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A l'aube du pouvoir (T.1) de Raishini



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Informations

» Auteur : Raishini - Voir le profil
» Créé le 13/03/2013 à 19:31
» Dernière mise à jour le 16/11/2013 à 14:46

» Mots-clés :   Fantastique   Hoenn   Présence de poké-humains   Sinnoh

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Chapitre 27 : Dans les bras de la mort
- Ne me dis pas que... ? balbutia Olivia en regardant alternativement Jérémie et les affiches. C'est toi les " Névés Écarlates ", celui qui a une prime s'élevant à 3 200 000 ? Et ton amie, c'est la " Tempête d'Émeraude ", avec une prime de 4 100 000 ?

Jérémie ne répondit pas. Il était bien trop anéanti pour ça. Dorénavant il serait forcé de partir avant d'attirer l'attention. Olivia n'était certainement pas la seule à visionner le journal et bientôt, toute la ville serait au courant de leur statut d'indésirables activement recherchés.

Il devait fuir, vite. Mais par où, comment ? Les Orokami risquaient de débarquer à l'improviste et de les prendre en tenaille, lui et Mathilde...

Jérémie se tapa alors le front. Pourquoi n'y avait-il pas pensé plus tôt ?

Mathilde.

Avec son pouvoir, elle pourrait certainement les faire voler tous deux au-dessus du Mont Couronné. Encore fallait-il l'en convaincre...

- Désolé mamie, mais je dois y aller ! lâcha-t-il à contrecœur en avisant Olivia une dernière fois.

Son expression déconfite lui déplut fortement. Qu'elle soit vraiment sa grand-mère ou pas, il commençait à l'apprécier. La quitter sur ces quelques mots fut d'autant plus douloureux. Mais il devait s'y résoudre.

La vieille dame cria quelque chose qu'il ne comprit pas. Dérapant pour prendre un virage serré et atteindre le pommier, il faillit rater la silhouette de Mathilde qui s'éloignait. Il la suivit d'un air incrédule et hurla son prénom. Sans succès.

- Qu'est-ce que tu fais Mathilde, ce n'est pas...

Lorsqu'il effectua le tour de la maison la plus proche, sa voix se perdit. La jeune fille toisait férocement deux hommes imposants, l'un blanc comme neige, l'autre aussi grand qu'un Galeking. Jérémie ne tarda pas à reconnaître...

- Dynamo et Orion ? lâcha Mathilde d'un ton venimeux. Que faites-vous ici ? Vous comptez peut-être tout casser ?

- Oh, nous étions juste venus à cause d'une énergie exceptionnelle, gloussa Orion en se caressant le menton. Mon pouvoir est catégorique, il y a deux Pokéman ici, dont un avec des ressources ahurissantes. Ce serait autant d'énergie que je pourrais siphonner, ajouta-t-il avec délices en levant les yeux au ciel.

- Quoique, tout casser me défoulerait bien, nota Dynamo en faisant craquer les jointures de ses énormes mains. Je suis trop amorphe ces derniers temps, je n'ai plus d'adversaire à ma mesure pour passer le temps...

A la vue de Dynamo, une rage inextinguible bouillonna en Jérémie qui plaqua les mains à terre. Une rangée de stalagmites germa sous les deux intrus... sans réussir à atteindre son but premier. Agile comme un fauve, Dynamo avait devancé la sortie des lames. Quant à Orion, il s'était réduit en une fumée inconsistante que la glace traversait sans provoquer d'effet.

- Jérémie ? dit Mathilde d'un air fébrile.

- Ah, ah, voici venir le gamin de glace ! ricana Dynamo en lui lançant un regard torve. C'est donc lui le deuxième Pokéman ? Écoute petit, je ne sais pas comment tu as survécu à mon Dracochoc, mais crois-moi je ne ferai pas l'erreur de te laisser en vie cette fois !

Avant que d'autres amabilités aient pu être proférées, Dynamo se rua sur Jérémie, griffes dehors. Contrairement à la dernière fois, le garçon ne trouva pas l'assaut si rapide et imparable. Pour preuve, un bouclier de glace hâtivement confectionné sur son avant-bras eut raison du coup adverse. Et cette fois-ci, le rempart ne céda pas.

Mis en confiance, Jérémie riposta en armant sa jambe du froid le plus glacial qu'il puisse imaginer. Le résultat fut qu'une fleur de glace sembla éclore sur le bras de Dynamo et le manger petit à petit quand il bloqua. En pleine déroute, l'homme tituba et recula pour briser cette gangrène translucide. Entre-temps Jérémie tailla une grossière épée de glace et frappa.

Une giclée de sang ainsi qu'un craquement jouissif s'ensuivirent. L'arme avait entaillé la carapace noire de Dynamo et pratiqué une belle entaille dans son bras. L'adversaire eut un regard sidéré et haleta pour maîtriser la douleur, certainement.

- Je vais te tuer, tout comme tu as tué Cyril ! éructa Jérémie.

Il n'était plus qu'un concentré de haine vouée à cet homme qu'il toisait. Cet homme qui lui avait ôté son plus cher ami...

- Tu as fait de beaux progrès, blanc-bec ! concéda Dynamo avec un rictus presque masochiste. Tu emploies bien mieux tes capacités ! Et tu sais quoi ? ... ça me donne envie de me libérer !

Tout ce que vit Jérémie se résuma à une ombre furtive fondant vers lui. Au même moment, un grondement sourd déchira l'atmosphère tandis qu'un arc au gris perlé s'abattait devant lui en déchiquetant le sol.

- Laisse-le tranquille, ordonna une voix douce mais ferme.

Jérémie cligna des paupières plusieurs fois, hébété. Devant lui, protectrice et impérieuse à la fois, Mathilde faisait obstacle à Dynamo depuis l'abri d'un cocon de vent. Les rafales tourbillonnaient furieusement autour d'elle en lézardant la roche et taillant la pelouse. Lorsque Jérémie croisa son regard, il fut frappé par la détermination qu'elle affichait.

D'ordinaire, Mathilde n'aurait jamais pris les devants. Elle devait réellement être très inquiète pour agir ainsi. D'autre part, ne venait-elle pas de le sauver ?

Pendant une fraction de secondes, Dynamo observa avec avidité l'aura venteuse de Mathilde et écouta le crépitement qui s'y associait. Puis il donna un coup de coude à Orion et finit par déclarer :

- Oh, oh, oh ! Si ce n'est pas la formidable énergie dont tu parlais ! Vais-je enfin avoir un concurrent de taille ? Il faut que je me la fasse ! Tu lui boufferas son énergie après, OK ?

- Très bien, éclate-toi, lui accorda son voisin en souriant férocement. Tant que tu ne la tues pas, ça me convient.

Les voir discuter si calmement n'augurait rien de bon et Jérémie frissonna malgré lui. Que préparaient-ils donc ?

- Éloigne-toi Jérémie ! dit Mathilde d'un ton soucieux. Sinon tu risques également d'être pris dans mes attaques !

Jérémie lui adressa un regard entendu tout en lui communiquant sa peur et son inquiétude pour elle. Enfin, il volta et emprunta la ruelle d'où il venait. Aussitôt, un nouveau grondement lui vrilla les oreilles en ébranlant le sol. Le pommier oscillait dangereusement et Jérémie ne se fâcha pas de mettre une certaine distance entre lui et Mathilde.

Alors qu'il atteignait la maison d'Olivia par instinct, une fumée grisâtre parut sourdre du sol et lui fit barrage. Un rire sardonique accompagna l'arrivée du phénomène et Jérémie reconnut Orion sans peine.

- Quelle magnifique entrée en matière que celle de ta camarade ! commenta l'homme aux reflets crayeux en se matérialisant devant lui. Entre elle et Dynamo, ça va faire des étincelles !

Orion n'aurait clairement pas pu afficher une joie plus malsaine qu'en l'instant. Mais avant de penser à ce que Mathilde faisait en arrière, Jérémie s'empressa de penser lui-même à ce qu'il devrait encaisser. D'après ce que Hyde avait suggéré, puis Hyorô par la suite, Orion était fort. Très fort.

- Alors nous avions visé juste, tu as le pouvoir de type Spectre ? annonça le garçon en essayant de se donner contenance.

- A ton avis ? ironisa Orion en reprenant sa forme gazeuse. Je suis l'homme intangible par excellence ! Rien ne me résiste, que ce soit un sol ou un mur en acier trempé ! Et surtout...

Si rapide que Jérémie ne le distingua que brièvement, il vint braquer une paume sur le torse du garçon puis acheva :

- ...je distribue la mort par ma seule main !

Un éclair de peur farouche agita Jérémie qui recula précipitamment sous les moqueries d'Orion. Il l'avait échappé belle. A moins que ce ne soit un stratagème pour le déstabiliser ?

- Tu peux remercier tes réflexes, précisa Orion entre deux gloussements. Je suis capable d'assujettir l'énergie vitale, en gros de l'absorber et d'en vider ses propriétaires d'origine. Par conséquent si je te touche ne serait-ce qu'une seconde, tu es un Pokéman mort.

Loin d'être rassuré, Jérémie choisit de ne pas trop se laisser envahir par des réflexions inutiles et modela une nouvelle épée de glace. Rester là en écoutant Orion déblatérer ne lui causerait que plus d'ennuis encore. Il devait passer à l'attaque sans trop se prendre la tête maintenant qu'il connaissait les capacités ennemies.

Car la moindre erreur d'inattention lui serait fatale.

Une détonation proche sembla jouer le rôle de signal de départ. Avec l'impression que son cœur allait exploser à force de battre la chamade, Jérémie se propulsa vers Orion en préparant un pas de côté au cas où. Mais ce fut bien inutile. Juste avant l'impact, l'homme se métamorphosa en cette fumée insaisissable qu'il haïssait tant et reprit consistance dans le dos du garçon. Là, il tendit la main pour se saisir de son épaule...

Un revers bien placé de Jérémie le dissuada de poursuivre l'acte et le força à reculer. Il fut alors noyé sous une pluie de coups. Mais là encore, il s'en rit et passa au travers en lorgnant Jérémie. Sous forme spectrale, il tournoya autour du garçon et ricana.

Jérémie tiqua. Ce tour pendable commençait à l'agacer sérieusement... Il devait trouver le moyen de le prendre au dépourvu. Oui, mais comment ?

L'idée lui vint brusquement, si simple et si géniale à la fois qu'il crut s'effondrer de rire en se demandant pourquoi il n'y avait pas songé plus tôt. Devant son sourire en coin, Orion parut agacé et fondit à nouveau sur lui tel un rapace aux contours vaporeux.

Orion passa à nouveau sous sa forme humaine et entama une série de coups violents que Jérémie n'évita que de justesse. Enfin, lorsque l'homme projeta un bras pour le saisir, Jérémie fit naître une gangue de glace sur une grande partie de son torse. Interloqué, Orion n'eut pas le temps de réagir et entra en contact avec la membrane froide et translucide. Aussitôt, il fut happé par une glace dévorante et retira sa main.

Certains auraient pu croire qu'il avait gagné, mais Jérémie savait que ce n'était bon qu'à faire diversion tandis qu'il poursuivait sa tactique. Grommelant, Orion se libéra de la glace en la traversant et courut à l'encontre du garçon. Une haine incommensurable défigurait ses traits...

Jérémie tapota le sol du pied avec satisfaction et observa une nuée de pointes glacées jaillir du sol, dans le dos adverse. Le sillon de glace qu'il avait tracé durant sa petite distraction était parfaitement placé. Trop occupé à fusiller Jérémie du regard, Orion ne vit ces agresseurs inattendus que trop tard. En dépit d'une belle tentative, l'homme ne put se rendre intangible avant le choc.

Il y eut un grognement rauque, un clapotis écœurant puis un cliquetis de glace entrechoquée. Orion émergea en une colonne de fumée et se matérialisa à plusieurs mètres de Jérémie, soutenant son bras droit amorphe. Le garçon pesta en le voyant encore vivant. Il s'était drôlement bien tiré de l'embarras !

Avec un regard dégoûté pour l'entrelacs de glace, Orion déclara doucement, comme s'il s'efforçait de dompter sa voix :

- T'es un vrai renard gamin ! Je ne l'ai pas vu venir malgré ma concentration. C'est bien, tu m'offres un spectacle que je n'attendais pas. Hélas, toute bonne chance a une fin. Je ne voulais pas en venir là, mais tu m'y contrains.

La question muette que Jérémie formulait trouva immédiatement réponse : Orion s'accroupit en posant la main gauche contre la pelouse et serra les dents. Alors, un court souffle de vent parcourut le sol. La végétation se rabougrit et les fleurs s'étiolèrent, prenant une teinte noire désolante. Ahuri, Jérémie s'écarta du périmètre le plus endommagé et dévisagea Orion d'un air furieux. Des vapeurs aux relents de pourriture se condensaient un peu partout... Que faisait-il donc exactement ?

Comme l'illumination divine, une parole d'Orion lui revint en mémoire : " je distribue la mort par ma seule main ! ".

La mort... Il donnait la mort aux plantes.

Incontestablement triomphal, Orion se redressa et effectua des moulinets avec son bras auparavant blessé. Désormais il semblait en parfait état et Jérémie eut du mal à réprimer un cri d'indignation.

Comment était-ce possible ? C'était injuste !

- Tu t'interroges, pas vrai ? fit l'homme en dardant sur lui un regard cruel, couleur rubis. J'ai tout bonnement volé la force vitale des plantes proches en prenant le sol comme point d'appui commun. Tant que la cible est faible, je n'ai pas besoin de la toucher directement, ajouta-t-il en devançant Jérémie. Ce qui explique que toi, tu n'aies rien ressenti. Mais au moins cette énergie a pu permettre de restaurer mon bras. Comme tu peux le constater, je me porte comme un charme. Et autant te dire que ta diversion ne fonctionnera plus sur moi !

Tout un flot de doutes s'infiltra en Jérémie tandis qu'il comprenait la situation. Il venait d'abattre son ultime joker, et l'ennemi l'avait rendu inutile. Chose qui revenait à dire qu'il avait perdu. Restait maintenant à savoir quand il tomberait. A moins d'utiliser le pouvoir de Cyril ?

Et puis non, ce serait tout autant inefficace voire plus. Il n'y avait aucun intérêt à l'employer contre Orion.

Bien qu'il soit démoralisé, Jérémie choisit de tenter le tout pour le tout, d'espérer - même vainement - qu'il pourrait exploiter une faille de l'adversaire. Dès lors il riposta avec véhémence, esquivant et répliquant derechef. Alors qu'il s'épuisait inexorablement, Orion paraissait au contraire ne pas perdre une once d'énergie et - pire encore - s'amuser de sa déchéance.

Chacun des coups portés par l'homme s'accompagnait d'un gloussement jouissif. A plusieurs reprises il manqua in-extremis de toucher Jérémie. Celui-ci s'essoufflait en perdant progressivement le moindre espoir de gagner.

Plus encore que fatigant, Jérémie trouva le combat long et fastidieux. Il esquivait, puis attaquait. Il esquivait, puis attaquait de nouveau... C'était une sorte de cercle infernal dont il ne parvenait pas à sortir, tout en sachant pertinemment qu'une erreur de sa part risquait de le briser. Mais que pouvait-il faire ?

Il opta résolument pour la défensive. Là encore, ce fut un échec. A tenter l'impossible il s'épuisait plus qu'autre chose. Et honnêtement il en était agacé.

Au bout d'un échange qui lui parut durer des heures, Orion parvint à la plaquer violemment. Sa mine blafarde brillait au-dessus de lui comme un fantôme de craie ignoble. Après avoir échappé à Orowind, à Dynamo, à Salomon et à Tobias, il allait finalement mourir de la main d'Orion. Quelle ironie du sort... Lui qui s'était tant démené, avait vu tant de personnes se sacrifier pour l'aider dans sa quête...

Une rafale souleva des remous autour de lui et Orion. Ce dernier leva un regard curieux tout en le gardant à l'œil.

Jérémie commençait à être énervé. Le contact froid de la main ennemie sur sa gorge insupportait le garçon. Il aurait préféré qu'Orion ne fasse pas durer ce calvaire et en finisse au plus vite.

C'est alors qu'une ombre gracieuse se faufila entre eux deux et projeta Orion d'un revers de main sèchement administré. Criant comme un goret effarouché, l'homme vola dans les airs en tourbillonnant. Il finit par retomber quelques mètres plus loin, ahuri et maugréant.

Jérémie n'en revenait pas qu'on puisse infliger une telle leçon à Orion. Et il n'en revenait pas non plus de constater que Mathilde en était responsable. Quelque chose dans ses yeux pervenches avait profondément changé de nature. La garçon y décelait... de la dureté, de la colère. En somme tout ce que Mathilde n'exprimait jamais habituellement.

- Vous allez tous payer... annonça-t-elle d'une voix éthérée mais terrifiante malgré tout.

A cet instant précis, une masse surgit en détruisant un pan entier de maison et bondit vers eux. Inflexible, Mathilde leva un bras, qui fut dès lors cerclé par une sorte de tornade minuscule. Grâce à cet étrange armement et dans un cliquetis assourdissant, elle bloqua le coup de griffe monumental que lui asséna Dynamo.

Si Jérémie n'avait pas eu peur à ce point de la nouvelle Mathilde, il l'aurait sans doute admirée. Mais sa face n'exprimant rien d'autre que la colère lui donnait une beauté sauvage qu'il n'aimait pas. La colère... Elle l'avait changée en une toute autre personne.

Mathilde repoussa brutalement Dynamo, qui recula en glissant. Du sang maculait la commissure de ses lèvres et il était passablement contrarié à en juger le feu de mort qui illuminait ses yeux.

- Mais t'es qui, bordel ? tonna-t-il d'une voix hachée. Comment une simple gamine peut être balèze à ce point, même avec un pouvoir pour l'aider ? Et pourquoi tu as doublé de puissance, tout d'un coup ? Sans ça, j'aurais pu espérer te battre tranquillement !

- Tais-toi, l'interrompit Mathilde. Pas de pénitence pour les meurtriers. Juste la souffrance infligée par mon bras armé.

Là aussi, Jérémie ne la reconnut pas. Cette manière robotique de s'exprimer ne lui était pas coutumière. Il commençait vraiment à s'inquiéter.

Dans un hurlement de rage, Mathilde pris son essor grâce à un courant d'air et s'élança telle une flèche vers Dynamo. Jérémie ne vit d'elle qu'une sorte d'éclat bleu tandis qu'il se relevait en ahanant. Lorsque la jeune fille réapparut, elle était dans les airs et Dynamo en pleine dégringolade...

Quand avaient-ils rejoint les cieux ? Et Dynamo savait voler, maintenant ? Ses yeux n'avaient rien pu suivre...

Tout simplement démentiel.

Réalisant le caractère fantastique du spectacle qui s'offrait à lui, Jérémie prit appui contre un volet proche et scruta le sol d'un regard vide. Il était complètement dépassé. Au-dessus de lui, Dynamo et Mathilde engageaient une lutte sans merci, échangeant coups après coups à une vitesse foudroyante...

Un craquement proche lui rappela qu'Orion était encore dans la course. L'homme le regarda un bref instant avec un rire puis, dans un chuintement aigu, se transforma pour rejoindre les deux belligérants aériens.

Jérémie écarquilla les yeux, empli de terreur à l'idée que Mathilde se retrouve seule contre deux. Il cria de toute la force de ses poumons avec l'impression d'être aussi utile qu'un déchet. En haut, Mathilde venait de projeter Dynamo en fissurant sa carapace d'un coup de bras-tornade. Elle tourna la tête à son appel et sourit en voyant Orion virevolter vers elle. Quelle ne fut la surprise générale lorsque le poing de l'homme blanc traversa le visage de Mathilde, subitement changé en courant d'air !

Peu après, Orion rejoignait la terre ferme aussi vite qu'il l'avait quittée, évitant de s'écraser d'extrême justesse sous sa forme intangible. Quant à Mathilde, elle descendit vers Jérémie et redevint consistante.

- Depuis quand tu arrives à faire ça ? balbutia Jérémie d'un air abasourdi.

- Depuis maintenant, commenta la jeune fille en lui accordant enfin un sourire. Je crains que nos ennuis ne soient pas finis. Ces deux brutes complotent quelque chose.

Non loin de là, Orion et Dynamo - chacun affligé d'une bel ensemble de contusions - s'étaient réunis pour discuter à voix basse. Le deuxième mima une grande explosion en formant un arc avec ses bras et Orion approuva joyeusement.

- Ciel, que préparent-ils donc ?

Jérémie fut surpris de voir Olivia se tenir à côté de lui et Mathilde sans manifester la moindre émotion, si ce n'est la perplexité.

- Ne restez pas là, c'est dangereux, recommanda Jérémie sur un ton réprobateur.

- Non, je resterai jusqu'au bout, s'exclama la vielle dame, obstinée. Je vous ai vus à l'action et je vous fais confiance.

- Pas possible d'être butée comme... comme, dit Jérémie sans trouver un mot assez fort pour qualifier la conduite d'Olivia.

- Comme toi ? acheva Mathilde d'une voix sarcastique.

Bien que piqué par cette remarque, le garçon ne put s'empêcher de sourire. Mathilde retrouvait peu à peu sa personnalité.

Il n'eut guère le loisir de se réjouir, cependant. Orion et Dynamo semblaient avoir terminé leur entretien et se tournèrent vers eux avec un sourire calculateur.

- Puisque vous osez nous résister, nous allons passer à la destruction proprement dite ! annonça Dynamo. Nous allons faire de Célestia un tas de cendres fumant !

Sur le coup, Jérémie ne sut que penser. Ce projet semblait si fantasque ! Mais il dut bien admettre que les hommes comptaient le mettre à exécution lorsqu'ils gagnèrent une bute et joignirent leurs mains pour les braquer vers eux.

- Quelqu'un a déjà vu une Ball'Ombre combinée à un Dracochoc ? demanda Orion en se pourléchant les babines. Et bien laissez-moi dire que c'est pas joli à voir une fois que les deux sont passés !

- Mince, on dirait qu'ils sont sérieux ! lâcha Jérémie en paniquant.

- Laisse-moi faire, assura Mathilde en l'écartant du bras.

Sereine et impressionnante avec son auréole de vent, elle marcha vers l'ennemi et s'arrêta à mi-distance. Jérémie ne chercha pas à protester : d'une, il était complètement en position de faiblesse ; et de deux, il pressentait la décision de Mathilde comme irrévocable. Et Arceus savait à quel point la contrarier dans ses choix était une mauvaise idée en l'occurrence.

Selon le contexte, ce paysage en ruine aurait pu prêter aux larmes, mais pas dans ce cas. Au contraire il soutenait une gravité sans précédent. La survie de tout un village se jouait dans une longue ruelle à moitié dévastée. L'importance du bras de fer qui opposerait Mathilde, Orion et Dynamo s'imposa à Jérémie. Il n'en mesurait que davantage les conséquences.

Le dernier jugement s'annonçait. Imminent. Redoutable. Fatal.

Enfin, après une attente languissante, trois rayons furent décochés simultanément dans un fracas de tourmente déchirant. Le rayon noir et gris s'allièrent tandis qu'en face, un unique trait spiralé aux nuances de bleu et de gris offrait une parfaite opposition. La collision parut fragmenter l'atmosphère de ses ondes et souffler une parcelle de la ville. A jeu égal, les flèches inconsistantes se confrontaient impitoyablement, tentant mutuellement de se repousser.

D'un côté comme de l'autre, les visages étaient tendus, blêmes, suffocants... Le déferlement d'énergie était tel que Jérémie fut pris de nausée et trembla presque autant que la terre. Peu à peu, il vit avec effroi le rayon de Mathilde infléchir sa trajectoire et revenir vers elle. En face, Orion et Dynamo arborèrent un affreux rictus...

Non, il ne pouvait pas les laisser s'en sortir à si bon compte ! Il devait agir, aider Mathilde avant que les choses tournent mal. Le moment était venu. Il allait l'utiliser en combat.

- Cyril, je te fais confiance, souffla Jérémie en aparté.

Quelques étincelles vinrent courir le long de son bras, comme pour le mettre en confiance. Un flot de puissance le vivifia étonnamment...

Le garçon accourut vers son amie d'un air décidé et décocha alors un faisceau d'éclairs bleuté. Il se joignit au rayon de Mathilde et ensemble, ils repoussèrent à leur tour l'attaque ennemie.

Subitement, il y eut une explosion assourdissante et des cris désemparés. Jérémie sentit la poussée antagoniste s'estomper et il lâcha prise. Le front et les mains moites, il se laissa tomber en même temps que Mathilde. Les deux compères échangèrent finalement un regard complice : ils avaient réussi.

La menace n'était plus.