« Chercher à comprendre, c'est commencer à désobéir. »
(Jean-Michel Wyl)
« Daddy I'm so sorry I'm so, so, so, sorry yeah
We just like to party like to pa-pa-party yeah »
(Lady Gaga - Beautiful, Dirty, Rich)Space Station Sillicon Valley Soundtrack – Have a nice day !- C'est genial que je puisse voir où tu travailles !
Duncan sourit et regarda sa fille, huit-neuf ans au compteur.
- Je ne pouvais pas vraiment faire autrement, vu que ta mère s'absente et que je dois passer un merveilleux samedi à bosser.
- Ça t'embête ?
- Non, Naomi, c'est le travail. Plus tard tu travailleras aussi et tu verras que travailler, d'un côté c'est embêtant, d'un autre c'est amusant en quelque sorte. Bonjour, Vanessa.
Une grosse femme rousse tenait le poste de secrétaire avant le bureau de Duncan.
- Monsieur Kingsley...
- Mes rendez-vous ne se sont pas décommandés...
- Non.
- Bon.
- C'est... ?
- Ma fille. Ma femme a eu un remplacement d'urgence à faire dans son cabinet d'esthétisme...
- Oh. Bah je suppose que vous pouvez garder la petite ici.
- Voilà.
- Ca tombe sous le sens... marmonna la secrétaire d'un air blasé.
Duncan entra dans son bureau avec Naomi.
- La madame elle avait pas l'air de s'amuser...
- Vanessa n'est pas méchante, c'est son caractère qui est comme ça.
- Oh.
- Bon... Il y a des prospectus dans le coin, si tu veux lire...
- J'ai ramené un livre.
- Bon.
Naomi resta donc derrière le bureau de son père, à lire. Son père se mit au travail avec sérieux. L'interphone sonna et la voix blasée de Vanessa résonna dans le bureau.
« Monsieur Kingsley, Otto Kemp de « Kemp Industries »
- Oui, faites-le entrer !
Un homme avec un chapeau entra. Naomi lui jeta un coup d'œil.
- Monsieur Kingsley...
- Kemp, entrez donc, on va essayer de régler cette situation...
- C'est-à-dire que... je sais bien que c'est pas votre faute...
- Si je vous ai envoyé de mauvais CV c'est de ma faute !
- C'est peut-être moi qui les ai mal évalués au recrutement...
- On va réexaminer ça.
Les deux hommes s'assirent face à face et commencèrent à discuter.
***
- Monsieur Kingsley, Thomas More du service diplomatique interrégional...
- Oh. Qu'il entre !
Un petit homme charismatique et souriant entra dans la pièce.
- Duncan, c'est un plaisir !
- Et moi donc, de traiter avec un des grands de ce monde !
- Un des grands d'entre les régions, voyons ! Héhé !
- Vous devez avoir énormément de travail alors on va faire vite !
- Oui... déjà je vous remercie d'avoir réalisé le tri des CV à notre place, c'eut été un sacerdoce.
- Je garde les autres au chaud si jamais vous voulez jeter un coup d'œil.
- Aucun souci. Le vrai problème ce sont les profils, j'ai besoin de votre service de recrutement que je brieferai au préalable pour organiser une session de tests.
Duncan haussa un sourcil. Thomas hocha la tête.
- Ces gens du gouvernement, ils ne veulent être servis que par des gens de confiance, vous comprenez...
- Hm, en effet, je n'y avais pas pensé. Vous avez un budget ?
- Oui, environ 30 000 pokédollars, ajusté au nombre de profils que vous nous proposez.
- Ca fait 3000 pokédollars par recruteur, je vais faire appel à des intérimaires, personne n'acceptera de faire un recrutement aussi prestigieux à un salaire pareil.
- Vraiment ? Oh... Ce n'est pas que le gouvernement ne veuille pas y mettre le prix, c'est juste que...
- Je peux toujours voir mais c'est un bien maigre salaire, nous allons être obligés de compléter. Je vous ai envoyé cinq CV, il faut deux personnes par recrutement.
Thomas hocha la tête.
- Ah. Zut...
- Oui...
- Et si on doublait le budget ?
- Vous pouvez faire ça ?
Thomas jeta un œil vers la fillette. Duncan agita les mains.
- C'est juste ma fille, je la garde parce que sa mère a une indisponibilité.
- Oh. Le gouvernement a une caisse secrète d'urgence en cas de procès surprise ou de situations de ce genre, on peut piocher dedans vu le calme de la période actuelle.
- Si ça ne gâte rien dans votre travail...
- Oh que non.
***
- Monsieur Kingsley, votre dernier rendez-vous de la matinée, madame Ophélia Mars de Catarina Strikes Op.
- Faites-là entrer...
Une grosse dame peina à traverser la porte. Naomi lui jeta un regard plus long qu'aux autres. Elle était brune aux cheveux frisés. Et elle tenait un paquet de cookies.
- Madame Mars...
- Monsieur Kingsley, nous avons un problème.
- C'est bien pour ça que vous m'avez sollicité.
- Non, vous et moi avons un problème. Je ne comprends pas pourquoi vous ne m'envoyez pas de meilleurs employés, ceux-là ne savent pas faire le travail demandé sur l'offre.
- ... c'est... normal, il faut les former !
- Vous croyez que j'ai le temps et l'argent ?! Je pensais que vous le feriez !
- Je peux vous trouver un organisme de formation !
- J'ai pas le temps, j'avais demandé des employés avec dix ans d'expérience !
- ... je vous en ai proposés !
- Ils avaient entre 45 et 50 ans !!
- En même temps pour avoir dix ans d'expérience... admit Duncan.***
Naomi se leva un peu tôt. « J'ai de plus en plus de mal à dormir... »
Elle se prépara et alla prendre son petit déjeuner. LaBarbara s'occupait de Jordan.
- Ton père a dû partir très tôt, ce matin, une urgence avec son travail.
Naomi hocha la tête. LaBarbara secoua la tête.
- Un de ces jours il va finir à l'hôpital...
- Hm... sourit Naomi.
- Je ne vais pas tarder à aller déposer ton frère, tu pourras te débrouiller évidemment.
- Oui oui, ne t'en fais pas.
Naomi sentit que le moment était propice. Elle se dirigea donc vers le bureau de son père. « Allez, courage, Naomi, au moins pour vérifier qu'il n'y a rien... »
Naomi inspira et entra dans le bureau de son père. « En même temps il ne m'a jamais interdit d'y entrer... »
Elle regarda les quelques dossiers posés sur le bureau. « Oh non... »
Elle trouva un dossier Direction Dresseurs. « Oh des têtes que je connais, j'aime pas ça... »
Elle le feuilleta. « Bon sang ! »
Elle repensa à Perrine. « Des preuves... »
Elle vit la photocopieuse. « Oh mon Dieu est-ce que je vais oser... »
Elle osa.
***
- La décision est donc prise.
Wallace leva le doigt.
- Afin d'améliorer significativement nos rapports avec les gens de la classe, nous mangerons donc séparément !
- Pour... quoi ?
Walter et Perrine regardèrent Naomi qui venait d'arriver.
- T'es là tardivement, j'ai dû aider Walter à monter et à faire son sac ! s'étonna Perrine.
- Et cette corvée t'a rapprochée un peu plus de la mort.
Perrine regarda Walter, étonnée. Il haussa les épaules.
- Désolé, l'habitude avec Wallace.
- Mouais.
- On veut manger avec différentes personnes parce que le reste de la classe nous voit comme un petit groupe fermé qui ne s'ouvre pas aux autres !
- Oui c'est parce que c'est ce qu'on est, un petit groupe fermé qui ne s'ouvre pas aux autres ! admit Perrine.
- Les autres groupes ne s'ouvrent pas vraiment aux autres... marmonna Naomi.
- Bah, Ana mange de plus en plus avec Francis, Quinn et Lucy, Gina et Holly se sont quasiment intégrées au groupe de Rebecca, Christina et Robbie sont devenus des habitués de la table des geeks...
- Mais ça c'est depuis le début de l'année... marmonna Naomi.
- Oui mais bon, force est de reconnaître qu'on n'a pas d'invités réguliers à notre table, de gens qui s'y sont intégrés de fait, de nouveaux amis intéressants !
Naomi regarda Wallace et haussa les épaules.
- Si tu veux. Bon. J'ai enfin eu les tripes d'aller dans le bureau de mon père.
Wallace, Walter et Perrine redoublèrent d'attention.
- Je sais à quel niveau mon père est impliqué dans Direction Dresseurs, j'ai des papiers pour en attester, et nous devrons en discuter.
Les trois autres hochèrent la tête.
Pendant ce temps-là, plus loin dans le couloir...
- Je suis content que tu prennes ça bien, quoi, c'est tout...
Holly acquiesça, ferma son casier et regarda Steven.
- Je suppose que j'ai pas trop le choix...
- C'est pas pour te blesser, enfin moi j'le prends pas comme ça... Et Gina non plus !
Holly soupira.
- Tu as rompu avec moi en me traitant de meuf chiante et en prétextant que je ne voulais pas coucher avec toi. A part ça tu ne voulais pas me blesser...
Steven soupira.
- Je sais pas rompre autrement qu'en étant vache, désolé !
- C'était qui, l'autre fille, celle avec qui tu baisais pendant que tu sortais avec moi ?
Steven haussa les sourcils.
- QUOI ? Mais PERSONNE !
- Arrête, Steven ! Avec toutes les greluches qui tournent autour de toi !!
- Holly...
- Non, j'ai déjà parlé trop longtemps avec toi, c'est bon...
Steven prit Holly par les épaules.
- J't'explique un truc, meuf. Rompre avec toi, ça a été la chose la plus dure que j'ai eue à faire de toute ma vie !
- Ah ouais ? Comment ç...
- Parce que t'es la première à qui je l'ai dit en face !
Holly s'étonna.
- ... ah ?
- Ouais. Ok, ça me faisait chier qu'on couche pas, mais j'avais un feeling avec toi, j'pouvais pas rompre avec toi à distance. D'habitude c'est Mike ou James qui jouaient les messagers pour moi, mais avec toi, voilà quoi, j'ai voulu... faire ça correctement.
Holly hésita, mais elle choisit de partir comme une furie.
- Parce que c'est censé me toucher, le fait que tu aies « bien » rompu avec moi ?! Pffffff !!!
Steven regarda Holly partir, énervé.
- Pfff... Pétasse...
- Yo, vieux...
Steven se tourna vers Mike.
- Vieux...
- De quoi tu parlais avec elle, j'croyais que tu sortais avec la bomba latina !
- J'essayais de régler un vieux truc mais les meufs sont vraiment trop connes...
- Ouais. J'ai compris ça aussi... C'était une année bizarre, hein ?
- Hm...
Et devant la classe, une scène des plus romantiques se déroulait.
- C'est presque impressionnant...
- N'est-ce pas ? sourit Christina de toutes ses dents.
Tino hocha la tête en feuilletant le début de la revue de presse de Christina pour son option.
- Moui, tu as un talent impressionnant pour découper des magazines et les coller sur des feuilles reliées, ça force le respect, tant d'abnégation dans une tâche si ingrate.
Tristan se fracassa la tête avec la paume de sa main, espérant que le sang inonde son cerveau et qu'il meure.
Christina se décomposa. Tino regarda plus attentivement.
- Cependant tes commentaires pour situer les contextes sont bien menés, et tu sais exactement quoi pointer du doigt. Hm. Continue, je présume qu'un jour ça deviendra bon.
Tino lui redonna son fascicule et alla voir Benjamin et Orson. Christina semblait toute chose. Tristan la regarda.
- Tu réalises qu'il a juste dit ça pour ne pas te faire pleurer ?
- Tu ne peux pas comprendre... sourit la jeune fille, shootée à son Tino.
***
- Bien on va passer aux séances d'entrainement plus particulières tandis que les autres feront des exercices, j'appelle donc Wallace et Violette qui vont me montrer leurs efforts pour résoudre leurs soucis respectifs, et vous allez faire l'exercice 13 sur la nomenclature physique et spéciale !
Wallace alla sur le terrain en face de Violette.
- Bien, Wallace tu devais travailler l'obéissance de tes Pokémon, Violette ta défensive.
Les deux élèves hochèrent la tête. Wallace sortit Chartor et Tiplouf, Violette envoya Karaclée et Mysdibule.
Walter regarda Naomi, juste à côté de lui.
- Tout va bien ?
- Oui, oui...
- Je veux dire, par rapport à ce que tu as découvert, vis-à-vis de ton père ?
- Oh. Il n'y a rien de très grave en soi, c'est juste... le fait de savoir maintenant !
- Hm...
Walter hésita. Wallace arrivait à contrôler Tiplouf presque bien.
- Pepsi, attaque Bulles d'O !
Tiplouf regarda son maître qui hocha la tête. Le Pokémon balança des bulles sur son dresseur.
- Non ! Non, c'est pas vrai, on travaille ça depuis des jours !
- Vous êtes encore trop dans la posture, Wallace, pas assez dans le naturel !
- Je sais... grommela Wallace. Tabasco, Lance-Flammes !
A l'inverse, le Pokémon Charbon envoya un parfait jet de flammes. L'attaque manquait de puissance.
- Violette, parez l'attaque avec Mysdibule !
Violette hocha la tête.
- Harvey, Croco Larmes !
Mysdibule se mit à pleurer, ce qui diminua sensiblement la puissance de l'attaque. Mysdibule réussit à parer le coup.
- Oui !! sourit Violette.
- Pas mal... Vous auriez pu mieux faire, mais ça n'est pas mal. Utiliser des attaques défensives n'est pas un mal !
Walter souffla.
- Je... suis un peu inquiet pour toi en fait.
Naomi le regarda.
- Pourquoi ?
- Ça t'a demandé beaucoup d'efforts pour nous sortir ces informations, je ne voudrais pas que tu t'en veuilles...
- Oh c'était purement... psychologique !
- Ah.
- Oui tu vois le genre, un blocage psychologique tout bête...
- Oui, c'est ton père, tu ne veux pas entrer dans son monde...
- Voilà...
- Ca peut se comprendre ! admit Walter.
Naomi hocha la tête. Elle regarda Walter puis son fauteuil, et soupira sur sa propre bêtise.
- Mais enfin Violette ! s'étonna la prof.
- Je ne peux pas, madame ! Martial a toujours été pour moi un grand combattant, je ne peux pas me résoudre à utiliser des attaques défensives !
Sandrine semblait réfléchir. Wallace haussa les épaules.
- N'en utilise pas !
- Ce n'est pas possible, elle ne peut pas se résigner à n'utiliser que de l'offensive ! signala Sandrine. Elle ne peut pas résumer ses seules options à des coups.
- Tu as utilisé Gonflette une fois, Violette.
Les trois regardèrent Tino, toujours dans son exercice, qui n'avait même pas levé le nez de la feuille.
- Pendant notre tournoi à la médiathèque, en finale. Tu as utilisé Gonflette.
- ... la situation était... différente, je devais le faire.
- Ah ? Mais c'était un tournoi en amateur, enfin, rien d'officiel, quel enjeu pouvait-il y avoir ?
Violette regarda en direction de Santana qui la regarda et secoua la tête l'air de dire « Evoque ne serait-ce que mon odeur et tu es morte, bitch »
- Je... pense que je ne voulais pas perdre la face devant mes camarades ! sourit faussement Violette.
- Oh arrête ! souffla Wallace. Même moi j'ai du respect pour ta façon de te battre !
- C'est vrai ?
- T'assures pas mal !
Perrine haussa les sourcils, surpris du comportement de Wallace. Rebecca sembla suspicieuse.
***
- Tu as changé, Violette...
La jeune fille regarda Rebecca, étonnée.
- Ah bon ?
- Oui... Tu... es différente, je ne sais pas trop comment ni pourquoi...
- Elle a changé de chaussures ! signala Amélia.
- J'avais remarqué, Amélia !! Je parlais d'autre chose...
Violette haussa les épaules.
- Je ne vois pas en quoi je suis différente !
- Je ne sais pas, tu es moins... avant tu étais plus... Je ne saurais pas comment le dire !
- Par contre toi tu n'as pas changé...
Rebecca haussa les sourcils.
- Quoi ?
- Rebecca, tes sourcils, tu vas avoir des rides ! grommela Amélia.
- Oh oui, pardon ! Pourquoi tu dis ça !
- Je ne sais pas, je n'ai pas l'impression que l'opinion des autres ait évolué à ton sujet...
- Qu... Oh, c'est ça ! Les autres sont différents avec toi !! Ce... Wallace, il te parle trop gentiment !
- Ouais... Il veut peut-être sortir avec toi ! souligna Amélia.
Violette sembla gênée. Rebecca leva les yeux au ciel.
- Amélia, on en a déjà parlé, Wallace est un homosexuel déviant ! Il a déjà fait des propositions à Francis Zuckerman et la rumeur dit qu'il sort avec Walter Lu... Leu... Ledger ?!
- Ca se prononce « Leudj », c'est suédois ! signala Amélia.
- Qui a lancé cette rumeur ?! s'étonna Violette.
- Bah, moi, évidemment ! sourit Rebecca.
Violette plissa les yeux.
- Tu vois, tu... es méchante avec les autres, même derrière leur dos ! Walter et Wallace sont simplement amis !
Rebecca plissa les yeux.
- Rebecca, tes yeux !! grommela Amélia.
- EXCUSE-MOI, Amélia, je ne suis pas aussi bonne que toi pour réfréner mes PULSIONS FACIALES !!
Amélia leva les yeux au ciel.
- Je pense être appréciée des autres, Violette, mais je te remercie de t'en soucier autant.
- Si tu le dis...
Rebecca sembla néanmoins soucieuse.
Pendant ce temps, Naomi donnait son grand oral.
- Alors... Mon père officie en tant que Directeur des ressources humaines de Direction Dresseurs.
Wallace plissa les yeux.
- Rien de très nouveau... C'est le métier de ton père, nan ?
- Oui, c'est comme ça qu'il a monté son entreprise et ses affaires aujourd'hui florissantes. Et cela lui permet d'avoir...
Naomi sortit de son sac des feuilles qu'elle distribua à ses amis. Walter s'étonna.
- Des fiches signalétiques sur les membres ?!
- Tout juste.
- Seth Corrigan, le vice-président...
- Lis la partie « CV ».
Walter la lut et haussa les sourcils.
- Mais... mais ça explique tout !
- Parle, propagateur de suspense inutile !! grommela Wallace.
- « Seth Corrigan est un adjudant de Roland Smirnoff depuis son temps passé à New York, il était notamment avec lui lors de sa victoire contre Julius Kent à la zone de combat ».
Walter regarda Wallace.
- Si tu voulais une preuve de plus...
- Seth est donc le lien entre Direction Dresseurs et Roland Smirnoff, le lien humain...
- Un espion ? suggéra Perrine.
Wallace haussa les épaules. Naomi plissa les yeux.
- Un espion qui serait devenu vice-président ? Qui serait toujours là au bout de six ans ?
- Justin Truce est trop malin pour laisser un espion à ses côtés pendant autant de temps... songea Wallace.
- Il a été assez con pour nous attaquer de front sur notre terrain ! admit Perrine.
- Han ! Perrine a dit « Con » ! s'étonna Wallace.
- Pour désigner quelqu'un d'autre que toi ! souffla Walter.
Perrine leva les yeux au ciel. Naomi acquiesça.
- J'ai aussi découvert qui était Teresa Torres.
- La « dame de l'accueil » ? s'étonna Walter.
- Ou plutôt la grande stratège pour le compte de la région Kanto pendant la dernière guerre.
Wallace haussa les sourcils.
- Et c'est genre la bonne ?
- C'est probablement une couverture. Quant à savoir pourquoi ils ont une tacticienne militaire dans leurs rangs... marmonna Perrine.
- Ca, plus le fait qu'ils nous évaluent, qu'ils nous classent, qu'ils font faire aux élèves des tests de personnalité très intrusifs... ajouta Walter.
Wallace soupira.
- Le but serait de mettre en place des soldats...
- C'est un peu abusé... dans quel but ? s'étonna Walter.
- Conquérir le monde, pardi... clama très sérieusement Wallace.
- C'est, là encore, abusé... souffla Walter.
Perrine lut la fiche de Justin Truce.
- Héritier de Ménard Truce... membre de la noblesse Poképolite de sang premier... Dirigeant de Direction Dresseur... On n'apprend rien de bien nouveau...
- Regarde la date à laquelle mon père et lui ont signé un deal.
Perrine haussa les sourcils.
- La... fin de la guerre ?
- Ouais. Un peu après la fin de la guerre. Je crois même me souvenir de ce monsieur.
- Sérieux ? s'étonna Wallace. J'me rappelle presque plus de cette période moi...
- C'est flou, mais je crois me rappeler que mon père était souvent avec un autre homme... Je devrais demander à mon frère, il était plus âgé...
- Si ça se trouve ton père et ce mec... tu vois quoi ! sourit Wallace.
- C'est avec des phrases comme ça que je suis contente de ne pas manger avec toi ce midi !
- Tu m'adores, voyons !
- J'ai également une liste des employés et des anciens employés ce qui va nous permettre de savoir qui en est et qui n'en est pas.
- Et là, surprise, madame Clover en est... marmonna Walter.
Naomi et Wallace vérifièrent. Perrine regarda Walter, étonnée.
- Euh... je plaisantais !
- Ugh... soupira Perrine.
- CRETIN ! grommela Wallace.
- Tu m'as fait peur !! souffla Naomi.
- Faut que j'arrête de faire des blagues, moi, ça prend tout le monde à revers ! sourit Walter.
***
Le cours le plus passionnant de l'existence eut ainsi lieu.
- D'ailleurs apprenez qu'en anglais, couper se dit « cut ». Et que le verbe ne varie pas selon sa conjugaison... enfin, je crois.
Le professeur de fondamentaux relit son livre alors que les autres élèves se demandaient comment un professeur pareil pouvait encore exercer. Rebecca s'était mise avec Tino, ce qui de facto avait occasionné un recul net de Robbie, Tristan, Benjamin et Orson au bout de la rangée. Orson collait Santana.
- Ecarte-toi tout de suite ou je te transforme en sushi... grommela Santana.
- Tu... as conscience que... les sushis ne sont pas vietn...
- E-ca-rte-toi !
Orson se décala vers Benjamin qui plissa les yeux.
- Tu m'as pris pour ton jumeau siamois juif ?
- Si j'étais ton jumeau, je serais également juif !!
Santana leva les yeux au ciel. « Si tu te frappes la tête contre le pupitre, tu arriveras probablement à te provoquer un coma salutaire qui t'empêchera d'entendre ces deux-là essayer de parler et respirer en même temps... »
Wallace tentait de faire des efforts pour suivre. « Cut, couper, conjugaison : Cut, cut, cut. Celui qui a inventé ça prenait les anglais pour des débiles... »
Et Rebecca avait une conversation avec Tino.
- Est-ce que tu me trouves méchante ?!
- Oui.
Rebecca s'étonna de cette réponse directe.
- Oh bah ça...
- Mais tu l'as toujours été, à force on s'y habitue.
Rebecca grimaça.
- Qu'est-ce que je peux faire pour y remédier ?!
- Pffff... personnellement, moi, je ne cherche pas à me faire apprécier, alors tu ne devrais pas toi non plus, ça t'éviterait des soucis.
Rebecca plissa les yeux. « Mais je veux être appréciée !! »
***
- Tout ce que tu as à faire c'est tamponner en bas des pages.
- T'es sûr, papa ?
- Oui, oui, ne t'en fais pas.
Naomi s'attela à la tâche. Duncan continua son travail. L'interphone sonna de nouveau.
« Monsieur Kingsley, quelqu'un tient à entrer dans votre bureau... »
- Sans rendez-vous ?!
« Non. »
- ... qui est-ce ?
« Eh bien... »
L'homme entra. Un type avec un chapeau noir et un imperméable vert. La première impression de Naomi fut : « Qu'est-ce qu'il était mal habillé ! »
- Monsieur Kingsley... marmonna l'homme très pâle.
- Je vous connais, vous êtes Kruger, le comptable d'Avenir Dresseurs...
- Hm. C'est à propos des ressources. Je pense qu'il y a eu une erreur dans l'attribution des contrats, ça ne colle pas. C'est beaucoup trop comparé à ce qui a été convenu à la base dans les budgets.
Duncan plissa les yeux.
- Pourquoi m'en parler ? Je ne fais que valider l'ensemble.
- Revérifiez tout.
- Très bien, je verrai ça dans la journée...
L'homme hocha la tête et partit sans plus de procès. Duncan hocha la tête, délaissa son travail et sortit un gros dossier orné de l'inscription « Avenir Dresseurs ».
- Qu'est-ce que tu fais papa ?
- C'est quelque chose d'important, ça ne peut pas attendre.
- Ah...
- Mais continue de tamponner ces contrats, c'est important.
Naomi regarda ce qu'elle tamponnait.
- Mais le monsieur a pas dit...
- Ce ne sont pas ces contrats. Le monsieur parle des contrats d'Avenir Dresseurs, mais je crois qu'il n'est pas au courant qu'il y a de petits arrangements entre moi et le chef d'Avenir Dresseurs.
Naomi plissa les yeux puis haussa les épaules et se remit au travail.***
Repas de midi.
- Walter, voyons, si tu manges avec nous, c'est à MOI de t'aider en portant ton plateau !
- Mer...ci.
Rebecca prenait la nourriture au self pour Walter.
- Crème brûlée ou fromage ?
- Fromage, la crème brûlée finance Satan.
Rebecca frissonna et prit deux fromages. Violette et Amélia étaient surprises du comportement de leur amie.
- Voilà ! Allons donc nous installer à notre table !
Rebecca avança avec les plateaux. Walter laissa passer Violette et Amélia avant de suivre.
- Oh !! Oh, les filles voyons !!
Rebecca posa les plateaux devant ses amies hébétées, puis elle alla se faire un devoir de pousser Walter.
- Euh...
- Violette, Amélia, je ne vous félicite pas !
- Je... peux rouler tout seul, Reb...
- Oh voyons, Walter, si je peux te faciliter la vie !
Walter semblait dans la quatrième dimension. Il fut placé face à Violette, à côté d'Amélia. Rebecca sépara consciencieusement les plateaux devant un Walter médusé. Elle prit même la peine d'ouvrir son lait fraise et de mettre la paille.
- Aaaaah ! Eh bien, bon appétit !
Walter acquiesça et se mit à manger.
- Alors Walter, comment ça va ?
Walter regarda Rebecca, toute sourire.
- Bien...
- Rebecca, voyons, tu ne demandes jamais aux gens comment ça va... marmonna Amélia.
- Tais-toi, Amélia. Bien ! Très bien. Je vais bien aussi, tout le monde va bien. Et... tu passes une bonne journée ?
- Oui...
- Comment as-tu trouvé le cours de fondamentaux ?
- Horriblement chiant.
Rebecca tressaillit. Walter haussa les épaules.
- Oui, alors, première nouvelle, les handicapés aussi peuvent dire des gros mots.
Violette se retint de pouffer. Amélia regarda Walter, étonnée.
- Tu peux dire des gros mots ?
- Oui Amélia, je peux même me mettre en colère, être méchant, mauvaise langue, parler dans le dos des gens, trafiquer de la drogue et pétrir de la pâte sous les roues de mon fauteuil puis revendre le pain à des enfants pauvres.
Amélia regarda le fauteuil de Walter, étonnée.
- ... je veux un fauteuil roulant...
- Ne sois pas ridicule, Amélia ! Walter, tu... veux mon fromage ? Je te le donne gratuitement, sans rien te demander en retour !
Walter éclata de rire. Rebecca ne comprit pas. Violette se retint très difficilement de suivre Walter dans son hilarité.
- Mais quoi ? J'ai fait quoi ?!
- Rebecca, tu n'es pas obligée de prendre autant de gants avec moi ! Je suis quelqu'un de normal, inutile d'être aussi... gentille !
- Mais je suis gentille ! Je suis un être d'exception et j'ai l'impression que les gens de la classe me voient comme une méchante personne !!
Walter acquiesça.
- C'est déjà bien de reconnaître qu'on a des torts, dans la vie.
- Est-ce que tu me trouves méchante, Walter ? De manière générale, pas aujourd'hui, aujourd'hui j'ai été parfaite !
Walter plissa les yeux.
- Eh bien je pense que si tu étais quelqu'un de vraiment horrible, tu ne chercherais pas à t'améliorer comme tu essaies de le faire aujourd'hui. Mais tu en fais trop.
Rebecca souffla.
- Ah ! Je savais que j'étais une personne de qualité, excellente, pleine de gentillesse et de générosité envers mes camarades de classe ! Ha ! Donc ce sont les autres qui ont tort et pas moi !
- C'est ce que je te dis depuis le début... marmonna Amélia.
- Eh oui ma Amélia, décidément je ne devrais jamais douter de ta sagesse infinie !
Violette et Walter se regardèrent. « Ok, elle a complètement régressé... »
A la table des geeks, Perrine, qui croyait avoir trouvé une planque tranquille, se retrouva assaillie par le pire adversaire qu'elle puisse avoir.
- Tu joues à des jeux vidéo, Perrine ? demanda Benjamin.
- Pas trop. Je passe le plus clair de mon temps libre à peindre...
- Même pas à des jeux sur ton téléphone ? s'étonna Orson.
- Non.
Tristan fixait Tino, s'attendant à une horreur d'une minute à l'autre, vu le regard massacrant du jeune hispanique. Robbie sentait aussi que l'ambiance était tendue. Christina mangeait avec Ana, Fey, Clive et Andréa, un peu plus loin.
- Qu'est-ce que tu fais ici ?
Perrine regarda Tino. Tristan écrasa son visage dans sa main.
- Euh bah... avec... euh...
Perrine était perturbée par Tino, n'arrivant pas du tout à le cerner. Tino prit son verre.
- Toi, habituellement, tu manges avec tes amis, Wallace, Naomi et Walter. Vous avez la même, éternelle place, près de la porte, parce que Walter ne peut pas aller trop loin dans la cantine, c'est embêtant. Mais aujourd'hui, miracle, la Ligue du Mal se dissout et s'éparpille dans les rangs ennemis et décide de parler un peu aux autres gens.
Perrine resta bouche bée. Benjamin et Orson observaient, stupéfaits.
- Tu veux que je te dise ce que tous les autres dans la classe pensent de vous ? Vous croyez que cette classe est votre fief. Que vous êtes nos seigneurs et que nous sommes vos misérables sujets, que vous êtes les rois de la classe. Et toi, Perrine, tu es la pire. Parce que...
- Je suppose que comme tu peins beaucoup, tu vas voir des... films en rapport avec de grands peintres !
Perrine regarda Robbie qui se la jouait « porte de sortie ».
- Euh... oui, ça m'arrive... enfin je préfère lire des ouvrages d'analyse de leur œuvre.
- Oui et puis les musées, tout ça...
- Ah ça oui c'est... une étape indispensable.
Tino regardait toujours Perrine comme s'il était le Ché et qu'elle était Fidel Castro.
- Quel est ton préféré à Poképolis ?
- Bah comme je suis à Ogoesse, je passe parfois au Full Munna Museum.
- Celui qui a été construit sur les Vestiges du Rêve !
- Oui voilà. Y'a aussi le Simian, mais il est plus petit et un peu trop centré autour de Feuillajou, Flamajou et Flotajou...
- Il est pas top, oui... Tu es déjà allé dans une galerie d'art de Volucité ?
- Ça craint... Je ne trouve pas qu'Artie soit... le si grand artiste qu'il prétend être !
- T'aimes pas les artistes ? s'étonna Robbie.
- Bah pas tous, j'ai vraiment peu d'artistes que j'aime intégralement, j'ai toujours un ou deux reproches à faire à un artiste...
- Evidemment ! sourit Benjamin.
- Ah bah oui, vive la critique objective ! admit Orson.
- Le pire ennemi d'Internet ! rappela Benjamin.
L'ambiance à table redevint à peu près normale, au grand dam de Tino.
Wallace avait choisi la solution de facilité.
- C'est plutôt marrant ! sourit Wallace.
- Pas vraiment quand tu le vis. Ma grand-mère est le genre « chinoise sévère traditionnelle », c'est typiquement le regard de braise permanent ! sourit Lucy.
- Tes parents... acceptent bien ta... situation personnelle ? demanda Quinn.
- Nan, pas trop.
Francis leva les yeux au ciel.
- Mais... je vais pas me plaindre, je sais qu'il y a bien pire. Dans la classe peut-être même, alors je dirais juste... non, pas trop !
Quinn hocha la tête.
- Je suppose que tu peux en parler à tes amis.
- Non. En fait généralement avec Walter, on fait des soirées picole / DVD, avec Perrine j'aime bien me chamailler et discuter chiffons avec ses parents – qui sont super cools – et j'adore que Naomi me rembarre ou se comporte comme une maman avec moi !
Lucy plissa les yeux.
- Et tu... ne cherches pas à te faire aider, par rapport à tes parents ?
- Par qui ?
- Y'a des associations, nan ? suggéra Quinn.
- Bof... Pas trop envie de m'embarquer là-dedans... Je veux pouvoir régler mes soucis moi-même. J'en parle pas trop à mes potes non plus, vous savez. Je pense que dans la vie, faut pouvoir se débrouiller seul.
Francis ne put qu'acquiescer. Il n'avait jamais été aussi calme pendant un déjeuner.
Santana regardait Naomi, intriguée.
- Alors tu vois, j'ai pensé que commenter cette trilogie c'était le meilleur moyen d'avoir une bonne note.
- Trêve de banalités, pourquoi manges-tu ici ?
- Je... t'ai expliqué, on a décidé de manger séparément histoire de changer un peu...
- Pourquoi avec moi ?
Naomi baissa la tête.
- J'avais besoin de parler.
- Mais encore.
- De parler à quelqu'un de rationnel.
- Tu te rends compte qu'avec tout ce que les autres élèves m'ont confié je pourrais écrire un fichu bouquin ?
- Pardon, j'essaie pas de t'utiliser ou...
- Moi aussi j'aurais besoin de me confier tu sais ! Je suis la fille d'une artiste fantasque à la libido débridée, mon père est un pêcheur pauvre qui vit à côté d'Hô-Chi-Minh au Viêt-Nam, quant à moi je ne suis qu'une lesbienne asiatique idiote qui a eu le malheur de tomber amoureuse de la fille la plus belle mais également la plus timide et la plus soumise qui soit.
- ... on dirait un...
- Si tu dis « Un roman faussement asiatique pour faire bien »... Tu as probablement raison.
- Je... enfin, tu n'as pourtant pas l'air d'aller mal !
- Je ne vais pas mal, attention, c'est juste que... moi aussi j'aimerais me lâcher sur quelqu'un parfois !
Naomi acquiesça.
- Je garderai ça pour moi.
- Merci.
- Je suis amoureuse de Walter.
Santana haussa les sourcils, totalement défaite pour la première fois de sa vie.
- Ah ouais quand même. Naomi : 10, Santana : 0 !
- Je sais c'est... n'importe quoi.
- En matière de sentiments, je pense être mal placée pour juger de la notion de n'importe quoi.
- Je ne sais pas laquelle de nos situations est la plus embêtante.
Santana se releva sur sa chaise.
- Eh bien, je suis simplement lesbienne, tu as la chance d'être hétérosexuelle mais ton dévolu s'est porté sur un garçon qu'il n'est pas facile d'aimer à plusieurs niveaux...
- Chaque fois que je le vois, je... Je sais à quel point c'est un garçon merveilleux, et... chaque fois que je vois son fauteuil, je me dis... que... Qu'est-ce que penseront les gens !
- C'est pareil quand on est homo, c'est toujours une hésitation au départ. Se tenir la main dans la rue ou non, le dilemme de toute une vie !
- Avec Mike c'était facile, on est tous les deux pas trop mal, on... est... normaux !
- Ah mais oui ! Ceci explique plus aisément ta rupture avec Mike !
Naomi se mordilla les lèvres.
- J'ai... ruminé ça toute la soirée avant la rupture, et... Walter me comprend tellement, il sait exactement comment me parler, quoi me dire, quand je suis avec lui je me sens bien, on a toujours des discussions intéressantes, il est gentil, il est drôle, et moi... Moi j'en reste à de stupides considérations physiques !
- Je t'avoue que dans ta situation, je serais tout aussi bloquée. Sans mauvais jeu de mots.
- Quand j'envisage une éventuelle suite, je me dis : Qu'en penseront mes parents ? Déjà il est blanc, fils d'ouvrier, handicapé... Mais pourquoi je suis tombée amoureuse de lui !
- Ca ne se décide pas, crois-moi ! Si ça pouvait se décider, tout serait plus facile...
Naomi soupira.
- Bref, ça me déprime un peu beaucoup.
- Et lui de son côté ?
Naomi plissa les yeux.
- Je... ne pense pas qu'il ait des sentiments aussi complexes... ou même qu'il s'intéresse à moi comme ça, enfin, c'est Walter, quand même !
- ... et ?!
- ... Bah... C'est Walter, je ne pense pas qu'il... ait ce genre de considérations...
Santana acquiesça.
- Quand j'avais dix-onze ans, ma mère qui était en quête d'inspiration, m'a emmené dans un hôpital pour enfants.
Naomi acquiesça.
- J'étais assez garçonne à l'époque, déjà, mais j'aimais bien le rose et je portais une jupette sur mes collants en laine. Y'avait pas mal d'enfants bizarres qui trainaient. C'était louche, honnêtement je les revois parfois en rêve tellement c'était badant.
Naomi sourit.
- Eh bien l'un d'eux était un gamin de mon âge qui nous suivait, l'air un peu retardé – en fait il avait juste une infirmité motrice cérébrale – je me suis renseignée plus tard en me souvenant de lui – et il m'avait offert une fleur.
Naomi ricana.
- C'est mignon !
- Et juste après, il a essayé de soulever ma jupe.
- ... pas mignon ! geignit Naomi.
- Tout ça pour te dire que peu importe l'état mental ou physique, un sentiment reste un sentiment...
Santana hésita avant de poursuivre.
- ... et le reste aussi, je suppose.
Naomi ouvrit grand la bouche. Santana acquiesça.
- Eh oui ma petite, va falloir que tu réfléchisses à ça aussi...
- Oh mon Dieu, j'arrive même pas à...
- Oh que si, tu arrives très bien à imaginer... sourit Santana.
- Santana !!
- Si ça doit commencer et continuer entre vous, il va bien falloir que tu y penses. Mais rassure-toi, passé le petit instant de culpabilité, c'est que du bonheur.
Naomi sembla totalement décontenancée.
***
L'après-midi était battante quand le téléphone sonna. Duncan alluma le haut-parleur.
- Kingsley, j'écoute.
« Duncan, c'est Truce. »
- Justin, je suis justement en pleine vérification...
« A compter de ce jour, Kruger n'est plus un intermédiaire valide pour discuter des contrats. »
- Reçu.
« La vérification est inutile. »
- Je me doutais bien.
« Je vous présenterais un nouvel intermédiaire sous peu. »
- Bien.
La conversation se coupa, et Duncan se remit à vérifier des CV. Naomi, intriguée, regarda son père.
- Papa, pourquoi tu obéis au monsieur ?
- Parce que c'est mon supérieur. Il faut obéir à son supérieur. C'est mon patron, c'est un peu comme... ton professeur !
- Ah.
- Voilà. Sache, Naomi, que toujours dans ta vie, tu auras quelqu'un au-dessus de toi. Cela s'appelle la hiérarchie.
- C'est dur à prononcer !
- Oui, et c'est parfois un peu embêtant, aussi ! sourit Duncan.***
Sortie de la cantine. Les élèves se dirigeaient vers leurs prochains cours.
- Tino !
Le petit jeune homme se tourna vers Francis.
- Ouiiii ?!
- Vous avez eu Perrine à votre table, c'est ça ?
- Hm... et vous Wallace ?
- Ouaip... C'est juste moi ou c'est bizarre ?
Tino inspira.
- On peut suggérer après l'incident de cette conférence que leur devoir devient un peu trop dangereux et qu'ils cherchent des... alliés.
- Le truc avec Direction Dresseurs, là, ouais... J'ai déjà bien fait mention à madame Clover qu'elle les aidait trop dans leur devoir.
- N'est-ce pas. Et maintenant que leur devoir devient un peu trop dangereux, je suppose que ça va se retourner contre nous en tant que classe...
Francis hocha la tête.
- Ce jour-là...
- Ce jour-là, il faudra faire comprendre à ces quatre idiots qu'ils doivent apprendre à se sortir tous seuls des merdes dans lesquels ils s'embourbent. A assumer l'étendue de leurs erreurs...
Francis acquiesça.
- Je ne l'aurais pas mieux dit !
- Je peux donc compter sur ton soutien ?
- Ouais. On s'laissera pas faire !
- Parfait...
***
Helen Clover semblait lasse d'avance. La classe s'installait doucement. Helen regarda Preston, son fidèle Miradar, qui semblait aussi las que sa maîtresse.
- Asseyez-vous... J'ai une annonce à faire, une annonce HORRIBLE mais qu'on m'OBLIGE à faire en tant que professeur principale... je déteste ce boulot, bon sang de bois...
La classe se tut. Helen soupira, semblant menacée par un pistolet.
- Jemedoisdevousannoncerquecetteannée...
- Quoi ?
- Hein ?
- Madame, vous pourriez ouvrir la bouche un peu plus ?! demanda Gina.
Tout le monde la regarda. Gina haussa les épaules.
- Moi j'demande, c'est tout !
- Je me dois de vous annoncer que cette année comme à chaque première année, vous êtes conviés au bal de la promo, réservé aux premières années....
Rebecca poussa un cri strident. Le reste de la classe était au choix, agacé...
- Oh, galère... soupira Orson.
- C'est la pire chose qui pouvait arriver... geignit Quinn.
- AAUUUUGH !! geignit Wallace, tué sur place.
- Pu-TAIN et il fallait que j'aie une meuf JUSTE A CE MOMENT LA !!! grogna Steven.
- Hmph... geignit Violette.
- Mmmm... soupira Tristan en s'écroulant sur son bureau.
... indifférent...
- Mouais... marmonna James.
- Bof... souffla Tino.
- Tant que maman n'en sait rien, tout va bien ! grommela Robbie.
- Hm, ouais... souffla Perrine.
- Hm... ronfla Santana.
... ou enthousiaste.
- YES, YES, YES !! Mon occasion d'inviter Quinn !!! s'enjoua Francis.
- Hihihi, c'est l'occasion de réaliser des rêves de princesse !! sourit Fey.
- Ouiiiiihihihihiiiii !!! s'enjoua Christina.
- On va pouvoir prendre des photos humiliantes !! sourit Andréa.
- Je vais ramener un briquet... sourit Clive.
Helen soupira et lut un papier.
- Je me dois de vous signaler les règles telles qu'édictées par Roland Smirnoff en matière de bal de promo : « Par la présente, moi, Roland Smirnoff, j'édicte ces règles chiantes pour ce bal débile. »
Rebecca fronça les sourcils.
- Ce mec-là n'a jamais eu de rapports sexuels consentants, ça, j'en suis sûre !
Tout le monde se retourna vers Rebecca, surprise.
- QUOI ?
- T'as dit « Sexuel » ! souffla Steven.
- Je connais le mot « sexuel », ça t'étonne tant que ça ?! grommela Rebecca.
- Ouais grave !
- Je peux continuer ? grogna Helen. Bon. « Tous les types de couples sont acceptés sauf avec un Pokémon. Hommes et femmes... »
Fey regarda James de loin. Le gros sportif sentait que ça allait être « sa fête ».
- « Hommes et hommes... »
Walter, Perrine et Naomi regardèrent Wallace qui regarda Perrine.
- 200 Pokédollars si t'es ma cavalière !
- T'es même pas obligé de payer... souffla Perrine, lasse.
- « Femmes et femmes... »
Santana haussa un sourcil. Violette rougit.
- « Frères et sœurs, peu m'importe. »
Lilian et Léon se regardèrent, tous contents.
- « Vous êtes tenus de venir en tenue de soirée, et oui, j'aime les jeux de mots débiles. Il est également possible de venir seul. Sachez que la soirée s'achèvera à 23 heures, heure à laquelle des minibus vous ramèneront chez vous. »
Helen souffla et balança le papier. Rebecca, en bonne dictatrice, regarda le reste de la classe.
- Venir seul ? Mais enfin madame, venir sans cavalier, c'est trop naze !
- Rebecca, reviens me dire ça quand tu auras trente-cinq balais, que tu seras célibataire et dans un appart minuscule à parler à tes Pokémon ! soupira Helen en retournant à son bureau.
Rebecca grimaça.
- Quoi ?!
- Rien. Cessez de parler entre vous, je commence mon cours et je me FOUS du bal de la promo, j'ai un programme à finir !
Wallace se pencha vers Walter.
- Il est vraiment temps qu'elle se trouve un mec...
Walter hocha la tête.
***
- On est donc d'accord, j'y vais avec Perrine, et Walter tu y vas avec Naomi.
Walter, poussé par Wallace à la sortie du cours, agitait les bras.
- On... On pourrait pas y aller ensemble toi et moi ? Ça me gêne d'y aller avec Naomi !!
Wallace grimaça.
- Tu préfères passer pour un homo que d'y aller avec Naomi ?!
- ... C'est pas ça, c'est juste que... Pourquoi t'y vas pas avec Tristan, toi ?
- Joli détournement de conversation. Les verres sont mieux chargés en alcool si on y va en couples hétéros. Et puis on est mieux vus aussi !
Walter soupira.
- Toi et ton infâme paradoxe de l'anticonformisme et du narcissisme !
- Qu'est-ce que je t'ai dit à propos des « ismes » ?
- Ils mèneront le monde à sa perte et provoqueront l'avènement des loutres géantes athées.
- Exactement ! affirma Wallace.
Naomi et Perrine, derrière les garçons, se regardèrent.
- Moi ça m'embête pas d'y aller avec Wallace, si toi ça t'embête pas d'y aller avec Walter... marmonna Perrine.
- Nan ça m'embête pas du tout... assura Naomi avec calme.
- Ok, bah on fait comme ça, ça arrange tout le monde !
Naomi ne put qu'acquiescer.
Gina et Steven soupiraient.
- T'as intérêt à être classe, je veux pas passer pour une godiche au bal de promo ! grommela Gina.
- T'as jamais peur de passer pour une godiche quand j'te prends à quatre pattes sur ton lit...
- Tais-toi ! C'est important un bal pour une jeune fille !
- J'en ai franchement rien à battre...
- Hmph...
Du coté des geeks...
- Ca va être tellement bien ce bal ! J'ai hâte d'y être !! sourit Christina.
- Ca va être ronflant... soupira Orson.
- Tellement naze... souffla Benjamin.
- Quel est l'abruti qui a inventé des règles aussi débiles... grommela Tino.
Tristan se contentait de regarder Wallace. « Quand bien même je voudrais, je pourrais pas y aller avec lui... Tout le monde nous verrait, ce serait... méga gênant... »
Clive soupira.
- Aurais-je assez de kérosène... l'auditorium est grand...
- Tu as du kérosène ?! s'étonna Andréa.
- Je pensais en avoir. Mais en fait je crois l'avoir déjà utilisé...
Andréa s'étonna puis acquiesça vivement.
- Quand tu as brûlé les peluches de la voisine le jour du vide-grenier !
- Elle l'avait bien mérité. Elle s'était moquée de Lestat de Lioncourt...
- Tu aurais pu avoir un prix de mise en scène ce jour-là... Le coup de les empaler sur des piques et de passer la musique de « Plus près de toi mon Dieu » en fond, c'était merveilleux.
- Et quand sa mère a appelé la police en pensant que c'étaient de vrais Pokémon... sourit Clive.
- Donc, le bal de promo...
- Je vais le faire brûler, ne te soucie de rien.
Andréa acquiesça.
***
- Et voilà, la journée est finie !
- On rentre à la maison ?
- Oui...
Duncan prit son manteau tandis que Naomi remettait sa veste.
- Tu ne t'es pas trop ennuyée, j'espère ?
- Non, non, ça va.
- On va aller chercher Shawn au basket sur le chemin, je pense qu'il va bientôt être l'heure...
Le duo sortit du bureau. La secrétaire attendait, debout et habillée.
- Vanessa ?
- Monsieur Kingsley, je suis désolée de vous faire ça un samedi soir, mais...
Elle lui tendit une lettre. Duncan l'observa et hocha la tête.
- Très bien. J'accepte. Sans le préavis et avec les indemnités.
- Merci.
- Je... ne vous demande pas pourquoi.
- Je suis désolée, c'est au-dessus de mes forces, il y a des choses avec lesquelles je pense qu'il ne faut pas plaisanter ou parler aussi légèrement. Tant que vous persisterez à rester sur ce dossier, je ne peux pas rester votre secrétaire.
Naomi regarda son père qui n'était pas en colère ni déçu.
- Très bien. Bon courage pour la...
- J'ai déjà retrouvé du travail, ne vous en faites pas pour moi.
Vanessa partit sans plus de procès. Duncan haussa les épaules. Naomi regarda son père.
- Pourquoi la dame veut partir ?
Duncan inspira.
- Tu vois chérie, certaines personnes ne comprennent pas toujours pourquoi... certaines personnes font certaines choses. Mais moi, au fond de moi, je sais que je ne fais rien de mal. Tu comprends ? Ma secrétaire ne comprend pas ça, et donc elle a décidé de partir.
- Ah... et qu'est-ce que tu fais exactement, papa ?
Duncan sourit.
- J'essaie de changer le monde, ma chérie... ***
- C'est l'heure du bilan ! sourit Wallace.
- On n'est pas à la fin de l'année... marmonna Walter.
- C'est tout comme, le bal de promo a été annoncé... marmonna Wallace.
Perrine et Naomi secouèrent la tête.
- Je ne comprends même pas que ça te fascine autant... soupira Walter.
- Ca ne me fascine pas du tout !
- Pourquoi tu n'y vas pas avec Tristan alors, si ça ne t'intéresse pas plus que ça ?
- Je ne veux pas y aller avec Tristan, arrêtez de vouloir me caser perpétuellement avec ce mec !! grommela Wallace. Et puis il est dans un placard de la taille d'un hôtel Sheraton !
Walter ne put qu'acquiescer. Les filles sortirent un paquet de cartes.
- Vous faites quoi, là ? s'étonna Wallace.
- On attend que vous ayez fini de discuter de choses insignifiantes... marmonna Naomi.
- Un tarot ? Tu me prends pour une roumaine ?! s'étonna Perrine.
Naomi s'étonna.
- J'étais persuadée que tu aimais y jouer !
- Non, mes parents n'ont jamais réussi à m'apprendre !
- C'est... moi qui t'ai dit que j'aimais le tarot... marmonna Walter en levant timidement la main.
Naomi haussa les sourcils.
- ... ah oui c'est vrai...
- Hm. On peut bosser ?
- Oui... Donc résumons les choses...
Wallace commença à dessiner sur une feuille. Naomi regardait sa feuille, intriguée.
- Tu fais quoi ?
- Une BD. On résume tout mieux en BD.
- Non... grommela Perrine.
- Ça fait longtemps que tu n'avais pas été aussi débile ! admit Walter.
- Le bal du promo, tel la Red Bull, me donne des ailes. Tout commence avec Justin Truce.
Wallace avait dessiné un Bulbizarre avec un entonnoir sur la tête avec les yeux en spirale.
- ... bien résumé... marmonna Perrine.
- C'est le Big Boss de Direction Dresseurs. On sait de lui que c'est un noble, mais visiblement un noble qui déteste les nobles. Pourquoi ? Personne ne sait. Mais il les déteste et il compte bien tous les tuer avec Bulbizarre, Dracolosse, Amonistar et Kabutops.
- Son équipe est étrange...
Wallace regarda Walter qui agita la tête.
- Il est issu d'une haute caste, rien de plus anormal qu'il ait un rapport singulier avec ses Pokémon, mais... Bulbizarre a une valeur sentimentale particulière, ça se sent, d'après ce que vous nous avez dit...
Perrine acquiesça.
- Toujours hors de sa Pokéball.
- Un comportement qui reflète une affection profonde. D'un autre côté, Kabutops et Amonistar semblent n'être que deux « soldats », deux « avertissements » avant Dracolosse qui lui, représente la quintessence du dressage de son maître.
Wallace haussa les sourcils.
- Pas tant que ça...
- Hm ?
- Je ne sais pas qui l'a attaqué, mais il a suffi qu'il se prenne une attaque Glace dans le dos pour qu'il s'effondre.
- C'est un Dracolosse, normal qu'il ne supporte pas les attaques Glace.
Wallace semblait intrigué.
- Hm... Continuons. Son directeur adjoint est Seth Corrigan... Que dire de lui sinon qu'il a été à la solde de Roland Smirnoff...
Walter soupira.
- C'est lui qui a le rôle le plus ambigu dans le tas, on ne sait pas pour quel côté il joue...
- Et son attitude était tellement différente de celle de Truce... souffla Naomi.
- D'un côté un gars limite fou dangereux, d'un autre un type diplomate et qui temporise... souffla Perrine.
- Cette ambivalence brouille les pistes... A croire que c'est fait exprès... admit Wallace.
- Et Teresa Torres ? indiqua Naomi.
Wallace plissa les yeux.
- Elle a juste joué aux échecs pendant la guerre, sauf que c'était avec des gens vivants.
- On devrait s'intéresser un peu plus à cette guerre... même si c'est compliqué. Ma mère ne se lasse pas de me raconter des histoires à ce sujet...
- Pas mes parents... souffla Perrine.
- Ma mère était dans les services spéciaux affectés à la marine, mais elle déteste en parler avec qui que ce soit...
Tout le monde regarda Wallace qui hocha lourdement la tête.
- Du côté de ma mère, c'est un peu des gros dingos des Pokémon Eau... genre c'est à se demander pourquoi on n'a pas une arène à notre nom !
- Elle était avec Kanto... En théorie elle était dans le « bon » camp... Le mauvais, c'était Hoenn... précisa Walter.
- C'était surtout Suzuki... marmonna Perrine.
- Un autre nom de la liste...
Wallace ouvrit son ordinateur et retrouva la liste de treize noms.
- Mildred Suzuki...
- Pourquoi cette liste de noms t'intéresse ?! s'étonna Naomi.
- Bah y'a plein de noms qui ont un lien avec notre affaire, et si le fameux « D » a bien un lien avec la noblesse, ça voudrait dire que les gens qui portent ce nom sont des cibles pour lui.
Perrine acquiesça.
- Certes... Pour une fois que tu dis des choses intelligentes.
- Pis y'a ce nom, Heine.
Perrine hocha la tête.
- Je t'ai déjà expliqué que ma famille a des liens avec cette famille. Mon grand-père était le meilleur ami de Kenneth Heine.
Wallace hocha la tête.
- J'ai entendu ce nom ailleurs. Dans le documentaire. La meuf cite un certain Malcolm Heine.
Perrine hocha la tête.
- C'est le fils de Kenneth et le frère de Rachel, l'ancienne épouse de Roland, qu'il a quitté après le kidnapping d'Ethan, il y a six ans. Ils étaient tous devenus fous d'après ce que j'ai pu comprendre, et je pense que tu avais raison Wallace, il a dû se passer quelque chose de très grave qui a fait rompre mon oncle et ma tante très brutalement.
Walter regarda Perrine.
- Toi, tu as discuté avec Léopold.
- Oui monsieur.
- Léopold ? s'étonna Wallace.
- C'est la concierge de la bande d'amis de nos parents mais il n'est ni sud-américain ni concierge de profession ! sourit Walter.
Wallace haussa les sourcils. Naomi plissa les yeux.
- Je ne vois pas pourquoi le nom des Heine revient à la surface... s'étonna Naomi.
- C'est pas bizarre ? Que Justin Truce ait accepté de s'acoquiner avec Roland Smirnoff qui a été lié par alliance avec une famille noble ?
- Il ne le savait peut-être pas... marmonna Naomi.
- Et il l'a peut-être su... constata Walter.
Wallace, Naomi et Perrine regardèrent Walter.
- Ce qui... expliquerait des choses. Comprenant que le but de Justin est de dépouiller Poképolis de sa noblesse, Roland Smirnoff se désolidarise.
Perrine secoua la tête.
- Le but de Truce n'est pas d'éliminer la noblesse, sinon il se suiciderait tout de suite !
- Certes, mais il a une sacrée haine envers eux. Un type avec une telle ambition, ça ne peut pas rester insignifiant... songea tout haut Walter.
Wallace soupira.
- J'aurais pas dû mettre ça sur la table, ça nous embrouille... Je reste sur mon opinion des soldats.
- Ca n'a pas de sens, Wallace... soupira Walter.
- Ca en a peut-être un, tout dépend en fait de ce qu'il compte faire de ces soldats... admit Perrine.
- Tu ne peux pas adhérer à cette théorie, Perrine ! souffla Naomi.
Perrine haussa les épaules.
- Il regroupe des gens, il recrute, c'est comme une armée. Ils tiennent des conférences, proposent une « alternative »... D'après les rumeurs données par les journalistes dans les interviews, Direction Dresseurs voudrait « revenir à l'ordre ancien »...
- Donc à une école militariste, donc à des soldats ! appuya Wallace.
- Pas à des soldats. Je ne te suis pas là-dessus... nuança Perrine.
Walter acquiesça.
- Et donc, ta théorie ?
- Roland suit Justin, il s'aperçoit qu'il est trop ambitieux, il quitte le pouvoir. C'est aussi simple que ça ! posa Perrine.
Naomi secoua la tête.
- « Je garde mes amis près de moi et mes ennemis encore plus près ». Si Roland Smirnoff était un être si intelligent et si doué, il n'aurait pas fui, il serait resté pour s'instaurer comme un point de pression, comme une force contraire.
- Ca l'a peut-être gavé de se battre contre des cons pareils ! sourit Wallace.
Naomi regarda très sérieusement Wallace qui s'en étonna.
- Gavé... des cons...
- Tu... es sérieuse, tu fais des théories sur une phrase aussi bête ?
- Non, je me dis... Un coup de colère, la lassitude, un... C'est un sentiment qui l'a obligé à partir, une raison plus forte que la raison elle-même.
Walter rougit. Naomi hocha la tête. Wallace éclata de rire.
- Comme si les sentiments pouvaient obliger les gens à faire des choses irrationnelles !
- C'est précisément à ça qu'ils servent... marmonna Perrine.
Walter et Naomi regardèrent leurs deux amis désespérants au possible.
- Roland était sûr de lui et tout d'un coup il a lâché l'affaire... rappela Wallace. Sur les interviews, c'était flagrant.
Naomi hocha la tête.
- Ils ont menacé quelqu'un à qui il tenait !
- Non, il a coupé les ponts avec tout le monde ! souffla Perrine.
- On l'aurait su, forcément... admit Walter.
- Même si on n'a plus de nouvelles de Rachel depuis environ cinq ans et presque aucune de Malcolm depuis un an... rappela Perrine.
Wallace plissa les yeux.
- Les deux Heine, comme par hasard ? C'est trop gros... y'a forcément un lien. Il nous manque quelque chose, un petit quelque chose...
Walter grimaça.
- Est-ce qu'on est vraiment obligés de savoir ? Tu t'intéresses à des détails...
- Mais les détails font tout ! Je veux savoir pourquoi Roland a quitté Rachel, je veux savoir pourquoi on est sans nouvelles de Rachel et Malcolm Heine...
- On sait pourquoi on est sans nouvelles de Rachel... signala Perrine.
Wallace blêmit.
- Et c'est MAINTENANT que tu nous le dis ???
- J'ai déjà dû te le dire, elle s'est exilée après la naissance de sa fille !
- Léopold ? souffla Walter.
- Evidemment ! souffla Perrine. Elle s'est exilée, d'après mon père – je lui avais demandé pourquoi on n'avait pas vu le bébé de tante Rachel, très innocemment, il y a longtemps – parce qu'elle ne supportait pas de voir Roland partout à la télévision.
Wallace hocha la tête.
- C'est logique...
- C'est la version officielle en tout cas.
- Oui, la version officielle. Et comme toutes les versions officielles... elle mérite d'être discutée ! admit Walter.
- Je peux être un peu égoïste et en revenir à mon père ?
Les autres regardèrent Naomi. Wallace hocha la tête.
- Il est juste aux ressources humaines...
- C'est important quand même ! admit Naomi.
Wallace se mordilla les lèvres.
- Pas assez pour que tu sois protégée encore longtemps.
Naomi grimaça, puis hocha la tête, déterminée.
- C'est pas grave. Je ne veux pas être traitée en privilégiée.
- En même temps son père a une influence, des connexions. Il aurait pu changer son option de sa seule voix.
- C'est minime. Si Justin Truce l'avait eue en face d'elle, il aurait probablement attaqué sans rechigner, ajouta Wallace. Et les répercussions auraient été graves pour sa famille.
- Vous pensez que Seth Corrigan y a été légèrement avec nous parce que je suis la fille de mon père ? s'étonna Naomi.
Walter agita la tête.
- Il n'avait pas l'air de se retenir. Il semblait calme et mesuré, sans se forcer...
- Il serait donc moins investi que Justin Truce dans leurs affaires... ce qui est logique, s'il était à la base avec Roland Smirnoff... admit Wallace.
- Dans un sens, ça m'arrange... Je préfère être sur le même plan avec eux que vous... Ce serait injuste que je sois privilégiée face à eux.
Perrine acquiesça.
- Oui, et il suffirait de peu de chose pour que cela ne soit plus le cas...
Naomi plissa les yeux.
- Hm...
- Comment se sont passés vos repas de midi ? demanda Wallace.
Perrine plissa les yeux.
- Tino m'a traité de squatteuse mégalomane et Robbie est venu à mon secours...
- Santana était cool.
- Rebecca tenait absolument à être super gentille avec moi, du coup c'était... un peu dingue.
- Je vois... et moi bah, Quinn et Lucy tenaient absolument à ce que je me fasse aider pour mes problèmes parentaux...
- On est des cas sociaux, en fait, incapables d'avoir des discussions normales avec les gens ! sourit Walter.
- Ouais ça doit être ça... souffla Perrine.
- Naomi a l'air d'avoir passé un bon déjeuner... mais elle a choisi la solution de facilité en mangeant avec Santana ! admit Wallace.
Naomi haussa les épaules.
- C'étaient ça, les sportifs où trône mon ex, les jumeaux ou Clive et Andréa... et des trois côtés c'était pas très ragoutant.
- A la réflexion, j'aurais dû manger avec les jumeaux... même s'ils sont répugnants depuis qu'ils font assiette commune... songea Perrine.
Du côté des autres groupes c'était aussi l'heure du bilan.
- Si vous croyez que je vais tout faire !
Mike, James et Steven se regardèrent. Fey semblait furieuse.
- Mike, je t'avais juste demandé de faire une synthèse de toutes tes infos !
- J'ai pas eu le temps, j'étais sur le nouveau Fifa !
- Ugh... Steven, tu m'avais promis que tu ferais ce calepin-annexe avec toutes les dates !
- J'sais pas écrire, et pis j'étais chez Mike pour jouer au nouveau Fifa !
- James, tu as fait ce que je t'ai demandé...
- Bah ouais, tu m'as forcé...
Fey leva deux feuilles à peine griffonnées.
- Mais tu l'as très mal fait !
- J't'avais dit de pas me faire confiance !
- Je vais passer de TRES MAUVAISES VACANCES ! soupira Fey.
- Tu vas tout faire ? Cool ! sourit Steven.
- Non, je vais vous harceler pendant toutes les vacances pour que vous fassiez TOUT, VOUS-MEMES !
- C'est pas nous-mêmes si tu nous harcèles pour qu'on le fasse ! marmonna Mike.
- Oh crois-moi, Mike, vous allez faire ce boulot sinon vous n'aurez plus JAMAIS la paix !
Steven, Mike et James se regardèrent, pas très rassurés.
Gina soupira.
- Bah il est chiant...
- Vraiment chiant ? s'étonna Holly.
- Il est con, vulgaire et... il veut tout le temps coucher !
- Ah, oui, ça... soupira la blonde.
Lilian et Léon, tout gênés, s'étaient plongés dans leurs bouquins.
- Pourquoi tu continues à sortir avec lui alors ? s'étonna Holly.
Gina haussa les épaules.
- A part ça... il est sympa, rassurant et... plutôt beau gosse.
- Ah.
Léon hocha la tête.
- On peut à l'aise faire un dossier complet sur Distorsion, Zone Magique, Zone Etrange et Gravité.
- Pourquoi Gravité dans le tas ?! s'étonna Lilian.
- Je sais pas, c'est pareil, une attaque qui modifie la configuration spatio-temporelle... vous en pensez quoi, les filles ? demanda Léon.
- Hein ? Oh... s'étonna Gina.
- On en est encore aux attaques qui diminuent une statistique, genre Mimi Queue et Rugissement... marmonna Holly.
Lilian et Léon s'étonnèrent.
- Mais euh... marmonna Léon.
- Les filles, vous êtes là-dessus depuis le début de l'année ?! On a déjà fait plein de trucs nous ! s'étonna Lilian.
Holly et Gina haussèrent les épaules.
- Justement, vous faites tellement de trucs... admit Gina.
- En fait oui, vous vous êtes partagés tellement de trucs à vous deux, c'est comme si vous nous aviez oubliées ! soupira Holly.
Les jumeaux se regardèrent.
- Oui c'est vrai ça, on leur avait laissé quoi à faire ? se demanda Lilian.
- Bah pas grand-chose, Lilian... pas grand-chose... constata Léon.
- Voilà ! acquiescèrent simultanément Holly et Gina.
Tino leva les yeux au ciel.
- Je ne comprends pas pourquoi vous vous mettez sur mon dos comme ça !! grommela Tino.
Tristan se frappa le front. Robbie tenta d'être diplomate.
- On ne peut pas rejeter certains auteurs sous prétexte que tu ne les aimes pas !
- Oui, Tino, un peu d'objectivité... souffla Tristan.
Tino croisa les bras.
- C'est non. Matéo Lonerson est un sous-auteur de débilités qui ne plaisent qu'à l'intelligentsia cantonaise qui veut se faire mousser !
- Tu as très mal lu les « Tomes du Village de l'Arbre », alors ! soupira Robbie.
- Cette série de livres est idiote ! Le tome 4 est une diatribe affolante sur la mauvaise haleine de l'héroïne, pi-tié !!
Tristan soupira.
- Elle constate juste son incapacité à mener une vie normale et le fait qu'elle s'inflige à elle-même cette situation en mangeant des pâtes à l'oignon !
- Tristan, écoute ce que tu viens de dire et dis-moi que ça n'est pas totalement stupide !
Tristan soupira.
- On peut s'identifier à l'héroïne quand on est peu sûr de soi et qu'on a du mal à s'affirmer, personnellement je m'y suis plutôt retrouvé.
Robbie et Christina regardèrent Tristan, surpris. Tino grimaça.
- M'enfin, pourquoi tu prends ça aussi personnellement ?
- Parce que c'est ça, Tino, un livre c'est une multitude d'impressions autour ! J'ai aimé cette saga parce que derrière le caractère absurde, les personnages sont forts et intéressants ! appuya Tristan.
- Tu ne PEUX PAS déprécier le couple Violaine / Mathurin, c'est juste le meilleur couple de la littérature contemporaine ! ajouta Robbie.
Tino soupira.
- Très bien, je cède, on mettra cette stupide saga dans notre devoir.
- Cool.
- Merci ! souffla Robbie, semblant avoir fait la guerre.
- Seconde discussion, « Utopie d'Amour » d'Evangeline de Meaux... annonça Tristan.
- AH NON ! grommela Tino.
Christina grimaça.
- Tristan, je veux bien être clément mais JAMAIS je n'accepterais de considérer cette femme comme un auteur de romans !
- Christina a raison, on devrait l'intégrer dans le dossier, c'est une auteure de fan-fiction qui a réussi à se faire publier, c'est un bon cas particulier !
Tino grommela.
- Tu as lu ce livre, Tristan...
- Oui, on faisait des soirées lectures pour rire de certains passages, Tino...
- Tout comme on l'avait fait pour ce vieux bouquin pourri, Twilight...
- C'est différent, Twilight est un vulgaire Mary-Sue !
Tino regarda Christina, stupéfait.
- Un... quoi ???
Tristan et Robbie étaient aussi perdus que Tino. Christina se lança dans l'explication.
- Bella Swan est un personnage exceptionnellement tarte, créé à l'image de son auteure avec tout le pathos que celle-ci peut s'infliger, elle n'est qu'un avatar de celle-ci qui s'imagine une romance avec un être exceptionnel et puissant mais fondamentalement bon et follement amoureux d'elle sans raison la moindre. Toute cette histoire est un rêve idéalisé de son auteure qui, par ce biais, vit ses fantasmes.
Tino grimaça, dégouté.
- Comment une telle chose est acceptable dans le monde où l'on vit ? Et, plus grave, comment tu sais toutes ces choses ? Je n'ai jamais entendu parler d'une... Mary-Sue...
- C'est un terme utilisé dans le monde de la fan-fiction.
- Ça vient pas de Star Trek à la base, d'ailleurs ? se souvint Tristan.
- Si ! affirma Christina.
Tino regarda Christina comme si c'était un Xénomorphe.
- ... Tu écris des fan-fictions !!
Christina acquiesça fermement.
- Oui, Tino, et si tu n'acceptes pas ce livre dans le devoir, je quitte le groupe de travail et nous aurons tous un zéro !
Tristan et Robbie s'étonnèrent. Tino plissa les yeux.
- Mon... honneur personnel me dit de te laisser faire...
- Non, pitié, non !! geignit Robbie.
- Tino, je veux au moins la moyenne !! implora Tristan.
- ... mais effectivement l'expectative d'avoir une note inférieure à 18 sur 20 m'horripile mille fois plus. J'accepte, mais ça va à l'encontre de tout ce en quoi je crois depuis l'âge de raison !
Christina sourit. Tino inscrivit le livre à la liste des ouvrages qu'ils traiteront. Il regarda Christina.
- Tu écris des fan-fictions sur quel mythe réel ?
- Hein ?
- Tu écris bien sur quelque chose ?
Tristan s'étonna de voir Tino s'intéresser au genre qu'il méprisait le plus.
- Euh... bah... « Little Miss James Bond ». Je suis dessus depuis l'âge de treize ans !
Tino acquiesça. Robbie s'étonna.
- Euh... c'est pas ce cartoon avec la fille de Joey Bond qui est plus intelligente que son tocard de père ?!
- Si. Mais je n'utilise comme personnage du canon original que Lady Dada, la supérieure de Joey Bond, j'ai créé des tas de personnages originaux pour mes intrigues.
- Oh, donc tu te dispenses de la phrase typique de Joey Bond, « Mon Rattata a la pêche, c'est mortel ! » sourit Robbie.
- Entre autres ! sourit Christina.
Tino eut un frisson, comme s'il approchait l'essence du mal sur terre. Tristan plissa les yeux.
- Euh... ok, on peut parler d'autres choses avant que Tino ne s'effondre ?!
- ... à part ça vous êtes d'accord avec tous les autres livres que je... que nous avons choisi ?
Les trois autres hochèrent la tête face à leur dictateur bien aimé.
- Biiiiiiiiiien. Nous pouvons donc reprendre la répartition des tâches !
Santana, Violette et Rebecca étaient hallucinées.
- Ère Glaciaire est une attaque spéciale de type Glace apparue lors de la cinquième génération. C'est l'attaque signature de Kyurem. Contrairement à ses attaques "homologues" (Éclair Croix et Flamme Croix, apprises au même niveau par les deux autres membres du trio, Reshiram et Zekrom), Ère Glaciaire n'a rien d'exceptionnel. D'ailleurs, c'est l'attaque signature apprise par un Pokémon légendaire la plus faible du jeu. 65 points de puissance, et le même effet que Vent Glace : elle baisse d'un niveau la Vitesse ennemie, à coup sûr. Elle a cependant l'avantage, en match double ou triple, de toucher tous les adversaires en même temps. Depuis Pokémon Noir et Blanc 2, Ère Glaciaire est devenue importante pour Kyurem. Si il oublie cette attaque, ses autres formes ne pourront plus utiliser leurs attaques signatures respectives, à savoir Feu Glacé et Éclair Gelé. Pokémon apprenant l'attaque : Kyurem au niveau 50.
Rebecca haussa les sourcils. Santana rassembla toute sa magnanimité face à Amélia.
- Tu... as bien noté la source ?
Amélia hocha la tête comme un robot.
- Source : Poképédia, votre meilleure source pour les jeux-vidéo Pokémon !
Santana prit une grande inspiration. Violette la regarda.
- Je vais m'en occuper...
- Ça m'a pris une heure pour faire ça, j'peux me reposer ? soupira Amélia, au bord de l'épuisement.
Santana, Rebecca et Violette hochèrent la tête. Amélia alla au rayon magazines.
- Dorénavant, Amélia est la préposée pour aller chercher la salade... proposa Rebecca.
- Oui je crois que ça va s'imposer... admit Santana.
Clive leva les yeux au ciel.
- Je ne veux pas me charger de la période préhistorique...
Orson sembla supplier le fan de vampires.
- Pitié !! C'est trop difficile pour moi, je n'ai pas les connaissances...
- Moi non plus. Et je veux me charger de la Renaissance, je ferais ça avec plus de passion !
- Il a raison, il va cartonner, on va se taper une note d'enfer s'il fait ça... marmonna Andréa en sirotant un jus d'orange.
Benjamin soupira.
- Orson, tu seras très bon pour la préhistoire...
- MONSIEUR réagit COMME CA parce que LUI se retrouve avec l'ANTIQUITE !
- Boh tu sais c'est très chiant l'antiquité... marmonna Benjamin.
- Andréa a le Moyen-Âge et moi je me retrouve avec la barbante préhistoire, c'est pas juste !! grommela Orson.
Andréa haussa les sourcils.
- Je pensais pas que t'étais capable de te mettre en colère comme ça...
Benjamin et Clive regardèrent Andréa qui agita les mains.
- Enfin je veux dire de vraiment te mettre en rogne... pour quelque chose d'important. Toujours est-il que je suis pas mal douée pour le Moyen-Âge, que Clive a une expertise incontestable concernant la Renaissance et l'époque contemporaine, de fait tu es malheureusement relégué à la Préhistoire.
- Grmbl...
- Je pensais que tu aimais les dinosaures... marmonna Benjamin.
- Quand j'avais DOUZE ANS, Benjamin ! Tu fais l'antiquité uniquement parce que tu es juif...
- Et ça recommence...
- ... et que de fait tu vas pouvoir balancer toutes tes connaissances sur l'histoire du peuple juif, mais tu sais quoi ? TOUT LE MONDE S'EN FOUT DU PEUPLE JUIF !
Helen arriva, catastrophée. Clive et Andréa agitèrent les mains, signifiant que ce n'était rien. La prof repartit, médusée. Denis lui-même s'était levé, intrigué.
- J'ai déjà l'air d'un aryen, arrêtez quoi... soupira Clive.
- Orson, tu es jaloux parce que tu n'as ni religion ni vaporisateur pour arroser les plantes sur tes maquettes !
- Ma petite sœur l'a cassé, espèce d'adorateur de menu de resto chinois gravé dans des tablettes de pierre !
- Retire ça ! Au nom d'Abraham, retire ça !
Andréa se frappa le front. Clive soupira.
- C'est lui qui a le PLUS de TAF ! grommela le gothique.
Orson regarda Clive qui désignait Benjamin.
- Il a plus de taf que nous tous ici, même Andréa ce sera moins coton, alors... garde ta préhistoire et fais pas chier !
- Mais il fait juste ça pour se poser en victime, c'est génétique...
- AHEM !
Orson se retourna vers Denis, quelque peu pas content du tout.
- Jeune homme, mes grands-parents sont juifs, alors si tu pouvais...
- Euh... mais... je disais pas ça sincèrement, c'était juste pour... l'énerver... marmonna Orson.
Clive et Andréa se regardèrent en hochant la tête.
- Je te l'avais dit. C'est du pur sadomasochisme symbiotique !
- T'avais raison, c'est dingue... Ils s'engueulent et ils coexistent comme ça ! admit Andréa.
- On dirait des insectes, c'est trop fort ! sourit Clive.
Denis s'éloigna. Benjamin prit Orson par l'épaule et l'approcha de lui dans la confidence.
- Gros crétin, tu me fous la honte devant Andréa !
- Me traite pas de gros !
- Si y'a que ça, je prends une moitié de ton boulot, mais arrête !
- Ok, ok...
Orson se rassit correctement, tout rouge, essoufflé. Andréa et Clive le regardaient.
- Je prendrais la préhistoire !
- J'accepte Jésus comme étant mon sauveur ! soupira Clive, soulagé.
- Pareil mais avec Bob l'Eponge ! souffla Andréa.
Francis hocha la tête.
- Donc je fais le continent américain, Ana l'Europe et la Russie, Quinn l'Afrique et les pôles, Lucy se chargera de l'Asie et de l'Océanie !
Les filles hochèrent la tête.
- C'est une bonne répartition ! admit Quinn.
- Oui je suis d'accord, c'est la même masse de travail pour tout le monde ! souffla Ana.
- Je sens que je vais adorer ces vacances... sourit Lucy.
Francis s'étonna.
- J'ai l'impression que ça a été la guerre dans les autres groupes !
***
Naomi rentra tranquillement chez elle. LaBarbara arriva pour la saluer et la prendre à part.
- Naomi, fais attention, n'embête pas ton père, il a eu une très mauvaise journée !
- Ah ?
- Oui apparemment on lui a retiré un dossier important... Je n'ai pas épilogué, il était plutôt mécontent.
Naomi s'étonna. Elle vit son frère devant son ordinateur qui semblait faire ses devoirs aux côtés de son autre frère dans sa chaise de bébé.
- Shawn, où est papa ?
- Dans son bureau. Je serais toi, j'irais pas.
Naomi s'y pressa quand même, inquiète. Elle poussa doucement la porte du bureau de son père.
- Papa, tout va bien ?
Duncan releva la tête vers sa fille.
- Ma petite puce. Ça va, ne t'en fais pas.
- Maman et Shawn avaient l'air assez alarmistes... tout va bien tu es sûr ?
- On m'a retiré la charge d'un dossier précis pour des questions de méfiance... un vieux contrat qui date d'au moins douze ans !
Naomi frissonna. « C'est Direction Dresseurs... »
- Et... on t'a donné une raison ?
- Ils avaient l'air d'avoir peur qu'il y ait une fuite... mais... je vois pas d'où !
Naomi hocha la tête.
- C'était un contrat intéressant et une grande rencontre importante dans ma vie, du coup ça me... démoralise un peu, mais rien de grave, niveau financier on n'y perd rien, rassure-toi.
- Je suis désolée quand même...
- Oh, je siège toujours dans leur conseil administratif...
Naomi tressaillit. Duncan hocha la tête, accoudé à son bureau.
- Et à terme, je sais que notre action rendra le monde meilleur.
Naomi sourit faussement comme les filles savent si bien le faire devant leur papa et elle haussa les épaules.
- Si tu le dis...
- Mais ne t'en fais pas pour moi, ma chérie, j'aurais moins de choses sous ma direction personnelle, c'est tout.
Naomi acquiesça et sortit du bureau. Elle semblait terrifiée.
« Il est très profondément impliqué... si je vais encore plus loin, je risque de... »
Elle serra les dents.
« C'est pareil avec Walter, chaque fois que je crois avoir surmonté son handicap, ça me revient en pleine figure, et je me dis que si ça se confirme, je... »
Naomi se saisit le front, pas très bien. Elle alla dans sa chambre, prit son téléphone et appela Perrine.
« Naomi ? »
- J'te dérange pas ?
« Nan. »
- Je... Ecoute, mon père a apparemment été dessaisi du dossier Direction Dresseurs...
« ... »
- Perrine ?
« ... tu crois qu'ils ont su que tu avais fouillé ? »
- Non... je pense que c'est plus un hasard du calendrier...
« Hm... dans un sens, ça t'enlève un poids, dans un autre, on perd une source d'infos... je pense que c'est mieux pour toi, finalement, ça t'enlève un moyen de pression. »
Naomi hocha la tête.
- Oui, tu... tu as probablement raison...
« Tu m'excuses, je dois surveiller mon frère... »
- Oui, oui... Merci Perrine.
« A ton service, frangine »
Naomi raccrocha, souffla, posa son téléphone sur sa table de nuit et alla rejoindre sa famille.