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Le Projet Wallace de Domino



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» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 16/03/2013 à 10:09
» Dernière mise à jour le 17/03/2013 à 21:52

» Mots-clés :   Action   Humour   Romance   Slice of life   Unys

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033 - Les feux de la rampe 1 : Gangnam Claquettes


« Qui danse mal accuse le sol d'être humide. »
(Proverbe malais)

« Tout bas, tout dit : Le monde entier dépend de nous
Destins fragiles et monde hostile, on devient fou »

(Mylène Farmer, Oui mais... Non)



- Hmmmm...
- Tristan...

Il gémissait son nom. Le jeune homme ne pouvait être plus heureux. Wallace était contre lui, l'embrassait, le caressait, lui disait des mots doux. Il était le plus tendre des amants. Tristan ne se lassait pas d'admirer son corps nu, de le caresser, de sentir son odeur...

Tristan regarda vers le bas. Wallace était en train de réaliser le plus doux des offices pour son bien aimé. Tristan rejeta violemment la tête en arrière et gémit de plus belle. Wallace arpenta son chéri pour l'embrasser de nouveau. Puis ils s'imbriquèrent afin de devenir parfaits, aussi parfaits qu'à leurs naissances respectives. Les yeux dans les yeux, Wallace et Tristan faisaient l'amour et rien ne pouvait empêcher cela, rien en pouvait les perturber, rien n'était contre eux. C'étaient leurs deux corps joints dans une étreinte unique, leurs yeux scellés par un pacte invisible, leurs bassins unis pour célébrer leur amour respectif.

Tristan se sentait faible sous les assauts de Wallace, mais son amant était bien assez tendre pour que « ces coups-là » soient aussi agréables que possible. Et en effet, Tristan ne put bientôt plus se maîtriser. Il perdit toute dignité face à celui qu'il aimait le plus au monde. Wallace était parfait, c'était le meilleur en tout et pour tout, et Tristan ne le savait pas, non, il l'avait toujours su, c'était inné chez lui.

Wallace acheva de refaire le monde dans la tête de Tristan. Il s'écroula, satisfait, non sans inonder son amant de baisers savants et lumineux, les seuls qui pouvaient le bercer maintenant.

Tristan se blottit contre son adoré. Les deux amants se couvrirent avec les couvertures, là, dans cette grande chambre éclairée et belle.

- Je t'aime. Je t'aime, je t'aime, je t'aime... soupira Tristan, épuisé.

Wallace ne répondit pas : Il était bien trop parfait pour ça.

On ouvrit la porte. C'était Orson.

- ILS SONT LA !!!

Wallace se releva, stupéfait. Tristan s'étonna alors qu'Orson repartait.

Les deux amants se rhabillèrent rapidement. Wallace partit le premier.

Tristan le suivit et lui prit le bras.

- Wallace, attends, laisse-moi t'aider !

Wallace se retourna.

- D'accord. Viens. De toute façon, sans toi à mes côtés, je ne suis rien.

Tristan hocha la tête en souriant.

Ils arrivèrent sur un balcon. Orson, Benjamin, Christina, Perrine, Naomi, Walter, Robbie, Santana et Tino les y attendaient.

- La situation, Commandant Tino ! demanda Wallace sur un ton autoritaire.
- Elles sont... nombreuses et... effrayantes.
- Je ne veux pas des mots creux et des phrases entendues, Tino. Vous êtes nul ! Laissez-moi prendre le commandement !
- A vos ordres, je ne suis que peu de choses face à vous.

Tristan regarda Tino, puis admira le cul merveilleux de Wallace.

- Elles s'avancent ! Préparez vos armes !!

Chacun arma son fusil. Tristan saisit une arme de son invention, un pistolet à saucisses.

- Les voilà...

La Légion des Amélias Zombies approchaient. Elles étaient nombreuses, marchaient toutes de la même façon, étaient toutes blondes et ne savaient dire qu'une seule chose :

- Cerveauuuuu...
- CERVEAAUUUgheuuuu...
- CERVEAUUUUU !!!

Wallace secoua la tête.

- Maudites grognasses, elles veulent toujours ce qu'elles ne peuvent pas avoir.
- WALLAAAAAAAAAAACE !!!

Il releva la tête et aperçut la Grande Prêtresse Rebecca, montée sur une pyramide humaine d'Amélias lobotomisées.

- J'AURAIS TES COUILLES, WALLACE !!!!
- Qu'est-ce que je disais ! FEU A VOLONTE !!!

Le groupe se mit à tirer. Tristan balançait des saucisses sur les Amélias qui mourraient sur le coup.

Tristan se releva pour recharger alors que ses amis faisaient un massacre, quand soudain, Rebecca le prit à la gorge et le regarda, venimeuse.

- Je vais te DETRUIRE !!!


***


Tristan se réveilla en sursaut et en sueur. Il souffla, impressionné par ce rêve étrange.

« Heureusement que je ne crois pas aux rêves prémonitoires... ou... malheureusement ?! »

On ouvrit la porte de la pièce. C'était sa tante.

- Tu as fini ta sieste ? J'allais justement te réveiller !

Tristan acquiesça.

- Merci tante Georgia... de m'avoir prêté ta chambre !
- Allons, commence à te préparer, le bal est dans une heure et demie.

Tristan hocha la tête. « Va falloir une très, très bonne douche ! »

- Et puis il va falloir que tu ailles chercher ta cavalière ! Oh c'est tellement excitant !

Tristan agita la tête. « Tu n'as jamais rencontré Wallace Gribble, tante Georgia... »

***

- PAR-FAITE !

Denis était tout content. David recula, admiratif. Kate acheva les reprises.

- Voilà.
- Bah putain, Kate, tu couds mieux que tu ne gères une caisse ! sourit Bernice.
- Ca va hein, on a pas toutes la bosse des maths !! grommela Kate.

Perrine portait une belle robe blanche moirée à reflets roses. Il y avait des rubans aux endroits stratégiques et un décolleté scellé par une broche de nacre blanche.

David sourit.

- Je suis tellement content que tu te sois décidée à avoir une belle robe !
- Tu peux bouger correctement ? demanda Kate.

Perrine avança. A son propre étonnement, elle pouvait bouger.

- Hm... J'avais peur d'être serrée mais ça va !
- Eh, ta tante est une vraie grande styliste ! souffla Kate.

Perrine se regarda, indifférente. Denis lui prit les épaules.

- Souris un peu, ma chérie !
- Hm. C'est juste un bal, papa...

Firmin arriva avec Couaneton dans les bras. Il resta bouche bée.

- Waaaaaaaah Perrine, t'es beeeeeeeeeelle !!
- Mer...ci... marmonna Perrine.

Couaneton était tout aussi bouche bée. Perrine plissa les yeux. « Génial, même le Pokémon du frangin me trouve sexy... »

Elle se regarda. « Je n'ai rien de spécial. Il n'y a rien de plus tarte et de plus fade que moi. »

- Non, vraiment je... Je m'en moque un peu de ce bal, je... pense que j'ai plus voulu cette robe pour vous faire plaisir que pour moi-même.

David pencha la tête. Kate plissa les yeux.

- Aime cette robe ou meurs ! grommela celle qui avait passé quatre heures dessus.
- Tu sais, Perrine...

Perrine regarda sa tante Bernice.

- Si tu prends tout avec indifférence, tu vas passer à côté de grandes choses. C'est bien d'être réaliste, c'est mieux de profiter sans se poser de questions. Parfois !

Perrine hocha la tête, face au miroir, un peu trop calme.

***

Wallace avait affiné sa préparation. Il portait une chemise grise foncée bien fermée, un nœud papillon au col, un pantalon noir, des chaussures cirées et la touche finale : la ceinture à grosse boucle.

- Voilà. Au choix je ressemble à un cow-boy, au choix je donne envie qu'on regarde de plus près ! Héhéhé !

Lindsay entra dans la chambre, blasée.

- C'est pour les bébés, le bal de promo...
- C'est pas à ton bal de promo que tu t'es faite emballer pour la première fois ?

Lindsay leva les yeux au ciel.

- Moi ce soir je fais un bar avec les copines !

Wallace ricana.

- Si ça fait comme la dernière fois, on va encore se retrouver dans la même soirée !
- Hahahaha. Ca risque pas. Hors de question que je me pointe au bahut alors que je suis en vacances !

Wallace grommela. Il prit sa petite sacoche et s'apprêta à partir. Ses parents étaient devant la télévision. Ils ne lui avaient rien dit, rien demandé, et c'est à peine s'ils l'avaient vu de la journée.

Wallace sortit de la maison, sortit une flasque d'alcool et s'en prit une louche.

- Allez c'est parti, Gribble, va t'éclater... la gueule dans le caniveau.

***

- Tu es sûr que ça va aller, Walter ? demanda Aude.
- Oui maman.
- Si jamais tu as un souci, tu nous appelles on vient tout de suite ! assura Colin.

Walter plissa les yeux.

- C'est un bal de promo, papa, je ne vais pas visiter une fosse septique !

Colin grimaça.

- Oui, non, mais je voulais dire...
- Ne t'en fais pas, tout ira bien, j'y vais, je m'amuse, je rentre, c'est tout !

On sonna. Daria et Nadia allèrent ouvrir.

- Walter, c'est ta femme ! cria Nadia.
- Elle est toute brillante, maman ! s'étonna Daria.

Naomi entra, quelque peu perturbée, tandis que Walter s'écrasait le visage dans sa main accoudée au bras du fauteuil. Colin leva les yeux au ciel. Aude salua Naomi qui emmena les filles au lit.

- Mais maman j'ai rien dit !
- Je sais ma chérie...

Naomi haussa les épaules. Elle portait une robe blanche un peu plus jolie que d'habitude, avec beaucoup de perles dessus, du coup, effectivement, ça brillait.

- Waouh... Joli ! complimenta Walter.
- Merci... Tu ne voulais pas déguiser ton fauteuil ?! s'étonna Naomi.

Colin rougit, stupéfait. Walter agita la tête.

- C'aurait été trop compliqué pour l'effet apporté... et ça aurait attiré l'atttention !
- L'idée de carosse était pas mal, en plus je trouvais que ma robe faisait Cendrillon !
- Daria a trouvé aussi, visiblement ! sourit Walter.
- Oui, j'ai réussi à empêcher ma mère de choisir avec moi... mais elle m'a donné ses fichues boucles d'oreilles !

Walter haussa les sourcils en voyant les tresses de perles accrochées aux oreilles de Naomi.

- Mais tu détestes les boucles d'oreilles !
- Ouuuuuiiiiiii... grommela Naomi. Oh, ton nœud papillon est défait !
- Ah...

Naomi le lui rajusta. Colin ne savait pas trop où se mettre, déjà qu'il ne pouvait pas en placer une.

- Euuuh...
- Voilà ! Tout beau !
- Avec toi ça fait une belle paire !

Colin devint totalement rouge. Walter rectifia.

- Enfin un beau duo ! Tu...
- Oui oui j'ai compris !
- Eeeeeeeh bien passez une bonne soirée ! sourit Colin, gêné.
- Ne vous en faites pas, monsieur Ludges, je vous le ramène en un seul morceau !

Le duo sortit. Colin fonça vers la chambre de ses filles.

- Aude ! Aude ! Tu as vu cette fille ?!

Aude, qui couchait les filles, s'étonna.

- Euh, bah... oui, sans plus quoi, c'est son amie !
- Elle était toute pleine d'attentions pour lui, là, c'était... bizarre !

Aude haussa les épaules. Colin grimaça.

- Tu crois que cette fille et Walter...
- Colin voyons, ça les regarde !

Colin blêmit. Aude leva les yeux au ciel.

- Mon Dieu Colin, ce que tu es vieux jeu... T'es vraiment le fils de ta mère ?

Colin, mécontent, regarda Aude qui leva les mains.

- Pardon, sujet tabou, je sais !

***

Le hall de l'école avait été entièrement redécoré. Un tapis rouge l'ornait. Des rubans rouges aux bordures dorées couvraient les murs. Holland Tenorman, en haut d'un escabeau, finissait d'afficher une banderole, « Bal de Promo – Félicitations aux élèves de première année »

- Et voilà... C'est tout beau.

Holland s'approcha de deux types à une table.

- Vous êtes prêts à donner les bracelets aux élèves ? demanda l'assistant du proviseur.

Les deux laquais hochèrent la tête.

- N'oubliez pas, un différent par classe. Vous arrêtez les élèves, vous leur demandez de quelle classe ils sont, et vous leur donnez un bracelet en conséquence !

Les deux hochèrent la tête.

- Comme ça on différenciera par classe les votes pour le roi et la reine de la promo ! Bien !

Holland observa la salle. Les deux laquais se regardèrent, entendus.

Helen arriva, fourbue.

- Oh mon Dieu, j'ai décoré toutes ces putains de tables ! S'il y en a un seul qui mange comme un porc, je commets un meurtre !
- Comment vous trouvez le hall ?

Helen regarda l'endroit.

- Dégueulasse. On dirait une salle de trône dans un jeu vidéo old school.
- Hahaha. J'ai hâte de voir vos ignobles tables !
- Oh ! Bah voyons, mes ignobles tables !
- Oh, allez, on s'est bien amusés à faire ça tout l'après-midi, non ?

Helen soupira.

- Mouais. J'aurais pu rester chez moi à lire ce traité sur les guerres puniques...
- Passionnant ! souffla Holland.
- Quand on a pour prénom une province des Pays-Bas, on se tait...

Holland secoua la tête, blasé.

***

Sur le moment, je dois le confesser, car après tout je ne suis pas (toujours) infaillible, sur le moment, je n'avais aucune idée de ce que j'allais faire.

Autant j'étais persuadé que ma colère et ma rage étaient légitimes, autant je me demandais ce que je faisais là, dans cette voiture, sur cette route. La radio crachait de la musique incompréhensible, le moteur faisait un bruit de bourdonnement idiot, et moi j'étais là, couvert de larmes séchées, de sueur, fou de rage, en partance pour...

Pour où, au fait ?

Déjà, mon cerveau supérieur faisait l'inventaire de ce dont j'allais avoir besoin.

L'argent. J'ai conservé un compte personnel. J'ai dissimulé de l'argent à l'insu de Rachel et ce depuis le début de notre mariage. Je n'ai jamais eu confiance en sa gestion des finances. Je n'ai jamais eu confiance en personne, d'ailleurs. En personne d'autre que moi. Cela, je le savais depuis ma naissance, allait me sauver la vie un jour. Ce jour est arrivé. Mon incroyable intelligence et mon édifiante capacité d'anticipation allaient me préserver, moi.

Moi est le seul être infaillible qui ne me trahira jamais.

Le logis. Je peux dormir à l'hôtel, c'est une formalité. J'ai suffisamment d'espèces pour régler le paiement sans me faire repérer par un de ces nuisibles qui essaierait de me sortir un beau discours à la con pour me faire revenir.

Comment elle a pu me faire ça...

Oh et j'oubliais. Le leitmotiv...

Quoi faire ? Où puis-je diriger ma vie ? Je peux faire ce que je veux, je n'ai plus ni femme, ni enfants, ni amis, ni famille à qui rendre des comptes.

Les combats clandestins c'était quand même vachement génial.

Et ce tournoi sur l'île de N, ça m'avait bien grisé.

Si ma vie pouvait rester comme ça...

Eh...

C'est ça...

Voilà la vie que je vais mener maintenant !

***

Le lendemain, après une préparation tant matérielle que psychologique, je me rendais à l'aéroport de Lavandia. J'avais décidé de ne pas me raser pour le moment. Je ne voulais pas avoir l'air trop propre ou trop sage, je n'étais ni l'un ni l'autre.

- Un aller simple pour New York.

Le type assez jeune prit mon argent, tapa sur l'ordinateur.

- Un vol dans vingt minutes. Vous avez des bagages à faire enregistrer ?
- Juste un sac à dos.
- Très bien. Porte d'embarquement 16.

Je me dirigeais vers cette fameuse porte. Une petite file, quelques touristes. L'espace d'un instant, j'eus une pensée pour tout ce que j'allais quitter.

C'est exact, je ne pensais à rien du tout.

Je me retournai pour regarder les gens qui attendaient, non pas que j'en aie quelque chose à foutre, et là je vis quelque chose de presque touchant.

C'était une vieille dame aux cheveux blonds grisés par l'âge, elle portait une robe rouge ridiculement trop belle pour son âge. Son visage auparavant bienveillant était creusé de rides et de soucis. Elle était accompagnée d'un grand escogriffe tout aussi âgé, l'air inquiet, la mine déconfite. Des lunettes trop petites sur son nez et donc une façon de regarder autour significative.

Je me tournai et décidai d'être le plus discret possible. Il ne fallait surtout pas que mes géniteurs, qui avaient eu l'intelligence, probablement avec la complicité du reste de la bande, de scruter les aéroports de la région, me repèrent. Mon camouflage alla jusqu'à changer ma posture pour ne pas être reconnu à mon dos remarquablement droit.

Je n'allais quand même pas me battre dans un aéroport. Ça aurait fait du grabuge. Ma fuite aurait été un bel échec.

C'était hors de question. Pour une fois que j'avais le contrôle de ma vie, je n'allais pas le laisser m'échapper.

Ce n'est que quand j'entrais dans le couloir qu'ils eurent la présence d'esprit de regarder vers la porte d'embarquement 16.

Les crétins...

***

Malgré mes nombreuses protestations internes, je ne fus pas isolé dans une cabine, tout seul, on se doute donc que j'ai pris l'avion comme le commun des mortels, avec la plèbe.

J'aurais pu être à côté d'une grosse dame en sueur, d'une famille nombreuse, d'un type qui n'aurait fait que jacter pendant huit heures, d'un huissier de justice badinant sur ses contrôles fiscaux dévastateurs (c'eut été follement distrayant cependant), d'une grosse dame noire trop maquillée... Mais alors que j'avais judicieusement choisi la place près du hublot, on plaça un homme à côté de moi...

Un homme aux cheveux roux qui plus est. Karma, je te hais.

- Bonjour, Holland Tenorman, je suis... désolé que nous voyagions ensemble !
- Vous ne pouvez pas savoir à quel point...

Quelqu'un fit irruption dans l'avion. Evidemment, je me doutais de qui cela pouvait être. On ne les voyait pas mais on les entendait, et évidemment je reconnaissais les voix...

- Vous devez nous laisser aller voir les passagers !
- Monsieur, c'est impossible, vous ne devriez même pas être là !
- Etienne, viens, ça n'est pas légal, on trouvera un autre moyen !
- Il se peut que mon fils soit ici ! ROLAND !

Et merde... Mon stupide voisin de siège, curieux, regarda vers la porte.

- ROLAND ! Laissez-moi passer !
- Monsieur c'est impossible !
- Nous avons vu les listes, je suis Etienne Smirnoff, mon fils Roland est ici !
- Vous avez vu les quoi ? J'appelle la sécurité !

Petit blanc. Et voilà que mon père arrive dans l'avion...

- ROLAND ! Roland tu dois revenir, bon sang mais qu'est-ce que tu fais !
- Etienne, arrête !
- ROLAND BON SANG !

Je ne regardais même pas. C'était hors de question. Hors de question que je prête attention à ce fieffé lâche qui venait juste me dire de vivre la vie qu'il avait menée, dans le mensonge et le déni.

- Tout peut s'arranger, Roland ! C'est inutile que tu t'enfuies comme ça !!
- On dirait qu'il regarde par ici... marmonna mon stupide voisin.

La sécurité emmena Etienne Smirnoff hors de l'avion.

- Lâchez-moi ! C'est mon fils enfin !!!

Une fois l'incident calmé, je poussais un gros soupir de soulagement. Mon stupide voisin me regarda.

- Vous... ne m'avez pas donné votre nom ?
- Oui, et j'aurais dû en donner un faux à la réception...

Mon stupide voisin haussa les sourcils puis ouvrit la bouche, hébété.

- C'est vous qu'ils...
- Vous voulez qu'on décolle ? Fermez-là.
- C'étaient vos parents, vous êtes le fils d'Etienne...
- Vous voulez vivre ? Fermez-là.

Le rouquin ne moufta pas de tout le voyage. Par chance, j'étais près du hublot. Cela me permit de ne plus penser à rien.

***

L'hôtesse de l'air me réveilla avant l'atterrissage. Il y eut un contrecoup dérangeant au fait de m'être endormi dans l'avion : A mon réveil, j'étais profondément désorienté. J'aurais dû dormir la nuit avant au lieu de tourner en rond dans la chambre d'hôtel en vidant le minibar. Et en plus j'avais un mal de crâne atroce.

- Vous avez bu, monsieur ?
- Vous servez de l'alcool sur ce vol ?
- Oui...
- Alors j'ai probablement bu dans mon sommeil !

Je me relevais, laissant cette pintade s'en aller. Mon stupide voisin me regarda.

- Vous avez dormi pendant tout le vol !

Capitaine Constate à la rescousse...

Je poussais un gros soupir. L'avantage avec les gens que vous ne connaissez pas, quand vous n'en avez rien à foutre, c'est que vous pouvez les envoyer chier comme bon vous semble. Il suffit d'activer ce ressort de flipper dans votre organisme. La montée d'adrénaline est tellement forte ensuite que ça coule tout seul.

- Bon dieu de merde, mais de quoi je me mêle ? Votre vie est si inintéressante que vous deviez vous immiscer dans la mienne ? Mais quelle espèce de pauvre merde vous êtes ?

Mon stupide voisin rouquin me regarda, éberlué.

- Je faisais simplement un constat ! C'est vous qui avez une vie inintéressante au point de devoir vous défouler sur moi ! Pauvre type va !

Il se barra sur ces mots. Mais quel tocard. Je décidai de ne pas m'embrouiller plus avec lui, n'ayant qu'une envie : Me barrer.

Mais où. C'est là que ma désorientation me joua des tours, je ne savais plus exactement ce que je venais faire à New York...

Ah oui !

J'avais pour but initial de gagner plein de pognon en allant combattre à la Zone de Combat. Contrairement à Poképolis, ici, c'était légal. Et même très lucratif. Evidemment, on donne une mise de départ, mais si on gagne, c'est tout bénef.

Et comme je suis le meilleur...

***

- WELCOME TO THE BATTLE ROULETTE !!!

Je sais à quoi vous pensez. Non, personne ne montre son pénis.

Au Battle Roulette, le challenger est placé sur le terrain au milieu dès le départ. Les autres dresseurs sont désignés au hasard par le grand plateau qui fait le tour du terrain et qui tourne jusqu'à atterrir sur une flèche.

En tant que Challenger, j'étais placé au milieu. Les dresseurs étaient alignés sur le plateau circulaire autour du terrain. Ils avaient tous l'air d'une belle bande de minables.

Le chef de ce bâtiment, un certain Martingale, attendait avec les autres. Il avait l'air d'être un beau minable en chef, ce qui explique que j'aie choisi cette zone pour commencer.

Inutile de dire que comme je suis bien meilleur que tous ces pouilleux, j'avais misé tout mon fric histoire d'empocher le pactole.

Mon premier adversaire s'avéra être... une gothique.

- YEAHHH ROCK AND ROLL !!! TRIXIE WILL BE THE FIRST TO CONFRONT CHALLENGER ROLAND SMIRNOFF !

Je sais ce que vous pensez... pourquoi je n'utilise toujours pas de faux nom. C'est que j'ai envie d'être reconnu, moi. A quoi sert de me battre si c'est pour garder l'anonymat ? Je ne vais pas me déguiser comme au temps où j'avais une famille.

Tiens au fait cette famille... j'y pense plus du tout ! C'est bien, ça !

« Trixie », donc, ma stupide adversaire gothique, arriva. Elle avait des cheveux très rouges en couettes. Elle avait l'air totalement Emo mais à un point dégueulasse même. Collants résilles, ceintures partout, le teint pâle, les yeux maquillés... Pouah.

- Hey ! Bienvenue à la Battle Roulette ! Je suis Trixie et tu vas perdre !
- Wow, tu parles français ! Tu parles tout court ?! moquais-je avec talent.
- FAITES VOS JEUX, RIEN NE VA PLUS !!!
- Aerodactyl !

Ma stupide adversaire envoya la première Pokéball. Dans une lumière customisée apparut un stupide Ptera. Le Pokémon poussa un cri et s'envola dans le stade. Il fut applaudi.

C'était un 1 contre 1 et je devais donc y aller à fond dès le départ.

- Newton, GO !!

Mon fidèle Pokémon Académique apparut sous mes yeux. J'étais vraiment confiant sur le coup.

- Allez, attaq...
- Aerial Ace !

Cet enfoiré de Ptera faucha mon Tartard en un seul coup. Inutile de dire que j'étais scié.

- De... Mais... Put...
- Tu sais plus parler ? Dégage, tocard !

***

Eh... voilà. Voilà comment j'en suis arrivé à être vraiment désespéré, dans les rues de New-York, genre totalement à la ramasse, après une telle défaite. Honnêtement, sur le moment, j'avais pour projet de séduire une vieille femme riche et de me faire entretenir. Ce serait simple. Dégradant, certes, mais simple.

Et puis je suis passé devant chez un bookmaker. Et je l'ai vu.

Il portait des talons hauts. Il avait de longues jambes poilues engoncées dans un legging moulant bleu ciel. Il portait une chemise hawaïenne rose, surmontée d'un boa à plumes rose.

Un monstre. Une horreur. Une folle. Blonde platine avec un bronzage à provoquer des cancers rien qu'à la vue. Et une voix...

- C'est SCANDALEUX !!! Tout ça parce que j'ai gagné les trois fois précédentes !!
- Monsieur Montes, en toute honnêteté, la direction pense que vous... trichez.
- PARDON ??? MAIS C'EST UN SCANDAAAAALE !!! COMMENT OOOOSEZ-VOUS M'ACCUSER COMME CA !!! MAIS... MAIS... AU SECOURS !!

La folle se tourna de tous les côtés, et cette vieille salope se tourna vers moi. Elle baissa ses affreuses lunettes violettes de pouffiasse, et elle arriva vers moi.

- Monsieur !
- J'ai pas le temps.
- Mon tout beau, j'ai un service à te demander !!!
- Je ne suis pas votre « tout beau », je suis pressé !
- Ah oui ? Tu vas chez le coiffeur ? Parce que t'en as besoin !
- Vos gesticulations ne m'intéressent pas...

Je m'éloignais devant cette pétasse frustrée.

- ... je me contrefous de votre spectacle permanent de vieille tantouze sur le retour. Sur ce...

Je pensais m'en sortir.

Oh que non.

Un immense cône glacé se dressa devant moi. Normal.

- PERSONNE, je dis bien PERSONNE ne traite Pablo Montes de... de ce mot, là !
- Ouais bah tu fais pas beaucoup d'efforts pour qu'on pense autre chose...
- Oh toi mon joli, tu ne vas pas t'échapper comme ça !! Lickilicky, GO !!

Le gros Pokémon apparut face à cet empaffé. J'eus ce regard méprisant que je réservais aux sous-merdes dans son genre.

- Tchhh...
- Quoi ? Il est faible ? Il est mauvais ? Je peux lire dans ton regard !
- A travers ces horribles lunettes pourpres ?
- Oh que oui ! Et je vois un joli garçon qui vient de perdre à la Zone de Combat ! Quelqu'un qui vient tout juste d'être atteint dans sa fierté... Je dirais donc au premier tour, et compte tenu de la direction d'où tu es arrivé – car j'avoue sans honte t'avoir un peu largement maté quand tu es arrivé – je dirais que tu as perdu dans le Battle Roulette. En un seul coup compte tenu de ton état de fébrilité ! Probablement même alors que tu avais un avantage de type, ce qui de facto t'a blessé dans ta fierté !

Alors là, j'étais scié. Si ce type enlevait ses lunettes affreuses et révélait un micro-ordinateur à la place de ses pupilles, j'y croirais à fond.

- ... euh...
- Ah-HA ! Une fois de plus, la grande Pablo Montes n'a pas démérité !
- ... Ca n'empêche que je peux à l'aise battre tes deux minables !
- En es-tu bien sûr ? Tu viens de perdre face à un sous-Pokémon surentrainé dans le bâtiment de combat le plus risible de l'ensemble des terres habitées et tu penses gagner face à un Lickilicky et un Vanilluxe ?

Touché. J'étais dans une incertitude totale. Je pensais que ce serait du flan mais là honnêtement j'étais complètement à la ramasse. Même un Magicarpe m'aurait posé un cas de conscience. Eh, ce truc peut apprendre Rebond !

- ... C'est quoi, ce service, que tu as à me demander ?
- Hep hep hep ! Combat, d'abord !

Je soupirais. Me battre face à une folasse pareille...

- Kiki !

Mon fidèle singe vert apparut. Cette petite saloperie me rappelait ma sœur et mon frère, mais quelque chose de mignon.

- Lickilicky, Hammer Arm !

La créature tendit sa langue dont le bout était courbé. Je connaissais cette feinte, commune à de nombreux dresseurs attardés d'Excelangue ou de Coudlangue.

- Canon Graine !

Feuiloutan sauta vers Coudlangue et performa un splendide coup de poing chargé dont je n'étais pas peu fier. La charge explosa au visage de Coudlangue qui recula.

- M... Maudit sois-tu ! Vanilluxe, Ice Beam !
- Vous êtes au courant que c'est à un contre un ?
- On n'en a pas parlé ensemble !

Je comprenais mieux pourquoi on traitait ce type de tricheur. Primo, son attitude ne mettait pas en confiance. Deuxio, la façon dont il avait foiré son attaque me disait clairement que ce type n'y connaissait rien en combat réel.

Le Laser Glace ayant fini au sol, je regardais mon pitoyable adversaire, défait.

J'avais été comme ça il y a quelques minutes. Ce combat avait été grisant et j'avais, du coup, repris un peu de contenance.

Une part de moi encore sensible et réceptive aux émotions humaines se contenta de répondre.

- Pourquoi avoir accepté le combat ?

Pablo me regarda. Vous savez pourquoi je déteste les gens avec des lunettes teintées ? On ne sait jamais ce qu'ils pensent. Je ne peux faire confiance qu'à des yeux. C'est pourquoi je suis un très mauvais joueur de poker.

- ... Je... je n'avais rien à perdre. C'est vrai que compte tenu du fait que vous ayez tenté la zone de combat, vous étiez forcément au minimum un grand dresseur... j'étais donc presque persuadé de perdre...
- Vous ne concourrez pas, vous n'êtes pas un chef de zone ou un dresseur agréé...
- Je suis un simple parieur. Ils m'interdisent de parier parce qu'ils pensent que je triche.
- Comment ça ?

Pablo sortit de son sac (à main Vuitton, dus-je préciser) un calepin assez volumineux. En tournant les pages, il me permit de remarquer qu'il était rempli de chiffres, de calculs et de tableaux statistiques. Particularité, l'encre était verte foncée, ce qui traduisait selon moi un sérieux irréfutable. Quand on s'habille comme une drag-queen mais qu'on utilise de l'encre verte pour faire ses calculs, c'est qu'on est fada des chiffres mais qu'on vénère le mohair.

- ... disons que sur 784 mises, j'ai vu juste 773 fois et j'ai donc empoché l'équivalent de 18,2 millions de dollars pour une perte totale de 44 166 dollars.

J'avais envie de hurler un énorme « Whôôôôt ? » mais le comique de répétition l'emporta.

- Dix-huit millions ?!
- Dix-huit millions deux cent mille trois-cent quatre-vingt-quatre dollars pour être précis.
- ... vous trichez, c'est obligé !
- MAIS PAS DU TOUT ! Pourquoi TOUT LE MONDE en arrive FORCEMENT à cette conclusion !!!
- Vous avez forcément un truc !
- J'ai un truc, sans que c'en soit vraiment un. Je vous en parle si vous acceptez de parier à ma place et d'entrer avec moi dans le Battle Hole.

Pablo me regardait avec un air désespéré. J'ignorais pourquoi mais l'espèce de niveau équivalent de déchéance que nous avions mutuellement atteint me mit en confiance.

- Au fait quel est ton nom, suave jeune homme ?
- ... Smirnoff. Roland Smirnoff.


***

Les élèves arrivaient peu à peu et se présentaient à la table, au milieu du tapis rouge.

- Première année deux !
- Voilà !

Les deux élèves reçurent un bracelet blanc avec une rainure brune.

- C'est moche ! s'étonna la jeune fille.
- Ce... n'est pas fait pour être joli, c'est pour l'élection du roi et de la reine !
- Oh !

Les élèves portèrent les bracelets. Rebecca arriva avec Mike. Elle portait sa robe rose pêche, moulante en haut, aérienne en bas, ainsi qu'un chignon avec deux mèches descendant pour couvrir ses oreilles. Elle dévisagea Mike et son smoking tout blanc, très classe.

- Un smoking blanc, tu n'aurais pas pu me prévenir ?!
- Je comprends pas pourquoi tu fais tout un plat !
- J'ai tout fait pour m'accorder aux couleurs sombres, et toi tu... Tu ruines mes efforts !

Mike leva les yeux au ciel.

- Maman me trouvait plus classe en blanc ! Mais t'inquiète pas, t'es super jolie !
- Hmph !! Si au moins tu avais pris un costume gris ou... brun...
- Brun ? Mais c'est atroce !

Rebecca haussa les sourcils.

- Mince alors, tu as un minimum de sens commun ! Tu vaux peut-être la peine d'être fréquenté en fait !

Mike leva les yeux au ciel. Ils arrivèrent à la table.

- Bracelets, messieurs dames ! En quelle classe êtes-vous ?
- Première année une ! sourit Mike.
- Voilà vos bracelets pour le vote du roi et de la reine de promo !

De simples bracelets blancs.

- Merci !
- Hors de question que je porte ça...

Rebecca le mit dans son sac. Les deux intendants semblaient s'en moquer.

D'autres élèves se pressèrent. Orson venait seul.

- Première année une...
- Voilà, jeune homme...
- On est venu seul ?
- Je suis pas le seul ! grommela Orson.

Wallace arriva avec Perrine.

- Puis-je encore vous dire, ma belle, à quel point vous êtes ravissante ?
- Oh, ta gueule... soupira Perrine.
- En plus d'être d'une humeur resplendissante ?

Perrine semblait littéralement gonflée. Elle ne voulait pas être là, même avec Wallace.

- Oh, moi qui espérais que tu égayerais un peu ma soirée... souffla Wallace.
- Désolée, c'est pas toi, vraiment...
- C'est pas l'impression que tu donnes... J'pensais qu'on s'ennuierait moins en y allant toi et moi !
- Tout le monde était là à me pomponner... soupira Perrine.
- Tout le monde était là à s'en foutre... ajouta Wallace.

Perrine regarda Wallace qui haussa les épaules en faisant la moue.

- J'essaierai de pas trop t'embêter.
- J'essaierai de pas être trop chiante...

Ils arrivèrent devant la table avec les deux commis de service.

- Quelle classe ?
- Première année un... marmonna Perrine.
- Voici vos bracelets !
- Vous auriez pas plutôt des cordes, du poison ou des flingues ? souffla Wallace.

Les deux s'étonnèrent. Wallace sourit.

- Oh ça va j'plaisante !

Les deux types donnèrent les bracelets. Perrine regarda le sien, surprise.

- C'est quoi cette merde ?
- Sûrement un truc en solidarité avec l'Afrique, un truc dans le genre... soupira Wallace.

Wallace et Perrine s'éloignèrent. Les deux se regardaient.

- Il plaisantait...
- Oui, à aucun moment il n'a pu deviner...
- Non !

Walter et Naomi arrivèrent en même temps qu'Amélia et son étrange petit copain, un grand blond qui avait l'air...

- Moi j'adorerais être en fauteuil roulant. J'pourrais faire la course, et aussi des dérapages, et pis des acrobaties. T'as déjà essayé ?

Walter secoua la tête.

- J'ai pas encore atteint le niveau suffisant. Je suis un handicapé de niveau 5, c'est trop bas.
- Ah y'a des niveaux ?
- Bien sûr. Et tous les jours je m'entraine pour atteindre le niveau suivant.

Amélia leva les yeux au ciel.

- Ca devient trop scientifique pour moi... Blaine, viens, on s'embrasse !
- Tout ce que tu veux bébé !

Naomi et Walter dépassèrent le couple.

- Equipe de foot ? demanda Walter.
- Il me semble bien, oui... souffla Naomi, désespérée.
- Ca fait peur...
- Hm !

Naomi et Walter prirent leurs bracelets. Amélia et Blaine achevèrent leur torride séance d'embrassade.

- Bah... Ils nous ont pas attendus ?
- C'est pas grave, bébé, viens on va danser !

Amélia alla prendre ses bracelets.

- Vos classes ?
- Première année trois... marmonna Blaine.

On lui donna le bracelet blanc à rainure brune à Blaine. Amélia haussa les sourcils.

- Ew. J'veux pas le même !
- Quelle classe, jeune fille ?
- Bah, première année...

Les deux attendaient la fin de la réponse.

- Première année... un, je crois...

Les deux se regardèrent et haussèrent les épaules. Ils lui donnèrent un simple bracelet blanc.

Robbie arriva seul, suivi par Santana et Violette, Lilian et Léon, Christina et Tristan...

- On va passer une bonne soirée, en tout cas ils ont assuré sur la déco ! sourit Tristan.

Christina hocha la tête, pas très contente.

- Ca... va pas ?

Christina regarda Tristan et hocha la tête.

- Si si, si si, tu es très bien...
- Je sais que tu aurais préféré y aller avec Tino...

Christina soupira.

- J'espère au moins qu'il voudra danser...
- Mais oui, sûrement...
- Tu m'aideras à lui demander ?

Tristan grimaça.

- Tu sais, Christina, Tino est très buté comme gars...
- S'il te plait !
- ... je ne te garantis rien par contre !

Christina soupira.

- J'aimerais bien qu'on me garantisse des choses de temps en temps, j'en ai marre d'être malchanceuse...

Tristan grimaça. « Et moi je suis vraiment pas bon pour écouter les filles... Pourquoi tout ce qu'elles disent est aussi chiant ? »

Benjamin arriva avec Andréa. La jeune femme avait une robe fort échancrée et confortable, avec un grand décolleté et pour l'occasion s'était détaché les cheveux. Le jeune homme semblait tout fier. Clive était derrière eux.

- J'imaginais que tu aurais le chapeau, les papillottes et même l'écharpe... sourit Andréa.
- J'ai failli jusqu'à ce que ma mère me dise que ça ne se faisait pas en soirée goy !

Andréa grimaça.

- Ahon.
- Je ne savais pas que tu avais un tatouage ! s'étonna Benjamin.

Andréa plissa les yeux.

- Si tu as remarqué ce tatouage c'est que tu m'as un peu trop déshabillé du regard !
- Oh, euh...

Clive ricana.

- J'ai juste un Charmillon entre les omoplates, c'est pas grand-chose !
- C'est... mignon !
- Tu transpires... sourit Clive.
- Je s... euh, tais-toi ! grommela Benjamin.

Clive riait sous cape.

Gina arriva avec Holly.

- J'arrive pas à croire qu'il soit en retard !! grommela Gina.
- T'en fais pas, il est sûrement en route ! Je félicite ton self-control en tout cas, tu n'as pas pleuré, ton maquillage reste nickel !
- C'est pas faute de vouloir, merde !! Eh, t'as vu Andréa... Elle a un tatouage ! s'étonna Gina.
- Quelle pute... marmonna Holly.

D'autres élèves passèrent. Quinn et Lucy arrivèrent, suivis par Ana et Francis.

- Quiiiiiinn...
- Oh la ferme...

Steven arriva avec Fey et James.

- J'arrive pas à croire que tu n'aies pas eu la bonne heure ! s'étonna Fey.
- Putain pour une fois que je voulais pas être en retard !! grommela Steven. Hey, petite chintok !

La jeune fille, en chemisier rouge à dorures avec un pantalon noir strict, se tourna vers Steven, tout comme Francis et Quinn, prêts à décapiter l'impudent s'il allait plus loin dans sa remarque.

- ... T'es super mignonne là-dedans !
- Mer... ci... ! Je vois que tu n'as pas osé le costard...
- C'est gavant, j'aime pas être trop serré !
- Tu n'étais pas censé venir avec Gina ou Holly... C'est avec laquelle que tu sors ? s'étonna Francis.
- Vieux, c'est Gina ! J'fais que vous en parler depuis trois semaines !
- Ah oui c'est celle qui est chaude comme la braise et...

Quinn, Lucy, Ana et Fey regardèrent Francis qui tressaillit.

- Quoi ?
- Eh, on n'est pas tous chatrés dans cette classe ! ricana Steven.

Il prit son bracelet et s'en alla vers la salle de bal. Quinn plissa les yeux. Lucy soupira.

- Ces jours où je préfèrerais être sourde...
- Tu m'étonnes... souffla Quinn.

***

Justin approcha, accompagné par Seth. L'école était en vue.

- Bien. Le temps est venu.
- Je vais me répéter et tu vas me trouver embêtant, mais tu me connais, je suis comme ça...
- Parle.
- Tu es certain que c'est bien nécessaire ?

Justin hocha la tête.

- Il est temps d'effrayer un peu les rats pour que ça s'agite dans la nasse... Et puis je veux voir quelle résistance ils sont prêts à nous opposer.

Seth hocha la tête.

- Tu veux toujours attaquer l'ensemble et pas juste les quatre ?
- Ce sera beaucoup plus amusant d'attaquer l'ensemble.

Seth acquiesça.

- Pourquoi ne pas capturer les cibles avec le pouvoir de Teresa ?

Justin agita une main.

- Pour s'amuser un peu, là encore.
- Bon. Tu réalises au moins que tout ça va nous mettre le pays à dos.
- La police est déjà arrosée. Souviens-toi que notre cher ami Roland Smirnoff a rétabli le blocage des communications en cas d'affaire gênante. Ce pour, selon ses termes, « empêcher la montée de scandales stériles ». Une règle qui l'a bien aidé à établir ses réformes...

Seth acquiesça.

- Une dernière chose. Ne prends aucun risque inutile.

Justin haussa les sourcils.

- Je rêve ou tu as peur pour moi ?
- Non, absolument pas. J'ai peur pour eux, pour ce que tu pourrais leur faire. Ne va pas trop loin.

Justin sourit.

- Cela dépend de ce que l'on m'opposera. A nous !

Les deux hommes se retournèrent vers une petite centaine de jeunes dresseurs.

- Préparez-vous, le moment est venu de commencer l'opération « Nettoyage » !

***

- La Zone de Combat New-Yorkaise est avant tout vouée aux spectacles. Si tu as séjourné dans un hôtel, tu sais qu'à part d'excellentes chaînes porno, le câble américain retransmet aussi les matches.
- Alors... ma défaite a été vue ?
- Oh que oui, et même commentée.

Je sirotais ma téquila en frissonnant. Tout avait été payé par Pablo ce qui m'embarrassait énormément, mais il m'avait promis une part sur le pari en cours.

Battle Hole est un complexe impressionnant. Le challenger et le public sont sur une plate-forme géante qui descend dans un trou sans fond. Le challenger doit affronter diverses épreuves, les traverser avec ses Pokémon et au fond, il affrontera le chef de zone.

- Bref tout ici est question de pognon. L'essentiel dans cette zone c'est de bien choisir son moment.
- ... je ne vois pas en quoi ça influence le match.
- La pression, mon tout beau.
- Juste ça ?
- Et tout un tas d'autres facteurs, mais principalement celui-là. Il faut aussi beaucoup de chance, de tactique, de sang-froid et de maîtrise.
- De ce côté-là, je peux me débrouiller.

Pablo me scruta.

- Tu as en effet l'air d'être un grand dresseur, mais...
- J'ai déjà battu un Pokémon légendaire !
- Vraiment ?
- Oh que oui. J'y ai laissé quatre Pokémon mais je l'ai eu.

Pablo ricana, ce qui ne me rassura pas.

- Mon chou, laisse-moi te dire une bonne chose. Le maître de la zone de combat New-Yorkaise, tu vois qui c'est ?
- ... Julius Kent ?
- Ouiiii... Son équipe se compose de six Pokémon légendaires, mon chou. Six Pokémon qu'il connait et qu'il utilise comme sa poche. Il est tellement sûr de lui qu'on peut l'affronter avec DOUZE, je dis bien DOUZE Pokémon. En vingt ans de règne il n'a jamais été battu une seule fois.

Je regardais Pablo, stupéfait.

- Eh merde... Je me suis attaqué à un trop gros morceau, hein ?
- Je ne sais pas. Personnellement c'est vrai que j'ai toujours rêvé de voir quelqu'un battre ce trou du cul.

Je m'étonnai.

- Comment ça ?

Pablo soupira.

- Je suppose que c'est le moment où je te raconte mon passé tragique !
- Certainement pas, je posais la question par politesse !
- J'adore les salauds dans ton genre, ce sont les meilleurs amants !
- ... je dois répondre, là ?
- J'ai travaillé à la zone de combat pendant cinq ans.

J'eus un sourire narquois. Dans quoi cet énergumène pouvait-il avoir travaillé ici...

- En tant que stripteaseur ?
- Nan !
- Gogo Dancer ?
- Y a-t-il autre chose dans ton esprit étroit que des clichés barbants ? J'étais secrétaire général des dix bâtiments !
- Ouais c'est bien ce que je me disais, un boulot de gonzesse.

Pablo souffla.

- Tu es épuisant. J'étais donc secrétaire de direction et j'étais donc souvent en contact avec ce type, et il était énervant ! C'est le genre typique de mec humble, gentil, que tout le monde aime ! Tu sais, ce genre de type qui donne aux œuvres de charité !
- Oh mon Dieu je déteste ce genre de connards... grommelai-je.
- N'est-ce pas ! Et sur la fin de mon contrat, cette enflure s'est permis de me faire une proposition...

J'étais passionné, inutile de le dire. Encore un homo qui se plaint parce qu'on le fait passer sous le bureau...

- ... il voulait que je devienne réceptionniste à l'entrée de son cabinet personnel !!!

Je haussai un sourcil surpris. PLOT TWIST, MUTHAFUCKAH...

- ... et ?
- ET ? ET ? JE VENAIS DE BRILLER COMME UNE DEESSE PENDANT CINQ ANS ET CET ENFOIRE PENSAIT QUE JE POUVAIS ETRE SA SOUILLON ???

J'acquiesçai.

- Cette humiliation, cette façon de me rabaisser... Je ne l'ai jamais, jamais encaissée. En fait, tout ce temps où il me félicitait pour mon travail, en réalité il voulait juste me flatter pour que je serve du café à l'entrée de sa permanence... quel mépris ! Quelle trahison !! Moi qui me pensais indispensable, en fait ils n'avaient aucun respect pour moi... pour mon travail... Tous !... Tous les membres de la zone de combat me voyaient juste comme quelqu'un de très compétent mais sans autre valeur en comparaison de leur toute puissance. Depuis, mon plus grand rêve est de voir cet abruti se faire défoncer la poire par le premier gusse venu.

Je hochai la tête, convaincu.

- Ok. J'veux bien essayer.
- Si tu te fais battre par la première Raymonde venue, ma pauvre fille, on n'ira pas loin !
- T'as qu'à devenir mon agent. Je serais ton poulain. Un peu comme Rocky et l'autre noir, là !

Pablo plissa les yeux. J'avais lancé l'idée pour avoir un objectif et quelqu'un pour m'y aider... même si honnêtement l'idée de m'acoquiner avec qui que ce soit, surtout cette grosse tarlouze, me déplaisait profondément.

- ... Que je devienne ton agent ?
- Je suis balaise. Promis. Cette pute m'a eu par surprise, mais elle ne m'aura pas à nouveau. Je ne ferais plus deux fois la même erreur.
- Plus ?
- ... pas. Je ne referais pas deux fois la même erreur...

Le Battle Hole s'arrêta soudainement. Le challenger se retrouva face à Serge Hussein, le champion de la zone. C'était un grand homme typé arabe avec une grosse barbe, très massif, légèrement gras du bide, dans une tenue rappelant volontiers un mineur.

- Bienvenue au Battle Hole, je suis Serge Hussein. Nous allons nous battre à présent pour décider si tu remporteras la médaille Profondeur.
- J'VAIS T'BUTER !! J'EN AI RIEN A FOUTRE DE TES DISCOURS A LA CON !

Je regardai Pablo.

- On parie sur quoi, déjà ?
- Hussein bat Lecter par cinq Pokémon restants à zéro.
- ... sérieux ?
- Lecter est un petit con, sa technique est mauvaise, son attitude désagréable et provocante. Il a franchi toute la zone avec une telle rage et une telle furie qu'honnêtement il ne peut pas gagner ce match même en priant le petit Mew le plus sincèrement du monde...

Je hochai la tête.

- Pour gagner à New York, il faut être sûr de soi, mais également bien dans sa tête et dans son corps. Cela n'a rien d'étonnant que tu aies perdu au Battle Roulette si tu y es allé en pensant tout défoncer.

Je méditai cela. En effet, j'étais peut-être allé là-bas en pensant que ce serait un peu trop facile.

- Une raison pour être une telle furie ? Hm ?

Je regardai Pablo, résigné.

- Ma... ma femme m'a trompé.
- Broutille.
- Alors que notre enfant avait été kidnappé.
- Connasse.
- Avec le policier qui était censé le retrouver.
- ... Ah la sa-loooooope !!!
- J'te le fais pas dire. Du coup je me suis barré, j'ai tout laissé derrière moi...
- Mon pauvre biquet...
- Je pensais honnêtement m'enfiler toute cette zone sans souci, mais...
- Mais rien du tout, c'est comme si un Roucool s'était lancé tout seul sur un Elekable en furie, pauvre fou !
- J'ai cru voir ça, oui...

Pablo acquiesça.

- Un ancien employé frustré et un mari bafoué s'attaquent à la zone de combat, qu'est-ce que ça va donner ?
- Dois-je préciser que je suis un ancien prof et que mon père est l'éminent Etienne Smirnoff, stratège de renom ?

Pablo enleva ses lunettes.

- Serais-je tombé sur la perle rare ?
- Je ne suis pas homo !
- J'avais compris, merci ! Mais avec mon intuition féminine et ta force brute brutale, nous devrions pouvoir faire des miracles ! Hihihihi !

Le challenger s'écroula bientôt en n'ayant réussi qu'à battre un seul Pokémon du maître.

- ON A GAGNE !
- La VACHE ! m'étonnais-je franchement.
- DANS MES BRAS ! sourit Mistinguett.
- VA TE FAIRE FOUTRE ! répondis-je sur le même air enjoué.

***

- Ceci, mon chou, est mon appartement, ou comme j'aime à l'appeler, ma garçonnière !

Honnêtement ? J'étais plus rassuré pendant la guerre.

A part ça c'était un endroit super sympa, grande baie vitrée, moquette, meubles design... A défaut d'escroquer une vieille, je pouvais toujours essayer de voler une folle.

- Prends place, prends place. Tu aimes le brandy ?
- Ca peut aller.
- Chouette, j'avais plus que ça !

Je m'assis dans le siège qui m'était proposé, un fauteuil blanc très ergonomique. Jamais mes fesses n'avaient été aussi bien moulées. Et je vous défends de reprendre cette phrase hors-contexte.

- Dis-moi Roland...
- Hm ?
- Est-ce que tu as envie de passer une bonne soirée ?

Je haussai un vrai sourcil surpris.

- ... qu'est-ce que tu entends par là ?!

Pablo reparut avec sa bouteille de brandy, sans ses lunettes ni son boa à plumes, il avait l'air largement plus humain et moins monstrueux.

- Eh bien, parfois quand j'ai envie de passer une bonne soirée, j'invite de gentils petits camarades de jeu... et je leur laisse un billet vert en partant !
- ... prostituées ? Nan ! Nan, je peux pas faire ça !
- Oh, voilà, ça y est, je savais que tu n'étais pas un vrai marrant !!
- T'appelles ça « te marrer » ?
- Très bien, buvons de l'alcool en regardant « 14 ans et enceinte » sur MTV !

L'éventualité me glaça de terreur.

- ... Je... ça fait moins d'une semaine que j'ai quitté ma femme !
- Et ça fait moins d'une semaine, je suppose, qu'elle a joué à « farfouille dans mon utérus avec ta bite, ô mon beau policier, pendant que je sais à peine où est mon fils ! »

Mes mains se crispèrent sur le fauteuil. Pablo me regarda alors que j'essayai de retenir toute l'étendue de ma fureur.

- Ça va ?!
- Non...
- Tu veux des calmants ? J'en ai toute une armoire !

Je regardai Pablo.

- Tu peux pas savoir ce que c'est...
- En effet...

Pablo ramena deux verres à pied remplis.

- T'es sérieux pour les putes ? On vient de se rencontrer et tu me proposes des putes ?
- On pourra faire les putes plus tard, si tu veux, c'est pas une nécessité...
- J'sais pas... J'crois que... c'est pas ce qu'il me faut.
- Ok, ok, les putes dès le départ c'était peut-être un peu trop. Allons faire la fête !!
- ... tu t'arrêtes jamais ?
- Ja-mais !

***

A mon réveil, tout était flou. Avais-je été drogué ?!

Non...

C'était le retour de ce vieil ami que j'avais délaissé : L'alcool.

Mon petit mal de crâne n'était rien et je pouvais le surmonter, prouvant ainsi à ma petite personne que j'étais le roi du monde. En me relevant, je remarquais que j'étais sur un tas de poubelles. Sympa. J'étais aussi entouré de deux demoiselles que je ne connaissais pas... Pablo passait avec un sac poubelle.

- Hey, comment va le joli cœur qui s'ignore ?
- ... qu'est-ce qui s'est passé ?
- Toi, tu n'as pas l'habitude de boire !
- Plus l'habitude.
- En tout cas j'adore la vue !

La v... ? Eh merde ! Retrouver mes affaires !

- Cesse de me mater !
- C'est difficile. D'où viennent ces cicatrices ?!
- Aucune idée, peut-être qu'une des deux filles m'a volé un rein pour l'envoyer au Pakistan...
- T'es d'un ronchon au réveil...
- Qu'est-ce que tu fais ?
- Oh je suis un peu maniaque alors je range !
- ...
- ... et je t'attendais !
- C'est follement gentil, ça...
- En fait je dois t'avouer la vraie raison : Hier soir, j'étais avec quatre mecs, on était dans la même pièce que toi et... Oh seigneur c'était passionnant de te regarder faire !

Pourquoi, pourquoi, pourquoi dans ma putain de vie je ne fais QUE tomber sur des folles tordues qui me matent le cul en permanence et fantasment sur ma perfection absolue ?! Quel enfoiré de pervers contrôle ma vie pour me faire faire de telles rencontres ? Destinée, si un jour j'ai l'occasion de te demander des comptes, crois-moi, tu vas les rendre, et au centuple. Salope.

- Pablo, on va faire un deal...
- Hm ?
- Tu ne me regardes plus jamais tout nu et moi en retour je ne te casse jamais la gueule !
- Si tu étais un être sensé et raisonnable, tu voudrais que je ne te fasse plus boire !
- Nan, j'aime boire. Ce que je n'aime pas c'est être observé par un pervers !
- Oh je t'en prie ! En plus le commentaire que je posterai sur mon blog sera très positif !

Je regardais Pablo avec l'expression la plus meurtrière qu'un type mal réveillé et en pleine cuite puisse avoir.

- Je plai-sannnnte ! Mon blog n'est destiné qu'à mes recettes de cocktails !
- J'espère bien. On peut se barrer ? J'aimerais pas trop discuter avec... Merde, mais elles sont grosses, ces filles !!
- Elles sont américaines, nuance ! sourit Pablo.
- Faut qu'on se barre !!

***

L'air avait l'air plus doux en sortant. Les souvenirs de la soirée d'hier me revenaient. Il me semblait en effet m'être bien amusé. Et Pablo également...

- Alors là ils m'ont demandé de m'incliner sur la table, et ils se sont mis à faire la queue, c'était gé-nial !
- Bordel, j'ai l'impression d'être Charlotte et toi Samantha, c'est atroce !
- Ah non, tu serais plutôt une Carrie...
- Cette insulte était basse et odieuse... On devrait commencer à travailler notre projet de conquête de la zone...

Pablo me regarda comme si je parlai d'un traité d'astrophysique.

- Hein... Ah OUI ! D'abord hier, entre deux sodomies sauvages et passionnées...
- Je te hais, Pablo, si tu savais, putain...
- ... je me suis permis de regarder tes Pokémon ! En fait je cherchais tes éventuelles capotes...
- Mon royaume pour qu'un bus te passe dessus... geignis-je avec douleur.
- Ma pauvre fille, avec une équipe aussi peu variée, je ne donne pas cher de ta peau.
- Je sais que mon équipe a des problèmes de balance générale...

Pablo acquiesça.

- Certes. Surtout, avec seulement huit Pokémon, tu ne feras pas...
- Neuf ! J'ai neuf Pokémon !

Pablo grimaça très sérieusement. Je me souvins alors que je m'étais débarrassé du neuvième. Foutu moi.

- ... huit, ok, huit.
- Ah bon, je pensais que j'avais les neurones détruits par les coups de burin de mes amants !
- Trop de foutus détails, A-BREGE, bordel !!!
- Ok, ok. Avant de dormir, comme j'étais pas trop bourré et j'avais beaucoup trop mal au cul au point que j'ai presque cru que l'un des étalons qui m'avait défoncé m'avait également causé une péritonite...

Métaphoriquement on peut dire que je m'étais écroulé sur le trottoir pour pleurer sur ma vie dissolue et le fait que mon avenir tout entier reposait sur un concentré de tous les foutus homosexuels que j'avais rencontré dans ma foutue vie, en pire.

En réalité, affligé par le chagrin, je me contentai d'un soupir lassé en observant les voitures sur la route, dont les pneus caoutchouteux et creusés de sillons meurtriers semblaient un refuge plus rassurant que la compagnie de ce garage à bites sur talons.

- ... j'ai réalisé un diagramme des types dont tu avais besoin, j'ai recroisé avec les points faibles et les points forts de ton équipe, j'ai cherché les Pokémon qui auraient un relais compensatoire...
- T'as vraiment la bosse des maths... tu me rappelles un parfait abruti...

Pablo soupira.

- Je sais quels Pokémon tu dois avoir pour avoir l'équipe la plus complète possible !
- C'est la chose la plus censée et la plus agréable que tu aies jamais dite. Merci, Pablo.
- Et on devrait aller les chercher assez vite pour que tu te familiarises rapidement avec eux. Aussi, je dois piocher dans mes nombreuses acquisitions immobilières pour te trouver une salle d'entrainement. Et aussi, je ne pourrais pas t'entrainer...
- C'est pas un problème, je m'entraine très bien tout seul.
- Dit celui qui s'est fait laminer par une pute frigide, gothique, avec un Aerodactyl spécialisé dans la vitesse et la défense spéciale, pitié, Roland Smirnoff, avec un Poliwrath de surcroît... Comment dire... Atterris, pétasse, t'es à la ramasse !

Je frissonnai à la seule réminiscence.

- Bref. Comme tu n'es pas sans le savoir, à New York, les Pokémon sont en vente libre. Il y en a deux que je peux t'acheter... Un autre pour lequel je dois passer par le marché noir, quant au dernier, il y en a des sauvages dans un coin de la ville.

J'avouai mon étonnement profond.

- Tu as déjà tout planifié ?!
- Evidemment, je sais déjà quels sont les Pokémon que tu vas devoir apprendre à maîtriser et ça me fait frémir par avance !
- Mais euh... t'as dormi au moins ?
- Pourquoi tu crois que j'ai ces lunettes aux verres fumés ! Oh, on passe au Starbuck, j'ai besoin d'un café bien noir !

Je regardai Pablo, m'attendant à un jeu de mot scabreux. Il me montra du doigt.

- Toi, tu as remarqué le grand black hier !
- ...
- Il m'est passé dessus aussi !
- ... n'as-tu donc aucune dignité ?!
- Ce qui se passe en soirée reste en soirée !
- Oui, bah évite d'en faire le verbatim, si c'est le cas...

***

Non.

NON, NON ET NON.

- Pablo, pète-moi la rondelle si tu veux mais JAMAIS je ne dresserai un Pokémon pareil !!!

Le Lippouti me regardait comme si j'étais Hitler. Et putain, il avait raison.

- Roland, mon Roland, ce Pokémon Glace et Psy est idéal pour toi. Avec ta maîtrise et ton savoir-faire, tu ne pourras qu'en faire une guerrière imbattable !
- Pour le Héricendre, je veux bien, mais Lippouti, quoi ! Et ma réputation !!
- Héricendre, c'est un peu par défaut... Tu avais besoin d'un Pokémon Feu puissant et rapide !
- Je les déteste plus que tout ! Mon père parlait tout le temps de médecine des Pokémon Feu...
- Tu vas arrêter avec ta famille ? On dirait un juif divorcé...

Divorcé... C'est ça, aussi qu'il fallait que je fasse...

- Pablo, j'aurai un truc à faire dans la journée...
- Quoi donc ?
- Divorcer d'avec ma femme.
- ... comme ça, sans passer par un juge ?
- J'ai un contact qui peut me faire ça sans problème.
- Oooooh, monsieur a des contacts !!
- Eh bah oui.
- Eh bien va donc faire ça, je vais aller chercher ton troisième Pokémon.
- Pourquoi le marché noir au fait ?
- Si on passe par les moyens normaux, on va perdre beaucoup de temps avec l'évolution...

Je haussais un sourcil, étonné.

***

- Je veux juste que vous prononciez l'acte de divorce !

Le téléphone se fit silencieux. Je soupirai.

- Allô ?
« Hm... Excusez-moi, il est un peu six heures du matin, vous avez une notion bien creuse du décalage horaire ! Et puis bon sang, que faites-vous aux Etats-Unis ? »
- Vous avez une notion bien creuse de la vie privée... Bon, ce divorce alors ?
« Vous permettez ? Je ne suis pas une espèce de grand manitou des relations amoureuses des habitants de Poképolis ! J'ai une vie, moi, et je ne suis plus aux affaires pour rappel, je vais devoir passer des coups de fil pour ce que vous me demandez là ! »

Je levai les yeux au ciel, terrassé par tant de connerie.

- Bonelly, je considère la demande faite, je vous demande donc d'y répondre, merci !
« Vous savez qu'ils vous recherchent, n'est-ce pas. »

Je restai un moment suspendu au téléphone, puis je décidai de raccrocher fissa.

- Une bonne chose de faite... Merde, comment je retrouve Pablo, moi ?!

J'étais bel et bien perdu. Pablo était parti de son côté, moi du mien.

- ... Roland Smirnoff, roi des cons...

Un courant d'air frais attira mon attention, et je constatai vite que Sorbouboul me suivait, légèrement au-dessus de moi.

- ... ah oui je me sens infiniment moins con, avec un cornet de glace deux boules au-dessus de la tête... Youpi ! Où est ton maître ?

Sorbouboul se contenta de me regarder avec ses grands yeux remplis d'intelligence.

- Mouais. J'viens de divorcer de l'autre grosse salope. J'espère que ce fils de pute de Bonelly ne traquait pas mon appel. Il en serait capable, l'enfoiré... Pourquoi je parle à un Sorbouboul, moi ?

Foutue vie, toujours là pour nous rappeler qu'être seul c'est bien au début, mais au bout d'un moment, c'est nul. Pffff...

Pablo revint assez vite, bien que j'aie eu le temps de m'asseoir sur un banc en toute simplicité.

- Me revoilà ! Avec ton Pokémon !
- Cool. C'est quoi, que je rigole ?
- Eh bien, ton équipe manque de vitesse.
- Certes, mais je compense par la force, mon bon ami !
- Tout comme moi je compense les faiblesses érectiles de mes amants par des cris bestiaux et des imprécations de la Vierge Marie !

Ce mec est une chiure. Où est le parti républicain quand on a besoin de lui ?

- Bref. Je me suis dit qu'un Accelgor ne ferait pas de mal à ton équipe.

Limaspeed ?! Grosse montée d'émotion de ma part. J'adore ce Pokémon. Honnêtement ? Si les conditions pour l'avoir n'étaient pas aussi chiantes, ça ferait longtemps que je m'en serais procuré un.

- ... T'es sérieux, là ?!
- Evidemment.
- ... T'as payé combien pour ça ?!
- Tu m'as dit que tu ne voulais aucun détail graveleux !

Je fis des yeux ronds, et je saisis la Pokéball de mon premier Pokémon obtenu en échange d'une partie de jambes en l'air.

- ... Jure-moi sur la Bible en Flammes que tu t'es lavé les mains !
- Evidemment...
- MERCI A TOI, CARBO-JESUS !!!
- Cesse de faire l'enfant et viens, nous avons à faire.

***

J'étais stupéfait. Nous étions dans un ensemble de ruelles crades derrière des hangars près du port.

- ... Putain, qu'est-ce qu'on fout là ?
- Ton dernier Pokémon se trouve ici, pardi.
- T'as pas de voiture ? Pourquoi on a fait le chemin à pied ?!

Pablo leva les yeux au ciel et se retourna vers moi.

- J'TE FAIS VISITER NEW YORK A PEU DE FRAIS, TU POURRAIS ME REMERCIER AU MOINS, ESPECE DE GOUGNAFFIER !!!
- QUOI ? MAIS JE T'AI RIEN DEMANDE MOI, MORUE !
- LA MORUE ELLE SE MET EN QUATRE POUR TON PETIT CUL D'HETERO MAL BAISE !
- OUAIS BAH LA MORUE ELLE DEVRAIT BOUGER LE SIEN, DE CUL ! JE SUIS PAS LA POUR FAIRE DU TOURISME, MERDE !
- T'ES LA POUR QUOI ALORS ?

Faut avouer qu'elle a des arguments, la grognasse. Et puis nous les vîmes. Les Ronflex. Ils dormaient dans un coin, en tas les uns sur les autres.

- ... ouh putain...
- Voilà ! Snorlax. C'est le Pokémon qui te manque.

J'étais assez surpris. Non pas du fait que des Ronflex trainent ici, mais de la nature du Pokémon.

- Un... Pokémon normal ?
- Force et résistance exceptionnelle. Son seul inconvénient c'est sa lenteur mais comme tous les inconvénients, ça se comble, j'ai vu assez de combats pour le savoir.
- C'est censé être le douzième membre de mon équipe ?
- Oui !
- J'devrais pas plutôt avoir un Pokémon Electrique par exemple ? Genre Elekable, Pharamp...
- Les Pokémon électriques sont nazes et tout le monde les voit venir. En plus tu as deux Pokémon Plante dans ton équipe, ça suffit pour la balance ! Tu devras justement apprendre à ton Snorlax l'attaque Thunder Punch !
- J'aurais pu avoir un Dragon à la place, genre Dracolosse...

Pablo éclata de rire, ce qu'après coup je compris.

- Ma pauvre nénette, un Dragon ? Les Pokémon Dragon sont aussi utiles que la diarrhée dans un ascenseur en panne ! Si tu savais le nombre de dresseurs que j'ai vu arriver avec six dragons dans la Zone de Combat, pensant que ça irait comme sur des roulettes... Bref, capture un de ces Snorlax, on verra après.

Je fixai le tas.

- D'accord... mais seulement le meilleur...
- Ca va sans dire.

Je sortis Tartard et Kapoera. Les Ronflex se réveillèrent face à l'agitation autour d'eux. Pablo recula.

Les Ronflex, combattifs, se mirent en position. Je me sentais un peu rouillé en fait.

- Allez... Approchez...

En fait j'étais un peu terrifié, voir ces gros Pokémon se dresser devant moi...

Et puis tous ces doutes qui m'ont empli après mon échec...

- ... BUCK, TRIPLE PIED !

Kapoera partit comme une fusée. Chacun de ses coups évacua un Ronflex. M'étais-je sous-estimé ? Oui, c'était probable. J'étais toujours aussi fort qu'avant, c'est juste que j'avais eu de la malchance pour mon premier match.

L'astuce contre les Ronflex : Eviter les attaques spéciales. Pas facile avec Tartard que j'ai habitué à la manipulation d'énergie spéciale.

- Newton, Dynamopoing !!!

Tartard fonça, le bras tournoyant, vers l'armée de Ronflex. Pablo acquiesça, intéressé.

Mon Pokémon chargea dans la masse. Les Ronflex se jetèrent sur lui. « Et merde... »

Tartard avait disparu sous les patapoufs. Pablo pencha la tête sur le côté.

- Si tu veux appeler un autre Pokémon...
- La ferme !

Le tas explosa. J'allai me cacher en poussant Montes. Les Ronflex partirent de tous les côtés.

- La vache ! Il est BG ton Poliwrath !

Je regardai Pablo, blasé.

- ... Bigrement Glorieux ! Héhéhé...

Certains se relevaient pour repartir à l'attaque. Celui qui m'intéressait était au fond.

- Comme tu le sais...
- Je sais. Je sais tout, ne prétend jamais le contraire !

Pablo haussa les sourcils derrière ses putains de lunettes de soleil.

- Les Ronflex vivent généralement en communautés éparpillées. La réputation de solitaire de Ronflex vient uniquement du fait qu'il dorme généralement seul n'importe où. En fait ce sont des créatures qui aiment à vivre et dormir en groupe. Ces groupes sont généralement dirigés par le plus gros et le plus lourd, celui sur lequel les autres dorment.

J'observai le gros Ronflex qui attendait patiemment au fond, à attendre que les autres affaiblissent Tartard.

- Plus un Ronflex est gros, plus il est fort. Je veux le plus gros, le plus lourd, le plus fort.
- Ah, Roland Smirnoff, j'adore ton style. Puis-je passer quelques coups de fil pendant que tu batailles ?
- Fais ce que tu veux, m'en tape.
- Génial !

Pablo s'isola. Je continuai à écarter ces crétins de Ronflex inférieurs. Je voulais le nec plus ultra. Tiens, de penser à eux comme des inférieurs, ça me rappelait...

... rien du tout.

Tartard utilisa Projection, et il balança les Ronflex vers leur chef qui en esquiva deux, et se prit le troisième en pleine gueule.

- Oh, utiliser les Ronflex comme projectiles, fabuleux !! Oui allo, pourrais-je avoir le Docteur Wound à l'appareil ? Vous lui dites que c'est Pablito !

Je grimaçais de rage. Il appelait un type avec qui il avait couché. J'y crois pas.

- Jacky-chou ? C'est Pablita à l'appareil !... N... non, je n'ai pas refilé d'herpès à mes Pokémon une fois de plus !

Je me retournais vers Pablo, effaré. Le Ronflex en profita pour approcher Tartard. Pablo me regarda, intrigué. Il éloigna le téléphone de son visage.

- ... C'était sur la bouche et j'aime bien leur faire la bise avant dodo !! A quoi tu pensais ?
- A quoi tu VOULAIS que je PENSE ???

Ronflex colla un coup de boule à mon Tartard. Je regardai mon Pokémon voler jusqu'à une benne à ordure. Les autres Ronflex étaient à terre ou observaient, ayant abandonné le match.

- Bordel !
- Sois attentif au lieu d'écouter mes conversations comme un goujat ! Jackson ? Pardon ! J'ai quelqu'un à te présenter !

Oh c'est pas vrai, il ne va pas me présenter un de ses stupides amants !
Il me GAVE !
J'en ai MA CLAQUE !

- NEWTON, ATTAQUE...

Mon Pokémon sauta hors de la benne à ordure droit vers le Ronflex. Pablo baissa ses lunettes.

- ... MITRAPOING !!!

L'attaque défonça complètement Ronflex qui se la prit en plein ventre. Le spécimen faisait bien trois mètres, soit un bon mètre de plus que la normale. Certains spécimens atteignaient quatre mètres dans des conditions particulières cependant.

Je le capturai avec une vulgaire Pokéball. Pablo siffla.

- Bah putain mon cochon, tu t'mouches pas du coude. On va prendre le métro, je t'emmène voir un ami !

Je regardai Pablo, excédé.

- Il est HORS DE QUESTION que je m'acoquine avec un de tes stupides ex-amants !!

Pablo grimaça.

- Ex-amant ? Jackson Wound est un médecin réputé dans la remise en forme, la préparation physique et l'accroissement des capacités des Pokémon !

Je tombai des nues.

- Et d'après mon harcèlement, il est hétéro !

Bah merde alors.

- Si tu veux t'entrainer vite et bien, tu vas avoir besoin de lui !
- ... t'es chiant, je sais jamais quand tu es sérieux !
- Je sais et j'adore ça ! Il faut encore que je trouve quelqu'un d'autre.
- C'est pas possible, on va former Agences Tous Risques ou quoi ?
- ROLAND ATTENTION !

A peine le temps de tourner la tête et je vis la Pokéball de Ronflex emportée par un gamin.

- BORDEL !!!

J'engageai la poursuite. Pas simple.

- Merde, merde, merde ! Limax !

Le Limaspeed, nouvellement obtenu, apparut devant moi.

- Suis-le !

J'étais également suivi par le Sorbouboul de Pablo.

« La glace, ouais... »

L'enfoiré de gosse passait à travers les ruelles sombres.

- BOMBE ACIDE !

Limaspeed lança une boulette de poison totalement useless, mais la fumée que dégagea son explosion barra la route du gosse qui ne fit pas demi-tour.

« Quoi ? »

Il sortit un foutu Furaiglon. « FUUUUU... »

- Wing Attack !!

Forcément, Limaspeed étant à son plus faible niveau, il succomba totalement à l'attaque ennemie du Pokémon un minimum entraîné. Je rappelai promptement le Pokémon avant de continuer ma chasse. Le gosse se mit à descendre des escaliers.

« C'est salaud mais j'ai pas le choix... »

- MELBA !

L'horrible petite chose blonde, alias Lippouti Ingalls, apparut.

- Poudreuse !!!

L'attaque fit son effet et le sale gosse glissa dans les escaliers. Je récupérai ma Pokéball et allai empoigner le morveux.

- Putain de sale gosse ! Tu te rends compte du temps que tu m'as fait perdre ? Pourquoi tu voulais voler ce Pokémon ? Réponds ?!

Le gosse soutint mon regard.

- Pour le vendre sur le marché noir... un bestiau comme ça, ça se vend cher !
- Sale petit con...
- J't'emmerde !

Je regardai le gosse avec de grands yeux. Il avait l'air sacrément rebelle. Comme moi. Cool.

- Dis-moi, petit, c'était bien joué le coup de balancer Furaiglon comme ça face à mon Limaspeed.
- ... lâche-moi, connard !!

Je lâchai le gosse. Il allait fuir mais je sortis Feuiloutan pour lui bloquer la route.

- Putain !!
- Tu m'écoutes, oui ? Je suis en train de te dire que tu as des capacités, que tu es fort, potentiellement très bon dresseur !
- Et alors ? J'en ai rien à branler, j'te pisse à la raie moi ! Va te faire f...

Et une claque dans la gueule, une.

- Aïe !!!
- Ça joue les grands et ça supporte même pas une tarte dans la gueule ! C'est quoi ton nom, p'tit con ?

Le gosse me regarda, haineux.

- ... Corrigan. Seth Corrigan.
- Seth Corrigan... T'as de la famille ?
- Y sont tous morts !!

Je haussai les épaules.

- Et alors ? Moi aussi toute ma famille est morte.

Seth grimaça, étonné.

- C'est vrai ?
- Non, et pour toi non plus, sinon tu n'aurais pas autant de sensiblerie dans le regard.
- ... j'me suis barré y'a un an.
- Tu vis dans la rue alors.
- Ouais...
- Génial. T'as quel âge ?
- S... Seize ans.
- C'est assez pour te prostituer, passer de la drogue avec toute la confiance des trafiquants du coin et te faire exploiter comme main d'œuvre facile par les commerçants véreux du coin qui acceptent de te laisser fouiller les poubelles ensuite. Merveilleuse vie, j'approuve.

Seth baissa la tête. Voir ce gamin plein de potentiel raviva complètement mon idéal de départ. Etre prof. Enseigner. Faire de jeunes débiles de grandes promesses pour l'avenir. Perdre mon temps devant vingt à trente bovins ruminants qui s'intéressent plus à une console de jeux ou à un téléphone portable qu'à ce qui se passe dans le monde.

Ça, c'était 90% de ma motivation. Les 10% restants c'était de la pitié manifeste. Juré.

- ... Ça te dirait de me suivre ?
- ... vous voulez que j'vous fasse des trucs en échange d'argent ?
- Nan, par contre je vais devoir surveiller mon manager qui, lui, essaiera sûrement. Je te promets une vie hétérosexuelle, riche et pleine de travail enrichissant. Ça te dit ?

Seth plissa les yeux, méfiants.

- J'accepte pas la charité !
- Ta gueule, petit con, et accepte ou j'te décalque la tronche ! Tu préfères quoi, suivre un mec qui te propose le gite et le couvert ou aller sucer de gros types obèses pour gagner cent dollars ?!

Seth baissa la tête en grimaçant. Je rappelai Feuiloutan et montai les escaliers.

- Si tu te décides, c'est maintenant. La vie est remplie de grandes occasions qu'il ne faut pas laisser passer...

Seth me suivit de suite. Je souris.

- Bah super. Allez, on va rejoindre mon pote. S'il essaie de te sauter dessus, promis, je le tue.


***

DEV – In the Dark

Les tables s'installaient aux diverses tables rondes qui pouvaient accueillir six personnes. Certains parlaient sur le dancefloor.

Wallace, Perrine, Walter et Naomi s'étaient mis à une table.

- Ca s'annonce super chiant... soupira Wallace.
- Voyons le bon côté des choses, à vingt-trois heures c'est terminé ! admit Walter.
- Y'aura même pas d'alcool, la musique est naze !

Helen vint s'asseoir à leur table.

- Vous avez intérêt à apprécier la soirée sinon je vous mets à tous un zéro !

Naomi haussa les sourcils. Helen plissa les yeux.

- Quoi ?
- Madame vous portez une robe ?!
- Je suis censée vous surveiller avec l'autre abruti de Tenorman !
- Le gars qui m'a menacée parce que mon père est le frère de Roland Smirnoff ?! marmonna Perrine.
- Ouais. Ce gars-là. Perrine, tu es une bombasse ce soir !

Les trois autres haussèrent les sourcils.

- Merci c'est meilleur compliment que j'aurais eu ! admit Perrine.
- Vous êtes saoule ? s'étonna Walter.
- Je n'ai bu que trois verres de champagne !
- Y'a de l'alcool ? Où ça ?!
- Oh pfff ! Une seule bouteille, et on se l'est descendue avec ceux qui nous ont aidé pour la déco !

Wallace tapa du poing sur la table.

- FUMISTERIE !!
- A côté, ta soirée, effectivement, c'était beaucoup plus marrant ! admit Walter.
- Je vous laisse, j'ai à faire...
- Madame !

Wallace lui tendit un bout de pain.

- Pour éponger la bibine !
- Merciiiiii !

Helen grignota et s'éloigna.

- Cette prof est géniale ! sourit Wallace.

Mike, Rebecca, James, Fey, Steven et Gina partageaient la même table.

- Tu es un connard, un abruti, tu ne respectes rien, j'en ai MARRE de sortir avec toi ! grommela Gina.

Fey haussa les sourcils. Rebecca grimaça.

- Mais puisque je te répète – mais en fait t'es pas seulement CONNE, t'es SOURDE aussi – que j'ai pas eu la bonne heure !!!
- Mais putain, 19 heures c'est pas difficile à retenir non ?!!
- Oh ta gueule tu me saoules !!
- Ne me parle pas sur ce ton, putain, c'est TOI qui voulait qu'on sorte ensemble !
- Eh pour rappel j'te l'ai pas demandé quand tu me taillais une pipe, du coup t'avais pas la bouche pleine, et donc tu pouvais me répondre oui ou non, pétasse !!

Gina gifla Steven. Lequel la vit partir vers une autre table. Steven regarda les autres.

- C'est la vie quoi ! Y'a autre chose que du ponch non-alcoolisé ?!

Santana, Violette, Lilian et Léon faisaient la connaissance de Blaine MacKevinson, nouveau BF d'Amélia.

- J'adore la Chine. J'suis déjà allé dans le quartier chinois d'Ogoesse !
- Oh. Moi j'y suis né et j'y ai été élevée ! assura Santana.

Violette sourit. Lilian et Léon était éberlués.

- Ca devait être trop cool. C'est trop bon, les nems.
- Je suis on ne peut plus d'accord avec toi.

Blaine sourit et regarda les jumeaux.

- Hey, vous êtes trop marrants, on dirait que vous êtes des clones !
- ... oui, on... oui ! balbutia Léon.
- Des clones, voilà... marmonna Lilian.
- Et vos chemises sont de la même couleur en plus !

Violette, Santana et Amélia haussèrent les sourcils. Lilian regarda son smoking bleu et Léon son costume rouge.

- Euh...
- Mais... non ! s'étonna Violette.
- Lui il est en rouge et lui en bleu !

Blaine plissa les yeux. Santana se releva, surprise.

- Tu serais pas... daltonien, par hasard ?
- Dalto quoi ? J'suis pas handicapé...

Violette, Lilian et Léon serrèrent les dents. Santana rassembla son sens du devoir et sa grande magnanimité.

Anaïs – I love you

- La décoration est très jolie, j'adore ! sourit Christina.

Tino lisait un livre de poche assez épais. Orson soupirait, ennuyé. Robbie était quelque peu lourdé. Christina était toute contente. Tristan semblait très obligé. Holly vit arriver Gina.

- Hey... ça va ?
- Hm... Tu fais quoi à cette table de merde ?! s'étonna l'hispanique.
- Y'avait pas de place ailleurs.

Gina acquiesça.

- Oh... On va trouver une autre place ?
- T'as rompu avec Steven ?
- Nan, j'le laisse gamberger, c'est juste un con.
- Oh. Allons-y.

Holly prit son sac. Orson soupira.

- On est en nombre impair...
- Tu devrais voir un psy pour ce Toc... marmonna Tino.
- Tu lis quoi ? s'étonna Robbie.
- « Guerre et Paix ».

Robbie haussa les sourcils. Tristan s'étonna.

- T'es toujours sur ce bouquin ?
- Oui très cher meilleur ami de moi, toujours.

Quelqu'un s'installa à leur table. Une fille un peu décoiffée, piercée, mal habillée.

- Putain qu'est-ce qu'on se fait chier...
- Bonjour ! sourit Orson.

La fille regarda Orson, puis les autres. Elle se leva et partit, apeurée.

- Wow... s'étonna Robbie.
- L'harmonie... L'harmonie est si brêve... soupira Orson.

Benjamin était assez destabilisé. Andréa et Clive étaient à la même table que d'autres gothiques.

- Y'a aussi cette vidéo avec la meuf qui lèche sa serviette hygiénique usagée !
- Dégueu !!
- Y'a vraiment des trucs graves sur Youtube !! ricana Andréa.
- Tu m'étonnes, dire qu'avant c'était juste un site de merde avec des clips débiles !

Le bal s'ouvrit, et les couples furent invités à danser. La plupart se pressèrent sur la piste. Francis, Ana, Quinn et Lucy ne se pressaient pas.

- C'est pas que je veux pas danser mais honnêtement je suis pas d'humeur... souffla Quinn.
- Totalement, et puis bon danser toutes les deux, ce serait juste bizarre ! ricana Lucy.

Francis n'osait pas demander à Quinn. Ana soupira et regardait son téléphone.

Fey et James se dirigèrent vers la piste.

- Je sais toujours pas danser, Fey !!
- Mais c'est pas grave ! Personne ne sait danser ! Fais juste ce que je dis et ce sera très bien !

Mike fit un mouvement pour se lever. Rebecca leva les yeux au ciel.

- Tu ne me TOUCHES PAS sous la taille !

Mike haussa les épaules.

- Ok !
- Et tu ne froisses pas la robe ! Sinon je te tue ! Oh et idem pour les saletés, frotte-toi bien les mains avant de me toucher !
- Tu... veux pas que je mette des gants aussi ?
- Ce serait i-dé-al !

Mike plissa les yeux.

- Qu'est-ce que j'ai été accepter ça, moi...

Christina prit Tino par le bras.

- Allons danser !! Ca va être tellement bien !
- Je lis, Christina.
- C'est un bal de promo, tu n'es pas censé lire ! Robbie est parti chercher quelqu'un avec qui danser, Tristan aussi, alors viens, s'il te plait !

Tino releva la tête, excédé.

- J'ai fait le choix de ne pas danser ce soir ou de ne pas avoir de cavalière. Respecte ça, s'il te plait.
- Mais...
- Tu m'aimes, Christina ?

Celle-ci rougit.

- Euh... Meuh... Euh... Ou... Oui, enfin euh...
- Alors dans ce cas-là, respecte mon choix !

Christina laissa Tino, embarrassée. Orson se contentait de manger ce qu'il avait pris au buffet.

Michael Jackson – Blood on the Dancefloor

Wallace commençait à être gave. La soirée avait pourtant commencé depuis quinze minutes.

- Perrine, si tu veux...

Perrine regarda Wallace qui haussa les épaules.

- Tu peux aller danser avec quelqu'un d'autre !

Perrine regarda Wallace, pas très étonnée. Il haussa les sourcils. Tentant, n'est-ce pas ?

Robbie arriva.

- Euh... Est-ce que... l'une de vous deux voudrait danser ?

Naomi désigna discrètement Walter. Perrine poussa un énorme soupir, frappa sur la table et se leva.

- Allons-y.
- Ne... te sens pas obligée... marmonna Robbie.
- Aussi surprenant que cela puisse paraître, j'en ai envie !

Robbie sourit et se dirigea avec Perrine sur la piste de danse. Francis, Lucy, Quinn et Ana s'étaient décidés. Amélia et Blaine y étaient également. Violette regarda Santana qui haussa les épaules.

- C'est quoi le plus drôle, danser ou... manger de la salade sur une table décorée avec des guirlandes électriques ?

Violette sourit.

- Ca craint un peu, non ?
- La vie craint. Les gens rendent la vie un peu plus intéressante.
- Tu... n'as pas l'air d'apprécier les gens !
- Les gens ne m'apprécient pas, nuance. Je ne suis pas très... appréciable, c'est tout. Je sais que d'un côté je dois faire des efforts, mais... pas de là à changer complètement.

Violette acquiesça.

- Et toi, Violette, es-tu prête à changer ?

Violette grimaça.

- Euh... bah...
- Violette...

Elle regarda Steven qui soupirait.

- Tu viens danser ?
- Euh...
- On parle ! signala Santana.
- Oui d'accord !

Violette se leva pour aller danser avec Steven. Santana haussa les sourcils, courroucée.

- Chier, putain !

Walter soupira.

- Tu ne peux pas dire ça !
- Mais si ! Il y a des remakes de séries qui ne sont pas si mal !
- L'original sera toujours meilleur ! souffla Naomi.
- Oui mais le remake peut apporter quelque chose !
- Pas toujours, Walter. J'ai vu des séries brittaniques juste violées par leur remake américain !
- Comme ?
- Skins !
- Ouais. Mais Shameless, par exemple, c'est réussi !
- Grâce aux acteurs !
- Oui, c'est vrai...

Wallace plissa les yeux. « Génial, Walter est giga chiant le soir le plus chiant de l'année... »

- Hey !

Wallace posa ses yeux sur le nouvel arrivant à la table et il leva les yeux si fort que le plafond en pâtit.

- Tristaaaaaaaaan... grommela Wallace.
- Ca va ?
- Jusqu'à maintenant c'était très chiant, maintenant c'est atroce !
- Ah... Tu t'ennuies ?
- Oui, beaucoup.
- C'est... sûr que par rapport à ta soirée, c'est pas terrible... A propos, j'espère que tu... enfin que tu n'as pas imaginé des choses, parce que... Enfin, tu sais ce que c'est...

Wallace se passa une main ultra gavée sur le visage, l'ennui faisant et l'emmerdement massif causé par la présence de Tristan lui montant au nez.

Christian TV – 1, 2, 3 Turnaround

Wallace s'étonna.

- J'adore cette merde !

Tristan s'étonna que Wallace ne l'écoute pas. Le jeune homme lui prit la main.

- Viens on va danser !
- Euh... Non !
- T'es pas drôle ! sourit Wallace.
- T... Tu sais bien que j'peux pas...
- Ok. Bah va-t'en alors.

Tristan grimaça.

- Euh... mais...
- Mais quoi ? T'es venu pour quoi si tu veux pas danser ? Si tu peux pas danser ? Hein ? Fous le camp de cette table.

Tristan s'éloigna, quelque peu dépité. Il se mordilla les lèvres.

« Il a raison, tu cherchais quoi ?! »

Il regarda les danseurs. De nombreux couples. Dont deux garçons qui semblaient bien s'entendre.

« Un... ami ? Un petit ami ? Qu'est-ce que tu cherches, Tristan Edison ?! »

Perrine était surprise de danser. Robbie souriait et était vraiment très rassurant pour elle.

- Ca alors... J'ai pas honte, j'suis pas embarrassée... Qu'est-ce qui m'arrive ?
- Tu avais peut-être envie de t'amuser un peu, au fond !

Perrine haussa les épaules, un demi-sourire aux lèvres.

Helen somnolait. Holland la regarda.

- Vous n'allez pas me dire que vous vous ennuyez !
- Excusez-moi, c'est vrai que c'est passionnant, de regarder des élèves danser sous des lumières stroboscopiques, génial !

Holland leva les yeux au ciel.

- Vous n'êtes jamais contente. Que doit faire un homme pour vous satisfaire ?
- Ne pas me demander ce qui pourrait me satisfaire !
- C'est une bonne piste.
- Pourquoi vous vous intéressez à moi, déjà ?! J'me rappelle pas à quel moment on est passés de « Je vous hais parce que vous êtes le rat du proviseur » à « Quelque chose me dit que nos organes génitaux vont intéragir » ?!
- Vous êtes d'un romantisme inoui.
- Merci. Ca ne répond pas à la question.

Holland inspira.

- Vous êtes fascinante et je suis attiré par les gens fascinants !
- Eh bah à côté de ça, Roméo et Juliette c'est un roman porno...

Holland grimaça. Helen soupira et se positionna pour vraiment s'endormir.

- Réveillez-moi quand ça deviendra intéressant.
- Hm... Je vais aller voir si tout se passe bien avec la logistique des taxis qui devront ramener les élèves.
- Oh oui, rendez vous donc utile et faites ça !

Holland regarda Helen, taquine.

- Vous pouvez penser que je suis un rat, mais je fais ça parce que si quelque chose se passe mal, je veux être le premier prévenu, je veux pouvoir arranger les choses avant que quelqu'un ne remarque qu'il s'est passé quelque chose. Je suis dévoué à mon travail, aussi bête soit-il. Je me moque de ne pas être... un grand dictateur, un roi mégalomane ou une autre figure historique stupide. Je vous trouve attirante et après, qu'est-ce que ça peut faire ?!

Helen plissa les yeux, pas touchée pour deux sous.

- Allez faire votre boulot et revenez avant que les élèves ne s'entredévorent...

Holland souffla et sortit. Helen s'allongea tranquillement.

***

Justin et Seth firent leur entrée. Le Bulbizarre de Justin trônait entre ses bras. De fait, l'homme était comme souvent un peu voûté.

Les deux clampins de l'entrée vinrent rejoindre leurs chefs.

- Tous les bracelets ont été distribués ?
- Oui chef.
- Les élèves de première année un ont tous reçu des bracelets neutres, les autres des bracelets martiens.
- Excellent, notifia Truce.

Un surveillant s'étonna.

- Qui êtes-vous et que...

Bulbizarre lui cracha une gerbe de Poudre Dodo au visage.

- Vermine. Teresa activera donc son pouvoir. Seth, tu connais ta mission ?
- Je prends d'assaut le bureau du proviseur, je m'adresse aux élèves au micro, j'en profite pour récupérer des dossiers, et ensuite je dirige les troupes annexes.
- Bien. Teresa s'occupe de l'attaque par devant, toi de l'attaque par derrière.

Les deux sbires ricanèrent. Justin leva les yeux au ciel et les endormit aussi avec l'attaque de Bulbizarre.

- Crétins...
- Justin !
- On s'en moque. Avançons.

Ils arrivèrent au couloir menant à l'administration qui comportait aussi l'auditorium. Ils croisèrent alors Holland Tenorman.

- Mais que...
- Flûte... soupira Seth.
- Ah ça c'est embêtant... marmonna Justin.
- Vous êtes Justin Truce !! Et vous Seth Corrigan, nous nous sommes vus lors de la...

Bulbizarre fit taire Holland en enserrant sa bouche avec une liane faisant le tour de sa tête.

- Justin...
- Je sais, c'est juste pour lui faire peur.

Bulbizarre endormit Holland avec une bonne salve de poudre.

- Il va falloir l'enfermer quelque part, cet homme est dangereux.

Seth s'étonna.

- Comment ça ?
- La Pokéball de Dracolosse vibre. C'est ce qu'il fait lorsqu'il est excité ou intimidé. Enferme-le dans le bureau de la doyenne.

Seth traina Holland jusque dans la pièce. Il l'y posa et ferma la porte.

- Bon... La voie à l'air libre, tu peux y aller, je m'occuperais du hall pendant l'attaque.
- D'accord. N'en fais pas trop !
- Plus tu dis ça, moins ça a de sens...

Justin se dirigea vers la sortie. Bulbizarre attrapa les deux sbires avec deux lianes et les traina derrière Justin. La porte automatique s'ouvrit. Justin sortit les deux corps et les posa à côté de l'entrée.

- Teresa !

La petite dame réhaussa les lunettes.

- Seth va se mettre en position.
- Bon. J'espère que l'opération sera un succès.
- Le rôle de Seth est crucial, il doit récupérer ces informations, le reste est juste part du processus d'évaluation.

Teresa acquiesça.

***

Pablo avait été plutôt surpris par mon initiative. Et sa réaction me prouva qu'il était loin d'être aussi con qu'il n'y paraissait.

- Il n'y a rien de honteux. Tu as fait ça pour survivre. N'importe qui l'aurait fait. Poussé par la faim, la soif et la volonté d'avoir un abri, n'importe qui ferait des choses pareilles. Le monde moderne est ainsi fait. Il nous pousse au pire, mais nous fait sans cesse aspirer au meilleur...

Seth pleurait et acquiesçait. Pablo lui tapota l'épaule.

- Mais c'est fini maintenant ! Tu peux mener la vie que tu veux ! Il te suffit de rester avec nous ! C'est une opportunité que tu dois saisir. Bien sûr nous te laisserons partir si c'est ton souhait, mais tu as tout intérêt à rester. Quoi qu'il en soit, ce sera ta décision.

Seth acquiesça. J'étais surpris de voir que Pablo était vraiment parfait pour sceller des amitiés en bonne et due forme. Je lui soupçonnai un talent certain pour les relations publiques.

- On va où ? demanda Seth.
- Voir un ami docteur de Pablo.

Seth acquiesça.

- Pour quoi faire ?
- J'ai besoin de lui pour notre plan à moi et à Roland pour vaincre la Zone de Combat.

Seth s'étonna.

- ... vous déconnez, les mecs, c'est pas possible.
- Mais si, tu verras !

Je regardai Pablo. Nan, impossible qu'on ait dit ça en chœur.

***

Jackson Wound avait l'air du parfait type que même moi j'aurais tabassé à l'académie. Lunettes, cheveux poivre et sel, la petite trentaine, l'air totalement bizut. Même Seth avait secrètement envie de lui faire des brûlures indiennes.

- C'est lui, Roland Smirnoff ?
- Oui. Roland, je te présente Jackson Wound, un des plus grands médecins Pokémon du monde. Jackson, Roland Smirnoff vient de Poképolis où il était professeur de dressage.
- Monsieur...
- ... b'jour.
- Et voici Seth Corrigan.

Jackson regarda le gamin sale, en veste miteuse.

- ... Pablo, pas si jeune !
- Crétin, c'est... le... protégé de Roland.

Jackson me regarda et rehaussa ses lunettes. Je secouai la tête immédiatement.

- Pas comme vous pensez !
- Oh.
- En quoi vous pourriez m'aider à devenir plus fort ? Parce qu'à part faire des pansements sur mes Pokémon, j'vois pas trop...

Jackson soupira.

- Les gens pensent qu'un médecin est un dresseur inutile et sans force. Qu'un médecin n'a rien à apporter à ses Pokémon ou aux Pokémon des autres. Mais je ne suis pas un simple médecin, je suis aussi un scientifique. Monsieur Smirnoff, connaissez-vous Astor Benz ?

J'acquiesçai.

- Vraiment ?
- Je l'ai plus ou moins fréquenté pendant une période.

Jackson grimaça. Je levai les yeux au ciel.

- Y a-t-il UNE PERSONNE dans cette pièce qui ne pense pas au sexe en ce moment !

Pablo leva la main.

- Baveuse !!
- J'te jure, les laboratoires, ça me coupe la chique !
- C'était en toute amitié et en tout professionnalisme ! grommela Roland.
- Je m'en doutais bien, c'est juste que c'est étonnant de croiser quelqu'un qui a... côtoyé monsieur Benz.
- Longue histoire, peu de temps.
- Certes. Monsieur Benz était un individu peu fréquentable aux manières déplaisantes, MAIS il a créé une innovation cruciale dans le domaine scientifique. Une innovation que je me fais un devoir d'étudier.
- Ca a quelque chose à voir avec le fait que je doive éclater la zone de combat ? demandai-je en regardant Pablo.

La blondasse trop bronzée secoua la tête.

- Savez-vous qu'Astor Benz emprisonnait certains de ses criminels en état d'arrestation dans une autre dimension avec l'aide de son Ténéfix ?

Je plissai les yeux. Il utilisait les noms francophones des Pokémon, et il n'était donc pas d'ici, tout comme moi.

- Euh bah oui, j'ai assisté à ce phénomène...
- ... plait-il ?!
- J'ai assisté au... en quelque sorte au bannissement de deux vieux criminels de merde... Je sais plus exactement ce que c'était...

J'essayai de me souvenir de cette attaque. On en avait parlé avec... merde, je veux pas repenser à eux. Pourquoi tout dans ma vie m'y pousse, ça fait chier...

- Il y avait... cette maîtrise de Griffe Ombre...
- Monsieur Benz était un technicien scientifique très réputé...
- TENEBRES ! C'était une déclinaison de Ténèbres !

Jackson hocha la tête.

- Monsieur Smirnoff, vous êtes professeur...
- Etais.
- Vous étiez professeur. Vous savez donc qu'en théorie, même un dresseur extrêmement performant n'utilise que...
- 50% de la puissance réelle de son Pokémon.
- Exact. Les Maîtres de la Zone de Combat y parviennent à 100%. Tout comme les gouvernants de votre nation natale, Poképolis.

Je hochai la tête comme à chaque fois que j'entendais un truc vrai. Jackson soupira.

- En très grande partie, grâce à moi.

Je m'avouai franchement intrigué. Et puis je compris grâce à mon esprit supérieur.

- ... c'est VOUS ! Vous avez dirigé les recherches gouvernementales de Poképolis sur les Pokémon !!!
- Je tiens d'abord à dire que durant toute ma carrière, je n'ai jamais cherché à faire du mal au moindre Pokémon. J'ai toujours tenu à faire respecter les règles sans toutefois trop de zèle, mais avec le gouvernement... Disons que j'étais entouré de gens qui avaient moins de scrupules... Si seulement j'avais pu détecter les agissements de certains plus tôt... cette maudite Blyth par exemple...

J'étais scié. C'était la même sensation qu'après avoir vu comment Anakin devient Dark Vador.

- ... J'ai... connu... quelqu'un qui... avait un Corayon qui avait subi vos expériences !
- Ah, oui, ce sujet, je m'en souviens. Il s'agissait de développer les attaques Roche de et les contrôler comme si c'était de la roche molle ! Un sujet très intéressant. Pour en revenir à Benz, excusez-moi, j'adore me disperser, il avait réussi à créer une autre dimension.

Je grimaçai. Là, ça devenait débile.

- Et je m'intéresse fortement à ce phénomène. J'ai un Kaorine, mon seul et unique Pokémon...

Jackson le sortit.

- Avec mes expériences, j'ai réussi à combiner Telluriforce et Extrasenseur. De fait, il ne peut plus utiliser les deux attaques normalement. Ce mélange, habituellement, crée une toile de terre assez pratique, un tissu de terre dont je me sers en combat.
- C'est chiant... souffla Seth.
- Shhhhht ! grommelai-je, intéressé.
- Un jour, j'ai concentré l'attaque sur un carré de cinq centimètres sur cinq. Et j'ai eu l'idée d'utiliser Distorsion en même temps.

Je ricanai.

- Combo de trois attaques, ça ne tient pas en général.
- J'y suis arrivé douze secondes.
- C'est déjà assez énorme, les experts maintiennent la concentration trente secondes maxi.
- De quoi ils causent ? demanda Seth à Pablo.
- De trous, visiblement... sourit Pablo.
- Et quelque chose est sorti du trou.

Jackson ouvrit un coffre, visiblement blindé, gardé avec une combinaison à dix chiffres. Il en sortit une boulette de papier chiffonné. Il me la tendit. Je le regardai, totalement mystifié.

- Vous êtes taré.
- Regardez.
- Vous me donnez ça comme ça ? C'est pas censé être très précieux ?! Je pourrais être un taré, un voleur, quelqu'un de rattaché à des affaires louches qui voudrait utiliser vos expériences à mauvais profit !
- Je ne suis pas stupide, monsieur Smirnoff, quand Pablo m'a appelé, j'ai vérifié les archives, la chose la plus illégale que vous ayez faite c'est participer à des combats clandestins. Et aussi vous avez une main courante contre vous pour destruction de biens, lancée par tout un quartier à Cimetronelle.

Je haussai les sourcils.

- Fuck...
- C'est le cas de le dire. Lisez.

Je dépliai le papier chiffonné.

« EN VIE - G »

La grimace que je fis devait être bien convaincante.

- Certes... En vie, G... vous avez ouvert une porte donnant sur un vagin, quoi !

Pablo éclata de rire. Seth grimaça. Jackson hocha la tête.

- Oui. C'est sans compter sur Cynthia Karashina, Jethro Gallhager et la Team Galaxy.
- J'vois pas qui c'est. Enfin, Cynthia, si, c'est une personnalité politique, mais elle est morte.
- Ah oui ? Où est le corps ?
- Dans sa tombe, ma foi !
- Où est le corps ?

Je levai les yeux au ciel.

- Elle a disparu, on a fait une tombe comme ça pour faire bien !
- Elle a disparu au sommet du Mont Couronné.
- Et alors ?
- Dialga et Palkia sont censés y vivre...
- Foutaises...
- Vous voulez ma théorie ? Cynthia Karashina et Jethro Gallhager sont dans une autre dimension qui diffère de celle-ci. Certains Pokémon peuvent y accéder.

Je secouai la tête, j'avais l'impression d'écouter la suite de Star Wars, réalisée par Disney. Oh mais attendez, cette suite existe, je suis même allé la voir. Scoop : C'était nul.

- Vous... venez de perdre le peu de crédibilité que vous aviez à mes yeux.
- Ca ne vous intrigue pas, un autre monde que le nôtre, une autre dimension, un autre univers ? Les possibilités que ça implique ?
- Le nombre de saisons qu'on pourrait ajouter aux « Feux de l'Amour » ! souffla Pablo, lassé.
- Non, pas du tout. Ce qui m'importe c'est ce monde-là. Et l'aide que vous pouvez m'apporter, qui est la raison pour laquelle Pablo voulait que je vous rencontre. Vos conneries dimensionnelles, ça ne m'intéresse pas... des masses, avouai-je.
- Oh, exact. Outre mes talents de médecins et mon intérêt pour la science, je suis un préparateur physique reconnu.
- Z'avez quel âge ?
- Trente-sept.
- La vache. Par contre j'vous préviens, hors de question que vous injectiez quoi que ce soit à mes Pokémon ou que vous... rendiez mon Tartard radioactif, capable de se transformer en marteau, ou d'autres conneries comme ça !
- D'une, ce serait contreproductif et inutile. De deux : vos adversaires ne feront pas autant de cas.
- J'ai vu ce que ça a fait à ce Corayon...
- A-t-il souffert ?

Maudits scientifiques.

- Disons que je suis un traditionnaliste. Je ne veux pas que mes Pokémon changent, je veux garder le contrôle et le suivi sur tout ce qu'ils apprennent !
- Et si je vous permettais d'ouvrir une porte vers de nouvelles techniques, d'atteindre un niveau de maîtrise tel qu'à termes vous auriez juste à penser les choses pour qu'elles adviennent ? Vos Pokémon, immédiatement liés à votre imagination.

Vous voyez mon regard de suspicieux ? Vous imaginez mon regard de suspicieux niveau 99 ? Bah je l'fais, là.

- ... Vous ne leur injectez rien, on est d'accord ?
- Ca dépend du Pokémon. Vous avez un Pokémon Roche ?
- Nan.
- Alors je pourrais tout faire par gélules.
- ... c'est pas plus rassurant.
- Aucune douleur, rassurez-vous, la recherche est très avancée !

Je soupirai, ayant l'impression de vendre mon âme au diable.

... ce dont au fond je me foutais royalement. Gagner une nouvelle maîtrise de mes Pokémon, ça, c'était intéressant.

- Une dernière chose. Vous me garantissez que le niveau que vous allez me faire atteindre, je ne pourrais pas l'atteindre avec l'effort ?
- Garanti. Les agents du Gouvernement ont tous atteint leur niveau avec mes expériences. Et les Maîtres de zone également. Vous ne feriez qu'utiliser les mêmes armes en fait.

Gros soupir rolandien de résignation face à l'existence grasse et moche qu'elle est laide et injuste. Pablo lâcha son téléphone.

- Bien ! Je viens de racheter ton immeuble, Jackson !

Surprise de ma part, ainsi que de Seth et Jackson. Pablo sourit.

- Je m'installe chez toi !
- ... même pas en rêve !!
- Enfin à l'étage au-dessus !
- Je comptais en faire un auditorium pour mes conférences ! soupira Jackson.
- Eh bah non. Bien, Roland, on a une dernière personne à voir.
- Qui, encore ?
- Une vieille amie qui me doit un service. Tu as besoin d'un dresseur fort pour franchir une certaine zone de combat...
- ... Le Double Heart Center, comment ai-je pu oublier ça ! grommela Roland.
- Eh oui, tu as besoin d'un partenaire. Et mon amie est une sacrée dresseuse...

Jackson plissa les yeux.

- Je la connais ?
- Ce serait très étonnant et ça en dirait très long sur toi et tes soirées arrosées ! sourit Pablo.

***

Les trompettes résonnèrent. Le rideau de velours rose s'ouvrit.

Elle était devant le micro. Un sosie de Jessica Rabbit. La même. Rousse, pulpeuse, grande, robe rouge écarlate. Elle commença à baragouiner une chanson avec une voix super sensuelle. J'en avais presque quelque chose à foutre de ce qu'elle chantait. Je vous jure.

Pablo regardait avec indifférence, habillé comme Elton John en tournée en Grèce. Jackson, dans un petit costume étriqué, semblait mal à l'aise. Seth, dans des habits neufs que Pablo s'était fait un plaisir de choisir, était très impressionné.

Et moi, je m'en foutais royalement de ses gros nichons et de sa gueule de pute. Et même de sa chanson de pute. Ce qui m'intéressait, c'était : Est-ce que cette femme peut vraiment se battre à mes côtés à la Zone de Combat ?

Traitez-moi de benêt, j'en ai rien à battre. Le jour où une paire de nichons vaincra un Rattata, revenez me voir !

***

- Qui ?
- Pablo ! Ta vieille copine de beuverie ! Burning Man 2032 !!

Arlène Rhodes haussa un sourcil intrigué.

- On a... toi et moi !

Plus tard.

Je ferais une trilogie de films.

Sur ma vie.

La partie 1 s'appellera : « De Voilaroc à Viol Baroque »

La partie 2 s'appellera : « L'Île aux enfants avec l'autre Pute »

Et la partie 3 s'intitulera sobrement : Roland Smirnoff Partie 3 : Errances de Roland sur fond de vie sexuelle de Pablo Montes, illustre salope internationale.

Promis, après ces films je me suiciderai avec splendeur en m'empalant sur la statue de je ne sais quel général français à cheval avec une arme. Je suis sûr qu'ils en ont plein, des comme ça.

Arlène sembla s'en rappeler, pas plus inquiète que ça.

- Mon Dieu, j'étais tellement ivre et shootée à cette époque, je ne me rappelle que trois mois de cette année précise... Qu'est-ce que tu veux, Montes ?!
- J'ai besoin de tes talents de dresseuse. Ca y est, je m'y mets, j'attaque la zone de combat !!

Arlène eut un rire.

- Moi ? Pablo, tu peux me coacher tant que tu veux, je ne gagnerai jamais aucun match contre ces fanatiques de la baston extrême !
- Non, pour une épreuve, j'ai besoin que tu accompagnes mon poulain !

Pablo me désigna. Je semblai gavé.

- Cet endroit pue, j'ai faim, je suis fatigué, je te déteste Pablo.
- Arlène Rhodes, je te présente Roland Smirnoff !

Arlène me dévisagea.

- Inintéressant.
- Je vous rends le compliment, monsieur... soupirai-je.

Et vous noterez que ce n'est pas difficile d'être super offensant avec une garce, il suffit de l'appeler « Monsieur ».

- Je me suis contentée de dire « inintéressant », vous n'étiez pas obligé d'être insultant. Pablo, c'est quoi cette histoire ?
- Je veux que tu viennes t'installer avec nous dans l'immeuble de Jackson, qui est à présent le mien...
- Bonjour ! sourit Jackson comme un Bisounours en chaleur.
- ... afin que nous mettions au point le plan pour déglinguer la zone de combat !

Arlène sembla se réveiller d'un mauvais rêve.

- Aaaaaaah, oui, c'est toi le dingue qui a une dent contre Kent !
- Voilà !
- Mon Dieu, jusqu'à maintenant je me souvenais de toi comme du blond qui avait oublié de m'enlever ma petite culotte avant de me sauter !

Je ne pus m'empêcher de rire. Jackson et Seth firent de même, amusés. Pablo leva les yeux au ciel.

- Inutile de...
- Oui, tu as raison, d'autant que tu étais vraiment pitoyable. Combien je suis payée ?
- ... euh, bah...
- Pablo, je ne fais rien gratuitement, surtout pour toi !
- Je...

Avec le recul, j'sais pas pourquoi j'ai dit ça. Honnêtement.

- J'veux bien vous reverser 25% de mes revenus suite à mes futures victoires aux épreuves de la zone.
- Futur, éventuel, probable, autant de mots qui me donnent envie de vomir.
- Vous voulez tester sur pièce ?

Pablo, Jackson et Seth me regardèrent, surpris. Arlène se releva.

- Vous êtes un amant de Pablo ?
- Nan ! grommelai-je.

Et là, elle sortit la phrase qui allait me perdre, moi et mon cerveau faible d'homme facile :

- Dommage. Vous auriez été rôdé pour ce que je vais vous mettre.

***

Pablo, Jackson et Seth s'étaient placés sur le côté. Dans la rue derrière le Dandy Warhol, je faisais face à une chanteuse de cabaret qui ressemblait à une pute de cartoon. Génial.

Comme toujours devant une belle femme, mon premier réflexe c'est de faire la conversation. Certains bavent, d'autres bandent, moi je bavarde en bande. Chacun sa méthode.

- Avant qu'on se batte, je peux avoir vos antécédents ?
- Mes ?
- Quelle école vous avez suivi ? Si Pablo s'intéresse à vous, je suppose qu'il y a une bonne raison...

Arlène acquiesça.

- Née et élevée dans un cirque. Toujours passionnée par le monde du spectacle, spécialisée dans l'acrobatie.

J'acquiesçai mollement.

- Je vois ce que vous vous dites, vous avez une tête à... bosser dans un bureau.
- Vous voulez qu'on parle de votre tête ? J'étais prof.

Arlène eut un sourire méprisant.

- D'accord. Vous pensez que dans notre monde, nous sommes faibles et n'élevons nos Pokémon que dans le but de divertir, mais nous avons un réel point d'honneur à développer notre souplesse et notre force. Et vous ?
- Je sais que je veux devenir prof depuis l'âge de dix ans, j'ai été littéralement dressé par mon père, tel un Pokémon, pour devenir prof, mon père étant un tel abruti qu'il pensait que nous, ses enfants, étions de vulgaires Pokémon. De fait j'ai mis sur pieds une équipe calibrée pour la victoire, j'ai mis longtemps à capturer des Pokémon pour le plaisir de les dresser pour moi.

Arlène hocha la tête.

- Je propose un double, histoire de voir. Je suppose que vous avez besoin de moi pour le Double Heart Center.
- Yep.
- Eh bien voyons déjà si vous savez maîtriser un match à deux Pokémon contre deux. Ferrothorn et Nidoqueen !!

Les deux Pokémon apparurent. Une rapide analyse de la situation me dit rapidement qui appeler.

- Fournil et Nout !!

Héricendre et Minotaupe apparurent. Pablo haussa les sourcils, terrifié.

- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Seth.

Pablo se pencha vers le jeune homme.

- Il ne l'a pas entrainée du tout !! Je viens tout juste de lui acheter ce matin !!

Arlène avait entendu tout comme moi. Je soupirai.

- Discrétion, tu connais pas, toi !
- C'est si étonnant ? souffla Arlène.
- Nan, en fait nan...
- Je ne sais pas comment je dois prendre le fait aberrant que vous fassiez usage d'un Pokémon que vous venez d'acheter.
- C'est mon seul Pokémon Feu pour battre votre Noacier, en fait.

Arlène sembla surprise. Mais c'était vrai, c'était pour ça.

- J'avoue que l'usage d'un Noacier, ça me perturbe, mon équipe n'est pas vraiment faite pour affronter ça...
- Peut-on commencer à se battre ?
- Je vous laisse la main.

Arlène acquiesça.

- Bon. POWER WHIP !

Noacier bondit, se fixa entre deux immeubles avec deux lianes. La troisième alla frapper vers Minotaupe et Héricendre avec une puissance monstre.

- TUNNELIER !

Minotaupe fonça pour contrer le bras vengeur de Noacier. Arlène sourit.

- Comme c'est mignon de laisser cette pauvre Cyndaquil à découvert...

Je haussai les sourcils.

- C'est une FILLE ???
- C'est la dernière qui restait ! geignit Pablo.
- M'ENFIN QUITTE A AVOIR UN TYPHLOSION, AU MOINS UN MALE UN PEU VIRIL !
- Tu t'en fous, c'est pareil !!! grommela Pablo.
- NAN ! EN PLUS CA VA ME FAIRE... QUATRE FEMELLES SUR DOUZE POKEMON !!!
- Et pis ?! C'est quoi ce machisme primaire, là ? Un Typhlosion femelle c'est...

Je poussai un grognement dans la direction de Pablo qui se recroquevilla, peiné.

- Je vais être obligé de la renommer ! Héricendre, tu vas désormais t'appeler... euh... Jackson, trouve-moi un surnom !!

Jackson regarda à gauche, à droite et haussa les épaules, perturbé.

- Gnnn... Amber !!
- Ca va lui porter malheur !! geignit Pablo.
- M'en TAPE ! C'est TA FAUTE !!! grognai-je.
- Vous n'êtes pas très concentré. Poison Sting !

Nidoqueen ouvrit la bouche et cracha vers Héricendre des dards venimeux.

- 'chier !! grommelai-je. Griffe Acier !

Minotaupe se libéra de l'obligation de Noacier et alla protéger Héricendre.

- Vous êtes juste trop mignon, mais c'est bien inutile, vous êtes censé me prouver que vous êtes digne de ma confiance.

Bah voyons.

- C'est que ça depuis le début, ma foutue vie... grommelai-je.

Arlène haussa son seul sourcil visible. J'étais tendu. Sa remarque me remémorait que j'étais en train d'essayer de construire quelque chose avec bien peu, et en m'en remettant uniquement à d'autres. Pour un égocentrique mégalomane comme moi, c'est quand même un foutu comble.

- Confiance, confiance, confiance, se reposer sur les autres et au final, on est trahi...

Pablo plissa les yeux. Jackson, Seth et Arlène penchèrent la tête, intrigués.

- Hm... Je pensais que ce serait intéressant mais non. Ferrothorn, Gyro Ball.

Noacier retomba à terre et fit tournoyer ses trois lianes comme des lassos.

- Nidoqueen, prête... EARTH POWER !

Nidoqueen recula et provoqua des explosions sporadiques. Enfin pas tant que ça.

« Quatre explosions qui arrivent sur moi en spirale... »
« Et son Noacier... »

Le Pokémon Boule Epine envoya ses trois lianes en fronde vers moi et mes Pokémon.

« Ouh bordel réfléchis, réfléchis putain... »

La Telluriforce porta. Je savais ce que j'avais fait, mais cela allait-il marcher...

Minotaupe en sortit intacte. Héricendre, posée sur sa tête, de même.

- Rapid Spin ? Bien joué...
- Vous savez ce qu'est l'attaque Tour Rapide ? Surprenant !
- Vous n'avez aucun intérêt à faire le malin. Bullet Seed et Poison Sting.

Au début je me suis dit « Bwoh l'attaque de merde ». Et pis j'ai vu genre le millier de trucs qui m'arriva sur la figure, des graines et des dards par milliers.

Fallait encore que je joue sur la défensive... Oh et pis merde.

- Nout, prends Amber.

Minotaupe prit Héricendre dans ses bras.

- TUNNELIER !

Minotaupe prit sa force de vrille et fonça dans le tas. Les graines et les dards ricochaient sur elle. Arlène était surprise.

- Oh... vous êtes le premier à percer cette attaque...
- J'en avais un peu marre de la jouer défensif, fallait bien que j'attaque.
- Sage décision...

Minotaupe arriva vers le duo. C'est Nidoqueen qui réceptionna l'affaire.

- Earthquake !!!

Nidoqueen frappa Minotaupe et l'enfonça dans le sol. Pressée contre terre, Minotaupe relâcha Héricendre qui roula entre les jambes de Nidoqueen.

- Pardon ?!

L'échidné de feu regarda Noacier, intriguée. Le Pokémon plante haussa les sourcils.

- AMBER, ATTAQUE REBONDIFEU !

Héricendre cracha la boule de feu qui aspergea Noacier. Le Pokémon eut un vif mouvement de recul.

- SPAMME AVEC FLAMMECHE ! DANS SA FACE !!!
- Nidoqueen !!!

Le Pokémon Sol et Poison se retourna pour démolir Héricendre.

- Vous apprendrez qu'avec moi on ne disperse pas son attention ! NOUT, TUNNELIER !

L'attaque symbolique de Minotaupe frappa Nidoqueen dans le dos. Choquée, le Pokémon femelle retomba au sol alors qu'Héricendre poursuivait Noacier en le bombardant de flammèches.

Arlène, humiliée comme il fallait, rappela ses Pokémon.

- Je vois, je vois... Vous en valez effectivement peut-être la peine...
- Bah ouais. Faut toujours me croire, tout ce que je dis est vrai. Toujours.
- ... mais vous êtes bien un mâle avec ce que ça a d'inconvenant...

Encore une salope. C'est pas vrai. Pourquoi moi ? Qu'est-ce que j'ai fait au bon Dieu ? C'est quoi cette contrepartie de merde pour ma perfection ? Rhalala...


***

Gangnam Style – PSY feat Hyuna

Robbie et Perrine étaient revenus à table.

- Fini les claquettes ? sourit Wallace.
- Robbie m'a épargné ça ! souffla Perrine.
- C'était sympa quand même ! sourit Robbie.
- Ouais, ouais...

Francis était à fond.

- Je vais réussir cette danse, je vais réussir cette danse !!
- Et nous t'y aiderons ! sourit Léon, à la droite de Francis.
- Exact ! Lilian et Léon dans leur premier grand rôle ! souffla Lilian, à la gauche de Francis.

Quinn regarda Lucy et Ana.

- On est obligées de rester là ?
- Oui ! assura Ana.
- C'est pratiquement mon héritage culturel à deux frontières près ! souffla Lucy.

Benjamin s'était retourné pour voir la danse – de toute façon Andréa et Clive ne faisaient pas spécialement attention à lui.

Orson soupira et se leva.

- Le devoir m'appelle !

Christina regarda Tino.

- Allez ! On va danser !
- Tu entends ce qui va passer ? J'ai un minimum de savoir-vivre ! souffla Tino.

Christina grimaça et croisa les bras sur sa chaise.

- Très bien. Ne faisons rien !
- Je ne fais pas rien, je lis.
- C'est ennuyeux ! Pourquoi es-tu là si c'est pour ne pas danser ? soupira Christina.
- Ce serait notifié dans mon dossier scolaire et ça c'est hors de question.
- Hmph...
- Juste pour rappel, je ne suis pas ton cavalier, je n'ai donc aucune obligation envers toi.
- Ca m'embête pour toi, tu lis ce gros livre ennuyeux...
- Pierre Bézoukhov n'est pas ennuyeux !

Christina soupira.

- Ah oui, alors pourquoi son mariage avec Helene est un tel échec ?

Tino regarda Christina, étonné.

- ... par... parce qu'elle est stupide.
- Pierre n'est pas un cadeau non plus !
- Son père les a arrangés ensemble, ce n'est pas de leur faute !
- Il aurait pu faire des efforts !
- Tout n'est pas si simple ! Pierre a des défauts...
- Pierre est faible !
- C'est un politicien brillant ! rétorqua Tino.
- Un ersatz de Napoléon ! soupira Christina.
- Il l'admire enfin ! Tu as bien des gens que tu admires !
- Oui mais je ne fonde pas mon engagement politique sur eux ! Et si ça peut te rassurer, Pierre trouvera le bonheur. Comme quoi, c'est possible pour tout le monde, même pour toi !

Tino fronça les sourcils.

- Et d'une, ne me spoile pas, et de deux... laisse-moi lire !! grommela Tino en retournant dans son livre.

Christina sourit. « Au moins j'aurais eu une vraie conversation avec toi ! »

Sur la piste, la chorégraphie était déchainée. Francis menait la danse avec brio.

- Heeeeeeeeeeeeey Sexy Baby !!!

Rebecca se contentait d'agiter les bras. James et Fey restaient en arrière. James était complètement vanné.

Violette revint s'asseoir avec Santana qui la toisa.

- Tu t'es bien amusée ?!

Violette haussa les épaules. Santana soupira.

- Je ne parlais pas de la danse. Steven. C'était bien ?!

Violette s'étonna.

- Mais... On n'a rien fait !
- Non mais tu t'es précipitée pour aller danser avec lui. Ca t'amuse de donner le change comme ça ?
- Mais...
- Mais rien, tu es ridicule !

Santana se leva pour aller voir ailleurs. Violette plissa les yeux, gênée.

- Je n'ai jamais adhéré aux mangas...
- C'est étonnant, la plupart des garçons adorent !
- Moi pas, je sais pas, ça me perturbe. Je préfère les BD.
- Qu'est-ce qui te perturbe ?
- Le style, les histoires...

Walter soupira.

- Si tu veux aller danser, vas-y, Naomi, je... J'te retiens absolument pas.
- Oui, comme tu dis, tu ne me retiens absolument pas.

Walter regarda Naomi qui ne bougeait pas. Walter soupira.

- Naomi...
- Ca va je t'assure. Je n'ai absolument pas envie d'aller danser, c'est lourd tout ça... Tout le monde a tellement l'air de faire semblant...

Walter observa les tables, occupées majoritairement par des élèves de leur classe.

- On n'est pas une classe très dansante... Et Tino lit ! s'étonna Walter.
- Tu vois. Je suis pas la seule.

Walter regarda Naomi, ennuyé. Il se mordilla les lèvres.

- Tu... Tu sais Naomi, je ne veux pas être un poids pour toi... Pour personne en fait...
- Tu n'es pas un poids, Walter, cesse de te considérer comme une chose qu'on se trimballe, ça n'est pas vrai ! Ta compagnie m'est mille fois plus agréable que n'importe quelle soirée idiote.

Walter et Naomi se regardèrent, à un point que ça en devenait gênant.

Le Gangnam Style s'achevait sous les applaudissements des danseurs qui s'autocongratulaient.

Les lumières et la musique s'éteignirent. Cris, panique, étonnement. Rebecca se serra contre Mike. Fey contre James. Naomi contre Walter.

- Qu'est-ce qui se passe ?!!
- C'est une simple coupure de courant, Naomi, tu me serres !! geignit Walter.

Les lumières se rallumèrent...

Et il ne restait plus que vingt-neuf personnes dans la salle.

Les vingt-huit élèves de la première année un.

Et Helen Clover lamentablement endormie sur un canapé dans le fond. Elle se réveilla, étonnée.

- Bah où ils sont tous partis ?!
- BLAINE ??? cria Amélia. OH MON DIEU MADAME ! MON PETIT COPAIN M'A PLAQUEE !!!
- Ma pauvre chérie... souffla Helen en se levant.

Wallace, Perrine, Naomi, Walter et Robbie se levèrent, tout comme Clive et Andréa.

- On était avec d'autres gens et ils ont disparu !! s'étonna Andréa.

Helen regarda de tous les côtés.

- Ils ne se cachent pas... Ils ne sont pas partis, les portes n'ont pas bougé...

[Votre attention, s'il vous plait...]

Les élèves levèrent les yeux. Lilian et Léon étaient serrés l'un contre l'autre.

- On va mourir, Lilian !!
- Peut-être, Léon, peut-être...

Walter grimaça. « Je connais cette voix... »

[Mesdemoiselles et messieurs, je me présente, je suis... Direction Dresseurs.]

Wallace fronça les sourcils. Mike s'étonna. Steven grimaça. Tristan regarda vers Wallace, Perrine, Walter et Naomi.

[Je tiens à vous informer que ceci est ce qu'on pourrait appeler un... avertissement. Rassurez-vous, vos camarades vont bien, ils vont juste finir la soirée à attendre comme du bétail dans le gymnase où nous les avons téléportés.]

Helen grimaça. « Mais personne ne peut téléporter autant de personnes, surtout en faisant une telle sélection ! »

[Je disais donc, un avertissement. Quatre d'entre vous ont cru malin de nous offenser en fouillant un peu trop dans nos affaires... Et nous avons donc décidé de les punir.]

Rebecca semblait offusquée.

- Mais qu'est-ce qu'on a à voir là-dedans, nous !!
- C'est un haut-parleur, pas un interphone ! soupira Santana.

Quinn, Lucy, Gina et Holly semblaient effrayées.

[Nous sommes désolés que cette punition retombe sur vous, mais nous avons pensé que ce serait plus juste. Vous auriez tous dû les arrêter avant.]

Helen secoua la tête.

- Les enfoirés...

[Bien. Je vous explique comment cela va se passer. Nous vous laissons vingt minutes pour vous cacher dans tout l'établissement. Et ensuite, nous essayons de vous trouver. N'essayez pas de sortir. Si vous ne me croyez pas, allez donc dans le hall.]

La classe s'étonna. Francis regarda les autres.

- On fait quoi ?
- On TUE WALLACE !!! grommela Rebecca.
- Ouais ! grommela Holly.
- C'est votre faute tout ça ! pesta Francis.

Helen agita les bras.

- Que tout le monde sorte, on va voir ce qu'il en est, si ça se trouve c'est une blague !! Suivez-moi.

Helen partit devant. La classe avançait dans les couloirs. Wallace, Walter, Perrine et Naomi pouvaient sentir les regards pesants des autres.

Une fois dans le hall, effectivement, ils ne purent que constater la présence d'une horde de membres de Direction Dresseurs à travers les baies vitrées de l'entrée.

- Putain de bordel de merde ! jura Helen.