La nature de l'être de Cyrlight

Pandore et Cynthia, après que celle-ci ait été informée de la situation, arrivèrent en courant à l'Arène Indigo. Le sol trembla, tandis que les décombres des vestiaires volaient en éclats. Le plafond s'affaissa, mais tint bon, par elles ne savaient quel miracle. Ce fut seulement en voyant émerger François et son Draco que son aînée comprit ce qui venait de se passer. Sans perdre une seconde, elle alla se jeter dans ses bras, tandis que la Championne de Sinnoh aidait les autres.

- Salut... fit-elle timidement lorsque Peter, fermant la marche, sorti à son tour, dans le sillage de Sören.
- Oui, je viens d'apprendre que tu étais de passage dans la région, et apparemment, j'étais le seul à ne pas être au courant.

Mais comme il souriait, Cynthia s'aperçut qu'il n'était pas en colère. Au contraire, il semblait soulagé de la voir, prête à l'épauler dans une période aussi sombre et risquée. Ils s'étreignirent brièvement, et le coeur de Pandore manqua un battement, ce qu'elle essaya d'ignorer, toujours contre son frère. Sören, quant à lui, attendait seul, un peu à l'écart, les mains dans les poches.

- Tout le monde va bien ? demanda le dracologue, pendant que les autres dresseurs se précipitaient vers leurs familles qui avaient attendu impatiemment un peu plus loin l'arrivée des secours qui avait tardés à venir.
- Je crois qu'il y a eu plus de peur que de mal, affirma le fils de Giovanni d'un air blasé. Merci de votre soutien, Peter. Sans vous, cette situation aurait tourné au drame.

Il avait prononcé cette phrase sans ciller, le regard posé sur Pandore, dont le visage s'empourpra soudain de colère, puis de honte. Elle se tourna vers le Maître de la Ligue, qui se mit à rire.

- Peter ! Vous êtes Peter ? Le Peter de la Ligue Indigo ?
- Le seul et l'unique.
- Mais pourquoi ne pas me l'avoir dit ?
- Peut-être parce que vous étiez l'une des rares à ne pas le savoir.

Les cinq nouveaux amis éclatèrent de rire, y compris Pandore qui s'en voulut de son jugement hâtif à l'égard d'une personne qu'elle avait cru ne jamais avoir rencontré et qui pourtant lui avait secrètement plu sans le savoir.

Et tandis que l'allégresse se poursuivait, un craquement qui n'annonçait rien de bon interrompit la risée. Comme un seul homme, ils levèrent les yeux vers le sommet des décombres, où un poteau électrique, qui était à l'accoutumée retenu par le mur des vestiaires, menaçait désormais de s'écrouler tout comme eux.

Pandore fut la première à réagir. Le pilier de béton était en train de s'effondrer, et Cynthia se trouvait dans son axe. Sans même réfléchir à ce qu'elle faisait, elle bondit sur la déesse pour la repousser, avant de tomber à l'endroit où celle-ci se tenait une seconde plus tôt. C'était désormais elle qui menaçait d'être écrasée.

Inconsciemment, dans un dernier recours, tandis que Sören et Peter appelaient en choeur leur pokémon, mais trop tard pour qu'ils aient le temps d'agir, la jeune femme tendit les bras au-dessus de son corps, comme si elle souhaitait retenir à mains nues le poteau qui allait lui tomber dessus.

Elle ferma les yeux, mais une fois encore, le choc ne vint pas. Son corps entier fut parcouru par une onde d'énergie chaude et puissante, qui lui était inconnue jusqu'alors, et se matérialisa autour d'elle sous la forme d'un Abri. Ahurie, elle regarda le pilier heurter sa protection magique, qui le brisa en deux. L'attaque s'évanouit, tandis que le fils de Giovanni la relevait, indemne.

- Que... Que s'est-il passé ? bredouilla Pandore qui n'y comprenait rien. Qu'est-ce que c'était ?
- Quelqu'un a utilisé une attaque Abri qui t'a probablement sauvé la vie.
- Je... Je ne sais pas ce... Tout est allé si vite.
- Je ferais bien de la ramener dans sa chambre, affirma Cynthia. Restez ici tous les trois, l'agent Caillou voudra sûrement savoir ce qui s'est passé lorsqu'elle arrivera. Je prendrais soin d'elle, ne vous inquiétez pas.

Passant un bras autour de sa taille, la Championne de Sinnoh soutint son amie qui était à deux doigts de l'évanouissement. Elles s'éloignèrent à pas lents en direction de l'hôtel, sous le regard anxieux des trois garçons qui obéirent, restant sur place pour communiquer les dernières nouvelles à la police.

Pandore aurait voulu parler, mais elle se sentait trop nauséeuse pour ouvrir la bouche. Alors qu'elles prenaient l'ascenseur pour monter jusqu'à l'étage où ils dormaient, elle se laissa glisser le long de la paroi métallique jusque sur le sol froid sur lequel elle s'allongea. Elle avait l'impression d'avoir de la fièvre. Cynthia s'accroupit à côté d'elle et prit ses mains tremblantes entre les siennes.

- Tu m'as encore une fois sauvé la vie. Merci infiniment, mais je ne veux pas que tu reprennes de tels risques. Je ne me le pardonnerais jamais s'il devait t'arriver quelque chose par ma faute.

Elle posa sa main sur son front pour vérifier si elle n'avait pas de température. Comme elle ne prononça pas un mot, Pandore songea que ce n'était pas le cas, pourtant elle avait l'impression de se consumer de l'intérieur, comme si un feu qu'elle n'arrivait pas à éteindre brûlait en elle. Il n'était pas douloureux, simplement étrange et inhabituel.

Quand elles arrivèrent sur le palier, la déesse la mit debout, la portant presque à moitié, pour la conduire à sa chambre, où elle l'aida à s'allonger sur son lit. Les nausées s'atténuaient un peu, mais c'était désormais sa tête qui tournait.

- Repose-toi, tu es en état de choc. Ce serait le cas de n'importe qui après ce que tu viens de vivre. Il faut que tu te remettes de tes émotions. Je vais rester là en attendant que Sören et François reviennent. Si tu as besoin de quelque chose, n'hésite pas. Je me ferai une joie d'aller t'y chercher,
- Cynthia, murmura la jeune fille d'une voix affaiblie, symptôme anormal si elle n'était qu'en état de choc, il faut... Je dois vous dire quelque chose. Tout à l'heure, quand Danny m'a attaquée... Un pokémon m'a sauvée. Je ne le connais pas, il est petit, rose, et il l'a appelé... Mew, je crois. Il a disparu juste au moment où vous êtes arrivée, en même temps que la Team Rocket dans l'attaque Brouillard.
- Mew, dis-tu ? Je connais vaguement. C'est un pokémon très rare. Je crois qu'à ce jour, aucune personne vivante ne l'a vu. Les légendes disent que ces créatures sont à l'origine de toutes les espèces pokémon, et qu'il y a des millénaires, ils étaient très nombreux, avant de s'éteindre. Il n'en resterait plus qu'un, apparemment celui que tu as rencontré. Ce que je trouve étrange, c'est pourquoi il se serait manifesté aujourd'hui, et particulièrement devant toi.
- Je ne sais pas, mais ce n'était pas la question que je me posais...
- Tu penses que s'il t'a sauvée de Danny, c'est peut-être également lui qui a fait apparaître l'attaque Abri qui t'a protégée du pylône ?
- Non. Ecoutez, Cynthia, je sais que cela va vous paraître fou, affirma Pandore en essayant de se redresser, avant de retomber sur son oreiller, épuisée, mais je suis certaine que... Enfin, j'ai la conviction... Ou plutôt je crois... Ce n'était pas Mew. J'ai plutôt l'impression que... c'était moi.

[*]

- Mew ! Mew mew. Mew ?
- Tu te demandes comment j'ai fait pour la sauver ?

Mewtwo et son original étaient assis sur le toit de l'hôtel où demeurait la jeune fille, afin d'en savoir très vite davantage sur son état de santé. Le clone regarda son compagnon, qui approuva d'un signe de tête.

- L'ennui, vois-tu, c'est que je ne peux pas te répondre.
- Mew ?
- Pour la simple et bonne raison que je n'y suis pour rien.