Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Route 66 [Fic commune] de Resistance



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Resistance - Voir le profil
» Créé le 16/03/2013 à 13:43
» Dernière mise à jour le 16/03/2013 à 16:36

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Ch. 13 Un long fleuve tranquille (Silver Zekrom)
Le dernier bout de ce putain de pont que je vis, outre le Wailord de 15 mètres qui l'explosa littéralement dans une déflagration de métal, de pierre, et de sang (vu que certains cadavres d'enfoirés aquatiques étaient restés bien gentiment sur la plateforme en attendant de se faire pulvériser de la sorte), ce fut ce bout de ciment noirâtre dont les entrailles de fil d'acier pendaient qui vola avec nous. Moi, Ambre, et ce bout de pont, tombèrent à une vitesse fulgurante, comme des pierres, traversant l'air ambiant et filant droit vers le fleuve en contre-bas. Nous rencontrâmes violemment la surface de l'eau claire et démente, dans un myriade de bulles d'air et de débris qui fourmillaient autour de nos deux corps inertes qui se noyaient, puissamment happés par le courant fluvial. C'est seulement à cet instant que je pus réagir, comprenant à peine ce qu'il s'était passé ; je pris mon courage et le tumulte aquatique à pleines paumes, gobai les premiers centimètres cubes d'air à portée de bouche, et je brassai vigoureusement le courant pour tenter de rattraper la natte qui s'enfonçaient peu à peu vers le lit boueux du Mississippi. Par Arceus, nous n'étions pas tombés loin l'un de l'autre ; j'eus vite fait de lui chopper le bras pendant qu'elle sombrait, puis, emportés par le courant, je la tirai avec toute l'adrénaline que j'avais à disposition pour ramer comme un forcené dans toute cette eau vigoureuse, ma chemise lavée de toute saleté et ma cravate noire esquintée qui flottaient comme un habit de Viskuse. Deux brasses plus loin vers les rivages, et, essayant de garder péniblement ma tête et celle de ma nana d'infortune hors des flots, je me devais d'attraper le premier rocher à portée pour éviter d'être emportés plus loin encore ; ma main tendue s'arracha sur le premier granit que j'agrippai avec toute la rage du monde, et je me servis de la force du courant pour nous laisser nous plaquer contre la rive, et ainsi hisser ma partenaire et ma propre personne sur le caillou, puis me laissai choir, épuisé, essoufflé.

- Eh bah... Pfoou... Putain... On va pas s'refaire ça tous les jours, c'est moi qui t'le dis, hein...

Et je n'eus aucune réponse. Merde. Je bondis comme un diable sur le corps trempé jusqu'aux aux os de la nana à la longue tresse auburn, inanimé, et le point piqué d'hémoglobine qu'elle avait en plein abdomen me fit de revenir la mémoire en un éclair. La fucking seringue d'AB-6. Je me mis alors à appuyer frénétiquement sur sa poitrine, exerçant pression par pression, mes cheveux goutant sur son visage livide, ma cravate trempée pendouillant sur son ventre, et mon regard désespéré scotché sur ses paupières fermées.

- Putain, Ambre... Allez, allez... Réveille-toi, bon sang, réveille-toi... RHA !

Dans le feu de l'action, je pris de l'air sans réfléchir, lui bouchai le nez, et me penchai sur ses lèvre pour lui insuffler le peu d'oxygène que je pus lui apporter ; j'effectuai une ou deux autres pressions, la persévérance étant primordiale pensais-je, jusqu'à ce qu'elle se mette à tousser et à cracher de l'eau brusquement.

- VICTOIRE ! Ambre ! Ambre !

Toute faible, les yeux entr'ouverts de quelques millimètres à peine, elle souffla, allongée sur le dos :

- Dem... Putain... T'es con... Qu'est-ce que tu...

Puis sa tête retomba soudain. Sans doute évanouie. Ça devait être ça. Ça DEVAIT être ça. Ma joie fut de courte durée donc, mais je savais qu'elle était en vie, après avoir écoutée sa poitrine et sentis son souffle repartir, à faible intensité certes, mais repartir. Je me redressai, hissai sur mes épaules Ambre Weaver et son arc fermement accroché en bandoulière sur son dos, et je suivis le rivage du Mississippi, remontant le cours du fleuve, dégoulinant, avec mes chaussures noires qui faisait scouich-scouich en roulant sur les cailloux du rivage. Allez, mon vieux. Fallait trouver un endroit pour se poser. Rapidement. Et sans déconner. Pour le moment.


Est-ce que j'avais vraiment fait ça ? J'avais vraiment dégommé un à un ces Mustéflott, sur le pont ? Depuis les trois heures que je marche avec la rebelle sur mon dos, je faisais des pauses régulières ; le temps était certes étouffant et assommant en cette énième journée ensoleillée, mais longer le fleuve vers sa source était une meilleure idée qu'il n'y paraissait ; ayant perdu l'eau avec tout le maddafucking caddie bondé de nourriture, rester près du Mississippi avait au moins l'avantage de nous fournir une quantité illimitée du précieux liquide vital. J'en profitais à chaque pose pour rafraîchir la nana à natte, lui essorant à chaque fois ma chemise sur le front, l'humidifiant ainsi pour ne pas qu'elle se choppe une insolation sous ce cagnard. C'est à cause de cette espèce d'arme violente portative, aussi. A peine le doigt posé sur la gâchette que c't'espèce de pic à ficelle part et va transpercer le premier couillon venu se planter devant. Moi, on me préviens pas, alors forcément j'ai tué ces... Ces... Monstres. Voilà. J'devais pas m'en faire. J'ai eu beau participer aux "batailles" jusqu'ici seulement pour aider, filer un coup de main en blessant ou divertissant untel pendant qu'Ambre ou Tennessee le tuait, c'est beau ma première tuerie depuis longtemps, j'ai certes failli à ma promesse de ne plus avoir à refaire ça, y avait leur satané Provoc' en plus de ça, et puis ces abrutis ont planté c'te maudite seringue dans ma copine. Nan. Je ne devais pas m'en vouloir. De toute façon, au point où on en était... Avec cet "harpon" balancé de l'autre côté du pont, un arc sans flèche (puisqu'après la chute qu'on avait fait et le petit plongeon sympa, avoir gardé l'arc autour de sa personne était déjà un miracle pour Ambre), et mon seul stylo qui restait fermement dans sa poche, on était limite niveau arme. Et avec cette nana sur le dos... Fallait vraiment pas qu'on se fasse attaquer, parce qu'on était les personnes les plus vulnérables du monde, pour le coup.


- Bien sûr ! C'aurait été trop beau autrement !

Ma gourde, que j'avais également réussi à garder en bandoulière (vive les sangles), n'avait plus rien de potable. Enfin, si, de l'eau ; mais niveau ingrédient foutus dedans, tout avait déjà été absorbé. Plus de feuilles de Feuilloutan, plus de sirop de Ceribou, et plus de baie de Blizzi depuis longtemps... Niveau alcool, quasi plus rien, jus de Baie, c'est pareil. Et tout autre petits ingrédients secrets ont foutu le camp à force de dilution/absorption par votre serviteur lors de ses derniers jours de marche. Ça n'avait plus qu'un goût insipide, froid, fluide, totalement inodore, et légèrement jauni ; c'était comme de l'eau sale sans les saveurs du sale même. Pfff. C'est décourageant. Comment j'allais carburer, maintenant ? Et moi qui comptais requinquer Ambre avec...

J'avais décidé de m'arrêter un instant comme les fois précédentes. À force de marcher tout droit, toujours tout droit, sans jamais croiser une route quelconque qui aurait eu la bonne idée de traverser le fleuve de part et d'autre. Et j'allais pas m'enfoncer dans la forêt interminable qui constituait mon second environnement latéral lors de ce parcours qui me semblait infini. Assis sur le bord du fleuve, en train de rincer ma chemise pour la énième fois, alors qu'Ambre était toujours évanouie, étendue à côté sur la caillasse de rivage. Allons bon. Avec un peu de chance, je remontais maintenant plutôt le Missouri, vu qu'on devait avoir passé l'endroit où cet affluent se déversait dans le Mississippi-même, vu qu'on avait dépassé Saint-Louis... Ou alors je remontais vraiment le Mississippi, dans ce cas je ne faisais que revenir en arrière et nous éloigner de la côte ouest... Côte ouest qui... Était trop, trop, trop à l'ouest... J'en pouvais plus. Je hurlais, m'arrachant à moitié les cheveux :

- RHAAA ! J'en ai plein le cul ! Allez tous vous faire foutre, voilà ! J'pensais ne plus être seul... Et il a fallut que les connards que vous êtes devenus foutent ma copine dans cet état ! Séparent le groupe ! Nous laissent sans rien ! ESPECES DE.. DE... RAAAAAAH !

Je donnai un violent coup de pied dans un galet, qui vola, et alla tomber dans l'eau dans son bruit limpide et grossier, plein d'éclaboussures. Je voulais me jeter à l'eau, aller courir dans la forêt, m'envoler vers ces cieux brûlants, bref trouver des gens, trouver des Pokémon, et... Et...

- Et quoi ? M'éclater ? crachai-je sur mon reflet dans une flaque d'eau avoisinante. Quoi alors ? Avoir de l'aide ? Se sentir en sécurité ? Trouver des gens ? Ils sont tous morts. Des Pokémon ? Ils n'existent plus. Ce ne sont plus que ces choses, putain, Démétrios. Reprends-toi.

J'avais de la peine pour la figure de ce pauvre gars dans cette misérable flaque. La barbe de deux semaines, date à laquelle il a perdu son couteau comme un gland, les cheveux en bataille couleur de jais, humides de sueur et d'eau, la peau aussi tannée par le soleil que de l'argile, un regard aussi maronnasse que la terre, avec ce sourire qui peut encore apparaître mais qui peinait à rester dernièrement. "Amoureux de la terre", hein ? Putain, papa... T'as toujours été entre tes bouquins, tes cailloux et tes légendes perdues, t'as quand même au le cran de ne pas sortir de ton domaine quand il a fallu choisir un nom pour ton gosse. Ça prouvait bien c'que t'avais été. Un homme tout aussi brun, à la figure carré mais sympathique et souriante, et tout aussi bien foutu, bref comme son fils, qui était tout simplement passionné. Et maman... Toujours avec son chapeau de cow-girl à la India Najones, sa coupe rousse au carré dans le vent et à bondir à droite à gauche quand elle menait ses recherches avec l'amour de sa vie et défendait les droits des Pokémon... Et ce jour de manifestation contre l'AB-6... Et leur attaque contre les labos... Et leur mariage qui était prévu dans la semaine qui suivait... Et... Ce mariage... Je me frottai le visage avec ma main croûteuse de sang séchée depuis que je m'étais arraché la paume en sortant du fleuve, si bien que je me foutis de l'hémoglobine sablonneuse dans ma barbe. Ça faisait encore plus dégueu que je ne l'étais déjà. C'est malin, Démétrios, très malin. Arrête donc de chialer, tu pollues c'te flaque d'eau avec ton sel.

- Allez. On se calme. Inspire...Hmpffff... Expire.... Pfoouuh... Voilà. Ne s'énerver n'amène à rien, rappelle-toi... Ca va pas arranger la situation. On reprend la fille, et on y va.

Je me relevai, ré-enfilai ma chemise trempée mais propre à nouveau, puis j'allais à côté d'Ambre, toujours aussi inactive. Et malgré tout, toujours aussi rayonnante de froideur, s'étant montré adorable, et que j'avais un peu délaissé ces derniers temps, car voulais en savoir plus sur cette Linda "Leundherströmh", puisqu'elle parlais plus facilement que la fille à l'arc que j'avais rencontré dans Chicago, un gosse mourant dans les bras. Ambre... Elle était... comme un esquimau qui cache un coeur fondant caramel. On s'emmerde au début avec le papier, voire on s'en fout partout, mais après, j'étais certain qu'après, j'arriverai à délecter les moments qu'on pourrait passer ensemble, et qu'elle aussi, retrouverait son intérieur délicieux oublié, et pas coupant comme ce putain d'emballage de merde qui tue tous ces connards un par un par avant de s'en couper un tranche de steak en plein dedans. Dah, voilà, j'ai faim ; et ça commence à me brouiller l'esprit avec des métaphores foireuses. Je m'accroupis alors, agrippai ses bras et ses jambes, puis la soulevai sur mes épaules et faisant attention à pas me prendre les pieds dans sa longue chevelure tressée comme la dernière fois, et je repartis rapidement, me remettant sur mes appuis, sans demander mon reste.


Le soleil avait disparu derrière la cime des arbres asséchés par la chaleur infernale du jour, notre astre emportant avec lui l'azur du ciel en tirant son rideau orange rosé, éteignant les lumières doucement et laissant découvrir peu à peu la céleste scène, noir d'encre et parsemée d'un poussière scintillante, avec sa Dame Lune qui y trônait en reine nocturne. Dans la froideur qui retombait, un vent léger se mit à souffler dans nos cheveux ; j'étais assis sur le roc, une jambe pliée et l'autre tendue, reposant mon coude droit sur mon genou, et effritant entre mon pouce et mon index une des roches friables qui s'étaient éparpillées le long du fleuve, au fil des années. Le clapotis des flots étaient toujours en notre compagnie, et j'étais persuadé qu'Ambre serait au moins doucement réveillée par ce long fleuve tranquillisé si je m'assoupissais. Le problème, au delà de son état, était bien de ne pas pioncer : certes, la nuit venait de tomber, mais sans bouffe, ayant trimbalé ma copine sur des kilomètres toute la journée, sous ce soleil pesant, le sommeil vous arrivait vite. Mais NON. Je ne devais pas. Fallait que je surveille. Tennessee n'était plus là pour faire son malin, alors je me devais de garder un oeil sur le "campement", pour une fois... Et encore, garder un oeil avec cette nuit qui tombe, ça devenait presque impossible. Et avec la température qui retombais petit à petit, comme chaque putain de nuit passée dehors... J'observais, encore grâce au peu de lumière qui s'éteignait au fil des minutes, le visage d'Ambre, évanouie, comme sa natte sur le côté ; quelques-uns de ses longs cheveux emmêlés réussissant quand même à se faire titiller par la petite bourrasque. Son côté casse-gueule qu'elle arborait avec brio, dû aux traces de sang rouge, le marron de la boue, et à son bleu sur le nez, mêlé à ses formes ma foi bien conservées en ces temps de guerre et à sa personnalité "je pointe pas coco, je tire, et j'ai rien d'autre à dire", m'aguichait d'un certain côté. Son débardeur sale et abîmé, qui protégeait d'un simple tissu sa gorge claire et son ventre qui avait été percé par la seringue. Son jean troué de partout et tout aussi dégueu, dévoilait ses jambes agiles griffées, et par endroits immaculées miraculeusement de toute souillure. Elle avait des pieds délicats, nus depuis la perte d'une de ses tong avant l'épisode du pont, et celle de la deuxième irrémédiablement après le pont. Ah là là. Porter ce petit bout de femme durant toute une chaude après-midi, sa poitrine sur une épaule, son bas du dos jouxtant le biceps de l'autre bras, et sa natte me caressant le flanc à chaque pas, forcément, ça me faisait sourire. Et devoir rafraîchir de temps en temps cette froide beauté inerte... Je soupirais. Le nom de "Disthène" me revint à l'esprit. Elle l'avait prononcé le soir où l'on avait causé, et j'avais le mauvais pressentiment qu'un gars aussi mystérieux et qui porte le nom d'un nésosilicate aussi sympa à voir que le disthène ne pouvait être qu'un petit ami perdu, ou pire encore, qui l'attendiat je ne sais où, qui aurait survécu, et qui... Calme-toi, Démétrios. Dans tous les cas, Ambre n'était toujours pas réveillée. Mon ventre gargouilla plus encore, alors que mes paupières étaient en train de se refermer sur ce visage de vraie femme, ce qui me réveilla, suivi d'une violente crampe d'estomac. Aaaaaah, j'avais vraiment trop faim...

C'est alors que, provenant de la forêt séchée qui nous longeait à l'opposé du fleuve, un cri plaintif résonna dans la pénombre ; cette pénombre où l'on ne distinguait même plus les racines des rochers, les rochers de l'eau, et l'eau des bestioles qui s'y trouvaient. M'enfin j'viens de dire que ça venait de la forêt, alors déstressez. Je me remis soudain debout, puis, jurant sur le fait que je m'étais relevé trop vite et que j'avais la vue et la tête qui fourmillaient, j'entendis une seconde plainte mugie. Ce beuglement n'avait rien d'humain. Est-ce que cela devait m'inquiéter qu'il s'agisse donc d'un de ces monstres ? Non. Car une satanée bestiole dans leur genre ne ferait jamais un cri aussi désespéré, d'une parce qu'il devrait normalement se faire silencieux pour nous buter, de deux parce qu'il aurait déjà été tué par l'un de ses enfoirés de congénères s'il avait été blessé. Ce cri, c'était bel et bien celui d'un Pokémon.


Au fur et à mesure que je tendis l'oreille entre la forêt et gardais une main dans celle d'Ambre pour que je sois sensoriellement averti de son réveil, ma vue me faisant désormais défaut dans le noir de la nuit, je remarquais que ces beuglements se rapprochaient de plus en plus, et étaient en même temps de plus en plus éteints, épuisés, et courts. La bête qui gémissaient ainsi venait donc par ici, mais devait être au bout de l'épuisement. Rah, que faire ? Ca me semblait si lointain, ce devoir d'aider un Pokémon, et d'un autre côté, Ambre, que je devais protéger... Wait a minute. Si ça se trouve, c'est un plan pourri de ces enfoirés pour me faire quitter mon poste un instant, pour venir chopper Ambre dès que je l'aurais laissée là ? Et paf, un autre beuglement. Si seulement je pouvais être sûr de ce à quoi j'avais affaire... Puis quelques choses vinrent me chatouiller nez. Entre l'aridité froide, la bourrasque et l'odeur humide du fleuve, je sentis un voile de petits grains porté par le vent, qui venait me piquer délicatement la peau. J'eus alors un éclair de génie, et, avec un autre beuglement, je reconnus cette voix.

- Hippoooo...

Et j'entendis une masse s'affaler. Il s'en suivit des sanglots.
Okay, c'était les plaintes de trop. Je me levais, signalant à Ambre qu'elle avait pas intérêt à bouger, et me dirigeai à tâtons vers le côté de la forêt. Je n'eus à faire que quelques pas sur les genoux et les mains, quand ils ne frôlèrent plus des cailloux rugueux et autres roches lisses, mais tombèrent bientôt sur des branches d'arbres sèches et autres ronces.

- AÏE bordel... !

Je me secouai vigoureusement les mains piquées de douleur, et me recroquevillai sur mes jambes, avant de tomber sur les fesses, et j'appelai alors dans la nuit :

- Hippopotas ! Hippopotas ! Où tu es ? Je sais que c'est toi ! C'est moi, ton copain en blanc que tu as fait bâiller !

Je n'ouïs rien.

- Je sais que ta mère n'est plus avec toi ! C'est...

J'allais dire "à cause d'un des connards avec qui je voyageais, mais il n'est plus avec nous", mais je jugeais que dévoiler que c'était un humain responsable du fait que sa mère ne se levait plus ne le mettrait pas en confiance. Je ravalai mes mots, et enchaînai :

- Avec mon amie qui est évanouie pas loin, je suis le seul gentil du coin ! Tu me connais !

Aucun bruit ne me vint non plus, dans la noirceur ambiante. Du moins, pas dans l'instant. Quelques secondes plus tard où je me snetais sans doute con d'avoir crié tout seul dans la nuit, un bruissement, produit par le craquement de feuilles séchées et le sol légèrement tambouriné par de vigoureuses petites pattes, s'amena.

- Hippo !

Je sursautai quand je sentis une énorme boule se frotter contre mon flanc, et du sable me couler dans le pantalon. Je souris alors, et frottai son gros museau, rectifiant la trajectoire de me sdoigts que je les sentais approcher de l'une de ses narines imposantes. La Lune commença alors à refléter enfin quelques rayons blanchâtres à travers les cimes crâmées, et je pus constater la mine réjouie du bébé Pokémon. J'eus un frisson de bonheur. Voir un bébé dans toute son innocenc et insouciance, tout Pokémon pur et jeune, juste content de trouver quelqu'un pour ne plus rester seul dans cette nature hostile. J'eus donc l'heureuse certitude, désormais, que le sérum AB-6 ne se transmettait pas aux descendants, et que ce p'tiot était assez jeune encore pour ne pas avoir reçu une éducation de tueur.


Grâce à mon sens de l'orientation plutôt pas mauvais je dois dire, et puis aussi grâce au fait que je ne m'étais pas éloigné de trop et dans une moindre mesure grâce au scintillement lunaire, je n'eus aucun mal à retourner au campement, à savoir une Ambre étalée sur la rive du fleuve. L'avantage de cet endroit, outre l'eau à volonté (mais qui nourrit pas) et la vision dégagée car pas des troncs d'arbres seulement dix mètres plus loin, ce fut le fait que le sillage ainsi creusé par ce Missouri ou ce Mississippi traçait un grand chemin en plein dans cette forêt déshydratée, et permettait un éclairage optimal une fois que notre planète fut tournée de façon à ce que notre satellite soit placé haut dans le ciel. La compagnie d'Hippopotas m'avait redonné du coeur à la surveillance, et le Pokémon Hippo agé de trois semaines, d'après la taille de ses dents, ne demandait qu'à être accompagné et être rassuré. Après s'être rendu compte qu'il ne fallait mieux pas s'approcher du cours d'eau avoisinant, il avait le tour de l'Ambre assoupie/évanouie/malade/mourrante/que sais-je, la reniflant de ses grosses narines et la regardant de ses petits yeux curieux. Le Pokémon tacheté la titillait parfois de ses grosses pattes peu délicates et lui foutait un peu du sable partout par son orifice dorsal qui en exsudait régulièrement ; mais je veillais gentiment en la dépoussiérant, histoire qu'elle n'en respire pas ou que ses éraflures n'en soient pas remplie ; remarquez, le sable, ça nettoie bien d'un côté. Bref, une fois notre copine à la tresse époussetée, j'étais revenu à ma place initiale, assis sur un pierre plate, jambe tendue et l'autre repliée, avec cette fois-ci un Hippopotas qui s'était blotit contre moi et qui commençait à bâiller. J'évitai consciencieusement la bulle rose qui s'échappa de sa grande petite gueule, histoire de pas m'endormir irrémédiablement, malgré l'envie qui m'en prenait. Et cette faim tenace. Mon ventre gargouilla une fois de plus pour moi, mais ce fut la première fois que Hippo l'entendit. Il redressa la tête, réveillé de son assoupissement par ce bruit singulier, regardant mon ventre puis moi de ses minis yeux derrière son maxi museau, et je rétorquai :

- Baaaaaah. J'ai faim.

Le jeune Pokémon Sol se leva alors, et partit droit vers la forêt en détalant sur les cailloux, tambourinant le sol. Il s'éloigna ainsi et disparut derrière les troncs d'arbres :

- Hippo, hippo, hippo, hippo...

- HEY ! Où tu vas ?!

J'étais une nouvelle fois tiraillé entre l'idée de rester à côté d'Ambre et de suivre le bébé dans la nature sauvage, mais l'espoir que j'avais que Hippopotas revienne comme un grand avec un plateau repas me fit rester à côté de l'évanouie, sous cette lune éclairée aux trois-quarts. Deux minutes que je m'étais retrouvé à nouveau seul, et j'entendis hurler dans la forêt.

- HIPPOO !

Je ne me posais alors plus la question, me relevai et courus vers les cris de détresse, laissant Ambre derrière moi. Je n'en n'avais pas pour longtemps, de toute façon.


Aux cris de Hippopotas s'étaient ajoutés des bruits de battement d'aile et des piaillements rauques ; je bondissais vers les cris tel un Haydaim au-dessus des souches tombées, cherchant du regard quelque embrouille qui serait peu éclairée par la Lune, et aperçus soudain un nuage de sable dans lequel un Noarfang se débattait, assénant moultes Picpic et Lame d'Air au bébé qui se protégeait comme il pouvait, en expulsant de véritables geysers de sable. Ni une, ni deux, je piquai un sprint vers le champ de bataille, sortis mon stylo, prit mon élan, et bondis sur le Hibou, le foutant à terre dans une effusion sablonneuse. Il n'eut pas le temps de se rendre compte de ce qu'il se passait que je lui plantais mon arme blanche dans l'aile, sortant la mine d'un clic, dans son cri railleur et strident ; je m'écartais alors vivement, rangeais mon stylo habilement et attrapai à pleins bras l'Hippopotas enseveli sous son sable, puis je m'enfuis comme un Chacripan qui venait de réussir son Larcin. Le Pokémon Oiseau, comme je l'avais blessé, n'allait pas crever mais ne pouvait pas s'envoler à notre poursuite, je ralentis donc un peu le rythme après quelques dizaines de mètres sans néanmoins perdre mon temps ; mais c'est que porter 40 kg à pleins bras n'était pas ce qu'il y a de plus génial. Bien qu'il fusse appeuré, je me rendis compte que l'Hippopotas, bouche pleine, gardait précieusement les cinq ou six baies qu'il était aller chercher ; je remerciai le jeune Hippo qui était tout tremblant, yeux fermés, et l'encourageai à tenir jusqu'à ce qu'on arrive à Ambre.

Deux arbres tout droit, trois souches plus loin, et ce rocher à droite plus loin et voilà que les flots du fleuve se firent de nouveaux entendre : le long sentier limpide et sombre nous apparut, au bout. Je tournai la tête vers le campement, avant de me crisper et de me retenir de hurler : deux Migalos, du haut de leur mètre, étaient en train de tourner et retourner le corps inerte d'Ambre, l'asticotant entre leurs longues pattes crochues, la saucissonnant dans leurs Toiles blanchâtres qu'elles crachaient méticuleusement en faisant des bruits gluants. Par Arceus ; seul lui sait à quel point j'abhorre ces bestioles. Mais je ne pouvais pas rester crispé plus longtemps ; la situation était urgente, la vie de ma copine en dépendait. Je pouvais me barrer tout seul, avec Hippopotas, avec les baies, et laisser Ambre se faire bouffer, "puisque c'était la guerre", mais non, je n'étais pas un lâche d'une, et de deux, j'avais enfin trouver des gens dans mon périple, Arrivant à la rive du fleuve, en prenant soin de ne pas débouler entre les deux Long-Patte, je déposai Hippopotas, qui cracha les baies encore entières sur les cailloux, et, bien que violemment secoué par la peur, je lui ordonnai de rester là, devant se cacher sous le sable. De la main qui était le moins esquinté, je choppai le plus gros caillou maniable à portée, et me dirigeai rageusement, malgré mes genoux tremblants, vers les deux bestioles qui engluaient la belle évanouie dans leurs bruits d'insectes. Arrivé à portée, je balançai puissamment la pierre sur l'un des deux Insecte/Poison, le touchant en plein abdomen, au bout duquel était planté leur dard envenimé.

- HE, DU CON ! VA TE TROUVER UNE AUTRE MEUF, OKAY ?!

Comme prévu, la provocation avait marché ; celui que j'avais touché en plein cul se retourna, tapotant la berge rocailleuse de la pointe de ses grandes pattes rayées, et me remarqua de ses gros yeux globuleux. Il fit un bruit grinçant comme une craie sur un tableau et tout aussi répugnant que les saletés de leur espèce, agitant ses mandibules et secouant son abdomen, alors que son comparse tout aussi charmant se barrait avec Ambre, enroulée de la tête au pied dans un sarcophage blanc collant, la traînant par le bout d'un fil. Le Migalos que je venais de chercher me balança alors sa Sécrétion, que, tout en forme que j'étais, j'esquivais maladroitement ; autrement dit, j'me le pris sur le pied. Mais peu m'importai qu'il commençait à foncer tout dard frontal devant, à frapper le sol de ses quatre pattes pendant qu'il agitait frénétiquement les deux autres antérieures dressés vers le ciel, à me balancer sa Dard-Nuée, se préparant à me sauter dessus, je continuai inlassablement à lui balancer toutes les pierres que je trouvais, l'accablant de coups, jusqu'à lui toucher l'oeil. La bestiole cria, alors que j'essayais tant bien que mal de dégager mon pied de la substance fileuse malgré les éraflures et les récentes piqûres, avant qu'elle n'arrive à moi. Paralysé par la distance entre cette chose et moi trop décroissante à mon goût, je n'eus aucun réflexe salvateur, et me contentai de la voir se jeter sur moi.

Et bim.

Un putain de truc violent défonça le Migalos, tel un boulet de canon lui fracassant le thorax ; un geyser de sable avait troué le sol et envoya valser le Long-Patte dans les airs, avant qu'il ne retombe à plat dans le fleuve. Retombant alors sur ses petites pattes d'un air tout content et assuré, le Hippopotas me fit un grand sourire, avant de m'aider à m'enlever le pied de cette Sécrétion de merde. Surpris d'une telle force venant d'un bébé, je le remerciai vivement, jetant un oeil au Migalos K.O. qui dérivait au fil de l'eau, et me mis à la poursuite du kidnappeur de ma copine, suivit par le Hippo qui trottinait comme il pouvait.


Tous cette altercation s'étant déroulée plutôt rapidement, le voleur de copine n'avait pas eu le temps de faire des tonnes de mètres depuis qu'il avait commencé sa fuite. Au moins je ne perdais pas mon temps à courir derrière ce monstre à pattes qui traînait ce tonneau blanc dans les cailloux, puisqu'il avait eu la bonne idée de remonter le cours d'eau. Moi, je le rattrapais plutôt rapidement, avalant les mètres à grandes enjambées et mençant de me fendre le crâne sur les rochers à chaque fois que je posais la semelle de ma godasse noire sur un cailou branlant, mais Hippopotas, dû à sa carrure, perdait du terrain. Je lui conseillai, en tournnat la tête vers lui tout en courant :

- Hippopotas, essaie de le rattraper avec Tunnel vu que t'es plus à l'aise sous terre !

Je remis mon regard droit sur mon objectif à longue pattes qui se faisait de plus en plus proche, alors que j'ouïs quelque chose creuser hardiment sous les cailloux, et pris ça pour un acquiescement de la part de notre cher ami. Le kidnappeur Insect/Poison tenait bien fermement l'épais cocon d'Ambre au bout de son fil par un orifice de son abdomen ; l'évolution lui ayant permis de tisser par l'avant et par l'arrière à cette saleté. Il ne restait plus que quelques mètres pour que ma main puisse enfin chopper ce cocon tiré à toute allure dans la nuit, que la la terre se déroba sous nos pieds. La berge s'affaissa soudain, nous faisant perdre contact avec le sol quelques microsecondes, avant que le Migalos voleur, Ambre volée et moi envolé à leur poursuite ne retombions sur les cailloux du rivage ; l'eau qui coulait à côté commençant à s'engouffrer dans cette mare annexe. Utiliser Tunnel à côté d'un fleuve a pas été l'idée du siècle. On se retrouva vite à patauger, Hippopotas étant vite fait sorti de terre pour ne surtout pas se mouiller, et le Migalos, qui devait s'être tordu une patte en trébuchant, cracha un fil sur un de sarbres avoisinants, et s'y hissa, emportant avec lui le sarcophage tissé, qui s'élevait maintenant dans les airs. Je me sortis les pieds de l'eau, bondis sur l'arbre qui lui servait de refuge momentané aussi agile et énervé qu'un Férosinge, mais retombait vite fait le cul le premier, ne sachant définitivement PAS grimper aux arbres. Je cherchai frénétiquement un moyen de le sfaire descendre, mais en attendant, le Long-Patte rougeoyant sous le halo lumineux de la lune vomit un autre fil gluant, mais cette fois-ci beaucoup plus puissamment auparavant, et pour cause : il l'envoya se coller de L'AUTRE CÔTE du fleuve. Son agilité au tir primant, il réussit son coup pendnat que je criai au cheat ; il suivit son fil de toile délicatement, s'en servant comme d'un pont pour traverser le cours d'eau en contre-bas, et me liassant là, comme un con énervé. Et dire qu'Ambre, dans son cercueil d eToile, restait là, à pendouiller au-dessus des flots, pendant que môssieu Migalos me narguait silencieusement en s'éloignant peu à peu de la rive. Hippopotas me rejoignis à cemoement, lui aussi décontenancé par l'action du voleur de copine. Je tentais de balancer des cailloux, en vain : je n'atteignais pas le fil trop fin, et je menaçai de faire tomber Ambre à l'eau à tout moment. Hippopotas, lui, me regardait balancer de scailloux pa strop gros mais pas trop petits, essayant de réaliser un miracle avec un espèce de caillou parfait, mais non.

- RAH, j'y arrive pas putain ! CONNARD ! hurlai-je en maudissant la bestiole.

Bon. A mon avis, je pense que le bébé Hippo tacheté compris que je voulais rattraper Ambre, et déduisis du fait que je balançai de scailloux que ce devait être le moyen d'y arriver. Le petit s'avança alors vers le fleuve, en-dessous du fil que Long-Patte traversait tel un prince équilibriste, et, criant de sa voix de jeune Pokémon, fit pleuvoir un EBOULEMENT en plein sur la corde crachée tendue.

Et donc clac.

Un des rochers invoquédan sun bon périmètre alla s'écraser sur la face et le gros abdomen du Migalos de manière super efficace, tandis que d'autres cassèrent la corde crachée étendue. L'Eboulement s'éclata dans les eaux du Missouri (ou Mississippi), et la couverture de Toile renfermant Ambre tomba à l'eau.


J'me suis pas fait prier. À peine mon regard affolé vit ma copine rebrousser chemin, emportée par les eaux du fleuve tranquille, que je sautai à l'eau.

- AH, VOUS ALLEZ PAS ME L'ENLEVER ! J'VAIS VOUS LA REPRENDRE, QUE CE SOIT A DES DEBILES SUR PATTES OU A UN FLEUVE !

Et c'est reparti pour une petite baignade. A grandes brasses, emporté par le courant plus violent qu'il n'y paraissait vu de l'extérieur, je nageai avec les denrières calories que je pouvais brûler vers ma copine qui dérivait, elle aussi emportée par le courant qui me semblait toujours plus puissant en-dessous d'elle que de moi. Mais c'était dur. Très dur. Mes gestes étaient mous et impulsifs, désordonnés, et, à cette heure de la nuit, après une telle journée, et avec la faim qui me tenaillait le ventre, c'était horrible. Je buvais des tasses à volonté, peinais à garder la tête hors de l'eau et je manquais aisni de me noyer chaque seconde. Par miracle (ou par malchance, ça dépend de la personne), Ambre dérivait au fil de sflots, et rencontra un rocher sur son passage ; sa couverture blanchâtre flottante s'y cogna, et elle fut assez ralentie et déviée de sa trajectoire rectiligne pour que ma main épuisée et hésitante dans toute cette eau sombre rencontre le paquet poursuivi. J'empoignai fermement un morceau de Toile trempée et gluante, et, donnant toutes les impulsions que je pouvais donner, je fis en sorte de me laisser entraîner le plus proche possible du rivage, afin que nous rencontrâmes un rocher. Certes violemment, certes ça fait mal à cette vitesse, mais au moins nous n'allions pas dériver plus encor. Décidément bien éraflé, je me dandinait deans l'eau, cherchant désespérément le fond de la pointe de spieds pour avoir un appui, alors que Hippopotas, qui courrait sur la rive, arrivait à notre hauteur en nous appelant de son cri. Je hurlai au ciel étoilé, entre deux flots me giflant le visage :

- RHA PUTAIN J'Y ARRIVERAI !

Et c'est avec la force du désespoir et en poussant de scris à réveiller les morts que je réussis laborieusement à remonter sur la rive, ramenant sur terre Ambre saucissonnée, puis ma propre personne en dernier lieu.


Par un coup mitigé du Destin entre ces 2 925 jours de galère, le courant nous avait fait revenir quasiment à l'endroit de notre "campement". On avait perdu les mètres que j'avais avalé à la poursuite du Migalos malintentionné, mais nous étions revenus à l'endroit où Hippopotas, plus malin qu'il n'y paraît, avait enfoui les baies qu'il avait récupéré - au lieu de s'enfouir lui comme je lui avais demandé (mais il avait pu me sauver la vie en me désobéissant donc youpi). Après avoir débarrassé Ambre de son embaumement prématuré en déchirnat la Toile à pleines mains, aidé du jeune de type Sol qui l'arrachait à pleine dents et la recrachait par la suite. Tout dégoulinant, je me penchai sur le corps inerte d'Ambre pour la énième fois de la journée, mais pour la deuxième fois afin de vérifier si elle était toujours saine et sauve. Mais vu qu'elle était à peine engluée par la Sécrétion seulement, cette denrière eut la capacité bienvenue à avoir fait preuve d'étanchéité durant sa dérive. Et son coeur de femme battait toujours ; je trouvais même plus rapidement qu'avant. Ce fut un grand soulagement ; puis je pensai aussitôt à la seconde priorité, c'est-à-dire MANGER. J'allais déterrer les Baies victorieusement ramenées par Hippopotas, puis les trouvais, au nombre de sept excatement. Couverte encore de la bave du jeune et toute ensablées, j'allai les rincer dans le fleuve, en profitait pour me laver mes mains qui avaient décidément bien morflées aujourd'hui, avant d'examiner les fruits bénis aux reflets de la Lune, une par une, de mes yeux fatigués : 1 Baie Pêcha, 4 Baies Oran et 2 Baies Rabuta. Allez savoir où est-ce que le p'tiot tacheté au gros museau les avaient trouvées ; moi je m'empressai de m'éclater la moitié de Baie Pêcha sur mes blessures de Dard-Nuée, au cas où un empoisonnement me guetterait, et de gober l'autre moitié avec un soupir d'extase, la chair pulpeuse, douce, et sucré du fruit rose à la peau douce m'inondnat la bouche de saveurs décuplées par la faim. Je donnais comme il se doit l'une des Baies Oran au Pokémon du jour ensablé, qui me fit un grand sourire et la goba vite fait. Je m'empressai ensuite d'aller vers Ambre, et je lui ouvrais la bouche délicatement ; je pressais ensuite l'une des Baie Oran à pleine main, faisant couler son jus sur le coin de ses lèvres, pour qu'il arrose goutte à goutte sa langue, histoire de lui réveiller toutes les papilles avec le goût tout autant sucré qu'épicé, sec, amer, ou acide. Sans compter les vertus revigorantes de la Baie. Bon, frocément, du à ma fatigue et à ma mauvaise vision à cause de la fatigue, j'ai dû lui en foutre partout, mais bon, le principal était bien qu'elle se réveille, nom d'Arceus. Une fois ceci fini, j'essayai de lui faire mâcher grossièrement ce qui restait du fruit de plant Oran en lui articulant manuellement la mâchpoire inférieure, mais ça ne servit quasiment à rien. Je soupirais, avant de croquer une autre de ces Baies pour ma propre santé, et pour décidément éviter qu'on se choppe le scorbut (parce que c'est bien beau de bouffer de la viande et de boire de l'eau, mais fallait tout de même pas qu'on tombe en carence de vitamines). Ensuite, je gardai une Baie Rabuta pour le réveil de l'inconsciente, et je mis la deuxième Baie verte poilue et la dernière des Baies bleues aux petits trous sur la surface de côté, histoire d'avoir autre chose à se mettre sous la dent plus tar-

- Disthène... Pars pas...

WHAT.

Je tournai vivement la tête vers l'endormie, qui avait parlé toute seule et revenir de plus en plus à la vie, s'agitant de plus en plus.

- Sans papa... Sans maman... DISTHENE NON !

Et la fille à la tresse se redressa soudain, réanimée.


- Rha... Ma tête...

- PUTAIN AMBRE CHUIS TELLEMENT CONTENT DE T'VOIR ENFIN VIVRE MON AMIE ! SI TU SAVAIS TOUT CE QUE...

- Dem...?

La nana se tenait le crâne dans ses mains, et se massait les tempes, ne remarquant même pas le jus d'Oran qu'elle s'étalait dan sle même temps.

- Qu.. Qu'est-ce que tu dis ? Qu'est-ce que... Qu'est-ce qu'il y a ? Il s'est passé quoi... ?

Bon. Je calmais mon euphorie, repris ma naturelle pose de beau gosse qui gère la situation, et répétai plus calmement :

- Eh bien, on ouvre enfin ses nyeux ! J'espère que tu t'es bien reposée.

- Il... Il s'est passé quoi ?

Je haussai les épaules :

- Oh, on est tombés du pont, j't'ai sauvé la vie, pis je t'ai portée, pis il s'est passé des choses et je t'ai sauvée encore une fois la vie, pis tu t'es réveillée. Pis tu t'es fait piquer au AB-6 aussi. Je pense que ça explique ton... État.

- Rha ma tête... J'ai l'impression d'avoir le cerveau dans un violent brouillard...

Un violent brouillard ? Mouais.

- Tiens, lui dis-je, j't'ai gardé une Raie Rabuta. Mange-la en entier, épluche pas, lui conseillai-je en lui tendnat la verte Baie à longs poils.

- ... Hein ?

Je souris :

- Bah, faut la manger en entier, comme ça elle te nettoie l'estomac avec ses poils, là. Vu ton état, ça te ferait pas de mal.

Sans discuter, elle engloutit la Baie en entier, dirigeant son regard vers le ciel étoilé, et avala.

- Par contre c'est un peu amer...

Le goût lui venant quelques secondes plus tard, elle fit la grimace :

- Blah... Effectivement.

- On a encore une Baie Oran, et une autre Rabuta. Je les ai remises sous le sable pour les protéger, signalai-je en montrant du pouce le tas de sable derrière moi.

- Le... sable... ?

- Ah oui. Faut remercier Hippopotas pour ça ! déclamai-je avec un grand sourire, montrant le p'tiot Pokémon tacheté au gros museau qui s'était endormi pas très loin de nous après son repas de fortune.

Ambre, le regard vide, tourna la tête vers le Pokémon, et ne broncha pas. Elle n'eût même pas le réflexe de prendre son arc, et se contenta de regarder mollement le jeune Hippo et ses larges narines, inspirer et expirer lentement. J'ajoutais, levant l'index :

- C'est le gentil petit POKEMON qu'y avait dans le désert. J'insiste sur le mot POKEMON, et pas bestiole irrascible qui fout le bordel et veut vous baiser.

Je reconsidérai ma dernière remarque, puis me grattai la tête, le regard vers ciel, des pensées frivoles m'encombrant l'esprit :

- Enfin, vous "baiser"... Tuer des humains, quoi. Parce que, nous baiser, moi, vu la merde dans laquelle on se trouve et depuis que le temps que j...

- Okay, Dem. Ca va. J'ai compris, remarqua-t-elle.

- Tant mieux ! conclus-je avec mon plus beau sourire. Et Disthène, c'est ton frère, en fait ?

Elle ne me répondit pas. Elle me fixa un moment du regard, de ses yeux que j'avais contemplés si longuement fermés, et désormais ouverts ; mais la nuit, le fatigue et son état avait fait disparaître la flamme froide qui s'y trouvait en temps normal. Avant de baisser le regard, et de se coucher machinalement.

- Bon, je prends ça pour un oui ! Ça me fait un concurrent en moins, héhé ! Pas que ça m'inquiétait et que j'y pensais pas, m'enfin voilà quoi héhé ! Et t'inquiète pas, j'ai pas profité de toi pendant que tu pionçais, non madame, malgré les apparences je sais me comporter en société dans ce monde de brutes.

Elle ne releva pas. Bon. Je m'affalai alors sur ma pierre plate, avec comme seul matelas ma chemise blanche et comme unique oreiller ma cravate, et je m'exclamai, heureux de la revoir parmi les vivants, et d'avoir la compagnie d'un véritable Pokémon depuis tout ce temps, tout cela me rappelant le bon vieux temps :

- Bonne nuit, Ambre !

- ... Bonne nuit.

Et le sommeil tant repoussé put enfin m'assaillir dans les secondes qui suivirent.