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Fire up! de Don d'ARCEUS



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» Auteur : Don d'ARCEUS - Voir le profil
» Créé le 19/02/2013 à 21:21
» Dernière mise à jour le 19/02/2013 à 21:21

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Il suffira d'une étincelle, D'un rien, d'un contact
La veille de l'anniversaire de Paul, comme tous les soirs depuis que j'avais fait la connaissance de Catherine, je raccompagnai celle-ci chez elle après avoir passé autant de temps que possible en compagnie de son fils ; une fois arrivés à destination, je descendis de la voiture et la contournai pour ouvrir la porte du côté passager où la jeune femme avait pris place. Comme toujours lorsque j'avais un geste un tant soit peu galant, cette dernière eut une moue agacée mais ne dit rien en sortant de la voiture. Elle se dirigea ensuite vers la porte de sa maison, moi sur ses pas. Une fois sur le seuil, elle se retourna – je m'étais déjà arrêté. Dans le silence de la nuit, nous échangeâmes un long regard – plus long que ceux que nous avions jamais échangés auparavant. Nous en étions rendus à un stade de notre relation où nous n'avions plus grand-chose à nous dire, l'essentiel n'ayant plus besoin de mots pour s'exprimer. Finalement, Catherine baissa les yeux et afficha un maigre sourire tandis que je lui souriais à mon tour avant de baisser la tête dans un soupir songeur.

« Merci pour tout Marc, je… jamais je n'aurais cru pouvoir… être aussi heureuse… en des jours pareils. Merci du fond du cœur… »

Je voulus lui répondre que tous ces jours en sa compagnie m'avaient également enchanté mais j'étais comme… paralysé, tout bonnement incapable de bouger, ne serait-ce que les yeux pour les lever vers elle. Alors, pour la première fois depuis que l'on se connaissait, la jeune femme s'avança vers moi et m'embrassa sur la joue. Le contact n'avait même pas duré une seconde et pourtant, j'avais l'impression de sentir encore ses lèvres sur ma joue après qu'elle eut fait volte-face. Les yeux dans le vague, emporté par un élan irrésistible, je fis un pas en avant et saisis la main de Catherine qui se figea, comme terrifiée. Je la fis pivoter vers moi en ramenant sa main vers moi. Son teint avait délicieusement viré au rouge vif ; on aurait dit une fillette que l'on prenait sur le fait. Et, à dire vrai, je crois que c'était à peu de choses près ce que j'avais devant les yeux ; les dures épreuves que Catherine avait endurées depuis sa tendre enfance l'avaient fait se refermer sur elle-même, ne fréquentant que le strict minimum de personnes – strict minimum qui s'était réduit à son fils depuis sa naissance sur qui elle calquait son comportement –, son travail de traductrice ayant cet "avantage" de lui permettre de rester en quasi-permanence avec Paul. Et puis j'étais entré dans sa vie – ou, plutôt, elle avait voulu me faire entrer dans sa vie… dans leurs vies.

Comme si son léger baiser avait libéré en moi un flot d'énergie provenant d'une source insoupçonnée, je me sentis soudainement revigoré, de nouveau capable de me mouvoir normalement. Je levai lentement une main vers le visage de Catherine avant de le caresser avec douceur tandis que l'autre triturait avec tendresse la main que j'avais auparavant saisie et que je n'avais pas lâchée un seul instant. La jeune femme semblait trembler de tout son corps devant mes avances – ou bien était-ce moi ? –, tant et si bien que je m'arrêtai bientôt, me demandant si mes gestes ne provoquaient pas chez elle un malaise. Mais, alors que j'allais retirer mes mains de son visage et de sa main, elle se jeta dans mes bras et enfouit sa tête dans le creux de mon épaule. Je l'entourai alors presque mécaniquement de mes bras avant de lui caresser maladroitement le dos. Je la sentis frémir sous mes tendresses.

« Reste avec moi… » me supplia-t-elle dans un murmure.

Un appel au secours sorti d'une bouche d'enfant apeurée, à l'adresse d'un adulte dont elle se doutait qu'il pouvait la protéger. Ce fut à mon tour de trembler – si, toutefois, ce n'était pas moi qui tremblais depuis tout à l'heure. Je ne voulais pas qu'elle me considère comme un adulte. Sa requête avait réveillé en moi un instinct que je croyais à jamais éteint, cet instinct primaire que tout le monde avait à un moment ou à un autre éprouvé, celui de la protection d'autrui – ou d'au moins une personne en particulier. Comme, lors de ma folle jeunesse, j'avais espéré pouvoir serrer une fille dans mes bras pour lui offrir un refuge sûr contre ses ennemis, j'avais ce soir-là une furieuse envie de me faire le gardien dévoué de Catherine, la protéger de ce monde qui lui était devenu si étranger depuis la naissance de son fils. Mais pas en tant qu'adulte. Car, au fond de moi, je le savais, je ne serais jamais un adulte – du moins pas celui qu'elle pouvait espérer. J'étais toutefois persuadé que je pouvais me révéler un ami suffisamment fort pour la protéger de ses cauchemars et l'aider à surmonter la mort prochaine de son fils.

« Aussi longtemps que tu voudras de moi… » lui promis-je dans un souffle.

Les secondes s'égrenèrent lentement puis, au bout d'une éternité, nous défîmes notre étreinte. Après m'avoir adressé un sourire ravi à la manière d'une petite fille à qui on aurait accordé son caprice, Catherine m'entraîna chez elle. Aussitôt, la chaleur qui régnait dans la petite maison me sauta à la gorge et m'immobilisa ; on se serait cru un jour de beau temps en plein été ! Après avoir ôté son manteau, Catherine m'enleva le mien puis me guida jusqu'à sa chambre. Une véritable chambre de petite fille… mais cela n'avait rien d'étonnant ; à vrai dire, c'eut été le contraire qui m'aurait frappé. Elle avait tellement plus d'une petite fille que d'une adulte ! La jeune femme alla s'allonger sur son lit tandis que j'amenais la chaise de son bureau près de son chevet pour la veiller. Je la bordai ensuite soigneusement mais, alors que j'allais me reculer pour m'asseoir, Catherine me prit par la main et me ramena brusquement à elle si bien que je m'étalai sur le lit en travers d'elle. Gêné, je me redressai brusquement mais la jeune femme continuait à me serrer avec force, et je lus dans ses yeux une peur semblable à celle qu'éprouvent les enfants face à l'obscurité et au silence de la nuit. Après avoir brièvement réfléchi, je m'allongeai finalement sur le lit sans la rejoindre sous la couverture. Catherine dormit bientôt à poings fermés, me serrant contre elle comme une peluche grandeur nature. Je ne tardai pas à sombrer dans le sommeil à sa suite.