme Arcanin qui encaissa l'attaque. Pendant que la dresseuse changeait à son tour de Pokémon et envoyait à la place un Armaldo, Arcanin utilisa Zénith. Tout les rayons de soleils qui entraient dans l'arène dans un rayon d'une trentaine de mètres bifurquèrent soudain et vinrent se concentrer sur la scène du combat, comme s'ils avaient traversés une loupe.

Le piège s'était refermé. Il ne restait plus qu'une chose à faire.

Le corps d'Arcanin se couvrit de flammes. Boosté par l'effet de Danse Lame, du soleil et du charbon qu'il tenait, la puissance de son attaque Boutefeu fut tout simplement phénoménale. Armaldo n'eu rien le temps de voir venir. Il traversa toute la plateforme par la voie des airs et vint s'écraser contre la barrière en verre. Heureusement, c'était un verre spécial qui pouvait même arrêter des balles de revolver. Le Pokémon insecte mettrait à coup sûr du temps à s'en remettre. Arcanin grimaça. Il s'était lui aussi fait mal en frappant, mais il tenait le coup.

La dresseuse savait déjà qu'elle avait perdu. De toute façon, étant la première et n'ayant que trois Pokémons, elle savait dès le départ qu'elle n'avait presque aucune chance. Les dresseurs ayant réussi l'examen n'étaient pas des débutants. Ils finissaient par craquer, mais sur la durée. Elle envoya quand même un Scarhino, dont l'Arcanin se débarrassa d'une puissante morsure enflammé. Cizayox tenta une attaque Pisto-poing désespérée. Arcanin sourcilla à peine sous les coups, (enfin, pour peu qu'un Arcanin puisse sourciller), et renvoya le Cizayox, comme ses camarades, dans les anneaux de Cresselia, au pays des songes.

Pendant tout le combat, Brown avait gardé la bouche grande ouverte. Quand il se rendit compte que de la bave menaçait de franchir la commissure de ses lèvres, il sorti de sa torpeur, la referma rapidement et ravala sa salive.