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Entre infini et au-delà de Cyrlight



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Informations

» Auteur : Cyrlight - Voir le profil
» Créé le 21/01/2013 à 10:33
» Dernière mise à jour le 13/05/2019 à 21:53

» Mots-clés :   Action   Drame   Fantastique   Mythologie   Suspense

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Chapitre 9 : Au seuil de mon avenir
« Chemin faisant, je dois pourtant trouver ma voie
Mais chaque choix ne dépend que de moi
Et mon coeur n’a pas sa place dans ce monde étrange
Il me tarde que le temps passe et qu’enfin ma vie change »


Au seuil de mon avenir - Pocahontas



Kathy arrêta son Ponyta à une bifurcation, où ils purent reprendre haleine. Elle observa longuement les panneaux indicateurs avant qu'ils aillent se dissimuler au cœur d'un bosquet d'arbres, au cas où la police passerait par là. Elle en profita pour étudier sa carte, car elle était complètement perdue.

— Nous allons devoir faire un détour, affirma-t-elle en suivant un tracé du doigt. Cette route mène tout droit à Littorella, or l'agent Jenny a déjà dû dépêcher bon nombre de ses collègues à notre recherche. Nous serions vite démasqués dans un si petit village. Le mieux pour nous est de continuer par des chemins détournés jusqu'à Féli-Cité. Il y aura beaucoup plus de monde là-bas, et nous nous ferons moins remarquer.

Encouragé par un claquement de langue, Ponyta se remit à avancer. Ils ignoraient depuis combien de temps ils étaient partis. Une petite heure, tout au plus, pourtant un siècle semblait s’être écoulé. La course dans la forêt les avait éreintés, et le soleil, de plus en plus haut dans le ciel, les assoiffait, alors que Kathy n'avait rien prévu ni pour boire ni pour manger.

Heureusement pour eux, un petit ruisseau coulait non loin de la route sur laquelle ils se déplaçaient. Ils y firent halte quelques minutes, le temps de se désaltérer. Le pokémon lapa directement l'eau fraîche et revigorante, tandis que la fillette mettait ses mains en coupe pour y recueillir le liquide.

Ils reprirent ensuite leur progression, essayant de demeurer le plus possible sous le couvert des arbres. Plusieurs fois, ils entendirent des gyrophares qui les firent sursauter, et craignirent de voir surgir la police pour mettre fin à leur aventure naissante. Kathy tremblait d'inquiétude à l'idée d'être arrêtée si près de son point de départ.

Comme ils n’avançaient pas vite, autant par prudence que par fatigue, sans parler des chemins presque impraticables qu’ils empruntaient, ils n’atteignirent Féli-Cité qu’en début d'après-midi. Ils attirèrent quelques regards curieux, mais dans l’ensemble, quasiment personne ne s'occupa d'eux, ainsi que Kathy l'avait supposé.

De nombreux piétons marchaient avec leur pokémon à côté d'eux, contrairement à Mérolia où Kathy n'en avait pas vu un seul. Elle mit donc pied à terre pour se mêler à la foule. Cela fonctionna : nul ne semblait les remarquer. Elle décida de profiter de ce court répit, offert par cette foule qui la rendait presque invisible aux yeux de la police si cette dernière choisissait de la chercher ici, pour réfléchir à son prochain itinéraire.

Ce ne fut qu'en passant devant un restaurant, d'où une délicieuse odeur s'échappait, qu'elle constata qu'elle était affamée. Elle n'avait cependant pas un pokédollar sur elle pour acheter quoi que ce soit, malgré les protestations répétées de son estomac. Elle n'avait pas songé à cela : comment allait-elle survivre sans argent, maintenant qu'elle était seule, perdue dans la vraie vie ?

Ponyta hennit avant de donner un coup de museau devant lui, comme pour montrer une direction. Tirant sur les rênes que sa cavalière avait à la main pour l'inviter à le suivre, il l'entraîna sur quelques mètres, jusqu'à une affiche aux couleurs vives qui se voyait d'assez loin.

— Concours pokémon, ouvert à tous, lut Kathy. Récompense : mille pokédollars pour le vainqueur. Tu es un génie, mon ami ! Il faut absolument que je participe ! Si je gagne, cela nous permettra d’acheter suffisamment de nourriture pour les jours à venir. Oh... Regarde ! Les inscriptions ne sont possibles que jusqu’à quatre heures. Vite, dépêchons-nous !

La fillette se remit en selle afin de gagner du temps et se lança à la recherche de la salle où se déroulerait le tournoi. Grâce à sa façade colorée et à la foule agglutinée juste devant, elle ne fut pas très difficile à localiser.

L’exaltation de Kathy laissa place à l’appréhension lorsque son tour arriva de se présenter au guichet d’inscription. Elle ignorait comment il fallait procéder et, surtout, elle avait peur de devoir fournir des documents d’identité, elle qui n’en possédait aucun. Elle n’avait pas envie d’attirer l’attention sur elle, car cela risquerait de parvenir aux oreilles de la police.

Heureusement, tout se déroula sans encombre. On lui demanda seulement de décliner son nom et son prénom, sans avoir à fournir de justificatif, car il s’agissait d’un évènement local organisé par la ville de Féli-Cité, et non d’un Concours officiel, avec remise de ruban à la clé.

— Je m’appelle Ka... commença Kathy avant de s’interrompre, consciente qu’il serait préférable de ne pas révéler qui elle était réellement. Cassy. Cassy... Rilène. Native de... Unionpolis.

Elle se souvenait vaguement d’avoir lu ce nom sur la carte de la région, et ce fut le seul qui lui revint en mémoire à cet instant précis. Elle avait déjà eu de la chance que son imagination lui fournisse un pseudonyme sans qu’elle ait eu besoin de temps pour y réfléchir.

Cela parut convenir, car la femme à qui elle s’adressait valida son inscription, avant de lui tendre un badge sur lequel était noté son numéro de passage. La fillette la remercia, puis osa demander d’une toute petite voix :

— Est-ce que vous pourriez m’expliquer le fonctionnement du tournoi, s’il vous plaît ?
— Eh bien, puisque tu viens d’Unionpolis, je me doute que tu as déjà dû assister à quelques Concours. Le principe est exactement le même.
— Ah... Je vois.

Kathy – ou plutôt Cassy, désormais – se mordit la lèvre en réalisant l’erreur qu’elle avait commise en évoquant cette ville. Cela lui compliquait la tâche, et elle allait devoir redoubler d’ingéniosité et de prudence si elle souhaitait obtenir davantage d’informations.

— Il n’y a rien qui change ? Rien du tout ?
— Non, non. Tout se déroule à l’identique. On commence avec les prestations, puis les douze candidats sélectionnés enchaînent avec les matchs éliminatoires, jusqu’à la finale. Tu ne te sentiras pas trop dépaysée, même s’il faut reconnaître que notre salle n’a ni l’élégance ni le prestige de celle d’Unionpolis.

Cassy hocha la tête, sans conviction, car elle n’était pas plus avancée. Il ne lui restait plus qu’à observer les autres candidats avant de monter sur scène, en espérant que cela lui donnerait une vague idée de ce que l’on attendrait d’elle. Ayant hérité de la vingt-septième position, elle avait un peu de temps devant elle.

Elle éprouva une pointe de soulagement en constatant qu’elle ne serait pas la seule à épier les performances des autres participants depuis les coulisses. Plusieurs personnes étaient déjà en train d’observer, tapies derrière les rideaux. L’enfant réussit à se faire une petite place parmi elles.

Apparemment, il fallait utiliser les capacités du pokémon partenaire pour créer des figures artistiques. Cassy sentit un frisson lui parcourir l’échine en songeant qu’elle connaissait à peine celles de Ponyta, étant donné qu’elle n’avait quasiment jamais eu à lui ordonner de les utiliser.

— Et maintenant, mesdames et messieurs, voici une candidate venue tout droit de la capitale mondiale des Concours : Unionpolis. Merci à vous de faire une ovation à Cassy Rilène !

Absorbée par la contemplation du spectacle et pas encore habituée à son pseudonyme fraîchement choisi, l’intéressée mit une poignée de secondes à s'apercevoir que l'on parlait d'elle. Elle prit une profonde inspiration et siffla Ponyta, qui la rejoignit en fendant la foule.

En étudiant les techniques des autres concurrents, Cassy en avait conclu que les entrées théâtrales provoquaient l’engouement du jury et des spectateurs. Elle se hissa donc sur le dos de sa monture et fit irruption sur scène au petit galop, sous un tonnerre d’applaudissements.

Le bruit et les centaines de paires d’yeux qui la fixaient la paralysèrent un instant. Et si quelqu’un la reconnaissait ? Et s’il y avait des policiers, dans la salle, qui savait à quoi elle ressemblait ? Elle secoua la tête, s’intimant de se ressaisir. Rien ne prouvait qu’il y avait qui que ce soit susceptible de la démasquer ici, et elle ne devait pas laisser la peur la détourner de son objectif.

Reprenant contenance, elle arrêta Ponyta face au public et l’invita à tendre son antérieur droit pour exécuter une révérence équine. Pendant qu’il se redressait, elle passa sa jambe par-dessus son encolure et se laissa tomber gracieusement à terre. Elle lui intima ensuite de se mettre à trottiner en cercle autour d’elle, tout en réalisant une attaque Danse-Flamme.

Elle redouta de s’être trompée de nom, mais se rassura en voyant Ponyta souffler cinq anneaux enflammés, au milieu desquels il sauta avec une parfaite aisance. Quand il eut terminé, il revint vers Cassy, où il se cabra en crachant une Flammèche magistrale en direction du plafond. Elle était si intense que la température parut s’accroître de quelques degrés autour d’eux.

La foule les ovationna et Cassy les salua de la main, avant de glisser son pied dans l’étrier. Elle ne s’installa pas à califourchon mais demeura debout, sur une jambe, ses doigts agrippés à la crinière de son partenaire, et quitta la scène.

Une fois tous les candidats passés, elle vit avec soulagement son nom apparaître sur l’écran des douze qualifiés. Cela l'autorisait à accéder à l’étape suivante, celle des matchs, qui fut loin de se montrer aussi aisée, à son grand dam. Ponyta n’ayant presque aucune expérience en combat, seule la chance du débutant lui permit de se hisser en finale.

Le corps de Cassy tremblait au moment de son ultime montée sur scène. La peur se mêlait à la pression, car elle refusait d'échouer si près du but. Elle avait besoin de l’argent promis au vainqueur si elle voulait poursuivre son aventure.

La fillette salua son adversaire, un adolescent d’environ seize ans aux cheveux noués en catogan. Un Tiplouf se tenait à ses côtés, et Cassy grimaça à sa vue. Même sans être une experte, elle savait que son type eau lui conférait à lui seul un avantage non négligeable sur Ponyta.

Le poney de feu débuta le match avec une attaque Écrasement, qui eut pour effet d’apeurer son adversaire. Suivant les ordres de sa maîtresse, il enchaîna avec une Flammèche. Tiplouf souffrant d’une brûlure, sa barre de points diminua un peu, offrant une légère avance à Cassy.

Cela ne dura pas. Dès que le pokémon aquatique se fut remis de ces deux assauts successifs, il lança la capacité Bulle d’O. Touché, Ponyta dut s’ébrouer violemment et ne vit pas fondre sur lui le Picpic qui s’en suivit, l’obligeant à reculer de quelques pas. Cassy perdit un nombre considérable de points, car en plus d’atteindre leur objectif, les attaques orchestrées par son rival étaient de toute beauté.

La fillette s’interdit de se laisser démoraliser, mais l’expérience du garçon qu’elle affrontait eut raison de ses piètres connaissances. Tiplouf projeta un Siphon sur Ponyta, qui tenta de résister, mais ses jambes chancelèrent avant qu’il ne s’effondre, vaincu. La barre de Cassy disparut de l’écran en même temps que ses espoirs.

Son concurrent, après avoir félicité son pokémon, traversa la scène pour venir lui serrer la main. L’enfant accepta aussi dignement que possible l’honneur qu’il lui faisait, sans pouvoir ignorer le pincement de son cœur. Elle n’était pas mauvaise perdante, mais cela l’obligeait à réfléchir à un autre moyen de trouver de l’argent, ou au moins de la nourriture.

Elle retrouva le sourire lors de la remise des prix, quand elle découvrit que la seconde place donnait également le droit à une récompense. Elle obtint la somme de cinq cents pokédollars, ce qui était bien plus que tout ce dont elle aurait pu rêver après sa défaite.

Le cœur plus léger, Cassy quitta la salle avec Ponyta et s’empressa d’acheter assez de vivres pour tenir toute une semaine. Elle se dirigea ensuite vers la sortie de la ville, où elle s’immobilisa pour contempler Féli-Cité dans son ensemble, théâtre de sa première prise de contact avec ce monde qu’elle aspirait à découvrir.

À présent qu’elle avait de quoi s’alimenter, son avenir était moins incertain, mais non moins flou. Elle n’avait aucune idée de l’endroit où elle allait. Ce dont elle était sûre, en revanche, c’était qu’elle ne reviendrait pas en arrière. Elle irait jusqu’au bout, où que cela la mène.