Dans le donjon
Après nous êtres excusés auprès du garde, nous reculâmes pour savoir quoi faire. Une fois à cinq ou six mètres de la tour, je regardai le haut du beffroi et je remarquai des radiations électriques en provenance du sommet du campanile.
« Et, dites, les amis, » demandai-je.
« Oui ?
-Vous ne voyez pas ces radiations électriques, tout là-haut ?
-Non. » dit Posi, assez étonné.
« Mais si ! » m'exclamai-je. « En haut de la tour, il y a quelque chose qui émet des radiations électriques !
-Ta vue est plus développée que la nôtre » dit Neva d'un ton naturel. « C'est normal que tu les voies et pas nous.
-Quoi qu'il en soit, je veux en avoir le cœur net ! » dis-je d'un ton ferme.
« Tu as bien entendu le garde ; interdit de rentrer tant que la messe n'est pas finie, et pour prier un Pokémon de ce genre, les messes durent bien des heures et des heures.
-Tu connais quelque chose de plus barbant ? » demandai-je.
« Oui » reprit Posi, « devoir écouter ma sœur parler de maths et de géo !
-Roh, ça va… » ronchonna Neva.
« Comment on va faire pour monter là-haut ? » questionnai-je mes amis.
« Il se trouve que j'ai un plan », s'exclama Neva. « Venez ici, je vous le raconte… »
« Ok, on fait comme on a dit ?
-Bien sûr ! » s'écrièrent en cœur Neva et Posi.
« Alors c'est parti ! »
Neva passa devant le Judokrak, ne faisant pas attention à celui-ci. Une fois qu'elle fut derrière lui, elle lança une attaque Berceuse sur le garde, qui ne s'était toujours pas retourné vers la petite coquine.
Le Judokrak, sous l'effet de la Berceuse, s'endormit aussitôt. Moi et mes deux amis entrâmes dans le donjon.
Je restai bouche bée devant tant de beauté : devant moi, une magnifique statue de Latias, reine de la sagesse. Juste à côté d'elle, une toute aussi belle sculpture de Latios, son frère, maître des vents. Les deux statues se regardaient, ailes ouvertes, comme si elles voulaient offrir quelque chose à l'autre. Au centre, assis sur des bancs, des Meditikka priaient, tous face à l'autel en or, couvert de gravures représentant les différents symboles des Pokémon Légendaires. Ils devaient être dans la phase où ils priaient Cresselia, maîtresse de la lune, car une magnifique représentation de la Lune était accrochée au plafond, en voûte, comme une église.
« Combien y en a-t-il, selon vous ? De moines, je veux dire. » murmura Neva.
« Une trentaine, je dirais, » répondis-je, paralysée par la beauté des lieux.
Les fenêtres étaient remplies de vitraux, soit représentant la création des Pokémon par Arceus, soit la vie et le long périple des frères Latias et Latios.
Sur notre gauche, je vis alors un escalier en colimaçon qui devait mener tout en haut du donjon. J'en fis part à mes amis. Nous nous déplaçâmes très silencieusement vers la gauche, en essayant de ne pas troubler les Meditikka dans leurs prières, et commençâmes à monter.
« Arf, arf, arf… » pesta Posi. « Combien… y a-t-il… de marches… ?
-D'après ce guide » fit Neva, « environ 500 !
-Pourquoi avoir mis tant de marches ? » demandai-je.
« Apparemment, les gens ayant construit ces escaliers voulaient rejoindre le ciel, pour pouvoir visiter la reine Latias. Mais quand ils découvrirent que le ciel était infini, ils se rendirent compte que c'était peine perdue et abandonnèrent. C'est pour cela que ces marches donnent sur une petite terrasse, mais sans plus.
-Alors ces escaliers sont récents ? Cette étude n'est pas très vieille…
-Hm… Deux cents ans, je dirais.
-Une minute » s'exclama Posi. « D'où tu sors ce guide ?
-Je l'ai pris à l'entrée, » dit Neva, toute innocente.
Enfin, nous débouchâmes sur la terrasse dont avait parlé Neva. Et là, stupéfaction.
La vue était magnifique, certes ; on voyait à plus d'un kilomètre à la ronde, mais ce n'était pas ça qui me comblait le plus : je venais de trouver l'objet qui m'intriguait tant : une magnifique pierre verte avec un éclair dessus.
« C'est une Pierrefoudre, » dit Posi, comme s'il lisait dans mes pensées. « Ses radiations peuvent faire évoluer certains Pokémon, alors n'y touche pas, d'accord ?
-Mais ne t'inquiète pas, je sais que je n'évoluerai pas comme ça !
-Fais attention quand même… On ne sait pas ce qui nous attend. »
Je m'approchai prudemment et, quand je fus à deux ou trois mètres de la Pierre, rien ne se passa ; j'en déduis donc que je pouvais la toucher sans risques. Je donnai un petit coup de museau sur la Pierre, qui tangua dangereusement et qui menaça de tomber dans l'océan houleux qui était de l'autre côté de la tour et que l'on n'avait pas pu remarquer depuis le bas.
« Attention ! » s'exclama Posi. « Si elle tombe dans l'eau, elle risque d'éradiquer tous les Pokémon Poissons de la région !
-J'ai compris, monsieur Ecolo, » dis-je.
Posi, vexé, se mis dans un coin et n'en bougea plus.
« Neva, pourrais-tu prendre la Pierre ? Je n'ai pas de bras et Posi fait l'idiot.
-Tout de suite.
-Attention, c'est fragile !
-Je le sais ! » s'écria Neva. Elle prit la Pierre doucement et nous nous apprêtâmes à redescendre quand soudain, Posi s'écria :
« Oh non, le Judokrak, il n'est plus en bas ! »
Je restai figée d'horreur : que se passerait-il si le Judokrak nous surprenait ?
J'entendis des pas dans les escaliers et une voix qui marmonnait :
« Ces petits morveux désobéissants… »
Puis, d'autres pas, d'autres voix. Le Judokrak avait dû attirer l'attention des Meditikka, qui montaient par dizaines jusqu'à nous.
« Qu'est-ce qu'on fait ? » murmura Posi.
« On se bat » déclarai-je.
Quand le premier Meditikka sortit la tête par le trou des escaliers, je relâchai mon Onde de Choc sur toute la terrasse.
Les Meditikka accouraient par dizaines. Je me rendis compte, à ce moment là, qu'ils étaient beaucoup plus que trente. J'hurlai à Neva :
« Mets-toi à couvert, tu as la Pierre, fais attention ! »
Neva cria une réponse partiellement incompréhensible que je mis plusieurs secondes à comprendre :
« Chuiacouvert !!! »
Elle l'avait hurlé si vite que je n'avais pas tout compris.
Posi, qui n'était plus vexé et qui prenait part au combat, lançait des éclairs sur tous les Meditikka's qui osaient l'approcher.
Je me retrouvai face au Judokrak, avec une seule solution en tête : le vaincre.
Il voulut me lancer une attaque Double-Pied, mais je fus plus rapide et je m'élançai pour le mordre, chose que je réussis parfaitement ; il se prit mes crocs en pleine jambe.
Le Judokrak hurla de douleur et me lança une attaque Frappe Atlas que je ne pus malheureusement pas esquiver, et qui me lança à l'autre bout de la terrasse. Il m'envoya si loin que j'arrivai au bord de la plateforme. Je sentis mes sens en alerte ; le danger pouvait venir de n'importe où. Je revécus cette sensation de chute, celle que j'avais senti quand j'avais été transportée dans ce monde. Mais je m'accrochai de justesse au bord, et parvint à me hisser jusqu'à la plateforme.
« Là, je suis vraiment en colère ! » hurlai-je.
Dans le chaos, le Judokrak ne m'avait pas vu, il avait une autre tâche : croyant m'avoir achevée, il était en train d'aider un Meditikka contre Posi, qui essayait de se défendre tant bien que mal.
Je rassemblai toute mon énergie et lançai une attaque inconnue sur le Judokrak. La foudre tomba sur le Judokrak, qui fut expulsé dans l'eau. Les Meditikka, devant mon énorme éclair, retournèrent dans leur donjon.
Neva et Posi accoururent. Neva me félicita.
« Bravo ! Comment… as-tu fait ça ?
-Je ne sais pas » avouai-je d'une voix faible.
« Ca ne m'étonne pas, » dit Posi. « Tu viens d'exécuter une attaque Fatal-Foudre. »
L'effort était trop dur pour moi, je m'évanouis à ce moment là.