Le Gamin et le Sbire [One-Shot] de ProjetRocket

...Je suis un dresseur.

Je suis un Gamin.

Je ne suis pas un gamin, hein ! Je suis un Gamin. Voyez ça comme une sorte de classe, ou rang si vous préférez.

...Un Gamin qui s'appelle Calvin. Gamin Calvin, voici mon appellation, même si on n'attache que peu d'importance à mon prénom. Je me demande même pourquoi on m'a donné un nom, si personne n'arrive à le mémoriser.

Tout dresseur qui m'affronte et m'humilie, oubliera mon prénom voire même mon existence quelques minutes plus tard, avant d'affronter un des mes congénères.

Je n'ai pas de personnalité ou de vie propre à moi. Le rang de «Gamin» décide de mon apparence, de mes Pokémon, de leur puissance... De ma vie, en quelque sorte.

Où j'habite ? Route 3, quatre pas au-dessous du panneau, puis, cinq pas à droite, juste au dessus du cinquième arbre. Je n'ai pas de maison, juste cette case. C'est pas bien grand, mais je m'y suis habitué. Le seul problème, est que je suis condamné à voir mes pieds paralysés au-dessus de ce morceau de terre, condamné à répéter la même phrase une fois qu'un dresseur passe outre mon champ de vision, ou quand il massacre mes bêtes. Heureusement que j'ai pas besoin de nourriture ou d'aller aux chiottes pour survivre, sinon, Arceus seul peut imaginer ce qu'il aurait pu advenir de moi...

Encore heureux, je ne suis pas le seul. Des centaines -pour ne pas dire la quasi-totalité- des gens vivent comme moi. Mais au moins, certains possèdent des logements... Même s'ils foutent rien à l'intérieur, c'est déjà ça. Par contre, nous, les dresseurs, sont encore plus désavantagés...

«Prends ces deux Rattatas et entraîne-les. Ensemble, voyagez à travers la région et rassemblez tous les badges, afin d'affronter la ligue récalcitrante qui finira par succomber à votre puissance. Réussis ce que je n'ai pas réussi à faire, mon fils, moi, qui était destiné à passer ma vie sur une case...»

Voici les dernières paroles de mon père -qui, admettons-le, me ressemble comme deux gouttes d'eau. Il était un Gamin lui aussi, après tout-. Ah ! Moi qui croyait qu'il disait la vérité ! Il voulait juste que je le remplace !

J'étais naïf, aveuglé par l'éloquence de mon père, qui me donnait une vision irréaliste -ce que je vis est aussi irréaliste mais bon- et utopique du périple du dresseur.

Bon, j'aimerais bien aussi remplacer mon futur fils, mais il faudrait que je me trouve une femme d'abord. Ce ne sera pas une tâche des plus aisés vu mon statut actuel. Je me demande comme mon père avait fait. Peut-être que ma mère n'était pas assez forte au combat et voulait son argent par un autre moyen. Ce ne sera sûrement pas mon cas de toute façon, les seuls deux dresseurs -qui étaient des hommes- m'avaient battu avant de me prendre mon argent de poche...

Ah, à propos de ces des dresseurs... J'ai comme l'étrange impression que toute la région est à leurs pieds. Comme s'ils étaient destinés à devenir respectivement Maître et Champion d'arène. Ils ont aussi la faculté de se déplacer à souhait, d'entraîner leurs Pokémon, d'en capturer des nouveaux... Le bon Arceus les a bien gâtés comme ça. Red et Blue, tels étaient leurs noms. Je ne suis pas près de les oublier, contrairement à eux, qui oublièrent mon nom, et à certains, qui oublient même le nom de leurs petits-fils.

Mon combat contre Red tourne en boucle dans ma tête, comment pourrais-je l'oublier ... ?

C'était il y a cinquante ans, quoique ça me semble beaucoup. Peut-être qu'«il» a trafiqué l'horloge de la console ? C'est plausible, mais ça explique pas pourquoi j'ai pas grandi d'un pouce. Enfin, comme je disais, c'était il y a un bon moment. Je me dressais à côté de mon arbre habituel, et c'est là que je l'ai vu : Il planait dans le ciel à bord de son Roucool -Me demandez pas comme il a fait-, avant qu'il n'atterrisse dans mon champ de vision. Naturellement, je me suis élancé vers lui, jubilant. C'était une des seuls occasions où j'ai eu le «droit» de bouger.


«Viens te battre, toi ! M'écriai-je, ajustant ma casquette et lançant ma Pokéball.
-...»

Il ne bougea les lèvres, et se contenta de fixer mon vif Rattatable niveau trois, avant de lancer une Pokéball à son tour. Un petit lézard orange à la queue flamboyante en sortit aussitôt.

«Allez, Rattatable, mets moi cette vermine à terre ! Charge !»

Mon Pokémon fonça immédiatement sur son adversaire et lui asséna une violente charge qu'il se prit de plein fouet. Mais il ne paraissait pas pour autant amoché.

«..., Marmonna Red»

Sous les ordres du muet, le lézard flamboyant ouvrit sa gueule et cracha une flamme qui finit par atteindre ma souris violette. Il enchaîna avec une rafale de coups de griffes, ce qui mit à terre mon Pokémon.

«C...Comment ?! M'écriai-je, bon, ce n'est pas si grave, j'en ai un autre ! Rattatoc, go!»

Il n'avait aucune chance, me suis-je dit. Rattatoc était bien plus puissant que son prédécesseur, car celui-ci est au niveau cinq !

«Rattatoc, rugissement !

Le rat poussa un léger gémissement qui apaisa son ennemi. Ce dernier cracha une flammèche qui brûla ma souris, dont les cris témoignaient de sa souffrance.

«Super ! Soupirai-je, il tape toujours aussi bien, les développeurs foutent n'importe quoi, apparemment !
(C'est juste que t'es con), pensa Red.»

A peine ai-je eu le temps de soigner mon Pokémon, que celui d'en face se préparait déjà à lutter. Il s'élança vers Rattatoc, mais ne l'attaqua pas, et se contenta de l'effleurer de la queue plusieurs fois.

«Ha, ça te chatouille, Rattatoc ? Souris-je.
-...»

Le lézard enflammé se tourna vers son dresseur et hocha la tête. Alors que mon esclave s'apprêtait à charger, il fit un bond dans l'air et atterrit sur le dos de ce dernier, afin d'enfoncer ses griffes tranchantes dans sa chair. Rattatoc hurlait de douleur, jusqu'à ce qu'il se trouva à terre, K.O.

«C...C'est impossible !
-...»

Sous le regard perçant du futur dragon, je me voyais obligé de donner à Red les cinq cents Pokédollars que j'avais en poche. Autrement, je finirais calciné. Il ajusta sa casquette, et vola à bord de son Roucool vers le centre le plus proche.

Voila en résumé en quoi consiste ma misérable vie...

oooooOOOOooooo

...Je suis un sbire.

Un sbire Rocket.

Je m'appelle aussi Charles, mais bon ça tout le monde s'en fout.

Je n'exagère en rien, si je vous dis que je suis le plus malheureux des hommes.

J'ai trois ans. Enfin, peut-être plus, mais je n'ai pas de souvenirs d'il y a plus longtemps.

Ma naissance... Personne n'en garde un souvenir, de toute façon. D'ailleurs, je ne sais même pas qui m'ont mis au monde. Je persiste à penser que je ne suis que le fruit d'une expérience... Et si seulement elle était réussie...

Depuis ma «création», je mesure quelques centimètres -Comme tout le monde, quoi-, et je regrette de n'avoir jamais pu goûter la joie de grandir. C'est assez rabaissant qu'un gosse est aussi grand que vous, mais bon, ça, ça passe encore.

Le plus frustrant, c'est de voir qu'une casquette noir est collée à votre tête, cachant ainsi la majeure partie de votre visage, -Mais vu la gueule qu'ils m'ont donnée, je préfère que ce soit ainsi- ainsi que des vêtements répugnants sur lequel un énorme «R» est inscrit.

Enfin, je dois voir le bon côté des choses, il y en a qui doivent passer toutes leurs vies en maillot de bain... Je me suis toujours demandé où ils foutent leurs Pokéball, d'ailleurs.

Mais au moins, eux, ne sont pas condamnés à servir cette organisation de clodos, au péril de leurs vies, ne gagnant en échange que trois Pokédollars par an... Pour vivre en étant sbire, il faut racketter les gosses, cherchez pas plus loin. Sauf que la dernière, c'est un gosse qui m'a racketté... Quelle honte ! Je n'ose même plus sortir du repaire Rocket, même si je n'ai jamais vu le monde extérieur, avouons-le.

Et franchement, j'aurais bien aimer le faire... Je passe ma vie à avaler les détritus de mes Pokémon, et disons que ce n'est pas le repas le plus luxueux du monde, mais je survis quand même. En échange, je leur donne à manger mes excréments. Giovanni est même pas foutu de créer des chiottes...

Mais le plus humiliant, comme je l'ai dit plus haut, c'est de se faire battre par un gosse... Gold, tel était son nom. Selon Giovanni, il représente une énorme menace pour nous, et nous a donc donnés des Abos et des Smogos pour le battre...

Non mais, sérieusement ? S'il m'avait donné une arme à feu, Gold n'aurait même pas le temps de lancer une Pokéball qu'il se retrouverait au palais d'Arceus... Mais le Q.I de Giovanni n'est pas plus haut que sa taille...

Bref, je me sens rabaissé, après cela... Surtout que je suis condamné à revoir en boucle mon combat contre Gold, sans jamais avoir l'opportunité de prendre ma revanche... Giovanni n'a pas pris la peine d'instaurer un centre Pokémon pour qu'on soigne nos bêtes. Ah là là, il ne m'étonnera jamais assez, celui-là.

Comme je disais, je m'en rappelle comme si c'était hier -Même si c'était il y a à peine une heure, mais c'est pas grave-. J'étais en train de garder l'escalier de la Tour Radio. Un homme passait devant moi... Ce n'était pas Gold. Ce n'était pas Giovanni -Encore heureux-. C'était un sbire, tel moi. Bien sûr, je ne suis pas un lâche pour attaquer mes frères ! Sauf que celui-là était différent... Il se tourna vers moi, sauta dans les airs, et tournoya sur lui-même, avant d'atterrir sous une toute autre identité... Ce n'était plus un sbire, c'était Gold... Je me demande toujours comment il a fait d'ailleurs.

«Viens te battre, intrus !
-...»

Il ne dit un mot, et lança une Pokéball, par laquelle sortit un Feurisson. Comment je le sais ? Il gueulait «Feurriiisssooooon!!»

A mon tour, je lançai ma Pokéball qui contenait mon Smogo niveau dix-huit ! La victoire était moi... Du moins, c'est ce que je pensais...

«....
-Feurriiii!»

L'ex hérisson cracha un torrent de flammes qui calcina mon Pokémon Poison. Dans un élan de désespoir, je lui ai ordonnai d'exécuter Explosion, ce qu'il fit avec dépit. Et un Feurisson de moins, un ! L'épais voile de brouillard qui cachait ma victime s'évaporait... Afin de voir que cette dernière se dressait toujours sur ses quatre pattes, ayant à peine quelques égratignures...

«Quel coup de bol, pensai-je, dégoûté... Par contre, tu ne résisteras pas à mon futur Pokémon... Arbok, go!»

Je n'ose pas vous raconter ce qui s'est passé. Mon Arbok connut le même sort que son le Pokémon lévitant... Je donnai mes deux-mille Pokédollars gagnés avec peine à Gold, qui s'en alla, faire subir le même châtiment à mes congénères...

Tel est ma vie... Tel est la vie du Sbire....

oooooOOOOooooo

Je suis un professeur Pokémon, et je m'appelle Chen !

... Et je vis avec mes deux petits-fils, Nina et ..... Il s'appelait comment l'autre, déjà ?

Je suis un professeur Pokémon, et je m'appelle Chen !

-Papi, tu as pris tes médicaments, j'espère ? Dixit Blue, sarcastique.

-Bonjour ! Je suis un professeur Pokémon, et je m'appelle Chen ! Es-tu un garçon ou une fille?

-Euh Nina m'appelle, je te laisse, papi...