Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Duel au sommet de olyn



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : olyn - Voir le profil
» Créé le 12/03/2013 à 18:55
» Dernière mise à jour le 12/03/2013 à 18:55

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Bonus : La Goupix
Deuxième plongée parmi les Pokémon de Léa. La scène sur le pont du point de vue de Maraude, parce que ça s'imposait.

***

Le sol tangue sous ses pattes. Instable. Traître.

La Goupix lâche un énième grognement. Ce n'est pas naturel. Stupides humains et leurs idées saugrenues. Que la colère du feu sacré s'abatte sur celui d'entre eux qui a construit la chose sur laquelle elle se trouve. L'eau, c'est fait pour se désaltérer, pas pour voyager dessus. Ou pour se baigner, dans certains cas extrêmes. Mais évidemment, les humains n'allaient pas se contenter de ça. Non, il faut toujours qu'ils inventent tout un tas de trucs inutiles, pour ensuite se féliciter de leur génie.

La Goupix retrousse son nez alors que l'odeur du sel agresse ses narines. Beurk. Encore pire que celle du premier prétendant. En plus, sa fourrure est toute emmêlée à cause des bourrasques. C'est vraiment inacceptable. La Goupix fait deux pas de plus avant de s'asseoir et de ne plus bouger. Peut-être que si elle reste complètement immobile, l'horrible sensation qui ronge le creux de son ventre et menace de remonter dans sa gorge va disparaître.

Des voix lui parviennent, portées par le vent :

- ...si sûr à ta place. Rien n'est encore joué.

- Ça te va bien de dire ça. Tu...

Les oreilles de la Goupix se couchent en arrière. Celui-qui-se-prétendait-son-dresseur et Celle-qui-a pris-sa-place sont en train de communiquer dans leur langue barbare. Elle ne veut pas les entendre. Ils ne l'intéressent pas.

Elle ferme les yeux et se concentre sur l'image de sa prairie natale. Un jour, elle retournera là-bas, dans ces champs baignés de soleil, loin de tout être humain et de leur oppression. Un jour, elle sera libre. Un jour.

- Je t'ai apporté de l'eau, annonce une voix à côté d'elle.

C'est le Sablaireau, elle le sait. Elle l'a entendu approcher, gros balourd qu'il est - ses griffes raclant contre la surface du sol à chaque pas. Est-ce le fait de côtoyer les humains qui l'a rendu si peu agile, ou bien était-il comme ça avant ? Il faudra qu'elle lui pose la question. Mais cela peut attendre. Pour le moment, elle en a une autre qui demande précédence :

- Parce que la prétendante l'a ordonné ? interroge-t-elle donc, sûre de la réponse.

- C'est vrai, notre dresseuse me l'a demandé.

Les deux mots sont mis en valeur par l'élocution distinguée du Sablaireau. Il dépose le récipient d'eau près de la Goupix.

- Mais je l'aurais tout de même fait si ça n'avait pas été le cas, poursuit-il. Je ne veux pas que tu meures de soif.

- Peut-être, concède-t-elle.

Elle ne le connaît pas assez bien pour préjuger de ses actions, et s'il y a une chose à laquelle elle attache de l'importance, c'est le bénéfice du doute.

- Mais comment aurait réagi la prétendante si tu avais refusé ? continue-t-elle cependant. Elle t'aurait remis dans ta prison pour te punir jusqu'à ce que tu acceptes, ou bien elle t'aurait torturé, pour te forcer à accomplir sa volonté ! Et si tu refuses un combat, elle fera pareil !

Le Sablaireau se gratte derrière l'oreille, l'air perplexe.

- On parle bien de notre dresseuse, tu es sûre ? Peut-être que tu confonds avec un autre humain ; c'est vrai qu'ils se ressemblent tous. Notre dresseuse est gentille, elle ne veut que notre bien. Et même si ce n'était pas le cas, elle est toute faible physiquement, comment pourrait-elle me faire du mal ?

La question désarçonne un instant la Goupix. Il ne pense quand même pas que l'humaine se servirait de ses poings et de ses pieds si elle voulait le châtier ? Tant d'innocence... Il ne sait rien des terribles instruments inventés par les humains afin d'infliger la douleur. Elle décide de ne pas lui briser complètement ses illusions - après tout, elle n'est pas cruelle, elle.

- Elle fait semblant, répond-elle donc au lieu du commentaire cinglant qui lui est venu en premier lieu. Sa gentillesse n'est qu'une façade pour vous amadouer et vous vous y laissez prendre ! Un jour, elle révélera ses vraies couleurs. Quand je pense qu'elle se sert de vous sans même que vous ne vous en rendiez compte... Vous êtes aveugles. De vrais esclaves !

Elle a craché cette dernière phrase avec hargne, sans même le vouloir. Le sujet l'enflamme plus que de raison.

- Pas des esclaves. Des amis.

C'est la Colossinge qui s'est exprimée ainsi. La démarche menaçante, elle s'approche lentement de la Goupix.

- Ah ! N'importe quoi ! réplique cette dernière. Pour être amis faut être égal ! Elle est où votre égalité, hein ? Tu crois que l'humaine tient à vous parce qu'elle vous donne des surnoms stupides ? Vous n'êtes que ses instruments !

- Des surnoms stupides ? Comment ça ? interroge le Sablaireau.

- Tu comprends les paroles des humains dans les moindres détails ? ajoute la Colossinge, une déduction bien trop intelligente pour cette grosse brute.

La Goupix retient un grognement d'exaspération. De toute sa tirade, de tous ses arguments, c'est ça qu'ils retiennent ?

- Oui, je comprends tout ce qu'ils racontent, quand je me donne la peine d'écouter. Mais là n'est pas la question. Vous ne...

- Qu'est-ce que mon surnom veut dire ? la coupe le Sablaireau, approchant son visage du sien, les yeux étrécis et le bout du nez frémissant.

Et ils ne cesseront pas de la harceler si elle ne leur donne pas la réponse... Autant s'occuper de ça dès maintenant, raisonne-t-elle.

- C'est une manière de manger, petit à petit, sans se presser, révèle-t-elle donc.

Le nez du Sablaireau frémit à nouveau.

- Oh... ça va... Je m'attendais à pire.

- Et moi ? exige la Colossinge.

La Goupix ne cache pas son plaisir à dévoiler cette information-là :

- Toi, ça désigne quelqu'un qui passe son temps à embêter tout le monde. Le Florizarre, c'est quelque chose qui se mange, le Ronflex, cela fait référence à son poids, et le Léviator je n'en suis pas certaine mais je pense que ça a un rapport avec l'affinité de son espèce, ajoute-t-elle rapidement.

Elle s'abstient de commenter son propre surnom. La disgrâce est déjà amplement suffisante.

- Haha ! s'exclame la Colossinge en frappant ses poings l'un contre l'autre. C'est moi qui ait le meilleur surnom ! J'ai gagné, je vous bats tous !

- Ce n'est pas une compétition, voyons... soupire le Sablaireau.

- Tout est une compétition !

La Goupix est estomaquée. Cette grosse brute découvre que l'humaine lui a attribué un surnom débile et c'est tout ce qu'elle trouve à dire ? Pire encore, elle en est fière ?

- Les humains ne servent à rien ! grogne-t-elle brusquement, énervée par l'attitude de la Colossinge, et ses poils se hérissent le long de son dos tandis que sa fourrure s'échauffe sous le coup de la colère. Rendez-vous compte d'au moins ça si ce n'est de rien d'autre !

- Tu ne comprends pas... commence le Sablaireau.

- C'est vous qui ne comprenez rien ! rétorque-t-elle, montrant les crocs.

- Ne laisse pas tes expériences passées avec tes anciens dresseurs fausser ton jugement.

- Il ne le fausse pas ; au contraire, il me prouve que j'ai raison. Les humains sont des êtres brutaux et traîtres et...

- Pas tous, l'interrompt le Sablaireau. Pas elle. Pourquoi tu penses qu'on la suit ?

La Goupix maîtrise le grognement instinctif qui monte dans sa gorge et répond sèchement :

- Parce que vous êtes stupides. Elle vous a infectés avec sa stupidité.

- Encore un commentaire de ce genre et tu te prends mon poing dans ta gueule, la rousse, lance la Colossinge d'un ton peu amène.

La Goupix fait claquer ses mâchoires dans le vide, une provocation subtile qui échappera sans doute à la Colossinge.

- Si tu veux te battre, je suis partante, boule de poil ! ajoute-t-elle donc à haute voix pour l'aider.

Le coup part si vite que la Goupix n'a rien le temps de voir. Elle ressent l'impact contre sa mâchoire, accompagné d'un flash de douleur qui lui fait l'effet d'une lame de glace s'insinuant en elle, puis ses pattes s'engourdissent brusquement et elle se retrouve avec le museau au ras du sol. Étourdie, elle se secoue et essaie de répliquer.

Maudite brute, elle ne perd rien pour attendre...

Un bond, une feinte à droite, et les dents de la Goupix se referment sur...

Non.

Claquent dans le vide.

La Colossinge a à nouveau bougé trop rapidement pour que l'œil la suive, et se trouve à présent derrière la Goupix.

- Laisse tomber, six queues, déclare-t-elle d'un ton moqueur. T'as pas ce qu'il faut pour me vaincre. Tu peux même pas me toucher.

- Vous devriez vous calmer, vraiment, leur conseille le Sablaireau. Se battre entre nous est vraiment futile, et je suis certain que notre dresseuse désapprouverait un tel comportement.

- On va vite le savoir, lance la Colossinge.

Les deux autres suivent son regard. Située à quelques mètres de là, l'humaine les fixe de ses yeux cruels et semble avoir assisté à toute la scène. La main du précédent prétendant est posée sur son bras tandis qu'il lui parle.

- ...leçon bien méritée, captent les oreilles de la Goupix.

La prétendante hoche la tête. Et c'est tout. Elle ne compte donc pas intervenir ? La Goupix retrousse les babines. Bien sûr, c'est tellement plus facile de laisser ses esclaves faire le sale boulot. Comment le Sablaireau peut-il encore faire confiance à l'humaine alors que celle-ci vient de donner carte blanche à la Colossinge pour la faire rentrer dans le rang ? Furieuse, la Goupix fait volte-face et ouvre la gueule, les flammes brûlant déjà au fond de sa gorge. Mais elles n'ont pas l'occasion de sortir, car un nouveau coup de poing s'abat sur son museau.

Et puis le noir.

Lorsqu'elle se réveille, elle ne peut plus bouger. Et pour cause : la Colossinge est assise sur elle, la clouant au sol. La Goupix grogne et tente de se libérer mais l'autre brute pèse sur elle, et son poids supérieur lui assure d'emblée la victoire. De quoi suffoquer si elle venait à appuyer trop à certains endroits... La Goupix stoppe tout mouvement et se concentre sur sa respiration, trop erratique à son goût pour le moment.

- Maintenant tu vas t'excuser, gronde la Colossinge à ses oreilles.

- Va te faire griller le poil, réplique la Goupix, avec moins de fougue qu'elle ne le souhaiterait.

La phrase de défi est immédiatement suivie d'un jappement de douleur alors que la Colossinge tire violemment sur l'une de ses queues.

- Je peux continuer comme ça toute la journée, tu sais, menace-t-elle. On a tout notre temps.

- Je m'excuse, halète la Goupix.

- Est-ce qu'on est stupides ?

- Non, répond-elle, en pensant très fort 'Oui'.

La Colossinge la relâche, l'autorisant à se relever. Elle se remet sur pattes en tremblant un peu, un signe de faiblesse qu'elle hait de toute son âme.

- Ce sera tout pour aujourd'hui, dit la Colossinge, avant de s'éloigner.

La Goupix reste seule avec le Sablaireau.

- Elle peut être aimable quand elle veut, déclare ce dernier avec un air d'excuse. Il faut juste apprendre à ne pas l'insulter. Elle ou notre dresseuse, en fait.

- Elle est forte, répond la Goupix tout en s'étirant pour récupérer la souplesse dans ses membres. Je respecte ça.

- Grâce à notre dresseuse. Elle n'était encore qu'une Férosinge lorsque sa route a croisé la sienne, et c'est en cheminant à ses côtés qu'elle a gagné en puissance. Comme nous tous. (Il se désigne d'une patte.) Je pouvais à peine repousser un Miaouss il y a quelques semaines, et désormais je suis capable de mettre à terre même un Alakazam.

La Goupix le dévisage avec étonnement. Elle a eu l'occasion de voir ces Pokémon psy en action ; ils ne sont pas à prendre à la légère.

- Comment peut-elle vous rendre plus fort alors qu'elle est si faible ? s'enquiert-elle, perplexe. Sa peau est toute fragile et elle ne peut même pas cracher du feu !

- Elle est forte, réplique le Sablaireau. Mais à l'intérieur.

La Goupix reste silencieuse un moment.

- Tu as des idées étranges, déclare-t-elle finalement.

- Tu n'es pas la première à me le faire remarquer...

- C'est pour ça que tu restes avec elle, alors ? Et les autres aussi ? Ça je peux le comprendre, c'est une stratégie valable. Quand est-ce que vous avez prévu de la quitter ?

Le Sablaireau lui lance un regard surpris, et elle se dit qu'elle a encore manqué quelque chose.

- On n'a rien prévu du tout, répond-il. On l'aide. On peut pas la laisser tomber, elle compte sur nous.

Tant de loyauté... La Goupix en serait presque venue à envier la prétendante. Et à avoir pitié de cet idiot de Sablaireau qui ne se doute aucunement de ce qui l'attend.

- Un jour, elle te trahira, l'avertit-elle.

- Un jour, tu te rendras compte que tu te trompes, rétorque-t-il.

Et borné. Un peu comme elle.

Elle se détourne avec un grognement, mettant fin à la conversation. Sa stratégie est à revoir à la lumière de ce qu'elle a appris. Pas un grand bouleversement, non. Juste quelques petits ajustements. Et lorsqu'elle estimera le moment venu, elle s'enfuira, laissant la prétendante et sa troupe d'imbéciles derrière.

Ce n'est qu'une question de temps.

***

Oui, les oreilles de Maraude ont transformé "saine rivalité" en "leçon bien méritée". Elle a un peu tendance à entendre ce qui l'arrange. xD