« Il faut donc choisir de deux choses l'une :
Ou souffrir pour se développer,
Ou ne pas se développer, pour ne pas souffrir.
Voilà l'alternative de la vie, voilà le dilemme de la condition terrestre. »
(Théodore Jouffroy)
« On s'illumine, lumière animale
L'école de l'électro-aimant »
(Alizée, A contre-courant)Wallace était moralement brisé. Et pour cause. Il avait quatre ans et c'était la guerre dehors. Sa mère n'était pas là, ses oncles non plus.
- Papa, maman elle va plus jamais revenir ? demanda Wallace, des larmes plein les yeux.
Carl grommela et serra son gosse contre lui.
- Mais non, ta mère va revenir ! Sois un homme, un peu !!
Lindsay, six ans au compteur, soupira en observant les autres gens dans le gymnase.
- Papa, on va avoir à manger ?
- Mais ouais. T'en fais pas.
Un vieil homme à côté du père de Wallace soupira.
- Carl, tu pourrais être plus doux avec tes enfants.
- Ouais, p'pa, désolé…
- Herbert !
Le vieux se tourna vers sa femme, la mère de Carl.
- Laisse-le faire, sinon ses mômes vont se transformer en chochottes !!
- Enfin Béatrice… souffla le grand-père de Wallace.
- Elle a raison !
Le couple se tourna vers une dame sèche à l'air amer. La grand-mère maternelle de Wallace.
- Et croyez-moi, je sais de quoi je parle…
Carl soupira, ne supportant pas trop sa belle-mère.
Wallace gardait son air triste. Il n'était pas une chochotte, il exprimait juste ses sentiments. Lindsay, qui ne supportait pas cette ambiance conflictuelle, se plongea dans le mutisme.
***
Le Tentacruel repêchait des gens, peu à peu. Relicanth et Hypocéan les ramenaient à terre, pour la plupart blessés.
- C'est complètement absurde… soupira Jeffrey.
- Cette guerre n'a aucun sens, en effet… marmonna Margaret.
La mère de Wallace regarda son Aquali qui remontait les gens à la surface avec ses pouvoirs.
- Bien joué, Umi. Je suis bien contente qu'on ait été affiliés au même secteur.
- La famille Houston est un peu connue pour son usage quasi expert des Pokémon Eau… on était destinés à faire ça. Et on doit être parmi les rares à le faire.
Au loin, un Tortank émergea avec deux personnes sur son dos.
- C'est pas le champion de Jadielle avec cette jeune femme ?! s'étonna Jeffrey.
Margaret mit sa main en visière.
- Je ne vois pas… En tout cas ces sous-marins étaient piégés visiblement… Tu as eu raison d'y aller tout de suite.
- Rien ne laissait à penser qu'il s'agissait d'une attaque. Ils étaient piégés par avance. La foutue mainmise de Suzuki sur les industries. J'espère que nous avons réussi à en sauver beaucoup…
Margaret hocha la tête.
- Comment les hommes peuvent en arriver à de telles extrémités…
- La folie des hommes est… plus étendue et plus profonde que l'océan lui-même, sœurette…
***
- MAMAN !!!
Wallace sauta au cou de sa mère.
- Mon petit bébé…
Carl arriva vers sa femme, portant Lindsay dans ses bras.
- Je vais retrouver maman… sourit Jeff.
- Mon petit poussin… Lindsay, ma puce !
- Moi j'ai pas eu peur, maman ! sourit Lindsay.
Wallace serrait sa mère contre lui, incapable de la lâcher.
- Pas trop de bobos ?
- C'était difficile sans vous ! souffla Margaret. Heureusement j'avais Jeff, mais je n'avais aucune nouvelle de vous !
- Nous non plus ! Mais cette sale période est finie…
- Suzuki est mort, Carl ! C'est plus que fini, c'est définitivement terminé !
Carl acquiesça.
- Ouais, je suppose, j'suis beaucoup moins calé politique que toi…
Margaret sourit en caressant le visage de son mari.***
- QUACK !
Wallace se réveilla en sursaut. Seul. Il observa Canarticho qui sautait face à lui.
- … non mais…
- QUACK !
- … t'as faim ?!
- QUACK !!
- … Tu peux pas attendre que j'me lève ?!!
- QUACK !
Wallace soupira et se leva, mal réveillé.
- P'tain…
- QUACK QUACK !
- Je sais que tu veux à bouffer, putain…
Wallace sortit les gamelles, les aligna et servit à manger. Il sortit également ses trois autres Pokémon. Manternel mangea avec délice, Chartor plus méfiant, Tiplouf discrètement. Canarticho s'en donnait à cœur joie.
- Pffff…
Le jeune homme resta là, en caleçon, à caresser la tête de Chartor qui semblait apprécier. « Si Lindsay ouvre la porte à ce moment-là, c'en est fini de moi, je serais fiché comme délinquant sexuel. Si ce n'est déjà fait… »
Canarticho semblait tout joyeux et avalait chaque bouchée avec un grand sourire et un grognement enthousiaste.
- Toi au moins t'es pas chiant, suffit que j'te donne à bouffer…
- QUACK ! sourit le Pokémon en mangeant.
- Quack toi-même… souffla Wallace, émergeant encore.
***
Les parents et la sœur de Wallace étaient très surpris de ce qui… était en train de se passer, à savoir Canarticho sur la table en train de danser et de faire un véritable numéro de majorette.
- … Tu peux pas le rappeler ? C'est dégoutant un Pokémon sur la table comme ça ! grommela Carl.
- J'aimerais bien, mon papounet chéri, mais…
Wallace tendit sa Pokéball mais Canarticho esquiva le rayon.
- … Manny m'a l'air d'humeur à me faire chier aujourd'hui…
- Aie un peu d'autorité sur tes Pokémon, bon sang…
- Oh bah oui parce que ça se décide comme ça, bien sûr. Merci papa pour ces précieux conseils.
- Ne me réponds pas comme ça, Wallace, pour la dernière fois.
- C'est aussi ce que tu as dit la dernière fois.
Carl grommela. Margaret resta flegmatique. Lindsay secoua la tête.
- Pourquoi faut toujours que tu gâches nos petits déjeuners ?
- Pourquoi t'es toujours vivante après t'être passé toutes ces cochonneries chimiques sur la face depuis si longtemps ?
Lindsay se toucha le visage, stupéfaite. Carl leva les yeux au ciel. Wallace prit son sac.
- Et je décolle, à ce soir si Dieu ou le trafic routier le veulent…
Wallace sortit de chez lui, le sentiment du travail bien fait. Il reçut un SMS.
[Ce soir, oui, ok, même bar ?]
Wallace sourit et répondit.
[Yes !]
Il rangea son téléphone, tout content.
***
- Depuis que j'fume plus d'shit, lala-lalalala…
- Wallace !
A peine allait-il fouler le sol de l'allée menant à l'école, Wallace fut abordé par Mike Denton. « Han non. Le coup du noir sportif n'était pas assez cliché, fallait qu'il m'aborde de façon clichée également… »
- Vieux, j'ai besoin de ton aide.
« Hétéro qui demande de l'aide à un homo = problèèèèèmes… »
- Ouais, vas-y, je t'écoute !
- Faut que tu m'aides à me rabibocher avec Naomi.
Wallace grimaça.
- Euh… Rabibocher comment ?
- J'veux qu'elle me laisse une seconde chance !
Wallace grimaça encore plus.
- Ouais, nan, mec, j'peux pas faire ça…
- S'il te plait !
- C'est un peu gênant…
- Au nom de la solidarité masculine !
Wallace écarquilla les yeux. « Solidarité masculine : Truc d'hétéro. Les potes avant les meufs, les potes s'aident entre eux. Les hommes sont solidaires face aux femmes. La démocratie avant le communisme, la guerre avant l'amour, les chats avant les chiens. Aussi appelée : NON, FUIS, C'EST UN PIEGE !!! »
- Je vais voir ce que je peux faire ! sourit très faussement Wallace.
- Cool, mec.
***
- Je suis dans une merde bleue !
Walter s'étonna alors que Wallace le poussait jusqu'à son casier.
- On dit pas une merde noire ?
- C'est en rapport avec Mike et j'veux pas être raciste !
- … Wallace Gribble…
- Dis ce que tu veux, mais à part les Schtroumpfs, « Merde bleue » n'offense personne !
- Merde noire non plus, c'est une expression. Et arrête de parler comme Benjamin et Orson.
- Mike veut que je le rabiboche avec Naomi.
Walter haussa les sourcils.
- Et t'es dans la merde ?
- Oui !!
- Pourquoi ça te travaille autant ?!
- Bah… parce que !
- Parce que quoi ? Naomi est ton amie, Mike est un camarade ! L'ordre de priorité, Wallace !
- Parce que… D'un côté j'voudrais bien faire quelque chose pour Mike parce que…
Walter attendit impatiemment la réponse qui tardait.
- … Voilà quoi !
- … Voilà quoi ?! demanda Walter.
- D'un autre côté, j'ai pas envie d'entrer dans les histoires de Naomi…
- C'est compréhensible.
- J'dois faire quoi ?
- Ton ordre de priorité c'est Naomi d'abord, Mike ensuite. T'es d'accord ?
- Fondamentalement oui, mais j'en ai pas rien à faire de Mike non plus quoi…
- Toi et tes maudits sentiments à géométrie variable…
Naomi arriva comme une furie, ce qui provoqua le silence immédiat des deux garçons.
- Wallace Gribble…
Elle commença à transvaser des affaires du sac de Walter à son casier et inversement sous les yeux ébahis des deux garçons.
- Si tu tiens tant que ça à me laisser tout le boulot…
Wallace regarda Walter qui ne comprenait pas non plus. Naomi termina de refaire le sac de Walter et regarda Wallace.
- Que tu aies des problèmes à la maison, ça, je peux comprendre, mais pourrais-tu au moins faire preuve d'un peu de CIVISME envers Walter ?
Wallace haussa les sourcils, stupéfait. Walter se fit plus petit encore qu'il ne l'était.
- C'est pas vrai, quoi ! Walter, tu as besoin de ça ?
- Euuuh… Non, non tu peux… le laisser.
- Bon. Tu as tout ?
- Oui, oui…
Naomi alla rejoindre Perrine. Wallace regarda Walter.
- Dis-moi que tu SAIS ce qui vient de se passer ?!
- Euh… Non. Désolé.
Les deux garçons se dirigèrent vers les filles.
- Hmmm, quitte à choisir je préfère encore les flans, les cheesecake sont surévalués… songea Perrine.
- N'est-ce pas ! admit Naomi.
- Salut les garçons !
- Coucou… marmonna Wallace.
- Hey… souffla Walter.
- Wallace, mes parents sont au bord de t'assassiner depuis que tu as offert cette peluche Moustillon à Firmin pour son anniversaire, il le traite comme un vrai Pokémon et ça lui arrive d'en réclamer un…
- Tu dis tout le temps ça et ils n'essaient jamais de me tuer ! Au contraire…
Naomi soupira.
- En parlant de psychopathes, je ne comprends pas pourquoi tu dois subir un suivi psychologique, Walter !
Walter regarda Wallace. « Mémoire à géométrie variable – Capacité féminine typique – RAS… »
- Eh bah… Le proviseur a eu vent de mes interventions pendant la conférence et… il a jugé qu'en plus d'être handicapé je devais aussi être dingue… ça allait probablement de pair.
Perrine sourit. Naomi soupira en secouant la tête.
- N'importe quoi…
- C'est pas très sérieux, Naomi, t'en fais pas… souffla Perrine. C'est pas comme si Walter était un cas.
- Pourtant de loin on pourrait penser… admit Walter.
- C'est idiot et offensant. Et si c'était comme ça, on aurait dû tous en avoir un de suivi. N'est-ce pas, Wallace ?
Wallace haussa les sourcils.
- Hein ? Quoi ? Moi ? Mais j'ai rien dit du tout !!
- Tu ne penses pas qu'on aurait dû tous avoir un suivi psy et pas seulement Walter ?
Wallace chercha une issue mais les casiers étaient trop petits pour le contenir.
- Bah… Ca… aurait pu être pire, j'veux dire… c'est un moindre mal, tout ça, les choses de la vie quoi ! Héhé…
Naomi, Perrine et Walter regardèrent Wallace qui semblait gêné.
- Ouais, fin… C'est pas la mort quoi, hein !
Walter plissa les yeux. « Ok, il a un vrai souci… »
***
- La politique d'immigration de Poképolis, aussi stricte soit-elle, trouve sa source dans le nationalisme belliqueux qui y existe depuis toujours. Poképolis a toujours cru que, dans un monde en plein essor, dans un monde où les télécommunications évoluent de plus en plus, dans un monde de plus en plus conscient qu'il est un monde et qu'il faut faire avec tout le monde, eh bien la vraie solution c'était de se couper du monde, de se replier sur soi-même. Et de ne pas se mélanger, ce qui est beaucoup plus controversé. Dans cette classe par exemple nous avons de nombreux individus issus de l'immigration. Ils ne gênent personne, ils ne perturbent personne. Leur héritage ne regarde qu'eux et ils sont libres de le partager avec nous ou pas.
Tino acquiesça. Gina semblait étrangement attentive pour une fois. Fey et Ana, côte à côte, se regardaient, complices. Helen continua son cours magistral, secondée par Preston, son Miradar.
- Pendant les années 2000 a été lancée une grande politique d'intégration. Politique qui échoua lamentablement, qui peut me dire pourquoi ?
Tino leva la main, mais Helen laissa répondre Lucy qui avait levé la main également.
- Parce que c'était inutile ?
Tino tendit les mains vers elle, signifiant bien qu'il voulait dire la même chose.
- Voilà. Il s'agissait d'une nouvelle tentative gouvernementale de régenter le libre-arbitre des gens. De les obliger à s'impliquer dans une nation. Ce qui est foncièrement stupide. Je suis une Poképolite de naissance, pourtant j'ai beaucoup voyagé et je m'estime pour ainsi dire citoyenne du monde. J'aime vivre ici. Mais je ne supporte pas la politique menée par Poképolis. Suis-je une bonne citoyenne ? Oui. Je vote régulièrement aux élections locales de ma ville, je vote pour élire le président de l'association, je participe à certaines réunions de mon arène locale. Pour autant, suis-je patriote ? Non, parce que je conteste nombre de choix politiques de mon pays, et je serais prête à en discuter pied à pied avec les responsables. Mais je ne me sens pas une nationale de Poképolis, je me sens comme une femme d'aujourd'hui qui sait qu'elle a de la chance de vivre dans un pays assez riche et assez évolué sur certains points, juste assez pour que ce soit supportable. Nous abordons donc notre partie qui concerne la politique patriote de Poképolis qui nous amènera au caractère ultramilitarisant de toutes ses institutions, dont l'école.
Wallace suivait attentivement. Walter l'agressa sur sa messagerie.
Walter la bavure dit :
Tu peux me dire ce que tu as ?Wallace, 17 centimètres sans les mains dit :
Je suis entré dans les toilettes, deux mecs s'y trouvaient déjà. Ils m'ont demandé « Qui t'es, putain ? », je leur ai répondu « Qui t'es putain ? », il m'ont répondu « On t'a demandé les premiers ! » Je leur ai répondu « Je vous ai demandé le deuxième ! » on s'est échangé nos prénoms, ils m'ont demandé « Qu'est-ce que tu viens foutre ici ? », je leur ai répondu le plus sérieusement du monde : « Je veux faire caca ici. » Ils m'ont demandé qui m'avait laissé entrer, je leur ai répondu « Ashley Katchadourian ». L'un des deux mecs m'a dit que c'était impossible parce que « Ashley Katchadourian n'est même pas en charge de la porte ». J'ai fait mon caca, et en sortant je leur ai crié « Sniffez bien mon caca, pouffiasses !! » La vie quotidienne quoi.Walter la bavure dit :
J'admire ta capacité à prendre des notes et à inventer une histoire débile en même temps, ça force le respect.Wallace, 17 centimètres sans les mains dit :
Merci.Walter la bavure dit :
Réponds à ma question où je te spamme ad vitam aeternam Wallace regarda Walter qui prit son air le plus menaçant possible. Wallace leva les yeux au ciel.
Wallace, 17 centimètres sans les mains dit :
J'ai vraiment pas envie de m'immiscer dans cette histoire. Mike est sympa mais Naomi est vraiment une fille cool, j'ai pas envie de l'embêter, de l'obliger à faire des choses contre son gré, je sais d'avance que ça va l'emmerder tout ça, et ça me déplait.Walter la bavure dit :
Il est mignon quand il a des sentiments…Wallace, 17 centimètres sans les mains dit :
Enfoiré.Walter la bavure dit :
C'est vrai qu'elle trouverait ça déplacé… Tu ferais mieux de ne rien lui dire.Wallace, 17 centimètres sans les mains dit :
Voilà. Ca, c'est le Walter que j'aime !***
(Rappel Biographique
Carl, père de Wallace – son frère Adrien, oncle de Wallace – Ses parents Béatrice et Herbert, grands-parents paternels de Wallace
Margaret, mère de Wallace – son frère Jeffrey, oncle de Wallace – sa mère Edwige, grand-mère maternelle de Wallace)
- Tout ça pour un tournoi géant… soupira Carl.
- C'est plus que ça, c'est un complot gouvernemental.
Carl regarda un homme qui lui ressemblait, bien que plus hirsute et moustachu. Ils s'étaient retrouvés sur l'Île de N.
- Arrête de dire des bêtises, Adrien…
- Frangin, regarde, tout Unys est parquée jusqu'à une Île. On va tous être au même endroit. La dernière fois qu'un truc pareil était arrivé, c'était le peuple juif avec les camps de…
- Adrien, merde…
- Mais t'es d'accord que c'est forcément les juifs eux-mêmes qui ont provoqué ça pour s'en servir plus tard comme couverture pour…
- Ok, ok, j'ai compris, Adrien… Tu vois toujours un psy ?
- … plus pour ça, pour le 11 septembre.
- Mouais… Tu vis toujours chez M'man ?
- Bah, depuis que Lorraine m'a largué quoi.
- Hm… Sont où ?
- Elle le pousse jusqu'à un stand, il avait soif sur le trajet.
- Et t'es pas avec eux ?
- Vas-y, toi ! souffla le frère.
Margaret s'occupait des enfants et retrouva rapidement sa mère et son frère.
- Jeffrey…
- Maggie, tout va bien ?
- Oui… Un peu fatiguée, avec tout ce qui s'est passé…
Jeffrey hocha la tête. La mère des deux semblait mécontente.
- Wallace, tu te rappelles de Mamie Edwige ?
Le jeune garçon de dix ans observa la vieille dame qui ressemblait à sa mère mais en mode pruneau desséché. Jeffrey sourit et brisa la glace en caressant la tête de Wallace.
- Ca va, champion ?
- Oui oncle Jeff !
- Cet endroit est IMMONDE. Je n'arrive pas à croire qu'on ait été OBLIGES de venir jusqu'ici. C'est une immonde publicité pour la société de consommation, pour nous pousser à adhérer à toutes leurs conneries…
La mère de Carl arriva en poussant le fauteuil de son mari.
- A qui le dites-vous ! Et tous ces gens sont d'une stupidité, à s'extasier sur tout et n'importe quoi !! soupira Edwige.
- Exactement ! C'est le genre de situation où moi, j'ai envie de tuer tout le monde !! grommela Béatrice.
Margaret et Jeffrey se regardèrent, désabusés. La mère de Wallace souffla.
- Jeff, ça t'embête de prendre Wallace avec toi ?
- Non.
- Je voudrais surveiller Lindsay un peu mieux…
- Hm, ne t'en fais pas.
- Merci…
- Tu veux une glace, champion ?
Wallace hocha la tête. Jeffrey emmena Wallace jusqu'aux stands.
- Tonton Jeff, pourquoi…
- Alors champion, un bon conseil : Evite de t'intéresser à ces gens.
Wallace s'étonna.
- Qui ça ?
- Tes grands-mères. Ce sont deux belles idiotes. Ma mère est tellement bornée et stupide qu'elle est incapable de réaliser qu'elle est à l'origine de l'échec de sa vie, et la mère de ton père a perdu toute volonté d'être agréable depuis que ton grand-père est malade.
Wallace ne comprenait pas tout.
- Enfin. Tu as de la chance, toi, tu ne comprends rien du tout !
- Hm !
- Ficelle a bien grandi ?
- Nan, toujours un petit ver ! sourit Wallace.
- Ooooh ! J'aurais cru que tu l'avais bien fait pousser moi !
***
Les familles Gribble-Houston étant des fêlés du combat…
- Quelle bande de branquignoles… grommela Béatrice.
- On s'ennuie… soupira Adrien.
- C'est d'un chiant… grommela Edwige.
- Maman… grommelèrent en chœur Jeffrey et Margaret.
- Quoi ?!
La fratrie désigna Wallace et Lindsay. La matriarche Houston soupira.
- Bien sûr. Excusez-moi, les enfants. Je n'ai pas le droit de m'exprimer parce que vos chastes oreilles ne supporteraient pas d'entendre la divine vérité !
Wallace tenait Larveyette dans ses bras, Lindsay avait Marill sur ses genoux.
- Un Larveyette… Tiens donc, un Pokémon Plante, comme ton déviant de grand-père !
- MAMAN ! cria Jeffrey.
La dame se tut. Jeffrey semblait furieux. Margaret resta silencieuse, un trait que sa fille lui avait emprunté.
Côté Gribble, c'était pas mieux. Le grand-père de Wallace étant handicapé, il était à côté de la dernière chaise, la famille entière était à hauteur des portes de sortie du stade alors que les Houston étaient la rangée en dessous. Et la conversation n'était pas moins géniale.
- Hein maman que tout est truqué ? souffla Adrien.
- Mais bien sûr. Comme s'ils allaient réellement faire un vrai tournoi avec de vrais combats.
Carl soupira de désagrément. Il ignorait si c'était parce que sa mère et son frère l'avaient laissé à côté de son père impotent, si c'était parce que la conversation était débile ou si c'était parce que son frère avait trente-trois ans et qu'il appelait sa mère « Hein maman » comme un gosse.
- Ca va pas, fiston ? Petite mine ?
Carl Gribble regarda Herbert Gribble dans son fauteuil.
- … si, ça va… Ce sont de drôles de vacances…
- Ton travail te prend toujours autant de temps.
- Et les enfants me causent du souci… surtout Lindsay.
Herbert acquiesça.
- Hm… C'est difficile.
- Ouais mais… on fait tout pour que ça change. Et toi, ça va, papa ?
Herbert agita la tête.
- Je ne sais pas trop, fiston.
- Ca s'aggrave pas, qu'elle m'a dit, la mère.
- Oh ça s'améliore pas non plus.
Carl regarda son père, intrigué. Le vieil homme semblait un peu désabusé.
- Carl !
L'homme regarda son frère.
- Tu crois que le commentateur, le gros Bardane, est de mèche avec les communistes ?
- … Trouve-toi un travail, Adrien, merde…
Carl regarda à nouveau le tournoi tandis qu'Herbert ricanait. Béatrice grommela.
- Au moins ton frère passe du temps avec nous !
- Il peut pas faire autrement, il habite chez vous en ce moment ! souffla Carl.
- Oh, monsieur a une situation, alors monsieur peut juger, hein ? Je te signale que si moi et Edwige n'avions pas été amies, toi et ta femme vous ne vous seriez jamais rencontrés !
Carl leva les yeux au ciel.
- Maman, je veux regarder les matches.
- C'est ça, évite les vraies questions, comme d'habitude.
Carl soupira. Wallace regarda son père, intrigué. L'ambiance était un peu pesante.***
Les élèves sortaient peu à peu de la salle d'Helen, qui avait appelé Francis.
- Oui, madame ?
- J'ai quelque chose à te demander en tant que chef de classe.
- Oh, super ! C'est quoi, participer à une super réunion de la mort ? Ordonner aux élèves de me servir jusqu'à la fin de l'année ?
Helen plissa les yeux, inquiète pour la santé mentale du petit.
- Nnnnnon… J'ai besoin que tu fasses passer ce test à certains élèves.
- Un test ?!
Francis regarda le questionnaire.
- Oh, j'veux l'faire aussi, j'veux l'faire aussi !!
- Je veux que tu le fasses faire à dix personnes de la classe.
Francis hocha la tête.
- Il s'agit de toi-même, Quinn, Lucy, Lilian, Léon, Clive, Walter, James, Rebecca et Benjamin.
- Ouais ! Moi-même !!
- Ne les force pas, s'ils ne veulent pas, ils ne veulent pas, mais j'aimerais avoir au moins trois tests complétés sur les dix. Si quelqu'un d'autre veut le faire, tu as des feuilles supplémentaires, j'en voudrais au moins trois sur dix. S'ils ne veulent pas le faire, ils ont tous les droits de refuser.
- Oui madame !
- Ensuite tu me ramènes les résultats.
- Reçu !
Helen regarda Francis partir, confiante.
***
Sortie, direction les fondamentaux. Mike tapota l'épaule de Wallace qui le regarda.
- Euh… Oui, j'y vais de ce pas ! J'ai pas eu trop le temps en histoire, tu comprends, c'est passionnant…
- Ouais, ouais…
Wallace se dirigea vers Naomi.
- Hey ! Ça va, Naomi ?
- On s'est vus ce matin…
- Oui, oui… euh… Tu vas bien, la maison, tes parents, tes frères ?
- Oui tout le monde va bien Wallace, pourquoi ça t'intéresse ?!
- J'sais pas, on parle pas beaucoup de ça, toi et moi…
- Ta famille est beaucoup plus problématique que la mienne, Wallace, je ne pense pas que ça soit comparable… Pourquoi une telle conversation dans le couloir ?
Wallace agita la tête.
- Tu… tu as lu la nouvelle que je t'ai conseillée ?
- Oui ! Dis donc je ne savais pas que tu avais des lectures aussi intéressantes, ça m'a fasciné cette histoire de Pokémon pris dans un incendie, la façon dont l'auteur anime leurs tourments psychologiques dans une situation de danger… J'aime particulièrement le Laporeille qui meurt en pleine réflexion, écrasé par un arbre en flammes… jolie métaphore des méfaits du « réfléchir au lieu d'agir ». Et le moment où sa famille meurt en l'attendant, pleine de l'espoir qu'il arrive, c'est merveilleux !
Wallace haussa les sourcils.
- Wow, t'es vachement plus hardcore que je le pensais !
- Je lis des livres, j'en ai vu d'autres, Wallace ! En tout cas j'en lirais d'autres, des écrits de Chuck Thomas.
- Ouais, ouais…
- Pourquoi tant de banalités ce matin ?!
Wallace sembla outré.
- Banalités ? Je te fais la conversation, je suis ton ami, nous sommes tenus d'avoir des conversations quotidiennes !
La classe fit la queue devant le cours de fondamentaux. Wallace semblait embarrassé. Walter le regarda, intrigué.
***
En cours, le professeur Paxton marmonnait sans grande passion son cours. Francis faisait le test et le faisait faire à Quinn et Lucy.
- Est-ce que je peux ne pas répondre à une question si je veux ? demanda Lucy.
- Laquelle ? s'étonna Francis.
- Euh… « Avez-vous déjà eu l'impression qu'on se moquait de vous ? »
Francis haussa les sourcils.
- Je… ne vois pas en quoi c'est gênant…
- J'ai tout le temps l'impression qu'on se moque de moi…
- Lucy, voyons…
- Ce que je veux dire c'est que ce test est trop intrusif…
- Je confirme…
Francis et Lucy regardèrent Quinn qui mettait la feuille de côté.
- Je peux pas. Désolée, Francis.
- C'est pas grave… quelles questions te gênent ?
- Pfff… en vrac « Que pensez-vous de votre famille », « Avez-vous déjà déçu des personnes proches ? Si oui, le regrettez-vous ? », « Avez-vous parfois l'impression que vous allez finir seul ? »
Quinn semblait embarrassée.
- J'veux dire, c'est trop personnel… et trop déprimant !
- Hm…
- Tu l'as complété, toi ?!
- Oui… Madame Clover m'a dit qu'elle en voulait au moins trois complétés, avec le mien ça fait au moins un.
Quinn regarda le test de Francis sans lui demander son avis.
- Tu as répondu à toutes les questions ???
- Oui…
- Et…
Francis haussa les épaules.
- Ce ne sont que des questions, ça n'engage à rien…
- Mais enfin Francis, ça va très loin, trop loin dans l'intimité ! Honnêtement si c'était madame Clover elle-même qui avait fait ces tests, je la dénoncerai à mes parents et ce serait le procès direct !
Francis plissa les yeux.
- J'pense pas que ça vienne d'elle directement…
- Je me doute, c'est pas le genre… quand tu les lui rendras, tu lui demanderas !
- Ouais, t'inquiète…
Lucy grimaça.
- « Avez-vous déjà eu honte de votre famille ? »
Elle repoussa la feuille en secouant la tête.
- Je peux pas répondre à cette question, désolée.
- Pas de souci.
Naomi regardait Wallace d'un œil intrigué. Celui-ci prenait des notes attentives.
- Wallace, quelque chose ne va pas ?
- Chut, je suis le cours !
- Tu quoi ?
- C'est super intéressant les maths !
Naomi plissa les sourcils, circonspecte. Walter observait, de plus en plus intrigué par le comportement de Wallace.
***
- Tu vois, je pense pas qu'elle voudra se remettre avec toi.
- Elle te l'a dit ?
Wallace souffla.
- C'est ce que je sens en tout cas, elle t'en voulait vraiment pour le fait que tu aies dit à Direction Dresseurs à propos du devoir.
- Comment je pouvais savoir ! Elle m'en parlait même pas !
Wallace serra les dents.
- Vieux, plutôt qu'une seconde chance, tu devrais plutôt chercher à ce que vous ayez des rapports cordiaux, que vous restiez amis.
- Tu veux pas m'aider, c'est ça ?
- Nan, je pense juste qu'elle a tourné la page et que tu devrais en faire autant MAIS !
Mike regardait Wallace, étonné.
- Je pense qu'il est légitime que vous retrouviez des rapports sains. Et je pense que c'est le mieux que tu puisses espérer.
- Comment tu peux savoir qu'elle voudra pas qu'on se remette ensemble ?!
Wallace répondit sans hésitation.
- Je suis son ami. Je suis bien placé pour savoir ce qu'elle pense.
Mike soupira.
- Ça craint…
- Y'en a d'autres, des filles, tu sais.
- Quand t'as l'impression d'être un pauvre type et qu'une fille comme Naomi s'intéresse tout d'un coup à toi, t'as un peu de mal à lâcher l'affaire, tu sais…
Wallace acquiesça comme s'il était professeur agréé en relations amoureuses.
- Je sais. Et c'est pour ça que tu devrais te grandir et te sentir mieux en assainissant vos relations plutôt qu'en cherchant à retrouver ce qu'il y avait avant et qui n'a pas marché.
Mike agita la tête.
A leur table habituelle, Naomi leva les yeux au ciel, incrédule.
- J'espère que ce n'est pas ce à quoi je pense…
- Je pense que si… admit Perrine.
- J'y crois pas, les mecs sont vraiment débiles… souffla Naomi. Qu'est-ce que tu fais, Walt ?
Walter haussa les épaules.
- Francis m'a donné ce test à faire de la part de la prof d'histoire, c'est… bizarre.
- Bizarre ?
- Les questions sont vachement personnelles, intrusives… On me demande : « Vous êtes-vous demandé si la vie valait la peine d'être vécue »…
Naomi écarquilla les yeux. Perrine elle-même sembla scandalisée.
- QUOI ?
- Sérieusement ?! s'étonna Perrine.
- C'est marqué noir sur blanc…
- Mais pourquoi madame Clover t'aurait donné ça ?! s'étonna Naomi.
- C'est pas madame Clover, c'est Francis par le biais de madame Clover ! rappela Walter.
- C'est la même chose ! souffla Perrine.
- Je pense que ça a quelque chose à voir avec le devoir, sinon madame Clover ne m'aurait pas fait faire un test pareil…
Steven soupira en observant Mike et Wallace.
- Faudra qu'on m'explique pourquoi Mike se sent le besoin de manger avec Super Pédé en chef…
- Boh, de toute façon, les noirs peuvent pas être gays, j'te dis… souffla James.
- J'sais pas, j'en ai vu à la télé, des blacks gays… Après j'sais pas si c'est possible dans la vraie vie…
Steven regarda Fey mais elle était concentrée sur ce qu'écrivait James.
- Mais qu'est-ce que c'est que ces questions…
- C'est Francis qui m'a dit de faire ça, c'est pour la prof d'histoire…
- Fey, je viens de traiter Gribble de super pédé ! Hey, Fey !! Fais pas genre…
Francis était à la même table que Lilian, Léon, Clive et Andréa. Lilian secoua la tête.
- J'peux pas, Francis, désolé.
- Je comprends.
- M… Moi non plus…
Francis prit les feuilles de Lilian et Léon, hochant la tête.
- Pas de souci… Andréa, tu le fais, donc ?
- Hm ! J'adore ce genre de test !
- Clive ?
Lequel faisait le test dans un silence mécanique.
- Hm…
- Tu… iras jusqu'au bout ?
- Hm.
- C'est une réponse… intéressante…
Clive acheva le test et le rendit à Francis.
- Simple : Il n'y a pas une question dans ce test que je ne me sois posé moi-même.
Francis grimaça et hocha la tête.
- C'est… rassurant…
Steven était frustré.
- Pfff… Fey, j'croyais que t'étais marrante !
Fey prit la feuille, l'arrachant de sous les mains de James.
- Hey !!
Elle se leva et alla voir Francis qui retournait à sa table.
- PUTAIN, C'EST QUOI CETTE MERDE ???
Le reste de la cantine regarda le duo. Francis haussa les sourcils.
- C'est… le test que madame Clover m'a demandé de faire faire à…
- AH OUAIS ? JE VAIS T'APPRENDRE UN TRUC ALORS ! T'ES PAS OBLIGE DE FAIRE TOUT CE QUE LES PROFS TE DEMANDENT !
- Fey calme-toi…
- TU REALISES CE QUE CA PEUT OCCASIONNER CE GENRE DE TRUCS ?
- Fey, arrête ! s'écria Quinn en arrivant à son secours.
- Le test n'est pas obligatoire, James peut refuser s'il veut ! assura Lucy.
Fey semblait folle de rage.
- C'est pas le genre de test qu'on fait faire à des gens de notre âge, c'est trop personnel et trop dangereux, Francis ! On est des adolescents, c'est pas le moment de nous demander si on a déjà eu envie de mourir ou des trucs comme ça ! Vraiment pas ! Tu le diras à la prof, ok ?
- Promis ! affirma Francis.
- Je suis pas en colère contre toi mais contre ce bout de papier, on est d'accord ?
- Oui, j'avais bien compris… acquiesça Francis.
Fey alla se rasseoir, devant James et Steven totalement stupéfiés.
- La VAAAACHE, Fey, comment t'es TROP COOL ! sourit Steven.
- Putain, t'es sérieuse là ? s'étonna James.
- Je suis désolée, un test n'a pas à de demander si tu penses que les gens te détestent ou si tu penses souvent à la mort !
Steven regarda James.
- Mec, pourquoi t'as accepté de faire ça ?! C'est carrément la défaite !!
- Mais j'sais pas, vieux, c'est Francis qui m'a dit de le faire !
- Putain, faut être con ! ricana Steven.
Mike souffla, rassuré.
- T'as raison, c'est peut-être trop demander qu'elle ressorte avec moi…
- Au pire laisse le temps faire son œuvre, si elle a fait une erreur, elle s'en apercevra.
Mike acquiesça.
- Ok, ok… Mais quand même, je me demande toujours pourquoi on a rompu…
- Elle t'a pas dit que c'était parce qu'elle ne se reconnaissait plus ?
- Ouais mais… Elle m'a rien dit de tout ça quand on était ensemble… Au début j'ai cru que c'était à cause de sa copine la grosse…
Wallace secoua la tête en grimaçant.
- Nan, mec, tu t'y es clairement mal pris avec Perrine, t'avais pas à la remettre à sa place comme tu l'as fait, c'est pas de son côté à elle que tu dois chercher, et auquel cas c'est plus ta faute que la sienne.
Mike hocha la tête.
- Ou sinon y'a Walter.
- Walter ?
- Tu sais, dans l'ascenseur…
Wallace haussa les sourcils.
- Je… t'avoue que je vois pas trop comment il aurait fait…
- Bah… J'pense qu'il a pu la pousser sans en avoir l'air, tu vois, il a pu la convaincre…
Wallace grimaça.
- Pour… quoi faire ?
- …
- Pis Walter est absolument pas comme ça, et il lui aurait dit les choses directement sans tergiverser, attendre tout court ou attendre qu'ils soient coincés dans un ascenseur !
Mike hocha la tête.
***
Walter sortait avec les filles, quand il fut rattrapé par Wallace qui le retint par les poignées.
- Je vous le rends les filles, besoin d'une conversation en privé !
Perrine et Naomi s'éloignèrent.
- Tu trouves pas que les garçons sont bizarres aujourd'hui ?!
- Y'a toujours quelque chose de bizarre avec les garçons… soupira Perrine.
Walter regarda Wallace.
- Naomi se demande furieusement pourquoi tu as mangé avec Mike.
- Ne lui dis pas.
- Hm…
- Dis voir, tu lui as dit quoi à Naomi dans l'ascenseur ?
Walter fit de gros yeux.
- Et évidemment je ne dois faire aucun rapprochement entre le fait que tu aies mangé avec Mike et le fait que tu viennes me poser cette question ! grommela Walter.
- J'te demande, c'est tout, c'est vrai que c'était bizarre, elle sort de l'ascenseur et le lendemain, elle rompt avec Mike alors que tout se passait bien à première vue…
Walter leva les yeux au ciel.
- Je voulais juste que Naomi se réconcilie avec Perrine, je trouvais leur querelle idiote !
Wallace hocha la tête.
- Tu es… certain que tu n'as rien fait même incidemment pour les pousser à r…
- NOM D'UN CHIEN, WALLACE !! Mike est un abruti fini qui serait prêt à accuser Amélia de sa rupture tout ça pour ne pas admettre que c'est sa faute et seulement sa faute s'ils se sont séparés !!
Wallace leva les mains en hochant la tête.
- Ok, ok, ok !
- Inutile de lui trouver des excuses, il s'en cherche déjà bien assez lui-même !
Walter s'éloigna avec son fauteuil. Wallace plissa les yeux. « Bah merde alors, il s'était jamais fâché contre moi… »
***
(Rappel Biographique
Carl, père de Wallace – son frère Adrien, oncle de Wallace – Ses parents Béatrice et Herbert, grands-parents paternels de Wallace
Margaret, mère de Wallace – son frère Jeffrey, oncle de Wallace – sa mère Edwige, grand-mère maternelle de Wallace)
Les matches se succédaient. Wallace passa un peu de temps sur les genoux de son père.
- Papa, c'est quoi ce Pokémon-là ?
- Un Drattak.
- Papa, pourquoi t'as pas été combattre ?
Carl haussa les épaules.
- Ton père est pas doué pour ces trucs-là.
- Et maman ? Et oncle Jeff ?
Carl inspira, pesant ses mots.
- La famille de ta mère a des règles strictes en matière de combat, ils ne peuvent pas y aller n'importe quand.
- Ah bon pourquoi ?
- Parce que c'est comme ça, Wallace, même moi je ne sais pas très bien ces choses-là.
Wallace acquiesça.
- Parfois il y a des choses qui n'ont pas de raison, gamin.
Wallace et Carl regardèrent Herbert Gribble, dans son fauteuil roulant juste à côté d'eux.
- Il faut juste les accepter telles qu'elles sont, parce que ce qu'elles sont ne changera jamais pour t'apparaître plus simple. C'est comme quand tu m'as demandé la recette de l'alcool. Tu comprendras un jour mais t'expliquer maintenant ce serait inutile. Tu ne comprendrais pas.
Wallace acquiesça. Carl soupira.
- J'arrive toujours pas à croire que tu lui as appris des recettes de cocktails ! Tu te rends compte qu'à dix ans, il manie mieux un shaker qu'un crayon ?!
- Il trouvera plus facilement du travail avec un shaker qu'avec un crayon. Et puis j'étais barman, qu'est-ce que je pouvais lui apprendre d'autre ?
Carl leva les yeux au ciel.
***
- Et tu vois, Wallace, tous nos gouvernants sont des pourris. Ils complotent pour obtenir plus de pouvoir et ils organisent des attentats pour nous pourrir la vie.
Carl leva les yeux au ciel et regarda son frère.
- Tu peux cesser de raconter des inepties au gosse ?
- C'est mon neveu, j'y raconte ce que je veux !
- Mais tonton…
Wallace regarda son gros oncle crasseux et stupide.
- Si c'est vraiment comme tu dis, pourquoi les gens y virent pas les méchants du pouvoir ?
Adrien haussa les sourcils tandis que Carl ricana franchement.
- Il t'a bien mouché !
- Hmph…
***
- N'importe quoi, qu'est-ce que ça veut dire, ça, « Ils font ce qu'ils veulent » ! grommela Béatrice.
- Aux dernières nouvelles, madame Gribble, les gens sont libres de faire des enfants, d'avorter, de les faire adopter…
Carl regarda son beau-frère, sentant la tempête qui allait arriver.
- Balivernes. Les enfants c'est pendant le mariage, pas après ou avant, et pas sur commande. Un enfant ça se conçoit, ça ne s'échange pas sur un marché !
- Je ne veux pas avoir cette conversation avec vous… soupira Jeffrey.
- Quelqu'un veut des boissons ?
Jeffrey regarda sa sœur qui semblait vouloir mettre fin au conflit. Edwige soupira.
- Vous savez Béatrice, de nos jours… Tenez, d'après mon ancienne voisine, mon cher mari Hector avait songé pendant un temps à avoir la garde des enfants peu après qu'il se soit installé avec son giton !
Margaret soupira. Jeffrey se mordilla les lèvres.
- Maman !!
- Imaginez un peu ce qu'il aurait fait avec les petits…
- MADAME HOUSTON !
Laquelle releva la tête vers Carl. Jeffrey comptait crier également mais le mari de sa sœur l'avait pris de cours. Margaret garda un silence de marbre.
La vieille femme se rassit calmement, semblant avoir compris son erreur. Carl soupira et se remit en place.
- Maman, au fait, comment va Simon ?...
- Oh, ton cher cousin est devenu gérant de grands magasins depuis son mariage avec cette fille juive.
Carl hocha la tête.
- Et depuis je crois qu'on peut dire que la famille sera bientôt très riche !
- Merveilleux… soupira Carl. T'en penses quoi pap…
Carl vit son père avancer vers les escaliers, la main pressant sur le levier de mouvement de son fauteuil.
- PAPA !
Dans la tête de Wallace, tout cela n'était qu'un immense bazar. Toute la famille se leva et partit du stade, peu avant que la nuit tombe. Wallace fut pris par son oncle et tout le monde sortit.
Pourtant rien n'était tombé du ciel.***
- Ce roman est en réalité une compilation de nouvelles. Horace Binc adore ce genre de livres, il les appelle des « albums musicaux mais avec des mots ». Il considère ainsi que chacun de ses recueils – il en écrira quarante – est un album comportant des « chansons » importantes, d'autres moins. Il est cependant un des précurseurs du renouveau de la nouvelle Poképolite. On retiendra celui qui restera dans la postérité comme son meilleur recueil de nouvelles : « Jocaste en Mobylette ».
Le professeur lista les dix nouvelles composant le recueil. Naomi regarda Walter qui paraissait soucieux.
- Nous avons donc ici dix nouvelles, qui restent dans l'histoire de Poképolis comme les dix meilleures nouvelles jamais écrites dans l'histoire de Poképolis :
1 – Tant de ponts, qui raconte l'histoire d'un pauvre hère qui se retrouve à parler à un Caninos, son dernier interlocuteur. Il lui raconte sa vie, ses amours, ses drames et ses déceptions. L'homme s'éteint et le Caninos le lèche avec tendresse. Cette nouvelle est un hommage à William Gebney, le réalisateur de So long, demented and totally screwed, dont votre professeur d'histoire a probablement dû vous parler.
2 – Foutre Atomique, une puissante nouvelle racontant l'histoire d'un soldat qui devient fou pendant une guerre et hallucine une orgie de Toudoudou. Un très vibrant pamphlet anti militariste contre la politique Poképolite.
3 – Jocaste, Ange de l'Enfer, qui raconte l'épopée de Jocaste, une bonne sœur dans un gang de motards. Une histoire d'amour poignante mais tragique, avec un étrangement bon développement de personnages pour une histoire pareille.
Fey, Ana et Quinn se regardèrent, l'air de se demander si ce truc valait autant le coup.
4 – Scato, une histoire contant la tragédie étonnante d'une femme avalée par un Wailord et qui contemple son futur d'excrément de Pokémon avec force détails, vaste métaphore de la condition humaine.
5 – Avec diligence et dignité, une tragique nouvelle qui traduit de l'incompréhension entre les cultures : Une diligence se fait braquer par des indiens, et une femme échange son nourrisson contre la liberté, ne comprenant pas que les sauvages ne veulent rien d'autre que de l'eau.
Naomi se pencha vers Walter.
- Ça va ?!
- Hm. Je suis en train de me demander qui a pu lire ce truc et en déduire que c'était génial.
- Moi aussi, mais tu as l'air perturbé par autre chose…
Walter se mordilla les lèvres.
6 – Le gourmet de San Peco, où un enfant dépiaute des Poichigeon pour se nourrir de leur foie, seule nourriture qu'il apprécie. Par cette nouvelle, l'auteur brise le tabou du meurtre et de la préparation de Pokémon comme nourriture.
7 – Le mot en Z, une attaque de Pokémon zombies dans une librairie. Subtil moyen d'explorer la désuétude de la littérature dans une situation apocalyptique, et notamment une belle critique littéraire tout court du milieu en général.
8 – Time and Feelings qui n'est qu'un long combat de Pokémon dans lequel un homme et une femme éperdument amoureux s'entretuent.
- En fait…
- En fait ?
9 – Unita, une nouvelle épique de quarante pages qui raconte une guerre entre une tribu et un royaume. Elle explore les thèmes du sacrifice, de la dévotion patriotique et du meurtre en temps de guerre.
10 – Fifty Shades of Garbage, une troublante nouvelle érotique sensuelle voire pornographique entre un homme et un Miasmax.
La salle eut un haut-le-cœur qui les découragea tous simultanément de lire la chose.
- En fait il serait plaisant que vous le lisiez, c'est une lecture enrichissante !
Fey, Ana et Quinn secouèrent la tête, désabusées. Walter répondit finalement à Naomi.
- En fait, Wallace mangeait avec Mike ce midi parce que Mike voudrait qu'il l'aide à vous remettre ensemble.
Naomi hocha fermement la tête.
- D'accord. Je m'en doutais un peu…
- Hm, le coup du repas, c'était pas très discret…
- Pourquoi tu me le dis ?
Walter sembla hésitant. Naomi haussa les sourcils.
- Wallace est ton ami, j'aurais cru que tu étais en quelque sorte tenu de garder ce genre de choses pour toi…
Walter souffla.
- Il y a de ça, je suis tenu de garder pour moi ce qu'il me dit, mais… il y a toi aussi, et je ne peux pas te mentir.
Naomi sembla touchée. Ils recommencèrent à suivre le cours.
***
- Benjamin, Tristan, qu'est-ce que vous faites ?
Les deux relevèrent la tête vers leur professeur d'informatique.
- On a fini, monsieur !
- On est en train de faire des devoirs supplémentaires !
Dominic Long hocha la tête et s'en retourna à son poste. Benjamin regardait Tristan.
- T'es sûr que tu veux faire ce test aussi ? J'trouve ça tellement débile…
Tristan haussa les épaules. Benjamin ajusta ses lunettes.
- « Avez-vous une religion et si oui, la voyez-vous comme un fardeau dans votre vie » ?! Mais c'est quoi cette question ?!
- T'es pas obligé de le finir…
Benjamin repoussa la feuille.
- Bah heureusement. Je préfère encore rejoindre Orson sur Porygonworld…
- Tu fais bien, ce maudit Roi Grodrive est plus relou que jamais ! soupira Orson.
- Vous vous rendez compte que ce jeu est conçu à la base pour des enfants de huit ans ?! grommela Tino.
- Comme tu veux… acquiesça Tristan.
Tristan observa la feuille.
« Avez-vous le sentiment que vous ne serez jamais aimé comme vous le méritez ? »
Tristan plissa les yeux et répondit Oui.
« Pensez-vous qu'à terme, votre vie est vouée au fiasco ? »
Tristan grimaça et posa la pointe du stylo dans la même case.
***
- L'art est sombre, l'art est pur, l'art est expression ! Cette expression ne saurait être corrompue par l'argent, l'amour ou les drogues, il est inaltérable et ne peut être traité que comme l'artiste l'a voulu sous peine de le souiller !
Perrine peignait un étrange soldat androgyne aux yeux bleus de chine avec un pistolet dont il léchait le canon, le tout sur fond de flammes.
Odile Dulac passa derrière elle et sembla époustouflée.
- Perrine, si je n'étais pas un professeur aussi intègre, je volerais vos créations pour les exposer !
Perrine haussa les sourcils. Elle eut soudainement envie de détruire son travail. Elle s'y attela en transformant le soldat androgyne en blondasse porno.
***
Francis s'échauffait aux côtés de James.
- J'voulais pas te proposer de faire quoi que ce soit d'embarrassant, c'est juste que la prof me l'a demandé en tant que chef de classe !
James soupira.
- En fait j'm'en fous un peu. C'est pas comme si je devais prendre au sérieux des trucs marqués sur un bout de papier…
Francis acquiesça.
- T'es pas fâché contre moi alors ?
- Moi nan, mais Fey aurait pu te tuer tout à l'heure…
- Je sais, je sais… Je suis paré à ce genre de choses, Quinn essaie de me tuer une fois par mois !
- J'croyais que c'était pas ta meuf…
Francis se mordilla les lèvres.
- Ouais, t'as raison, c'est pas pareil…
***
- Comment tu faisais avant qu'on se connaisse ?
- Comment ça ?
Santana et Wallace étaient côte à côte en philosophie.
- Tu me demandes un conseil sur quelque chose d'aussi stupide…
- Je suis ce genre de mec qui ne peut rien faire sans qu'on l'aide !
- Un mec quoi. Bon. Mike est un crétin, c'est un fait établi. C'est un beauf, un macho, un type qui est deux personnes différentes à la maison et à l'école.
Wallace agita la tête, plus ou moins d'accord.
- Mais Naomi est fautive aussi. Visiblement, Mike n'a pas compris pourquoi elle a rompu, et mademoiselle n'a pas pris la peine de bien expliquer, du coup c'est toi qui est dans une situation embarrassante parce que monsieur compte sur toi pour qu'il ait une seconde chance, sous-entendu pour lui faire un cours sur comment reconquérir Naomi.
Wallace semblait dubitatif.
- Dans ce cas, tu dois dire à Naomi de remettre de l'ordre dans la merde qu'elle a foutu.
Wallace regarda Santana, stupéfait. Celle-ci haussa les épaules.
- C'est pas à toi de régler ses conneries, Gribble !
- Mais enfin, je peux pas la forcer à…
- Mike a raison. Naomi doit clarifier les choses avec lui parce qu'elle lui a laissé l'impression qu'il avait un espoir en ne précisant pas les choses. Elle doit clarifier les choses.
Wallace grimaça.
- Je croyais que tu soutenais les femmes contre les hommes !
- Quand les femmes ont raison, oui. Là en l'occurrence il y a un net tort de Naomi. Et crois-moi ça m'arrache la bouche de le dire.
- Mais…
- Mais tu penses le contraire parce que tu ne veux pas admettre que Naomi est en tort.
Wallace plissa les yeux.
- Je vois pas en quoi elle est en tort en fait !
- Normal, tu ne penses qu'à la protéger. Oui, Gribble, implicitement j'admets que tu es un être humain avec des sentiments et un cœur. Là encore, ça m'arrache la bouche.
Wallace s'étonna. Il cessa la conversation pour reprendre le fil du cours, quelque peu sonné.
***
Hôpital. Wallace n'a pas l'habitude. Lindsay semble mal à l'aise. Tout le monde semble défait voire attristé. Le père de Wallace est très mal en point, déprimé. La grand-mère de Wallace est défaite, silencieuse, soutenue par son second fils. La mère de Wallace soutenait son mari comme elle pouvait. Jeffrey restait avec les petits en compagnie de sa mère.
- Papa… qu'est-ce qui se passe ?!
Adrien, le frère du père de Wallace, soupira – semblant trouver le gamin idiot.
- Ton grand-père est mort, bon sang !!
- Adrien !! grommela Carl.
Wallace sembla choqué. Jeffrey soupira, mais à sa propre surprise, c'est Margaret qui se leva et emmena Wallace.
- Tu gardes Lindsay, ok ?
- Hm, t'en fais pas.
Margaret emmena Wallace dehors. La nuit était belle. Wallace semblait sangloter à moitié.
- Maman, qu'est-ce qui s'est passé ?
Margaret alluma une cigarette.
- Ton grand-père était très vieux et il est mort. Ce n'est pas grave, et ce n'est la faute de personne.
Wallace essuya ses larmes.
- On n'aurait rien pu faire ?
- Non. Rien. Ça serait arrivé, d'une manière ou d'une autre. Tu as le droit de pleurer, mon poussin… Oh regarde comme c'est beau…
Wallace observa la pluie de météores sur les stades.
- Waouh…
- Je me demande ce qui se passe…
Les premiers impacts firent rage. Margaret souffla de la fumée.
- Apparemment c'est grave.
Wallace vint se serrer contre sa mère qui lui caressa les cheveux.***
Médiathèque. Alors que Santana et Violette faisaient tout le boulot, Rebecca était en plein test.
- C'était proposé par le chef de classe au nom de la prof principale, je devais remplir ce test !
- Mais oui c'est cela… soupira Santana. Et Amélia ?
- Elle m'aide ! Alors… « Trouvez-vous la vie difficile ? »… Ah ça non !
Santana leva les yeux au ciel. Violette garda les lèvres pincées.
- « Etes-vous sensible au malheur dans le monde ? » HAHAHA ! Ah ça non !
- Tant de bonté et d'amour dans une seule personne, je vais vomir… soupira Santana.
Le quatuor était en pleine discussion.
- On devrait classer tout ce qu'on va dire en trois parties, une par année. Honnêtement à l'heure qu'il est, je ne vois pas comment on pourrait segmenter le devoir. On n'a pas assez d'informations, et surtout de preuves… admit Perrine.
- L'idée de faire année par année est intéressante, en effet… admit Walter.
Naomi regardait Wallace qui ne savait plus où se mettre. Wallace regarda Walter qui serra les dents, pas fier.
- Euh… Tu sais, Naomi… euh… ce serait bien que… euh… tu ailles parler à Mike, tu sais, parce que… euh…
Perrine regarda Wallace, suspicieuse. Naomi plissa les yeux.
- Parce que ?
- Bah je sais pas, tu lui as parlé dernièrement ?! J'veux dire, vous vous connaissez bien, vous pourriez vous parler régulièrement !
Walter grimaça. Perrine regarda Wallace et secoua la tête l'air de dire « Toi, toi, tu es très con. Mais alors vraiment. »
Naomi plissa les yeux.
- Tu le penses vraiment ?
- Enfin juste… tu vois, histoire que… les choses s'enveniment pas quoi ! Tu lis les journaux, tu vois ces… ces filles qui se font tuer par leur ex parce que… Parce qu'ils ne se parlaient plus et que…
- Je vois ce que tu veux dire ! admit Naomi avec un air très sérieux.
- Ah bon ? s'étonna Wallace.
- AH BON ??? s'étonnèrent Perrine et Walter.
- Oui…
Naomi se leva en faisant signe à Wallace de la suivre, ce que ce dernier fit effectivement. Walter et Perrine se regardèrent, totalement boulés.
Elle alla vers la table de Mike, Steven, Fey et James.
- Mike…
Celui-ci se leva.
- Euh…
- Toi et moi, nous avons rompu, tu es d'accord ?
Mike hocha la tête. Wallace plissa les yeux. Naomi continua, toujours très calmement.
- C'est définitif et sans appel.
Mike soupira.
- J'ai fait quelque chose de mal ?
- Ton comportement à mon égard est en effet une cause de cette rupture.
Mike – tout comme Wallace – s'étonna.
- Tu étais trop possessif, je n'étais pas assez investie dans notre relation. Je pense que je t'utilisais un peu pour défier l'ordre familial mais en fait tu y correspondais trop, tu étais une solution de facilité. A l'inverse, je pense que tu es sorti avec moi histoire de briller devant tes amis, ce qui n'était pas plus respectable.
Mike serra les dents, gêné.
- Et surtout tu es sorti avec moi « pour sortir avec une fille » et ça, c'est pas vraiment la base d'un couple solide.
Mike acquiesça.
- Mais nous pouvons rester amis sans problème, tu peux venir me parler quand tu veux, malgré le fait que tu nous aies dénoncés à Direction Dresseurs. Je te pardonne ça, tu ne pouvais pas savoir.
Wallace agita la tête, pas aussi convaincu.
- Je tiens cependant à te faire remarquer que Wallace est la plus mauvaise personne à qui tu pouvais demander conseil en ce qui concernait l'amélioration de nos rapports.
Wallace grimaça.
- Pour la simple et bonne raison que c'est un inadapté en matière de relations sociales.
Wallace manqua de s'écrouler. Mike sourit. Naomi tendit une main vers lui, et Mike la serra.
- Désolé d'avoir été chiant…
- Désolée d'avoir été aussi vague sur le moment.
Elle s'en alla avec Wallace. Lequel la regarda.
- Inadapté ?
- Pas totalement. Je te remercie pour ton tact dans une telle situation. En quelque sorte, tu viens de me prouver que tu étais sans doute possible un type bien.
Wallace sourit, gêné.
- Je… voulais pas t'embarrasser ou rentrer dans tes histoires…
- C'était appréciable. Je pense que sans toi… j'aurais laissé les choses couler et ça n'aurait pas été bon ni pour moi, ni pour Mike.
Wallace acquiesça. Ils retournèrent à la table.
Plus loin, Francis avait rendu les tests à Helen.
- Madame, je me dois de vous dire, au nom des autres élèves, que ces tests sont inappropriés et que si j'avais vu leur contenu plus avant, je ne les aurais jamais proposés aux élèves de ma classe !
Helen regarda Francis avec son sérieux tout militaire.
- Hm… Ok… Sache que ces tests, n'importe qui peut les avoir devant l'école.
- Quoi ?!
- Ils sont distribués par Direction Dresseurs. Tu sais, le stand qui était devant l'école. Chaque professeur en a eu un exemplaire lors de leur dernière visite.
Francis s'étonna.
- V… Vraiment, madame ?!
- Oui…
Elle corrigeait les tests. Francis plissa les yeux.
- Mais enfin, ces questions…
- Sont complètement indiscrètes, effectivement, et je ne m'attendais pas à ce qu'autant d'élèves y répondent… Oh mon Dieu, Tristan l'a fait aussi…
Helen regarda le test du jeune homme. Francis s'étonna.
- Pourquoi ça vous inquiète ?
Helen se mordilla les lèvres.
- Pour rien… Euh… Rebecca aussi, Clive, Andréa, toi, Walter. Benjamin, les jumeaux, Quinn, Lucy et James ont refusé.
- En fait Fey a fait refuser James…
- … ça ne m'étonne pas…
Helen continuait ses corrections. Francis l'observait. Helen le regarda.
- Un souci ?
- … Vous m'avez demandé ça pourquoi ?
- Je pense que Direction Dresseurs essaie d'évaluer les élèves de l'école, j'essaie de savoir si ces tests sont à mettre en corrélation avec une évaluation précédente.
Francis hocha la tête.
- C'est pour le devoir de Wallace, Perrine, Walter et Naomi, c'est ça ?
- Oui.
- Vous ne nous aidez pas autant…
Helen releva la tête vers Francis.
- Aucun de vos devoirs n'engage l'avenir de l'école.
- Mouais. N'empêche que vous ne nous aidez pas autant.
Elle griffonna un petit bout de papier avec son adresse et son numéro de téléphone et le tendit à Francis.
- Francis Zuckerman, si jamais toi et ta petite sœur vous avez besoin de quelque chose, n'hésite pas à m'appeler ou à venir me voir chez moi.
Lequel sembla halluciné.
- Ça te va comme aide ?
- M… Mais…
- J'ai accès à tous vos dossiers scolaires, petit idiot. Je suis très investie avec mes élèves, c'est pour ça que j'aide ces quatre-là plus que vous pour le devoir. Parce qu'ils encourent un grand risque. J'en ferais autant pour vous tous si vous encouriez les mêmes risques.
Francis hocha la tête. Il s'éloigna en rangeant les coordonnées de la prof dans une poche.
Helen hocha la tête, se leva et alla voir le quatuor.
- Wow, attention, la prophétesse va nous révéler une info cruciale.
- Les tests de Direction Dresseurs correspondent bel et bien à l'évaluation faite précédemment par le faux professeur de mathématiques.
Walter haussa les sourcils.
- Les résultats de Tristan, Andréa, Walter et Francis vont vers un profil insignifiant, qui a ses failles mais qui les assume en quelque sorte donc qui n'a besoin de personne pour les combler. Clive…
Walter s'étonna.
- Clive représente un meilleur profil. Son esprit est plus ouvert. Il avait été catalogué comme « à surveiller », et effectivement ses résultats diffèrent des autres. Quant à Rebecca, elle a un profil d'aristocrate à savoir un mépris évident pour le reste du monde. Le « D », je pense, correspond à l'évocation d'une caste, mais Tino n'est pas sous la marque du D, je pense que c'est parce que la famille de Tino s'est cousinée par Alliance avec une famille noble alors que les liens de Rebecca et Amélia avec la noblesse sont ceux du sang.
Walter plissa les yeux.
- Mais Justin Truce a du sang noble lui aussi !
- Précisément. C'est une affaire de nobles… assuma Helen.
Perrine plissa les yeux.
- Du coup… qu'est-ce que ça a à voir avec Roland Smirnoff, tout ça ?!
Naomi, Walter et Wallace hochèrent la tête. Sur ce plan, ils n'étaient pas plus avancés.
- Est-ce que Roland Smirnoff aide Justin Truce… ou est-ce qu'il entrave ses plans ? se demanda Walter.
- Ils ont été alliés voir très proches… rappela Wallace.
- Si on connaissait la nature exacte de leurs liens… songea Naomi.
- La réponse est peut-être dans les papiers de ton père… marmonna Perrine.
Naomi sembla gênée. Walter agita la tête.
- C'est une probabilité mais pas non plus une certitude. Naomi fera ça quand elle se sentira prête, ça n'est pas simple de fouiller les affaires de son père.
Naomi acquiesça. Perrine se mordilla les lèvres. Helen hocha la tête.
- J'ai à faire, vous m'excusez.
- Oui.
- Hm.
- Merci, madame ! sourit Wallace.
Helen se déplaça dans la médiathèque. Elle arriva à la table de Tino, Robbie, Tristan et Christina.
- Tristan, j'ai à te parler.
Tristan s'étonna.
- A moi ?!
- Oui, à toi.
Tristan se déplaça et sortit de la médiathèque avec la prof.
- Euh… si c'est à propos de l'alarme…
- Le test était bidon.
Tristan s'étonna.
- C'était un test fait par Direction Dresseurs, rien de ce qui était dit dans ce test n'est en mesure d'influencer quoi que ce soit dans ta vie, on est bien d'accord ?
Tristan sembla surpris. Il hocha la tête, pas très rassuré.
- Tristan, je te dis ça parce que je sais ce qui est arrivé à tes parents.
Tristan regarda la prof, stupéfait.
- Je suis prof, j'ai accès à certaines informations.
- … ah… oui…
- Et… tes résultats à ce test étaient quelque peu préoccupants. Si jamais tu as un souci, si jamais tu te poses des questions à propos de ce test, efface ça de ta mémoire tout de suite, ces gens n'ont pour seul but que celui de dresser des profils qui les intéresseraient. Et tu n'as pas à penser que tu es brisé au point de devoir suivre ces gens.
Tristan hocha la tête, dépité.
- Je… euh, je suis… désolé de pas…
- Tu n'avais pas à me le dire, je le sais depuis le début de l'année, j'ai vu que tu te comportais normalement, je n'en ai pas fait de cas… je suppose que tes amis savent ?
- Tino oui, Benjamin, Orson et Robbie savent juste que je vis chez ma tante…
Helen hocha la tête.
- Bon. Si tu as un problème, n'hésite pas à venir m'en parler. Et oublie ce test, ne psychote surtout pas dessus.
- Oui madame…
- Tu es un brave garçon, Tristan, tu as un avenir brillant devant toi, et surtout : Tu ne finiras pas seul. C'est clair ?
Tristan hocha la tête. Helen l'invita à retourner dans la médiathèque.
***
Wallace et Naomi se dirigeaient ensemble vers la sortie.
- Oh, il faut que je te parle d'un livre qu'on nous a conseillé en littérature, c'est pas triste, ça devrait te plaire !
- Naomi, euh…
Ils s'arrêtèrent dans le hall.
- Je… je sais que tu as des sentiments pour Walter.
Naomi sembla stupéfaite.
- Hein ?!
- Tu l'as défendu agressivement, ce matin, tu le défends toujours agressivement, tu l'apprécies beaucoup, je pense que c'est réciproque, bref, y'a quelque chose, même un inadapté comme moi peut le voir.
Naomi balbutia silencieusement.
- C'est aussi pour ça que je l'ai jouée en douceur avec Mike, je ne voulais ni t'embarrasser, ni embarrasser Walter… même si je crois avoir réussi à le mettre en rogne quand je lui ai demandé s'il était à l'origine de votre rupture, mais vues vos réactions respectives sur le sujet, on sent que ça a quand même beaucoup changé les choses, je me trompe ?
Naomi retrouva un peu de sa contenance, touchée en plein cœur.
- Primo : Ne dis rien ni à Walter ni à Perrine.
- Tu as ma parole.
- Deuxio… Comment quelqu'un d'aussi insensible à ses propres problèmes peut-il être aussi prévenant avec ceux des autres ???
Wallace resta impassible. Naomi était déconfite.
- Tu as une situation familiale déplorable ! Ta mère ne te parle plus, ton père a visiblement laissé tomber, l'ambiance chez toi est tellement tendue qu'il n'y a pas à s'étonner que ta chambre ressemble à un studio, mais cette année tu as noué des liens très forts avec nous, tu nous connais mieux que personne, tu t'es intégré comme une clé de voûte dans notre petit groupe, et tu continues d'être dépravé, imperméable à l'idée de relation amoureuse alors que tu serais un petit copain génial, et de vivre dans un des foyers les plus tendus de la galaxie !
Wallace hocha la tête.
- Qu'est-ce qui ne va pas chez toi ? souffla Naomi, presque énervée.
Wallace haussa les épaules.
- Comme tu dis, qu'est-ce qui ne va pas chez moi.
Wallace partit devant, laissant une Naomi désabusée, qui fut rejointe par Perrine et Walter.
- Un souci ?
- … rien, je viens d'avoir une conversation avec la personne la plus sensible et la plus débile de cette planète ! pesta Naomi.
***
Guided by Voices – Teenage FBISomeone tell me why I do the things (Que quelqu'un me dise pourquoi je fais des choses)
Wallace rentra chez lui. Il posa ses affaires. Il regarda sa mère qui travaillait sans le regarder. Son père qui buvait son café en lisant les nouvelles.
That I don't wanna do (Que je ne veux pas faire)
Une fois dans sa chambre, il nourrit ses Pokémon. Canarticho lui redonna un semblant de sourire avec ses facéties.
When you're around me I'm somebody else (Quand vous êtes autour de moi, je suis quelqu'un d'autre)
- J'mange pas ici, cria Wallace en tout désespoir de cause et en prenant la porte.
Le jeune homme prit le chemin d'un bar où quelqu'un l'attendait. C'était assez rare pour être souligné.
Someone tell me why I act like a fool (Que quelqu'un me dise pourquoi j'agis comme un crétin)
Wallace arriva à une table avec un type qu'il rencontrait pour la troisième fois.
- Hey !
- Ça va ?
Une rapide bise, et Wallace s'assit. Deux verres furent vite commandés.
When things don't go my way (Quand les choses ne vont pas comme je veux)
La soirée se passe bien. Les deux « amis » s'entendent bien. Wallace et ce garçon semblent avoir des atomes crochus. Wallace sourit comme il avait rarement souri.
When you're around me I'm somebody else (Quand vous êtes autour de moi, je suis quelqu'un d'autre)
Au moment de régler l'addition…
- Bon. Je suppose que ce soir, j'y ai droit !
There is good reason, I guess (Il y a une bonne raison, je suppose)
L'autre gars en face s'étonna.
- Tu y as droit… ?
- C'est le troisième rencard, nan ? On va peut-être arrêter de tourner autour du pot.
Having it once gone too far (D'avoir poussé le bouchon trop loin)
Le mec s'étonna.
- Je pensais que tu voulais une relation sérieuse ?
- Ouais, c'est pas assez sérieux, là, peut-être ? souffla Wallace.
Le jeune homme qui avait invité Wallace sembla découvrir la face cachée de la lune.
When you clean out the hive (Quand tu t'es coupé de tes racines)
- Je… pensais que tu étais un garçon raisonnable et sérieux, tu t'es montré courtois et agréable jusque-là, tu semblais vouloir une approche douce…
- C'est trop long. Je pensais que ce serait plus marrant de sortir avec quelqu'un, mais en fait…
Le type hocha la tête et se leva pour partir.
Does it make you wanna cry ? (Est-ce que ça te donne envie de pleurer ?)
- Hey ! Paie au moins ta part de l'addition !!
- Wallace Gribble, tu es un être superficiel, volage et…
Le gars hocha la tête.
- Totalement immature vis-à-vis de sa sexualité.
Wallace grimaça.
Are you still being followed by the Teenage FBI ? (Es-tu toujours pisté par ce FBI adolescent ?)
- Reviens dans dix ans quand tu auras grandi un peu.
Le type posa un billet et partit. Wallace était furieux.
- Putain d'enfoiré, trois soirées j'ai passé avec lui ! Putain !!
Someone tell me whyDu coup, le petit Wallace partit dans un bar moins calme.
Someone tell me whyIl y but et y dansa une bonne partie de la soirée.
Someone tell me why I do the things
That I don't wanna do Un brave type plus âgé mais pas dégueu vint le séduire sans trop de mal, pété comme il était.
When you're around me I'm somebody elseWallace était aviné mais heureux de ce qu'il venait de pêcher.
Someone tell me why Ils se rendirent tant bien que mal chez lui, en passant par l'éternelle palissade.
Someone tell me whyUne fois à l'intérieur, Wallace sortit une fois de plus le grand jeu.
Someone tell me whyEt c'était apparemment bien assez pour le consoler de cette fin de journée… décevante ?