Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Histoire d'un pokémon comme un autre [OS] de Milolaidus



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Milolaidus - Voir le profil
» Créé le 28/03/2013 à 01:15
» Dernière mise à jour le 14/04/2013 à 17:51

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Histoire d'un Pokémon comme un autre
Cette histoire, je ne suis pas le premier à l'avoir vécu. Cette histoire, tant d'autres la vivrons ! Tel est notre condition, notre but dans l'existence. Ainsi va la vie, notre vie.

Jusqu'à ce jour, je n'avais connu que mes parents, mes frères et sœur, et cette tanière rempli de feuille, sous un arbre, qui sentait si bon. Je ne réalisais pas à quel point j'étais heureux. J'étais né dans ces conditions, et je ne connaissais rien d'autre que cette tanière, ma famille, et la mystérieuse ouverture d'où entraient mes parents, et par laquelle je n'avais pas le droit de passer.

Chaque journée était un tourbillon de bonheur et d'insouciance. Je jouais à la bagarre avec mes frères et sœurs, me prenant pour un redoutable prédateur, je dormais dans les feuilles qui sentaient si bon, je tétais ma mère, sentant la chaleur de son corps, la douceur de sa fourrure et le battement régulier de son cœur, tout prêt de mon oreille.

Chaque jour je grandissais. Mon pelage s'épaississait, je sentais de l'électricité y circuler, je gagnais en force et en endurance, et, petit à petit, la tanière ne me sembla plus aussi grande qu'avant. Je commençais à me sentir à l'étroit, avec mes frères et sœurs. Je brûlais de plus en plus de savoir ce qu'il y avait, après le grand trou blanc et lumineux, d'où mes parents sortaient et revenaient régulièrement, tenant dans leur gueule un de ces petits Pokémon à fourrure si délicieux.

Mais mes parents, ou celui qui restait, quand l'autre était parti chasser, grognaient quand je voulais m'approcher dans l'ouverture. Une fois, alors que je m'étais montré trop téméraire, mon père a grogné plus fort que d'habitude, et des petits éclairs ont circulés sur tout son corps. Impressionné, j'étais vite retourné au fond de la tanière, penaud. Après cette démonstration, j'ai arrêté d'essayer de sortir. Mes parents ne nous en jugeais pas encore capable, moi et mes frères et sœurs. Mais, au fond de moi, malgré les apparences, le désire de voir ce qu'il y avait après le trou blanc augmentait de jours en jours.

Un jour, enfin, à peu près en même temps que mes frères et sœurs, je parvins à expulser de l'électricité de mon corps. Quelle agréable sensation de puissance ! Il n'y avait sans doute rien de plus satisfaisant que sentir en soit l'électricité circuler, la concentrer en contractant ses muscles et en puissant dans les réserves électriques de sa queue, puis la faire sortir violemment par chaque poil de son corps. Nos parents nous jugèrent alors près à faire notre première sortie.

Ce fut sans aucun doute le moment le plus merveilleux de ma vie. Tout était tellement... immense. Les arbres, ou je savais maintenant que se trouvaient toutes les feuilles qui sentaient si bon, avant qu'elles ne tombent au sol, l'herbe, la rivière transparente qui coulait près d'ici, la terre, ou couraient toute sorte de minuscules animaux, les rochers, sur lesquels poussait une mousse si douce au toucher, jusqu'aux montagnes, que j'entrapercevais tout là-bas, à l'horizon. Je ne savais plus où donner de la tête. Ma tanière, qui avait été jusque-là tout mon univers, me semblait soudain morne et minuscule.

Dès lors, nos parents nous accompagnèrent régulièrement dehors, mais ils ne voulaient pas que nous nous éloignons trop. Chaque sortie était un moment merveilleux et très enrichissant. Cependant, il y avait aussi des dangers. Un jour, un drascore voulu s'en prendre à nous. Mais nos parents réagirent immédiatement, et, avec de puissants grondements et de redoutables décharges électriques, le poil complètement hérissé, ils le convainquirent rapidement de battre en retraite. Une incroyable démonstration de puissance !

Hélas, le jour maudit arriva. Nos parents étaient partis tous les deux à la chasse, nous jugeant suffisamment grands pour ne pas faire de bêtises. Peut-être voulaient-ils aussi être un peu seuls, tous les deux... Je m'ennuyais dans cette petite tanière qui me semblait beaucoup moins intéressante qu'avant. J'étais lassé de chahuter avec mes frères et sœurs. Rapidement, je fus tenté d'aller un peu dehors, seul. J'avais beaucoup grandis et je me sentais assez puissant et assez rapide pour me défendre, ou fuir, en cas de besoin. Mes frères et sœurs tentèrent bien de m'en empêcher, mais je n'en fis qu'à ma tête. Alors qu'ils se mettaient devant l'entrée pour me bloquer à l'intérieur de la tanière, je chargeais soudain, par surprise, et parvenais à forcer le passage.

Je courus quelques temps histoire de prendre de la distance, pas trop loin quand même, pour ne pas me perdre, même si je pensais être capable de retrouver ma tanière à l'odeur. Explorer le grand extérieur seul était encore plus excitant que de le faire accompagné. Je gambadais dans la nature, me roulant dans les feuilles mortes qui jonchaient de plus en plus le sol, à mesure que les jours passaient. Je me faisais les griffes sur les arbres, tentant d'y monter. J'essayais de chasser les petits Pokémons à fourrure et longues dents, comme mes parents, mais ils parvenaient toujours à s'échapper. Malgré tout, je m'amusais comme un fou, et il n'y avait pas la moindre menace en vue.

Quand soudain, j'aperçus un être étrange. Etais-ce un animal, un Pokémon ? Ca marchait sur ses deux pattes arrière, tout droit, les pattes avant se balançant le long du corps. Ca avait une peau bizarre, de toutes les couleurs, semblant flotter le long du corps, comme si elle était trop large. Son dos semblait tout déformé et fesait une grosse bosse. Il semblait ne pas coller avec le reste du corps. Il n'y avait qu'à l'extrémité des pattes et sur la tête que la peau semblait à peut près normale, de couleurs rose clair. Ca ne possédait aucune fourrure, sauf sur le sommet de la tête. Je fus fasciné.

Lentement, je m'approchais. Cet être étrange ne semblait pas menaçant, bien que de grande taille. Mais, me raisonnais-je, il aurait sans doute eu l'air beaucoup moins grand, s'il marchait sur ses quatre pattes, comme moi. Il finit par me remarquer. Il ne fit aucun geste menaçant. Je me sentais en confiance et tentais une approche.

La plus grande erreur de toute ma vie ! Mais j'étais si naïf encore, à l'époque. Cela allait malheureusement bientôt changer. L'être fit des sons étranges avec sa bouche. Ce n'était pas un simple cri, mais des bruits très différents les uns des autres, et s'enchaînant très rapidement. Cela le rendait encore plus fascinant.

- Oh, un Lixy. Il a l'air plutôt costaud, il pourrait devenir puissant en grandissant.

Sa bouche s'étira, les extrémités se rapprochant des joues. Je ne savais pas qu'il était possible de faire bouger ces parties là du corps. Sa voix était rassurante, je me sentais toujours plus en confiance. J'étais comme... hypnotisé.

Aussi, je n'eu même pas le temps de comprendre ce qui m'arrivais. Il décrocha son dos étrange, l'ouvrit et en sorti quelque chose de rond. Ca ne ressemblait à rien de ce que j'avais vu dans la forêt. Il le prit dans sa patte très habile, qu'il fit bouger rapidement et ouvris. Je n'avais jamais vu aucun Pokémon faire ça auparavant. Sa voix se fit soudain plus brutale. L'objet parti très vite et tomba juste à coté de moi. Il explosa et un Pokémon enflammé, ressemblant un peu à l'être étrange d'ailleurs, en sorti.

- Chimpenfeu, GO !

Sans aucune raison apparente, le Pokémon m'agressa à la vitesse de l'éclair. Je ne lui voulais aucun mal, je ne parvenais même pas à réaliser ce qui était en train de se passer. Il me donna de puissants coups enflammés, toujours accompagné par cette voix qui devenait de plus en plus agressive. Complètement assommé, souffrant dans tout mon corps, tant à cause des coups que des brûlures, je m'effondrais, impuissant. Je n'étais déjà presque plus conscient lorsque je me senti rétrécir, aspiré dans un autre des objets ronds. Le dernier souvenir de ma liberté fut une incompréhension et une terreur insoutenable, avec en toile de fond une autre voix monocorde et tout aussi incompréhensible :

- Lixy. Pokémon flash. Il possède des muscles qui produisent de l'électricité, ensuite stockée...

Jamais plus je ne reverrais ma famille. Jamais plus je ne sentirais, à mon oreille, le cœur de ma mère battre et sa fourrure grésiller contre la mienne, bien que je ne sois maintenant plus en âge de téter. Jamais plus je ne jouerais à la bagarre avec mes frères et sœur. Jamais plus je ne sentirais les feuilles qui sentaient si bon, dans la fraîche tanière, même si je l'avais dénigrée, les derniers temps. Ma famille ne saurait jamais ce qui m'était arrivé.

Au final, mes parents avaient raison.

Je me fis, petit à petit, dans la douleur, à ma nouvelle vie. Je savais que presque à chaque fois que ma prison s'ouvrait, je devrais mener un dur combat, avant qu'elle se referme, me laissant exténuée. Au moins, ça me faisais de l'animation. Petit à petit, je commençais à donner un sens aux « mots » que prononçait cet « humain » qui était devenu mon « dresseur ».

Je ne parvenais pas à lui en vouloir. Malgré les mauvais traitements qu'il me faisait subir, les rares moments ou il me sortait en dehors d'un combat, il me parlait d'une voix douce et semblait avoir de l'affection pour moi. Il ne me punissait jamais. Si je ne me battais pas assez bien, c'était mon adversaire qui s'en chargeait à sa place.

Je grandissais, et les combats successifs augmentaient mes forces. Je me battais avec plus de hargne et les défaites étaient plus rares. Un jour, alors que je venais de vaincre le castorno particulièrement coriace d'un autre dresseur, se senti une grande puissance emplir tout mon corps. Je grandissais, me transformais. J'évoluais ! Quelle sensation merveilleuse ! Un pur instant de plénitude ! Mon corps laissa échapper encore quelques ultimes éclats lumineux, puis le phénomène s'arrêta. Vraisemblablement, je ne ressemblais pas encore à l'image, déjà si floue, que je gardais de mes parents, mais je venais sérieusement de m'en approcher. Je testais mes nouvelles compétences. Je réussi à produire une décharge électrique bien plus puissante que ce que je n'avais jamais envoyé, et sans réel effort !

Le temps passait, et je comprenais que mon dresseur ne se rendait pas compte de ce qu'il faisait. De nombreux êtres de la même espèce que lui, dans son entourage, étaient aussi dresseurs. Cela lui semblait naturel. Il ne réalisait pas. En fait, il éprouvait beaucoup d'affection pour moi et mes compagnons d'infortune. Il n'était pas vraiment responsable de tout cela.

J'étais triste de ne pas avoir assez apprécié le moment ou j'étais encore libre. Je ne me rendais alors pas compte de ma chance. Pourtant, je réitérais la même erreur en ce moment même. Finalement, mon sort n'était pas si terrible. Se battre pouvais presque devenir amusant, à force, mon dresseurs m'aimais et je n'aurais sans doute jamais gagné aussi vite en puissance sans lui.

Mais un jour que je sortais de ma pokéball, je sus que c'était la dernière fois. La dernière fois que j'étais lancé face à un adversaire, la dernière fois que je voyais le monde extérieur, et sentait le vent jouer dans ma fourrure.

Ces derniers temps, je ne satisfaisais plus mon dresseur. Je perdais bien trop souvent mes combats, et je ne parvenais toujours pas à évoluer une deuxième fois. Je ne savais même pas bien comment j'avais fait la première fois. J'avais appris que mon dresseur commençait à devenir renommé dans sa région, et je faisais un peu tâche dans son équipe.

J'ai su que le Pokémon que j'avais devant moi allait prendre ma place. J'avais déjà eu affaire une fois à cette espèce de Pokémon. C'était un Elektek, orange et scintillant.

Mon dresseur jubilait. Moi, je fis mon travail de Pokémon sans rechigner. J'enchaînais les morsures et les coups de griffe, ne comptant pas trop sur l'électricité puisqu'il la maîtrisait aussi. Malgré l'avis de mon dresseur et de ses semblables, j'avais une bien plus grande expérience du combat que ce jeune Pokémon. Je n'eu pas de mal à le mettre rapidement hors d'état de combattre.

Mon dresseur envoya une rapideball. Mon cœur se serra, mais l'Elektek parvint au prix d'un effort incroyable, sans doute l'énergie du désespoir, à se libérer. Il tenta encore de m'attaquer, mais je l'esquivais sans difficulté. Mon dresseur enchaîna alors les hyperballs avec une hargne grandissante. Contre toute logique, l'Elektek continuait toujours à sortir, souvent au dernier moment. Ce n'est que la septième ball qui fini enfin par s'arrêter, après avoir remuée trois fois.

Ce pauvre Pokémon avait sans doute eu encore moins de chance que moi. Moi, j'étais normal. Lui, il était chromatique. Il avait sans doute passé toute sa vie à fuir, craignant à chaque instant d'être capturé, poursuivi par tous les collectionneurs de Pokémon. En plus, les Pokémons chromatiques étaient souvent rejetés par les Pokémons normaux. Et maintenant qu'il avait été capturé, il ne connaîtrait plus jamais la paix. Au moins, il y avait de bonnes chances qu'il reste longtemps dans l'équipe.

Au bout de quelques heures, je senti qu'on me transférait au PC. Jusque-là, je n'y avais encore jamais été. La plupart des Pokémons y allaient d'office et n'en sortaient plus jamais, ou presque. Je me rendis compte que j'avais eu pas mal de chance, finalement.

C'est fini. Je vais maintenant passer le reste de mes jours dans cet endroit étrange, ce milieu artificiel, en compagnie d'une trentaine d'autres Pokémons. Mon dresseur ne me retirera sans doute jamais de nouveau. De toute façon, je ne le souhaite pas. Me faire retirer pour un motif quelconque pendant cinq minutes, me faire de faux espoirs et finalement retourner dans le PC pour toujours, ça me ferais plus de mal que de bien.

Puisqu'il ne se sert plus de moi, mon dresseur pourrait me relâcher, mais après tout, la devise des dresseurs n'est-elle pas « attrapez-les tous » ? S'il me relâchait, ce serais comme s'il ne m'avait jamais attrapé. Et, de toute façon, saurais-je encore aujourd'hui me réadapter à une vie sauvage ?

Alors il ne me reste plus qu'à attendre. Attendre ma fin, ou celle de mon dresseur, pour être relâché, bien qu'il y ai peu de chances qu'il meure avant moi. Encore que je peux être confié à ses héritiers. Mais je ne souhaite pas sa mort. Je sais qu'il est bon, dans le fond, et quelque part, je l'aime aussi.

On est bien ici. On a de la compagnie, à manger quand on veut, l'herbe est toujours luxuriante. Avec un peu de chance, peut-être que je serais changé de boite, de temps en temps, et que je rencontrerais d'autres Pokémons et d'autres milieux artificiels.

Tel est mon destin. Notre destin.