Chapitre 35: Retour à Kreinland
« Où est passé Aryen ? » fit la voix de Delgath, qui traduisait tout son agacement.
Les Sept membres de l'Institut étaient dans une nouvelle grande salle, qui ressemblait fort à celle qui a été détruite à Crystal City.
« Il ne répond plus aux communications, il imagine simplement que c'est amusant. » rétorqua la jeune femme du nom de Séléna.
« Ce n'est pas très important, tout ça. » coupa Taylor Bracfield. « Le temps nous est compté. Vu que Sériane a anéantie le bâtiment de Crystal City, les autorités commençent à rechercher beaucoup d'informations. Tôt ou tard, nous et notre projet allons être découverts. »
« Et que proposez-vous, alors ? » demanda Raiden.
« Il va falloir accélérer les choses. Maintenant ... nous devons passer aux choses sérieuses. Le Projet D-M va être mis en place. Il faut que l'on réussise. Et autre chose ... évitez de croiser Aaron Reiken à l'avenir. Je n'ai jamais eu confiance en cet homme. Je ne parviens pas à saisir ce qu'il souhaite réellement faire. »
Les regards se tournèrent vers le vieil homme, fondateur de cette ogranisation. Il était vrai qu'Aaron semblait être quelqu'un de bien étrange. De beaucoup trop étrange, même. Mais pour l'heure, il ne s'était encore jamais mit en travers du chemin de l'Institut.
« Des problèmes, toujours des problèmes ... » soupira le dénommé Genzen.
« C'est rare qu'on t'entendes, Genzen. Mais si tu pouvais l'ouvrir pour dire des choses intéressantes, ce serait mieux. » rétorqua Kaïran, d'un ton relativement cynique.
« Aucun interêt. » se contenta de dire son interlocuteur.
« Ca suffit ! » clama avec véhémence Taylor. « Nous devons faire preuve de cohésion si nous voulons que notre plan fonctionne. Alors cette fois-ci, je ne veux aucune bavure. Mary, as-tu réussis à localiser Sériane ? »
La vieille femme parut légèrement désabusée, à cette question.
« Non. Après son carnage, elle s'est tout bonnement volatilisée. »
« Soit. » reprit le chef de l'organisation. « Alors nous n'avons plus de temps à perdre. Mettons en place notre plan. »
***
« Ca va ? Pas le mal de l'air ? » fit joyeusement la voix de Nélhan.
Il reçu une réponse négative de la part de ses deux passagers. Voyager en Hélicoptère n'a pas posé de problème à Mydreï. Au contraire, se dépêcher et arriver rapidement, pour en terminer avec cette histoire, il ne demandait rien de mieux. Il était assis à l'avant, avec Nélhan, tandis que Miréna était seule derrière.
« Regardez ça ! Le Paysage est sympa vu d'en haut, aussi. » continua Nélhan sur sa lancée.
Être joyeux. Paraître joyeux. Il ne faisait pas preuve de mauvaise volonté, c'est le moins que l'on pouvait dire. La disparition brutale de Karl avait causée des troubles, il en était conscient. Evidemment, il ne se sentait pas réellement attristé, puisqu'il ne le connaissait pas. Mais les ambiances ternes et tristes, il détestait cela. Regarder de l'avant, vivre en ne regrettant rien, sans se lamenter sur le passé. Telle était sa volonté, son choix de vie. Pleurer n'a jamais résoud un seul problème.
« Combien de temps mettons-nous pour arriver jusqu'à Kreinland ? » demanda calmement Mydreï.
« Trois ou quatre heures ! Du pur bonheur. Tu devrais filmer les nuages. »
« Ca va aller, je pense. » rétorqua le jeune homme, d'un ton toujours monotone.
« Tss, un peu de joie de vivre, monsieur. On en aura pas éternellement l'occasion. »
« Ou pas du tout. »
« Tu n'as jamais été heureux durant ton existence ? Je n'en crois pas un mot. »
Miréna les écouta, sans participer à la discussion. C'était bien, que Nélhan soit là. Il apportait une certaine vitalité dans ce petit groupe. Non pas qu'il remplaçait Karl, mais cela faisait du bien, que le silence quitte -même temporairement- les lieux. Quant à elle, la jeune femme devait se reconcentrer sur une chose: ses futures retrouvailles avec son père. Comment allait-elle appréhender cela ? Elle avait des questions à lui poser. Mais ... lesquelles ? Ah ... la jeune femme aurait pu s'en arracher les cheveux. Elle ne savait pas. Pour changer. Mais ... bon, comment tout le lui dire ? Elle avait encore quelques heures, pour y réflechir. Ah oui, et quid de sa lecture, alors ? A ce moment là, ce n'était plus réellement, sa préoccupation première. Peut-être, était-ce une erreur.
***
Kreinland ...
La ville paraissait paisible. L'Hélicoptère ne se posa évidemment pas en plein dedans. Il ne fallait pas attirer tous les regards. Un hélicoptère, qui se pose au beau milieu de la ville, ce n'est pas super. Une petite place, au milieu de la forêt, où les arbres ne bloquent pas l'atterissage, est un lieu parfait. Pas très éloigné du lieu de la rencontre, entre Mydreï et Miréna, par ailleurs.
« Allez, les fainéants, on descend, maintenant ! » s'écria Nélhan.
« Merci beaucoup, Nélhan. » fit Miréna, en descendant de l'appareil, imitée par Mydreï.
« De rien. Oh, Mydreï, pas de remerciements ? » s'interrogea faussement le dénommé Nélhan.
« Merci. »
« Ah bah voilà ! Ca te rend plus humain, tu devrais parler, ça aide. » s'amusa le jeune homme, toujours dans sa machine volante.
« Tu ne veux pas descendre avec nous ? Un petit peu ? » questionna Miréna, sans réels espoirs néanmoins.
« Hum, je pense que j'ai un peu de travail, à Mekay Bridge. Va falloir que j'y aille, sinon je rentrerais vachement tard. » se justifia ce dernier.
« Pas de soucis, merci encore pour le voyage. »
« Allez, tchao ! J'espère vous revoir, dans des circonstances plus sympas. »
Après un petit signe de la main, le pilote s'envola, avec sa machine volante. Il ne mit pas longtemps, à devenir un simple point dans l'immensité que le ciel offrait.
Eux, ils devaient partir. Kreinland, était juste à coté. Cinq minutes de marche devrait suffire pour atteindre la ville. Mydreï ouvra la voie, tandis que Miréna le suivait de près.
Au bout de quelques instants, elle s'arrêta.
« Qu'est-ce qu'il y a ? » demanda alors Mydreï.
Son interlocutrice ne bougea pas, pendant quelques instants.
« ... Il y l'hopitâl, là-bas. Je m'en souviens. » bredouilla la jeune femme, tremblante.
L'hopitâl ? De quoi ... ah. Oui, c'était vrai. Saint-Kersen ...
Le jeune homme fit quelques pas vers elle. Qu'allait-il pouvoir dire ? Est-ce qu'il pouvait réellement faire de la morale, après son récent comportement ? Il n'avait quasiment pas de légitimité pour parler ...
« Miréna. » commença t-il.
« Non ça va aller, allons-y. Nous ne sommes pas obligés de nous faire remarquer, hein ? Et puis ... tu m'aideras ? » avança timidement la jeune femme, en regardant son interlocuteur de ses yeux bleus.
Ce dernier ne répondit pas immédiatement. Lui, aider ? Vu son niveau actuel ... il ne lui restait désormais plus que son marteau, dans un triste état. Et sa dernière arme, aussi. Mais ... ile ne pouvait l'utiliser. Et en même temps, comment lui refuser cela ? Dans un sens, il ne la connaissait pas bien. Mais chaque jour passés auprès d'elle lui faisait découvrir des choses. On pourrait penser qu'il ne lui doit rien, ou presque. Mais elle était restée là.
« Ne t'en fait pas. Je reste là. »
La jeune femme esquissa un petit sourire, heureuse. Il retrouvait peu à peu ses esprits, tant mieux. Alors, maintenant ... il fallait y aller. C'est ce qu'ils firent. Kreinland apparut, au bout de quelques minutes. La ville était toujours calme. Peu de monde sortait visiblement. C'était presque ... étrange. Mais bon, ces détails n'étaient peut-être pas si importants, après tout.
Les deux jeunes personnes se faisaient petits malgré tout. Être remarqué, c'est bien la dernière chose qu'ils auraient souhaités, l'un comme l'autre.
« Je ... ne sais pas du tout où aller. » s'excusa Miréna.
« Roy Vrayden avait une belle maison. On ne devrait pas avoir trop de mal, à la retrouver. » tenta de rassurer Mydreï, en parcourant les habitations de ses yeux.
Mais à l'évidence, c'était tout de même plus difficile que prévu. Ils mirent un certain temps, avant de pouvoir trouver quoi que ce soit. Mais, ils parvinrent, à force de demander aux rares passants. Les voici donc. Ils se tenaient, devant la grille. Celle qui les séparaient, de la maison de Roy Vrayden.
« J'y pense, maintenant, mais tu habites aussi ici, non ? » demanda soudainement Miréna.
« C'est le cas. Pourquoi une question à ce moment ? »
« Je ... ne sais pas du tout. J'ai peur. » répondit simplement Miréna, approchant sa main gantée de la grille ... avant de l'ouvrir.
C'est d'ailleurs étrange, que la grille soit ouverte. Miréna jeta un regard interrogateur à l'égard de son ami, et avança, jusqu'à la porte principale. Cette dernière était abîmée. Que s'était-il passé, ici ? Le coeur de la jeune femme commença à s'emballer. Et si ... il s'agissait encore d'eux ? ... Soudainement, la porte s'ouvrit, faisant sursauter la jeune femme, alors que Mydreï était déjà prêt à affronter un autre éventuel ennemi. Chose dont il se serait pourtant, bien passé.
Une ombre sortit de la maison.