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Entre infini et au-delà de Cyrlight



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» Auteur : Cyrlight - Voir le profil
» Créé le 14/02/2013 à 09:06
» Dernière mise à jour le 10/09/2020 à 00:16

» Mots-clés :   Action   Drame   Fantastique   Mythologie   Suspense

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Chapitre 32 : Elle attend
« Elle attend que le monde change
Elle attend que changent les temps
Elle attend que ce monde étrange
Se perde et que tournent les vents »


Elle attend - Jean-Jacques Goldman



Les apprentis dresseurs dormaient généralement dans des Centres Pokémon, où des dortoirs leur étaient réservés, ou sur les routes, à la belle étoile, mais Cassy avait écarté ces deux possibilités. Elle ne pouvait se présenter devant une infirmière Joëlle au risque d’être reconnue. Quant au fait de passer leurs nuits dehors, elle estimait que c’était bien trop dangereux.

Cynthia était du même avis, raison pour laquelle elle insista afin de les escorter à chacun de leurs déplacements. Le premier soir, elles logèrent dans un hôtel de Joliberges, avant de partir le lendemain matin pour Féli-Cité, qu’elles atteignirent en fin de journée. Avec le Togekiss de la Championne ou le Galopa de Cassy, le trajet qui séparait les deux villes aurait nécessité beaucoup moins de temps, mais elles devaient se calquer sur le rythme particulièrement lent de Léa.

Quand elle ne réclamait pas des pauses en geignant de fatigue, la fillette s’arrêtait pour contempler le paysage ou cueillir des fleurs dans les hautes herbes, sans se préoccuper des pokémon sauvages susceptibles d’en surgir. Et lorsque cela se produisait, elle ne pensait même pas à les capturer, préférant s’extasier sur la facilité avec laquelle son Bulbizarre les repoussait.

Une journée supplémentaire leur fut nécessaire pour rallier Charbourg, où Cassy et Cynthia étaient convenues que la Championne prendrait congé d’elles pour regagner l’Élite des Quatre, car elle ne pouvait négliger trop longuement ses responsabilités. Qui plus est, l’adolescente estimait que Léa et elle seraient en sécurité dans une ville pleine de monde. Même si quelqu’un souhaitait s’en prendre à elles, jamais il n’oserait le faire en public.

Le soleil se couchait lorsque les contours de la cité minière se dessinèrent à l’horizon. Léa étant exténuée et ne rêvant que de se reposer, elle consentit à presser l’allure afin de pouvoir jouir au plus vite d’un endroit où dormir, mais une mauvaise surprise les attendait sur place.

Tous les établissements hôteliers affichaient complet. Le Concours ne se tiendrait pas avant une semaine, pourtant les coordinateurs avaient déjà afflué en masse à Charbourg. Alors qu’elles commençaient à perdre espoir de trouver une seule chambre de libre, Cynthia pénétra à l’intérieur d’un bâtiment et réapparut cinq minutes plus tard, un trousseau de clés à la main, pour inviter les filles à la rejoindre.

Cassy supposa, sans trop risquer de se tromper, qu’elle avait fait jouer son nom et sa notoriété pour leur procurer un toit sous lequel passer les prochaines nuits. Qui aurait pu refuser quoi que ce soit à la grande Cynthia, aimée et admirée de tous dans cette région ?

— Oh ! s’exclama Léa en découvrant leur chambre. Ça a l’air douillet !

Un lit superposé occupait presque tout un pan de mur, face à une petite armoire dans laquelle les deux filles pourraient suspendre leurs vêtements pour toute la durée de leur séjour. Une table carrée, encadrée par deux tabourets, était installée sous l’unique fenêtre de la pièce, masquée par des rideaux beiges. Des échantillons gratuits, quelques prospectus et des bonbons à la framby avaient été disposés sur le plateau. À droite, une porte entrouverte donnait sur une salle de bain individuelle.

À présent qu’elle avait trouvé un abri à ses deux protégées, Cynthia annonça qu’il était temps pour elle de se retirer. Léa afficha une moue dépitée, qui s’effaça quand la Championne lui promit de revenir le dimanche suivant, afin d’assister à son premier Concours. Cassy accompagna le Maître de Sinnoh jusqu’au rez-de-chaussée, où elle avait repéré deux visiophones à son arrivée.

Elle n’avait pas contacté Régis depuis son retour dans sa région natale, et bien que seulement trois jours se soient écoulés, sans parler du fait qu’elle n’avait rien appris de nouveau entre-temps, il lui tardait déjà d’entendre le son de sa voix. Après avoir partagé une étreinte avec Cynthia en guise d’au revoir, elle s’installa face à l’appareil le plus isolé.

— Cassy ! s'exclama joyeusement Régis en décrochant. Si tu savais comme je suis heureux que tu m’appelles ! Comment ça se passe ?
— Léa est très excitée par son voyage, je dirais même un peu trop, et ça ne risque pas d’aller en s’arrangeant… Elle disputera sa première compétition dans une semaine.
— Où ?
— À Charbourg. Cynthia a réussi à nous louer une chambre pour toute la durée de notre séjour ici, puisqu’on ne peut pas loger dans les Centres Pokémon, à cause des avis de recherche dont je fais sans doute toujours l’objet.
— Cynthia voyage avec vous ?
— Elle nous escorte d’une ville à l’autre, mais elle vient de repartir pour l’Élite. Je ne pense pas avoir quoi que ce soit à craindre, dans l’immédiat. Quant à Léa, personne ne la connaît.
— Reste quand même sur tes gardes, recommanda Régis. Ne sors pas après la tombée de la nuit, ne t’aventure pas dans des ruelles sombres ou mal famées, ne te sépare pas de Léa, ne…
— C’est bon, je crois que j’ai compris, l’interrompit Cassy avec un demi-sourire, car elle était touchée par l’intérêt qu’il portait à sa sécurité. Je serai la prudence même. Et de ton côté ? Du neuf ? Tu…

L’adolescente jeta un regard autour d’elle, mais personne ne lui prêtait attention. D’ailleurs, le hall était presque désert, à l’exception de l’employé qui tenait l’accueil, d’un quadragénaire absorbé par le journal qu’il lisait et de deux jeunes hommes occupés à disputer une partie de billard. Cassy baissa malgré tout la voix pour s’enquérir :

— Toujours pas de marque ?
— Non, rien. Enfin... Une théorie m’est venue juste après ton départ.
— Laquelle ?
— Tu te rappelles ce qu’Émilien a dit ? interrogea Régis. Au sujet des dix-sept types qui ne formeraient qu’une seule entité, et qui auraient vraisemblablement un rapport avec les humains.
— Tu penses que… ça pourrait être nous ? comprit Cassy.
— Ça corroborerait ses déductions, en tout cas. Et si, pour une raison que nous ignorons encore, ces glyphes étaient destinés à apparaître sur certains individus ?

Cassy s’accorda une minute de réflexion. Elle avait un peu de mal à croire à la supposition de Régis, mais en même temps, elle devait admettre que la coïncidence était grande entre les propos d’Émilien et la manifestation soudaine des symboles sur sa peau et celle de Léa. Qui plus est, cela n’était pas plus inconcevable que des hybrides mi-pokémon mi-humains…

— Ce serait donc… Quoi, d’ailleurs ? tenta-t-elle de deviner. Une sorte de réincarnation des plaques d’Arceus ? Même si tout ce que nous avons découvert jusqu’ici est au moins aussi ahurissant, ça me laisse perplexe. Est-ce que tu as déjà entendu des légendes, des rumeurs ou que sais-je encore à ce sujet ?
— Non, pas la moindre. Et je suis tout aussi sceptique que toi, mais comme tu viens toi-même de le souligner, absolument tout est étrange, dans cette histoire. Un peu plus ou un peu moins…
— Et puis, faute d’avoir une piste réellement solide, autant suivre notre intuition, admit Cassy. Essaye d’effectuer quelques recherches de ton côté. Quant à moi, j’en parlerai à Cynthia dès que je la reverrai. Si ça lui évoque quoi que ce soit, je ne manquerai pas de t’en tenir informé.
— D’accord, mais en ce qui me concerne, je ne peux rien te promettre. Mon grand-père m’a généreusement laissé le soin de m’acquitter de toutes tes tâches, en plus des miennes, jusqu’à ce qu’il te trouve un remplaçant. Je n’ai quasiment pas eu une minute à moi depuis que tu es partie. À ce rythme, je pourrai bientôt porter plainte pour exploitation abusive.

Cassy esquissa un sourire et remercia encore une fois Régis pour tous les services qu’il lui rendait, en dépit des nombreux désagréments qu’elle lui imposait. Ils échangèrent ensuite quelques paroles affectueuses, puis raccrochèrent en même temps.

Tandis que Cassy regagnait la chambre qu’elle partageait avec Léa, elle tourna et retourna dans sa tête la conversation qu’ils venaient d’avoir. En admettant que Régis ait raison et que ces marques soient liées d’une quelconque façon aux plaques d’Arceus, cela n’éclaircissait en rien la situation. Au contraire, une multitude de nouvelles questions se formaient déjà dans l’esprit de l’adolescente.

Pourquoi elle ? Et pourquoi Léa ? À quelles fins ces glyphes apparaissaient-ils ? Par quel enchantement ? Et surtout, qu’impliquaient-ils ? Cette théorie était encore plus nébuleuse que toutes les précédentes, or Cassy avait désespérément besoin de réponses concrètes, pas de s’interroger davantage.

Elle était impatiente de recueillir l’avis de Cynthia à ce sujet, et passa toute la semaine à compter les heures qui la séparaient de son retour. La Championne se présenta tôt à l’hôtel, le dimanche suivant, alors que les deux filles étaient en train de savourer leur petit-déjeuner dans la salle de restauration. Elle s’installa à leur table et commanda un café noir, ainsi qu’une douzaine de croissants, car elle n’avait rien pris le temps d’avaler avant de quitter l’Île du Lys, depuis laquelle elle était venue en volant.

— J’espère au moins que vous avez profité de votre séjour ici pour visiter le Musée Minier, déclara-t-elle en mordant dans une viennoiserie avec appétit.
— On aurait bien aimé, répondit Léa après avoir englouti sa dernière tartine de confiture, mais il est fermé au public jusqu’à la fin du mois.
— Travaux de rénovation, précisa Cassy. C’est dommage, j’ai lu dans le guide que c’était la principale attraction touristique de la ville.
— Hmm… Il y a toujours moyen de s’arranger. Vous connaissez Pierrick, le Champion d’Arène ? Il fait partie du conseil d’administration du musée. Je suis certaine qu’il ne me refusera pas une petite faveur.
— C’est vrai ? s’enthousiasma Léa. Ce serait super !
— En effet. Montez vous préparer, je me charge de le contacter par visiophone. J’espère simplement qu’il ne sera pas à la mine… Depuis qu’il en a pris la tête, il passe plus de temps là-bas qu’à l’Arène. Il lui est même arrivé d’affronter des challengers sur place, d’après ce qu’on m’a rapporté.

Cynthia leva les yeux au ciel, d’un air plus amusé que désapprobateur, tandis que Léa repoussait sa chaise pour quitter la table. Cassy ne lui emboîta pas immédiatement le pas. Profitant de cette occasion qu’elle avait d’être seule avec la Championne, elle choisit de lui rapporter la théorie émise par Régis.

— Je n’ai jamais entendu parler d’une potentielle incarnation humaine des plaques d’Arceus, confia Cynthia. D’ailleurs, à ma connaissance, l'unique légende les concernant est celle qui les lie à l’Alpha. Je préfère tout de même attendre notre passage aux Colonnes Lances avant de me prononcer. Qui sait ? Nous découvrirons peut-être quelque chose là-bas.

Cassy acquiesça, puis quitta à son tour la salle de restauration pour gagner l’étage. Lorsqu’elle poussa la porte de la chambre, elle eut la surprise de trouver Léa à quatre pattes sur le sol, le buste à moitié enfoncé sous le lit. Les couvertures avaient été projetées plus loin, et les oreillers gisaient en arc de cercle autour d’elle.

— Mais qu’est-ce que tu fabriques ? s’exclama Cassy.
— J’ai perdu mes mitaines ! glapit Léa. Il faut absolument que je les retrouve ! Je ne peux pas participer au Concours avec cette horrible cicatrice.
— Ce n’est pas la fin du monde. Je suis sûre que des manches longues devraient suffire à dissimuler ton poignet.
— Ah non ! Pas question que je porte n’importe quoi ! L’apparence compte presque autant que la performance, dans un Concours, et ma maman m’a acheté une jolie robe exprès pour ça.

La jeune fille soupira, mais consentit à aider Léa à chercher ses gants. Lorsque Cynthia les rejoignit, elles avaient fini de mettre la pièce sens dessus dessous, sans pour autant réussir à localiser les accessoires de mode. À la vue de ce capharnaüm, la Championne posa la même question que Cassy quelques minutes plus tôt.

— Hmm… J’ai peut-être une idée, déclara-t-elle après avoir entendu leurs explications. Je préfère ne rien dire pour le moment et t’en faire la surprise, Léa, mais mon instinct me souffle que tu vas adorer.
— Oh… S'il vous plaît, donnez-moi au moins un indice !
— Non, non, non. Maintenant, dépêchez-vous de ranger tout ça et de filer au Musée Minier. J’ai pu parler à Pierrick : il a accepté de nous retrouver sur place et il a même proposé de vous servir de guide. La moindre des choses est de ne pas le faire attendre, donc partez devant, je vous rejoindrai là-bas.

Cynthia ponctua ses paroles d’un sourire énigmatique qui fit trépigner Léa. Bien que Cassy n’en montre rien, elle était également curieuse de découvrir ce que le Maître de Sinnoh avait en tête, sans douter qu’il s’agisse forcément d’une bonne idée. Obéissant, les deux amies commencèrent à rassembler leurs affaires éparses, pendant que la Championne leur faussait compagnie.

Elles se présentèrent à l’accueil une dizaine de minutes plus tard afin de restituer les clés de la chambre au réceptionniste, puis se mirent en route pour le Musée Minier, situé dans le secteur nord-est de la ville. Charbourg était très animée, en ce dimanche matin, et elles croisèrent de nombreux piétons en chemin.

Comme elles étaient déjà passées à trois reprises devant l’imposant bâtiment, les filles n’eurent aucun mal à le retrouver, d’autant qu’il se repérait de loin. Il était aussi splendide que massif et se composait de deux parties distinctes, quoique adjacentes. L’une d'elles possédait des murs gris en pierre, tandis que l'autre, une serre gigantesque, était entièrement constituée de verre. Léa contempla les lieux d'un œil admiratif.

Comme Pierrick n’était nulle part en vue, Cassy décida de s’asseoir sur un banc pour guetter son arrivée tandis que son amie faisait sortir Bulbizarre de sa pokéball. Elle lui avait rapidement pardonné l’attaque Fouet-Lianes qu’il lui avait infligée et, comme l’adolescente l’avait supposé, ils étaient à présent les meilleurs amis du monde.

— Je ne m’attends pas à gagner, cet après-midi, confessa Léa, mais je me suis entraîné dur avec Bulbi pour parfaire notre enchaînement, et j’espère au moins qu’on se qualifiera pour la deuxième manche.
— Je n’en doute pas, affirma Cassy. Vous avez beaucoup travaillé, tous les deux, et je suis certaine que vous serez récompensés pour vos efforts.

Léa l’approuva d’un hochement de tête vigoureux et s’accroupit pour caresser son partenaire. Il lui répondit en se frottant affectueusement contre ses mollets, puis lui jeta un regard implorant. La fillette, comprenant ce qu’il désirait, tira de sa poche un paquet de bonbons qu’elle avait acheté dans une boutique spécialisée en friandises pokémon, dans le centre-ville.

— Ponctuelles, à ce que je vois ! lança soudain une voix inconnue, alors que Bulbizarre engloutissait sa gourmandise.

Ce timbre chaleureux appartenait à un séduisant jeune homme qui remontait le chemin en pierre conduisant à l'entrée du musée. Ses épais cheveux pourpres encadraient un visage aux traits fins, partiellement masqués par les petites lunettes rectangulaires qu’il portait sur le nez. Il était vêtu d’une combinaison grise à l’allure confortable et avait chaussé de lourdes bottes de sécurité.

— Enchanté, je suis Pierrick, se présenta-t-il dès qu’il fut à leur hauteur. Et vous, vous devez être les protégées de Cynthia. Cassy et Léa, c’est ça ? Où est donc notre chère amie ?
— Ici ! s’écria l'intéressée dans son dos, car elle arrivait à son tour.

La Championne pressa le pas pour rejoindre le petit groupe et embrassa son confrère sur chaque joue avant que celui-ci serre la main des deux filles. Léa rougit légèrement, et Cassy n’aurait su dire si c’était par timidité ou sous l’effet du charme de Pierrick.

— C'est gentil à toi d'avoir accepté de leur faire visiter le Musée Minier malgré les travaux, déclara Cynthia.
— Je ne peux rien refuser au Maître de Sinnoh, affirma Pierrick avec un sourire éclatant. Mesdemoiselles, si vous voulez bien me suivre… C’est par ici.

Cassy fut la première à lui emboîter le pas, Léa dans son sillage. Cynthia fermait la marche tandis que leur quatuor se dirigeait vers l’imposante entrée du bâtiment, abritée par une coupole. Pierrick déverrouilla les portes en enfonçant un badge orné de sa photographie dans un système d’ouverture électronique et les invita à le précéder à l’intérieur.