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Le Projet Wallace de Domino



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Informations

» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 19/12/2012 à 18:01
» Dernière mise à jour le 20/12/2012 à 10:01

» Mots-clés :   Action   Humour   Romance   Slice of life   Unys

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022 - Calamity Perrine
« Un peu de sincérité est chose dangereuse ;
Beaucoup de sincérité est absolument fatal. »

(Oscar Wilde)

Il nous faudra du courage, mais, tu ne le dis pas.
Inévitable naufrage, mais, tu ne le dis pas.
Voir le monde se défaire, mais tu ne le dis pas...
Quoi ?
Qu'il n'y a plus rien à faire, quand, tout vole en éclats...

(Mylène Farmer, Tu ne le dis pas)



- Je t'INTERDIS de faire ça !!!
- Et QUOI D'AUTRE ???

L'homme est grand. Il a des lunettes, le crâne dégarni, mais ça a l'air d'être un homme stable.

- Ne le lui donne pas ! C'est une petite fille, elle ne mérite pas ça, pas aussi jeune !

Petite fille observait, interdite. Muette. Du haut de son jeune âge, elle ne pouvait pas réaliser.

- C'EST LA GUERRE, BON SANG !! Tu as vu ce qui est arrivé à la veuve Marcus ?
- C'était une situation particulière !
- Je croyais qu'on en avait discuté !! On mange ce foutu gâteau empoisonné, on dort tous et on s'en va tranquillement !
- Plus on en discute, plus je trouve ça stupide !
- Salaud !! C'est TOI qui pleurais sur ton sort, qui ne voulait pas faire la guerre, sous prétexte que tu ne voulais pas aller mourir sur un champ de bataille comme une merde !
- C'est comme ça, on n'en discute plus !! Mais Perrine n'en mangera pas !

En fait elle mangeait déjà sa main, deux doigts dans sa bouche, observant ses parents.

- Mais de toute façon elle est complètement attardée !! Regarde-là ! C'est à peine si elle parle ! C'est la guerre, il faut qu'elle meure aussi, alors elle mangera du gâteau !
- Mais enfin c'est de notre fille que tu parles !
- TU CROIS QUE JE NE LE SAIS PAS !

Les gifles partent. Le père repousse la femme.

- Tu es complètement folle !!
- C'est TOI l'abruti !!

Les coups pleuvent.

- T'ES UN BEAU SALAUD ! MA MERE M'AVAIT PREVENUE !!
- V'la autre chose...

Elle se met à pleurer. Perrine observe, stupéfaite.

- MAIS BON SANG QU'EST-CE QU'ON A FAIT AU BON DIEU ! SNIF ! POUR QUE LA VIE DEVIENNE AUSSI MERDIQUE !!!
- Arrête !

Elle se met à rire, s'assit sur la chaise, face au gâteau, et elle en mange, prenant du gâteau à pleines mains.

- MAIS ARRETE !
- Hahahahaha !!! C'EST TOUT POUR MOI !
- MAIS T'ES FOLLE !
- T'as qu'à en prendre aussi !!!

Elle essaie de le toucher avec ses mains pleines de crème bleu-vert.

- ALLEZ MANGE !
- Eloigne-toi, pauvre folle !!

La femme se met à pleurer, réalisant son geste. Elle tenta de se faire vomir, mais elle en avait trop avalé. Elle s'effondra de la chaise, terrassée par la très forte dose de poison.

- Bon sang... elle est morte... et tu as tout vu, ma pauvre chérie...

Perrine, en effet, était restée là, regardant sa mère mourir et sombrer dans la folie la plus totale, dans le désordre.

Le père, décontenancé, réalisant qu'il allait devoir se trimballer la gamine seul, sortit une bouteille et se mit à boire.

- Tant qu'à faire, autant se torcher la gueule, ça passera mieux...

Il vida la bouteille presque cul-sec, au bord du vomissement.

Saoul, il ricane. S'empare d'un maillet dans un placard et brise la bouteille. Il crie.

- AAAAH MERDE Y'EN A PARTOUUUUT ! Perrine ! Perrine, t'approche pas, faut pas qu'tu t'coupes ! Va t'cacher ! Allez !! On joue à cache-cache !

La fillette s'exécute et va dans un placard. Elle entend des cris, des pleurs.

- ON EST MORTS ! ON EST TOUS MORTS !!! TOUT LE MONDE EST MORT !!!!

Silence. Perrine sort du placard. Son père est à terre, il convulse, la bouche pleine de verre et de gâteau, s'étouffant et s'empoisonnant en même temps. Perrine reste là, impassible devant les corps inertes de ses deux parents.

- Le gâteau...

Perrine se tourne vers sa mère, encore consciente.

- Tu... dois... manger... le... gâteau...

La mère cessa de bouger pour toujours. Perrine resta assise là, dans cette cuisine. Traumatisée.

***

Bertha et Evelyne étaient les meilleures gardiennes d'enfant qu'on eut pu espérer pendant la guerre.

- VOUS FERMEZ VOS GUEULES ET VOUS BOUFFEZ, BANDE DE SALES MOMES !
- PUTAIN J'EN ENTENDS UN REDEMANDER DE LA BOUFFE JE LUI CLAQUE LA GUEULE !

Perrine remarquait que la plupart des enfants pleuraient ou avaient l'air maussade. Il y avait tous les âges. Elle remarqua notamment un rouquin qui, elle l'ignorait, allait plus tard faire partie de son cercle familial.

Perrine mangeait, impassible, laissant un jour se vivre après l'autre. Elle avait son lit où elle dormait, c'était tout ce qu'il lui fallait.

Un des jours fut différent. Après tous les autres, il y eut celui-là.

Perrine et les autres étaient parqués dans une salle. Les enfants sortaient peu à peu et étaient adoptés par des couples qui voulaient bien d'eux.

- Numéro 135 !

On poussa Perrine. Elle les vit alors. Le monsieur avec un seul œil. Mais surtout l'autre monsieur.

Il était souriant. Il était accueillant. Et surtout, il avait l'air gentil. Et pas fou. Et vivant. Très vivant.

Cela suffit à Perrine. Plus que de raison. Mais elle hésitait. La peur de la nouveauté. Poussée plus que de raison, elle alla se réfugier sous la table.

- Perrine, on ne te fera aucun mal. On veut juste t'emmener chez nous et te donner une belle vie !

David sortit Corayon. Il était très mignon, ce Pokémon. Perrine n'avait pas de Pokémon.

- Tu vois ? Si tu viens avec nous, tu pourras jouer avec Corayon toute la journée !

Il était vraiment gentil. L'autre monsieur était plus cynique, plus blagueur, plus dur aussi. Mais cela lui convenait.

C'est la main de David qu'elle préféra prendre, cependant.


***

- Je ne comprends pas, je ne comprends pas, je ne COM-PRENDS PAS !

Perrine adorait quand ses parents se disputaient. Elle savait pas trop pourquoi. Sûrement un vieux souvenir. Du coup, c'était à elle de veiller que Firmin prenne son petit déjeuner. Et de repousser son doigt quand celui-ci va farfouiller dans son nez.

- Mais !
- C'est pas beau, Firmin... marmonna Perrine.
- Mais y'a plein de trucs dedans !
- Prends un mouchoir.
- C'est moins marrant !

Perrine soupira et regarda ses parents.

- Comment tu as pu oublier de prendre les pommes de terre ?!
- Excuse-moi d'avoir oublié quelque chose sur la liste des courses, c'est vrai, c'est terriblement important... soupira Denis.
- Mais j'en ai besoin ! La moitié des trucs que je cuisine se font avec des pommes de terre !
- Tu n'as qu'à faire des lasagnes tous les jours, ils sont bons, tes lasagnes !
- Oh bah voyons, je ne suis bon qu'à faire des lasagnes !! grommela David.
- Ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit !
- Je parie que tu as sciemment oublié les pommes de terre pour que je ne fasse que des lasagnes !
- Tu es ridicule, mon pauvre !
- JE SUIS RIDICULE ? JE SUIS RIDICULE ?!
- C'est pas ce que je voulais dire !
- Pour rappel, c'est MOI qui gagne le plus de nous deux, alors quand j'établis une liste de course, j'aimerais que tu la respectes !
- Pardon ? Qu'est-ce que ça vient faire là-dedans ? Je subviens autant aux besoins du ménage que toi !!

Perrine eut une illumination : Si dans certains pays, on interdit le mariage pour les homosexuels, c'est finalement pour une bonne raison : les homosexuels se disputent tout le temps !

La dispute continua alors que Perrine préparait Firmin pour aller à l'école.

- Si je n'avais pas été là, mon pauvre, tu serais encore à vivre chez ton frère, ou même chez ta sœur !
- Parce que tu me crois incapable de vivre seul maintenant ?
- Tu t'es déjà installé tout seul ? NON ! Moi, si, alors ne prétends pas que tu es meilleur que moi sous prétexte que tu gagnes plus !!
- Bah voyons !! grommela David.

Perrine repoussa de nouveau le doigt de Firmin.

- Mais j'ai des gants cette fois ci ! geignit Firmin.
- C'est pire avec des gants !
- J'peux pas prendre de mouchoir avec les gants !
- Il fait froid de toute façon, ton nez va couler, tu seras obligé de prendre des mouchoirs !
- Ah bon ? J'peux pas faire avec ma manche ?

Perrine souffla alors que ses parents boudaient chacun dans leur coin.

***

Perrine arriva devant l'école primaire de Firmin. Elle évitait de regarder les parents et les autres enfants. C'était un moment qui la faisait particulièrement chier parce que ça l'obligeait à voir du monde, à croiser des regards, et à repérer des cas sociaux dont on se demande comment ils font pour exister dans la société moderne.

A ce propos, elle rencontra Francis et sa petite sœur.

- Tiens...
- Oh, salut... marmonna Perrine.
- Et bonjour Firmin !
- Salut le frère à Jodie !
- Coucou ! sourit Jodie.

Perrine était surprise. Francis la regarda.

- Alors tu... es la sœur de Firmin... qui est le fils de...
- Oui, j'ai deux papas, Francis, remets-toi.
- ... j'allais dire du gérant de la médiathèque puisque c'est lui qui vient généralement déposer Firmin seul, et c'est généralement avec lui que je discute, mais écoute, je suis ravi d'en apprendre plus sur mes camarades ! sourit Francis.

Perrine se maudit d'être aussi bavarde.

- Ca va en ce moment ?
- Bof. Et toi ?
- Oh, la routine, déposer ma petite sœur à l'école, tout ça... Et toi ?
- Je... crois que j'en ai ras le bol que Naomi et Mike sortent ensemble.

Francis haussa les sourcils.

- Ils... ont l'air bien ensemble, ils s'entendent bien, si ça peut te rassurer il ne l'insulte pas ou ne la malmène pas...
- C'est pas « eux »... C'est lui, c'est un abruti...
- Ah... à ce point ?

Firmin enleva son gant et se gratta l'intérieur de la narine.

- Disons qu'hier il m'a... copieusement demandé d'arrêter de faire mon bébé, d'accepter et de fermer mon clapet de meilleure amie bienveillante inquiète à terme pour sa meilleure copine.
- Oh...

Les grilles s'ouvrirent et les enfants rejoignirent l'école. Les deux adolescents se dirigèrent vers leur école.

- Copieusement, copieusement, ou...
- Il m'a traité de petite grosse et d'animal à qui on aurait piqué sa bouffe.

Francis grimaça.

- Ouch... Tu peux pas en parler à...
- Pas à Naomi, je veux pas me disputer avec elle.
- ... Mike ?
- J'arrive pas à lui parler, me demande pas pourquoi !
- T'aime pas les noirs ?

Perrine regarda Francis avec de gros yeux.

- Oui, oui, pardon, j'avais oublié que Naomi était black, elle aussi !
- Tu t'enfonces...
- Ouais, les mauvaises habitudes reviennent vite ! Héhéhé ! Euh... bah en théorie, parler ça ne coûte rien... Dans les faits, c'est un risque à prendre.
- Tu crois que j'ai peur de sa réaction ?
- Oui, probablement. Et de sa réaction à elle aussi. Ils sont ensemble, tu parles à l'un, tu touches l'autre... héhéhé !
- Je ne veux pas savoir à quoi tu pensais !
- ... à rien ! A rien...
- Sinon, toi et Quinn ?

Francis plissa les yeux.

- Oh c'est compliqué. J'devrais avoir l'habitude, ma vie est une succession de trucs compliqués...

Francis regarda Perrine qui semblait surprise de la sobriété de Francis sur le sujet.

- ... et tu ne veux pas que j'en parle avec toi, ce qui est très bien ! ricana Francis.
- C'est ta vie, ça ne m'intéresse pas vraiment, je demandais ça comme ça...
- Ah, c'est facile de discuter avec moi, mais pas avec Mike... pourquoi ? Je suis plus facile d'approche ?

Perrine haussa les épaules.

- Tu as l'air plus sympa.
- Mike est cool aussi, lui et moi on se tape de sacrées rigolades dans les vestiaires.

Perrine sourit. Francis haussa les sourcils.

- A quoi tu penses ?!!
- A rien, à rien... ricana Perrine.

Ils arrivèrent à l'école.

- Bon, à tout à l'heure en cours !
- Oui...

Perrine vit Naomi, mais celle-ci embrassait Mike dans un coin de l'école. « Beurk, sérieusement, BEURK... »

Elle trouva le salut dans Walter.

- Merci à toi, cousine germaine chérie !
- Mouais... souffla Perrine en remontant son cousin.

***

Casier. L'endroit de toutes les horreurs.

- Moi et Robbie c'est fini, terminé, et LUI, il continue à me dire BONJOUR le matin ! Non mais pour qui se prend-il, on rompt et MONSIEUR ose me parler encore comme si de rien n'était !!
- C'est très incorrect ! souffla Violette.
- Quel gros malpoli ! soupira Amélia.

Perrine leva les yeux au ciel. Naomi arriva vers elle.

- Salut !
- Coucou... marmonna Perrine.
- On essaie de manger ensemble, ce midi ?

Perrine haussa les épaules.

- Ouais.
- Cool !

Et elle retourna avec Mike. Perrine soupira. « Génial, cette conversation... A la limite celle entre Rebecca et ses copines avait l'air profonde en comparaison... »

De l'autre côté du couloir, c'était pas mieux.

- J'saurais pas te dire. J'ai le sentiment au fond qu'on voulait absolument pas la même chose...

Tristan regarda Robbie, intrigué.

- ... Nan, je suis pas gay, j'aime les filles, Tristan !
- Ah nan mais...
- Je disais ça au sens... elle était avec moi pour le prestige, moi je voulais autre chose.
- Et quoi exactement ?

Robbie grimaça.

- J'veux pas que tu deviennes mon confident pour ce genre de choses, c'est trop gênant !
- Tu préfères Tino ?
- Nnnnan !
- Christina ?!
- Ooooh non, autant avoir un blog qui remplace Google en tant que page d'accueil de tous les navigateurs internet !

Tristan s'étonna. Robbie serra les dents.

- A force de traîner avec vous, je suis devenu un geek moi aussi...
- Tu n'es pas aussi atteint que nous, si ça peut te rassurer ! sourit Tristan.
- Hm... Mais je suis pas aussi intelligent, et ça m'aurait bien aidé pour éviter ce qui s'est passé avec Rebecca... J'aurais dû être clair tout de suite et juste lui indiquer que je voulais qu'on soit amis.
- T'es beaucoup trop gentil, Robbie, et... si j'osais, je dirais que tu es un peu naïf...
- Ouais, c'est probablement vrai... trop exigeant aussi...
- Tu plaisantes ? Rebecca, quand même !
- Tu as raison, pas assez exigeant... admit Robbie.

Tino et Benjamin arrivèrent.

- Orson sera en retard. La peinture d'un de ses trains s'est écaillée... soupira Benjamin.

Robbie se pencha vers Tristan.

- Dis-moi qu'il plaisante ?
- Nan...

***

Perrine observa, nonchalante, le combat entre Gina et Lucy.

- Vibraninf, Dracosouffle !
- Esquive, Phanpy !!

Elle regarda Naomi qui s'était assise avec Mike. « Pffff... »

Phanpy esquiva. La petite chinoise semblait sûre d'elle alors que la grande hispanique semblait quelque peu hésitante.

Perrine s'adonnait à son activité préférée : Dessiner en classe. Holly observait tout aussi négligemment. Tino, comme chaque fois depuis le début de l'année, filmait les matches du cours pour ses analyses personnelles.

- Sonicboom !!

L'attaque fusa. Phanpy esquiva avec grâce.

- C'est pas vrai... grommela l'hispanique.
- Attaque Roulade.

L'attaque fusa, rapide et vivace. Gina sourit.

- C'est ça ! Tir de Boue !

Vibraninf cracha une boue épaisse et très foncée qui piégea Phanpy dans une mare de boue. Blandine Barnes hocha la tête, contente.

- Bien joué. Enfin ce serait bien joué si mon Pokémon n'était pas un Phanpy.

Gina haussa les sourcils.

- Bah quoi, je t'ai piégée ?
- Hm. Seulement Phanpy est un Pokémon Sol. Roulade en arrière !

Le Pokémon recula en roulant avec une aisance incroyable. Gina écarquilla les yeux.

- C'est bon, fini de rire. Eclats Glace !!

Phanpy leva la trompe, forma l'attaque et la balança vers Vibraninf. Gina était tellement surprise qu'elle ne chercha même pas à esquiver. Vibraninf retomba au sol, choqué.

- Zut !!
- Désolée, c'est le jeu...
- ... Atterrissage !

Vibraninf replia ses ailes. Lucy acquiesça.

- Séisme !

Phanpy frappa violemment le sol, ce qui acheva Vibraninf.

- ... bah crotte alors...
- Désolée, c'est le jeu, encore une fois...
- Et victoire de Tien. Bel usage des possibilités offensives.
- Merci.

Perrine soupira et regarda son dessin représentant la prof en Jules Cesar face à deux femmes en haillons se battant avec des poulets rôtis. « Même pour dessiner, je suis à la ramasse ! »

***

- Gina s'habille comme un sac !
- Tu ne reconnais même pas qu'elle est jolie ? s'étonna Walter.
- C'est une FEMME ! Sa seule utilité à mes yeux c'est d'être une confidente !
- Wallace, tu es parfois... génial, dans ta connerie.
- Merci Walter.

Perrine soupira dans son assiette. Elle regarda la chaise face à elle, vide. Et derrière, à quelques tables d'ici, Naomi, Mike, Steven et James qui ricanaient.

« Ça me gonfle, ça me gonfle, ça me gonfle... »
- Tout va bien, Perrine ? s'étonna Wallace.

Elle regarda les garçons et acquiesça.

- Oui oui, ça va...
- On dirait pas trop... marmonna Walter.
- Pourtant tout va bien... pourquoi ça n'irait pas ?

Wallace et Walter se regardèrent.

- Bah, depuis que Naomi et Mike sortent ensemble, t'as comme qui dirait... changé de comportement... au point que des fois on a l'impression que tu tiens la chandelle entre moi et Walter...

Walter regarda Wallace, atterré.

- Tu es un idiot.
- Toi aussi, de ne pas y avoir pensé plus tôt ! sourit Wallace.
- Pff !! En plus c'est très insultant pour Perrine.
- Mais elle comprend ! Hein Perrine ?

Perrine sourit en regardant ses amis et s'en retourna vers son assiette.

- Que ce soit bien clair !

Santana écoutait Rebecca avec attention.

- Tu ne manges avec nous que parce que VIOLETTE, dans sa grande gentillesse, s'est dit que ce serait plus pratique pour qu'on parle du devoir sans avoir à te voir à l'extérieur !

Santana hocha la tête.

- J'accepte votre clémence, ô grande Reine Rebecca...
- Ne me parle pas de cette façon ! grommela Rebecca.
- Fais attention Rebecca, elle pourrait te jeter un sort !!

Rebecca regarda Amélia, stupéfaite.

- Mais enfin Amélia, ça n'existe pas les sorts !
- Que tu dis... souffla Santana. Je pense qu'on peut aisément finir la première partie du devoir à la fin de l'année.
- C'est... quoi, déjà, la première partie ? demanda Rebecca.

Violette regarda ses papiers à côté du plateau.

- Introduction, Liste des Attaques et leur effet, puis référentiel des Pokémon pouvant les utiliser et de quelle manière les attaques ont été étudiées. Le tout en agrémentant la bibliographie, la médiagraphie et la webographie au fur et à mesure pour conserver un suivi des connaissances et pour savoir où revenir éventuellement

Rebecca regarda Violette, surprise. Santana regarda Violette, séduite.

- TOUT CA ?
- Bah oui...
- C'est un gros devoir et on est censées le faire à quatre. Evidemment que ça demande du travail. Si c'était si simple, je l'aurais fait toute seule en une semaine... marmonna Santana.

Rebecca en tomba dans sa chaise d'épuisement à l'avance. Amélia souffrait d'un blocage cérébral depuis que le mot « travail » avait été prononcé.

Sous la table, Violette ne semblait pas protester aux frôlements de pied de Santana sur sa jambe.

- Alors... je vais devoir bosser moi aussi ?
- Oui et Amélia un peu aussi, si elle peut... Je veux bien prendre plus de travail, ça m'arrangerait même, mais je ne peux pas tout faire.
- Et toi ?!

Violette haussa les épaules.

- Ca ne m'embête pas, le sujet m'intéresse !
- Violette, c'est du travail !! Tes mains vont ressembler à celles d'un ouvrier du bâtiment à la retraite !!
- Il faut bien Rebecca, sinon adieu la fac...

Rebecca soupira, partagée entre le tout diabolique travail et l'occasion d'être à nouveau populaire à la fac.

- Eh bah on n'est pas rendues... soupira la rousse.

A la table des geeks, scène étonnante.

- J'étais toute petite, et je voyais ça et je me disais : C'est incroyable ! Alors ma mère a pris une photo et depuis je la garde en fond d'écran sur mon téléphone !

Tino regarda l'objet en hochant la tête, sous les yeux de Robbie, Tristan, Benjamin et Orson.

- Cool... C'est plutôt rare, une migration de Milobellus !
- Et tous ces spécimens qui sortent en même temps que l'eau !
- C'est juste pour s'oxygéner...
- Oh, et dis-moi si celui du fond est un Pokémon Chromatique ou pas !

Tino observa attentivement la photo et utilisa même le zoom du téléphone.

- Euh... non...
- Tu es sûr ? Avec mes parents on est persuadés que c'en est un !
- C'est juste les reflets du soleil. C'est un Milobellus normal, c'est tout.

Christina sembla déçue.

- Oh... j'avais pensé...
- Non, et puis de toute façon c'est tellement rare, c'aurait été étonnant que tu en voies un, surtout en migration...

Tristan leva les yeux au ciel. Christina reprit son téléphone, dépitée. Elle recommença à manger, moins enthousiaste qu'au départ.

***

- Tu es incroyable...
- Quoi ? s'étonna Tino en sortant du réfectoire.

Tristan soupira.

- Elle était toute contente et tu lui as ruiné son enthousiasme !
- Je lui ai dit la vérité, qu'est-ce qu'il y a de...
- Elle sait pertinemment au fond qu'il n'y a PROBABLEMENT pas de Milobellus chromatique dans une migration, mais elle y croyait ! Tu ne pouvais pas dire « ah, peut-être ! » souffla Tristan.

Tino haussa les épaules.

- Pour quoi faire ?
- ... tu es irrécupérable !
- Bah quoi ?!
- Tu aurais au moins pu être gentil avec elle !
- Ah... Peut-être bien, oui...
- Mon pauvre Tino... soupira Tristan.
- Quoi ? Quoi, mon pauvre Tino ?
- Rien. Je préfèrerais que tu le devines !

Tino plissa les yeux.

- Ah, pour être gentil avec elle ?

Tristan leva les bras vers le ciel.

- Quel intérêt ?! Lui donner de faux espoirs ? Ce serait cruel.

Tristan baissa les bras, désespéré. Perrine approcha d'Orson, Benjamin et Robbie, derrière Tristan et Tino.

- Je pourrais parler à Orson ?

Tout le monde regarda Orson qui se désigna.

- Moi ?
- Oui, toi.
- Encore ? s'étonna Benjamin.
- Je vous le rends ! souffla Perrine.

Orson partit avec Perrine.

- C'est pour quoi ? demanda-t-il.
- J'ai un souci avec Naomi et plus précisément... Mike.
- Un souci avec Mike ? Comment ça ?
- Bah... Il m'a parlé assez rudement, hier...
- Rudement ?

Perrine soupira.

- Il a été plutôt méchant si tu veux tout savoir ! Je pensais que quelqu'un... qui réfléchit simplement, comme toi, sans complications, pourrait m'aider.

Orson plissa les yeux.

- Vraiment méchant ?
- Bah... disons qu'il était très méprisant...

Orson acquiesça. Perrine soupira.

- Je sais pas quoi faire.
- Faut que tu parles à Mike, que tu répondes, que tu lui expliques bien que... tu as une opinion aussi, que tu es un être humain et que tu penses des choses !

Perrine hocha la tête.

- C'est pas aussi simple.
- Honnêtement, je te comprends. Ce serait comme si ton Pokémon devait faire Casse-Briques sur un Grindur.

Perrine plissa les yeux.

- D'un côté, c'est super efficace. De l'autre, avec l'aptitude Epine de Fer, ton Pokémon va se faire mal.

Perrine acquiesça, tout à fait d'accord.

- A ta place, je ferais pareil, cependant. J'aurais trop peur qu'il m'envoie bouler.
- Oui mais... A trop vouloir éviter le conflit... finalement rien n'avance, rien ne change !
- Comme quand tu passes une commande sur un site Internet. Quand tu appelles et que tu restes poli, que dalle. Dès que tu cries un peu, paf, ça s'agite dans la fourmilière !

Perrine sentait qu'Orson se répandait en métaphores vaseuses.

- Hm... Je vais faire ça, merci Orson.
- De rien ! Ça fait plaisir d'être utile ! Héhé !

Perrine s'éloigna, pas plus avancée.

***

- Oh mais arrête de te plaindre !! Tu es payé par l'Etat, à la même date chaque mois ! Moi j'ai des retards de paie impossibles !
- Oh pfff ! Tu t'en moques, tu es payé plus que moi !
- Mais j'ai des horaires de MERDE, Denis ! Et encore, je ne me réveille plus en pleine nuit pour aller bosser !
- Moi on passe ma journée à m'imposer des choses ! Je ne vends plus les livres, je gère des emprunts et des remises !
- Oh pfff. Quelle horreur. Tu as un salaire fixe mais à part ça tout va bien.
- Toi aussi ton salaire est fixe !
- Tu plaisantes ? J'ai des variations entre 100 et 600 pokédollars !!!
- Ouah, c'est le prix d'un antidote ou celui d'une Super Ball...
- Ne te moque pas de moi, Denis !!

Tiens, Firmin a fini de manger. Perrine l'emmène à sa chambre pour qu'il joue un peu en attendant l'heure du bain.

- Je peux jouer à mettre mon doigt dans mon nez ?
- Non, Firmin ! grommela Perrine.

Elle alla dans sa chambre et observa Queulorior qui faisait les finitions d'une toile où un grand géant sombre fait face à une petite fille effrayée tenant un nounours.

- ... pffff... et toi, Renoir, t'en penses quoi, je devrais lui parler ?!

Queulorior haussa les épaules. Perrine hocha la tête.

- Le digne Pokémon de sa maîtresse...

***

- En tout cas, je suis contente, vous avez l'air plus enthousiaste de venir en ce moment.

Perrine souffla.

- Hm.
- Bien. Comment vous sentez-vous en ce moment ?

Perrine regarda le mur. Elle n'aimait pas trop ne pas voir le psy pendant qu'elle lui parlait.

- ... bien. J'ai envie de voir mon papa.
- Lequel ?
- ... David.

Silence. Perrine soupira.

- J'en ai marre que les choses changent sans cesse autour de moi. Je veux une famille. Ou alors juste rester avec David.
- Vous avez besoin d'un environnement stable, clair, net, précis. Vous ne supportez plus cet environnement défait. Mais la famille que vous avez en ce moment...
- Bof.
- Bof ?
- Hm. Et puis... ça change tout le temps. La personne arrive, me salue, ils vont dans la chambre, pouf il part. Dès fois ils reviennent. Mais ça change le plus souvent.
- Vous parlez de votre autre père.
- Oui. Ca... je crois que ça m'embête.
- Vous lui dites ?

Perrine inspira.

- Nan. J'veux pas que les choses changent encore plus. Ça suffit, ça a trop changé.


***

Le lendemain, Perrine se leva, toujours aussi embrouillée dans sa tête. Ses parents étaient déjà levés.

- Dis aussi que je suis pas affectueux !
- Bah des fois on dirait que tu te forces ! souffla Denis.
- N'IM-PORTE-QUOI !
- Oh je t'en prie David ! Avoue qu'il y a des fois où tu n'es vraiment pas coopératif, et puis tu ne te gênes pas pour le faire sentir !
- Je ne suis pas une machine, il y a des fois où j'ai envie, d'autres fois où j'ai pas envie, c'est tout !
- Mouais. C'est tout...

Perrine regarda Firmin qui se bouchait les oreilles.

- Perrine, tu peux mettre un doigt dans mon nez ?

La jeune fille secoua la tête et alla préparer le déjeuner de son frère ainsi que le sien alors que ses parents en venaient à la qualité de leurs performances respectives.

***

- Voilà ce dont je t'avais parlé.

Clive osa à peine toucher le livre. Perrine plissa les yeux. Andréa le prit.

- Merci Perrine. Depuis qu'on s'y est intéressés, Clive est presque obsédé par ce peintre...

Clive prit le livre sur Francisco de Goya.

- Quel artiste, quelle violence, quelle... horreur ! s'extasia Clive.

Perrine plissa les yeux.

- J'aurais au moins fait sourire quelqu'un aujourd'hui... marmonna la jeune fille.
- Merci en tout cas, on te le rend sous peu ! assura Andréa.
- Y'a pas de presse...
- Le temps que j'apprenne la technique de ce génie... souffla Clive.
- Arrête, tu es effrayant ! soupira Andréa. Ça va toi, sinon ?

Perrine haussa les sourcils.

- Moi ?
- Oui, toi...
- En quoi ça t'intéresse... sans vouloir être méchante...

Andréa haussa les sourcils.

- Bah... on est dans la même classe, on va au même cours d'art, j'en ai pas l'air mais je suis une fille soucieuse de l'état physique et mental de mes camarades. Surtout mental en fait... je crois que je me destine à être psy. Mais alors une très mauvaise psy !

Perrine agita la tête, dubitative.

- Disons que ça a l'air un peu tendu entre toi et Naomi et je dois t'avouer que ça m'intrigue, en tant que camarade de classe...
- ... ça... se voit ?
- Bah oui, on est dans la même classe, y'a des choses qui se voient quand même ! Hein Clive...
- La vache, Super Dieu qui boulotte un de ses chiards, j'adooooooore !

Perrine et Andréa passèrent sur le viol nominatif de l'œuvre de Goya.

- Euh bah... disons qu'elle sort avec Mike, ça m'embarrasse un peu...
- Ca me rappelle quand Clive sortait avec cette fille bizarre, la gothique de la boutique de piercings – à l'époque il en voulait un et finalement il s'est juste fait percer les oreilles. Bah on se voyait moins, du coup ça m'embêtait, je voulais pas les déranger...
« C'est exactement ça ! » songea Perrine.
- Bah au bout du compte ils ont rompu sans que je ne fasse quoi que ce soit. Mais c'était pas une période cool pour moi. En plus du questionnement sur « est-ce que je devrais pas être heureuse pour lui au lieu d'égoïstement espérer le retour de mon pote »...

Perrine grimaça.

- Je crois que j'ai dépassé ce stade.
- Oh. Honnêtement dans ta situation je saurai pas quoi faire non plus...

Perrine soupira alors que la classe du cours d'Arts entrait en salle. « Bah moi non plus figure-toi... »

***

- Je suis inquiet pour Perrine... marmonna Wallace.
- Toi aussi ? songea tout haut Walter.
- Hm... elle est vachement silencieuse en ce moment... genre plus que d'habitude...
- Elle a jamais été très bavarde non plus, mais là ça frise l'exil... admit Walter.

Naomi arriva à son casier et salua les garçons. Lesquels se regardèrent et vinrent la voir.

- Naomi, on s'demandait... marmonna Wallace.
- Tu trouves pas Perrine bizarre en ce moment ? demanda Walter.

Naomi inspira.

- C'est-à-dire ?
- Bah elle se confie de moins en moins... elle parle pas quoi... marmonna Wallace.
- Oui et puis elle est un peu distante, presque...
- Je vois rien de spécialement inhabituel... précisément. J'aimerais bien qu'elle s'exprime un peu plus, comprendre ce qu'elle ressent parfois, voyez... Parce que bon, c'est une fille intelligente, il serait temps qu'elle comprenne que son avis aussi compte...

Les deux garçons hochèrent la tête.

- Le souci c'est qu'en ce moment j'ai pas trop le temps pour m'occuper de ses soucis, Mike n'arrête pas de vouloir qu'on sorte, depuis que mes parents savent que j'ai un petit copain, qu'il est noir et sportif, ils m'autorisent beaucoup plus à sortir... j'en profite, c'est égoïste, mais c'est comme ça.

Wallace et Walter penchèrent la tête, intrigués.

- ... bref si elle se sent dans une impasse, désolée mais ça n'est pas ma faute !

Naomi rangea un livre dans son casier et s'éloigna.

- ... trucs de gonzesses, je suppose...
- Ouais, on devrait pas trop s'en mêler... admit Walter.
- Ouaip... souffla Wallace.

***

- Je trouve aussi que Naomi a changé.

Perrine avait décidé de manger seule avec Ana.

- Hm...
- Elle est tout le temps avec Mike, elle est tout le temps avec eux, elle ne mange quasiment plus avec vous... C'est comme si elle vous évitait ! affirma fermement Ana avec son accent russe.
- Hm... peut-être que je devrais pas m'en mêler en fait, elle fait ce qu'elle veut, non ?
- Bah... c'est ce que tu fais depuis le départ et apparemment ça ne marche pas... et elle, de son côté, elle ne fait pas d'effort pour revenir vers toi.

Perrine ne put qu'acquiescer.

- C'était plus simple à l'époque où on était dans la même classe, avec toi.
- Ah ça oui. Mais à l'époque elle n'avait pas de petit copain.

Perrine soupira, on ne peut plus d'accord.

- Ca me tue que ce soit un tel problème entre nous !
- Oui mais ça se comprend, Perrine. Si Mike était un bon petit copain, il devrait chercher à faire un pas vers toi.

Perrine soupira.

- Il a plutôt fait un tacle glissé vers moi...
- Hm, je pense que tu devrais lui en faire un toi aussi !
- Plus facile à dire qu'à faire. Tu le ferais, toi ?
- Moi, non ! Tu plaisantes, j'aurais trop peur ! En plus c'est un copain de James, le petit ami de Fey, ma meilleure copine dans la classe, ce serait mauvais pour moi !

Perrine acquiesça, méditant ces propos.

Wallace se retourna vers Santana et Walter.

- Bref, Perrine quitte le navire également...
- Je sens la tristesse dans ta voix, je ne savais pas que tu aimais les...

Wallace grimaça. Santana finit sa phrase.

- ... femmes !
- Je tiens à Perrine, c'est quand même la première personne qui m'a tendu la main dans cette classe !
- Merci pour l'autre tâche à roulette qui, à l'inverse, t'a enfoncé une matraque dans le cul !

Santana regarda Walter, surprise. Il haussa les épaules.

- J'aime pas quand il néglige ma contribution !!
- Je sens qu'elle a des soucis, elle parle à la petite russe !
- Et... alors ? souffla Santana.
- Et alors ? Mais elle est complètement inintéressante !

Santana soupira. Walter se mordilla les lèvres.

- Courage, petite Santana, à la fin du repas, tu ne seras plus obligée de lui parler...
- Certes mais je serais toujours dans la même classe que lui... terrible perspective qui me taraude chaque jour... soupira la vietnamienne.
- Eh, faites pas de blagues ensemble, ça me blesse deux fois plus !! grommela Wallace.
- Ton manque de considération envers tes camarades fait peur, et à mon avis, ce ne serait pas étonnant que ça ait quelque chose à voir avec ton manque d'informations concernant ce qui trouble Perrine.

Wallace plissa les yeux, désarçonné.

- Tu lui as fait de la peine, là... marmonna Walter.
- J'essaie de l'aider ! Je sais ce que c'est de vouloir sincèrement sortir quelqu'un du marasme de connerie dans lequel il est enfoncé, et c'est difficile, ça demande beaucoup de doigté...

Wallace éclata de rire. Santana soupira et écrasa le pied de Wallace sous la table.

- AH, CONN...

Santana regarda Wallace, prête à exploser.

- ... nifère. J'aime les conifères !
- Merci.
- Garce.
- Pauvre type. Tu veux aider Perrine ? Commence par te préoccuper un peu plus des gens de la classe. Ça ne sert à rien de te la jouer grand chef pour au final ranger les gens dans des cases sans avoir examiné les cas par avance. Si tu t'étais intéressé à « Ana », la petite russe, tu saurais qu'elle vit seule avec sa mère et que son père est en Russie, qu'elle va le voir à chaque vacances et qu'il lui manque.

Wallace soupira.

- Je suis intéressant aussi !
- Bonjour, je suis Wallace Gribble, je réfléchis avec ma bite, mon père est un gros beauf intolérant et ma mère est complètement neurasthénique ! Oh, au fait, mes Pokémon veulent me tuer !

Walter montra Santana du doigt.

- Elle t'a bien cerné ! admit le jeune handicapé.
- Ouais, mais elle sait qu'on peut faire la même description pour elle au féminin.
- Non, ça marcherait pas ! signala Santana.
- Pffff...

Francis mâchonnait sa viande.

- C'est délicieux mais est-ce à cause de la viande ou à cause de la sauce ? Pour répondre à votre question, les filles, je pense que Perrine souffre du syndrome de la fille unique.

Quinn et Lucy assistaient, passionnées, à un passionnant exposé de Francis.

- Je pense que la seule amie véritable de Perrine est Naomi. Seulement, Naomi a un petit copain, auquel, comme tous les petits copains, elle veut consacrer du temps, et d'ailleurs les petits copains sont comme ça, ils aiment passer du temps avec leur promise parce que c'est pour ça qu'ils sont leur petit copain !

Lucy regarda Quinn qui secoua la tête.

- En conséquence, Perrine se retrouve esseulée, et personne n'aime se retrouver seul ! Seul, dans la nuit noire et profonde au fond de draps froids et sombres qui vous glacent et vous rebutent à la minute où vous rentrez dedans, vous disant : Ah, si seulement une douce fille venait s'y glisser !

Quinn et Lucy grimacèrent de dégoût.

- Mais pour Perrine, pas de beau garçon, pas de sorties enflammées, pas de draps réchauffés par la présence d'un prince bellâtre, d'un homme pour la tenir dans ses bras, d'un roi pour diriger son royaume, d'un jardinier pour faire fleurir les lilas couvrant les jardins de son château intérieur...
- Tu fais quoi ? s'étonna Lucy en voyant Quinn chercher quelqu'un du regard.
- J'essaie d'attirer l'attention de Wallace. Francis a besoin d'un bon récurage de l'égo...
- Ow...
- La pauvre petite fille en vient alors à quémander de l'aide à qui veut bien lui en donner – Dont votre fantastique serviteur – mais elle se retrouve à tourner en rond et à chercher quelque compagnie pour combler ses heures perdues...

Wallace s'avança près de la table.

- Oui ?

Francis regarda le jeune homme, surpris. Quinn tendit les mains vers Francis.

- Wallace, je te présente Francis ! Wallace, Francis est notre meilleur ami à moi et à Lucy...

Lucy acquiesça alors que sa copine la regardait, complice.

- ... Oui, et le temps passe, le temps passe, et on aimerait bien le caser, le petit, c'est qu'il est seul !
- Quoi ? Non !
- Oui, seul dans des draps glacés, il ne rêve que d'un prince bellâtre pour le réchauffer ! assura Quinn.
- Exact, et c'est toi son rêve depuis le début de l'année, il ne parle que de toi ! souffla Lucy.

Francis semblait paniqué.

- W... Wallace, je...

Wallace soupira.

- Les filles, votre pote Francis ne porte pas de marque.

Francis regarda ses vêtements, étonné.

- Si Francis était gay, il porterait de la marque. Or c'est pas le cas. Deux solutions : Soit il est pauvre...

Francis se recroquevilla.

- ... ce qui m'étonnerait vu ses magnifiques lunettes, soit il est hétéro comme un phoque. Dans les deux cas, ça m'intéresse pas du tout. Francis, mon vieux, tu as du boulot, elles sont même pas capables de différencier un homo d'un hétéro !

Wallace s'en alla, tout content. Francis regarda Quinn et Lucy en haussant les épaules alors que les deux filles étaient complètement mystifiées.

- Merci les filles, me faire traiter de pauvre par un hangar à quéquettes, c'est la satisfaction suprême que je souhaitais atteindre dans l'existence... grommela Francis, mécontent.

Wallace arriva à sa table et regarda Santana.

- Tu vois ! Je m'intéresse à mes camarades ! J'ai vu que Quinn me faisait des signes !
- En même temps, Quinn est complètement tarte et ça crève les yeux qu'elle est folle amoureuse de Francis... soupira Santana.

Walter et Wallace regardèrent leur temporaire compagne de table, stupéfaits.

- Voyez, heureusement qu'on mange pas ensemble tous les jours ! Ce serait X-Files tous les midis ! ricana la vietnamienne, ironique.

***

Cours de combat direct en extérieur. La plupart des élèves se battaient sur un des nombreux terrains, entourés par un grillage. Perrine affrontait Santana.

- Tu vois, elle fait comme si elle était une nouvelle personne, alors que pas du tout, enfin, je le ressens pas comme ça ! Dard Nuée !

Cacturne envoya ses dards pour percer l'écume de Moyade.

- Ball'Ombre. Je vois le genre. Tu devrais lui en parler sans ambiguïté.

Cacturne contra l'attaque avec Feinte.

- C'est-à-dire ?
- C'est TA meilleure amie, vous vous connaissez depuis longtemps, elle n'a pas à te délaisser comme ça, même pour un mec. Tu permets que je teste une nouvelle attaque sur toi ?
- Je t'en prie.
- Merci. Giga Sangsue !

Moyade se concentra et absorba l'énergie de Cacturne, mais en très faibles quantités.

- ... ça ressemblait plus à un Vol-Vie...
- Je sais, je suis pas douée pour les attaques Plante, de toute évidence...
- Avec un Pokémon Eau, surtout, c'est galère, parles-en à la prof de technique.
- T'as pas tort.
- Poing Dard. Le souci c'est pas tant Naomi, c'est Mike et la façon dont il me parle... et mon incapacité à aller lui parler.
- C'est encore pire alors... Laser Glace !

Moyade contra intelligemment Cacturne en glaçant le sol, faisant glisser le Pokémon qui, en perdant l'équilibre, perdait aussi l'élan de son attaque.

- J'étais sûre que tu dirais ça – et que tu ferais ça...
- Vas-y franco. C'est juste un mec comme ça qui rentre dans ta vie par le biais de ta copine. Rentre-lui dans le lard, dis-lui ses quatre vérités.
- Oui mais...
- Ebullition.
- Coup Bas.

Cacturne coupa le sifflet de Moyade. Repoussé, le Pokémon mit un certain temps à lancer son attaque qui échauda bien Cacturne. Le Pokémon recula, sur ses gardes.

- ... chaque fois que j'ai dit ce que je pensais dans ma vie, ça a blessé des gens. Et j'ai toujours peur, tu vois, de... d'influencer les gens en me plaignant que tout va mal. Je sais pas si tu vois ce que je veux dire.
- Si, si. Quand on sait qu'on a un avis impopulaire, c'est toujours dur de le donner. J'ai connu, mais maintenant que je suis une personne affirmée, je donne mon avis sans complexe, ça passe ou ça casse. Pour ton souci, je te dirais que... Blesser n'est pas tuer !

Perrine déglutit alors que Moyade envoyait un nouveau Laser Glace, que Cacturne contra avec de simples Dards Nuée envoyés en tournoyant.

- ... T'es épuisante, tu sais, ça ?! soupira Santana.
- Oh ça fait du bien de se lâcher un peu en combat, nan ? souffla Perrine.
- Oui, mais c'est pas sur moi que tu dois le lâcher non plus... mais sur Mike.
- ... plusfacileàdirequ'àfaire... geignit Perrine dans sa barbe.
- Si ça peut te rassurer, en quelque sorte, tes amis se font du souci pour toi.
- Mes am...
- Wallace et Walter. J'ai mangé avec eux ce midi.

Perrine acquiesça.

- Je... j'ai pas envie de les saouler avec ça...
- Ce qui peut se comprendre, mais ils voient que tu as un problème.

Perrine hocha la tête.

- C'est trop injuste !!!

Amélia haussa les épaules.

- J'vois pas en quoi...

Lilian voyait son Tritonde piétiné par Cerfrousse.

- Madame, j'en ai assez, je veux me battre avec mon frère dans les cours !
- J'décide pas ton adversaire, c'est le hasard, j'ai une application sur ma tablette exprès pour ça !! grommela Blandine.
- Non, je veux dire en duo, à ses côtés !!
- C'est pas le sujet du cours d'aujourd'hui !

Steven s'accrocha au grillage d'à côté.

- HAHAHA ! TU T'ES FAIT BATTRE PAR AMELIA !!!
- C'est parce que mon frère n'est pas avec moi !!
- J'm'en branle, tu t'es fait niquer par une fille, tarlouze !

Lilian leva les yeux au ciel. Robbie, face à Steven, plissa les yeux.

- On... peut continuer à se battre ?
- Ouais, ouais, t'inquiète blondasse, on va se battre.
- Tu es blond aussi... marmonna Robbie.
- J't'emmerde, ok ? Me parle pas, j'te parle pas !

Robbie acquiesça.

- Emolga, à toi !

Steven sourit.

- Sablaireau, dégomme-le !

Robbie acquiesça.

- Ok...
- T'as compris ? Tu vas en chier ! Tomberoche !

Les rochers sortirent sous les pieds d'Emolga qui s'envola.

-Tu peux faire ce que tu veux, tu pourras pas me battre, Sablaireau est de type Sol !
- Primo, j'ai aussi des attaques Vol, deuxio, je sais ça depuis longtemps et j'ai paré à ça. Puissance Cachée !!

Emolga leva un doigt et créa autour un cercle de sphères blanches. Elles foncèrent vers Sablaireau qui se les prit de plein fouet. Le Pokémon, choqué, fut projeté contre la grille.

- EEEEEH !
- Ma puissance cachée est de type Glace... Désolé !
- ... putain...
- On continue ? Je me demande si je peux contrer chacun de tes Pokémon !

Steven grimaça.

***

Au moment de partir de l'école, Perrine fut abordée par – ô surprise – Naomi.

- Hey !
- Hey...
- Tout va bien ?

Perrine haussa les épaules.

« C'est tout ce que tu as à me dire, connasse ? »
- J'ai l'air d'aller mal ?
- J'sais pas, disons que... j'ai l'impression, et je crois pas être la seule, les garçons aussi, mais que tu as un problème en fait...

Perrine inspira.

« Ouais. T'as la vue d'une taupe, tu piges rien à rien, t'as pas genre remarqué que t'as changé du tout au tout avec moi, genre tu m'ignores à fond les ballons ? Tu crois que c'est un comportement digne d'une amie ? »
- Disons qu'il faut que je m'y fasse, tu me connais, toujours du mal à m'habituer aux changements...
- ... ça fait deux mois quand même, Perrine...
- Je sais, mais là encore tu me connais, longue à la détente, tout ça. Mais y'a pas de problème. « Avec toi personnellement du moins. »
- Ok ! Cool. Je rentre avec Mike, on se voit plus tard !
- Hm...

Perrine regarda son amie partir, déçue. « Et merde... »

Wallace poussait Walter et arriva au niveau de Perrine. Laquelle ne trouva qu'à soupirer.

- Je garde toujours Firmin ce soir ?
- Oui, mes parents sont invités à un dîner de charité donné par l'hôpital de mon père...
- Est-ce que tu vas bien ? demanda Walter.
- Je veux pas te répondre ! souffla Perrine. J'te mentirais.
- Ok, tu devrais essayer de te calmer...
- Je SUIS CALME !!

Elle partit devant, énervée. Wallace hocha la tête.

- Promis, j'te raconte demain.
- Chouette !

***

Le soir venu, Perrine, Wallace et Firmin se retrouvèrent... dans la chambre de Perrine. David et Denis se faisant la tête dans le salon.

- Tu crois que je serais payé ?
- C'est pas mon problème... soupira Perrine.
- Tu penses que tes parents vont...

Perrine obstrua la bouche de Wallace d'une main. Firmin regarda sa sœur.

- Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?
- Rien, je... trouvais juste que la bouche de Wallace était jolie et j'avais envie de la toucher !
- Aaaaah ! Perrine et Wallace sont amoureux-heu ! ricana Firmin.

Wallace regarda Perrine, mécontent.

- A cause de toi, il croit que je suis un sale hétéro !
- Bien fait !

Perrine plissa les yeux et soupira. Wallace sortit Canarticho qui s'amusa à tapoter son légume sur le nez de Firmin.

- Hééééé ! Donne ! Donne !

Wallace regarda Perrine, à l'écoute. Elle soupira.

- Cette situation à la maison ne m'influence pas. Ça n'a rien à voir.
- Pourquoi tu n'interviens pas ?
- Je tends à penser que les choses peuvent s'améliorer d'elles-mêmes...
- Pas toujours, Perrine. Regarde, moi et mes parents.

Perrine souffla.

- Je ne peux pas te dire ce qu'il y a exactement.
- Pourquoi ?
- Parce que tu vas faire une bêtise si je te le dis.

Wallace haussa les sourcils.

- C'est-à-dire ?

Perrine soupira.

- Disons que Mike m'a... signifié, très clairement, que... je devais arrêter d'essayer de parler à Naomi, de l'approcher et tout le toutim.

Wallace grimaça.

- C'est Mike, le problème ?
- Voilà. C'est pour ça que je suis bloquée.

Firmin courrait après Canarticho dans la chambre.

- Canard, Canard, Canard !

Wallace semblait gêné.

- Il t'a... insultée ?
- Nan, enfin il m'a parlé dans son jargon, tu te doutes que c'était pas parfumé à la rose, mais c'est juste... qu'il me dise ça, quoi... qu'il me dise à moi comment me comporter avec ma meilleure amie...

Wallace acquiesça. Perrine souffla.

- Si j'en parle à Naomi, elle va me détester, si j'en parle à Mike, je vais m'en prendre encore plus plein la tête...
- Alors ça, crois-moi...
- Je ne veux pas que tu interviennes, Wallace. S'il te plait.
- Je ferais rien empirer, Perrine, t'en fais pas !
- Non, c'est pas ça, je veux régler ça toute seule !

Wallace hocha la tête.

- Si je n'y arrive pas, je n'y arriverais jamais. Même si une part de moi a envie de se cacher dans un trou à tout jamais... Je dois lutter contre moi-même et... me lancer !

Wallace hocha la tête.

- Si jamais un jour tu y arrives, je serais derrière toi !
- Merci. Mais n'interviens surtout pas. En plus, Mike t'apprécie à ce que j'ai cru comprendre.
- Ouais il est cool... Raison de plus, je pourrais lui parler !

Perrine secoua la tête.

- Moi toute seule. C'est entre moi et lui.

Wallace acquiesça alors que Firmin avait attrapé Canarticho.

- Ouaiiiis ! J'ai capturé un Pokémon !!
- Allez, viens Manny !

Canarticho sauta dans les bras de Wallace qui sourit.

- Perrine, si je peux avoir une relation convenable avec un Pokémon que je viens de capturer, tu peux parler à Mike.

Perrine hocha la tête, confiante.

***

- Je lui en veux, c'est tout.

Le psy haussa un sourcil.

- A...
- A mon papa.
- ... lequel ?
- A Kyle. Je lui en veux.
- Vous le lui avez dit ?
- Non.
- Pourquoi ?

Perrine inspira bruyamment.

- Sinon... il pourrait m'abandonner.
- Intéressant. Vous pensez que la moindre erreur de votre part conduit à une irrémédiable sanction...

Perrine haussa les épaules.

- Ouais... si on veut.
- Quelle est votre opinion sur ce second père ?

Perrine soupira.

- Bah... quelque part j'ai l'impression qu'il veut que je sois sa fille, et c'est tout. Que je sois là, c'est tout.
- Il vous aime quand même, non ?

Perrine haussa les épaules.

- Oui, je pense...
- Vous pensez ?

Perrine soupira.

- J'étais bien avec les deux, moi, avec David et Kyle, moi. Pourquoi ils se sont séparés...
- Nous en avons déjà discuté. C'est quelque chose que ni vous, ni eux ne pouvaient prévoir.

Perrine soupira.

- J'étais jeune mais je m'en rappelle encore, ce bonheur... Pourquoi ça peut pas durer ?!
- Même réponse.
- Je sais, je sais...


***

Le re-lendemain...

- Oh bah voyons ! C'est mon PERE qui m'a appris à utiliser mes Pokémon pour le ménage, MONSIEUR !
- Ah parce que moi, mes parents n'ont pas inventé la machine à courber la banane, bien sûr, donc forcément...
- Mais tu m'écoutes au moins ?! Arrête de me reprocher de laisser notre ménage à mes Pokémon, ça t'arrange bien de pas avoir à le faire, ce ménage, merde !
- Toujours est-il que c'est pas hygiénique du tout. En plus ils le font pas bien, t'as vu la poussière qui reste après ?
- Bah fais-le, toi !!

Perrine soupira et enleva le doigt du nez de Firmin.

- Dernière fois, Firmin !
- Tu peux pas comprendre !
- Si, je peux, mais ça n'empêche que c'est pas beau, et tu devrais le savoir...
- C'est mon choix de vie !!

Perrine haussa les sourcils.

- Qui t'a appris ça ?
- ... Wallace !
- ... bien sûr... soupira Perrine. Ça n'empêche, pas de doigts dans le nez !!
- Maiiiiis...

Perrine soupira et acheva d'habiller Firmin.

***

Perrine arriva encore une fois avec elle, elle vit encore une fois Mike fricoter avec Naomi comme deux ados débiles en fleur, elle leva une nouvelle fois les yeux au ciel... « C'est Un jour sans fin, ma parole !! »

Elle soupira et se dirigea vers son casier. Elle y croisa Rebecca.

- Tiens, mais c'est Miss « Bouhouhou, ma copine sort avec un mec et maintenant je suis sans-amis ! »

Perrine ferma brutalement son casier. Rebecca sursauta alors que la grosse fille la regardait fixement. Rebecca s'éloigna en trottant et en gémissant, effrayée. Perrine grimaça. « Purée, en plus tu te mets à avoir des réactions ridicules !! Ca-lme-toi ! Et tes crétins de parents qui se disputent pour de la merde à la maison, mais bon sang, énerve-toi, énerve-toi, Perrine, crotte !! »

Elle prit ses affaires et se dirigea directement vers la salle d'histoire, contrevenant à la règle du glandage avant les cours. Helen arriva pour préparer sa salle pour le cours, suivie par Preston le Miradar.

- Eh bien, Perrine...
- Bonjour madame Clover.
- Tu sembles soucieuse...
- Pfff... Naomi me laisse un peu de côté, mes parents se disputent pour des broutilles, je commence à me demander si je ne vais pas venir ici un jour et tout casser...

Helen haussa les sourcils.

- A part ça tout va bien, je devrais être contente, j'ai survécu à bien pire, j'ai pas à me plaindre, j'ai des amis supers, même si l'une d'entre eux commence à me rendre dingue avec son comportement de m... crotte, et... Pfff, ça m'énerve, j'aime tout le monde dans cette classe mais j'arrive pas à leur parler régulièrement, seulement quand j'ai des problèmes, et je ne parle même pas à celui à qui je devrais parler parce que... J'ai peur qu'il me rembarre ou qu'il soit plus méchant avec moi qu'il ne l'a été la première fois !

Helen resta stupéfaite.

- Ouah !
- Désolée de me vider sur vous !
- Oh non, au contraire, je suis rassurée à ton sujet.

Perrine plissa les yeux.

- Ça me fait plaisir de voir que tu penses autant de choses. Vue de l'extérieur, tu sembles insensible, impénétrable et intouchable.

Perrine ne put qu'acquiescer.

- Pourtant quand tu exprimes tes sentiments, tu as l'air forte. Sur tous ces plans précis. C'est agréable de te voir comme ça. Et si quelqu'un t'embête, tu ne dois pas avoir peur de lui dire ! Sinon il continuera à t'embêter.

Perrine hocha la tête. Helen entra dans la salle.

- A tout à l'heure !
- Oui...

Helen ferma la porte. Perrine hocha la tête en soufflant.

Le reste de la classe arriva peu à peu. Quand Naomi, Mike, Steven et James arrivèrent, Perrine prit une grande inspiration et alla tapoter l'épaule de Mike.

- Hein ? Ouais ? Tu veux quoi ?

Perrine prit son courage à deux mains et lâcha :

- T'es un connard.

Le reste de la classe se tourna vers le duo. Wallace manqua de s'étouffer avec sa barre de céréales. Walter manqua de tomber de sa chaise.

- T'es un connard et je t'aime pas. A cause de toi, ma meilleure amie m'ignore complètement, je sais pas ce que tu lui fais ou ce que tu lui dis, mais à cause de toi, elle est différente. Notre amitié est différente et ça, je peux pas l'accepter. Aussi, tu peux venir m'insulter autant que tu veux, me traiter de petite grosse, d'animal effrayé à qui on a volé sa bouffe, tu peux me traiter de gamine, de tout ce que tu veux, me menacer, me dire que Naomi est à toi, qu'elle t'appartient ou je sais pas quelle connerie de mec macho qui veut garder sa belle, je m'en tamponne. Mike Denton, tu es un pauvre mec, tu ne mérites pas une fille aussi cool que Naomi, et je refuse de me soumettre à tes règles pour fréquenter ma meilleure amie. C'est moi qui l'ait connue la première, c'est à TOI de te soumettre à MES règles et de venir manger avec nous si tu veux la voir ELLE. Parce que c'est ma meilleure amie, toi tu es juste le connard qui l'a séduite avec de belles paroles. Rien, je dis bien, RIEN de ce que tu pourras dire ou faire ne changera ça. Je te laisse, ne m'adresse pas la parole, je ne te répondrais pas, et surtout : T'es un connard.

Perrine se retourna, satisfaite. James était abasourdi. Steven cligna des yeux, stupéfié.

- Mec, j't'avais dit d'pas la faire chier, putain !! Elle est maléfique, c'te meuf !

Le reste de la classe, pas mieux. Complètement atomisé. Mike allait répliquer mais Naomi s'avança et s'en chargea.

- C'est QUOI ton PROBLEME ???

Perrine se retourna vers Naomi. Wallace et Walter observaient, mortifiés.

- Mais enfin, pourquoi tu m'as rien dit ? Tu la joues genre « Ça va, ça me gêne pas », et maintenant ça ?!!!

Perrine ne répondit rien. Wallace et Walter semblaient la sommer silencieusement de répondre. Robbie regardait des deux côtés, halluciné. Quinn et Lucy semblaient peinées pour les deux filles. Francis, Ana, Santana, Andréa et Orson se mordillaient les lèvres.

- Ok, tu veux pas répondre ? Laisse tomber. On n'est plus amies. Ça te va comme ça ? Si t'es pas capable d'accepter une bête relation, alors on n'a plus rien à faire ensemble, je suis pas ton exclusivité, ma vieille !

Perrine se contenta de hocher gravement la tête. Naomi s'en retourna avec Mike et sa bande alors que Perrine alla se placer aux côtés de son cousin. La classe y alla de son brouhaha.

- T'es FOLLE ??? cracha Wallace, effaré.
- Perrine, quand même... marmonna Walter, affligé.
- Tout va bien, j'ai confiance en notre amitié, je sais qu'elle reviendra vers moi sous peu. C'est pour ça que je n'ai rien dit.

Wallace secoua la tête, halluciné.

- Tout compte fait j'aurais dû lui parler moi !
- Mais non, tout va bien, là... souffla Perrine, soulagée.

Pendant ce temps-là, le reste de la classe...

- Je savais qu'elle était folle ! Tout à l'heure elle m'a menacée ! geignit Rebecca en regardant Violette et Amélia.

« La vache, c'est comme si on avait secoué une canette de soda, et tout d'un coup PAF ! » pensa Quinn.
« Tout le monde dans cette classe est dingue... sauf Tino » songea Christina.
« On avait dit un tacle glissé, pas l'armée... » songea Ana.
« Note à moi-même : les filles, c'est vraiment trop de problèmes... » songea Tristan.
« Ne pas commencer à trouver Perrine sexy, ne pas commencer à trouver Perrine sexy... » songea Santana.

***

- Perrine est une jeune fille très intelligente. En quelques mois elle a fait d'immenses progrès. Sachant qu'au début elle voulait à peine parler.

L'homme hocha la tête. Perrine gardait un air neutre.

- Je pense qu'elle souffre d'un manque de stabilité au sein du foyer qui l'empêche de s'épanouir complètement en tant que personne. Mon premier avis serait qu'il faut lui laisser le temps de grandir pour qu'elle comprenne petit à petit ce qu'est sa vie et les directions qu'elle prend...
- Hm.
- Elle n'est pas perturbée, au contraire, très réaliste, mais je pense qu'elle n'a aucun trouble à proprement parler.

Vincent Hadley hocha la tête.

- Très bien. Merci docteur Graham.
- Mais de rien.

***

- Alors ça y est, c'est enfin fini ? soupira Perrine, mécontente.
- Oui. Je sais que tu n'aimais pas ça, mais tu vas beaucoup mieux maintenant, non ?
- J'vais juste voir un docteur qui soigne rien du tout, c'est nul... soupira la fillette.
- Oh voyons Perrine. Toi aussi tu sais que tu as fait beaucoup de progrès chez ce docteur ! Hein ! Ça ne te fais pas plaisir d'être plus ouverte sur le monde ?

Perrine haussa les épaules, boudeuse.
Vincent acheva d'attacher Perrine et monta sur la place conducteur.

- Allez, on rentre. Cassoulet, ça te dit ?
- Hmph... bouda Perrine.

Vincent se mordilla les lèvres. Il reçut un SMS et écarquilla les yeux.

Perrine s'étonna qu'il ne démarre pas.

- Bah alors ? On y va ?

Vincent essuya les larmes qui lui venaient aux yeux.

- Oui... oui... on... on y va...

Vincent ne put retenir quelques sanglots avant de démarrer définitivement.


***

Perrine rentra chez elle et trouva ses parents en froid total. Elle soupira, atterrée.

Elle avança dans le salon, observée par Firmin. Comme aucun de ses parents ne se parlaient, elle poussa un gros soupir.

- Papa...

Elle regardait David qui la regarda.

- Je pense que papa sait que tu fais des efforts et que tu fais de ton mieux mais je pense qu'il a aussi besoin de sentir que tu l'estimes vraiment, à sa juste valeur, pas seulement comme ton assistant, mais aussi comme ton mari. En outre, même si affectivement tu n'es pas une machine, tu es comme lui, tu as des besoins, il le sait et c'est au fil du temps qu'il a appris à les combler comme tu le souhaites, et tu le sais très bien.

David s'étonna, voyant sa fille lui parler de choses très sérieuses voire intimes de leur couple.

- Quant à toi, papa...

Denis regarda sa fille, tout aussi surpris.

- ... arrête de penser que papa n'est rien sans toi, certes c'est toi le pilier sentimental du couple, et la personnalité dominante dans votre relation, mais sans papa, ta vie serait moitié moins heureuse et solide qu'avec lui, et tu le sais, vu le nombre de fois que tu lui dis que tu es heureux de l'avoir rencontré et que sans lui ta vie serait sombre et solitaire.

David et Denis se regardèrent, surpris.

- ... pour résumer, arrêter de vous disputer, c'est stupide et ça crève les yeux que vous vous aimez toujours autant qu'avant... sinon plus, avec tout ce que vous avez traversé.

David plissa les yeux.

- Elle a raison... J'ai eu tort de te dire que tu... enfin d'insinuer que tu étais moins investi dans le ménage...
- Idem, j'aurais... pas dû te traiter de dépendant. D'autant que de ma part c'est ironique...
- Oui, héhé...

Les deux adultes se regardèrent avec tendresse, puis regardèrent Perrine qui acquiesça en levant les yeux au ciel.

- Merci chérie !
- Merci ma grande...

Les deux hommes se ruèrent dans leur chambre. Perrine soupira et prépara le goûter de Firmin. Le gamin regarda sa sœur, regarda vers le couloir où il entendait les ricanements et les baisers de ses parents, regarda sa sœur à nouveau, entendit la porte de la chambre se fermer, puis regarda sa sœur.

- Tu pourrais aller parler à ma maîtresse ?

Perrine haussa les sourcils et se retourna vers Firmin.

- ... pourquoi ?
- Bah elle arrête pas de me disputer parce que je mets mes doigts dans mon nez !

Perrine se redressa, puis se frappa le front, et avec sa main, essuya lentement sa figure, l'air quelque peu lessivée mentalement.