Retrouvailles
Au réveil, j'avais mal au dos, plein de courbatures, bref, je n'étais pas en super forme. J'ouvris les yeux, petit à petit, et vis une grande ombre sur moi. Je les refermai aussitôt, me disant que c'était peut-être un cauchemar qui cesserait une fois que je m'aurai pincé la patte.
Je rouvris les yeux, mais l'ombre n'avait pas bougé. Je me suis alors dit un truc :
« La technique du pincement, c'est nul, voilà, c'est dit ! »
« Nega neganega ? » dit l'ombre. Sa voix était toute claire, cristalline. C'était une voix de… fille.
Une pensée m'effleura l'esprit : et si c'était… ? Non, impossible.
« Posi, posiposipi ! »
Posi ? Mais alors ? C'était peut-être… Ou alors, ce n'était qu'un Posipi tout à fait normal.
« Nega. »
Je comprenais ce qu'ils disaient. Ils se demandaient si j'étais… Dyna. Alors, cela voulait dire que c'étaient… Neva et Posi ?! Non, impossible. Je me redressai brusquement. L'ombre se releva, surprise, et s'éloigna de moi. Je regardai autour de moi ; j'étais toujours dans la même forêt dense que la veille. Seulement, là, le soleil se levait.
« Dyna ! Dynavolt ! », ce qui voulait dire « Qui êtes vous ? Que me voulez-vous ? »
Le deuxième Pokémon, sous l'ombre d'un arbre, en retrait, me répondit :
« Je ne te cache pas que je ne le sais pas moi-même.
-Mais enfin ! Qui êtes-vous ? Enfin, qui étiez-vous ?
-C'est à toi qu'on pose la question, bougre d'âne ! » répliqua la figure qui s'était penchée sur moi pendant que je dormais.
Bougre d'âne… Neva m'appelait toujours comme ça. Se pourrait-il que… ? J'osai lui demander.
« Es-tu… Neva ? »
La supposée Neva me regarda avec des yeux ronds. Elle s'arrêta de se balancer sur ses deux petits pieds et me dévisagea.
« Je… je ne vois pas de qui tu parles ! » s'exclama-t-elle, le visage horrifié.
« Mais… tu ne me reconnais pas ? C'est moi, Dyna ! »
La forme dans l'ombre des bois, qui n'avait pas écouté jusque là, sortit des bois. J'avais parlé à un Posipi. Un magnifique Posipi, il fallait bien le dire. Il s'avança, puis s'arrêta quatre ou cinq mètres devant moi.
« Dy…dyna ? » demanda-t-il. « Non, ce n'est pas possible. Dyna est…
-Je ne suis pas morte ! » criai-je. « Je suis là, devant vous ! Vous vous êtes vus, au moins ? Ne savez-vous donc pas que, vous aussi, vous êtes devenu des Pokémon ? Idiots ! »
Les deux me dévisagèrent en même temps. Je les traitais tout le temps d'idiots, peut-être réagiraient-ils pour une fois.
« Alors, Dyna… C'est bien toi ? » demanda le Negapi d'une toute petite voix.
« Oui ! Enfin, vous avez compris ! » m'écriai-je avant de me précipiter pour les observer plus attentivement.
Ils firent de même et, au bout de cinq secondes, nous savourions tant nos retrouvailles que même Neil Armstrong en revenant de la lune n'aurait fait mieux.
Après quelques minutes d'étreinte, Posi proposa de se mettre en marche, idée que j'approuvai suivie de Neva. Nous devions sortir de cette forêt coûte que coûte, avant que la nuit ne retombe. A vrai dire, c'était encore le matin donc, nous ne devions pas avoir de problème.
« Dis, Neva » demandai-je.
« Oui ?
-Quand je t'ai demandé si tu étais bien Neva, tu as été figée d'horreur et m'a dit que tu ne savais pas de quoi je parlais. Pourquoi ?
-Oh, nous nous étions dit, avec Posi, qu'il fallait mieux conserver notre véritable identité, par précaution.
-Ah, d'accord, je comprends mieux. Et aussi … Je sais que vous n'allez rien savoir sur ça, mais… Si vous vous souvenez bien, avant « d'atterrir » ici, il était 13 heures. Quand je suis arrivée, j'étais face à un coucher de soleil !
-D'après ce que j'ai pu comprendre, » dit Posi, très calmement, comme s'il s'attendait à cette question – … « quand nous traversons la « barrière » qui nous amène ici, il y a une sorte de distorsion temporelle et le temps n'y est pas le même. »
Je le regardai, incrédule. En haussant le sourcil, je lui dis :
« Posi, pourrais-tu répéter plus simplement car je n'ai pas compris un traître mot de ce que tu m'as raconté.
-Bon, tu te souviens des méridiens ? Mais si, les tranches de l'orange, là… » reprit-il. A l'évocation de nourriture et surtout, de l'orange, mon fruit et ma couleur préférés, mon cerveau se remit à fonctionner.
« Ah, oui, les méridiens ? Ah oui, je m'en souviens vaguement…
-Bon ben c'est à peu près pareil, tu imagines qu'en France il est 13 heures et à New Dehli, en Inde, il est 21 heures ! Sauf que on est pas Inde, on est dans une autre dimension !
-Mais comment savez-vous ça ? » demandai-je, surprise. « Vous êtes là depuis plus longtemps que moi ?
-Oh, non, nous nous sommes « jetés » plus tard, mais dès que tu es arrivée, tu t'es endormie, n'est-ce pas ? Pas nous. Nous avons eu… Quelques complications…
~~Flash-back~~
« Posi, où sommes-nous ? » demanda Neva d'une voix étranglée.
«Je n'en sais rien. » répondit son petit frère, bouche bée.
Ils étaient tombés dans une grande clairière, devant un magnifique coucher de soleil. Ils voulaient retrouver Dyna et si, pour ce faire, ils devaient couper tous les arbres de cette forêt un à un, ils le feraient.
« Ahhhh ! » s'écria Neva.
« Que se passe-t-il ? » s'exclama Posi.
« Tu… tu t'es vu, au moins ? » fit Neva, d'une toute petite voix.
« Non, pourquoi ?
-Tu… tu es devenu un Pokémon… rouge… tu ressembles à un petit lapin…
-Un Posipi, tu veux dire ?
-Oui…
-Ah ah ! » rigola Posi. « Et puis quoi encore ? Tu vas me dire que tu es devenue un Negapi ? »
Posi ne s'était toujours pas retourné vers sa soeur et fixait un oiseau multicolore à la tête en forme de note de musique.
« …
-Neva ?
-…
-Neva, tu as donné ta langue au Posipi ? Ah ah ! Elle est bonne, celle-là !
-… Posi…
-Neva ? Tu m'inquiètes !
Il se retourna et constata avec stupéfaction que sa sœur avait la même description que lui… mais en bleu.
-Dorénavant, je ne dirais plus rien sur l'apparence !
Il resta bouche bée là, durant plusieurs minutes.
-Posi… Tu me crois, maintenant ?
-Oui Neva… Je te crois… On est bien arrivés là où tu pensais que nous étions…dans le monde des Pokémon.
Posi était quelqu'un de sensé ; il n'aurait jamais pensé ce genre de choses. Et pourtant, c'était bien réel.
L'oiseau étrange que Posi avait détaillé s'envola. Posi, furieux d'être loin de la chaleur réconfortante de ses draps et beaucoup plus susceptible que sa sœur, concentra toute son énergie et la relâcha, pour se défouler et se calmer. L'Onde de Choc se propagea dans toute la clairière et toucha l'oiseau, que Posi avait identifié comme étant un Pijako.
-Non, Posi ! Le type Elektrik est fort contre le type Vol… il va nous attaquer !
Le Pijako, en effet, se précipitait déjà vers nos deux frères et sœurs et, avant qu'ils aient pu réagir, il essayait de les envoyer valdinguer au loin avec de multiples attaques Tornade et les piquait avec des attaques Picpic.
Ils coururent une bonne partie de la nuit, si ce n'est entière. Quand, enfin, ils s'arrêtèrent, exténués, après avoir mis hors d'état de nuire le Pijako, grâce à leurs forces combinées. Neva, tellement fatiguée, s'endormit sur un tronc d'arbre nu. Posi, regardant d'un air attendri sa grande sœur, monta le guet jusqu'au petit matin.
~~Fin du flash-back~~
Au bout de une ou deux heures de marche, un grand donjon s'offrit à nous. Nous nous approchâmes encore, quand un Judokrak nous menaça de nous couper en deux si on s'approchait de la tour. Curieuse, je lui demandai :
« Mais, pourquoi protéger tant cette tour ?
-C'est un lieu sacré ! Vous n'avez pas à y rentrer ! » répondit-il, passant du rouge au vert de colère.
« Hé, ho, pas la peine de se mettre en colère ! On veut juste voir un signe de vie non-sauvage, on sort de la forêt, là-bas… » dit Posi, sur la défensive.
« Le bois Perdu ? Oh non, je ne me ferai pas embobiner par ces sornettes !
-Quelles sornettes ? C'est vrai ! » me révoltai-je.
« Personne n'aie jamais sorti du Bois Perdu. C'est d'ailleurs pour ça qu'il porte ce nom. » dit-il en faisant le fier.
« Wouah, vous m'impressionnez… » dit Neva, ironiquement. « Pourquoi n'a-t-on pas le droit de monter là-haut ? On veut juste voir quelle est la ville la plus proche !
-Pour votre information », dit le Judokrak, très lentement comme si on était des arriérés, « la ville la plus proche est Latiosia, et ce donjon ne doit pas être visité pendant les heures de messe !
-Messe ? Pour prier qui ? » demandai-je.
« Latias, reine de la brise et de la connaissance ! » s'exclama Judokrak.