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A l'aube du pouvoir (T.1) de Raishini



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Informations

» Auteur : Raishini - Voir le profil
» Créé le 01/01/2013 à 19:26
» Dernière mise à jour le 16/11/2013 à 14:45

» Mots-clés :   Fantastique   Hoenn   Présence de poké-humains   Sinnoh

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Chapitre 24 : L'éclat au milieu du crépuscule
La séparation fut des plus difficiles, mais Jérémie s'y résigna. Emmuré dans une attitude grincheuse, Ratchet se contenta d'un hochement de tête pour saluer son départ. Ariane, en revanche, l'enserra comme un frère en lui intimant la prudence. Pris de court, Jérémie n'avait alors su quoi dire.

Quelques instants plus tard, ils avaient bifurqué chacun de leur côté et s'étaient perdus de vue. Bientôt, Jérémie regretta leur compagnie au milieu de cette montagne sombre et labyrinthique. Il n'avait plus aussi peur de la solitude qu'auparavant -d'autant plus qu'il l'avait choisie volontairement-, mais il sentait un certain malaise l'habiter.

Une brume légère mais persistante envahissait les lieux, de sorte qu'il distinguait seulement le contour des choses une fois passés les cinq mètres de distance. Cela ne faisait qu'accentuer le côté solitaire de son excursion et l'angoissait un peu.

Honnêtement, il n'avait aucune idée du chemin à suivre. Même si Ariane l'avait clairement défini, sa mémoire lui jouait des tours et il ne s'en rappelait déjà plus.

Alors qu'il déambulait dans une suite de couloirs apparemment sans fin, l'écho d'échanges posés lui parvint. Des personnes discutaient non loin de là, et Jérémie prit peur. Il chercha instinctivement une cachette derrière une rangée de pierres et s'y dissimula.

Surtout ne pas se faire remarquer, surtout ne pas se faire remarquer...

- Non mais, tu crois vraiment que c'est utile de chercher ici ? On voit pas à dix mètres !

- Et moi je te dis qu'il doit y avoir des petits malins qui s'y dissimulent. Je te rappelle que les corps d'Ursule Machalia et Orlando Lobom ont été retrouvés à l'entrée Nord-Ouest du Mont Couronné...

Cette voix grave et insensible... Jérémie la reconnaissait pour l'avoir tant redoutée dans le passé. De plus, s'il avait bien compris, deux autres Pokéman étaient morts à proximité du Mont Couronné. Avec une peur contenue, il écouta Ayashi reprendre de plus belle :

- Donc, voilà une bonne raison pour fouiller ici. Hyorô, tu es assez expérimenté pour comprendre à quel point l'adversaire doit être fort. Réussir l'exploit de tuer deux de ses congénères n'est pas à la portée de n'importe qui. De plus, n'oublions pas qu'il s'agissait d'hommes de Tobias et qu'ils étaient par conséquent très expérimentés. Les rapports sont catégoriques : Ursule et Orlando disposaient d'un pouvoir phénoménal. Aussi devons-nous profiter de ce qu'il doit être affaibli pour achever ce criminel. Déjà que toi comme moi avons laissé s'échapper Jérémie Marchal et Tobias Dihyllis...

A l'évocation de son nom, Jérémie tressaillit. Il n'avait pas oublié la chance insolente qu'il avait eue ce jour funeste où il avait affronté Ayashi. Et visiblement, il en avait été de même pour Tobias face au dénommé Hyorô. Le garçon supposa qu'il devait être un Orokami, lui aussi.

- Oui, je comprends, répliqua Hyorô de sa voix glaciale et tout aussi calme que celle de son voisin. Mais ne t'en fais pas, je ne commettrai pas deux fois la même erreur. Le Gènhomme est à moi. Je ne suis pas le numéro quatre pour rien. Et puis le Gouvernement a bientôt emmagasiné assez d'échantillons pour fabriquer le sérum, donc pas d'inquiétude à avoir.

- Tu devrais te soucier plus que ça de la situation. Hyde semble jouer un jeu très bizarre, et les forces se mobilisent très lentement. Les Pokéman commettent des ravages un peu partout et nous n'arrivons pas à mettre le grappin sur un seul d'entre eux.

Le binôme passa finalement devant la cachette de Jérémie qui retint son souffle. Pour la première fois, Hyorô parut fortement agacé :

- Ne me parle pas de cet incapable qui ne sait même pas combattre son petit frère ! Je ne comprends toujours pas comment il s'y est pris pour me souffler la place de numéro trois alors qu'il est si faible ! En plus, il accumule échec de terrain sur échec de terrain. Décidément, cet imbécile n'est qu'un bon à rien...

- Arrête de t'agiter ou tu vas défaire ta coiffure, se moqua Ayashi. Il serait bête de passer à nouveau une heure entière à l'arranger, n'est-ce pas ?

Hyorô conserva un silence plein de dignité. Il devenait impossible de le voir en pleine brume, mais Jérémie sentit émaner de lui une étrange énergie, comme s'il n'était qu'un bloc de glace. Plus encore qu'Ayashi, cet individu le terrifia. Un cliquetis ponctuait la marche des deux hommes tandis qu'ils avançaient en scrutant les alentours.

- Quand je pense que Saizel Dorugon a morflé et que Zatch est mort comme un idiot, remarqua Ayashi avec dédain. Ça leur apprendra à être prétentieux et inattentifs. Devrait rétrograder ce Dorucon...

Le rire de Hyorô ne se fit pas attendre :

- Toujours aussi dégoûté qu'il t'ait piqué la place de numéro cinq ?

- Non, toute façon la petite Hina m'a encore plus enfoncé dans le classement. Mais je lui pardonne parce qu'elle est trop canon.

De là où il était, Jérémie crut voir une ébauche de sourire malicieux se dessiner sur les lèvres d'Hyorô. Manifestement, les deux Orokami se connaissaient depuis longtemps déjà.

- Oui, c'est vrai qu'Hina a un charme indéniable. C'est peut-être pour ça qu'elle a pu rejoindre nos rangs. D'habitude, le vieux Walter ne laisse pas la gente féminine accéder à ce poste, macho comme il l'est.

Ce fut au tour d'Ayashi d'éclater de rire. En pleine discussion, les hommes ne faisaient pas attention à ce qui les entourait, du moins pas comme ils l'auraient dû.

- Reste à savoir ce que le vieux compte faire vis-à-vis du Gouvernement, dit Ayashi d'un ton pensif. Si les hommes postés là-bas s'en mêlent, ce sera une boucherie et nous n'aurons plus rien à nous mettre sous la dent. En plus la gamine fait des ravages à Célestia. Faudrait qu'on aille y faire un tour une fois sortis...

Hyorô approuva fermement en soupirant. Enfin, les Orokami disparurent à l'angle d'une fourche et Jérémie se décontracta lentement après avoir respiré un grand coup. Il s'accorda même un sourire, ravi d'être passé au nez et à la barbe des Orokami si facilement.

Dans un second temps, ce qu'il avait entendu et compris le laissa dévasté. Certes, il ne restait désormais plus que treize Pokéman, mais l'un d'entre eux était suffisamment puissant pour en tuer deux à lui seul. De plus, Mathilde était ciblée par les Orokami et le Gouvernement, - dont ces derniers semblaient avoir peur -, risquait de se lancer dans la bataille. C'était plus qu'il n'en pouvait supporter.

Tétanisé, il s'agenouilla en se tenant le crâne involontairement. Les choses prenaient une ampleur qu'il n'imaginait pas. Elles le dépassaient. Depuis trop longtemps. Et s'il ne se dépêchait pas de secourir Mathilde, il aurait une nouvelle mort sur la conscience.

Une mort dont il ne se remettrait pas.

Ce fut avec une résolution nouvelle qu'il entreprit de trouver la sortie le plus rapidement possible. Seul le temps qu'il mettrait à rejoindre Célestia déterminerait la survie de son amie.

Il était maître de son avenir.

- Alors, on est pensif ? gloussa une voix doucereuse quelque part devant lui. Toi aussi tu as entendu ces deux Orokami ?

Jérémie leva un regard incrédule et scruta la nappe de brouillard sans rien voir. En revanche, un signal électrique aux reflets noirs l'avertit mentalement qu'il y avait effectivement quelqu'un en face, à quelques mètres seulement. Paniqué, il emprunta le chemin en pente qui s'évasait à sa gauche.

Là aussi, cette voix lui évoquait quelqu'un... Se pourrait-il que ce soit lui ?

Ignorant les appels de détresse que poussait son être tout entier, il dévala le talus rocheux sans se soucier d'être prudent. Qu'il y ait un rocher pour le gêner et le faire chuter ne serait pas pire que de tomber entre les griffes de cet homme redouté par-dessus tout. Plus que le reste, Jérémie en était persuadé.

Rencontrer un Pokéman ennemi dans un tel dédale constituait le comble de la malchance. Cette coïncidence était-elle aussi anodine qu'elle voulait bien le paraître ? Jérémie n'en avait pas la conviction intime. Au bout d'un instant de réflexion, la vérité s'imposa alors à lui, plus violente qu'un coup de poing.

Il devait le chercher depuis le début.

Enfin, son pied se posa sur une surface plane et il poursuivit sa course d'un pas moins hésitant. Par ailleurs, la brume s'effaçait peu à peu, soufflée vraisemblablement par une aération proche. Il y avait donc une sortie dans les parages !

Autour de lui, le souterrain prenait des proportions de plus en plus gigantesques à mesure que l'éclaircie s'effectuait. Bientôt, Jérémie aperçut une imposante arcade naturelle bordée de lumière. La sortie... enfin !

Alors qu'il se précipitait avec espoir et soulagement vers elle, un rayon lumineux l'arrêta en produisant une petite détonation.

- Où penses-tu aller ? rétorqua le poursuivant invisible en gloussant de plus belle.

Calculateur et triomphal, Tobias surgit d'un repli d'ombre. Depuis la dernière fois, son regard d'émeraude avait singulièrement changé d'essence : un voile de ténèbres paraissait l'ourler de pointes meurtrières. Plus suspecte encore, une expression malsaine et sadique déformait ses traits. Une expression qu'il ne lui connaissait pas.

Jérémie avait l'impression d'être confronté à un Tobias radicalement différent.

- Eh bien petit, tu n'as rien à dire ? commenta l'homme en esquissant un rictus. Je t'aurais pensé plus courageux et téméraire que ça. La fougue et l'impétuosité de la jeunesse ne sont plus ce qu'elles étaient, ajouta-t-il d'un ton narquois.

Devant le silence affligé de Jérémie, Tobias reprit :

- Alors, quel est ton pouvoir ? Dragon, Vol, Acier peut-être ? Il y en a encore plein que je dois découvrir !

Sans comprendre pourquoi, Jérémie se retrouvait tétanisé, planté comme un piquet face au Pokéman. Il était juste incapable de bouger ou de parler. Mais Tobias ne parut pas s'en offenser et tourna autour de lui comme un loup assoiffé de sang.

- Vraiment étrange, marmonna-t-il en se frottant le menton. Ton aura est indéfinissable. Elle n'a pas d'identité propre. C'est comme si elle changeait sans cesse de nature, comme si deux esprits cohabitaient en toi...

Jérémie s'efforça de ne pas trahir le moindre étonnement et serra discrètement le poing. Ainsi, voilà comment Tobias avait pu le débusquer. Grâce à son aura, un peu comme lui le faisait avec les signaux électriques. Et l'homme soupçonnait déjà quelque chose à propos de sa double capacité secrète. Il devait fuir avant que les choses ne dérapent. Fuir très vite.

- Bon, le temps me presse, je vais en finir sur-le-champ, annonça Tobias en bâillant. Tu ne souffriras pas, promis.

- Attendez, vous ne voulez pas savoir ce qui arrive à votre fille ?

S'il n'avait pas été si profondément ancré dans la réalité, Jérémie n'aurait certainement pas compris ce qui le poussait à discuter subitement. Ni même pour quel motif il évoquait Mathilde. Mais, d'une manière ou d'une autre, il savait que cela aurait un impact sur Tobias.

Ce fut un succès. Il avait visé juste. L'homme marqua un temps d'arrêt après avoir fait mine de s'élancer et le dévisagea curieusement.

- Qu'essaies-tu d'insinuer ? finit-il par demander. Vas-y, explique-toi.

- Elle est en danger, les deux Orokami qui sont passés tout à l'heure veulent aller s'en débarrasser. Vous n'avez pas entendu leur dernière phrase ?

- Si, mais je pensais qu'ils parlaient de quelqu'un d'autre, avoua Tobias en fronçant les sourcils. Sais-tu que me mentir te coûtera très cher ?

- C'est bien pour ça que je ne dis que la vérité, assura Jérémie.

Visiblement, son discours produisait l'effet désiré : Tobias paraissait déboussolé.

- Je comptais venir l'aider, poursuivit Jérémie d'un ton de plus en plus assuré. Mais vous m'avez interrompu. De plus, je ne peux rien contre eux, alors que vous si. Pendant que vous les retenez, je pourrais aller mettre Mathilde à l'abri. Je suis certain que sa sécurité est ce qui compte le plus à vos yeux, n'est-ce pas ?

Le regard vitreux comme s'il réfléchissait pleinement, Tobias approuva et baissa le visage.

- Très bien petit, vas-y. Je vais retarder les Orokami. Vas-y ! ajouta-t-il d'un ton sec comme s'il avait du mal à accepter ses propres paroles.

Partagé entre la surprise et la joie, Jérémie observa à nouveau l'homme. Sa voix s'était radoucie, de même que la teinte de ses prunelles d'émeraude. Époustouflé d'avoir une telle chance, il s'éclipsa d'un air le plus naturel possible, emprunta l'arcade et inspira un bol d'air pur.

Derrière lui, Tobias avait disparu. Jérémie respira à nouveau l'air vivifiant de la montagne, sincèrement soulagé d'avoir évité -habilement de surcroît- le pire.

Aussi loin que portait son regard, des façades rocheuses et abruptes se dressaient en le cernant. Mais il savait qu'après avoir traversé cette région montagneuse, il atteindrait sa cible prioritaire : Célestia.

Hormis cela, il nota la présence de rafales qui soufflaient de manière saccadée. Leur puissance variait autant que leur fréquence d'apparition, comme si la source était elle-même irrégulière. Ici, le ciel était bleu et paradisiaque.

Avec un regard mélancolique, Jérémie contempla alors la tempête qui se développait à des kilomètres de là. Il songeait à son amie, seule et perdue au milieu d'événements qu'elle ne devait pas comprendre.

Mais qu'à cela ne tienne, elle ne serait bientôt plus seule. Il se rangerait à ses côtés et apaiserait ses maux.
- Tiens bon Mathilde, je suis là, murmura Jérémie en serrant les poings.

Il ne commettrait pas l'erreur de la laisser partir, elle aussi. Il ne l'abandonnerait pas.