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Aide-toi et le ciel t'aidera de Kydra



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Informations

» Auteur : Kydra - Voir le profil
» Créé le 23/12/2012 à 17:40
» Dernière mise à jour le 01/03/2013 à 19:14

» Mots-clés :   Aventure   Présence d'armes

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Chapitre 62 : Appel Attak
Vaillant-Rescapé marchait en tête, se frayant sans difficulté un chemin dans la végétation assez dense. Il ne se retournait jamais pour vérifier qu'on le suivait bien. Les humains transpiraient beaucoup, haletaient, à cause de ce rythme soutenu. Eclair-de-Liberté variait les allures, ce qui le fatigua vite et il ne tarda donc pas à se plaindre de la vitesse excessive. Personne ne lui répondit ; Terreur-des-Hommes se contenta de le pousser légèrement en avant. Niryo était le seul qui avait pu trouver une solution infaillible : il se tenait sur l'épaule de Vassili car il savait pertinemment qu'il était bien incapable de suivre ne serait-ce qu'une demi-heure. Malgré tous les efforts des humains, l'écart se creusait entre la tête du groupe et le reste.

................- Qu'est-ce qui ne va pas ? s'enquit enfin Yvon après une longue hésitation.
................- Il est comme ça depuis qu'il est sorti de chez Dimitri, répondit Vassili. J'ignore totalement ce qu'il a pu lui dire.
................- Pourrais-tu ralentir un peu, s'il te plaît ? osa demander le jeune homme au Pokémon.

Vassili s'attendait à ce que Vaillant-Rescapé ignorât totalement le rebelle. Pourtant, il tourna un peu la tête, puis la baissa en soupirant. Il s'arrêta quelques instants, sans regarder en arrière pour autant. Enfin, il reprit la progression quand les écarts se furent resserrés, diminuant légèrement l'allure. Il se décida finalement à cesser de ruminer ses pensées en solitaire.

................- Le pire, c'est certainement qu'il a raison, soupira-t-il à l'adresse de Terreur-des-Hommes.

Son amie força l'allure pour arriver à sa hauteur. Elle le fit répéter, ne s'attendant pas du tout à l'entendre prendre la parole à ce moment.

................- A quel sujet ? demanda-t-elle ensuite, pourtant convaincue que l'humain n'avait dit que des vérités sur tous les points.
................- Nous n'avons pas le choix...
................- Si, nous avons plusieurs possibilités. Ne pas pouvoir prendre celle que tu souhaiterais ne signifie pas qu'il n'en existe qu'une. Nous pouvons toujours décider de renoncer à participer à l'Histoire et quitter les humains immédiatement...
................- Mais nous ne pouvons pas décider de vivre à nouveau parmi les Pokémon...
................- Tu n'es pas le seul Pokémon ici, rappela Niryo en forçant la voix pour se faire entendre depuis son perchoir. Si je puis me permettre, tu en demandes trop, je pense. Trop vite, surtout. Ce qu'il nous a proposé n'a en effet peut-être pas que des avantages, cependant, j'en vois un certain nombre... et il s'agit sans doute du meilleur choix, au vu de tes aspirations. Il a de bonnes intentions ; en ce qui nous concerne, c'est certain en tout cas. Tu lui apporteras certainement une aide précieuse. Puis, quoi que tu en dises, tu as autant besoin de lui que lui de toi. Voire plus.
................- Là est bien le problème... se plaignit Vaillant-Rescapé.
................- Je ne pense pas, reprit immédiatement le Marcacrin. Il est temps que tout cela cesse. Les humains sont trop faibles pour terminer la guerre... Les Pokémon sont trop peu organisés pour profiter de leur suprématie évidente. Il faut que vous – enfin, il semblerait que « nous » serait plus approprié – faisions pencher la balance. Il s'agit de l'issue la plus favorable pour tous, à mon sens, car je suis persuadé que les Pokémon ont tout avantage à gagner de ce soutien.
................- Je n'en sais rien, avoua Terreur-des-Hommes. Ce ne sont pas cinq d'entre nous qui allons changer la donne. Je doute aussi que nous soyons pris en exemple...
................- Tout dépendra probablement de votre façon de faire. Et de notre chance. Mais je répète encore une fois : nous pouvons grandement modifier ce qui aurait pu arriver si nous n'étions pas ici.
................- Sans doute pouvons-nous apprendre à nos semblables qu'ils doivent maintenant aussi se méfier des leurs ! attaqua Vaillant-Rescapé.
................- Ou leur réapprendre tout ce que notre cohabitation avec les humains a de bon, rétorqua Niryo avec force.
................- Tu ne peux pas comprendre ce qui se passe chez nous, perdit patience Vaillant-Rescapé en insistant sur le « nous ». Je veux bien faire des efforts, je veux bien admettre que je me suis un peu trompé sur le compte des humains, que j'ai trop généralisé. Ils n'en restent pas moins la cause du conflit. Je refuse d'être vu comme un ennemi par les Pokémon. L'être comme paria est déjà assez difficile à supporter.
................- Vaillant-Rescapé, s'il te plaît, ne recommence pas, le conjura Terreur-des-Hommes. Tu sais comme moi que dans l'état actuel des choses, rien ne redeviendra comme avant. Nous ne pouvons pas concilier ce que nous étions et ce que nous sommes devenus...
................- Vous l'auriez pu, chez nous. C'est pour cela que je suis convaincu à la fois que vous devez prendre parti. Mais je pense aussi qu'éradiquer les humains est à la fois absurde, impossible et complètement contradictoire. Sans compter que ce n'est plus ce que vous voulez – et que c'est assurément ce que je ne veux pas ! Il me semble également absurde de se lier à ceux qui vous ont rejetés, naturellement. Pour conclure je dirais en effet que le choix est manifestement restreint. Mais libre à vous de ne pas suivre la logique, après tout... En tout cas, en ce qui me concerne, je crois que je vais rester.

L'Insécateur se contenta de hocher positivement la tête, pensif. Il réalisait tout à fait toutes les conséquences des événements précédents. Il avait fini par se faire à l'idée de devoir cohabiter avec les humains. Il appréciait bien sûr la compagnie de Vassili... Il ne tombait pas non plus des nues en apprenant qu'il ne faisait plus partie de la communauté Pokémon de Vogra... Le colonel avait simplement remué le couteau dans la plaie. Il se rendait à présent compte que non seulement cela continuerait tant que la guerre perdurerait, mais qu'en plus, pour mettre fin à cette dernière, il devrait s'allier sans plus aucune ambiguïté à ses anciens ennemis. Peut-être même aurait-il à affronter ses amis d'autrefois...

................Vaillant-Rescapé tournait et retournait cette éventualité dans son esprit. Que pourrait-il bien faire le jour où il devrait se battre contre Coupe-Tout ou Obscur-Balafré ? Plus il y pensait, plus cette pensée le terrorisait. Le même problème s'était posé par rapport à Vassili, quand il avait envisagé de retourner avec ses anciens camarades... Mais au moins, l'Insécateur n'avait eu que faire de l'image que l'humain allait avoir de lui ! Par contre, en ce qui concernait ses amis de la forêt, il redoutait le jugement qu'ils pourraient lui porter. Il savait très bien qu'il ne pourrait pas les rallier à sa cause... Finalement, en désespoir de cause, il chassa cette éventualité de ses préoccupations en se disant qu'une telle coïncidence avait peu de chances de se produire, d'autant plus que le camp des rebelles était établi loin de son ancien habitat.

................L'Insécateur réfléchit ensuite intensément à son obéissance vis-à-vis des humains. Il ne pouvait pas prendre le risque de se montrer insubordonné, cela lui causerait des ennuis : il savait qu'il serait surveillé. Alors qu'il se décidait à écouter les ordres, mais sans faire le moindre effort de zèle, Yvon le saisit par l'épaule, pour l'arrêter. Vaillant-Rescapé se dégagea d'un geste vif. Il se retourna tout de même, l'air mécontent. Cependant, il se radoucit quand il comprit que ce contact avait été justifié. Eclair-de-Liberté s'était rapproché de son dresseur, marchait tous les muscles tendus, prêt à bondir. Il avait flairé une odeur anormale, sans aucun doute. Les narines froncées, il fit part de ses inquiétudes.

................- Ça sent le sang ! grogna-t-il en piaffant. Il doit y avoir des méchants... J'ai peur, il y a du sang. J'ai peur !

L'Elecsprint devenait fou. Il reculait, courait en rond autour de Vassili. Il se sentait cerné, l'odeur persistante lui remplissait le nez et la gueule. Il avait beau éternuer, rien n'y faisait, elle ne partait pas. La panique gagnait aussi peu à peu Newton, qui faisait demi-tour tous les deux ou trois pas. Comme il répétait son manège de plus en plus souvent, son dresseur le rentra dans le Noigrume, pour ne pas le perdre une nouvelle fois.

Vassili caressait Eclair-de-Liberté, mais tout en gardant la main refermée sur une grosse touffe de poils pour le garder près de lui. Il avait bien conscience de son malaise, mais il ne pouvait pas faire autrement que de continuer à avancer. Le groupe progressait néanmoins avec précaution, en se tenant à couvert dans la végétation. A part les bruissements que causait le Pokémon électrique en s'agitant, aucun bruit ne troublait le calme de la forêt. Si affrontement il y avait eu, il devait déjà être terminé.

Le camp avait été saccagé. Les herbes et arbustes écrasés témoignaient du nombre élevé de combattants et de la violence des combats, au corps à corps sans aucun doute. Les vestiges de l'ancien campement s'étaient mélangés à la terre retournée, donnant à la scène des airs d'apocalypse. La tente de commandement, piétinée, formait un amas informe duquel dépassait un unique poteau de métal brisé. Le groupe fit quelques pas prudemment, puis les humains accélérèrent, pour constater les dégâts.

Peu de victimes étaient finalement à déplorer, bien moins en tout cas que ce à quoi on aurait pu s'attendre en voyant l'état du campement. Les rebelles avaient fui en vitesse, laissant tout derrière eux. Cette rapidité les avait probablement sauvés de leurs assaillants. Un homme gisait, éventré, à quelques pas d'une bâche déchirée. La chair était lacérée de manière abominable, la peau avait été arrachée, comme si on avait tiré très fort dessus.

................- Ce sont des barbares, murmura Vassili. Je ne veux pas savoir combien de coups de baïonnette il a reçu...

Les autres échangèrent un regard désolé, alors qu'ils examinaient l'autre victime. Son visage avait lui aussi été lacéré, tant labouré de coups que l'homme était méconnaissable. Un de ses genoux formait un angle bizarre, comme s'il était tombé de très haut. Son sang imprégnait toute sa veste, signe qu'il souffrait de nombreuses blessures. L'une d'entre elles était visible dans son cou, une déchirure ronde et grossière. De loin, on aurait pu croire à un impact de balle, mais il s'agissait d'une atteinte trop superficielle – bien qu'atteignant l'os – et la plaie ne contenait aucun projectile. Le sang frais et rouge coulait, signe d'aucune trace de cautérisation non plus.

................- Comment ont-ils pu faire ça ? répéta Vassili pour lui-même, en réprimant tant bien que mal un haut le cœur.

Eclair-de-Liberté se cacha le museau dans les jambes de Vassili. Il tremblait, haletait, éternuait sans cesse. Il se sentait pris d'une terrible panique et il mit très longtemps à comprendre quelle en était la raison.

................- Il y a la même odeur que quand Papa est mort... bégaya-t-il. Ils sentent comme Papa !
................- Oui, ils sont morts eux aussi. Mais tu ne les connaissais pas ! Là, viens, calme-toi, ça va aller, le rassura Vaillant-Rescapé.
................- Ils ont la même odeur que ton père, parce qu'ils ont été tués par des Pokémon ! s'exclama

Terreur-des-Hommes qui venait de comprendre, après un temps de réflexion. C'est simplement l'odeur de nos semblables et de la mort mélangés... Ne t'en fais pas, Vassili est là pour te protéger. Vaillant-Rescapé, ils se sont battus contre des Pokémon ! ajouta-t-elle devant le manque de réaction de son ami.

Au même moment, les rebelles en arrivaient à la même conclusion : les Pokémon avaient décidés de reconquérir ce terrain sauvage. Ils ne savaient pas s'ils devaient se rassurer que cette barbarie eût été perpétrée par des combattants non humains ou si cela n'annonçait que le début d'ennuis supplémentaires... D'un autre côté, ils espéraient que l'armée fût elle aussi éloignée et qu'ils n'eussent donc pas à se battre seuls sur deux fronts. Il leur fallait maintenant retrouver les survivants sans se faire poursuivre à leur tour, ce qui n'était pas une mince affaire.