Chapitre 36: Erreur de son coeur.
« Où est passé Aryen ? » fit la voix de Delgath, qui traduisait tout son agacement.
Les Sept membres de l'Institut étaient dans une nouvelle grande salle, qui ressemblait fort à celle qui a été détruite à Crystal City.
« Il ne répond plus aux communications, il imagine simplement que c'est amusant. » rétorqua la jeune femme du nom de Séléna.
« Ce n'est pas très important, tout ça. » coupa Taylor Bracfield. « Le temps nous est compté. Vu que Sériane a anéantie le bâtiment de Crystal City, les autorités commençent à rechercher beaucoup d'informations. Tôt ou tard, nous et notre projet allons être découverts. »
« Et que proposez-vous, alors ? » demanda Raiden.
« Il va falloir accélérer les choses. Maintenant ... nous devons passer aux choses sérieuses. Le Projet D-M va être mis en place. Il faut que l'on réussise. Et autre chose ... évitez de croiser Aaron Reiken à l'avenir. Je n'ai jamais eu confiance en cet homme. Je ne parviens pas à saisir ce qu'il souhaite réellement faire. »
Les regards se tournèrent vers le vieil homme, fondateur de cette ogranisation. Il était vrai qu'Aaron semblait être quelqu'un de bien étrange. De beaucoup trop étrange, même. Mais pour l'heure, il ne s'était encore jamais mit en travers du chemin de l'Institut.
« Des problèmes, toujours des problèmes ... » soupira le dénommé Genzen.
« C'est rare qu'on t'entendes, Genzen. Mais si tu pouvais l'ouvrir pour dire des choses intéressantes, ce serait mieux. » rétorqua Kaïran, d'un ton relativement cynique.
« Aucun interêt. » se contenta de dire son interlocuteur.
« Ca suffit ! » clama avec véhémence Taylor. « Nous devons faire preuve de cohésion si nous voulons que notre plan fonctionne. Alors cette fois-ci, je ne veux aucune bavure. Mary, as-tu réussis à localiser Sériane ? »
La vieille femme parut légèrement désabusée, à cette question.
« Non. Après son carnage, elle s'est tout bonnement volatilisée. »
« Soit. » reprit le chef de l'organisation. « Alors nous n'avons plus de temps à perdre. Mettons en place notre plan. »
***
« Ah oui vraiment ? Beau travail, alors, non ? » ricana la voix d'Aaron.
Ce dernier était dans une cabine téléphonique au plein milieu de la ville de Mekay Bridge. Toujours avec sa blouse de docteur, malgré son licenciement récent de Saint-Kersen.
Quelques secondes passèrent, avant qu'il ne raccroche le téléphone, et sortit de la cabine. Les choses allaient de plus en plus vite, tant mieux. Il commençait à s'ennuyer depuis quelques temps, maintenant.
Bientôt, c'était lui qui allait jouer les premiers rôles. Il allait enfin leur montrer, qui il était réellement. A tous. Sans exception. Ricanant intérieurement à cette pensée, le jeune homme aux yeux bicolores continua son chemin, les mains dans les poches.
Quelques secondes plus tard, ses yeux se levèrent au ciel. Miréna, elle avait déjà beaucoup changée. Maîtrisait-elle maintenant ses pouvoirs d'Electhor ? Avec ces derniers, elle pourrait sans nul doute vaincre Aryen.
Mais ... la route était encore un peu longue, avant que la jeune femme ne puisse à nouveau croiser la route de son ancien « médecin » ... car au-dessus d'Aryen, il reste encore l'ombre du troisième et dernier Exterminateur. Sans doute le pire de tous. Une maîtrise totale des pouvoirs de l'Oiseau de la Foudre sera nécessaire afin de vaincre ce dernier.
« Hé vous. » fit une voix derrière le jeune homme, pensif.
Ce dernier se retourna et apperçu un policier.
« Oui ? » rétorqua t-il, naturellement.
« Vous êtes médecin ? Pourquoi n'êtes-vous pas à l'hôpital ? Il manque de personnel là-bas, beaucoup ont fuit depuis la catastrophe. »
« Ah. Dommage, je ne suis pas médecin d'ici en tout cas. » répliqua dans un sourire sarcastique Aaron.
« Efface-moi ce sourire de ton visage si tu ne veux pas un coup de matraque. » pesta le policier, en s'éloignant.
Ahah ! Cet homme, quelle insignifiance. Tout cela était grotesque. Et s'il le tuait, tout de suite ? ... Non, c'était inutile. Tout le monde aura son petit jugement dernier, et cet être, aussi misérable soit-il, n'échappera pas à la règle.
***
Un silence. L'ombre se tenait face à Mydreï et à Miréna. Le vieil homme du nom de Roy Vrayden. Des larmes perlèrent de ses yeux jusqu'à ses joues. C'était vrai ... Miréna était vivante ...
Cette dernière ne bougea pas, se tenait en face de son père qu'elle ne reconnaissait pas, tout en sachant qu'il s'agissait de lui. Etrange sensation. Que devait-elle faire, à présent ? Rien. Les larmes de son père lui firent un pincement au coeur. C'était ...
Elle n'eut pas le temps de penser qu'elle finit dans ses bras. Ce dernier continuait de pleurer à chaudes larmes. Mydreï s'écarta un petit peu. Il était content pour Miréna. La pauvre devait sans doute terriblement souffrir de cette situation, et il ne s'en était même pas plus préoccupé que ça, pendant leurs péripéties.
« Miréna ... tu es vivante ... » sanglota Roy Vrayden.
« ... Père ... je dois ... je dois vous dire quelque chose. » rétorqua Miréna d'un ton gêné, tandis qu'elle était toujours dans les bras de cet homme.
A cette remarque, le dénommé Roy Vrayden lâcha son emprise sur sa jeune fille, et la regarda dans les yeux, comme pour lui dire de parler. La jeune femme reprit, d'une voix toujours saccadée:
« J'ai ... perdu beaucoup de souvenirs. Je ne me rappelle pas de grand chose ... en fait. »
Roy Vrayden baissa un peu la tête, sa fille ne le reconnaissait donc pas ? ...
« Ce n'est pas grave ! » fit-il d'un coup. « Tu es vivante, c'est le plus important. Jeune homme, je vous remercie d'avoir prit soin de ma fille. » continua t-il, en s'adressant à Mydreï, un peu prit au dépourvu, mais qui répondit par un simple hochement de tête. « Allons, vous ne voulez pas rentrer ? »
« Euh ... je ne veux pas déranger ... » hésita un peu la jeune femme aux cheveux blonds.
« Mais que dis-tu ? Tu es ici chez toi, tu viens quand tu veux ! » répliqua Roy Vrayden, en serrant une nouvelle fois sa fille dans ses bras. Il était si heureux, de la revoir.
Il ne voudrait pas la reperdre. Non. Il devait tout faire, pour la garder en vie.
Miréna se sentie un peu bête sur le coup. Mais ... elle ne se sentait pas réellement chez elle, ici. C'est sans doute à cause de son amnésie qui lui a bien compliqué la vie. Mais bon, il fallait bien faire avec.
« A ce propos, père ... est-il arrivé quelque chose ? J'ai vu que la maison et la grille ne sont pas en très bon état ... »
Un léger silence s'installa. Miréna se sentait mal à l'aise. Avait-elle dit quelque chose, qu'il ne fallait pas ?
« Oui ... des voyous se sont introduits tout à l'heure ici, et ont dérobés quelques affaires. Mais je suis habitué, ce n'est pas grave, la prochaine fois je serais plus vigilant. » répondit le père, d'un ton calme. « Et appelle moi 'Papa' ! »
Sur ce, il prit le bras de la jeune femme et l'entraîna dans la maison. Mydreï suivit les deux à l'intérieur, en regardant les alentours. C'était une belle maison. Il avait néanmoins l'impression que quelque chose clochait. Il ne savait pas de quoi il s'agissait. Sans doute était-ce dû à une certaine anxiété, mais bon. Miréna et son père s'installèrent sur le canapé du salon, tandis que Mydreï déclina poliment la proposition et resta debout.
Ils avaient beaucoup de choses à se dire. Lui n'avait fait qu'accompagner Miréna.
« Et c'est ainsi que je t'ai emmené à Saint-Kersen ... ils avaient une très grande réputation, c'est pourquoi je leur ai demandé de s'occuper de toi. Après quelques jours, on m'a dit que tu avais été désintégrée dans une explosion ... »
La discussion avait durée un certan temps déjà. Plusieurs thèmes avaient été abordés, son enfance, sa mère du nom de Leyna, ses étranges « crises », ... et donc, cette dernière hospitalisation, douteuse. Miréna hocha la tête, soulagée d'avoir pu entendre les mots de son père. Dans le même temps, une grande anxiété s'empara de tout son être. Il y a avait des zones d'ombres encore plus sombres avec ces explications.
« Qui t'as dit, que j'étais morte ? » demanda t-elle, finalement.
« Le Docteur Aaron Reiken. »
Plus rien. La jeune femme plongea à nouveau dans ses pensées. Cet homme, c'était celui qui lui avait permit de fuir de Saint-Kersen. C'était incompréhensible, mais de quel coté était-il ?! La jeune femme ragea intérieurement contre son impuissance, sa stupidité.
Mydreï resta un petit peu à l'écart, mais écoutait malgré tout ces révélations. Qui était cet homme ? Lui aussi se posait cette question. Comment pouvait-il en être autrement, de toutes façons ?
« Depuis quelques jours, j'ai lu des choses étranges sur Saint-Kersen ... » continua Roy Vrayden.
Les deux autres personnes posèrent leurs yeux sur le plus âgé. Ce dernier semblait presque gêné. Pourquoi ? Miréna ne comprenait pas, il n'y avait aucune raison. Enfin gêné ... il était hésitant, disons.
« Apparemment ... Saint-Kersen aurait été sous le contrôle de l'Institut des Biotechnologies. »
Ca, ils le savaient, même s'ils ne voulaient pas le dire, histoire de ne pas inquiéter davantage le père de la jeune femme. Aryen lui avait dit. Cette allusion fit néanmoins sortir Mydreï de son mutisme.
« Savez-vous quelque chose à propos de l'Institut ? » demanda t-il.
Le vieil homme semblait encore un petit peu hésitant.
« Eh bien ... je sais que la principale tour connue a été détruite il y a peu à Crystal City, mais des personnes m'ont dit que l'Institut avait un vaste réseau, notamment une véritable base dans les montagnes de Kazansan. Après, ce ne sont que des rumeurs ... » continua le vieil homme.
Les Montagnes de Kazansan, hein ? Mydreï savait par où il allait débuter sa nouvelle quête. Il allait devoir rapidement partir.
« Vous comptez vous rendre là-bas ? Mais ... Ce ne sont que des rumeurs, il ne faudrait pas se précipiter ... tu ne veux pas rester, Miréna ? » demanda le dénommé Roy Vrayden.
Sa fille le regarda de ses yeux bleus. Ces derniers montraient une vérité. Elle était déterminée à y aller.
Comme il le craignait. Se coeur saignait de l'intérieur. Il ne voulait pas voir sa fille souffrir encore. Et il a peut-être fait le pire choix possible. Celui d'avoir accepté ce plan. Celui d'avoir eu peur. Tout cela était de sa faute. Des larmes coulèrent à nouveau de ses yeux, sous le regard inquiet de la jeune femme aux yeux bleus.
Son coeur venait de faire une terrible erreur.