« Si loin de notre monde j'ai la tête à l'envers
Si loin de notre monde j'ai la tête à l'envers
J'ai vraiment besoin de toi »
Si demain - Bonnie Tyler et Kareen Antonn— Kiméra et moi avons le même âge, révéla Cynthia. Nous avons étudié dans la même école, puis nous avons effectué notre voyage initiatique ensemble. À l’époque, nous étions de grandes amies. Nous avons parcouru Sinnoh de long en large, participé à la Ligue plusieurs années de suite et, surtout, nous nous sommes découvert une passion commune : les mythes et les légendes. D'un commun accord, nous avons décidé d'intégrer la faculté d'Unionpolis, où elle s'est spécialisée en théologie et moi en archéologie. Tout se passait pour le mieux, jusqu'au jour où elle a appris que le Champion d'Arène cherchait quelqu'un pour lui succéder. Puisqu'elle entraînait essentiellement des pokémon spectre et qu'elle avait un excellent niveau, elle s'est portée candidate… sans même juger utile de m'en informer. Elle a fait ses preuves, qui lui ont valu d’obtenir le poste. Accaparée par ses nouvelles responsabilités, elle a tiré un trait sur ses études et s’est mise à me négliger. Comme mon goût pour l’université m’a abandonné à peu près en même temps qu’elle, j’ai pris la décision de quitter Unionpolis pour repartir à l’aventure, sur les routes. C’est comme ça que, quelque temps plus tard, j’ai fait la connaissance de Lucio. Lorsqu’il m’a proposé un combat, j’ignorais qu’il était le plus jeune membre de l’Élite des Quatre, sans quoi j’aurais sans doute refusé, de crainte de ne pas être à la hauteur. Au lieu de quoi non seulement je me suis battue, mais j’ai aussi gagné. Impressionné par ma victoire et mon palmarès, il m’a suggéré de soumettre une demande officielle pour défier ses collègues de l’Île du Lys. Poussée par ses encouragements, j’ai donc affronté l’Élite, et j’ai remporté tous mes matchs, un par un, avant d’échouer face à Terry, qui était Maître à l’époque. Ma performance a cependant marqué les esprits, puisque lorsqu’une place s’est libérée dans leurs rangs, ils ont aussitôt songé à moi. Évidemment, une telle proposition ne se refuse pas, mais quand l’annonce a été faite aux Champions d’Arène, Kiméra n’a pas du tout apprécié.
— Pourquoi ? interrogea Cassy.
— La jalousie… Elle m’a accusée de l’avoir trahie et a déclaré que je n’étais plus digne d’être son amie, mais la vérité, c’est qu’elle n’acceptait pas que je fasse partie de l’Élite des Quatre alors qu’elle n’était « que » Championne. Elle a même été jusqu’à me reprocher d’être dévorée par l’ambition.
— Elle ne manque pas de toupet, celle-là ! s’offusqua Cassy.
— Quand Terry a estimé qu’elle était trop vieille pour continuer à assumer le rôle de Maître et qu’elle m’a choisie pour la remplacer, il y a deux ans de ça, Kiméra l’a encore moins supporté. Elle a entrepris de colporter d’odieux mensonges et d’horribles rumeurs à qui voulait les entendre, à commencer par la presse. J’ai passé des heures en conférence à démentir chacune de ses divagations, mais j’ai fini par baisser les bras. Heureusement, au bout d’un moment, l’opinion publique s’est rangée de mon côté, et les gens ont cessé d’accorder du crédit aux paroles de Kiméra. Je soupçonne Terry d’avoir joué de son influence en ma faveur, même si elle ne l’a jamais admis ouvertement.
— Vous pensez que Léa peut pâtir de la tension qui règne entre vous lors du Concours ?
— Ce que Kiméra ignore ne peut pas lui faire de mal, indiqua Cynthia avec une ébauche de sourire. Je n’ai pas l’intention de me rendre au Hall d’Unionpolis, parce que je pense qu’elle serait capable de me reconnaître, même avec un capuchon sur la tête. Il vaut néanmoins mieux que Léa ne sache rien de cette histoire. Elle a l’air de tellement admirer Kiméra… Tu lui diras simplement, le jour J, que j’ai été retenue sur l’Île de Lys et que je vous rejoindrai plus tard, après le tournoi.
— Et si elle mentionne votre nom ? Léa a tendance à s’exprimer plus vite qu’elle ne pense. Elle risque de parler de vous, ne serait-ce que dans le but d’impressionner son idole, sans songer une seule seconde que ça pourrait avoir l’effet inverse.
— Tu as raison… Je lui recommanderai de ne pas souffler un mot à mon sujet, si elle ne tient pas à voir mon nom faire de l’ombre au sien. Il vaut mieux être la prometteuse coordinatrice Léa Baudelaire que l’amie anonyme de Cynthia Shirona, non ?
Cassy acquiesça et cela conclut leur conversation, car elles venaient d’atteindre la maison d’Amelle. Elles retrouvèrent la jeune femme dans le jardin, en compagnie de Léa qui tenait un petit Évoli turbulent entre ses bras. Celle-ci écoutait attentivement les conseils que son interlocutrice lui donnait afin de l’élever correctement.
Le soleil se couchait lorsque Cynthia estima qu’il était temps pour elle de reconduire les filles à l’hôtel. Comme Léa n’aimait pas déambuler dans les rues la nuit, elle se rangea à son avis. Elle ne parlait plus du tout de l’Arène et semblait même avoir oublié avec quelle insistance elle avait souhaité y aller.
Amelle les raccompagna jusqu’au seuil de sa chaleureuse habitation, dans laquelle elle leur avait offert un dernier rafraîchissement, puis les trois amies se mirent en route. Le hall de l’hôtel était désert lorsqu’elles y pénétrèrent, à l’exception du réceptionniste qui se tenait toujours derrière le comptoir, et Cassy décida d’en profiter pour contacter Régis par visiophone. Cynthia choisit d’assister à la conversation avant de repartir pour l’Élite des Quatre.
Ensemble, elles n’eurent pas trop de mal à convaincre Léa, fatiguée par le voyage et leur longue marche à travers la ville, de monter se reposer dans la chambre. Elle embrassa le Maître de Sinnoh pour lui dire au revoir, puis disparut dans l’ascenseur avec à la main la carte magnétique que Cassy lui avait confiée. L’adolescente composa le numéro du laboratoire du professeur Chen tandis que Cynthia s’adossait au mur, juste à côté de l’appareil de communication.
Au bout de trois sonneries, Régis décrocha, et son visage apparut sur l’écran. Cassy esquissa un sourire amusé en constatant que ses cheveux étaient encore plus ébouriffés qu’à l’accoutumée, mais elle n’en souffla mot.
— Enfin ! s’exclama-t-il. Il me tardait d’avoir de tes nouvelles. Où êtes-vous ?
— À Unionpolis. Nous…
Cassy s’interrompit et fronça les sourcils, car Régis venait brusquement de disparaître hors du champ de la caméra. Elle prononça son nom à deux reprises, avec une pointe d’angoisse, jusqu’à ce qu’une silhouette s’agite face au visiophone. Ce n’était pas le petit-fils du professeur Chen, cependant, mais un autre adolescent qui devait avoir sensiblement le même âge, avec une casquette vissée sur ses cheveux noirs en bataille et un air un peu benêt.
— Euh… Tu es ? s’enquit Cassy, décontenancée.
— Arrête, idiot ! Pousse-toi de là et rends-moi ma place ! protesta Régis.
Il était en train de rajuster les deux pans de sa blouse blanche lorsqu’il se rematérialisa à l’écran. L’importun détourna les yeux de Cassy, qu’il avait jusque-là fixée avec attention, pour les poser sur Régis.
— C’est qui, celle-là ?
— Celle-là ? s’offusqua l’intéressée.
— Je t’ai déjà parlé d’elle, intervint Régis. C’est Cassy Rilène, l’ex-employée de mon grand-père. Cassy, je te présente Sacha.
— Ah… Le fameux Sacha.
Régis l’avait mentionné à plusieurs reprises, notamment le jour de leur rencontre, puisqu’il s’agissait du « dresseur au Pikachu », celui dont le partenaire refusait catégoriquement d’entrer dans sa pokéball, à l’instar de Galopa. Par la suite, Cassy avait appris qu’il était également le petit ami du jeune scientifique.
— Tu n’étais pas censé être à Hoenn ?
— Si, mais je suis revenu la semaine dernière. La Ligue est terminée, j’ai été éliminé en quart de finale.
Sacha s’admonesta lui-même pour sa contre-performance, avant de se lancer dans un long discours concernant les adversaires qu’il avait tout de même réussi à vaincre. Régis, loin de l’interrompre, lui reprocha d’un ton taquin son flagrant manque d’entraînement. Quant à Cassy, elle leva les yeux au ciel, luttant pour ne pas perdre patience.
Sa réaction n’échappa pas à Cynthia, qui pouvait entendre leur échange de là où elle se trouvait. Elle lui adressa un sourire compatissant, tandis que Sacha se mettait à glousser comme un imbécile. C’en fut trop pour Cassy, dont le poing se contracta sur son genou. Elle ne connaissait l’adolescent que depuis quelques minutes, mais elle ne pouvait déjà plus le supporter. La Championne décida de voler à son secours.
— Bonjour, lança-t-elle d’une voix mélodieuse en se glissant face à la caméra. Comment allez-vous, les garçons ?
Sacha cessa immédiatement de faire le pitre pour observer l’écran avec une expression ébahie. La surprise passée, il inclina la tête afin de témoigner son respect à Cynthia, puis infligea une tape à Régis sur l’arrière du crâne.
— Pourquoi est-ce que tu ne m’as jamais dit que tu connaissais le Maître de Sinnoh ? reprocha-t-il, en réponse à quoi son ami se contenta de hausser les épaules.
— Hmm… Sacha, c’est ça ? reprit Cynthia sans se départir de la douceur de son ton. Pourrais-tu avoir l’amabilité de nous laisser seuls un moment ? Il y a quelque chose dont j’aimerais m’entretenir avec Régis.
— Décidément, tu sembles avoir pas mal de secrets pour moi… Je m’absente pendant huit mois, et à mon retour, je découvre que mon copain me fait des cachotteries !
— Je ne te cache rien, répliqua le scientifique. Cynthia s’intéresse seulement à l’avancée des travaux de mon grand-père sur l’évolution pokémon, et tu sais comment il est… Il n’aime pas trop s’étendre sur ses recherches avec des étrangers tant qu’elles ne sont pas terminées, donc je compte sur toi pour ne pas aller lui rapporter que je m’entretiens occasionnellement avec le Maître de Sinnoh à ce propos.
Sacha lui jeta un regard suspicieux, et Cassy redouta un instant qu’il refuse de se retirer, mais il finit par se lever et abandonner le banc du visiophone. Lorsqu’il se fut suffisamment éloigné, Régis secoua la tête pour faire comprendre à ses interlocutrices qu’elles pouvaient s’exprimer sans crainte.
Cassy se sentit légèrement mal à l’aise lorsque Cynthia décida d’entamer leur récit par le cambriolage du Musée Minier et les soupçons de l’adolescente concernant un potentiel lien avec l’intrusion dans la chambre d’Éric. Régis se rangea à l’idée que les deux méthodes étaient trop différentes pour coïncider, mais à l’instar du Maître de Sinnoh, il ignorait que Sven n’avait pas œuvré pour son propre compte à Charbourg. Une même personne pouvait tout aussi bien se dissimuler derrière les deux forfaits, en ayant fait appel à des intermédiaires différents.
Malgré ses doutes qu’elle ne cessait de remâcher, Cassy n’avait toujours pas trouvé le courage de dévoiler la vérité à propos du voleur. C’était d’autant pire à présent, puisqu’il lui faudrait non seulement admettre qu’elle avait permis à Sven de s’échapper, mais surtout qu’elle avait menti à Cynthia. Cynthia qui était si bonne, si droite, si loyale, et qui faisait son maximum pour l’aider. Non… Cassy aurait trop peur de perdre sa considération, après cela.
Elle se recentra sur la conversation lorsque la Championne évoqua leur ascension infructueuse du Mont Couronné. Puisqu’il n’y avait rien à dire sur les Colonnes Lances, elle se contenta de mentionner l’étrange rêve qui avait tant perturbé Cassy.
— « Si tu ne me connais pas, jamais tu ne sauras », répéta pensivement Régis. Et vous n’avez aucune idée de ce que ça pourrait signifier ?
— Nous ne sommes même pas certaines que ça ait un sens, intervint la jeune fille. C’était peut-être tout bêtement le fruit de mon imagination. Sur le moment, j’aurais juré que non, mais plus le temps passe, et moins j’en suis sûre. Cette femme n’est pas revenue troubler mon sommeil, alors que nous avons passé la nuit suivante exactement au même endroit.
— Il n’y avait pas de Magirêve à proximité ? Ou n’importe quel autre pokémon capable de provoquer des hallucinations ?
— Je n’en connais aucun susceptible d’être rencontré à une telle altitude, affirma Cynthia. Qui plus est, Léa dort dans la même tente que Cassy. Si c’était l’œuvre d’une créature quelconque, elle n’aurait pas choisi une victime au hasard, elle s’en serait prise aux deux. Voire au trois, puisque je me trouvais moi aussi à proximité.
— Dans ce cas, je pense qu’il faut attendre de voir si Cassy refait un rêve similaire avant de se prononcer. Ce sera le meilleur moyen d’établir s’il s’agissait d’un simple songe, ou s’il faut qu’on creuse davantage de ce côté-là.
— Tu as raison, approuva l’adolescente. Et toi, alors ? Tu as pu effectuer quelques recherches pour étayer ta théorie d’incarnation humaine des plaques d’Arceus ?
— J’ai réussi à me libérer quelques heures pour me rendre à la bibliothèque de Jadielle, peu après ton dernier appel, mais je n’ai strictement rien trouvé. Pas un mot, pas une ligne qui puisse aller dans ce sens. J’ai même tenté d’en apprendre plus sur les Gijinkas, mais les rares livres qui les mentionnent restent très vagues sur le sujet.
Régis les interrogea ensuite à propos de Léa, car il continuait à espérer que la présence d’un pokémon plante auprès d’elle puisse amener son glyphe à réagir d’une manière ou d’une autre. Il soupira de dépit lorsque Cassy lui certifia qu’il ne s’était rien produit d’inhabituel.
— Quelle sera votre prochaine étape, après Unionpolis ?
L’adolescente se tourna vers Cynthia pour l’interroger du regard, puisque c’était elle qui, jusqu’à présent, avait établi leur itinéraire. La Championne se creusa les méninges.
— Il faudra que je vérifie, mais il me semble que deux Concours vont se tenir à peu près à la même date, l’un à Verchamps, l’autre à Vestigion. Verchamps est un plus proche d’Unionpolis, néanmoins la forêt de Vestigion renferme à ma connaissance une Pierre Mousse, exactement ce dont un Évoli a besoin pour évoluer en Phyllali. Je pencherais donc personnellement pour ce second choix.
Il fut également approuvé par Cassy et Régis. Le silence s’imposa ensuite entre eux, à présent qu’ils avaient abordé plus ou moins toutes les maigres théories qu’ils avaient établies à l’heure actuelle, sans pouvoir les enrichir grâce à de plus amples informations, puisqu’ils n’en avaient obtenu aucune, que ce soit à Sinnoh ou à Kanto.
Comme la présence de Cynthia n’était plus utile, elle annonça qu’elle allait se chercher un café au distributeur, offrant ainsi aux deux adolescents l’occasion de discuter un petit moment en tête à tête.
— Je suis sûr que Sacha se réjouit de mettre enfin un visage sur ton nom, déclara Régis. Je fais si souvent référence à toi !
— Ce n’est pas l’impression que j’ai eue quand il m’a vue sur l’écran, répliqua Cassy, qui avait toujours le « celle-là » employé par Sacha pour la qualifier de coincé en travers de la gorge.
— Établir des rapprochements, ce n’est pas son fort… Il est adorable, mais il ne réfléchit pas assez avant de parler. Que veux-tu ? Personne n’est parfait.
— Pas même Cynthia ?
— Sauf Cynthia, s’empressa de rectifier Régis. Nous autres, pauvres mortels, ne pouvons être comparés à l’extraordinaire Maître de Sinnoh.
Il pouffa de rire, et Cassy l’imita presque aussitôt, avant que son ami se ressaisisse.
— En parlant de Sinnoh et de Sacha… Il a l’intention de venir dans la région. Sa défaite à la Ligue de Hoenn lui a laissé un goût amer, et il espère bien redorer son blason en participant à la Conférence de l’Île du Lys dans la Vallée. Comme tu as pu le constater, il est assez… curieux, donc je pense qu’il serait préférable que vos chemins évitent de se croiser. Je lui fais confiance, mais il risquerait de te poser des questions auxquelles tu n’auras sans doute pas envie de répondre, et d’insister au point de te pousser dans tes retranchements.
Cassy ne releva pas. Régis n’avait pas à s’inquiéter : revoir Sacha était bien la dernière chose qu’elle désirait. Le peu de paroles qu’ils avaient échangées en début de communication lui avait suffi pour se forger à propos de l’adolescent une opinion qui était tout sauf glorieuse. Elle s’abstint toutefois d’exprimer le fond de sa pensée, car elle n’avait aucune envie de blesser son meilleur ami.
Elle était sur le point de relancer la conversation sur un autre sujet quand la voix du professeur Chen s’éleva dans le lointain. Il appelait son petit-fils, qui tourna immédiatement la tête en direction de l’endroit où se tenait le scientifique émérite, hors du champ de l’écran.
— Je suis désolé, il va falloir que je raccroche, indiqua Régis. Le dîner est servi. Sacha devrait repartir d’ici deux ou trois semaines, donc si tu as besoin de me recontacter, je te suggère d’attendre jusque-là. Enfin, pour être exact, ça m’arrangerait que tu attendes jusque-là. Je n’ai pas l’habitude de lui mentir, alors je préfèrerais tout simplement qu’il évite de s’interroger pour ne pas avoir à le faire.
— Je tâcherai de m’en souvenir, promit Cassy.
Malgré l’inimitié que lui inspirait Sacha, elle aimait et respectait trop Régis pour songer à lui nuire volontairement. Qui plus est, elle doutait d’avoir impérativement besoin de lui reparler dans l’immédiat, étant donné qu’elle était à Unionpolis pour une dizaine de jours, et que ce ne serait sûrement pas dans cette ville en effervescence qu’elle trouverait une nouvelle piste à suivre afin de progresser dans son enquête.
Cassy garda les yeux rivés sur l’écran éteint quelques secondes après avoir échangé un dernier au revoir avec Régis, puis abandonna le banc sur lequel elle était assise. Il lui fallait à présent prendre congé de Cynthia, qui avait patienté en sirotant lentement son café jusqu’à la fin de la conversation visiophonique. Elles échangèrent une brève étreinte, puis la Championne quitta l’hôtel pour mettre le cap sur l’Île du Lys.