La nature de l'être de Cyrlight

Il y eu un long silence, moment interminable pour le clone qui crut ne jamais le voir se terminer. Finalement, alors qu'il tremblait de tous ses membres, impatient, Pandore finit par hausser les épaules en lâchant :

- Mewtwo, tu dis ? Jamais entendu parler.
- Moi non plus, surenchérit le fils de Giovanni. Ta soeur a raison, sûrement des divagations de la part de Danny pour je ne sais quel motif. Mon père connaissait quasiment tous les pokémon existants dans le monde, or il ne m'a jamais parlé de celui-ci.
- Si vous le dîtes. Après tout, Sören, tu es le mieux placé pour le savoir.

Depuis le ciel, le légendaire poussa un soupir de soulagement. Leur mémoire n'avait pas été ravivée : il ne craignait rien. Ses pouvoirs et ceux de Jirachi étaient impénétrables. Jamais les deux jeunes gens ne se rappelleraient de lui.

Mew finit par arriver à ses côtés, trop tard. N'ayant plus rien à accomplir ici, rassuré de savoir que le souvenir ne rattraperait pas Pandore, il décida de retourner lui-même auprès du génie des voeux en laissant son original sur place. Toutefois, rien ne l'obligeait à partir sur le champ. Il pouvait bien se permettre de rester encore quelques minutes, quelques heures, pour observer son unique amie, sans qu'elle n'en sache rien. Il fallait seulement qu'il fasse attention à rester invisible à ses yeux.

[*]

Pandore s'installa dans les tribunes. Les seizièmes de finale était sur le point de commencer et la tension était à son comble. Les amis, la famille, les proches, tous étaient venus encourager un dresseur qui s'apprêtait à entre dans l'Arène. Quant à elle, seule, elle en soutenait deux.

Le tirage au sort eut lieu, indiquant les adversaires respectifs de Sören et François. Son frère se retrouvait encore face à un rival peu expérimenté, d'après ce dont elle se souvenait des matchs du premier tour, mais le concurrent du fils de Giovanni serait probablement plus ardu à vaincre.

Alors que les deux premiers dresseurs s'apprêtaient à pénétrer dans l'Arène Indigo, elle aperçut une silhouette qu'elle commençait à bien connaître. Dévalant les gradins un à un sous les protestations des spectateurs, elle la rejoignit au moment où son rival lui adressait un signe de la main. Il se tenait à la limite de la sortie des vestiaires, son capuchon rabattu sur son visage.

- Comment allez-vous ? s'enquit Pandore tandis qu'il lui baisait la main avec galanterie.
- A merveille. Je suis venu voir comment s'en sortent nos nouveaux jeunes talents. Je me demande bien qui pourrait aller jusqu'à atteindre le Maître. Plusieurs d'entre eux sont relativement doués.
- Sören ira en finale, et il affrontera Peter.

Elle avait dit cela avec un tel naturel qu'elle éclata de rire, et son ami en fit de même. Elle se culpabilisa légèrement d'avoir si peu confiance à son frère, mais elle ne pouvait nier l'évidence : même s'ils se retrouvaient face à face pour la dernière manche, il était évident que le jeune homme l'emporterait.

- En êtes-vous certaine ?
- Je pense qu'il ne faut pas le sous-estimer. J'ai rarement rencontré de dresseurs avec de telles capacités, et en dehors de vous-même, capable de me vaincre.

Elle s'apprêtait à lui parler de la fatigue qui pourrait cependant les handicaper suite à la nuit mouvementée qu'ils avaient passé, mais elle se souvint de la promesse qu'ils avaient faite à l'agent Jenny de ne rien révéler des évènements récents à personne. Même si elle était certaine de pouvoir avoir confiance en son rival pour ne pas ébruiter l'affaire, elle serait forcée d'évoquer Cynthia tôt ou tard, alors que là encore, elle avait juré de ne rien dire. Même si l'idée l'avait déjà effleurée auparavant, sa pensée était toute autre désormais : elle avait sauvé François, elle lui devait donc bien cela.

Les premiers matchs se déroulèrent sans anicroches. Le cinquième approchait à grands pas : ce serait à Sören de jouer. Le jeune homme arriva d'ailleurs sur le terrain et, cherchant Pandore des yeux dans les tribunes, il ne regarda pas en contrebas où pourtant elle se trouvait. Les signes de la main qu'elle lui adressa restèrent donc sans réponse.

- Voyons voir ce qu'il arrive à faire, sourit son rival tandis que les deux adversaires se faisaient face dans l'Arène. Je n'ai pas bien pu juger au premier tour, et je voudrais savoir s'il est vraiment aussi redoutable que vous me le laissez entendre.

Le dresseur choisit d'envoyer un Aeromite au combat, tandis que Sören avait déjà sorti Absol de sa pokéball. La situation n'était pas à son avantage : le type ténèbre était affaibli face au type insecte. Il ne paraissait toutefois pas inquiet de ce déséquilibre, et invita même son adversaire à lancer la première attaque.

- Je ne comprends vraiment pas sa tactique, informa l'ami de Pandore tandis que le pokémon encaissait sans l'avoir vu venir un nouveau Vent Argenté, qui suivit une Papillodanse.
- Je dois avouer que moi non plus. Absol est le meilleur atout de Sören, et il le garde généralement pour la fin des affrontements, afin de créer un effet de surprise. J'ignore ce qu'il lui prend.

Alors que la créature semblait au plus mal, un sourire s'étira sur les lèvres du fils de Giovanni. La jeune femme le regarda faire craquer ses jointures, une étincelle dans le regard, avant d'ordonner un simple mot d'un ton sans appel :

- Requiem.

Plusieurs ondes lumineuses se dirigèrent vers l'Aeromite, tandis qu'un bruit rythmé, à l'instar d'un métronome, résonnait sur l'Arène Indigo. Quelques secondes plus tard, les deux pokémon s'écroulèrent en même temps, mis K.O. par l'inévitable conséquence de l'attaque.

- Je retire ce que j'ai dit, il fallait y songer, affirma le rival, bouche bée.

La suite du match se déroula beaucoup plus facilement : Léviator eut raison d'un Volcaropod et d'un Gravalanch, avant d'être à son tour envoyé au tapis par un Raichu d'une unique Fatal-Foudre. Lui-même fut terrassé par Luxray au cour d'un affrontement un peu plus délicat, puis Etouraptor de chargea des deux pokémon restants, à savoir un Heliatronc et un Colossinge,

- Alors ? N'a-t-il pas l'étoffe d'un champion ? s'enquit Pandore en se tournant vers son interlocuteur, un léger sourire aux lèvres.
- Effectivement, il a toutes ses chances d'arriver en finale. Je dirais même qu'il donnerait du fil à retordre aux meilleurs dresseurs.
- Ce n'est pas le fils de Giovanni Rocket pour rien, en même temps. Après tout, il a grandi dans l'Arène de Jadielle et a eu tout le loisir de s'entraîner.

Son ami acquiesça d'un signe de tête tandis que François pénétrait à son tour sur le terrain. L'anxiété se lisait sur son visage. Il avait peur de ne pas se montrer à la hauteur suite à la talentueuse démonstration que Sören venait d'exécuter avant lui.

Lui remarqua immédiatement Pandore, et reconnut Peter grâce à son inséparable cape. Il éclata d'un rire silencieux en voyant sa soeur avec le Maître de la Ligue qu'elle était certaine de détester. Cela allégea un peu son esprit, il devint plus calme au fur et à mesure que le début du match approchait.

Tout se passa très bien. Trois pokémon lui suffirent à avoir raison de l'équipe adverse. Dans les tribunes, la jeune femme exécuta quelques bonds de joie à l'idée que tous les deux s'étaient qualifiés pour les huitièmes de finale. Cependant, comme son ami le lui avait remarqué, François aurait du mal à franchir la prochaine étape. Durant son combat, bien qu'il l'ait remporté, il avait pointé du doigt tous les défauts de sa stratégie, très fragile lorsqu'on prenait le temps d'y réfléchir un instant. Il avait toujours été un adepte du "ça passe ou ça casse".

Alors que son rival transmettait à Pandore quelques conseils à adresser à son frère pour lui permettre de s'améliorer, ce dont elle lui était reconnaissante, pendant qu'un nouvel affrontement avait lieu dans l'Arène Indigo, un bruit assourdissant, en provenance du ciel, détourna le regard des spectateurs autant que celui des deux dresseurs qui combattaient. Pandore porta une main à sa bouche tandis que le jeune homme, à côté d'elle, observait avec étonnement ce qui était en train de se produire, alors que tout était si calme quelques secondes plus tôt.