« La grande différence entre l'amour et l'amitié, c'est qu'il ne peut y avoir d'amitié sans réciprocité. »
(Michel Tournier)
« Comment t'y prends-tu
Au moins le sais-tu
Pour mener ta vie ?
Dans le vent j'entends tes renoncements
La mélodie dure, se répand »
(Mylène Farmer, Quand)Truly, Madly, Deeply – One DirectionAm I asleep, am I awake, or somewhere in between?Suis-je endormi, suis-je éveillé ou quelque part au milieu ?I can't believe that you are here and lying next to meJe ne peux pas croire que tu es là, allongé, près de moiLa première chose qu'il sentit à son réveil, c'était ses mains. Ses grandes mains qui le caressaient sur tout son corps. Un sourire s'afficha sur le visage bienheureux. Le jeune homme se retourna, prêt à recevoir un baiser.
Or did I dream that we were perfectly entwinedOu ai-je rêvé que nous étions parfaitement entrelacésLike branches on a tree, or twigs caught on a vine ?Comme les branches d'un arbre ou des rameaux pris dans les lianes ?Tristan ouvrit les yeux, et il n'y avait personne. Surtout, il était en train d'embrasser un oreiller. Il se releva, regarda autour du canapé déplié en lit où il dormait depuis ses dix ans. Il soupira et retomba tristement sur son amant rempli de plumes.
Like all those days and weeks and months I tried to steal a kissComme tous ces jours, semaines et mois où j'ai tenté de te voler un baiserAnd all those sleepless nights and daydreams where I pictured this,Et toutes ces nuits sans sommeil et ces rêves éveillés où j'imaginais çaLa première chose qu'il sentit à son réveil, c'était ses mains. Ses grandes mains qui le caressaient sur tout son corps. Une grimace désagréable se dessina sur le visage mal réveillé, ombragé par une gueule de bois. Le jeune homme se retourna et repoussa l'autre.
I'm just the underdog who finally got the girlJe suis juste le loser qui a finalement eu la fille And I am not ashamed to tell it to the world.Et je n'ai pas peur de le crier au monde entierWallace ouvrit les yeux, et il y avait quelqu'un. Surtout, ce quelqu'un était en train de le coller. Il se releva, regarda autour du lit, cette chambre où il dormait depuis bientôt cinq mois. Il soupira et se leva rapidement, enjambant son amant encore chaud.
Truly, madly, deeply, I am
Foolishly, completely fallin'Vraiment, désespérément, profondément, je suis
Follement, complètement tombéTristan poussa un soupir en défaisant son lit emprunté où il était perpétuellement seul.
And somehow, you caved all my walls in
So baby, say you'll always keep meEt d'une certaine façon tu as brisé mes défenses
Alors bébé, dis que tu me garderas toujoursWallace grommela en jetant son amant dehors sans management.
Truly, madly, crazy, deeply in love with you
In love with you.Vraiment, désespérément, follement amoureux de toi.
Amoureux de toi.Tristan prépara son petit déjeuner, classiquement un lait agrémenté d'une noisette de miel qu'il réchauffait ensuite.
Should I put coffee and granola on a tray in bedDevrais-je te servir le café et les céréales sur un plateau au lit And wake you up with all the words I still haven't said?Et te réveiller avec tous les mots que je n'ai toujours pas dits ?Wallace se prépara un thé au gingembre sur le réchaud dans sa chambre. Il entendit que sa sœur avait pris la salle de bains. « La garce... »
And tender touches, just to show you how I feelEt de tendres caresses juste pour te montrer ce que je ressensOr should I act so cool, like it was no big deal?Ou devrais-je la jouer cool comme si de rien n'était ?Tristan s'assura que sa tante était réveillée, puis il se rendit à la salle de bains. Là, il se regarda dans le miroir. Il constata, impuissant, tous les défauts qui l'empêchaient d'être réuni avec celui qui hantait ses pensées. Il se résigna à vivre sous cette forme hideuse, et il se prépara pour l'école.
Wish I could freeze this moment in a frame and stay like thisSi seulement je pouvais figer cet instant et que tout reste comme çaI'll put this day back on replay and keep reliving itJe me repasserais ce jour et ne cesserai de le revivreWallace récupéra enfin la salle de bains après une bonne vingtaine de minutes passée à choisir des vêtements. Il se regarda dans le miroir et constata, fier, qu'il avait décidément des atouts à faire valoir. Il essaya de se recoiffer un peu, pensant à toutes les coupes qu'il pourrait essayer. Il regretta qu'il y ait cours aujourd'hui, le temps semblait clément pour un début janvier.
'Cause here's the tragic truth if you don't feel the sameParce qu'il y a cette vérité tragique si tu ne ressentais pas la même choseMy heart would fall apart if someone said your name.Mon cœur se briserait si quelqu'un prononcerait ton nomTristan sortit de la salle de bains tout frais préparé. Il vérifia qu'il avait bien pris son ordinateur et sa prise. Se souvenant de quelque chose, il le glissa également dans son sac. Il observa son téléphone dont le fond d'écran était une photo de lui et Tino prise devant la fontaine au centre de la place de Volucité.
Truly, madly, deeply, I am
Foolishly, completely fallingWallace sortit de la salle de bains totalement insatisfait de sa coiffure mais ravi de son choix vestimentaire. Il vérifia son sac et ne put que constater, impuissant, qu'il n'avait presque plus de capotes.
And somehow, you caved all my walls in
So baby, say you'll always keep me
Truly, madly, crazy, deeply in love with you.Tristan sortit de l'appartement de sa tante, situé dans un quartier pourri d'Ogoesse. Le jeune homme descendit les escaliers en métal qui le séparaient du sol, le regard dans le vide.
I hope I'm not a casualty
I hope you won't get up and leaveJ'espère que je ne suis pas un accident
J'espère que tu ne vas pas te lever et partirWallace sortit de chez lui avec une barre de céréales, n'ayant pas vraiment eu le temps de déjeuner. Son quartier résidentiel était sympa sans être transcendant. En fait il s'en foutait. Seule chose qu'il avait en tête : il devait demander quelque chose à Tristan ce matin.
Might not mean that much to you
But to me it's everything, everythingCela ne signifie rien pour toi
Mais pour moi c'est tout, vraiment tout***
Wallace arriva à l'école, pimpant et frais comme à son habitude. Il salua quelques mecs qu'il connaissait comme ça. Enfin, « comme ça », Wallace Style.
Il réceptionna Walter.
- BONNE ANNEE ! cria Wallace.
- ... on s'est vus avant-hier pour l'after du réveillon chez Perrine...
- Oh ça va, si j'ai même pas le droit de dire bonne année à mon futur véhicule de société !
Walter plissa les yeux.
- Moi aussi je te hais, Wallace.
- Je pense que cette rentrée va être explosive. Perrine va péter un câble.
- Ah ça, j'ai pas envie qu'elle et Naomi se croisent pour le moment... Comment Naomi a pu rater cette petite fête ?
- J'sais pas, mais ça a été un enfer de réconforter Perrine... soupira Wallace. J'ai dû briser ma règle de ne coucher avec personne pendant les fêtes par sa faute !
Walter regarda Wallace, quelque peu atterré.
- Quoi ?
- Rien... je vais oublier ça... Il faut qu'on essaie de faire au mieux pour que Perrine et Naomi ne se disputent pas.
- J'pense pas que ça arrivera. Je pense que Perrine va y aller calmement. Je la vois pas s'énerver.
- On verra, y'a un début à tout, elle s'est bien rebellée contre la prof de combat direct...
- Wallace...
Wallace et Walter se tournèrent vers Tristan.
- ... Tristantiensdoncquellebonnesurprise... grommela Wallace.
- Coucou, Tristan... t'as passé de bonnes fêtes ? demanda Walter.
Tristan hocha rapidement la tête.
- Euh Wallace...
- Ne dis rien, je sais, je t'obsède profondément, tu veux m'épouser, tu rêves de mon corps, tu as mille fantasmes en tête, notamment celui où j'entre chez toi, désespéré pour te demander à genoux de m'épouser, etc.
Tristan grimaça. Walter de même, mais pas pour les mêmes raisons.
- Passons, j'ai un truc à te demander... marmonna Wallace.
- Ah ? « Eh, c'est moi qui venait te demander un truc !! »
- Ouais, j'ai besoin que tu m'aides à chercher toutes les interviews de Roland Smirnoff, et notamment la dernière qu'il aurait donné dans son mandat.
Tristan pencha la tête.
- Avec le documentaire de l'autre pouffiasse on s'est aperçus que ses interviews étaient des sources non négligeables de renseignements. Y'a moyen que tu nous les trouves ?
Tristan acquiesça.
- Oui, oui, ça doit être possible...
- Cool. On dit à midi en salle info ?
Tristan acquiesça, tout content. Il partit avec le sourire. Wallace sourit.
- Ah lala... Ce petit est à moi ce que les junkies sont à leur fournisseur... J'aime beaucoup cette sensation !
- Tu es cruel...
- Il a qu'à arrêter de faire sa résistante catholique qui veut rester vierge avant le mariage et me laisser pénétrer ses voies seigneuriales !
- Une référence religieuse, tiens donc, les fêtes auraient-elles eu un effet positif sur toi ?
- Je t'ai expliqué comment j'ai passé Noël cette année, nan ?
- J'ai uniquement retenu le passage avec ton oncle Jeffrey !
Wallace acquiesça.
- Ouais... c'est bien le seul mec cool dans ma famille.
- Tu sais, Poképolis a évolué, et désormais même avec un homme, tu peux créer ta famille !
- ... qu'est-ce que tu sous-entends ?
- Libre à toi de créer une nouvelle partie cool de ta famille !
- Walter, t'es chiant. J'en ai marre que tu heurtes ma toute puissante mauvaise foi !
Walter soupira.
- Je ne te comprends pas, comme je n'ai jamais compris ces gens qui tenaient obstinément à rester seuls alors qu'ils ont si peu de gens à apprécier autour d'eux...
- Ok, ok, ça fera assez de prêchi-prêcha pour cette nouvelle année qui commence joyeusement !
Ils arrivèrent près de Perrine qui rangeait son casier.
- Hello, et bonne année ! sourit bêtement Wallace.
- Hm...
- Prête pour le cours d'apprentissage technique ? demanda Walter.
- Hm...
Wallace et Walter se regardèrent.
- Bon...
- Euh...
- On y va ? demanda Perrine en fermant son casier et en partant.
Wallace regarda Walter qui levait la tête vers lui.
- Elle a l'air bien, nan ?
- Aussi bien qu'un Magicarpe après une attaque cérébrale ! admit Walter.
***
- Alors, pour toi, Lindsay !
La jeune fille ouvrit son paquet qui contenait un nouvel uniforme de pom-pom girl.
- Cool !!! Merci Oncle Jeffrey !
Carl soupira et regarda son beau-frère.
- Oui, merci de faire comme si je n'avais pas d'argent pour lui en payer un !
- Ça change de d'habitude, quand tu penses que je n'ai pas d'argent ! sourit Jeffrey. Et pour Wallace...
Le gamin avait alors quinze ans. Il était à l'époque un peu bougon. Sa mère ne lui parlait plus vraiment, son père le regardait d'un air méprisant, son attitude devenait distante.
- Voilà !
Wallace s'étonna. Le paquet était assez lourd et conséquent. Carl regarda Jeffrey.
- Si c'est une foutue console de jeux...
- Quoi, tu la ramèneras au magasin pour qu'ils te fassent un avoir ?
- Oh, Jeffrey, Carl, bon sang... soupira Margaret.
Wallace défit le paquet qui s'ouvrit sur un œuf bleu.
- Wow... Cool...
- Un œuf de Pokémon ! J'ai pensé qu'en tant qu'oncle je me devais de t'offrir un Pokémon.
- ... merci beaucoup, oncle Jeff !
- Sous-entendu que nous, ses parents, on...
- Carl... soupira Margaret.
- C'est lui qui insinue des choses !!
- Il n'a rien dit !
Wallace observa l'œuf, convaincu.
- Occupe-toi bien de lui, Wallace. C'est précieux, un œuf de Pokémon !
- Oui oncle Jeff. Promis.***
- En tout cas j'espère que vous avez passé de bonnes fêtes ! Bien. Pour ce premier cours en extérieur, je vous propose de vous battre les uns contre les autres !
Les élèves semblaient intrigués.
- C'est... pas déjà ce qu'on fait en combat direct ? demanda Quinn.
- Non. Et d'ailleurs c'est vous qui allez commencer, Quinn, Francis et Lucy.
Les trois s'avancèrent, intrigués.
- Vous allez vous placer en triangle et vous battre ensemble. Au final, il n'en restera qu'un !
Etonnement des trois dresseurs. Tino semblait perplexe ?
- Quelle utilité ?
- Vous verrez.
Francis, Quinn et Lucy se mirent en triangle et se regardèrent.
- Vous pouvez commencer !
- ... Galegon, go !
Quinn envoya son Pokémon. Francis souffla.
- Smogo, à toi !
Le Pokémon violet apparut. Lucy acquiesça.
- Girafarig.
Le Pokémon apparut, jovial.
- Bien ! Allez-y !
Quinn et Lucy regardèrent Francis qui sentit des ondes meurtrières déferler sur lui.
- ... euh...
- TETE DE FER !
- PSYKOUD'BOULE !!!
Les deux filles attaquèrent Francis. Sandrine Aubert acquiesça.
- Pourquoi vous l'attaquez en premier ?
- Parce que c'est facile ! grommela Lucy.
- Parce que j'vais quand même pas attaquer ma meilleure amie ! grogna Quinn.
Sandrine acquiesça. Francis grinça des dents.
- Gyroballe !!
Smogo glissa et laissa les deux Pokémon se cogner l'un à l'autre.
- AH !!
- EH !! T'étais pas censé esquiver !! grogna Lucy.
- Quinn, nan mais ça va pas !! geignit Francis.
- Oh bah désolé, hein ! Lame de Roc !!
Galegon reprit de l'assurance et fit tournoyer des cailloux autour de lui. Francis plissa les yeux.
- ALLEZ !!!
L'attaque fusa.
- BROUILLARD !
Smogo souffla la fumée noire. L'attaque Lame de Roc rata sa cible.
- Pfiou !
- Rafale Psy !!
Le Girafarig de Lucy éclata le Smogo de Francis. Lequel se tourna vers elle.
- TRAITRESSE !
- C'est plus fort que moi, j'adore tirer dans le dos ! sourit Lucy.
Francis rappela son pauvre Smogo KO et regarda les filles.
- Eh bah maintenant vous allez pouvoir vous entretuer ! HA-HA-HA !!! BIEN FAIT !
Quinn et Lucy regardèrent Sandrine qui acquiesça. Quinn regarda Lucy.
- Mais je peux pas t'affron...
- DOUBLE PIED !
Girafarig occasionna une ruade à Galegon. Le reste de la classe sembla surpris. Lucy sourit et rehaussa ses lunettes.
- Haha !
- ... non mais... s'étonna Quinn.
- Bah quoi c'est un combat ! sourit Lucy.
- Bah oui mais...
- C'est un combat ! Rafale Psy !!
L'attaque frappa Galegon sans trop d'effet.
- Hm, oui, je devrais continuer avec Double Pied...
Quinn haussa les sourcils. Lucy semblait provocatrice. Quinn acquiesça.
- Ok ! Tête de Fer !
Galegon chargea. Lucy sourit.
- Allez c'est parti Girafarig attaque Psyko !
Girafarig s'efforça de tenir Galegon à distance. Quinn plissa les yeux.
- Pardon ma vieille mais t'es pas aussi forte que Santana à ce petit jeu-là !
Galegon traversa la Psyko comme du petit lait et colla une bonne raclée. Lucy plissa les yeux. Quinn haussa les épaules.
- Bien ! Quelles remarques pouvons-nous faire ?
Les autres élèves se regardèrent. Tino se laissa aller à une théorie.
- ... euh... leurs forces sont quasi égales...
- C'est normal. Une théorie veut que dans un même groupe d'amis les gens aient généralement une force similaire surtout quand ils se fréquentent depuis longtemps. Je suppose que c'est le cas.
Francis, Quinn et Lucy hochèrent la tête.
- C'est pour ça qu'il leur a quasiment suffi d'un coup chacun pour se mettre KO entre eux. D'un point de vue relationnel, que pouvez-vous constater ?
Nouveaux regards entre les élèves. Francis, Quinn et Lucy semblaient embarrassés d'être jugés ainsi. Santana leva la main.
- Oui Santana ?
- ... Je ne sais pas trop si c'est pertinent mais elles ont tout de suite cherché à attaquer Francis sans penser ensuite qu'elles auraient à s'affronter mutuellement...
- Exact, et c'est... avança Sandrine.
Santana chercha une réponse.
- ... peu cohérent.
- Exactement. Quand on se bat entre amis, on a des réactions qui ne sont pas normales. Qui échappent à la nomenclature stratégique habituelle.
Tino plissa les yeux. « Bah voyons... »
- Il est arrivé que de grands dresseurs se laissent déstabiliser dans un combat entre amis juste parce qu'ils ne pouvaient pas se donner à fond comme dans un combat normal. Mais également parce que la personne en face connait mieux que quiconque vos forces et vos faiblesses ! Regardez le combat que nous venons de voir. Les filles s'y sont mises à deux sur Francis, pourquoi ?
Steven ricana. Le reste de la classe se retourna vers lui. Steven leva les mains.
- Parce qu'il est... le plus fort ? demanda Robbie.
- Presque !
Francis sourit, fier.
- Parce que c'est un garçon... marmonna sans conviction Ana.
- BINGO !
Les autres s'étonnèrent.
- Par simple effet de solidarité « féminine », Quinn et Lucy se sont reportées sur Francis. Ce qui après coup était une erreur puisque les deux anciennes alliées ont dû s'affronter entre elles. Essayons un groupe sans disparités... Disons Benjamin, Tino, Orson et Tristan.
Tristan haussa les sourcils. Mike souffla.
- Ca va être bien chiant...
- Tu m'étonnes... marmonna Steven.
Les quatre garçons se placèrent en carré, chacun l'un en face de l'autre.
- Bon. Pas de minauderies entre nous, même si c'est la première fois qu'on se bat tous ensemble... marmonna Tino.
- Fais pas comme si c'était toi le chef ! soupira Benjamin.
- Je pense honnêtement qu'en intelligence globale, je vous surpasse tous.
- Tu dis ça pour qu'on se reporte sur toi et qu'au final, tu nous démolisses un par un ! On te connait, Tino, tu es le plus vicieux d'entre nous ! remarqua Orson.
Tino sourit, fier. Il regarda Tristan, soupçonneux. Tristan semblait malicieux.
- Mais je sais de qui je dois me méfier le plus...
Benjamin et Orson regardèrent Tristan, surpris. Robbie haussa les sourcils. Christina avait hâte de voir Tino en action. Wallace semblait relativement indifférent.
- On commence ! signala la prof.
Tino envoya M. Mime. Benjamin sortit Limonde. Orson envoya Chuchmur. Tristan sortit Morphéo.
Tino sembla embarrassé.
- J'en étais sûr...
- J'arrive toujours pas à croire que t'as eu ça en Pokémon Académique, Tristan, quelle chance... souffla Benjamin.
Tristan se mordilla les lèvres.
- Vous pouvez y aller !
- M. Mime, attaque Distorsion !!
Le Pokémon sembla retourner un sablier avec ses mains. Les trois autres dresseurs semblèrent peu perturbés par l'attaque, semblant en connaître l'usage par leur camarade. Tino soupira.
- C'est pas juste, vous me connaissez trop bien...
- Brouhaha !
Chuchmur cria vers M.Mime et l'onde sonore se brisa et se dispersa vers Limonde et Morphéo qui reçurent à peine l'attaque.
- Il a créé des flux qui dispersent nos attaques spéciales et les dévient... marmonna Orson.
- L'essentiel est de deviner qui on doit attaquer pour attaquer qui... songea Benjamin.
Tristan acquiesça.
- Allez, Danse Pluie !!
Les autres élèves se couvrirent mais le microclimat de Tristan était parfaitement maîtrisé et ne s'étendait qu'au-dessus du terrain. Seuls les Pokémon étaient touchés. Tino regarda Tristan, admiratif.
- Donne-moi ton Morphéo !
- Nan !
- J'te donne ma chambre en échange !
- Même en échange de tout ton matériel informatique, non ! sourit Tristan.
Morphéo se transforma en Pokémon Eau. Perrine semblait assez impressionnée par le niveau de l'attaque Danse Pluie. Et surtout...
- Eh, on voit les détails de l'attaque Distorsion ! s'étonna Fey.
- Bien joué, Tristan ! sourit Benjamin.
- J'te déteste... soupira Tino. PSYKO !
M. Mime attaqua le centre du terrain. Sa Distorsion dispersa l'attaque vers ses trois adversaires qui furent touchés.
- Nouvelle attaque de la mort !! cria Orson.
Chuchmur fonça vers M. Mime, le bras tendu sur le côté. Tino et Benjamin écarquillèrent les yeux.
- Tu apprends MARTOPOING à ton CHUCHMUR ??? s'étonna Tino.
- Oulala... geignit Tristan, affligé.
- Il est ridicule !! geignit Benjamin.
- Nan, il est cool !! grommela Orson.
- Tu vas voir s'il est cool ! Telluriforce !!
La terre explosa sous les pieds de Chuchmur. Le Pokémon vola, mais il semblait déterminé.
- Ouiiii ! Allez, comme à l'entrainement !
- Orson, c'est du niveau primaire !! soupira Tino.
Benjamin vit que Tristan allait faire quelque chose.
- Limonde, Tonnerre !!!
Personne ne vit l'attaque partir. Tristan semblait inquiet.
- Esquive, Cumu...
Morphéo se prit l'attaque par en dessous. Tristan plissa les yeux.
- J'aurais dû m'en douter...
- Héhéhé ! Fallait bien que je contourne cette fastidieuse Distorsion...
- HYDROCANON !!!
Morphéo balança l'attaque vers Tino. La Distorsion la redirigea vers Limonde qui fut littéralement balayé par l'attaque.
- Limonde, nan !! geignit Benjamin.
Le reste de la classe semblait stupéfait par une telle puissance. Tristan sourit et croisa les bras, pas peu fier de lui. Tino plissa les yeux.
- Ce Pokémon est exaspérant... Feuil'Magik !
M. Mime agita les doigts et balança par là même des feuilles qui se dirigèrent vers Orson. Elles furent redirigées vers Tristan. La précision des feuilles empêcha Morphéo d'esquiver.
- Tu manques de réactivité, Tristan...
- Je sais...
- Un peu comme ces derniers temps... marmonna Tino.
Tristan grimaça. Morphéo se ressaisit.
- Cumulo, Fatal Foudre !
L'attaque fusa depuis les nuages noirs créés par Morphéo. Tino soupira.
- Mur Lumière.
M. Mime diminua l'attaque. Chuchmur s'avançait vers lui, ayant fini de contourner les désavantages de Distorsion.
- Allez, Martopoing !!
Chuchmur sauta sur M. Mime. Tino grommela.
- Ne sois pas RIDICULE, ORSON !!
D'un simple Choc Mental, M.Mime envoya bouler Chuchmur.
- Hey, Tino, c'est pas la peine d'être méprisant comme ça ! geignit Orson.
- Il l'est toujours avec tout le monde ! fit remarquer Benjamin.
- Je sais, c'est pour ça que je le pardonne, mais tout de même ! admit Orson.
Tristan plissa les yeux. La Distorsion se dissipa. Tristan sourit. Tino serra les dents.
- Content ? Tu vas me pourrir maintenant ?!
Orson allait ramasser Chuchmur, tout choqué qu'il était.
- Ca va aller, mon...
Le Pokémon rose se dressa sur ses pattes et poussa un grand cri. Tino, Tristan et Benjamin s'étonnèrent. Chuchmur se mit à briller.
- EVOLUTION, YAY ! Tu vois, Benjamin, ça sert à ça d'avoir des Pokémon qui peuvent évoluer !!
- J'm'en fiche Orson !
- Nan tu t'en fiches pas, t'es jaloux !!
- Absolument pas.
- Tu pourrais au moins me Mazeltover pour cette évolution !
- CE VERBE N'EXISTE PAS, ORSON, SALE GOY IRRESPECTUEUX !!!
Wallace se pencha vers Perrine.
- On dirait pas un vieux couple ?
- M'en parle pas, ils me rappellent mes parents... soupira la jeune fille.
Chuchmur grandit jusqu'à devenir un Ramboum. Le reste de la classe était surpris que cela se déroule dans de telles conditions.
- Ah ! Super !! sourit Orson.
- Cumulo, Balle Météo !
Le Morphéo de Tristan cracha des petits nuages. Une fois liquéfiés, les nuages partirent sur Ramboum.
- Martopoing !!!
Le Pokémon Normal brisa les sphères nuageuses.
- Hey ! s'étonna Tristan.
- Tu le sous-estimes trop ! grommela Tino. Tu sais que Balle Météo échappe aux lois de la physique, que c'est la seule attaque qui dans les faits, change de type, mais qui conserve une faiblesse aux attaques combats du fait de sa consistance primaire Normale !
- Je sais, je sais...
- J'te passerais la réédition de l'ouvrage de Matéo Morf à ce sujet, préfacé par Richard Lewis !
- CA VA TINO, CA VA ! C'est notre ami, je vais pas être trop méchant avec lui non plus !! souffla Tristan.
- ECRASEMENT !
Ramboum bondit et écrabouilla Morphéo sous son poids.
- CUMULO ! s'étonna Tristan.
- Ouais, parce que lui, évidemment, il va pas être méchant avec toi... ironisa Tino.
Morphéo s'était pris trop de coups. KO, sa pluie cessa et il reprit sa forme normale.
- Aaaaaaw...
- Très impressionnant ! sourit la prof.
Tristan se contenta de rappeler son Pokémon. Il se moquait un peu des compliments de la prof. Il regarda vers Wallace qui semblait se faire chier. « Même avec mon Pokémon le plus impressionnant, j'arrive pas à attirer son attention... »
- Très bien, Orson, c'est toi contre moi... marmonna Tino qui s'essuya son visage, un peu éclaboussé par la pluie.
- Je vais te battre, Tino, tu vas voir !! Prêt, Ramboum ?
Le Pokémon acquiesça joyeusement.
- M. Mime, Exploforce !
Une sphère d'énergie se forma au poing du Pokémon Psy. Benjamin et Tristan s'étonnèrent.
- Euh, Tino... marmonna Benjamin.
- C'est peut-être un peu extrême... geignit Tristan.
- Nan.
L'attaque fut envoyée avec brio par M. Mime. La sphère fusa. Orson était décontenancé. Tino semblait attendre quelque chose.
- Gnnnn EXTRASENSEUR ! exulta Orson.
L'attaque dissipa l'Exploforce. Tino acquiesça.
- Bravo, Orson ! Je suis fier de voir que tu as fait de tels progrès...
Tristan et Benjamin se regardèrent.
- On est d'accord, ça n'augure rien de bon... marmonna Benjamin.
- Ah ça non...
- Rafale PSY !
M. Mime tendit les deux mains devant lui, et balança une rafale d'énergie arc-en-ciel. Laquelle traversa l'Exploforce, s'empara de l'Extrasenseur, et frappa Ramboum d'un bon coup sec. Tino acquiesça.
- Le truc avec les attaques Psy c'est la maîtrise des additions d'énergie. Or, cher Orson, ton Ramboum est aussi bon en manipulation d'énergie que moi pour manipuler un yoyo.
- Ah oui c'est vrai que tu sais pas le faire ! sourit Orson.
- Certes. Mais je viens de battre ton Pokémon qui avait à peine évolué !
Orson baissa la tête, ayant perdu toute volonté de vivre. Tristan et Benjamin grimacèrent. « Ce mec est d'un ré-con-fort... »
- Excellent, excellent ! Vous vous connaissez tous les quatre très bien, ça se voit, le combat était très fluide et très naturel, c'était plaisant ! Tristan, ta maîtrise de Morphéo est tout simplement éblouissante ! Je suis jalouse !
- Merci madame... marmonna Tristan sur un air neutre.
- Et aucun des trois autres n'a à rougir ! Benjamin, merveilleuse technique de Tonnerre souterrain !
- Merci ! sourit Benjamin.
- Orson, tu montres beaucoup de ténacité dans le dressage de ton Pokémon !
- Hm !
- Quant à toi, Tino... c'est à se demander si vous n'êtes pas plusieurs là-dedans ! ricana la prof, enthousiaste.
Tino plissa les yeux. La prof rectifia.
- Enfin je veux dire que ton intelligence et ta capacité d'adaptation sont toutes à ton honneur !
- Mer...ci...
- Bien. Qui peut me dire ce qui a été très anormal pendant ce combat ?... Francis ?
- Orson a pu contrôler Ramboum dès son évolution !
- Exact. C'est anormal parce qu'habituellement après évolution, un dresseur doit prendre un temps d'adaptation avec son Pokémon. Qu'est-ce qui a changé les choses à votre avis ?
Wallace s'intéressa au débat.
- Bah... Il était entouré de gens qu'il connaissait...
- Voilà ! Les Pokémon ressentent le stress du dresseur. Ils sont sensibles à ses variations de comportement et à son état psychique. Si le dresseur est dans un environnement qui lui convient, le Pokémon va le ressentir !
- Et donc mieux se comporter.
- Disons que les choses seront plus faciles ! Allez, justement, Wallace, Perrine, Naomi et Walter sur le terrain !
Wallace sourit et se leva. Walter haussa les épaules et roula vers le terrain. Naomi se leva, toute contente. Perrine semblait gavée d'avance.
Wallace sortit Tiplouf. Walter envoya Tutafeh. Naomi envoya Kungfouine, confiante. Perrine semblait lassée et envoya Kecleon.
- Allez-y !
Wallace regarda Tiplouf, stressé. Il reprit son calme en respirant profondément.
Walter regardait de tous les côtés, attendant les réactions des autres.
Perrine s'en foutait.
- Kimona, attaque Météores !
Le Pokémon attaqua Tiplouf comme avec des shurikens. Wallace serra les dents.
- Bulles d'O !
Tiplouf n'obéit pas et s'éloigna, laissant à Wallace le plaisir d'esquiver l'attaque.
- DHAAAA !
- C'est presque marrant... marmonna Walter.
- TOI, CA VA !
- Je vois, je me rabats sur Perrine ! Prête ?
Perrine haussa une épaule.
- Aurasphere !
Kungfouine envoya l'attaque avec souplesse. Perrine soupira.
- 'fale Psy.
Kecleon brisa l'attaque avec aisance. Naomi soupira.
- J'm'y attendais à peine ! C'est même pas drôle !
Perrine acquiesça en souriant. Naomi pencha la tête.
- Ca va, Perrine ?
Perrine avait envie de dire dix mille trucs.
« Pourquoi t'es pas venue à notre petite réception ? »
« Pourquoi tu nous parles de moins en moins ? »
« Pourquoi tu nous fuis comme ça ? »
« Pourquoi tu nous délaisses pour ce pauvre type ? »
« Qu'est-ce qu'on t'a fait au juste ? »
« Et pis merde, notre amitié ça vaut quoi pour toi ? »
- Ouais, ouais, t'inquiète. Comme d'hab, me battre en public, ça me saoule, etc.
- Oh.
« BOUGRE DE COOOOOOOOOONNE !!!! » se hurla Perrine intérieurement.
Wallace remit Tiplouf à sa place.
- Reste là ! Fais-moi confiance, bordel !!
Tristan n'avait d'yeux que pour Wallace. « Même quand il se met en rogne il est mignon... »
- Allez ! Bulles d'O sur Walter !
Walter regarda le Pokémon, intrigué. Tiplouf choisit de s'asseoir et de roupiller.
- ............ j'te hais grave !!!
- Tutafeh, Ténèbres !
Les yeux de Tutafeh lancèrent un rayon électrique noir qui frappa Tiplouf. Le Pokémon se réveilla en sursaut et engueula Wallace.
- T'AVAIS QU'A PAS DORMIR ! TA GUEULE ! ME PARLE PAS SUR CE TON !
- On dirait un vrai papa modèle... marmonna Walter.
- J'Y PEUX RIEN, IL EST CRISPANT !!!
- Calme-toi, déstresse.
- JE-PEUX-PAS !
- Et si...
Tout le monde regarda Tristan qui grimaça. Wallace plissa les yeux, méfiant comme une fouine.
- ... et si t'essayais de le regarder droit dans les yeux et de lui dire calmement ce que tu veux qu'il fasse ?
Wallace eut un moment d'hésitation alors que Walter et Naomi échangeaient quelques coups d'échauffement.
- ... bah...
Wallace s'accroupit et prit Tiplouf.
- Pepsi. Ecoute. Tu ne me fais pas confiance, mais je suis ton maître et tu es mon Pokémon. Je veux qu'on travaille ensemble toi et moi. S'il te plait, fais-moi confiance.
Wallace reposa Tiplouf qui le regardait, étonné.
- Pepsi, Bulles d'O sur Tutafeh !
Wallace se souvint uniquement, à son réveil, que Tiplouf lui avait balancé un Hydrocanon à la face.
***
L'œuf éclot début janvier. Wallace s'en était franchement étonné, vu le peu de temps qu'il avait consacré à cet œuf qu'il avait posé dans un coin de son bureau.
- Oh... Bah v'la qu'il éclot...
Le Tiplouf bâilla, peu enthousiaste.
- Génial, un Tiplouf ! Oncle Jeff a bon goût. Va falloir que j'te surnomme et que j'te trouve une Pokéball... mais d'abord on appelle Oncle Jeff.
Wallace se leva de sa chaise avec son téléphone. Le Pokémon semblait très fatigué voire apathique.
- Allo ? Oncle Jeff ? Ouais ! Ton œuf a éclos !... Exact, un Tiplouf ! Il a l'air cool... Hein ? Bah nan, il est sur mon bureau, là... Bah il a l'air un peu ramollo, mais en même temps, c'est un bébé, donc je suppose que... Hein ? Son quoi ? Son pouls ? Comment j'fais ça, moi ?!
Wallace approcha de Tiplouf tout en écoutant son oncle. Le Pokémon essaya de faire quelques pas, mais il chuta brutalement du bureau. Wallace sursauta.
- ... P... PUTAIN J'TE RAPPELLE ONCLE JEFF !
Wallace coupa l'appel et prit Tiplouf.
- Merde, vieux, ça va ?!
Le Pokémon appelait faiblement son maître.
- ... Oh purée de putain de merde !!!
***
- De quoi ?!
- Faut m'emmener dans un hôpital pour Pokémon, l'œuf d'Oncle Jeff a éclos mais... euh... Tiplouf a l'air de se sentir mal !!
Carl s'étonna.
- Ton crétin d'oncle t'aurais pas refilé un Pokémon malade quand même ?!
- S'teuplé, p'pa ! Emmène-moi à l'hosto !
- Deux secondes, je termine ça...
Wallace tourna le dos et se rua vers la sortie.
- Wallace !! Wallace, bordel !!
***
- Chié putain, chié !!! Tiens le coup, Tiplouf, merde !
Wallace courait dans les rues, ne sachant pas où se trouvait l'hôpital.
- Putain !! Sérieusement !! Merde ! Au secours !
Un Dardargnan observait Wallace. Une voiture le klaxonna.
- Hein ?
- MONTE EN VOITURE, PETIT CON !
Wallace grimaça. Son père semblait furieux. Wallace monta avec son père qui rappela son Dardargnan.
- ...
- QUAND JE TE DIS QUE J'AI UN TRUC A FINIR, TU PEUX PAS ATTENDRE ?
- ... c'était un peu pressé, mon Pokémon est un peu genre en train de crever !!
- Tu sais que j'ai des choses très importantes à faire, j'envoyais un mail très urgent pour la centrale !!
- Putain j'en ai rien à battre de ta centrale !!!
- Je sais, pour autant c'est moi qui commande dans cette maison, alors si je décide de finir ce que je suis en train de faire avant de t'emmener à l'hosto, c'est mon droit le plus absolu ! Quand tu seras dans ton chez toi, tu feras autant de conneries que tu veux !
- Ptain, c'te logique parentale de merde, quoi !!
- Wallace, tu as de la chance que je sois au volant parce que sinon...
- Sinon quoi ? Tu m'en collerais une ?!
Tiplouf était un peu serré dans les bras de Wallace, crispé par la conversation avec son père.
- On y est !
- Pschhh...
Le père de Wallace s'arrêta. Wallace descendit immédiatement et se prit les pieds dans la ceinture de sécurité.
- Merde !!
- Bon dieu de bon sang de... grommela Carl.
Wallace se précipita dans l'hôpital.
- S'il vous plait ! Mon Tiplouf va super mal !
- Que lui est-il arrivé ?
- Il... Il a juste éclos de son œuf, et il était genre super fatigué, et après il est tombé !!
Tiplouf fut pris en charge. Le père de Wallace le rejoignit ensuite.
- Alors ? C'est grave ?
- J'sais pas, ils m'ont rien dit...
Les deux s'assirent pour attendre.
- Bordel, Wallace, quand est-ce que tu vas te calmer un peu et apprendre à jauger les situations !
- M...
- Y'a pas de mais, bon sang ! Tu aurais pu laisser ton Pokémon mourir dans tes bras, juste en cherchant l'hôpital !
- Mais j'étais bien obligé...
- J'ai pris la voiture juste après ton départ, tout ça parce que tu pensais que j'allais te retarder, mais je savais où il était dès le départ, ton hôpital à la con, moi ! Pourquoi tu me fais pas confiance un peu, bordel ?
Wallace baissa la tête, coupable.
- Parce que... parce que depuis que toi et maman vous savez que j'suis gay, tout est différent ! J'sais même plus si j'peux vous faire confiance ou si vous allez me laisser tomber !
Carl leva les yeux au ciel.
- Fiston, ta mère, faut lui laisser du temps, c'est un truc que je peux pas te raconter mais elle est très mal à l'aise par rapport à ça, et moi... je supporte pas tes éternelles provocations !
- Pourquoi c'est à moi de changer, pourquoi c'est pas vous qui m'acceptez pas comme je suis ?!
- Parce que bon sang Wallace comment tu veux qu'on s'habitue à tes détails sordides sur tes sorties du soir ? Avec ta mère on ne te dit rien...
- Surtout maman...
- ... mais ça nous inquiète tout ça !!
Wallace soupira.
- Un parent normal dirait « J'espère au moins que tu mets des capotes » !
- Un parent normal ne voudrait même pas entendre le début de ce genre de choses ! Tu as quinze ans, Wallace, bordel !
Wallace croisa les bras, fermé. Son père n'était pas plus loquace.***
Wallace se réveilla. La prof était devant lui, inquiète, entourée par Walter, Naomi, Santana et Perrine.
- Oh mon Dieu Wallace ! Tout va bien ?! s'écria la prof, inquiète.
- Pas trop de bobos ? marmonna Naomi.
- Youpi, il va bien, joie... grommela Santana en s'éloignant.
Mike arriva au-dessus de Wallace.
- Putain, mec, c'que tu t'es pris !
Mike tendit la main à Wallace et l'aida à se relever.
- Merci...
Les autres élèves s'étaient approchés, dont Tristan, inquiet.
- Ça va ?! s'étonna Walter.
- Ouais... ouais, je... crois que je vais avoir besoin d'un bon coup de gnole mais ça va !
- Je pense qu'il est préférable que je suspende le cours, on reprendra la prochaine fois avec de la simple théorie ! admit la prof.
- Pas dit que ça me fasse moins mal au crâne... soupira Wallace.
Les élèves repartirent. Perrine et Walter regardèrent Wallace.
- Ca va aller, t'es sûr ? demanda Perrine.
- Mais oui... J'vais rester un peu dehors sur un banc...
- Perrine, tu m'aides à remonter en classe ?
Perrine hocha la tête, ne pouvant que constater l'absence de Naomi, repartie avec Mike.
Wallace alla s'asseoir sur un banc près des terrains. Il fut vite rejoint par Tristan. Wallace se tenait la tête.
- ... ça va aller ?
Wallace regarda Tristan et leva les yeux au ciel.
- Laisse-moi deviner... Manuel de séduction tome 2 chapitre 3 : Pour approcher l'être aimé, attendez que celui-ci se fasse mal et faites l'épreuve de vos manières de chevet...
- Ne sois pas ridicule !
- Pourquoi t'es là ?!
- Parce que tu es mon ami !
- Fous-moi la paix !
- J'peux pas, je veux pas te laisser tout seul, tu pourrais t'évanouir !
- Oh et évidemment j'ai besoin d'un chevalier servant pour me faire du bouche à bouche !
Tristan soupira.
- Pourquoi tu te fais toujours passer pour un connard ?!
- Je viens de me faire mitrailler d'eau sous pression par mon Pokémon qui me déteste ! Excuse-moi de mon manque de respect de l'étiquette !
- Pourquoi il te déteste ?
- Parce que je suis un connard.
Tristan plissa les yeux.
- C'est pas vrai, Wallace, et tu le sais...
Wallace soupira. « Putain, n'en jetez plus, la cuve à guimauve est officiellement pleine... »
- Il... me déteste parce que quand il est né, je n'ai pas su m'occuper de lui. J'ai fait le con. Il s'est blessé et depuis... on se chicane parce qu'il semble me reprocher tout ça. Mais qu'est-ce que je peux faire, moi ?
- Tu devrais arrêter de t'engueuler avec tes Pokémon, déjà...
- Je suis pas fait pour nouer des relations avec quoi que ce soit, Tristan. Un bébé Pokémon, c'est censé être la chose la plus douce et la plus innocente en ce monde. J'ai un Tiplouf qui a un an, et il me hait comme si j'avais tué ses parents !
Tristan ferma les yeux sur le coup de la mention involontaire. Wallace soupira.
- Et c'est pareil, mon Chartor me déteste parce que je n'ai jamais vraiment été affectueux avec lui. Mais j'y travaille.
Tristan acquiesça. Wallace soupira, tolérant étrangement la présence de Tristan à ses côtés.
Un bruit se déclara et les deux adolescents relevèrent la tête vers un étrange combat. Un Canarticho et un Osselait se livraient une guerre d'escrime.
- C'est quoi ce truc ?! s'étonna Wallace.
- Des Pokémon sauvages à priori. Les autres élèves ont l'air aussi étonnés que nous...
Canarticho et Osselait se battaient férocement, le premier à coups de poireau, le second à coups d'os dans un combat semblable à un duel d'escrime.
Wallace se releva péniblement.
- Tu fais quoi ?
- C'est des Pokémon sauvages, j'vais essayer d'en capturer un. Le gagnant, si possible.
Wallace s'avança, suivi par Tristan.
- T'es sûr, euh...
- Mais ouais.
Wallace et Tristan s'étaient approchés. Canarticho et Osselait les remarquèrent.
- ... Oh... euh...
- oups... geignit Tristan.
Les deux Pokémon se jetèrent à l'assaut. Wallace sortit Manternel.
- String, Tranch'Herbe !!
L'attaque visa les deux Pokémon. Osselait fut durement touché. Canarticho trancha les feuilles avec talent.
- Wow ! Cool ! Un vrai samurai !
- Eh, pourquoi t'as touché Osselait !!
- Les deux se jetaient sur moi !
- Nan, il se jetait sur Canarticho !
- C'est pareil, Canarticho se jetait sur moi de toute façon.
Canarticho se posa au sol et sembla défier Wallace tandis que Tristan avait pris Osselait dans ses bras.
- T'es sérieux, là ?!
- Il est blessé !
- Fais ce que tu veux, va... String, Sécrétion !!
Manternel cracha le fil collant, mais Canarticho l'accueillit sur son poireau. Le Pokémon planta son légume au sol, arpenta le fil et frappa Manternel avec Pic Pic. L'effet fut radical, Manternel chuta, durement frappé.
- ET MERDE, STRING !
- T'énerve pas !
- Je t'ai pas parlé !!
- Arrête de t'énerver inutilement !!
- Qu'est-ce que tu veux que je fasse d'autre ?
- Détends-toi, arrête de t'énerver ! grogna Tristan.
- Mais si je m'énerve pas...
- Si tu ne t'énerves pas QUOI ?
Wallace regarda Tristan, éberlué. Tristan semblait attendre la réponse. Wallace balbutia.
***
- Gribble...
Wallace et son père se levèrent.
- C'est vous le dresseur de Tiplouf ?
Wallace acquiesça.
- Jeune homme, vous avez quel âge ?
- ... quinze ans...
- Donc vous avez suivi des cours en structure scolaire, je suppose.
- Euh... bah oui, mais...
- Vous savez donc que lorsqu'un œuf éclot, il faut serrer le Pokémon dans ses bras pour établir la connexion avec le Pokémon et lui donner la chaleur dont il a besoin.
- Oui mais...
- Et ce avant même la naissance. Vous avez sorti l'œuf de sa couveuse de temps en temps ?
- M... mais non, enfin, j'savais pas...
- Vous SAVIEZ, jeune homme !! Vous avez reçu des COURS à ce sujet !
Wallace baissa la tête, tout penaud.
- Vous avez eu beaucoup de chance, ce Pokémon était dans un état déplorable quand nous l'avons appréhendé !
- Juste parce que...
- JUSTE PARCE QUE ? Jeune homme, j'ai bien envie de vous faire surveiller par l'agence de redressement du dressage !
Carl soupira et s'interposa.
- Il a compris, il a fait une erreur, il ne la refera plus.
- Vous êtes son père ?
- Oui. Vous n'êtes pas obligé de lui gueuler dessus comme ça, je m'en charge très bien tout seul.
- Hm. C'est la dernière fois qu'on revoit ce jeune homme ici, compris ? La prochaine fois c'est ARD direct !!
- Compris.
Le médecin redonna la Pokéball à Wallace.
- Vous avez intérêt à rétablir cette connexion calorifique !
- Hm.
- Bon. Vous pouvez partir.
Wallace et son père sortirent de l'hôpital et reprirent la voiture. Wallace se mit sur le siège arrière. Son père démarra et feignit de ne pas entendre les sanglots de son fils.***
- Je peux pas appeler Chartor, je travaille encore son obéissance...
- Tu veux un de mes Pokémon ?
Wallace regarda Tristan, embêté.
- J'peux pas faire ça !
- Si, je t'en prête un si tu veux !
- Tristan, t'es pas obligé de t'aplatir devant moi, ok ? Si comme tu dis, on est amis, alors on devrait se traiter en égaux, pas comme moi le chef et toi le sbire soumis !
Tristan rougit et acquiesça. Canarticho sauta sur Wallace et le frappa d'un coup sec au sommet du crâne.
- ARGH ! MAIS...
Tristan prit le bras de Wallace qui le regarda. Tristan avait un regard ferme.
- Reste calme, ça va aller !
Wallace plissa les yeux.
- Tu n'as rien à craindre. Même si tu ne t'énerves pas, tu restes quelqu'un de fort, Wallace !
Wallace ferma les yeux et acquiesça.
- PEPSI, GO !!!
Le Pokémon sortit de sa Pokéball et fit face à Canarticho. Tiplouf se retourna vers Wallace, mécontent.
- On y va ! Attaque Bulles d'O !
Tiplouf plissa les yeux. Canarticho lui balança une attaque Lame d'Air.
- Derrière toi, esquive !
Tiplouf se retourna et esquiva au dernier moment. Le Pokémon regarda son maître qui tentait de garder son sang-froid. Tristan couvait Wallace du regard.
- Maintenant, Laser Glace !
Tiplouf croisa les bras, l'air d'ignorer les ordres. Canarticho lui fonça dessus, armant son légume pour une Lame Feuille. Wallace sembla inquiet.
Tiplouf esquiva au dernier moment d'un mouvement adroit et frappa Canarticho par derrière.
- ... YES ! BIEN JOUE PEPSI !!!
Tiplouf regarda son maître, étonné de sa réaction. Tristan sourit. Wallace s'étonna lui-même.
- ... ouah, ça fait bizarre... CONTINUE COMME CA, ATTAQUE BULLES D'O !
Tiplouf attaqua Canarticho mais ce dernier para très habilement avec son légume. Wallace plissa les yeux.
- Ce Pokémon déchire, il me le FAUT ! Pepsi, on est à fond...
Canarticho allait frapper Tiplouf d'une Lame Feuille bien placée.
- PIC PIC !
Le brusque coup de Tiplouf atteignit Canarticho en plein ventre. Le Pokémon Canard Fou s'évanouit. Wallace exulta.
- YES !!! Bien joué, Pepsi !
Le Pokémon regarda son maître et lui balança des bulles à la figure. Wallace plissa les yeux.
- ... Ecume ! C'est moins violent ! Y'a du progrès !
Wallace rangea la Pokéball de Canarticho et prit Tiplouf dans ses bras. Le Pokémon regarda son maître.
- On arrête de se faire la guerre ?
Le Pokémon bleu secoua la tête, un sourire au bec. Wallace sourit et serra le Pokémon dans ses bras.
- Ca c'est mon Tiplouf !
Tristan sourit en regardant la Pokéball d'Osselait. Wallace le regarda.
- Je... suppose que je dois te remercier !
- Euh... non, c'est pas nécessaire ! sourit Tristan, exagérément.
- Ouais, pis je suppose que la façon dont je voudrais te remercier n'a rien à voir avec la façon dont tu voudrais être remercié !
Tristan rougit alors que Wallace avait un grand sourire vicieux. Le plus petit des deux secoua la tête.
- Faut que j'arrête de rêver, hein ?
- Hm. Mais tu remarqueras que je n'essaie plus de te forcer à quoi que ce soit !
- C'est un progrès... comme avec ton Tiplouf...
- En même temps tu ne sais pas ce que tu rates !
Tristan plissa les yeux.
- Une nuit qui tient de la routine pour un gros vantard ?
Wallace soupira.
- Tu es désespérant. A tout à l'heure pour la recherche.
- Hm...
Tristan secoua la tête en souriant. « J'ai réussi à l'aider... Je suis un type bien... Et je crois qu'il commence à m'apprécier ! »
***
- Et donc vous avez capturé un Pokémon chacun ?! s'étonna Tino.
- Wallace a attrapé un Canarticho et moi un Osselait !
Tino agita la tête, convaincu.
- C'est toi qui y a gagné au change. Osselait, ça peut devenir un super bon Pokémon. Tandis que Canarticho...
- Je trouve les Canarticho très cools ! sourit Benjamin.
- Non, ils sont débiles et en plus ils n'évoluent pas ! grommela Orson.
- Ah, non, ça va pas commencer ! En plus on mange avec Robbie et Rebecca aujourd'hui !! souffla Tino.
- Pardon Tino... admit Benjamin.
- Oui, Tino... souffla Orson.
- Et Orson, arrête de te prendre pour mon serf juste parce que je t'ai mis une pâtée bien méritée en combat !
Orson baissa la tête. Benjamin et Tristan plissèrent les yeux. Le quatuor rejoignit Robbie et Rebecca. Christina s'était tenue à l'écart de la table, mangeant avec Fey, Ana, Francis, Quinn et Lucy.
- Je ne pense pas que Wallace soit un détraqué, mais je pense qu'il a pas mal de problèmes dans sa vie... admit Quinn.
- Il a un bon fond, c'est évident mais il est parfois tellement sauvage... souffla Christina.
- Il m'a déjà dragué, ça suffit à en faire un fou dangereux et un prédateur sexuel !
Lucy regarda Francis.
- Fou dangereux, oui, prédateur... oui, mais alors avec un très mauvais goût...
- Tu m'étonnes... sourit Quinn.
- Moi je trouve qu'il se la joue trop Leader. Comme s'il était supérieur à nous tous ! admit Fey.
Les autres semblèrent d'accord.
- Oui comme s'il se pensait plus intelligent ! ajouta Ana.
- Voilà.
- Je suppose que sa vie est tellement merdique qu'il a besoin de se sentir supérieur quelque part... Si il est gay, je suis sûr qu'à la maison ça doit être dur pour lui... marmonna Quinn.
- Bah dans ce cas-là, il ferme sa gueule et il assume.
Quinn regarda Francis, soudainement très sérieux. Elle acquiesça. Christina, Fey et Ana semblaient surprises. Francis les regarda.
- C... C'est vrai, quoi, on a tous des problèmes dans nos vies ! Mais on fait avec ! Pourquoi monsieur devrait forcément en faire tout un drame ! Si on s'y mettait tous, ça serait chaotique, nan ?
Les filles acquiescèrent.
Tino, Benjamin, Tristan et Orson s'assirent à côté de Rebecca et Robbie.
- Ah ! Les amis de mon cher Robbie !!
- N'exagère pas, on mange avec toi uniquement par politesse et parce que tu es la petite amie de Robbie.
Robbie agita la tête l'air de dire « Petite amie, petite amie... »
- Autrement, tu ne nous regarderais pas et on ne te regarderait pas non plus, alors profil bas, je te prie ! somma Tino.
- ... Hmph. Tu as de la chance que nos mères se connaissent !
- Je ne parlerais pas de « chance », plutôt de « heureux hasard »...
- Euh... Contentons-nous de manger tranquillement, ok ? sourit Tristan histoire de détendre l'atmosphère.
Le repas commença donc dans la joie et l'allégresse, et avec Benjamin et Orson qui n'osaient pas piper mot.
- Au fait, il faut que je surnomme Osselait, moi... marmonna Tristan, l'air de rien, histoire de lancer la conversation.
- Tu as une thématique dans tes surnoms, ce sont tous des surnoms à valeur scientifique... songea tout haut Tino.
- Un Osselait ? Pourquoi pas Nonosse ! ricana Rebecca.
- J'avais pensé lui donner un nom de samourai ou de ninja... sourit Tristan.
- Pourquoi pas... Katana ? sourit Robbie.
Pour seule réponse, Rebecca éclata de rire, moqueuse.
- KATANA ! HAHAHA ! C'EST TELLEMENT RIDICULE ! Tu me diras, c'est tout à fait assorti à Tristan, dans ce cas !
La tablée regarda Rebecca, muette. Rebecca regarda les garçons, puis regarda Robbie qui semblait avoir vu la face cachée de la Lune.
Au self, Gina rejoignit Steven.
- Faut qu'on parle !
- Ouais, tu m'as même pas passé un coup de fil pendant les vacances !
- Pour la dernière fois : T'as déconné avec Holly, merde ! Pourquoi t'as rompu !!
- Parce que comme ça on peut sortir ensemble ! Ça te dirait pas d'être ma copine officielle ? Holly c'était une erreur, c'est avec toi que j'aurais dû sortir !
- Primo : T'es un connard d'avoir fait du mal à ma meilleure amie. Deuxio : T'es vraiment con parce que tu sais très bien qu'une meuf digne de ce nom ne sort pas avec l'ex de sa copine !!
Steven haussa les sourcils.
- Mais on peut quand même continuer à baiser, hein ?
- Steven, ta gueule ! J'essaie de te parler sérieusement !
- Je suis sérieux, ta chatte me manque !
Les jumeaux, qui étaient à côté de Steven, tournèrent la tête en même temps. Gina leva les yeux au ciel.
- Puta de tu madre...
- Oh ouais, parle-moi espagnol, ouais ! J'adore quand tu fais ça !
Gina s'éloigna, dégoûtée. Elle rejoignit Holly, Violette et Amélia.
- Excusez mon retard, mais pour rendre un bouquin dans cette foutue médiathèque, c'est la croix la bannière... grommela Gina.
Holly semblait toujours aussi déprimée.
- Allez, ressaisis-toi, Holly, ce mec n'en vaut pas la peine !
- J'croyais tellement qu'il m'aimait... au lieu de ça il s'est foutu de ma gueule...
- Passe à autre chose...
- Je suis sûr qu'il m'a trompée... J'en suis certaine, ça doit être une autre femme, ça peut être que ça !
Violette et Amélia s'étonnèrent. Gina haussa les sourcils.
- Ah bon ?
- M'enfin Gina, pourquoi on serait restés deux mois ensemble et après paf, fini ?! Il y a autre chose, c'est certain ! Et cette autre chose c'est une pouffiasse qui m'a chouré mon mec !
Amélia regarda Violette qui la regarda, aussi surprise qu'elle.
- Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Gina aux deux filles.
Violette hésita. Amélia formula :
- Bah... Y'a pas mal de filles qui lui tournent autour, il est footballeur quand même...
- O... Oui, y'a énormément de... choix, si je puis dire.
- Violette, toi qui fais de la course, tu vois Steven toutes les semaines sur le terrain, tu SAIS si une autre fille lui tournait autour ! somma Holly.
- ... bah... y'a pas mal de volleyeuses qui le mataient, ça je m'en rappelle... et puis d'autres filles de plusieurs classes... même des grandes...
Holly se décomposa et recommença à pleurer.
- Oh non, désolée ! geignit Violette.
- C'est rien... Tu vois, Holly, arrête de te prendre la tête, ça va te rendre dépressive !
Amélia grimaça.
- Fais-moi penser de ne jamais avoir de petit ami footballeur, c'est mauvais pour les yeux !
Violette grimaça alors que Holly redoublait de sanglots.
Steven ne pouvait pas s'empêcher de regarder Holly qui chagrinait à sa table.
- Tu m'écoutes Steven, putain ?
Steven se tourna vers Mike, aux côtés de Naomi.
- J'te parle du match d'hier !
- Excuse-moi ! Ouais, c'était une bonne reprise de la saison, même si ça manquait un peu de couilles. Pardon Naomi ! grommela Steven.
- Je t'ai déjà dit cent fois que ça ne me gênait plus... marmonna Naomi.
- Mouais...
Mike souffla.
- Au fait Naomi, c'est quoi le problème de ta copine Perrine, là, elle a l'air de grave te faire la gueule...
- Je sais, c'est parce que je suis pas allée à la petite fête qu'ils ont organisé pour le nouvel an...
- C'est si grave que ça ?
- Non... en plus j'avais une vraie bonne excuse, on allait au ciné tous les deux !
- Bah ouais. Tu lui as dit, ça ?
- Oui, je lui ai expliqué, je pensais que ça passerait comme une lettre à la poste mais apparemment elle m'en veut. Faudra que j'aille lui parler...
- Si tu veux je peux le faire...
Naomi regarda Mike, incertaine.
- T'es sûr ?
- Mais ouais, je saurais lui expliquer ça tranquille.
- Quelque chose me dit que non... marmonna James.
- James, j'préfère quand tu te tais !
- C'est pour ça que je ne dis rien ! admit James.
Naomi sourit.
- Sacré James, va, c'est ceux qui parlent peu qui en pensent le plus !
- Tout à fait.
A sa table, Wallace semblait tout content et nourrissait Canarticho qui avait pris la place de Naomi.
- Wallace, c'est pas hygiénique de manger avec son Pokémon ! souffla Walter.
- Je sais, mais il est cool, nan ?
- Tu as décidé d'un surnom ? demanda Perrine en mangeant indifféremment.
- ... J'sais pas. Il a l'air de m'apprécier, rien que pour ça je devrais l'appeler Miracle ou Exception !
- C'est un Canarticho, pas du parfum... soupira Walter.
- Et si je lui donnais un surnom cool, comme... José !
Canarticho secoua la tête.
- Rico !
Canarticho plissa les yeux.
- Il est tellement réactif, je l'adore ! T'es trop super !
Wallace caressa la tête de Canarticho qui semblait apprécier.
- Bon allez... Manny !
Canarticho couina joyeusement. Wallace acquiesça.
- Manny, super !
- Dis donc, c'est presque normal à côté de String, Tabasco et Pepsi !
- Ouais. Faut croire que petit à petit le Wallace s'adoucit !
- Peut-être un jour assez pour sortir avec Tristan ! sourit Walter.
Wallace regarda Walter, mécontent.
- Je rêve ou tu te la joues entremetteur ?!
- Disons que je pense que ça te ferait du bien d'avoir un vrai petit ami ! Peut-être même que c'est ce qui te manque dans ta vie pour que tout se rétablisse.
- Explique-toi, jeune disciple...
- Bah... Si tu avais un vrai petit ami au lieu de coucher à droite à gauche, déjà, tes parents te prendraient plus au sérieux.
- Bah voyons.
- Ensuite tes Pokémon sentiraient que tu es heureux et te traiteraient avec plus de respect.
- Hm...
- Et tu arrêterais peut-être de penser que tu es un rebut de l'humanité !
Wallace acquiesça.
- Y'a juste une couille dans ton plan.
- Berk.
- Je préfère encore crever que de sortir avec quelqu'un. C'est inutile. C'est un piège de sortir avec quelqu'un, Walter. Quand tu sors avec quelqu'un, tu n'as plus aucune liberté, tu es en permanence épié, tu ne peux rien faire sans que l'autre y trouve à redire. Je ne sortirais jamais avec personne, que ce soit Tristan ou n'importe qui d'autre. Parce que je tiens à rester libre de faire ce que je veux en ce bas monde. Je ne veux pas être l'esclave d'une relation qui ne me mènera nulle part.
Un bruit survint. Rebecca se leva, outragée.
- CE N'ETAIT PAS MECHANT DE DIRE QU'OSSELAIT EST UN POKEMON DE SOCIOPATHE !!
- Si ! grommela Robbie.
Tristan se faisait tout petit. Tino avait la tête dans sa paume. Orson et Benjamin ruminaient en observant copieusement l'action – qui pour une fois se déroulait à leur table.
- C'EST LE MOTIF DE RUPTURE LE PLUS RIDICULE QUI SOIT !
- Peu importe, tu ne traites pas mes amis de débiles !
- TU REGRETTERAS D'AVOIR OSE ROMPRE AVEC MOI !!!
Rebecca partit, courroucée, rejoindre la table de Gina, Holly, Violette et Amélia.
- Hmph ! Robbie est un crétin doublé d'un idiot ! Tous les hommes sont nuls !!
- Bien dit ! sanglota Holly.
Gina leva les yeux au ciel, en même temps que Violette.
Wallace tendit les mains vers Walter.
- Tu vois ! Que des problèmes !
- Il ne fallait pas être devin pour savoir que ça n'allait pas durer entre Rebecca et Robbie... marmonna Walter.
- Et puis tu as le fameux contrexemple...
Walter et Wallace regardèrent Perrine qui n'avait presque pas ouvert la bouche depuis le début du repas.
- Naomi et Mike...
- C'est différent, ils sont blacks, c'est des couples plus solides qu'on ne le croit !
Walter et Perrine regardèrent Wallace, hallucinés.
- Quoi ? C'est pareil, Fey et James, regardez ! Couples de blacks : Amour toujours, couples de blancs : Divorce ! Vous connaissez des noirs divorcés ? Nan ! Pourquoi ?!
Walter et Perrine se regardèrent, l'air de dire « faut VRAIMENT qu'on réponde ? »
- Exactement !! La procédure est trop compliquée et trop chère. Donc ils restent ensemble, ils ne se parlent pas, ils se contentent de coexister. Pour les gosses le plus souvent.
- ... ok, ok, j'ai compris, je n'essaie plus de te caser ! souffla Walter.
- Tu m'étonnes, j'ai ma dose de remarques racistes pour les vingt prochaines années à venir ! geignit Perrine.
- Tout le plaisir est pour moi ! sourit Wallace.
***
Après le repas, Wallace poussait Walter.
- Bon, vous allez à la médiathèque, c'est ça ?
- Hm... marmonna Perrine.
- Ouais, sourit Walter.
- Moi je vais avec Tristan pour récupérer cette interview – et j'en suis persuadé, avoir une discussion des plus inintéressantes avec lui sur la vie en général...
- N'essaie pas de le violer cette fois !
- Walter, tu es juste affreusement jaloux !
- Bah voyons.
- Perrine !
Le groupe se retourna vers... Mike.
- J'pourrais te parler ?!
Perrine cligna rapidement des yeux et hocha la tête.
- Tu me rejoins après ? signifia Walter.
- Hm...
Les garçons partirent. Perrine approcha de Mike, peu rassurée.
- Ouiii ? demanda-t-elle.
- Ouais, j'ai cru comprendre que tu faisais un peu la gueule à Naomi par rapport au fait qu'on sortait ensemble, elle et moi...
- Pas du...
- Laisse-moi finir. Et d'une, c'est pas ta sœur non plus, alors arrête de faire genre c'est la fin du monde, j'veux bien que tu sois une grosse fille toute seule, mais c'est bon quoi, je t'ai pas arraché un bras non plus, pis t'es pas contente, tu viens manger avec elle au lieu de faire genre « Nan, j'vous aime pas, j'reste à l'écart parce qu'on fait pas partie du même monde » ou j'sais pas quoi...
Perrine resta estomaquée.
- ... et de deux, bah elle est pas allée à ta petite fête, c'est bon quoi, tu vas pas chier une pendule non plus, t'es une grande fille, t'as seize ans, c'est pas un congrès de l'ONU, tes surprise-party, quand même ! C'est toujours ta copine, et comme je t'ai dit : Si t'es pas contente, tu viens manger avec nous ou tu viens lui parler quand on est tous les deux, des fois t'es méga grave, on dirait un petit animal à qui on a volé sa bouffe, sérieusement t'es flippante, meuf, à rester à distance en nous scrutant, là, t'es frustrée ou quoi ?!
Perrine balbutiait, incapable de trouver ses mots.
- Enfin, quoi qu'il en soit, arrête de faire chier, enlève tes œillères et regarde la réalité en face ! Naomi est avec moi, elle est heureuse comme ça, alors fais pas chier, quoi ! T'es assez intelligente pour comprendre ou faut que je répète ?!
Perrine ne savait pas quoi dire. Elle se contenta d'agiter la tête, totalement terrifiée.
- Cool. Tu vois quand tu veux.
Mike retourna dans le réfectoire, laissant une Perrine totalement choquée.
***
- Katana ? C'est sympa !
- Hm. Manny, ça veut dire quelque chose ?
- C'était ça ou Phallus.
- ... oh.
- J'rigole. Ça ressemble à « Manier », comme quand il manie son légume, j'trouve ça cool, c'est tout. C'est un petit surnom affectueux.
Tristan hocha la tête tout en pianotant.
- Alors... Je te montre la dernière ?
- Ouais, je sens qu'il faut vite que je rejoigne les autres, ça chauffe un peu entre Naomi et Perrine, avec Walter on est un peu inquiets.
Tristan acquiesça.
- J'suppose que c'est pas plus passionnant de ton côté ?
- Tu plaisantes ? Robbie et Rebecca ont rompu ! ricana Tristan.
- Comme quoi toute relation contrenature est vouée à disparaître ! sourit Wallace.
- Ouais ! Elle m'a traité de bébé parce que je parlais d'Osselait et de son surnom...
- Cette fille est débile. En plus ça se voyait qu'elle sortait plus avec Robbie que Robbie sortait avec elle !
Tristan ricana.
- Ouais, c'est exactement ça !
- Hm.
Tristan continua à pianoter. Wallace semblait content d'être à côté de Tristan ce qui ravit Tristan.
- Euh, dis, Wallace...
- Hm ?
- ... c'était dur pour toi au début ?
Wallace regarda Tristan.
- D'être... homo ?
- Ouais, comme tout le monde. C'est pas facile de s'apercevoir qu'on n'est pas comme tout le monde.
- Ouais...
- Pis la réaction de la famille autour... J'te recommande de pas le dire à ta famille avant d'avoir bien tâté le terrain !
Tristan grimaça.
- Bah... en fait, ne le répète à personne mais...
Wallace regarda Tristan.
- ... je... je vis avec ma tante. Seul avec ma tante.
Wallace acquiesça, neutre. Tristan se retourna vers l'ordinateur.
- Et... donc, bah, je sais qu'elle est pas vraiment comme ma mère ou comme mon père, donc je... sais que c'est pas à elle de m'aider à assumer ça, tu vois...
- Bah nan c'est à toi de t'aider tout seul, c'est ton corps, c'est toi tout seul qui... décide de ce que tu veux être.
Tristan hocha la tête.
- Tu as raison, je suppose...
- Pourquoi t'essaies pas de fréquenter des bars ? Ça peut être cool, tu rencontrerais des gens !
- ... c'est peut-être un peu glauque, surtout seul !
- Si tu commences comme ça... Pis j'te parle de bars cools, même juste pour prendre un café l'après-midi, ça va pas être l'orgie non plus !
- Bon, je mets la vidéo ?
- Ouais. Il a l'air cool, ça fait bizarre de le voir comme ça...
- A part la photographie officielle de président, il n'y a pas beaucoup d'images de lui...
- Tu le trouves sexy ?
Tristan ricana.
- Nan. Pas spécialement.
- C'est quoi ton genre de mec ?
Tristan regarda Wallace qui leva les yeux au ciel.
- Les grands connards égotiques et beaux gosses ! ricana le plus grand des deux.
- On va dire ça...
- Bah tu devrais kiffer ce cher Roland. C'est typiquement le personnage. C'est toi qui me l'a dit en plus.
- J'étais en colère...
- Faut dire que j'ai été vache ce jour-là...
Tristan regarda Wallace du coin de l'œil et lança la vidéo.
« - Monsieur Smirnoff, bonjour...
- Mouarf... »
Wallace était stupéfait. Le personnage semblait éteint, lassé. Roland avait l'air, pour la première fois de sa vie, complètement fané.
« - Monsieur Smirnoff, votre mandat va s'achever, le bilan est très positif et, inutile de dire que... tout Poképolis attend que vous vous représentiez ! »
Wallace et Tristan observaient sur la vidéo, Roland Smirnoff qui semblait hésiter, tâtonner, presque être effrayé, préoccupé.
« - Eh bah... Poképolis peut arrêter d'attendre... parce que je ne me représenterai pas.
- P... Pardon ?!
- Tu m'as entendu, tête de con ! Je laisse tomber !
- Pour quelle raison ?! Vous êtes au sommet de votre popularité ! Vous n'avez même pas de concurrence, le congrès souhaitait même supprimer le seul fait d'élection pour vous laisser la place à vie !!
- ... vous... vous rappelez que vous êtes censé être neutre, hein ? Inutile de me cirer les chaussures, ça me fera pas revenir sur ma décision !
- Monsieur Smirnoff...
- C'est FINI, ok ? Y'a juste des fois dans la vie ou... c'est plus possible !
- Qu'est-ce que vous allez faire ?
- Ca me regarde.
- Mais enfin... quelle... quelle perte terrible pour...
- Me cassez pas les couilles avec vos jérémiades. C'est fini ? Je peux me barrer ? »
Wallace était éberlué. Tristan aussi.
- Waouh...
- Tu m'étonnes... Qu'est-ce qui s'est passé ?
- Je... j'en sais rien... marmonna Wallace. Pendant son mandat ou sa campagne, on dirait le roi du monde, et là...
- C'est la défaite ! résuma Tristan.
- Ouais ! J'comprends plus rien...
Wallace secoua la tête puis haussa les épaules.
- Faut que j'en parle avec la bande...
- Je vais te copier la vidéo sur ta clé USB.
- Cool, merci.
Wallace commençait à prendre ses affaires.
- Euh, Wallace, euh...
- Hm ?
Tristan hésita, puis il fouilla dans son sac et sortit un petit paquet.
- ... Dheu...
- ... c'est... c'est pour toi.
- J'avais compris merci... en quel honneur ?
- Bah... Noël !
- C'est passé depuis longtemps... C'est quoi ?
- Bah... ouvre...
Wallace, hésitant, ouvrit le paquet et découvrit le livre : « 1001 recettes de Cocktail, les recettes idéales pour vos soirées arrosées ».
Le jeune homme fit la moue un moment, puis acquiesça.
- ... oh...
- Je sais que... enfin je t'ai entendu dire que tu aimais... enfin...
- C'est... cool, merci... beaucoup...
Tristan souriait. Wallace haussa les épaules, approcha du jeune homme et lui embrassa la joue.
- C'est très gentil de ta part. J'ai rien à te donner en échange...
- C'est... c'est pas grave !
- Mais merci beaucoup en tout cas. Je... j'y vais !
- Ok...
Wallace sortit de la salle, embarrassé. Tristan se frotta la joue, tout content. « Ça valait la peine ! »
***
- Stop les remarques sur « Alors qu'est-ce qui s'est passé avec Tristan », je vous dis que dans sa dernière interview, Roland Smirnoff avait l'air super blasé !
- Blasé ? s'étonna Walter.
- Ouais ! Comme si... on l'avait menacé !
- Du peu que je me rappelle de lui, ça avait pas l'air d'être le genre à se laisser faire... Perrine ?
La jeune fille semblait à l'ouest. Naomi prenait des notes.
- Euh... Nan, ouais, nan.
Wallace plissa les yeux.
- Nan ouais nan. Tu notes, Naomi, c'est crucial !
- ... euh... nan, ouais, non ! sourit la jeune fille.
- Dommage ! Est-ce que ça voudrait dire que Roland Smirnoff a quitté sa carrière sous la pression de Direction Dresseurs ?
Walter et Naomi semblèrent surpris.
- Drôle d'hypothèse... marmonna Walter.
- Oui, d'autant plus que... Roland Smirnoff définissait lui-même le chef de Direction Dresseurs comme un proche ! songea Naomi.
- Mais Roland Smirnoff traite Direction Dresseurs avec un certain dédain, avec une tolérance teintée de méfiance ! rappela Wallace.
Le groupe se regarda, consigna ces détails et repartit en cours.
***
Fin de la journée, hall d'entrée. Tino regardait Tristan, surpris.
- T'as une patate, toi...
- Ouais, je suis de bonne humeur je crois...
- C'est Wallace qui te met dans cet état-là ?!
Tristan regarda Tino, surpris. Tino plissa les yeux.
- ... tu sais, si tu en as marre de traîner avec nous...
- Nan, nan Tino...
- J'peux comprendre, Benjamin et Orson sont chiants, je suis, comme chaque année, très concentré sur mes études... Ça te dit qu'on se voie ce week-end, après mes heures quotidiennes de devoirs ?
- Tino, je... moi et Wallace on n'est pas amis ! Enfin pas au même point que toi et moi !
- Je me doute mais je vois aussi que... tu as comme une envie de voir de nouveaux horizons...
- Mais ça veut pas dire que je vous apprécie moins toi et nos débatteurs aguerris !
- Tu m'étonnes, ils devraient co-animer une émission de radio... sourit Tino.
- « Radio Débats Idiots », génial ! ricana Tristan.
Tino sourit, rassuré.
- Je... enfin, j'avais peur de moins bien te comprendre ces derniers temps...
- Tu me connais, les fêtes, je déteste...
- Je parle avant ça. Comme si... des fois tu nous regardais et tu te disais « Pourquoi je fréquente ces types... »
Tristan plissa les yeux, ennuyé.
- Ah... C'était... pas mon intention du tout !
- Je sais – et je comprends tout à fait – que tu es un peu lunatique, que tu as des baisses de moral, mais je veux que tu saches que tu peux tout me confier, Tristan. Je suis ton meilleur ami. Et tout comme je sais pertinemment que je peux tout te dire, tu peux tout me dire.
Tristan acquiesça, gêné.
- Je sais. Je pense que... plus je grandis, plus... l'absence de mes parents me pèse... mentit Tristan.
- Comme je te l'ai déjà dit : Là où ils sont, ils sont certainement fiers du gars bien que tu es devenu.
Tristan acquiesça.
- Merci Tino.
- Je sers à ça. Entre autres trucs !
Les deux arrivèrent à l'arrêt de bus.
- A demain, Tristan !
Tristan s'éloigna de son meilleur ami.
- A demain !
Le jeune homme marcha un peu. Il baissa la tête, penaud. « T'es nul, Tristan. C'est ton copain quand même. Il a toujours été là pour toi, mais t'es même pas capable de lui confier ton nouveau secret depuis quelques mois, à savoir que non seulement tu as découvert que tu étais homosexuel, mais qu'en plus tu es fou amoureux d'un camarade de classe... T'es nul... »
Tristan repéra Wallace qui rentrait, lui aussi. Il décida maladroitement de le suivre.
***
- Alors, Wallace, comment ça se passe, cette première année ?
Wallace, assis dans un fauteuil de la maison, regarda son oncle Jeff. Toute la famille avait été conviée pour ce Noël.
- Plutôt bien. J'ai des amis cette année !
- Grand progrès !
- Ils sont cools. J'suis dans une classe plutôt cool en fait.
- Ouais. Pas de petit copain ?
- Oncle Jeff...
- J'demande !
- Bah... Y'a un mec qui a flashé sur moi.
- Vraiment ? Et de ton côté ?
Wallace sourit.
- Bah... rien... J'veux pas me coincer avec un mec !
- Oh tu le sauras bien assez tôt, y'a des signes qui ne trompent pas. S'il doit se passer quelque chose entre toi et lui, ça arrivera forcément.
- Qu'est-ce que t'en sais, oncle Jeff, t'as jamais su garder une copine plus de deux semaines ! ricana Wallace.
- Eh ! C'est toi le jeunot, c'est à moi de fouiner dans ta vie sentimentale !!
- En quoi ça t'intéresse ! Tu veux savoir avec combien de mecs j'ai couché depuis le début de l'année ?
- Comme si tu tenais un compte !
- Quarante-trois.
Jeffrey haussa les sourcils.
- Ou...ah ! Je... suppose. Ta mère ne te parle toujours pas ?
- Nan. A force je m'y suis fait.
Jeffrey acquiesça.
- Elle te reparlera un jour. Ça viendra. Laisse-lui du temps.
Wallace acquiesça.
- Merci oncle Jeff. En tout cas si un jour j'ai... un copain, comme tu dis, j'aimerais que ce soit quelqu'un d'aussi cool que toi.
- Tu vois que tu en as envie !
- Mais nan, jamais ! Me fais pas dire ce que j'ai pas dit !! ricana Wallace.
- Loin de moi l'idée ! sourit Jeffrey. Tu as aimé mon cadeau ?
Wallace regarda le livre que son oncle lui avait offert, « 1001 recettes de Cocktail, les recettes idéales pour vos soirées arrosées ».
- Ouais, c'est cool... Même si moi et les livres de recettes...
- Eh, faut bien apprendre dans la vie, et l'apprentissage on le trouve dans les livres !
« Ou sur Internet, tonton, faut te remettre à la page ! » songea Wallace.***
« Quel crétin... »
Sur le chemin du retour, Wallace regardait le livre que lui avait offert Tristan, le même que celui que lui avait offert son oncle.
« D'un côté c'est une coïncidence étrange, d'un autre son attention me... touche, en quelque sorte, je suppose, mais bon voilà quoi, les deux mêmes livres... »
Wallace ouvrit le livre et vit qu'il avait écrit sur la page de garde. « Han non, c'est tellement cul-cul... »
« Pour mon ami Wallace
Avec toute mon affection, Tristan »« Sérieusement, je devrais porter plainte quoi, c'est du putain de harcèlement... »
***
Wallace rentra chez lui par la porte, ce qu'il n'aimait pas trop faire. Sa mère était à la cuisine.
- Je suis rentré...
Wallace observa sa mère qui semblait trier des papiers pour son travail. Wallace s'assit à la table.
« Putain mais parle-moi, je suis ton fils, merde, t'es ma mère, t'es pas censée me délaisser comme ça, quelle que soit la raison, ça veut dire quoi, ça, tu veux plus être ma mère ?! »
Wallace leva les yeux au ciel.
« Calme-toi. Apparemment ça a du bon quand tu te calmes... Tout le monde te le dit depuis le début mais tu n'écoutes que quand c'est Tristan qui te le dit. C'est n'importe quoi. Tu te ramollis, Gribble, tu étais plus fort avant... Tu savais résister à ce sentimentalisme, à cette guimauve... »
Wallace se mordilla les lèvres.
- J'ai passé une excellente journée.
Margaret eut un moment d'immobilisme dans son travail.
- Je... D'abord ce matin, on a eu cours, et Tiplouf a encore fait des siennes, il n'arrêtait pas de me désobéir... mais j'ai réussi à le calmer un peu, et j'ai même capturé un Canarticho avec son aide...
Margaret hocha la tête.
- C'est bien.
Wallace écarquilla les yeux, surpris.
- ... et... et dans l'après-midi, avec mes amis, on a bien avancé dans notre travail en groupe, on commence à étendre la réflexion, ça devient super intéressant !
La mère de Wallace hocha la tête. Wallace se mordilla les lèvres.
- Pourquoi tu me parles plus, maman ?!
Pas de réponse. La mère de Wallace reprit son air pincé. Wallace soupira. « Y'a au moins eu un petit progrès, elle m'a écouté... »
Wallace rentra dans sa chambre, quelque peu embêté. Il posa son sac dans un coin et en sortit le livre que Tristan lui avait offert. Il regarda le même livre qui était dans sa bibliothèque aux côtés d'autres livres.
Il l'ouvrit au hasard.
Earthbound - SnowmanLa recette qui apparut était celle du Kiss Cool. Vodka, Get 31 et Curaçao bleu. « Un classique... »
Wallace sortit ses ingrédients et commença à effectuer la mixture dans son calme olympien habituel.
***
Tristan avait vu Wallace entrer chez lui. « C'est ça, sa maison ? C'est là qu'il habite ? Ça a l'air sympa...... Qu'est-ce que j'essaie de faire au juste ? »
Tristan repartit vers chez lui, quelque peu atterré par ce qu'il venait de faire. Se trouvant terriblement stupide, il commença à sangloter doucement.
***
Wallace passa la fin de son après-midi à tester les recettes des cocktails du livre. Il en retint même quelques-unes. « Finalement c'est un meilleur cadeau que je ne l'aurais cru... »
Wallace regarda le livre de son oncle dans l'étagère, avec les autres. « J'aurais dû en profiter plus tôt... Pourquoi je l'ai pas fait au fait ? »
Wallace regarda la Pokéball de Tiplouf sur sa table aux côtés de celle de Canarticho, Manternel et Chartor.
« Mouais... »
***
Tristan rentra chez lui, un peu déprimé.
- Tu rentres un peu tard, Tristan...
- J'ai... fait un détour.
- Ah bon.
Tristan soupira et alla se mettre face à son ordinateur. Besoin de se détendre.
Une fois face à son ordinateur, son premier réflexe de geek fut de se connecter à Facebook. Il eut alors une étrange surprise.
Wallace lui avait envoyé une requête pour devenir son ami.
***
« Faut au moins que je remette un peu les points sur les I... »
Wallace sirota son quatrième cocktail. « Ça me change de la Piña Colada... »
***
Tristan accepta alors qu'il n'avait jamais vraiment osé prendre Wallace en ami sur le réseau social. « Super, super, super je vais pouvoir regarder ses photos !!! »
***
Wallace referma le livre. « Bon, assez de cocktails pour aujourd'hui... »
Il envoya un message à Tristan, bien qu'un peu ivre, puis il ferma son ordinateur et s'allongea.
***
Tristan observa le profil de Wallace, tout content. Sa photo de couverture le montrait avec un petit garçon sur un canapé avec Perrine dans le fond qui semblait blasée alors que les deux tiraient la langue à l'objectif. En photo de profil une simple photo de Wallace prise visiblement dans sa chambre par lui-même. « Rhalala, il est mignoooon !!! Je savais pas que Perrine avait un petit frère... »
Wallace avait posté un message sur son mur. « Tiens... »
Tristan alla le lire et son visage grimaça.
« Sympa ton cadeau, dommage que mon oncle m'ait offert le même à Noël ;) »
Tristan plissa les yeux, dépité. Il baissa la tête. « Décidément, j'foire tout... »