Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Le Projet Wallace de Domino



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 23/02/2013 à 09:51
» Dernière mise à jour le 11/06/2014 à 18:02

» Mots-clés :   Action   Humour   Romance   Slice of life   Unys

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
028 - Brique
« Accepter l'inévitable sans révolte, ne pas s'apitoyer sur soi, penser encore à être utile, bien sûr, c'est cela le courage, beaucoup plus que des actes héroïques. »
(Anne Bernard)

« Drôle de vie qui fait, pauvre de moi, un pantin de bois »
(Mylène Farmer, Ici-bas)



(Et comme tous les chapitres publiés un 23 février, je dédie ce chapitre à ma chère maman dont c'est l'anniversaire en ce jour.)



« Je n'étais encore qu'un petit homme, mais j'ai toujours vécu avec des gens. »

- Passe-moi les pommes de terre !

Walter, quatre ans à peine, passa les pommes de terre à son camarade plus âgé.

- Merci.

« Vivre en orphelinat hospitalier, c'était pas si horrible. J'ai eu quelques moments difficiles mais c'était plutôt cool de vivre avec tous ces enfants. Et puis quand on est handicapés pour la plupart... »

- Moi j'ai les jambes trop faibles. Et toi ?
- J'arrive pas à bouger les doigts normalement, regarde.

La fillette tenta d'attraper une fourchette mais elle avait énormément de mal.

- Le docteur il dit c'est à cause de mon cerveau, mais j'comprends pas, c'est mes mains qui marchent pas !
- Moi non plus j'comprends pas c'qu'ils disent les docteurs...

« J'ai vécu avec de tout. Des noirs, des blancs, des arabes, des asiatiques... Du coup forcément aujourd'hui j'ai du mal avec l'intolérance sous toutes ses formes. Et puis vivre en communauté, ça apprend plein de valeurs. »

- Arrêtez de vous battre, je suis sûr que si vous demandez aux surveillants, ils vous donneront les mêmes peluches !

Les deux gosses hochèrent la tête, le regard vers le sol. Walter, sur sa béquille, souffla.

- Rhalala...

« Jusqu'à ce que je rencontre mon père, on peut dire que j'étais dans une sorte d'école à plein temps. Rien d'étonnant donc que je sois aussi à l'aise aujourd'hui. »


***

C'était presque le parfait cabinet de psy. Sauf que c'était dans l'école. Sauf que le patient était assis dans son fauteuil roulant, en face du docteur.

- Bien, Walter. Racontez-moi votre semaine.

Walter soupira.

- C'est votre dernière séance, Walter.
- Je sais... arrêtez de répéter mon prénom, docteur Adler...

L'homme, plutôt jeune, hocha la tête.

- Vous n'aimez toujours pas les conventions sociales obligatoires, nous avons déjà analysé votre profil de rebelle silencieux, d'iconoclaste calme et acide.
- Ravi d'avoir rempli votre Pokédex.
- Voyez ? C'est exactement ça. Je suppose que vous avez passé une très bonne semaine.

Walter agita la tête.

- Vous étiez plus coopératif pendant les quatre séances précédentes...
- Les quatre semaines précédentes étaient plus passionnantes. Avouez que le coup du nouvel an chinois, vous l'aviez pas vu venir !
- Admettons. Je vous écoute, racontez-moi votre semaine.

Walter soupira de nouveau.

***

« Eh bien, lundi c'était une journée normale. Wallace était en train de draguer des mecs devant leurs casiers. »

- Croyez-moi les mecs, je suis un super bon coup. J'vous décevrai pas. Et on n'aura même pas à se parler pendant l'acte. Garanti 100% pratique, 100% discret !
- Waouh !
- Tu m'intéresses !
- Moi aussi... Ça te dit à trois ?
- Y'a de la place pour tout le monde ! sourit Wallace.

« Perrine se faisait chier comme d'habitude. Elle portait un béret, une moustache et une marinière. Et pis elle disait rien, comme d'hab. Naomi était comme toujours enthousiaste et joyeuse. »

- Bonjour Walter !

« Et puis elle me salue, comme toujours. Généralement on marche ensemble, enfin moi je roule mais avec classe. Wallace qui drague, Perrine qui dit rien, Naomi qui papote, moi qui roule. »

« Et puis y'a les autres élèves. »

« Gina et Holly qui font le tapin. »

La brune portait deux bandes de tissu : Un truc noir pour lui cacher les seins, un truc noir pour la jupe. La blonde avait une robe très échancrée et blanche. Maquillées comme des camions volés.

- Deux-cents Pokédollars la pipe !
- Quatre-cents Pokédollars l'amour !!

« Mike et Steven en permanent concours de qui qu'a la plus longue pendant que James observe comme le gorille qu'il est. »

Les deux jeunes hommes étaient déguisés en hommes préhistoriques, et ils se battaient avec des massues.

- AAAH GUEUH GUEUH !!!
- GNAAAAAH !!! UUUUH !!!

Derrière eux, James, énorme, mange des chips en se grattant la tête, l'air très simiesque. Fey, derrière lui, l'épouille.

« Il y a ces crétins de geeks qui débattent sur du vide »

- Le manga Naruto... énonça Tino.
- Ah, songea Tristan.
- Moui... marmonna Benjamin.
- Bof... souffla Orson.
- Hm... acquiesça Robbie.

« Francis qui tente de se faire remarquer des autres en étant plus stupide qu'il ne l'est... »

Le jeune homme tenait sur son nez un couteau.

- Regardez les filles !! Regardez !!!

Lucy et Quinn observaient, extatiques, la bave leur coulant des lèvres.

Francis était maintenant sur un monocycle et jonglait avec des torches enflammées tout en gardant le couteau.

- Regardez-moi les filles !!

Le regard des filles ne changea pas d'un iota.

« Et pendant ce temps-là, Rebecca Gates se prépare à être la Présidente des Etats-Unis du Monde. »

La rousse en tailleur se tenait à un pupitre, très sérieuse, coiffure en chignon et tout le toutim.

- ET JE FAIS LE SERMENT QUE PARTOUT DANS LE MONDE, AUCUNE PETITE FILLE NE MANQUERA DE MASCARA !!!

Violette et Amélia applaudissaient, zombifiées.

***

- Stoooooooop... soupira le psy en se pinçant l'arête du nez.

Walter acquiesça.

- Je me doutais que vous n'y croiriez pas.
- ... j'exagère en supputant que vous êtes d'humeur légèrement négative ?

Walter haussa les épaules.

- C'est vous le psychologue, à vous de voir.
- Je vous ai déjà dit que c'était inutile d'essayer de jouer avec moi.
- Je vous ai déjà dit que c'était inutile d'essayer de lire en moi.

Le docteur Adler hocha la tête.

- Racontez-moi la vraie semaine.
- C'est pas intéressant.
- Vous suivez ces séances parce que vous avez eu un comportement qualifié d'hystérique et de déplacé devant toute une salle qui vous a vu vous énerver contre quelqu'un que vous ne connaissiez pas.

Walter agita la tête.

- Et qui m'avait quand même balancé des infos très personnelles sur ma vie, et qui m'avait enfermé moi et mes camarades dans une salle avec les autres participants à la conférence. Mais bon, futilités...

Le docteur Adler regarda Walter, suspicieux. Walter soupira.

- Notre devoir est assez conséquent, je voulais aller au fond des choses. Vous comprenez ?
- Que voulez-vous faire plus tard, Walter ?

Le jeune homme chercha un moyen de détourner la conversation à son tour, mais il n'y parvint pas.

- Racontez-moi votre semaine.

Walter souffla, lassé.

- Lundi...

***

« J'arrive à l'école. J'suis devant l'allée, et c'est Wallace qui me récupère. »

- T'as fait quoi ce week-end ?
- Boh, pas grand-chose... et toi ? demanda Walter.
- J'ai trié mes kimonos. Sang et larmes à l'appui.
- Ouch... Si tu veux tout savoir, j'ai repris les séances de kiné. C'était atroce.

« Un truc que j'ai remarqué avec le fait d'avoir un « meilleur copain », c'est à quel point finalement on ne fait que raconter sa vie. On vit des choses uniquement pour les re-raconter ensuite, et c'est comme ça qu'on se fait des amis et qu'on les conserve... C'est un cycle assez étrange en fait... »

- Pas cool. J'suis aussi allé dans un nouveau bar très sympa, le « Bad Trisha Bad ».
- Des rencontres ?
- Ouais...

Petit silence. Walter hausse les sourcils.

- Tu... me racontes pas tous les détails ?!
- Bof. J'ai l'impression que ça te saoule en fait.
- Oh...

***

- C'est le cas ?

Walter regarda le psy.

- Non... Il me dit tout, je lui dis tout, c'est une convention quoi. Je lui ai déjà dit des trucs bien pires que ce qu'il me raconte parfois. Par exemple c'est la seule personne à qui j'ai raconté ce que j'ai vécu sur l'île de N, et inversement je suis le seul à savoir ce qui lui est arrivé là-bas.
- Continuez.

***

« Alors que je suis en train de feuilleter ce stupide recueil de nouvelles que le prof de littérature nous a conseillés – uniquement parce que je l'ai trouvé à la médiathèque, hein – je surprends une conversation entre Gina et Holly. »

- Mais ça va pas ?
- C'est pour ça que je t'en parle avant... Il m'a demandé ça comme ça, au début j'étais là « nan, ça m'intéresse pas », mais il me demande de plus en plus, on se parle énormément...

Holly secoua la tête.

- Tu peux pas sortir avec Steven, il va trop te faire souffrir !
- Le souci c'est que je crois que j'en ai envie quelque part...

Holly soupira.

- Fais comme tu veux, mais viens pas dire que je t'ai pas prévenue !

***

Le psy haussa les sourcils.

- Pourquoi... vous me racontez ça ?!
- Vous vouliez connaître ma semaine !
- Si vous m'aviez parlé de ce bouquin, j'aurais compris, mais vous me parlez des histoires insignifiantes de ces deux filles dont je me moque éperdument !
- Faut bien que je fasse du remplissage, la séance dure une heure !

Le psy soupira.

- Après tout, faites...
- Bon.

***

« Après ça, cours de combat direct. »

- Aujourd'hui on étudie le combat en triple. J'appelle donc... Barker, Ludges et Bertelin.

Walter s'étonna et s'avança vers le terrain en compagnie de Clive et Orson.

- Face à... Kingsley, Hunter et Hope.

Naomi, Andréa et Fey descendirent à leur tour.

« Ensuite, l'après-midi, Mike et Francis se sont disputés. »

- Putain j'en ai ras-le-cul ! Pourquoi le coach m'a relégué en milieu de terrain ?!
- C'est au coach de décider de la stratégie de l'équipe, Mike, tu ne peux pas contester ses choix !
- Je suis SÛR que c'est ta faute ! grogna Mike.
- MA FAUTE ?
- Ouais ! T'es le chouchou du coach, du coup comme t'arrêtes pas de dire que je devrais revenir plus vers le milieu, le coach en a tiré des conclusions !
- Tu es plus efficace avec Drakkarmin au milieu ! Voire en défense !
- T'AS DIT QUOI, LA, PUTAIN ??? JE SUIS UN ATTAQUANT, MOI, PAS UNE LOPETTE DE DEFENSEUR COMME TOI !

Steven et James éloignèrent Mike de Francis qui s'était couvert. Il semblait surtout étonné.

- Mais t'es parano, vieux !!
- Je suis pas un milieu !!
- J'essaierais d'en parler au coach pour toi, mec, ok ? J'ai jamais voulu que t'ailles au milieu !!

Quinn, Lucy et Fey semblaient quelque peu atterrées par le comportement des garçons.

« Et puis ce jour-là, y'a aussi eu Perrine. J'ai remarqué un de ses dessins en cours de fondamentaux. »

Walter loucha sur le calepin de sa cousine qui dessinait un cimetière avec des tombes en forme de Pokémon mignons. Des tombes émergeaient des mains humaines à peine décomposées.

***

- Glauque.
- Hm.
- Vous avez occulté volontairement le combat triple...

Walter agita la tête.

- Continuez... marmonna le psy.

Walter acquiesça.

- Mardi...

***

« J'arrive à l'école, Perrine me pousse... »

***

- Cela vous lasse ?

Walter regarda le psy.

- N...non...
- Vous en parlez comme d'une routine, vous tenez absolument à m'expliquer que quelqu'un vous pousse le matin.

Walter haussa les épaules.

- Quelqu'un me pousse le matin quoi...
- Je me trompe si, au vu des séances précédentes et de celle-ci, je tire la conclusion que votre plus grande hantise dans la vie c'est de finir dépendant ?
- Je serais toujours dépendant...
- Pas forcément. Il y a des handicapés qui vivent très bien tous seuls.

Walter regarda le psy qui rectifia.

- Ou avec une compagne ou un compagnon !
- On en discutait la semaine dernière avec Wallace... et un des trucs que je déteste dans le fait d'être handicapé c'est tous les clichés qui s'y rapportent...

Le psy s'étonna.

- ... et on avait comparé son homosexualité à mon handicap... ce à quoi j'avais rétorqué que l'avantage c'est que moi, j'avais jamais eu à le dire à mes parents.
- Vous vous servez de l'humour pour éviter les sujets qui fâchent.
- Je me sers de l'humour pour... apaiser les choses.
- Plus étonnant, vous ne m'aviez pas parlé de cette conversation.

Walter plissa les yeux.

- On parle déjà rarement de ça avec Wallace... Ça m'avait touché le jour où il m'avait dit qu'il avait des anti-crampes sur lui au cas où j'oubliais les miens.
- C'est votre meilleur ami...
- J'sais pas. C'est plus que ça. J'ai pas de frère biologique – enfin je suppose – mais Wallace est ce que j'ai qui se rapproche le plus d'un frère, mes sœurs... sont trop petites pour être de vraies confidentes, Perrine est ma cousine, je ne peux pas tout lui dire...
- Naomi ?

Walter agita la tête.

- C'est différent.
- Votre rapport à Naomi m'intéresse grandement. Vous n'avez jamais un mot positif ou négatif à son égard.

Walter soupira.

- Y'a des gens comme ça...
- Vous ne voulez pas me parler d'elle. Ca fait la cinquième semaine qu'on se voit, le nom de Naomi ressort sporadiquement MAIS : Vous ne me parlez jamais précisément d'elle.

Walter haussa les épaules.

- Que voulez-vous que je vous dise...
- Soit Naomi est la personne la plus inintéressante qui soit...
- Non mais ça va pas la tête ?

Le psy pointa son index vers Walter.

- Soit c'est quelqu'un de très important pour vous.
- Wallace est important pour moi et je vous en parle beaucoup !
- C'est autre chose. Il y a important et...
- Je peux continuer de vous raconter ma semaine ou vous allez continuer à spéculer sur rien du tout ?

Le psy leva les mains.

- Bon. Perrine me pousse.

***

- Dis donc, tes dessins, c'est de plus en plus...

Perrine acquiesça.

- Hm, je voulais radicaliser mon style...
- Radicaliser ton style ?
- Oui, allez vers quelque chose de plus noir.
- Tu déprimes ?!
- Nan...
- Alors pourquoi...
- Je sais pas, changer un peu, varier, trouver des inspirations ailleurs...

Walter acquiesça et n'alla pas plus loin.

***

- Vous êtes inquiet pour elle, nota le thérapeute.

Walter hocha la tête.

- J'ai juste été abandonné par mes parents, je n'en ai jamais subi de séquelles, mais Perrine a été victime de la guerre... ses parents étaient complètement paranoïaques... Parfois j'ai peur qu'elle devienne dépressive, elle est déjà pas très sociale...
- Sociable ?
- Non, sociale. Elle n'a pas énormément d'amis. Elle est correcte avec les gens mais elle a du mal à nouer des contacts.

Le psy hocha la tête.

- Ce serait un sujet intéressant.
- Elle est déjà passée dans le cabinet d'un de vos collègues, c'est ce qui l'a un peu aidée à... sortir de sa coquille. D'après son père, elle ne parlait pas beaucoup quand elle était petite, voire pas du tout.

Le psy hocha la tête.

- Continuez...
- Avant le cours de fondamentaux, je discute avec les jumeaux.
- Les jumeaux... ?
- Oui, Lilian et Léon Grimes, ils sont dans notre classe.
- ... vous n'en avez jamais parlé jusqu'ici !
- Faut dire qu'ils sont pas super intéressants... même ce dont ils m'ont parlé ce jour-là...

***

- Tu veux un chewing-gum, Walter ?
- Léon, voyons, Walter ne mange pas de chewing-gum !
- Bah peut-être que si, Lilian !
- ... j'peux répondre ?! marmonna Walter.

***

- Ils me font rire à être en autarcie comme ça...
- Vais-je un peu loin en disant qu'ils vous rappellent vos sœurs ?
- Ah j'espère qu'elles ne seront jamais pareilles ! Lilian et Léon goûtent mutuellement le repas de l'autre à la cantine, ils se rhabillent mutuellement, ils s'enlèvent les crottes des yeux... ils sont flippants.

Le psy grimaça.

- Un cas de jumeaux interdépendants... C'est encore plus intéressant !
- Vous êtes flippant maintenant.
- Continuez.
- Le cours de fondamentaux se passe normalement... On mange avec...

Le psy sourit.

- Ca vous ennuie, les fondamentaux, Walter ?
- ... ça dépend. Parfois oui, parfois non.
- C'est pour ça que vous ne m'en parlez pas ?
- Oui, cette fois c'était bof.
- Bon. Continuez.
- On mange avec Benjamin et Orson.
- Vous aimez me parler de ces deux-là...

***

- Vous êtes deux crétins ! grommela Tino avec son plateau, aux côtés de Tristan, neutre.
- C'est VOUS qui nous avez tiré dans le dos !! cria Orson.
- On en était sûrs !! grommela Benjamin.

Wallace secoua la tête et regarda Perrine.

- Tu es contente de ce que tu as fait ?! Tu vois à quoi ça mène la charité avec les geeks ???

Perrine soupira. Naomi semblait amusée. Walter observait indifféremment.

- Orson, Benjamin, le but dans Call of Duty c'est de s'entretuer... souffla Tristan.
- PAS COMME CA ! Avec honneur ! geignit Orson.
- Ouais !!

Tino souffla.

- Voilà, vous avez tout compris, vous vous êtes battus avec honneur, nous non, c'est ce qui a fait toute la différence ! Viens Tristan.
- Hm...

Les deux partirent. Wallace haussa un sourcil.

- Waouh. Ça, c'était de la réplique !
- C'était tiré de Game of Thrones... soupira Orson, dégoûté.
- Je DETESTE quand il se refait un marathon de cette série, il est grincheux et péremptoire... grommela Benjamin.
- Bordel mais pourquoi vous divorcez pas ?! souffla Wallace.
- Si au moins il pouvait lire les livres... marmonna Orson.
- Ca lui prendrait trop de temps, tu penses bien... soupira Benjamin.
- M'écoutez pas surtout, je sais que quand on est les épouses d'un Hitler mexicain, on perd l'usage de l'ouïe mais quand même...
- Wallace... soupira Perrine.
- Tais-toi, c'est ta faute si on mange avec Tina et Tonya, épouses de Tino, filles de Gorgonzola et Mascarpone...

Orson soupira.

- Cette parodie de Game of Thrones est amusante d'un certain point de vue...
- Cependant, ajouta Benjamin, Tino est d'ascendance argentine, et tu cites des fromages italiens afin de qualifier les mères fictives de nos alter-égos transsexuels dans ton histoire débridée.

Wallace regarda Benjamin et s'effondra en faisant semblant de pleurer.

- POURQUOI M'EST-IL DONNE DE RENCONTRER DE TELS ETRES HUMAINS, POURQUOI SEIGNEUR POURQUOIIII !

Walter hocha la tête.

- Vous l'avez vaincu avec honneur, félicitations !

Perrine et Naomi sourirent.

- On devrait les garder à table de manière récurrente, ils sont amusants ! sourit Naomi.
- Hm... sourit Perrine.

***

Le docteur Adler acquiesça.

- Je vois ce que vous trouvez à Wallace. Il montre une autre facette de vous tous.

Walter haussa les sourcils.

- Avant qu'il n'arrive dans vos vies, vous, Perrine et Naomi étiez des Krabby et des Ecrapince tranquillement installés sous un rocher. Wallace a été le levier qui a fait bouger ce rocher.
- Bonne analyse.
- Et vous me parlez beaucoup de lui parce que vous ne voulez pas qu'on parle de vous.

Walter soupira.

- L'après-midi c'était cours d'apprentissage technique des attaques sur les terrains...

***

- J'ai constitué des groupes de quatre, vous allez vous répartir sur sept terrains et procéder à des entrainements les uns contre les autres à tour de rôle en comptant les victoires et les défaites !

Walter, Wallace, Tristan et Amélia se retrouvèrent ensemble. Les trois garçons regardaient la fille. Wallace regarda la prof.

- Dites madame...
- Vous êtes parmi les meilleurs de la classe, j'aurais pensé que vous pouviez tirer Amélia vers le haut...

Walter, Tristan et Wallace plissèrent les yeux, mais ils prirent quand même leur terrain. Wallace écrivit les quatre noms sur le côté du tableau, puis les initiales en haut, puis il barra les rencontres contre soi-même.

- On commence par... Walter contre Tristan.

Tristan se mit face à Walter.

***

- Quelle est votre opinion de Tristan ?

Walter s'étonna.

- Pourquoi ça vous intéresse ?
- Vous parlez sporadiquement de lui, soit pour souligner qu'il a grossièrement tenté de parler à Wallace, soit pour dire qu'il accompagne Tino, Orson ou Benjamin à la cantine... Ce garçon m'intrigue.
- Et pas Amélia ?

Le docteur Adler haussa les épaules.

- C'est une fille discrète issue de la noblesse, rien d'anormal que son niveau intellectuel soit quelque peu bas, ma foi elle est assez facile à décoder, mais Tristan...
- Il est fou amoureux de Wallace, à vrai dire j'ai pitié de lui.
- Pourquoi ?
- Parce que Wallace n'est pas un sentimental.

Adler agita l'index.

- Ca n'est pas ce que reflète tout ce que vous m'avez dit de lui. Vous parlez de lui comme d'un animal social, d'un pilier de groupe, d'un meneur né, d'un être profondément amical. Il est au contraire bouffi de sentiments, je suis persuadé que s'il était à votre place il aurait une opinion sur tout le monde dans la classe, une opinion développée, même.

Walter haussa les épaules.

- Sûrement... Je pense qu'il juge les gens comme une foule mais pas comme des individus propres. Il juge les gens par paquets, pas comme des gens.

Adler acquiesça.

- C'est probable. Vous n'avez pas une opinion sur tout le monde dans la classe ?
- Certaines personnes m'indiffèrent, je vous avoue... Andréa par exemple, je n'ai aucun avis sur elle... Quinn aussi... Robbie est particulièrement plat comme garçon, gentil mais plat...

Adler hocha la tête.

- Continuez.
- J'ai sorti Tutafeh, il a sorti Skitty.
- Le combat était à votre avantage.
- Pas vraiment.

***

- Feu Follet !!

Tutafeh serra les poings et les desserra rapidement. L'attaque fusa vers Skitty mais celle-ci ricocha sur sa peau merveilleusement belle et douce.

- Peau Miracle ?!
- Héhé... Photocopie !

Skitty renvoya l'attaque qui ne rata pas Tutafeh.

- ... zut...
- Clairvoyance !

Walter haussa les sourcils.

- BORDEL, WALT ! DEFENDS-TOI !
« Pas si simple... » songea Walter.
- Nova, attaque Torgnoles !!

L'attaque frappa Tutafeh qui en complément fut atteint par la brûlure.

- Bien joué, Tristan... et très mal joué aussi.

Tristan serra les dents.

- Zut !!
- Tu devrais développer une attaque à distance. Ou Ball'Ombre, ce serait plus simple.

Skitty avait des bandelettes de momie à des endroits sporadiques. Le Pokémon regarda son maître, l'air zombifié.

- Nova...
- Attaque Feu Follet !

L'attaque fusa sur Skitty qui ne l'esquiva pas comme la première fois.

- Eh oui, Peau Miracle n'agit pas en permanence...
- ... Nova, attaque Damoclès !

L'attaque frappa Tutafeh avec virulence. Walter soupira, il avait perdu.

***

- Vous avez perdu ?!
- Tutafeh n'a pas vraiment d'attaque face aux Pokémon normaux.
- Vraiment ?!
- Généralement je me contente de brûler l'adversaire et de le contraindre à ne plus attaquer... Ce combat m'a montré mes limites, je vais devoir diversifier mon champ de possibilités.
- A l'inverse, Tristan vous a surpris.
- Tristan est bon combattant, il n'a pas beaucoup confiance en lui, c'est tout.

***

- Wallace contre Amélia, commencez ! arbitra Walter.
- Tabasco, go !

Le Pokémon tortue apparut face à son maître. Les deux se regardèrent et Wallace hocha la tête en même temps que Chartor.

- Vas-y...

Amélia envoya Balignon. Wallace fit une tête de cent pieds de long.

- Un Pokémon PLANTE ???
- Bah quoi... marmonna Amélia.
- J'ai sorti un Pokémon Feu !!
- Et alors ?
- ... Le Feu bat la Plante !!
- Et alors ?!

Wallace regarda Walter qui haussa les épaules. Tristan pencha la tête sur le côté, intrigué.

- Bon bah... Tabasco, attaque Puredpois !

Wallace y alla doucement, et Chartor se contenta d'envoyer une épaisse fumée toxique. Balignon en sortit en... approchant de Chartor.

- Han nan mais nan !! Walt, nan là !!
- Euh bah...
- Spore.

L'attaque endormit Chartor. Wallace s'étonna.

- Euuuuh...
- Coup d'Boule !

Balignon donna des coups de tête répétés. Wallace haussa les sourcils.

- Réveille-toi, Tabasco, je t'en prie !!
- Tu veux qu'il se réveille ? Ah pardon. Réveil Forcé... marmonna Amélia.

L'attaque frappa Chartor qui valdingua dans les airs.

- AAAAAAAAAAH !!!
- Wallace ! s'étonna Walter.
- Ouch... geignit Tristan.
- Ouaiiiis ! sourit Amélia de son habituel air bovin.

Et c'est ainsi que Wallace encaissa une tragique défaite contre Amélia.

- Ouiiiiiiin ! Quelle humiliatiooooon...
- C'est pas un drame... marmonna Tristan.
- Arrête de me tapoter le dooooos... geignit Wallace.

Tristan enleva sa main aussi sec.

***

- Amélia a perdu contre moi, mon Vivaldaim a dégommé son Cerfrousse, et ensuite face à Tristan elle a encore utilisé Cerfrousse mais Tristan l'a dégommée avec Morphéo. C'était pas jojo. Après, Wallace et Tristan se sont affrontés.
- Racontez-moi ça dans le détail.
- Hm...

***

- Bonne chance ! sourit Tristan.
- Mouais...
- Allez, Katana !

Osselait sortit de sa Pokéball. Wallace soupira.

- Je vois... Manny, go !

Le Canarticho sortit de sa Pokéball.

- Allez-y... marmonna Walter.

Derrière lui, Amélia se refaisait les ongles.

- Manny, attaque Tranch'Air !

Canarticho agita son légume et projeta vers Osselait des lames de vent. Le Pokémon les contra avec son os.

- Pfeuh...
- Katana, attaque Coup d'Boule !

Le Pokémon chargea, la tête en avant.

- Esquive !

Canarticho s'envola.

- Danse Lames !

Canarticho tourna sur lui-même.

- Anti-Air !!

Osselait lança son os sur Canarticho qui s'écroula au sol, écrasé.

- Katana, Osmerang !!

L'attaque frappa Canarticho à l'aller.

- Bordel... C'est bien au moins tu te retiens pas !
- Héhé !
- Si t'étais aussi audacieux pour le reste...

Tristan grimaça. Wallace souffla.

- Bon, j'veux pas me faire battre une fois de plus donc... Manny, attaque Lame-Feuille !

Canarticho agita son poireau et fonça vers Osselait.

- Euh... Euh... Tomberoche !!

Osselait enfonça son os dans la terre et l'agita rapidement devant lui, projetant une foule de rochers censés ralentir Canarticho. Wallace restait sûr de lui. Canarticho trancha les rochers et asséna un violent coup à Osselait.

L'oiseau dépassa Osselait et fit semblant de ranger son légume dans un fourreau alors qu'il le glissait sous son autre aile.

Osselait s'effondra.

- Katana...
- Tu t'es bien défendu...

Wallace s'éloigna du terrain. Tristan rappela son Pokémon après une petite tape sur la tête.

***

- Après on s'est affrontés moi et Wallace... C'était pas terrible...
- A ce point ?
- J'ai écouté les conseils de Santana ce qui m'a permis de ne pas m'en sortir trop ridiculement...
- Les conseils de Santana ?
- Oui, elle m'avait recommandé de réduire mon champ d'attaques... mais face à un adversaire comme Wallace...

***

- Poing Eclair !!

Elektek s'avança et frappa devant Manternel qui sauta dans les airs.

- Vive Attaque !!

Elektek rejoignit Manternel et la frappa en plein ventre.

- Wow... s'étonna Wallace. Tu t'es amélioré...
- On dirait bien...
- String, attaque Tranch'Herbe !

L'attaque repoussa vivement Elektek au sol.

***

- Pourquoi vous ne surnommez pas vos Pokémon ?

Walter s'étonna.

- Je vous raconte un combat, là !
- On s'en fiche. Je sais que vous avez perdu, qu'importe. Pourquoi ne surnommez-vous pas vos Pokémon ?

Walter haussa les épaules.

- Ca me tente pas.
- Naomi les surnomme, Wallace les surnomme, Perrine les surnomme, pas vous.
- Ca me tente pas. Et dans la classe on est plus à ne pas les surnommer que l'inverse.
- Vous savez ce qu'induit le fait de surnommer ses Pokémon en psychologie ?

Walter secoua la tête.

- Cela induit une volonté d'investissement, de passion, de dévouement aux autres.
- Oh. Rebecca surnomme ses Pokémon.
- Cette fille vaut alors probablement plus que ce que vous me dites depuis quelques semaines.

Walter soupira.

- Je suis persuadé que certains nazis surnommaient leurs Pokémon...
- Point Godwin, vous êtes déjà à court d'arguments ?

Walter soupira.

- Racontez-moi la suite de la semaine, s'il vous plait.

Walter hocha la tête.

- Mercredi, donc...

***

- Les premiers examens montrent qu'une opération pourrait être à terme nécessaire.

Colin haussa les sourcils. Walter, adopté depuis à peine un an, regarda son père adoptif.

- Euh... à long terme ?
- Le plus rapidement serait le mieux. Et probablement dans les prochains mois réduire l'usage des jambes pour voir si la masse musculaire se reconstruit. Le tout avec des exercices réguliers de rééducation. Par la suite si au moins une des deux jambes retrouve une structure solide, il pourrait marcher avec une canne.

Colin sembla affolé à cette idée. Walter hocha la tête.

- D'accord. Cool. Ca veut dire que je vais peut-être marcher un jour, c'est chouette.

Colin regarda son fils et acquiesça.

- Oui, oui... c'est... c'est évident, oui... Il y a bon espoir je présume.
- Au moins 50% de chances.

Colin se décomposa.

- Ah...
- C'est beaucoup ! acquiesça Walter, optimiste.

Colin hocha la tête. Malgré son jeune âge, Walter ne pouvait s'empêcher de ressentir le stress enduré par son père.


***

- Tu l'as vue ?
- Oui je l'ai vue ! T'es folle de m'envoyer ça ?!

Walter était non loin, près de son casier. Santana sourit.

- Je voulais juste que tu voies ce que tu ratais en ne m'accompagnant pas faire du shopping.
- Rebecca voulait aller voir « Sex and the City 15 »... souffla Violette.
- Ca devait être bien chiant...
- Oui, ça l'était...
- Tu as prétexté quoi pour venir me parler ?
- J'ai dit à Rebecca que je devais te demander quelque chose pour le devoir.
- Bien joué. Tu deviens de plus en plus maligne pour mentir à ta meilleure amie.

Violette sembla hésitante alors que Walter n'en revenait pas de ce qu'il entendait.

- Tu... réalises que toi et moi c'est impossible, que je ne pourrais jamais te donner ce que tu désires...

Santana ferma son casier.

- Ne jamais dire jamais, Violette. Tu ne sais pas de quoi demain sera fait, et il sera peut-être fait de moi en sous-vêtements dans ton lit...

Santana s'éloigna. Violette s'en retourna vers ses amies, toute rouge.

- Violette, tu as un teint affreux !! grogna Rebecca.
- Excuse-moi Rebecca ! souffla Violette timidement.

***

Le docteur Adler était stupéfait. Walter le désigna d'une main.

- Je faisais la même tête que vous !!
- Cette fille que vous décrivez depuis le début comme une excellente combattante mais aussi comme un mouton de Rebecca... est lesbienne et semble vivre une idylle avec Santana ?!
- Oui ! Je la pensais pas aussi complexe ! J'en étais aussi étonné que vous !
- Pas autant je pense...
- Qu'est... ce que vous voulez dire ?!
- Rien...

Le psy se rassit convenablement sous le regard intrigué de Walter.

- Ahem... reprenez !

Walter hocha la tête.

- Il s'est passé quelque chose au cours de fondamentaux.

***

- MONSIEUR PAXTON !

Tino venait de crier après trois appels successifs. Tristan tentait de retenir son ami.

- Oui, Tino ?! s'étonna Ulrich Paxton.
- Wallace joue au démineur !

Wallace s'emporta.

- SALE PETITE FOUINE SUD-AMERICAINE !!!
- Wallace, pas de racisme ! signifia le prof
- C'est pas du racisme, j'emmerde ce sale petit brésilien de mes couilles !
- Mes parents viennent d'Espagne !
- Je m'en astique le jonc ! Occupe-toi de ton slip, délateur à deux balles !!
- Ta vulgarité n'a d'égale que ta fumisterie ! soupira Tino, dédaigneux.
- Personne ne comprend ce que tu baragouines, Cortex ! hurla Wallace.
- La même chose qu'à chaque cours, Minus : Tu es en cours, tu n'as pas à jouer !
- T'es sérieux ? Le prof a quatre-vingt-dix ans et tu lui suces la bite ??
- ASSEZ ! grommela Ulrich Paxton.

Wallace et Tino se retournèrent vers le professeur.

- Wallace, cessez de jouer, Tino, cessez d'intervenir pour des motifs aussi triviaux !
- Si je veux ! grommelèrent les deux élèves.

Lesquels se regardèrent. Perrine soupira.

- Frères et sœurs dans une autre vie, je parie quinze pokédollars...
- Petite joueuse... souffla Naomi.

***

Le docteur Adler haussa les sourcils.

- Je me trompe en disant qu'ils étaient en feu tous les deux ?!
- Ils ont le même tempérament jusqu'au-boutiste, je suis persuadé qu'un jour ils s'entendront bien...
- Poursuivez...
- Au déjeuner, on a un peu été obligés de manger avec quatre personnes, la cantine était remplie, on a avisé.
- Remplie ?
- Nous avons été visités par des étudiants étrangers.
- ... Ah oui, le groupe d'étudiants français !
- Hm. C'était du propre...

***

- Et évidemment je suis une des filles les plus populaires de la classe, tous les garçons veulent sortir avec moi ! sourit Rebecca.

Violette plissa les yeux. Amélia semblait ne pas comprendre. Holly se foutait complètement de ces garçons français et n'avait d'yeux que pour Gina et Steven qui mangeaient ensemble.

A la table de Tino, Tristan, Orson, Benjamin, Robbie et Christina, une résistance s'était engagée avec l'invitation exceptionnelle de Clive et Andréa.

- Je peux savoir ce que vous avez contre les français ?! s'étonna Robbie.

Tino, Benjamin, Orson et même Tristan soupirèrent.

- On ne peut pas accepter à notre table... commença Orson.
- ... un peuple de mécréants inférieurs... continua Benjamin.
- ... qui ne se sont pas donnés la peine de traduire et de sortir dans leur pays... marmonna Tristan en désignant Tino.
- ... Seiken Densetsu 3, Final Fantasy 1, 2, 3, 4, 5 et 6, Chrono Trigger, Lord of the Rings volume 1, SimEarth, la quasi-intégralité des Dragon Quests puisqu'apparemment seuls les Dragon Quest pourraves de la Nintendo DS valaient le coup à l'époque, Super Mario RPG, j'en passe et des meilleurs.

Clive haussa les sourcils.

- Moi, leur seule ignorance vis-à-vis du mouvement Rock/Métal/Gothique suffit à me décourager de leur adresser la parole, pas besoin d'aller aussi loin...
- Oh ils ont accepté le mariage homosexuel bien avant Poképolis, et nous il nous a fallu une guerre pour qu'on l'accepte ! fit remarquer Andréa.
- Les archives du débat montrent quand même que ça n'a pas été sans mal, la France s'est révélée particulièrement rétrograde aux yeux de certains pays du monde... marmonna Christina.
- Et puis c'est quand même le pays qui se prétend le chantre de la liberté d'expression et des droits de l'homme, mais où on n'a rien le droit de dire, et où les positions sont ajustables selon qui parle et à qui on s'adresse ! grommela Tino.

Robbie haussa les épaules.

- Bah... comme à Poképolis ! Comme partout, j'ai envie de dire !

Le reste de la tablée s'étonna. Robbie leva les yeux au ciel.

- Admettons que je n'ai rien dit...

***

Le docteur Adler s'étonna.

- Comment vous pouvez savoir tout ça ? Que cette conversation a eu lieu ?!
- ... ils en ont parlé en public à un autre moment mais je l'ai casé ici !
- ... mouais. Poursuivez.
- Nous, on a mangé avec Ana, Francis, Quinn et Lucy.
- Vous m'avez parlé indépendamment d'eux... Ana est une jeune fille russe discrète, rousse aux cheveux courts...
- Exact.
- Francis est, selon vos mots...

Adler retraça ses notes.

- ... « Le grand crétin gogol qui se prend pour un calife »
- Ouais ça résume bien l'engin.
- Quinn a été résumée précédemment par « une fille quoi »
- Idem.
- Et Lucy comme « une petite chinoise adorable mais trop discrète ». Ce devait être un fameux déjeuner...
- Ca le fut.

***

- Ce film est génial. Deux psychopathes en virée caravane quoi ! sourit Quinn.
- Elle a raison, elle a raison ! C'est un film incroyable, les paysages sont splendides ! Faudra que je te le montre, Walter !

Quinn regarda Wallace.

- Tu as le DVD ???
- Je... l'ai sur mon disque dur.
- DONNE-LE MOI !
- Ca fera quinze Pokédollars !
- SALAUUUUUD !!!!

La tablée ricana, sauf Perrine qui se contenta de sourire.

- Comment avance votre devoir ? demanda Naomi.
- Gnnn, regardez qui gâche la conversation !! grommela Francis.
- On est à l'école en même temps, on en revient toujours à la même chose... marmonna Walter.
- On avance bien, on s'est décidés à organiser notre devoir par continents ! sourit Lucy.
- Evidemment on a déjà une bonne connaissance du continent asiatique ! sourit Ana.

La chinoise et la russe firent tope-là.

- Vous classez la Russie en Asie ? s'étonna Perrine.
- Oui ! somma Quinn.
- Evidemment que c'est en Asie... assura Francis.
- Mais c'est aussi beaucoup en Europe... admit Ana.
- NON ANA ! En ASIE !!! geignit Francis.
- Moscou et Saint-Pétersbourg sont quand même très proches de l'Europe...
- ANAAAA ! geignit Francis.

Wallace plissa les yeux.

- Y'a pas d'ambiguïté, y'a 70% de la Russie en Asie !
- Mais oui ! ajouta Lucy.
- On aurait dû manger avec les français, en fait, ça nous aurait aidés pour le devoir... marmonna Quinn.
- Ah... oui... marmonna Francis.

***

- Bref c'était étonnamment convivial...
- D'habitude ça l'est aussi...
- Oui mais bon, avec de nouvelles personnes c'est toujours intéressant...
- Au fait, qui vous a poussé ce matin-là ?
- ... j'me souviens plus.
- Vous êtes censé faire un carnet avec les éléments de votre semaine !
- Oui, pardon...
- Continuez.

Walter hocha la tête.

- L'après-midi, Options.
- AH !

Walter s'étonna.

- Vous allez enfin me parler de Naomi !
- ... non. Le prof nous a rendu le compte-rendu de lecture.

***

- Sélina, pas mal... Romane, bien joué... Walter, j'ai adoré votre analyse de « Poképique », je n'arrive pas à croire que vous ayez vu dans ce roman une chronique du passage de l'enfance à l'adolescence et de ses déboires.

Walter prit sa feuille, tout content.

***

- Bien joué. Un bon esprit d'analyse. Cela vous apportera beaucoup de choses dans votre vie future. Si vous réussissez votre option, vous pourrez facilement trouver du travail.

Walter inspira en grimaçant, pas très certain.

- ... continuez... soupira le docteur Adler.

***

- Naomi, excellent devoir, analyser une trilogie c'était compliqué, mais vous vous êtes magnifiquement débrouillée avec « Insectoïdes ». Votre analyse détaillée du discours d'Athéna, la Scarhino révolutionnaire, était tout simplement fabuleuse.
- Merci !

Naomi reçut son devoir, toute contente. Walter soupira.

- Madame a analysé une trilogie...
- J'adore cette trilogie, faut dire !
- Tout ça pour avoir une meilleure note !
- Bah oui, que veux-tu... Oh quelle mauvaise foi, je n'ai qu'un seul point de plus que toi !
- C'est déjà trop ! sourit fièrement Walter.
- Et ensuite tu viens me dire que j'ai fait exprès d'analyser une trilogie ?
- Bah oui !

***

Le docteur Adler s'étonna.

- Mais... mais c'est complètement inintéressant cette conversation !
- On plaisantait entre nous, c'est tout...
- ... vous n'avez rien à raconter sur cette fille ?
- C'est pas ça, c'est juste qu'on a simplement plaisanté !

Adler hocha la tête.

- Donc depuis le début de la semaine, vos interactions avec Naomi se sont résumés à quelques échanges et à... vous qui plaisantez avec elle sur son compte-rendu de lecture ?!

Walter haussa les épaules.

- ... passons...
- En sortant, on a discuté avec Wallace.
- Ah. Enfin vous allez être plus loquace.
- Je peux parler ?

***

- Tu vois, je pense qu'on a tous un destin. Une ligne tracée qui nous amènera vers un point précis.
- Wow. La philo, ça te réussit pas, toi.
- Réfléchis-y : Tout ce qui nous arrive nous prédestine à faire certaines choses. Les rencontres qu'on fait, les actes qu'on réalise, les faits autour de nous... Tout a une raison, tout a un sens, et un jour tout nous apparaîtra comme étant le début d'un grand plan final. A quatre-vingt ans, on se réveillera et on se dira : Tout ça pour ça.

Walter plissa les yeux.

- Donc il faut profiter de l'instant présent tout en vivant avec la vision future, vivre en faisant attention à demain.
- Waouh, Wallace, c'est... très profond ce que tu dis, ça devrait te faire réfléchir.
- Ah non c'est tout moi ! Je vis ma vie en sachant que plus tard bah... c'est plus tard !

Walter hocha la tête.

- Ça te réussit vraiment pas la philo.
- Tu déconnes ! J'adore ce cours !

***

Adler inspira.

- M'est avis que ce jeune homme ne sera pas pour vous un ami pour la vie.

Walter haussa un sourcil surpris.

- C'est-à-dire ?
- ... Je ne sais pas. La façon de vivre de Wallace et sa façon de voir le monde me semble... autodestructrices. S'il persiste dans cette voie, ce garçon se passera de vous rien que pour vivre sa vie comme il l'entend. Il ne s'embarrassera pas de vous comme ça.

Walter secoua la tête.

- Nan, Wallace est pas comme ça, il a besoin de gens autour de lui... Au début de l'année, c'était un asocial seul, rustre et acariâtre...
- Il n'empêche que la seule chose que lui a inspiré un cours de philosophie sur la destinée, c'est... Carpe Diem, et merde au futur !
- Il a seize ans ! souffla Walter.
- Précisément, il a seize ans et il ne pense pas assez à son avenir, juste à brûler la chandelle par les deux bouts. Vous êtes trop plan-plan pour rester ami avec quelqu'un comme ça.

Walter plissa les yeux.

- Vous... voulez que j'arrête de traîner avec lui ?
- Je veux que vous fassiez attention.

Walter se mordilla les lèvres.

- Ok, très bien... je peux continuer ?
- Oui, allez-y.
- Hier jeudi...

***

- Walter est dans le cours de sa rémission, il ne va ni mieux ni moins bien.

Colin souffla en hochant la tête. Walter semblait voir une vache résignée à l'abattoir.

- Il faut continuer les traitements et les séances de kiné en attendant qu'une amélioration se profile.

Colin acquiesça. Walter soupira et jura que si le système de santé Poképolite n'était pas gratuit pour lui en tant qu'handicapé, son père se ferait arnaquer en beauté.

- Et... on ne peut rien faire de plus ?
- Forcer les choses n'arrangerait rien. La première opération a été un succès, on ressent une lente mais nette amélioration. Mais ça peut rechuter du jour au lendemain.

Walter regarda son père qui semblait totalement anxieux. Et Walter qui avait envie de lui hurler « mais arrête de t'inquiéter pour moi, bordel, mais arrête ! »

Au fond, le jeune homme se résigna à ce que son père se fasse du mouron pour lui.


***

- Bah vous pourrez pas dire que c'est ma faute, j'étais en milieu de terrain ! grommela Mike.
- Le coach nous a assez engueulés comme ça, je crois... soupira James.
- Les mecs, putain, on a joué comme des brêles, on a joué comme des brêles, ça va pas pisser plus loin, merde ! souffla Steven.

Francis restait consciencieusement hors de la conversation. Walter, Perrine, Naomi, Wallace et la plupart des élèves observaient les trois, au fond, qui arguaient.

- Tes passes sont merdiques, James... grommela Mike.
- Pardon ?
- Eh, James est pas un milieu de terrain, il a pas à passer.
- Si, aux autres attaquants. Et PUTAIN Steven, me traite pas de foutu milieu de terrain !
- C'est ta putain de position alors tu fermes ta gueule et t'acceptes maintenant au lieu de faire ta pisseuse !!
- QUOI ? T'AS DIT QUOI LA ???
- MAIS TU M'AS TRES BIEN ENTENDU !
- VAS-Y...

Les deux garçons s'empoignèrent à la surprise générale.

- C'EST TOI QU'A ETE ME FOUTRE DE LA MERDE SUR LE DOS AUPRES DU COACH, ENFOIRE !!!
- MAIS PUTAIN MIKE TU CHIES GRAVE EN ATTAQUE AVEC TON GROS DRAGON DE MERDE !!!
- Enculé !

Mike repoussa Steven et envoya Drakkarmin.

- VAS-Y, PARLES-Y AU DRAGON DE MERDE !

Steven ne se laissa pas démonter et appela Baggaïd qui lui colla un coup de Mitra-Poing.

- Que dalle, putain, accepte la critique bordel !!
- Va te faire enculer !!! Draco-Rage !!

L'attaque allait frapper mais Hariyama s'interposa.

- JAMES, VIRE ! grogna Mike.
- EH PUTAIN ! grogna Steven.
- Arrêtez de vous battre, vous êtes cons ou quoi ! Ça rime à rien votre truc, vous êtes potes !

Fey s'était avancée tout comme Francis, Gina et Naomi

- DEGAGE DE LA, GROS CON ! cria Mike.
- OUAIS PUTAIN, ON DISCUTE, GROS PORC ! grommela Steven.

James fronça les sourcils.

- Corps Perdu !

Hariyama s'empara de Baggaïd et écrasa le Pokémon Punk sur Drakkarmin qui fut assommé par le reptilien encapuchonné.

- EEEEEEEEEEH !
- WOH PUTAIN !
- La vache, on sait QUI il faut pas faire chier ici ! souffla Wallace.

James souleva Steven au-dessus du sol.

- Retire ça où j'te défonce la gueule ! gronda James.
- Arrête James !! cria Fey.
- Lâche-le !! hurla Gina.
- Steven ! geignit Holly.
- Ca va trop loin, arrêtez ! cria Naomi.
- Les gars ! lâcha Francis.

James lâcha Steven, hypnotisé par un Miradar. Helen arriva en plein dans la panique, comme si de rien n'était.

- Rappelez vos Pokémon, les garçons, je ne veux pas de ça avant mon cours, c'est clair ?

James, Steven et Mike rappelèrent leurs Pokémon.

- On n'en a pas fini !
- Les mecs, arrêtez, c'était juste une séance d'entrainement ! souffla Francis.
- Steven m'a rabaissé devant le coach... grogna Mike.
- On s'en fout, Mike ! soupira Francis. Vous faites un super trio d'attaquants, le coach aura voulu essayer autre chose !

Les trois se regardèrent et hochèrent la tête.

- Allez faites la paix, vous êtes amis depuis longtemps, non ?

***

Adler s'étonna.

- Votre classe est un étonnant melting-pot de caractères...
- On est une belle bande, ouais...
- Je veux dire... il y a beaucoup de tensions mais quelle diversité de gens et de personnalités !
- Hm.
- Au fait juste une petite remarque, c'est juste moi ou est-ce que votre emploi du temps change chaque semaine ?!

Walter haussa les épaules.

- Qui se soucie de ce genre de détails ?
- Vous avez raison. Poursuivez !
- Le cours d'histoire de madame Clover se passe bien... c'est de l'histoire, je vous épargne ça, hein...
- Hm.
- On mange avec des français pour mieux en apprendre sur leur culture.

***

- Je suis Sabrina ! dit une fille blonde aux yeux bleus.
- Moi c'est Fatima ! sourit une jeune fille arabe portant un voile.
- Je suis Jean-Paul, mais tout le monde m'appelle JP ! sourit un grand jeune homme à lunettes.
- Et moi c'est Corentin ! sourit un petit brun jovial.

Wallace, Walter, Naomi et Perrine acquiescèrent.

- Je suis Wallace !
- Moi c'est Perrine !
- Je m'appelle Naomi.
- Et moi c'est Walter.
- Poképolis est vraiment un beau pays ! commença JP.
- On a été bien lotis quand ils ont réparti les architectures craignos ! sourit Wallace.

Les français sourirent.

- Vous avez des Pokémon ? demanda Naomi.
- Oh oui ! Les français adorent les Pokémon ! admit Fatima.
- On en a moins que vous mais on les respecte autant que vous ! admit Sabrina.
- On n'est pas le Jour du Pokémon, mais on pourrait se montrer un de nos Pokémon respectifs ! proposa Walter.
- Si vous voulez, oui ! souffla Corentin.

Chacun sortit donc un Pokémon. Perrine sortit Kecleon, Walter envoya Tutafeh, Naomi prit Chacripan sur ses genoux, Wallace prit Tiplouf dans ses bras.

Sabrina sortit un Miaouss, Fatima envoya un Nidoran Femelle, JP sortit un Kokiyas et Corentin dévoila un Rattata.

- Wouah !!! s'étonna Sabrina.
- C'est autre chose que nos Pokémon... admit JP.
- Vous habitez un pays où les Pokémon sauvages sont moins nombreux, ça peut se comprendre... admit Naomi.
- Ouah, un Tiplouf ! sourit Corentin.

Wallace releva son Pokémon pour le montrer au jeune homme.

- Il est tellement cool ! J'peux le caresser ?
- Ouais !

Corentin caressa le Pokémon en souriant. Le petit Pokémon, habituellement revêche, sembla content d'être ainsi le centre d'attention.

- Vous logez où actuellement ? demanda Naomi.
- Ils ont pas fait dans la dentelle... sourit Sabrina.
- On est carrément au Triplet Gourmand ! vanta Fatima.

Wallace haussa les sourcils. Walter regarda Perrine.

- Marrant !
- Hm...
- Quoi ? s'étonna Wallace.

Naomi sourit.

- La famille de Perrine a des liens particuliers avec les propriétaires ! Ses parents ont notamment leur appartement actuel grâce à Rachid Trianon !

Les quatre français furent impressionnés. Wallace regarda Perrine.

- Et tu m'en as JAMAIS parlé ???
- On n'a jamais parlé de cet hôtel !
- Je suis un grand fan de ces champions d'arène !! geignit Wallace.

Corentin acquiesça.

- Ouais, ce sont vraiment de super maîtres d'hôtel !
- N'est-ce pas ! Et puis ils ont un sacré charisme ! sourit Wallace.
- Ils nous ont fait des animations en plus ! affirma JP.
- Ça devait être cool ! sourit Wallace.
- Ah ça, oui, ça l'était... acquiesça Corentin.

***

- Juste pour que vous compreniez pourquoi je vous en parle, hier soir Wallace m'a appelé depuis l'hôtel Triplet Gourmand, il aurait couché avec Corentin.

Adler haussa les sourcils.

- Je... ne ferais aucun commentaire supplémentaire mais vous comprenez bien que je réitère mes remarques précédentes.
- En quoi le fait qu'il couche avec le premier garçon venu fait de lui un être nuisible ?
- Walter, vous êtes un être de réflexion, vous vous posez en permanence des questions sur vous-même, sur l'importance de votre vie.

Walter hocha la tête.

- Wallace ne se pose pas les mêmes questions. Il se voit comme une poupée de chiffon, il n'a pas conscience de son importance en tant qu'Être. Il se moque éperdument de ce qu'il subit, ça n'a pas d'importance pour lui.

Walter soupira.

- C'est pas censé être pour moi, ces séances ?
- Wallace vous concerne de près. Il est l'éminence grise, l'être négatif autour de vous.

Walter plissa les yeux.

- Perrine est un élément neutre, qui ne réagit que si nécessaire.

Walter haussa les épaules.

- Et ?
- Continuez de raconter votre semaine.

Walter leva les yeux au ciel.

- Combat direct, cette fois la prof nous donne le classement des élèves qui ont les meilleures notes à ses cours.

***

- Alors, premier, Tino.

Lequel eut un modeste sourire de fierté.

- Seconde, Santana.

Laquelle hocha la tête.

- Troisième, Naomi.

La jeune fille sourit, toute contente.

- Quatrième, Quinn.

La jeune fille hocha la tête, satisfaite.

- Cinquième, Violette.

Rebecca exulta. Violette sourit.

- Sixième, Tristan.

Le reste de la classe semble surpris. Tino lui tapota le dos.

- Septième, Lucy.

La petite chinoise soupira de soulagement.

- Onzième et je rentrais pas chez moi dis-donc !
- Huitième, Robbie.

Benjamin et Orson l'applaudirent, mais Robbie les somma d'arrêter.

- Neuvième, Wallace.
- YES !
- Et Dixième, Mike.

Lequel sourit, étonné par sa bonne note.

- Voilà. Donc aujourd'hui pas de combat, que de la théorie.

***

- Après le cours – qui était très chiant – j'ai discuté avec Perrine à propos de vous.
- Oh.

***

- C'est demain ta dernière séance ?
- Hm... j'ai vraiment adoré, c'était trop cool !

***

Le docteur Adler plissa les yeux.

- Vous... n'êtes pas obligé de prendre des gants...
- Oh, ok.

***

- Ouais, putain, enfin fini ce suivi de merde !!
- A ce point ?!
- J'aurais préféré faire ça comme toi quand j'étais gamin...

Walter grimaça.

- Pardon, Perrine, je voulais pas...
- Nah. J'assume, t'inquiète. Et pis moi ça m'a aidé, ça t'aidera peut-être.
- Hm... Ça m'embête de me faire sonder comme ça...

Perrine sourit.

- Pourtant c'est ce que tu fais avec tout le monde.
- Ah ?
- Si je te le dis !

***

- Je suis ravi de converser avec un collègue ! sourit le docteur.

Walter semblait gêné.

- Un souci ?
- ... ça me déplait de passer pour un donneur de leçons auprès de mes amis.
- Vous n'avez qu'à cesser.
- ... Je peux pas. J'aime aider les autres, j'aime les soutenir, leur dire les mots qu'il faut. J'ai vécu en communauté depuis tout bébé, j'ai toujours partagé, j'ai toujours soutenu, été soutenu, ce sont des choses qui me tiennent à cœur.

Le thérapeute acquiesça.

- Vous... n'avez pas parlé de votre famille.
- Hon... Je préfère les évacuer de ces séances, ça m'embête de parler d'eux.
- Pourquoi ?

Walter soupira.

- Lundi...

***

- Je suis très inquiet...

Walter leva les yeux au ciel. « Comme toujours... »

- Tout ça parce que tu voulais sortir d'une conférence à la noix donnée dans ton école, ils t'ont cru hystérique, c'est ridicule ! Et maintenant tu vois un psy...
- Le docteur Adler est cool, papa, il a l'habitude de travailler avec des adolescents...

Colin soupira en hochant la tête.

***

- La première fois j'ai passé vingt minutes à lui expliquer que je n'étais pas fou, que j'étais simplement puni pour conduite inappropriée... bref. Mardi...

***

- Papa, est-ce que Walter est fou ?

Colin écarquilla les yeux. Aude elle-même sembla surprise. Walter soupira et regarda ses sœurs.

- Je suis pas fou, je suis puni !

Nadia et Daria ricanèrent.

- Walter est puni-heu ! Walter est puni-heu !
- Ou...
- LES FILLES !

Aude regarda son mari, surprise. Walter regarda son père, énervé.

- Ne vous moquez pas de votre frère, compris ?
- ... oui papa...
- Oui papa...

***

- Wow. C'est sévère...
- Il ne supporte pas qu'on s'en prenne à moi, c'est viscéral chez lui... mercredi...

***

Aude arriva près de l'école. Elle sortit et déposa Walter dans son fauteuil.

- Tu sais Walt...

Walter regarda sa mère en soupirant. « Han non, elle est inquiète aussi... »

- Je suis inquiète aussi, j'espère que tu n'as pas de problèmes...
- Non maman.
- De problèmes dont tu n'oserais pas nous parler...
- Rien maman, je t'assure.
- Bon...

***

- Vos parents sont des gens inquiets de nature...

Walter ricana.

- Mes parents sont inquiets à cause de moi !

Adler pencha la tête.

- P... Parfois je me dis qu'ils seraient tellement plus heureux sans moi ! Ils n'auraient pas à se soucier de moi et de mes problèmes ! Des fois je me dis que... j'aurais été mieux sans eux aussi...

Adler haussa les sourcils alors que Walter semblait au bord des larmes.

- ... parce que... Parce qu'avant eux personne ne s'est soucié, ne s'est inquiété, ne s'est mis la rate au court-bouillon pour moi... Et là, eux, ils se font énormément de souci et... je sais pas comment les en empêcher ! Et ça m'énerve, ça me gonfle, parfois j'ai envie de hurler à table, de les engueuler, de leur dire... Colin, Aude, arrêtez ça, renvoyez-moi à l'hôpital et arrêtez de vous préoccuper de moi parce que... parce que merde quoi, vous méritez pas ça !!

Le docteur Adler hocha la tête.

- Vous pensez que tout est de votre faute.
- Evidemment !
- C'est pour ça que vous aimez autant Wallace.
- ...
- Wallace est négatif, rebelle. Il ne se fait aucun souci pour vous, il vous prend comme un individu à part entière, mais c'est un démon, si vous le suivez jusqu'au bout, il ne vous mènera nulle part.

Walter haussa un sourcil.

- Perrine est neutre, sage. Elle vous guide, vous avez besoin d'elle, c'est votre point de repère, elle s'inquiète modérément pour vous mais elle sait également que vous êtes un individu à part entière et elle vous respecte en tant que tel.

Walter haussa les épaules, les larmes aux yeux.

- Vous vous répétez...
- Racontez-moi ce combat triple.

Walter baissa la tête.

- Y'a rien à en dire.
- S'il n'y avait vraiment rien à dire, vous m'en auriez parlé.

Walter se mordilla les lèvres, comme s'il allait pleurer.

- Libérez-vous, Walter, ça vous fera du bien.
- ... On... envoie nos Pokémon...

***

« Clive envoie Insécateur, Orson envoie Tic. Je suis au milieu, je dois être polyvalent. En face, Andréa envoie Polichombr et Fey sort Cotovol. »

- Commencez.

« J'ai envoyé Vivaldaim, il pouvait contrer Cotovol et Polichombr. »

- Onde Vide !
- Eclair !
- Eco-sphère !

« Les filles répondirent... un début de combat classique quoi »

- Vampigraine !
- Ombre Portée !

Vivaldaim évita une infection à Tic grâce à Herbivore. Insécateur utilisa Plaie Croix pour frapper Polichombr mais son Corps Maudit supprima l'attaque.

« C'était un combat normal, au début. Et puis... »

- Kimona, Vampipoing !!

***

Le docteur Adler attendait la suite. Walter semblait totalement démuni.

- Je... J'ordonne à Vivaldaim de faire...

***

- Camouflage !

« L'aspect sablonneux du terrain me donnait un type Sol. Du coup son attaque passait mieux, surtout si j'en profitais pour contrer avec Pied Sauté... »

Kungfouine frappa Vivaldaim qui contra l'attaque avec ses pattes arrière.

***

Le docteur Adler observait, médusé, Walter se mettre à pleurer.

- Et c'est là que j'ai réalisé, docteur...
- Que vous avez réalisé...
- J'ai regardé Naomi droit dans les yeux, et alors que depuis le début du combat, voire de la journée, je l'avais juste considérée comme "Naomi"... J'ai réalisé que... j'aimais cette fille. Que j'étais profondément amoureux d'elle.

Le docteur Adler était éberlué.

- M... mais... mais pourquoi vous mettre dans cet état ?!
- Je voulais qu'elle rompe avec Mike, je l'y ai inconsciemment encouragée dans l'ascenseur... Depuis le départ, inconsciemment, j'essaie de me rapprocher d'elle parce qu'au fond de moi il y a cette intention...

Adler agita les mains.

- Continuez !
- Non, j'peux pas...

Le docteur n'y comprenait plus rien.

- J'peux pas avoir de sentiments pour elle. J'ai pas le droit.
- Pourquoi donc ?!

Walter soupira.

- Regardez la vie que je mène. Regardez la vie que je fais mener à mes parents. Est-ce que j'ai envie de donner une vie comme ça à Naomi ? Non.

Adler hocha la tête.

- Je... m'apprêtais en fait à vous dire que Naomi était le seul élément positif dans votre vie, la seule personne à qui vous pouviez vous confier sincèrement, sans humour ni froideur comme avec Wallace et Perrine... et donc que votre petite bande formait pour vous un équilibre, mais... je ne m'attendais pas à ça !

Walter resta silencieux un moment. Il soupira et reprit.

- Lundi...

***

(Rihanna – Stay)

***

All along it was a fever... (Tout du long, ce fut une fièvre)

- Quoi qu'il en soit, vendredi qui arrive, c'est ta dernière séance de psy, tu seras débarrassé. Et voilà, Walter, tu es devant chez toi.
- Merci de m'avoir raccompagné...

Naomi sourit.

- De rien. Allez, passe un bon week-end !

Naomi se pencha et embrassa la joue de Walter qui en resta tout chose.

- Salut !
- Bye... marmonna Walter.

Le jeune homme attendit avant de monter. Il sembla réaliser tout d'un coup des sentiments dont il n'aurait jamais pensé être capable.

« ... arrête de rêver, Walter, c'était juste une bise, ne sois pas ridicule, on dirait un maniaque pervers... »

Walter entra dans son immeuble, l'air déboussolé.


A cold sweat high-headed believer (La sueur froide d'un esprit sûr de lui)

***

I threw my hands in the air I say show me something (J'ai levé les mains en l'air, j'ai dit "Fais quelque chose")

- Ca va pas, Walter ?! souffla Wallace.

Walter regarda Wallace et Perrine.

- Un souci ?! s'étonna Perrine.
- N... Non... Je... J'ai un examen médical sous peu et... ça me préoccupe !

Walter replongea dans son assiette en évitant le regard de Naomi, trop troublé.

- Tu veux pas nous en parler ? s'inquiéta Naomi.

Walter secoua la tête sans la regarder. Wallace haussa les épaules.

- J'ai trouvé qu'Orson était pas mauvais, même sans Benjamin ! songea tout haut Wallace.
- Oui ça m'a surpris aussi... admit Naomi.

He said, if you dare come a little closer (Il a dit "si tu l'oses, approche-toi un peu plus près...")

***

- Mardi...

***

Round and around and around and around we go (Nous ne faisons que tourner en rond)

« Mardi je n'arrêtais pas de la regarder en fondamentaux. J'avais honte, mais je ne pouvais pas m'empêcher de l'observer, elle était à deux places de moi mais... mais j'avais envie de la voir. »

Naomi se contentait de suivre le cours. Walter regardait Naomi discrètement, incapable quant à lui de suivre le cours.

Oh now tell me now tell me now tell me now you know (Maintenant, dis moi que tu le sais...)

***

- Mercredi...

***

Not really sure how to feel about it (Je ne sais pas trop quoi en penser)

« Mercredi c'est elle qui m'a poussé au sommet de ma rampe. »

- Tout va bien, en ce moment, Walter ?
- Hm.

Something in the way you move (Quelque chose dans ta façon de bouger)

- Tu as l'air soucieux, j'espère que c'est pas à cause de ton suivi psy...
- Non, non...

Makes me feel like I can't live without you (Me fait sentir que je ne peux vivre sans toi)

- Ca m'inquiète un peu, j'ai peur que ça te perturbe, que ça t'oblige à dire des choses que tu ne veux pas dire...
- Oh c'est une formalité...

And it takes me all the way (Et ce sentiment m'étreint de tout mon être)

« J'étais très content qu'elle me parle, qu'elle se soucie de moi, qu'elle prenne du temps sans pour autant s'alarmer comme mes parents... »

- Oh je sais que tu t'en sortiras sans problèmes... mais si ça ne va pas, n'hésite pas à m'en parler, hein ?
- Oui, oui, t'inquiète.

I want you to stay... (Je veux que tu restes...)

***

- Jeudi...

***

It's not much of a life you're living (Ce n'est pas une grande partie de ta vie que tu es en train de vivre)

- Troisième, Naomi.

Walter regarda Naomi et lui leva un pouce tout fier. Naomi sourit, heureuse. Walter détourna rapidement le regard.

It's not just something you take, it's given (Ce n'est pas juste quelque chose que tu prends, c'est donné)

***

- Et ce matin, avant la séance...

***

Round and around and around and around we go

Naomi poussait Walter jusqu'à la porte du cabinet.

- Allez, la dernière ligne droite.
- La der des ders... sourit Walter.

Oh now tell me now tell me now tell me now you know

- Après ça, tu n'auras plus à vider ton sac !
- Pour une fois qu'il y a un sac que je peux vider tout seul...

Naomi ricana. Walter rit à sa suite. Naomi reprit sa contenance.

- Bon courage, Walter.

Not really sure how to feel about it
Something in the way you move


Walter regarda la main de Naomi qui lui tapotait l'épaule.

- Hm. T'en fais pas.

Makes me feel like I can't live without you
And it takes me all the way


Walter regarda Naomi partir, restant immobile.

I want you to stay

Il guetta le moindre moment où elle se retourna pour la saluer de nouveau, comme s'ils étaient en train de se dire adieu définitivement.

Oh the reason I hold on (La raison pour laquelle je tiens le coup)
Oh cause I need this hole gone (Parce que j'ai besoin que ce trou disparaisse)

Une fois qu'elle fut hors de sa vue, Walter resta au même endroit jusqu'à ce que le psy lui ouvre.

Funny all the broken ones but I'm the only one who needed saving
(C'est amusant, tous ces gens brisés, mais je suis le seul qui avait besoin d'être sauvé)
Cause when you never see the light it's hard to know which one of us is caving
(Car quand tu ne vois jamais la lumière c'est difficile de savoir lequel de nous est au fond du gouffre...)


***
***
***


Le docteur Adler signa la notification, indiquant que toutes les séances avaient été suivies avec succès. Il tendit le papier à Walter, la mine inquiète.

- Ah non Docteur, pas vous...
- Vous devriez avouer vos sentiments à cette fille.

Walter secoua la tête.

- Vous allez terriblement en souffrir !
- Je ne souffre pas, attention.

Adler pencha la tête.

- Je sais pertinemment que c'est voué à l'échec. J'ai un mur de briques en face de moi.

Walter tapota son fauteuil roulant.

- Je suis très rationnel, et je ne peux pas souffrir de ne pas avoir ce que de toute façon, je ne pourrais jamais obtenir.

Le docteur Adler posa ses mains devant sa bouche, accoudé à son bureau.

- Vous savez... l'absence de souffrance, c'est une souffrance aussi. Si vous ne souffrez pas, que ressentez-vous alors ?
- ... je...
- Vous refoulez tout ça dans une partie de vous qui se dit « c'est impossible ». Ne rien ressentir, c'est toujours bien pire que le ressenti lui-même. Vous devriez embrasser ces sentiments et les déclarer à votre flamme.

Walter haussa les épaules et prit la porte avec lenteur mais régularité. Le docteur Adler soupira.

- Je pense au moins que les cinquante-neuf autres minutes, il m'aura écouté...