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Fire up! de Don d'ARCEUS



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» Auteur : Don d'ARCEUS - Voir le profil
» Créé le 31/01/2013 à 11:21
» Dernière mise à jour le 31/01/2013 à 11:21

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Se libérer de nos chaînes
Le jour de la signature du contrat commença un travail de longue haleine qui n'était pas sans rappeler celui que nous avions déjà effectué une éternité auparavant, me semblait-il. Toutefois, la synergie qui avait opéré entre nous lors de la création de la Pokéball n'était plus aussi présente ; Cuivra et Nyouvia étaient dévorées par l'envie de réussir à tout prix pour s'en mettre plein les poches une deuxième fois. C'était certes une motivation comme une autre, mais elles perdaient souvent les pédales lorsque nos expériences n'aboutissaient à rien – même Nyouvia, d'habitude si maîtresse d'elle-même –, leur donnant l'impression désagréable que le butin leur filait entre les doigts. Elles semblaient en oublier que la motivation première devait être notre liberté, ce que je ne manquai pas de leur rappeler… au début, tout du moins. Leur soif de réussite était contagieuse à tel point que je ne savais plus, qui de la liberté ou de l'argent, m'importait le plus. Et puis, lorsque l'on vous autorisait à travailler chez vous – ce que vous faisiez continuellement par le passé –, comment se rappeler que votre liberté n'était qu'illusoire ?

Avant de me mettre sérieusement au travail, je visionnai plusieurs fois la vidéo de l'évasion des Pokémon du centre de stockage. Une phrase parmi celles de l'homme qui avait participé à cette action d'éclat me restait dans la tête. Une promesse, plus précisément :

« Je vous promets de tout faire pour que vous ayez chacun votre paradis au lieu de ce… lieu d'oubli ! »

Il était vrai que le hangar n'avait rien d'un paradis, avec sa structure d'acier et ses murs de béton armé traités pour résister aux attaques de Pokémon… mais je n'avais pas trouvé mieux que mon système – ingénieux, certes, mais très insuffisant. Comment espérer alors trouver un meilleur moyen de stocker les Pokémon des années plus tard ?

Je visionnais encore et encore la vidéo, en quête d'un indice laissé à dessein, d'une quelconque piste à explorer que j'aurais ignorée ou qui m'aurait échappée. En vain. Finalement, je ne trouvai rien de mieux que de chercher à créer une sorte de paradis virtuel pour cette multitude de Pokémon que l'on laissait pourrir au fond de leurs Pokéball. Le concept de base était relativement simple : créer un univers virtuel qui avait tout de la réalité mais qui ne demandait qu'une place limitée : celle de stocker les Pokéball. Celles-ci seraient alors reliées à un gigantesque terminal dans lequel un programme permettrait de mettre en relation l'univers virtuel et les Pokémon. La question de la conception de l'univers virtuel ne me posait pas vraiment de problèmes, il s'agissait seulement de savoir manier un logiciel de dessin 3D quelconque. Ce qui était en revanche plus problématique, c'était la façon d'interférer directement avec le Pokémon à l'intérieur de sa Pokéball pour qu'il accède à l'univers virtuel et interagisse avec lui.

La recherche d'un tel processus fut une source d'échecs considérable qui rendait Cuivra et Nyouvia folles de rage jusqu'à ce qu'une nouvelle chance s'offre à nous et qu'elle échoue également, avant de voir qu'il existait une autre possibilité inexplorée – qui n'eut pas davantage de succès – et ainsi de suite jusqu'au jour où nous arrivâmes enfin à mettre au point l'algorithme parfait. Le Pokémon utilisé – un Keunotor spécialement capturé pour les besoins de nos expériences – se baladait dans notre cube avec un naturel confondant qui ne pouvait signifier qu'une chose : nous avions réussi un nouveau tour de force !

Nous nous attelâmes ensuite à la conception de l'univers virtuel qu'occuperaient les Pokémon en attendant leurs dresseurs – faute de mieux –, tâche qui requit de nombreux efforts et autant de nuits blanches mais qui, pour moi, relevait plus d'une partie de plaisir qu'autre chose à côté du travail déjà effectué. Alors que nous en avions presque terminé avec cette besogne et que la fin de notre emprisonnement – et, aussi, la fortune – nous semblait plus proche que jamais, une visite impromptue et des plus inattendues m'interrompit dans mon travail. L'homme de la vidéo ainsi que sa complice venaient me rendre visite !

« Vous ? réussis-je à articuler après avoir difficilement dégluti.
– Nous.
– M… mais que venez-vous donc faire ici ? »

L'inconnu tourna la tête vers sa complice qui lui sourit. Rien qu'à travers cet échange muet on pouvait deviner qu'un lien très fort les unissait l'un à l'autre.

« Mon… ami aimerait mettre la main à la pâte.
– Mettre la main à la pâte ? » répétai-je bêtement.

L'homme acquiesça tandis que je retrouvais enfin mon sang-froid.

« Hé… eh bien c'est très gentil à vous, mais je crains que nous n'ayons nullement besoin de votre aide.
– Vraiment ? s'enquit l'inconnu, visiblement surpris.
– Oui.
– Devons-nous en déduire que vous avez trouvé le moyen de régler le problème du stockage de tous ces Pokémon ?
– Ça se pourrait. Cela semble vous surprendre, je me trompe ?
– Non, je suis simplement… positivement surpris. À vrai dire, je… je me sentais coupable de vous avoir fait…
– À tort. Vous avez bien fait. J'en étais moi-même incapable mais… il le fallait. Je vous suis relativement reconnaissant pour cela. Maintenant, si vous voulez bien me laisser terminer mon travail.
– B… bien sûr. »

Les deux intrus semblaient vouloir assister au bon déroulement de notre projet, ce qui n'était pas vraiment pour me plaire : le public avait le don de me déconcentrer dans mes tâches – même la plus simple compagnie, c'est pourquoi je préférais travailler seul dans mon laboratoire personnel –, et je n'avais jamais accepté de faire une expérience en public si je n'étais pas absolument sûr de la réussite de celle-ci. Toutefois, ces deux-là semblaient prêts à se faire aussi petits que possible, si bien que je finis par me convaincre de les laisser assister à mes essais. Et puis, quelque chose me soufflait qu'ils pouvaient m'être utiles, bien que je ne susse pas encore pour le moment en quoi…

L'inconnu, très perspicace, eut tôt fait de réaliser en quoi consistait notre solution pour le problème de stockage immoral des Pokémon. Et, apparemment, elle n'était pas pour lui plaire puisqu'il ne tarda pas à s'étonner :

« C'est moi ou bien vous avez en tête de remplacer la réalité de leur existence par une virtualité aux apparences du réel ?
– Non, vous avez bien compris, fis-je d'un ton volontairement détaché.
– Et vous trouvez que cela a quelque chose de plus humain que de les laisser enfermer dans leurs Pokéball sans rien leur faire subir d'autre ? s'enquit la femme, stupéfaite.
– Parce que vous avez une meilleure idée, peut-être ? »

Elle rougit et baissa les yeux tandis que l'autre répondait à sa place :

« Ça se pourrait bien…
– Oh, vraiment ? Hé bien je serais très curieux d'entendre votre proposition, dans ce cas ! »

De nouveau, le jeune homme tourna la tête vers sa compagne qui se contenta d'acquiescer.

« Mon idée est relativement simple puisqu'elle consiste à laisser les Pokémon errer en toute liberté et à leur bon vouloir dans la nature en attendant que leur dresseur veuille les récupérer. Les Pokémon capturés porteraient un collier ou un bracelet électronique qui permettrait au dresseur de communiquer directement avec eux quand bon leur semblerait. Le Pokémon n'aurait alors plus qu'à rejoindre un centre Pokémon pour rentrer dans sa Pokéball et l'affaire serait conclue. Qu'en dîtes-vous ? »

Je passai de longues minutes à les détailler tous les deux en silence, mes yeux allant inlassablement de l'un à l'autre. Finalement, je poussai un soupir avant de leur demander avec un air déconfit :

« Combien de temps vous a-t-il fallu pour qu'une idée pareille germe dans votre esprit ?
– Oh, on a suffisamment eu le temps de réfléchir à tout ça durant notre recherche de votre domicile.
– Maintenant que vous le dîtes… mais comment m'avez-vous trouvé ? Je croyais qu'on était censé me laisser tranquille le temps de la mise au point de…
– Tanya a su, comme à son habitude, graisser la patte des personnes haut placées adéquates. »

Maintenant qu'il en parlait, il me semblait effectivement avoir vu la jeune femme autre part qu'en couverture des journaux pour avoir donné la liberté aux Pokémon du hangar…

« Dans ce cas, vous devez avoir suffisamment d'argent pour faire fabriquer vous-mêmes ces petites merveilles de technologie qui rendront la vie plus agréable à nos chers Pokémon sans recourir à moi…
– C'est-à-dire que… je tiens particulièrement à ce que ce soit vous qui ayez la vedette dans cette affaire. Après tout, c'est ma faute si vous vous retrouvez dans ce bourbier et je suis venu m'assurer que vous puissiez vous en sortir sans trop de difficulté… en vous tendant, éventuellement une branche.
– Et si je poursuivais dans la voie que nous nous sommes tracés mes amies et moi ?
– Vous feriez une grave erreur, et vous en êtes aussi conscient que nous. Car vous étiez sincère lors de votre procès, lorsque vous affirmiez être responsable de la maltraitance de tous ces Pokémon condamnés à rester enfermés dans leur Pokéball pour un temps indéterminé ; vous ne sauriez refuser l'aide que nous vous apportons. »

Je ne réussis pas à retenir un sourire au coin des lèvres.

« Cela veut donc dire que tout ce que nous avons élaboré jusqu'ici ne sert à rien ?
– Pas tout à fait, non… Je suis persuadé qu'un univers virtuel avec lequel peuvent interagir les Pokémon via leur Pokéball ouvre des possibilités jusqu'ici à peine effleurées – voire même inexplorées –, et que quelqu'un aura tôt fait de lui trouver une utilité tout à fait respectable… et puis, rien ne prouve la viabilité de notre suggestion.
– Oh, elle a pourtant toutes les chances de fonctionner.
– Vous en êtes certain ? s'enquit la jeune femme avec douceur.
– Absolument. Laissez-moi un peu de temps et je réglerais à votre façon notre problème. »

Les deux jeunes gens acquiescèrent et, aussi silencieusement qu'ils étaient apparus, ils me quittèrent.