La nature de l'être de Cyrlight

Quand Pandore et François arrivèrent à la maison en ruine avec l'agent Caillou, suivie par toute la police du Plateau Indigo, Danny était parti depuis longtemps. Cependant, grâce à la paralysie que Luxray avait infligé aux sbires Rocket, ils purent être menottés et conduits en prison où ils allaient être interrogés.

- Vous avez fait un excellent travail, les enfants. Et merci à vous, Cynthia. Si vous n'étiez pas intervenue personnellement, qui sait ce qui aurait pu se passer, félicita la femme en uniforme.
- Rien de très dramatique, au fond. Cet homme, Danny, n'aurait fait aucun mal à François. C'était après Pandore qu'il en avait. Je l'ai compris lorsque l'hôtelière m'a remis le message qu'il lui avait communiqué par visiophone. Mais que te voulait-il ?
- La Masterball, répondirent en choeur l'intéressée et son cadet. Je l'ai dérobée à Azuria, dans la Caverne Azurée, mais une fois Lugia libéré à Sinnoh, je l'ai totalement détruite. Seulement, il n'acceptera pas de croire une explication pareille, et nous n'aurons pas un instant de répit tant qu'il n'aura pas obtenu ce qu'il désire.
- Je vais interroger ces criminels, affirma l'agent Caillou en désignant du menton les deux hommes que ses collègues emmenaient au poste. J'espère leur tirer un maximum d'informations, afin de mettre au clair les ambitions de Danny. Cependant, je vous prierai de rester discrets. La moitié des dresseurs de la région sont ici, je ne voudrais pas créer une vague de panique. Laissons le Championnat de la Ligue Indigo se dérouler dans les meilleures conditions possibles.

Les quatre amis approuvèrent d'un signe de tête avant qu'elle ne prenne congé. Sören et François partirent ensuite à l'hôtel, mais Pandore resta seule un moment avec la déesse de Sinnoh. Elles gardèrent le silence durant plusieurs minutes, avant que la dresseuse ne finisse par prendre la parole :

- Merci d'avoir sauvé mon petit frère, je crois que je n'aurais jamais pu me le pardonner s'il lui était arrivé quelque chose. Et je suis aussi désolée pour vous avoir crié dessus tout à l'heure, je n'avais pas vraiment la tête à ce que je faisais.
- Tu es déjà toute pardonnée. Vous aussi, vous m'avez sauvée après que Danny m'ait attaquée, il était bien normal que j'en fasse de même. Nous sommes quittes, à présent. Et puis, j'aurais été une bien mauvaise Championne si je n'avais pas aidé la jeune femme qui a protégé Sinnoh de la Team Rocket.
- Ce n'était pas grand-chose, vous savez. D'ailleurs, c'était avant tout pour me sauver moi. Giovanni ne m'aurait jamais laissée en paix si je ne l'avais pas vaincu. Rien que de penser que Danny est dans la nature, je...

Pandore ne termina pas sa phrase et son interlocutrice se contenta de poser une main amicale sur son épaule. Elle la regarda, belle, dévouée, à l'écoute. Sa rancoeur à son égard sembla s'envoler un instant. Elle comprenait pourquoi son rival était amoureux d'elle : il avait toutes les raisons du monde. Elle n'avait d'autre choix que de s'incliner devant cette femme qui venait de risquer sa vie pour sauver celle de son frère.

- Tu es épuisée, la nuit a été longue et chargée en émotions pour toi. Il faut que vous soyez en pleine forme demain, tous les trois. N'oubliez pas que c'est le second tour de la Ligue Indigo.
- Encore merci, Cynthia, murmura la dresseuse en enfourchant son Dracaufeu. Vous êtes vraiment quelqu'un de bien.

Coupable de toutes les mauvaises pensées qu'elle avait eu à son égard, elle s'éloigna en évitant de croiser les yeux gris de la Championne. Elle rentra à l'hôtel où elle retrouva ses amis. Sören était assis dans le fauteuil, François allongé sur son lit. Très vite, elle ôta ses bottines avant d'aller s'accroupir à côté de lui.

- Tu te remets ?
- Je vais bien, cesse un peu de t'inquiéter pour moi. C'est pour toi qu'il faut avoir peur. Danny ne m'aurait rien fait, par contre, si tu tombes entre ses mains, je n'ose même pas imaginer ce qui pourrait se passer. Je crois que Cynthia nous a rendu un fier service, ce soir. Si elle n'était pas intervenue avant toi, tu te serais probablement jetée dans la gueule du Medhyena.
- C'est vrai, nous lui devons beaucoup. Je m'étais faite une fausse opinion d'elle et je l'avais mal jugée, aveuglée par mon orgueil. Je me rends maintenant compte de mon erreur.

Pandore se leva pour gagner son lit à son tour, lorsqu'elle s'aperçut que Sören venait de s'assoupir dans le fauteuil. Elle éteignit la lumière et, avec un sourire que la pénombre empêcha de distinguer, elle prit la couverture soigneusement pliée sur le lit du jeune homme pour aller l'en couvrir. Elle s'allongea ensuite, épuisée. La Championne de Sinnoh avait raison : elle avait grand besoin de dormir.

- Pandore ?
- Hmm ? souffla-t-elle alors qu'elle avait déjà fermé les yeux.
- Tu as un problème avec les Maîtres de la Ligue ?
- Pourquoi dis-tu cela ?
- Tu nous fais comprendre à longueur de journée que tu détestes Peter, et tu viens de me dire que tu avais mal jugé Cynthia.
- A la différence près que pour elle, j'avais une raison plus ou moins valable, mais maintenant, cela ne compte plus. Elle t'a sauvé la vie.
- Et qu'est-ce que tu avais à lui reprocher ?

Pandore ajusta son oreiller et se mit sur le dos, les yeux rivés sur le plafond invisible dans l'obscurité. La curiosité de son frère finirait par l'empêcher de dormir, cependant elle était certaine que ce serait lui qui passerait une nuit blanche à essayer de répondre à cette question si elle ne le faisait pas. Or, c'était lui qui combattait le lendemain matin.

- Tu sais, mon rival, celui dont je vous parle sans cesse. Je crois que... Je crois que je l'aime bien, avoua-t-elle après une légère hésitation, et elle fut heureuse que personne ne puisse voir ses joues rosies. Sauf qu'il a déjà une petite amie en la personne de Cynthia, donc j'étais un peu, voire même très, jalouse.
- Cynthia. La petite amie de... Mais...
- J'ai rêvé ou tu viens de rire ?
- Moi ? Pas du tout. Je suis trop fatigué pour cela. Bonne nuit, grande soeur.

François dut plonger son visage dans son oreiller pour s'empêcher de pouffer à nouveau. Il avait hâte de voir la tête que ferait Pandore lorsqu'elle découvrirait que son beau et mystérieux rival n'était autre que Peter, sur lequel elle aimait passer ses nerfs du matin au soir, et qu'elle trouvait toujours à critiquer dès que quelque chose n'allait pas, même lorsqu'il n'y était pour rien.

[*]

- Mewtwo, attends ! s'exclama Jirachi en retenant par la queue son ami qui faisait plus de six fois sa taille. Tu ne peux pas y aller, maintenant ! C'est trop tard. Danny a déjà dû parler de toi à François, qui peut révéler ton existence à Pandore à n'importe quel moment. Si ton nom ne lui évoquera sûrement rien, tu ne peux pas prendre le risque de paraître devant elle. Je ne pourrai pas exaucer un deuxième voeu.
- Dans ce cas, il n'y a plus qu'à espérer qu'elle ne me voit pas. Avec un peu de chance, j'arriverai à temps pour sortir les révélations de Danny à mon sujet de l'esprit de son frère, ensuite je me lancerai à sa poursuite et j'en ferai de même avec cet ignoble individu.
- Et si tu échoues ?
- De toute façon, que je choisisse l'une ou l'autre de ces deux options, je cours quand même le risque d'être percé à jour. Autant tenter le tout pour le tout en me disant que cette tentative, même suicidaire, peut peut-être mettre définitivement Pandore à l'abri de mon ombre.
- Il s'agit uniquement de cela ? Ou tu as simplement envie de la revoir ?
- Je te promets, Jirachi, que je ferai tout mon possible pour que nos chemins ne se croisent pas. Je demanderai à Mew de venir te rejoindre dès que possible, afin que nous restions en contact.
- Ce plan ne m'emballe pas, mais si c'est la seule chose à faire, je ne t'en empêcherai pas. J'espère simplement que tu pourras approcher François avant que ce ne soit Pandore qui te repère toi.