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J'irai au bout du monde. de Hélina Waltz



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» Auteur : Hélina Waltz - Voir le profil
» Créé le 17/02/2013 à 14:04
» Dernière mise à jour le 17/02/2013 à 14:04

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"Repos" après la bataille
-Est-ce que ça va ?


-Oui oui, occupez-vous de lui, je vous en supplie ! Et également de celui qui est dans cette pokéball, répondis-je en tendant les bras tremblant.


La personne prit Tears et la pokéball le plus délicatement possible, son expression en disait long sur l'état de mon pauvre pokémon. Je levai la tête pour détailler la personne qui se tenait devant moi. C'était une dame qui n'avait pas quarante ans. Petite et très fine, son regard était pourtant déterminé sous ses cernes profondes. Ses cheveux blonds vénitiens tombaient en cascade sur ses épaules. Elle était coiffée d'une toque qui symbolisait sa profession maintenant si mal vue mais également d'une tenue normale de civile, une chemise bleue nuit et un pantalon droit noir. Elle fit volte-face et partit derrière une autre porte sans demander son reste. Je me levai doucement, ils étaient sauvés, tout irait bien désormais, je pouvais relâcher la pression que je m'étais mise moi-même.


Je me trouvais dans une pièce carré meublée de trois fauteuils usées, d'une table basse au centre et d'un téléviseur abîmé. Une salle d'attente de fortune, vu la petitesse de la salle et l'absence d'éclairage digne de ce nom, cette fonction étant remplie par une malheureuse lampe de plafond. Je me traînai vers un fauteuil près de la porte à fenêtre d'où avait disparu l'infirmière. Arrivée, je fermai les yeux en soupirant, je voulais voir mes pokémons, je voulais voir mes amis, pourquoi l'infirmière était-elle partie sans moi ? J'inspirai un grand coup et me levai, décidée à voir leur état, d'un côté je ne me tracassais pas tant que ça de la blessure d'Heleth, mais surtout de son état global, il était un peu comme un rescapé d'une guerre. Je voulais qu'il soit de nouveau comme avant, pas par égoïsme, mais je ne voulais pas qu'il lui arrive des mauvaises choses à cause de ça. Je ris ironiquement, quel prétexte convaincant. J'étais quand même égoïste de juste penser qu'il était laid et que je n'en voulais pas. Mais n'était-ce pas ce qu'avait dit l'Inconnu pour illustrer ses nouvelles Règles ?


« Chacun d'autre vous, vous ne choisissez que vos pokémons car ils sont forts et beaux. Ne vous voilez pas la face, lequel d'entre vous peut me dire sans mentir qu'il a choisi son compagnon car il était gentil ou spécial, à l'intérieur ? Vous êtes égoïstes de ne vous basez que sur l'apparence. Désormais, juste pour l'apparence, seriez-vous capables de tuer un pokémon qui ne vous a rien demandé, et ça juste pour ne pas l'avoir avec vous ? Je sauve les pokémons et les mets tous sur un pied d'égalité. »


Nous apprenions son discours à l'école, ses paroles avaient été longtemps contestées, on disait qu'elle était fausse, et je le trouvais aussi, je me disais que personne ne pouvait faire ça. J'étais bien naïve. Trop jeune pour comprendre et penser comme un Challenger, pour la plupart des enfants, qui ne pensaient eux qu'à ça. Mais non, il devait y avoir des personnes qui attrapait des pokémons pour d'autres raisons, bien plus louables, il devait en avoir. Je remontai mes genoux contre ma poitrine et enfuis ma tête à l'intérieur. Je voulais un peu dormir pour faire autre chose que de me ronger les ongles au sang. Ce n'était pas si long d'après ce que lui avait expliqué son frère quand il passait encore à la maison, avant qu'elle et sa mère ne partent pour Hoenn, ce qu'elles n'auraient jamais dû faire au final. Pourtant, il était depuis le Changement de partir d'Hoenn sauf autorisation exceptionnelle. Mais personne ne savait encore quelles pouvaient être ces raisons, personne n'était jamais sorti.


Après un temps totalement indéterminé où je ne m'étais finalement pas endormie une seconde, préférant fixer le plafond et essayé de faire marcher le téléviseur, sans succès ; la porte s'ouvrit lentement. Comme touchée par un éclair de pikachu, je me levai d'un bond pour presque sauter sur la personne qui y sortait. C'était la jeune femme fatiguée qui l'avait accueillie puis abandonnée. Elle recula naturellement pour éviter de tomber sous mon poids. Je me rattrapai et fis volte-face pour planter mon regard dans le sien, ou plutôt, il s'y accrocha comme à une bouée, à la recherche d'une réponse pour me rassurer sur l'état de mes nouveaux compagnons. Elle soutint un moment mon regard dans le silence et finit par marcher vers moi. Arrivée à ma hauteur, je pus entendre les mots « Suis-moi » j'obéis sans me poser de question et la suivit dans le couloir mal éclairé. Nous débouchâmes dans une salle étonnamment propre et bien éclairé, surement la seule du bâtiment. Les murs en carrelage étaient blancs, tout comme le sol. Il y avait une petite fenêtre qui s'ouvrait sur une petite cour fermée par de grands arbres majestueux. D'après la lumière extérieure, nous étions en fin d'après-midi. Je détournai le regard de la fenêtre pour détailler encore la pièce. Il croisa cinq sorte de tube transparent et dans deux ; mes pokémons. Mon cœur fit un bon dans ma poitrine et je m'élançai entre les deux tubes habités. La femme se décala pour que je ne la bouscule pas et je tombai à genoux.


-J'ai fait autant que j'ai pu, ton arcko est sauvé et sa blessure refermée sans laissé de trace. Elle fit une pause et regarda le zigzaton endormit. Par contre pour celui-là, j'ai eu un peu de mal. Ses blessures ouvertes ont été guéries normalement. Idem pour les vieilles blessures par encore tout à fait cicatrisées. Mais certaines sont malheureusement trop anciennes pour être effacées, bien sûr elles ne présentent aucun danger. Et pour son œil, il est perdu définitivement, j'ai préféré comme même ne pas y toucher. Il a perdu trois griffes, mais elles repousseront.


Je hochai la tête quand le silence s'installa de nouveau. Je détaillai patiemment Heleth. Il était un peu moins horrible, son pelage était certes toujours abimé mais une partie de ses cicatrices avaient disparu pour laisser place à un nouveau pelage qui ressortait étrangement dans les poils rêches et durs du reste. Il lui restait des cicatrices sur la queue, sur les pattes et il y avait toujours la grosse sur son visage. J'avais l'impression qu'elle était là pour provoquer, pour me narguer moi et les autres. Un sourire se dessina sur mon visage, il n'avait pas l'air fou quand il dormait. Paisible et surtout il n'était pas affublé de ce sourire qui me rendait mal à l'aise. Je décidai de rester un moment à le regarder, pour essayer de graver dans ma mémoire son petit visage endormit qui était assez mignon il fallait l'avouer.
Quelques minutes après, dans un silence complet, seulement brouillé par les bips rythmés des appareils. Je me levai en étirant mes jambes engourdies et aperçus pour la première fois la machine qui servait à soigner les pokémons automatiquement. Il repérait les blessures et les soignait, mais il ne détectait pas les cicatrices, qui ne saignaient pas, qui n'avaient rien de méchant pour la machine, donc pour la vie du pokémon. Je cherchai la jeune femme qui n'avait presque rien dit depuis que j'étais arrivée. Je décidai d'engager la conversation.


-Heu… Merci pour tout, je ne sais pas ce qui serait arrivé si vous n'étiez pas là, dis-je, hésitante.


-C'est mon travail après tout, je ne pouvais pas laisser mourir ces deux petites créatures, dit la femme d'un ton étonnement tranchant.


Je ne relevai pas ses paroles, je reconnus que ce que j'avais dit était stupide, bien sûr qu'elle était là, il y avait toujours une personne dans les centres, même une seule personne, mais il y en avait toujours une. Je soupirai, me sentant quelque peu stupide. Je jetai en même temps de petits coups d'œil furtifs vers l'infirmière. Une légende racontait qu'avant, toutes les infirmières s'appelaient Joëlle et qu'elles se ressemblaient toutes. Elles prétendaient être de la même famille. C'était une bien étrange légende qui n'était raconté que par les adultes. Mais jamais personne ne savait s'ils disaient cela pour rigoler ou si c'était la réalité.
Des bruits de pas me sortirent de mes pensées, je tournai la tête vers la jeune femme qui affichait un petit sourire discret. Etrange changement d'émotion, mais je n'y restai pas plus dessus, et soutins son regard. D'un signe de tête, elle me demanda de la suivre. Je ne me fis pas prier et la suivis, abandonnant mes pokémons à leurs repos bien mérité.


La jeune femme me conduit à travers plusieurs couloirs mal éclairés en évitant quelques débris par terre. Elle poussa finalement une porte étonnamment en bon état. Une lumière plus vive m'agressa les yeux et je me retrouvai devant une sorte de studio assez grand. La pièce à vivre en angle avait pour revêtement mural juste du bois foncé, le sol dallé blanc et le plafond beige. Une cuisine simple, un salon composé d'un sofa, d'un table basse en verre et d'un fauteuil noirs avec une télé assez grande, et une salle à manger composé seulement d'une grande table en bois accompagné de trois chaises du même matériau et d'une plante verte en bonne santé. Je pus voir deux grandes portes qui devaient mener à la chambre et à la salle de bain. La voix de l'infirmière me coupa dans mes observations. Elle était assise sur le fauteuil, droite.


-Assieds-toi, je m'excuse de l'attente dans l'autre salle inconfortable, mais peu de Challengers passent ici de nos jours. J'espère que ma maison sera assez accueillante pour toi.


-Désolée de vous dérangez, je devrais plutôt partir, je n'ai rien fait d'extraordinaire pour que vous m'invitiez dans votre studio, répliquai-je d'un ton quelque peu embarrassé.


-Non non, pour une fois que j'ai de la visite, je ne vais pas la foutre dehors, de plus vos pokémons doivent encore un peu se reposer et la devise des infirmières est de venir en aide aux pokémons, mais aussi à leur dresseur.


Elle m'adressa un sourire gentil et se leva pour aller dans la cuisine. Je haussai les épaules et m'assis sur le sofa, il était en bon état. Alors les infirmières habitaient bien dans leur centre maintenant, on ne m'avait donc pas menti. Voilà également pourquoi les Juges cessaient de fouiller l'accueil à la recherche d'une infirmière à brutaliser. Je me retournai pour voir qu'elle remplissait un bol de biscuits. Elle revint dans le salon et s'assit en posant la nourriture sur la table basse. Un silence s'installa, mais je décidai qu'il ne resterait pas plus longtemps.


-On ne s'est pas encore présentée, je suis Saphire. Challenger débutante. Merci encore de m'héberger, dis-je en tendant maladroitement la main.


-Enchantée Saphir, dit-elle en souriant et en attrapant ma main, je m'appelle Eléonore. Infirmière depuis quatre ans maintenant.


Quatre ans ? Une expression d'étonnement se dessina sur mon visage, avait-elle décidé de vivre ainsi sachant tout ce qui l'attendait dans ce métier ? Je baissai les yeux en lâchant la main d'Eléonore. Quelle étrange décision de sa part. Elle sembla lire ne moi et rajouta :


-Oui c'est un métier compliqué et solitaire, mais ce centre était abandonné. Je ne pouvais pas rester sans rien faire et regarder les nouveaux Challengers comme toi débarquer ici et se rendre compte qu'il n'y a personne pour les aider.


Elle ferma les yeux, un sourire triste flottant sur son visage. C'était probablement ce qu'il s'était déjà passé, avant qu'elle décide d'agir. Il y avait encore des Attachés dans cette ville, l'espoir n'était pas totalement perdu pour cette ville. Bien sûr, une seule personne ne pouvait pas suffire à redonner l'espoir à tout le monde, mais tant qu'il y en avait une, il y avait toujours, quelque part l'espoir de remettre cette ville sur le droit chemin. Je pris un biscuit et le portai à ma bouche. Un silence s'était finalement installé et je ne pus rien y changer. Je mangeai encore quelques biscuits. Qu'y avait-il à dire ? Je voyageais seule, depuis seulement un seul jour, je n'avais rien à dire. Manifestement, cette femme était étrange, elle avait changé entre temps, sérieuse et un peu sèche en une femme timide qui cherche de la compagnie et seulement aider. Je me grattai la joue. Je n'allais pas rester ici plus longtemps, je me sentais mal à l'aise. Je me levai doucement sous le regard d'Eléonore. Elle se leva précipitamment en tendant la main vers moi.


-Ne pars pas déjà ! Tu peux rester je t'assure, dit-elle d'un air affolé et anxieux.


-Je préfère ne pas rester plus longtemps et vous déranger, je dois trouver un hôtel qui héberge les Challengers, un sourire ironique se dessina sur mon visage, s'il y en a encore un évidement…


-Non, s'il te plait, ne me laisse pas seule, répondit-elle d'un ton de plus en plus suppliant, je suis seule depuis si longtemps, reste avec moi s'il te plait !
Elle attrapa mon poignet, ses yeux remplis de larmes qui menaçaient à chaque instant de couler. Elle-même semblait sur le point de s'écrouler devant moi. Je pris un peu peur et retirai ma main d'un geste sec. Elle recula de quelques pas, fixant sur moi un regard de bête éperdue. Je tournai la tête et regardai le sol. Voilà donc pourquoi elle était bizarre. N'ayant plus l'habitude des gens, elle n'avait plus parlé à quelqu'un depuis longtemps, d'où son ton sec. Et puis la perceptive de redevenir seule l'avait déboussolée. J'avais un peu connu ça, quand je croyais avoir perdu Tears. Je reculai la tête toujours baissée.


-Je ne peux pas rester, même si je reste, je devrais partir un jour. J'ai un devoir en tant que Challenger ; briser les Règles, renverser l'Inconnu Rouge et Noir. Je suis désolée, je voudrais vous aider… Mais je pense que je serais une meilleure aide dehors à combattre pour mes rêves qu'ici, enfermée.


Je fis volte-face sans recroiser son regard, attrapai mon sac que j'avais laissé à côté de la porte et ouvris celle-ci. J'entends Eléonore tomber à genoux. Des sanglots parvinrent à mes oreilles. Je me mordis la lèvre inférieure, c'était comme ça, je n'avais pas le choix. En passant la porte d'entrée, je rajoutai d'un air faussement réjoui :


-Tu sais, si tu sortais plus souvent, tu pourrais rencontrer quelqu'un qui t'aiderait à rester heureuse et surtout moins seule. Mais ce n'est pas moi… Garde espoir s'il te plait, on peut toujours s'en sortir.



Je sortis en courant cette fois-ci, et détalai vers la salle avec mes pokémons. J'y arrivai en relativement peu de temps, coup de chance, sachant que je ne savais plus trop le chemin. Tears dormait toujours, mais Heleth lui était bien réveillé, et tapait son crâne contre la paroi en verre qui le séparait de la liberté. Je détournai le regard, j'avais bien assez vu son sourire. J'attrapai la bisball et la pokéball sur la table et ouvris leur cabine. Heleth rentra en premier, il courait déjà vers la sortie. Je m'approchai de Tears en souriant tendrement et le rentrai dans sa petite maison sphérique. Alors que je me relevai, j'entendis des pas qui se rapprochaient de moi. C'était encore elle. Mais je ne voulais pas la voir. Je devais trouver une autre sortie. Il y avait une autre porte, je décidai de la prendre. Elle menait à un couloir éclairé, je courus en claquant la porte derrière moi. Il fut tout droit pendant une dizaine de mètres, mais finit pas se couper en deux. Je m'arrêtai, en nage, ne sachant quel chemin emprunter. Entendant encore les pas me pourchasser comme un fantominus persistant, je courais à gauche. Ce couloir moins bien éclairé donnait sur quatre portes. Je soupirai et ouvris la première qui s'offrait à moi.


Dans cette salle, il y régnait une odeur de pourriture écœurante, je mis ma main devant ma bouche tant l'odeur était forte. J'essayai de distinguer quelque chose dans la pénombre. Je n'aurais jamais dû. Des tables se dessinèrent, mais il y avait quelques choses sur ces tables. Et en ayant le malheur de m'approcher, je pus voir qu'un cadavre en état avancé de décomposition gisait là. Je reculai sous l'horreur et me cognai contre une autre table. Je me retournai pour voir de nouveau un cadavre que je devinai être celle d'un nirondelle. C'était insoutenable. Ce centre était horrible, perdu à jamais, abandonné. Et dans sa déchéance, beaucoup de pokémon n'avaient pas survécu. Était-ce pour cela qu'Eléonore avait décidé de reprendre le flambeau ? Pour éviter cette vision d'horreur ? Je cherchai désespérément une sortie. Il y avait une double porte, je courais vers elle avant de vomir mes tripes.


La porte menait à une salle encore plus grande. Des fenêtres l'éclairaient, enfin je pus en voir un peu plus. Et j'étais enfin sauvée, il s'agissait de l'ancien hall d'entrée. Il y avait un comptoir, des chaises, des tables, une télévision et des fauteuils. La machine pour soigner les pokémons n'étaient plus là. Elle devait avoir été soit volée, soit détruite. L'autre machine, était celle de remplacement. Je courus vers la porte autrefois automatique. Le livre sur la vie d'un Challenger m'avait été bien utile jusque-là., pouvait-il encore m'aider ? Je savais que des juges attendaient devant, je devais trouver un autre moyen. Une fenêtre, il y avait partout des fenêtres, je pouvais sortir par là. Je cherchais une chaise et, tout en prenant mon élan, tapai de toutes mes forces sur une des fenêtres. Mais malgré ça, celle-ci tint bon et je me retrouvai projetée vers l'arrière. La chaise avait rebondi. Je regardai ma sortie intacte, effarée. Que pouvais-je faire ? Je devais chercher quelque chose de plus lourds. Une brique, il me fallait une brique. Je cherchai du regard celle-ci, mais n'en vis pas. Bien sûr, pourquoi y aurait-il une brique dans un hôpital ? Je me levai et cherchai toujours quelque chose de lourd. Mais il n'y avait rien, je commençais à paniquer, une boule se forma dans ma gorge. Je savais qu'Eléonore me retrouverait tôt ou tard, je devais faire vite. Mais l'image des cadavres me hantaient et refusait de s'en aller. Ma tête tournait, que devais-je faire ?! Ma respiration se fit erratique. Une n'y avait qu'une seule chose à faire.


Je courus vers la double porte en verre et l'enfonçai. Elle se brisa du premier coup et une douleur déchira mon épaule gauche. Je perdis l'équilibre, mais je me forçai à avancer car les Juges m'avaient déjà vu, et avec leurs sourires pervers, s'élançaient déjà à ma poursuite. Mes jambes étaient lourdes, mais l'adrénaline me donna des forces et je me mis à courir aussi vite que je pouvais. Pourtant, contre des adultes constamment dehors, je ne faisais pas le poids. Mes pokémons allaient mourir si je lâchais prise, je ne pouvais donc pas le faire. Je tournai à un coin de rue mal famée et trébuchai sur des détritus. Je sautillai plusieurs fois mais ne repris pas mon équilibre et tombai par terre sur les genoux. Ceux-ci s'éraflèrent sur une vingtaine de centimètres. J'étais perdue. J'étais lâche de fuir le centre, de fuir les Juges, de fuir mes responsabilités. Je tombai la tête sur la route en béton. J'entendais déjà les pas se rapprocher de moi. Je devais trouver quelque chose pour sauver la vie de mes amis. Je pris les pokéballs et les regardai avec désespoir. J'essayai de me remémorer les conseils de Green, contre des Juges, quand il était trop faible ou eux trop nombreux. Je fermai les yeux en priant pour me rappeler.



« Une fois, j'étais poursuivi par une demi douzaines de Juges, je n'avais que trois pokémons. Je m'étais retrouvé dans un cul de sac. J'étais pour ainsi dire mort, mes pokémons étaient morts. Mais j'ai eu une grande idée. J'avais pris mes pokéballs, et les ai lancés dans un caniveau. Ils m'ont retrouvé sans pokémons, ils m'ont tabassés puis sont repartis. J'ai eu vraiment de la chance sur ce coup-là. Prends-en de la graine, cadette, tu pourrais en avoir besoin un jour. »
Je ne réfléchis plus et lançai mes pokéballs au hasard dans les poubelles. Elles disparurent dans les ordures. Je soupirai, un sourire se dessina sur mon visage.
-Merci Green… Mes pokémons te doivent la vie, murmurai-je en entendant les personnes venir à ma rencontre.
Trois Juges, il y en avait trois. L'un d'eux m'attrapa violemment par le bras pour me retourner en face d'eux. Je leur souris faiblement. Ils ne pouvaient pas les trouver, qui pouvait chercher des pokéballs dans les poubelles ? Personne, les Juges n'étaient pas si réfléchis, ils étaient juste des bourrins. Un deuxième souleva mon top pour regarder si j'avais des pokéballs tandis que le dernier renversait le contenu de mon sac par terre. Il haussa les épaules en regardant son confrère.
-Rien, dit-il, cette gamine avait juste peur de nous.


Celui qui tenait toujours mon bras me regarda d'un air supérieur et comme si j'étais un animal peureux et enchaîna.


-Alors, on est trop faible ? On a peur que de beaux hommes comme nous viennent te dire bonjour ?


Je détournai le regard, ne sachant que dire, je devais juste tenir pour qu'ils s'en aillent. Voyant mon absence de réaction il soupira, me releva de force avant de m'envoyer son poing dans l'estomac. La douleur envahit violemment mon estomac et me coupa la respiration, je m'écrasai sur le sol, gémissant. Les Juges ricanèrent et s'éloignèrent lentement. Ma tête avait tapé sur le sol et j'avais envie de vomir. Je toussai plusieurs fois, essayant de reprendre mon souffle. La réputation des Juges n'étaient pas volés. Étaient-ils pris uniquement pour leur barbarie ? Je me relevai difficilement, les jambes tremblantes. J'étais fatiguée et j'avais mal au ventre, à la tête et mes genoux saignaient. J'avançai péniblement, je devais trouver un endroit où me reposer. Il y avait des hôtels dans toutes les villes, Attachée ou Détachée.


Je m'appuyai contre les murs pour avancer, mais je chottai dans une de mes affaires et me rappelai qu'ils les avaient éparpillées par terre. Je soupirai et m'assis par terre pour remettre tout dans mon sac. Quand ce fut fait, je partis là où j'avais abandonné mes pokémons. Je farfouillai plusieurs minutes dans les détritus avant de les retrouver toutes les deux. Je les nettoyai sur mon top qui était de toute manière sale et les rangeai à ma ceinture. La douleur à mon ventre était passée et j'avais repris mon souffle. Mes jambes me faisaient moins mal, je pouvais repartir, sortir de ce trou.


Après quelques minutes de déambulation sous les regards presque haineux de certains habitants, pour d'autre, de pitié, je trouvai l'hôtel. Assez grand, en bon état heureusement. J'entrai par les portes automatiques. Il n'y avait presque personne, excepté l'homme à l'accueil et deux clients assis dans un fauteuil à discuter. Je m'avançai vers l'homme de l'accueil et lui fis un signe de tête en guise de bonjour. Il me renvoya un sourire, tiens ? Ne voyait-il pas que j'étais une Challenger ? Si oui, était-il donc un Attaché ? Je lui rendis un faible sourire.


-Une chambre je suppose, dit-il d'un air rassurant. Et je vous apporte à manger.


-M… Merci, dis-je, hésitante. Vous… Vous êtes un Attaché ici, à Rosyère ?


Il rit en plongeant son regard marron dans les miens. Sa barbe naissante et ses cernes en disaient long, comme ses cheveux assez longs pour un garçon complètement ébouriffés. Il s'appuya sur le comptoir pour s'approcher de moi.


-Oui, mais ne le dis à personne, ici, les Attachés doivent cacher leur « nature », sinon on se fait tabasser. Et vu ton état, je peux te dire que la boutique pour médicament se trouve dans cet hôtel, passes-y.


Il me fit un clin d'œil en me tendant une clé et un numéro. Je le remerciai et m'en allai. Alors il y avait des Attachés ici ? Ce n'étaient pas tous des Détachés… Ça me rassurait, même si la ville en avait l'air, elle n'était vraiment pas perdue. L'espoir pouvait toujours naître, l'ombre naît de la lumière, mais l'inverse également. Je souris en avançant dans les couloirs. Il fallait que je garde espoir moi aussi, et chasse les images de désolations de mon esprit. On n'appelait pas les « résistants » Attachés pour rien. On s'accrochait, même à un minuscule fil pendu vers notre destination. Attachés à nos rêves. A notre ancienne vie.