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Entre infini et au-delà de Cyrlight



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» Auteur : Cyrlight - Voir le profil
» Créé le 25/02/2013 à 00:05
» Dernière mise à jour le 15/09/2020 à 15:26

» Mots-clés :   Action   Drame   Fantastique   Mythologie   Suspense

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Chapitre 43 : Because of you
« Because of you I don't know how to let anyone else in !
Because of you I'm ashamed of my life because it's empty !
Because of you I am afraid »


Because of you - Kelly Clarkson



Lorsque Cassy se réveilla, il était près de neuf heures, et le soleil brillait déjà avec intensité derrière les rideaux pourtant épais. Une délicieuse odeur flottait dans l’air, celle de viennoiseries tout juste sorties du four. Elles trônaient sur la table, dans un plateau. Cynthia les avait sûrement commandées au service d’étage.

Ces effluves, aussi succulents soient-ils, ne parvinrent pas à mettre Cassy en appétit, pas plus que le climat radieux ne lui insuffla un soupçon de bonne humeur. Elle avait les yeux gonflés et les traits tirés à cause de la mauvaise nuit qu’elle venait de passer. Même après avoir regagné son lit, elle s’était agitée jusqu’à l’aube, où elle avait fini par s’écrouler de fatigue.

Elle étouffa un bâillement dans le creux de sa main, puis projeta ses jambes dans le vide afin de se redresser en position assise. Léa était encore profondément assoupie, un filet de bave à la commissure des lèvres. Cynthia, en revanche, n’était nulle part en vue. Cassy, après avoir frotté ses paupières lourdes, repéra un morceau de papier plié abandonné sur son matelas.

C’était un mot que la Championne avait laissé à son intention. Profitant du sommeil des deux filles, elle avait terminé l’étude des ouvrages empruntés la veille à la bibliothèque et était allée les restituer.

Le regard de Cassy passa du billet à Léa. Elle n’avait pas envie de la tirer de son sommeil, mais elle ne voulait pas non plus rester seule dans le silence de cette chambre où elle n’aurait rien de mieux à faire que ruminer, comme cela avait déjà été le cas durant une grande partie de la nuit.

Elle aurait aimé contacter Régis afin de l’informer des évènements récents, notamment du fait que sa théorie concernant l’incarnation des glyphes tenait la route, à en croire Kiméra, mais surtout pour entendre le son de sa voix, qui avait le don de la rasséréner. Malheureusement, elle ne pouvait céder à cette envie. Elle n’avait pas oublié la requête de son ami : attendre que Sacha ait quitté le Bourg-Palette avant de le rappeler.

Comme Léa dormait toujours à poings fermés, Cassy se munit d’un stylo et griffonna sous l’écriture appliquée de Cynthia qu’elle était partie la rejoindre. Marcher dans les rues de la ville en profitant de l’air matinal ne pourrait pas lui faire de mal. Avec un peu de chance, cela l’aiderait même à se changer les idées.

La jeune fille avait quitté l’hôtel depuis quelques minutes lorsqu’elle réalisa qu’elle ne savait pas du tout où se trouvait la bibliothèque. Elle n’avait cependant pas envie de demander son chemin, ni d’interagir avec quiconque, et, de toute façon, les flâneurs étaient rares en ce début de journée.

Elle continua donc à déambuler au hasard, en essayant de se concentrer uniquement sur le rythme de ses pas. Cela parut fonctionner. Elle réussit à faire le vide dans son esprit, à ne penser à rien d’autre qu’aux mouvements réguliers de ses jambes. Celles-ci la conduisirent jusqu’à l’entrée de Vestigion. Cassy s’immobilisa face au panneau devant lequel elle était passée la veille en compagnie de Léa et Cynthia, sans prendre le temps de s’arrêter.

« Ville mémoire. Là où passé et présent s’entremêlent. » C’était l’inscription gravée sur la pièce de bois, juste en dessous du nom de la cité. Ces mots résonnèrent douloureusement en Cassy, dont la respiration se bloqua. Cela réduisit à néant tous les efforts qu’elle avait fournis jusqu’ici pour chasser ses tourments, qui l’assaillirent derechef.

Le passé… Le présent… Presque malgré elle, elle se mit à songer à la longue succession d’évènements qui l’avait conduite là, à l’endroit précis où elle se tenait actuellement. Chaque fois qu’elle pensait avoir trouvé leur point de départ, l’origine de ses soucis, elle remontait plus avant… jusqu’à ses parents.

Bien que Cassy ait tenté de la refouler, elle éprouvait de la colère à leur encontre. Même si elle voulait croire qu’ils avaient agi dans ce qui semblait être son intérêt, elle les considérait comme en grande partie responsables de sa situation. Leur silence ne l’avait pas protégée : au contraire, il l’avait rendue vulnérable.

Certes, Éric savait des choses dont elle n'avait pas connaissance, et cela ne lui avait pas été d’un grand secours. Pour autant, Cassy n’était pas dupe. Elle ne devait pas sa survie à son ignorance, uniquement à la chance. À un Cerfrousse qu’elle avait suivi en toute innocence pendant que sa famille subissait le sort qui aurait également été le sien si elle était rentrée en temps et en heure.

Dire qu’au début, Cassy voulait seulement venger ses proches… Et maintenant, elle était là, à essayer de percer non plus le mystère d’une simple disparition, mais à enquêter sur quelque chose qui la dépassait, elle et tous ceux qui l’entouraient désormais. Pourquoi ses parents n’avaient-ils pas parlé ? Pourquoi lui avaient-ils dissimulé un secret aussi énorme ? S’étaient-ils vraiment crus capables de l’en préserver ? Ou n’avaient-ils pas jugé utile de la mettre dans la confidence parce qu’elle était loin de posséder l’intelligence de son frère ?

Cassy n’était peut-être pas un génie, mais elle était astucieuse. Pour preuve, elle avait appris à survivre tant bien que mal dans un monde hors duquel on l’avait contrainte à grandir.

Un frisson lui parcourut l’échine lorsqu’elle songea au jour où elle avait tenté de se suicider, et où Cynthia l’avait sauvée in extremis. Sur le moment, elle aurait été prête à tout pour revoir sa famille, mais à présent, elle se demandait ce qu’elle leur dirait, une fois qu’elle se tiendrait face à eux.

Il ne serait plus question de retrouvailles, d’étreintes chaleureuses ou de larmes de joie. Cassy exigerait des explications, à moins qu’elle ne commence par les accabler de reproches. De l’eau avait coulé sous les ponts depuis que la petite Katharina Granet avait poussé la porte du salon. D’ailleurs, elle n’était même plus cette enfant-là. Elle avait deux ans de plus, et portait un autre nom.

Ses poings se crispèrent. Tous ces mensonges, ces chimères, ces illusions… C’était encore pire à ses yeux que les questions sans réponse qui tournaient et retournaient dans sa tête, tels des nuages noirs d’orage obscurcissant sa conscience et déchaînant son esprit.

Pourquoi était-ce à elle, la benjamine de la famille, de démêler toute cette affaire ? Pourquoi ce poids devait-il peser sur ses épaules ? Elle n’était pas responsable des dissimulations de ses parents, et elle ne jouissait pas non plus d’un cerveau similaire à celui de son frère, alors pourquoi ?

L’explication était simple : elle n’avait pas le choix. Cassy se souvenait de ce que Cynthia lui avait dit, quelques semaines plus tôt, pour la convaincre d’impliquer Régis dans le déchiffrage des notes de son frère, alors qu’elle s’y était initialement refusée. La meilleure façon qu’elle avait de se protéger du danger qui planait sur elle, c’était d’en connaître la nature, et pour cela, de comprendre les enjeux de tout ce qui gravitait autour de sa famille.

Plus le temps passait, cependant, et plus Cassy doutait de ses capacités, ou même de celles de ses amis, à venir à bout de cette énigme. Les notes d’Éric n’avaient fait que soulever plus d’interrogations encore, et les dizaines de livres qu’ils avaient feuilletés ne leur avaient apporté aucun élément de réponse.

Et si les pièces manquantes du puzzle ne se trouvaient qu’entre les mains de son ennemi, celui-là même dont elle devait se protéger, mais qu’elle cherchait également à démasquer ? S’il s’était approprié le savoir de ses parents ou, à l’inverse, si les Granet le lui avaient dérobé ? Dans ce cas, tous les efforts de Cassy seraient irrémédiablement voués à l’échec.

Si elle avait raison, alors seules deux personnes pouvaient encore l’aider. La première était Sven, à condition que l’adolescente ait vu juste et que le commanditaire du Musée Minier ne fasse qu’un avec celui qui se cachait derrière l’attaque de sa ferme. Elle ne pourrait toutefois en avoir le cœur net qu’en soutirant au jeune homme le nom de son employeur, qu’il avait catégoriquement refusé de lui donner à Charbourg.

Cela s’annonçait d’autant plus compliqué que la route de Cassy ne croisait qu’aléatoirement celle de Sven, et même si le hasard avait voulu qu’ils se retrouvent deux fois en peu de temps, il pourrait tout aussi bien s’écouler des mois avant leur prochaine rencontre.

S’entretenir avec la seconde personne ne serait cependant pas plus aisé, puisqu’il s’agissait de nulle autre que l’inconnue onirique. Elle aussi semblait apparaître et disparaître à sa guise, et Cassy n’était sûre de rien la concernant, pas même de son existence.

Sans interrompre le fil de ses réflexions, l’adolescente estima qu’elle ferait bien de regagner l’hôtel. Cynthia et Léa risquaient de s’inquiéter si elle tardait à rentrer, étant donné qu’elle avait prétendu rejoindre le Maître de Sinnoh à la bibliothèque. Elle se mit donc en route, en s’efforçant de se remémorer le chemin qu’elle avait parcouru en sens inverse.

Avant même qu’elle ne se soit éloignée du panneau indicateur, le regard de Cassy fut attiré par un homme étrange. Tout du moins, son accoutrement l’était. Il portait une combinaison noire et blanche en latex, dotée d’un col montant. Des bottes en caoutchouc complétaient sa tenue, ornée d’un « G » jaune au niveau du buste.

Cassy cligna des paupières pour tenter de mieux distinguer le logotype, un peu flou en raison de la distance. Il lui semblait familier, à tel point qu’elle était presque certaine de l’avoir déjà vu quelque part, même si elle n’aurait su dire où. Était-ce à l’école ? Au Bourg-Palette ? Dans un livre ?

Elle accompagna l’individu des yeux jusqu’à l’entrée du bâtiment vers lequel il se dirigeait, et se surprit de ne pas y avoir prêté attention avant, absorbée par sa contemplation du panneau et ses propres pensées, car la construction ne passait pas inaperçue. Gigantesque, elle devait compter une douzaine d’étages au minimum. Son architecture moderne, avec sa forme rigide et ses fenêtres carrées, contrastait avec celle des environs, plus ancienne et parfaitement homogène.

Une fois que l’homme eut disparu à l’intérieur, Cassy reprit son chemin. Trois quarts d’heure s’étaient écoulés entre le moment où elle avait quitté l’hôtel et celui où elle franchit la porte automatique du hall. Elle fut presque aussitôt accueillie par un soupir de soulagement. Cynthia lui faisait face, l’air rassuré.

— Je m’apprêtais à me lancer à ta recherche, expliqua-t-elle. Pourquoi est-ce que tu as écrit que tu venais me rejoindre ? Nous nous sommes fait un sang d’encre !
— Désolée… J’en avais vraiment l’intention, puis j’ai réalisé que je ne savais pas où était la bibliothèque, alors j’ai choisi de me promener. J’avais envie de prendre l’air.
— Tout va bien, Cassy ?

L’intéressée secoua la tête en signe de dénégation. Si Cynthia lui posait la question, cela signifiait qu’elle avait remarqué sa mine fatiguée, la lassitude qui creusait ses traits et surtout l’ombre du désespoir qui voilait ses prunelles.

— Tu veux m’en parler ? proposa la Championne.

Cassy marqua une brève hésitation, mais finit par accepter de rapporter à son amie les pensées qui la taraudaient. Elle avait grand besoin de s’épancher. Elle commença par évoquer ses parents, sa colère sourde à leur égard, puis Éric. Éric qui savait, et pas elle… Elle mentionna ensuite l’inconnue, la possibilité que son ennemi ait lui aussi toutes les cartes en main, contrairement à eux. La seule chose qu’elle passa sous silence, comme elle l’avait toujours fait jusque-là, ce fut Sven.

— Je crois… Je crois que j’en ai par-dessus la tête de tout ça, conclut Cassy. J’ai vu tous mes repères s’écrouler les uns à la suite des autres depuis que ma famille a disparu, et chaque fois que je pense en avoir retrouvé un, il s’évanouit. Régis m’a dit, il n’y a pas longtemps, que je ne pouvais pas passer ma vie à fuir, mais pour le moment, j’ai l’impression que c’est bel et bien ce à quoi je suis condamnée. Et Léa… Cette pauvre Léa qui n’a rien demandé à personne et qui est désormais enfoncée jusqu’au cou dans cette histoire !
— Toi non plus, tu n’as rien demandé à personne, souligna Cynthia. Tu ne mérites pas plus qu’elle la situation à laquelle tu es confrontée. Et tu as beau avoir cinq ans de plus, tu n’en es pas moins une enfant, toi aussi. Tu ne devrais pas avoir à affronter ça.

Elles s’étaient assises dans les fauteuils moelleux du hall, désert en ce milieu de matinée. Le Maître de Sinnoh étendit sa main par-dessus l’accoudoir de son siège pour saisir celle de Cassy et la presser fermement.

— En fait, ajouta-t-elle, je pense que tu devrais rentrer au Bourg-Palette.
— Pardon ?

La jeune fille cligna des paupières, interloquée. Elle était sûre d’avoir bien entendu, mais elle ne comprenait pas pourquoi Cynthia lui donnait ce conseil. Pourquoi y retournerait-elle maintenant ? Elle n’avait encore rien découvert de concret, à l’exception de ce que Kiméra leur avait révélé, autrement dit bien peu de choses. Et puis...

— Vous savez très bien que je ne peux pas, soupira Cassy. Si vous n’aviez pas trouvé les mots pour me convaincre d’apporter les notes d’Éric à Régis, je ne l’aurais même pas fait. Je ne veux pas le mettre en danger, pas plus que son grand-père.
— Pense à Léa, dans ce cas. Comme tu viens de le dire, elle est impliquée, désormais, et contrairement à Régis ou à moi, qui nous sommes portés volontaire pour t’aider, ce n’est pas de son plein gré. S’il n’était question que de toi, tu pourrais tout miser sur une errance à travers Sinnoh, en espérant que des réponses finissent par te tomber dessus avant la menace qui s’est déjà abattue sur les tiens, mais… Tu as entendu Kiméra, non ? Ces glyphes peuvent être synonymes de paix ou de chaos. Et si chaos il doit y avoir, tu crois qu’il ne serait pas préférable pour nous de le savoir ? Quoi qu’il nous en coûte ?
— Savoir quoi ? Votre optimisme est louable, Cynthia, mais plus nous nous efforçons de progresser, plus nos certitudes vacillent. Je suis revenue à Sinnoh, j’ai découvert les notes d’Éric qui m’ont renvoyée à Kanto, et maintenant, je suis de nouveau là… Ces allers-retours ne nous mènent nulle part !
— Tout comme nos recherches actuelles. La dernière fois que tu es repartie pour Kanto, c’était parce que nous pensions que les travaux de ton frère étaient scientifiques.
— Au lieu de quoi ils étaient mythologiques, rappela Cassy avec une pointe d’ironie.
— Peut-être faut-il concilier les deux. Régis ne s’est-il pas fait mordre par son Noctali dans l’espoir qu’un glyphe apparaisse, afin de pouvoir l’étudier en ton absence ?

Cassy entrouvrit les lèvres, mais ne répondit pas. Elle commençait à discerner avec un peu plus de netteté le plan qui était en train de germer dans l’esprit de Cynthia.

— Vous voudriez que j’aille lui servir de cobaye, c’est ça ?
— Je peux continuer à garder un œil sur Léa tout en m’occupant de l’aspect mythes et légendes, affirma Cynthia. Et, de votre côté, vous vous pencheriez sur le côté scientifique.
— Vous êtes le Maître de Sinnoh, vous avez des responsabilités, souligna Cassy. Vous ne pourrez pas jouer indéfiniment les baby-sitters pour une coordinatrice en devenir et passer vos soirées le nez dans les livres les plus poussiéreux de la région.
— Raison de plus pour trouver la solution au plus vite, non ? Et puis, Cassy, ne nous mentons pas. Le Bourg-Palette te manque, n’est-ce pas ?

L’adolescente garda le silence et détourna la tête pour que Cynthia ne puisse pas lire la nostalgie qui ternissait ses prunelles, mais la Championne était perspicace. Elle n’aurait pas émis cette remarque sans être certaine de ce qu’elle avançait.

— Tu as perdu ta famille, tes repères… Est-ce mal de rechercher un peu de stabilité ? Et le réconfort d’une personne que tu me donnes l’impression de considérer comme un deuxième frère ?

Cassy s’abstint d’avouer à Cynthia qu’elle-même faisait un peu office de seconde mère à ses yeux, bien qu’elle soit beaucoup trop jeune pour cela.

— Léa aussi a besoin de soutien, se contenta-t-elle d’argumenter. Le choc de la révélation est encore récent, et elle est si petite, si fragile… Je ne peux pas l’abandonner.
— Je te l’ai dit, je serai là pour elle. Et tu ne l’abandonnerais pas : tu chercherais à faire progresser les choses de ton côté.
— Et si j’échoue ? Si Régis ne trouve rien, exactement comme nous ? Pire, si je renonçais à ma seule chance d’en savoir plus ? L’inconnue… Celle de mes rêves… Elle est apparue aux Colonnes Lances, puis ici, mais rien ne prouve qu’elle pourra continuer à entrer en contact avec moi si je quitte Sinnoh.

En voyant Cynthia se pincer le menton entre le pouce et l’index, Cassy devina qu’elle venait d’émettre une remarque pertinente. Elle chassa en revanche la petite voix dans sa tête qui lui souffla qu’elle était peut-être seulement schizophrène, auquel cas il vaudrait effectivement mieux qu’elle se tourne vers Régis pour qu’il la diagnostique…

— Il s’est écoulé un peu plus de deux semaines entre notre ascension du Mont Couronné et ton malaise, établit Cynthia. Voilà ce que je te propose : tu passes encore un mois ici. Si cette femme revient vers toi, nous aviserons en fonction de ce que tu parviendras à apprendre d’elle. Si elle ne se manifeste pas, tu repartiras pour le Bourg-Palette. D’accord ?

Cassy ne répondit pas immédiatement. Une part d’elle avait follement envie de retrouver le laboratoire, Régis, les pokémon qu’elle nourrissait… Au fil des semaines, cet endroit était devenu son foyer, le seul où elle se soit véritablement sentie chez elle depuis qu’elle avait quitté la ferme.

Une autre part, néanmoins, était effrayée par cette perspective. Justement parce qu’elle aimait le Bourg-Palette, qu’elle considérait presque la demeure du professeur comme la sienne, et les Chen comme une seconde famille, elle redoutait de tout perdre une fois de plus. Cynthia parlait de stabilité, mais sa vie était instable. Cassy se demandait même si ce chaos, appréhendé par Kiméra, ne gravitait pas déjà autour d’elle. C’était le terme qui résumait le mieux son existence depuis qu’elle avait chevauché à vive allure jusqu’au commissariat de Mérolia.

Elle n’avait pas vraiment le choix, cependant. Comme toujours ou presque, Cynthia avait raison : il lui fallait obtenir des réponses. Et si l’inconnue ne lui en fournissait pas, elle devrait les chercher ailleurs. Une chose était certaine, en tout cas : elle n’avait pas le droit de renoncer, non seulement pour Léa, mais aussi pour tout ce que ses amis avaient accompli dans le but de l’aider.

— D’accord, approuva-t-elle, d’abord dans un souffle, puis plus fort. D’accord, faisons comme ça.