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Entre infini et au-delà de Cyrlight



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Informations

» Auteur : Cyrlight - Voir le profil
» Créé le 01/03/2013 à 00:10
» Dernière mise à jour le 10/06/2017 à 17:23

» Mots-clés :   Action   Drame   Fantastique   Mythologie   Suspense

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Chapitre 47 : Je te le dis quand même
« Mais j'trouve pas d'refrain à notre histoire
Tous les mots qui me viennent sont dérisoires
J'sais bien qu'j'l'ai trop dis
Mais j'te l'dis quand même
Je t'aime »


Je te le dis quand même - Patrick Bruel



- Cassy, réveille-toi. Eh, mais... Tu pleures ?

La jeune fille entrouvrit les paupières. Une voix venait de la ramener à la réalité, l'arrachant à ce monde obscur. Elle était de nouveau étendue contre Galopa, la joue accolée à sa robe chaude. Une silhouette aux cheveux hérissés était penchée au-dessus d'elle. D'un geste délicat, Régis essuya les larmes qui roulaient jusqu'à son menton.

- Je crois que tu as fait un cauchemar, murmura-t-il avant de s'asseoir à côté d'elle. Tu veux m'en parler ?
- Parler ? Il serait peut-être temps qu'on parle, oui !

Cassy prononça ces mots en criant, tout en se levant d'un bond. Son geste fut si brusque que la tête lui tourna. Elle posa une main sur l'encolure de son pokémon pour rétablir son équilibre, puis quitta la stalle, furieuse. Régis, un air d'incompréhension sur le visage, se hâta de la prendre en chasse. Lorsqu'il la rattrapa, il la saisit par le bras, mais elle se dégagea sans ménagement.

- Je peux savoir ce qui t'arrive ? demanda-t-il.
- Et toi ? s'époumona l'adolescente. Tu m'as tout pardonné ! Les mensonges que j'ai inventés pour cacher mon identité, le danger qui plane sur moi et potentiellement sur tous ceux qui m'entourent, mes départs pour Sinnoh... Pourtant... Pourtant je ne peux pas croire qu'après tout ça, après toutes tes belles paroles... Je sais que Sacha compte pour toi, je ne le nie pas, mais comment as-tu pu m'abandonner de la sorte ? Depuis son retour, tu n'as quasiment plus un mot pour moi, ni même un regard. Tous nos jeux, nos plaisanteries, nos habitudes aussi, c'est désormais avec lui que tu les partages. Il fait peut-être partie intégrante de sa vie, mais j'osais croire que moi aussi. Au final, qu'est-ce que je suis ? Juste celle qui te permet de tromper l'absence quand il n'est pas là ? Dans ce cas, pourquoi t'être donné tant de mal pour moi ? Tu avais toutes les raisons du monde de ne pas me faire confiance, or aujourd'hui, je suis la seule à avoir le sentiment d'être trahie.

Régis s'apprêtait à ouvrir la bouche pour répondre quand un cri l'en empêcha. Ils se tenaient devant l'écurie et Sacha marchait d'un bon pas dans leur direction, adressant des signes de la main à son petit ami. Cassy lui jeta un regard méprisant, avant de ramener son attention sur le scientifique.

- Tu vois, cracha-t-elle. Même parler, c'est devenu impossible.

La jeune fille n'attendit pas que Sacha les eut rejoints pour s'éloigner en courant vers le laboratoire, malgré les paroles que Régis prononça dans l'espoir de la retenir. Elle l'ignora. Son chagrin avait laissé place à de la rage, qu'elle ressentait à l'égard du dresseur au Pikachu. Elle était si furieuse qu'elle ouvrit la porte vitrée à la volée et manqua de bousculer Florian, qui passait juste devant au même moment.

Elle s'excusa dans un grognement, puis gravit quatre à quatre l'escalier jusqu'à l'étage. Elle avait envie de s'enfermer dans sa chambre, le seul endroit où elle n'avait pas à supporter Sacha, et de ne plus jamais en sortir. Dès qu'elle eut atteint la piécette, elle s'effondra sur son lit.

Elle n'eut pas la paix bien longtemps. Elle n'était pas affalée sur son lit depuis dix minutes que quelqu'un vint toquer. Elle demanda de qui il s'agissait, car elle ne voulait pas courir le risque de se montrer potentiellement odieuse avec le professeur Chen, mais dès qu'elle entendit la voix de Régis, ses bonnes manières s'envolèrent.

- Fiche-moi la paix ! tonna-t-elle. Retourne avec l'autre imbécile !
- Cassy... Ouvre-moi, s'il te plaît.
- Non !
- Cassy, je t'en prie, insista-t-il. Je... Tu as raison. J'ai mal agi et je le regrette. J'étais si heureux de revoir Sacha que je t'ai négligée, ce qui est impardonnable. J'aurais dû me rendre compte que je te faisais souffrir.
- Comment l'aurais-tu pu, tu n'as d'yeux que pour lui ?
- Tu veux bien m'ouvrir ? Afin qu'on ne discute pas à travers une porte ?

L'adolescente hésita, mais elle consentit tout de même à tirer le verrou. Le battant pivota sur ses gonds et ce fut avec un regard noir qu'elle fusilla Régis lorsqu'ils se retrouvèrent face à face, de chaque côté du seuil.

- Il y a quelque chose que je dois t'avouer... commença-t-il après qu'elle l'eut invité à entrer. Je sais que tu n'aimes pas Sacha, et c'est réciproque. En fait, il est jaloux de toi.
- Jaloux ? répéta Cassy en reprenant place sur le lit, sans décolérer. De quoi a-t-il peur ? Je suis une fille.
- C'est vrai, mais... Lui mis à part, je n'ai jamais été aussi proche de quelqu'un que de toi. Il m'a reproché, à son retour, de n'avoir que ton nom à la bouche. Vos réactions sont un peu semblables, si j'ose dire. Lui comme toi, vous m'avez tous les deux eu pour vous seuls, à un moment donné. À cause de ça, vous ne savez pas ce que ça fait de devoir me partager, et moi non plus, or c'est à moi de faire des efforts, parce que c'est moi qui suis au milieu de vous deux. J'aurais dû m'arranger pour que tout se passe pour le mieux, mais j'ai tout gâché.
- Ça, tu peux le dire.

Les bras croisés sur sa poitrine, Cassy observait Régis sans ciller. S'il avait soutenu ses prunelles bleues pendant qu'il s'exprimait, il baissait à présent la tête d'un air contrit. À mi-voix, il déclara :

- Il n'est pas encore trop tard pour bien faire, si ? Je peux peut-être essayer de... mettre les choses à plat.
- Ce n'est pas la peine, coupa Cassy.
- Bien sûr que si ! Je sais que ça n'effacera pas l'attitude que j'ai eue envers toi au cours de ces quatre dernières semaines, mais...
- Ça n'a rien à voir, Régis. Enfin, si, un peu. J'imagine que les évènements récents ne sont pas sans lien avec ça. Toujours est-il que je vais reprendre mon enquête.
- Quoi ? s'exclama son ami. Pourquoi ? Tu... Je croyais que tu voulais mener une vie normale ? Et ne plus t'interroger à propos de mystères que tu ne parvenais pas à élucider ?
- C'est vrai. Je pensais avoir trouvé ma place au Bourg-Palette, mais toute cette histoire m'a permis de comprendre que je ne l'avais pas tant que ça.
- Cassy, je...

Régis n'osait plus rien dire. La culpabilité qu'il ressentait se lisait sur son visage, alors que celui de l'adolescente demeurait impassible. Elle n'avait pas réfléchi à la décision qu'elle venait de prendre. Elle avait fait son choix de manière nette et précise, sans se poser de question. Elle en avait déjà bien assez en tête.

- Ce n'est pas seulement à cause de toi, avoua Cassy. Je... Elle m'a convaincue de le faire.
- Qui ça, elle ? Cynthia ? Tu as eu de ses nouvelles ?
- Non. La femme qui apparaît dans mes rêves. Elle m'a dit qu'il n'était pas trop tard pour que je revienne sur ma décision, et je pense qu'elle peut m'aider.
- T'aider ? Comment ça ? s'enquit le scientifique.
- Je ne te l'ai encore jamais dit, mais elle porte le glyphe spectre. Je suis certaine qu'elle a des informations, mais pour le moment, elle ne se montre pas très coopérative. J'ai le sentiment qu'elle attend quelque chose de moi, bien que j'ignore quoi.
- J'ai une confession à te faire, moi aussi, déclara Régis. Comme tu ne voulais plus entendre parler de cette affaire, j'ai gardé ça pour moi, néanmoins ça pourra peut-être avoir son utilité à tes yeux.
- Quoi donc ?
- J'ai appris par mes collègues, à Argenta, que le musée avait été cambriolé. Le voleur n'a fait aucun dégât et n'a pas dérobé d'objets de valeur, seulement des documents. Comme à Charbourg.
- Quand était-ce ?
- Il y a environ deux ans.

Cassy réfléchit, et presque aussitôt, elle esquissa un sourire. À cette époque-là, elle était encore élève à l'École des dresseurs. La directrice l'avait envoyée faire une course à Argenta et, en chemin, tandis qu'elle traversait la Forêt de Jade, elle avait rencontré Sven. D'après ses propres dires, il s'était rendu au musée pour étudier leur collection de fossiles. À son humble avis, il n'avait pas fait que cela.

- La police n'a jamais découvert qui était le coupable, révéla Régis. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir cherché.
- Ils ne le retrouveront jamais, murmura la jeune fille. Il est bien trop malin pour eux.
- Comment ? Qu'as-tu dis ?
- Euh...

Cassy ne tenait pas à aborder le sujet de Sven. Elle n'avait fait mention de lui à personne, pas même à Régis, et elle tenait à ce que cela reste ainsi. Elle n'était pas sûre que son ami approuverait une telle fréquentation. Non pas qu'il soit un exemple en la matière, puisque lui-même avait réussi à s'enticher de Sacha...

- Si c'est la même personne qu'à Charbourg, j'ai eu l'occasion de la voir à l'œuvre, et crois-moi, la police n'est pas prête d'en venir à bout.
- Tu as raison. S'ils avaient pu l'arrêter, ils l'auraient fait depuis longtemps. C'est à se demander quelles énigmes ils résolvent.

L'adolescente se posait la question, elle aussi. Les agents avaient été incapables de retrouver les meurtriers de ses parents, Sven, et surtout elle-même, qui n'était pourtant pas une professionnelle.

- Cassy, je... commença Régis. À chacun de tes départs, il y a toujours quelque chose que je redoute... Est-ce que tu reviendras, cette fois ?
- Peut-être. Quand Sacha ne sera pas là, précisa-t-elle avec une note d'amertume.
- Je suppose que ça pourra s'arranger. Sitôt la Ligue de Sinnoh terminée, je ne serais pas surpris de le voir partir pour une autre. Tu auras le champ libre pour passer me faire un petit coucou.

Le jeune homme esquissa un sourire triste, qui trahissait ses remords. Cassy savait ce qu'il pensait : s'il n'avait pas agi ainsi au cours des dernières semaines, elle n'aurait probablement pas songé à reprendre une enquête qu'elle avait abandonnée depuis des mois, mais l'éloignement de son meilleur ami et les paroles de l'inconnue l'avaient poussée en ce sens.

- Je sais que je ne te l'ai pas assez dit, récemment, mais je t'aime infiniment, dit Régis. Même si le comportement que j'ai eu à ton égard est indigne des sentiments que je te porte.
- Eh bien, je suppose qu'il serait malvenu que je t'en veuille éternellement pour ça. Après tout, moi aussi, il m'est arrivé de quitter le Bourg-Palette en plein nuit, sans un mot et sans avertir quiconque, pas même toi.

Le scientifique passa un bras autour des épaules de Cassy, dont la rancœur s'était maintenant estompée, pour l'amener à se blottir contre lui. La tête posée dans le creux de son cou, elle ferma les yeux et savoura ce qui était leur première étreinte depuis trop longtemps à son goût.

- Ça m'ennuie de te demander ça, mais est-ce que ça te dérange si je vais parler à Sacha ? s'enquit Régis, après qu'ils furent restés un moment enlacés.
- Tu ne peux donc pas rester plus de vingt minutes sans lui ? répliqua Cassy, qui venait de reprendre une intonation courroucée.
- Si, mais... Nous nous sommes un peu disputés, juste avant que je vienne te rejoindre. J'étais chamboulé par les propos légitimes que tu avais tenus et je me suis montré très sec avec lui. Je voudrais m'excuser.

L'adolescente grogna, mais se décolla de son ami pour lui permettre de se redresser. Régis la remercia en déposant un baiser sur son front, puis se leva. La démarche hésitante, il avança jusqu'à la porte, sur le seuil de laquelle il s'arrêta pour se retourner.

- Tu ne vas pas en profiter pour filer, n'est-ce pas ? s'enquit-il. Je tiens à ce que tu prennes le temps de me dire au revoir, avant de t'en aller.
- Je te le promets, assura Cassy. Eh, Régis ! Moi aussi, je t'aime.

Le visage du jeune homme rayonna et celui de son amie se fendit d'un sourire. Ils se regardèrent encore quelques secondes, avant que le battant se referme dans le dos de Régis et la main de Cassy sur le pendentif qu'il lui avait offert pour son anniversaire.