Confusions de Chevre

« Il y a quelques mois, je lui avait dit que les missions étaient trop dangereuses pour lui. Il n'a jamais voulu m'écouter. Ses parents ont disparus très tôt, sans trop laisser de traces. Il n'avait pas de famille, et était dans un centre pour personne en difficulté. Et moi, je l'ai laissé tombé pendant un bout de temps. Il disait qu'il n'était pas heureux là-bas. Je le savais. »

« Mydreï ... tu sais bien, que tu as fait ça pour son bien. Arrête donc de t'en faire à ce sujet là. Ce qui est arrivé est triste ... mais c'est comme ça. »

Miréna et son ami, étaient dans le bateau. Ce dernier repartait pour Mekay Bridge, après les troubles survenus des jours auparavant, la ville s'est doucement reconstruite. Ils y retournaient, avec une personne de moins.
Ils étaient dans leur cabine. Le temps guérit-il les blessures ? Sans doute un peu. Mais jamais totalement. Miréna regarda par la fenêtre de sa cabine. Mekay Bridge ... ils allaient bientôt y arriver. Mydreï, lui, semblait réellement enfermé dans son nouveau monde. C'est une chose tout de même assez problématique. La jeune femme, elle, s'en inquiétait. Les choses pourraient s'agraver, si Mydreï ne se reprenait pas. La première bataille venait à peine de s'achever, que d'autres s'annonçaient encore.

***
La demeure de Roy Vrayden demeurait assez luxueuse. Un luxe qu'il ne pouvait malheureusement partager avec personne, la faute à ses terribles manquements en tant que père et en tant que mari. Du moins, c'est ce qu'il se disait depuis un bon moment déjà. Qui ne le ferait pas ? Après avoir perdu sa femme dans un accident de la route évitable, il avait perdu sa fille parce qu'il n'avait pas su la protéger et ne s'était pas montré assez vigilant à son égard, alors que des signes ne trompaient pas. Il s'en voulait encore, jour et nuit.
Assis dans le sofa du salon, il regardait la télévision.

Dehors, la pluie tombait. Il se faisait tard, et le sommeil commença à pénétrer dans son esprit. Aryen continuait d'avancer, quand soudain, une chose lui vint à l'esprit. Son petit communicateur, lui permettait de rester en contact avec les plus hautes instances.

« Chefs ? J'ai une idée. Elle devrait être plus amusante. » fit-il alors qu'il se déplaçait rapidement vers la demeure du père de Miréna.

« Qu'est-ce que tu fais ? » retentit alors la voix de Delgath dans le communicateur.

« Je mets un peu de piment à toute cette histoire. Vous voulez qu'on retrouve Miréna, non ? »

« Hors de question, elle est devenue dangereuse. Il faut laisser disparaître cette femme de notre existence. »

« Ne soyez pas ridicules. Notre existence est connue, et tôt ou tard, elle va finir par nous retrouver. Autant en finir le plus vite possible, pendant qu'elle ne maîtrise pas la totalité de ses pouvoirs. Et j'ai une solution bien plus amusante, pour ça. » conclut l'Exterminateur d'une voix malsaine.

Un bruit. Qu'était-ce ? Cela lui semblait être celui de la porte. Roy Vrayden, intrigué, se leva de son sofa. Etait-ce un cambrioleur ? L'homme, marqué par une certaine vieillesse, s'empara d'une barre de fer, et s'avança.

« Qui est là ?! » fit-il, en continuant sa route doucement, méfiant.

Pas de réponse. Il était certain d'avoir entendu quelque chose, ce n'était pourtant pas son imagination. Le vieil homme continua son chemin, dans le couloir qui menait, à la porte de son domicile. La porte ... était renversée. Comment ... ? Qui pouvait faire une chose pareille ?
Un geste vif fit lâcher la barre de Roy, qui poussa un cri de surprise dans le même temps.
L'ombre imposante et menaçante d'Aryen se tenait là, devant lui. Ses yeux rouges glacèrent le sang de l'homme d'une quarantaine d'années.

« Qui ... qui êtes-vous ?! » balbutia Roy Vrayden.

« Monsieur Vrayden. Je suis venu ici pour parler affaire avec vous, rien de plus. » fit Aryen, d'une voix toutefois, peu rassurante, et qui traduisait bien entendu des arrières pensées qui inquiétaient fortement son interlocuteur.

« De ... non, je ne veux pas parler avec vous ! »

« Oh, que si. Vous voulez parler de votre fille. » coupa Aryen.

Cette dernière phrase eu l'effet d'un électrochoc. Le vieux père de famille cru mal entendre. Sa fille ? Miréna ? Elle ... était morte.

« Ma fille n'est plus là ! » cria t-il soudain, en se relevant immédiatement, tentant de frapper Aryen d'un coup de poing, que ce dernier arrêta sans sourciller.

« Votre fille, nous allons parler d'elle, puisque je vous le dis. Elle est encore en vie. Mais si vous ne m'écoutez pas, elle ne le restera plus très longtemps. »

« Qu-quoi ? De quoi vous parlez ?! Cessez de vous moquer de moi ! »

Haha ! Quel idiot. Le torturer psychologiquement, c'était si facile. Mais, ce n'était que la première partie du plan qui débutait. Cela allait continuer. Et de mieux en mieux.

« Taisez-vous, maintenant. » fit alors l'Exterminateur, en dégainant ses griffes aiguisés, calmant les ardeurs de Roy Vrayden. « Nous allons discuter calmement de votre fille, comme des gens civilisés. Sinon, je risque de ne pas être très gentil. »

***
Miréna posa ses pieds sur le quai de Mekay Bridge, suivie de près par Mydreï. La nuit était bien tombée sur la ville, victime de la folie de Dreynos quelques jours. Elle avait déjà une allure plus ... urbaine ? De nombreuses zones étaient en reconstruction, mais tout cela était bien normal. Une pluie fine arrosait son sol. Les yeux bleus de Miréna parcouraient les ruelles. Il fallait assez rapidement trouver un hotêl où s'installer. Et s'ils allaient s'installer dans celui de la première fois ? ... Mais cela pourrait évoquer de mauvais souvenirs ...

« Allons dans celui de la dernière fois, je n'ai pas envie de chercher autre chose. » fit alors la voix de Mydreï, qui avançait, les mains dans les poches, sans même attendre la réponse de la jeune femme qui l'accompagnait.

Cette dernière s'empressa pour se mettre à son niveau. Le voir dans cet état la rendait triste. Même s'ils ne se connaissaient pas énormément, puisqu'elle même ne se connaissait pas beaucoup. Miréna n'avait pas trop envie de lui poser un tas de questions sur lui, il risquerait sans doute de se sentir harcelé, alors que ce n'est pas vraiment le moment. La jeune femme s'en voulait un petit peu, et se sentait bloquée. Si elle avait été suffisamment forte ... elle aurait pu vaincre Aryen. Mais non ... il a fallu qu'elle se fasse capturer comme une moins que rien. Non ! Elle ne devait pas culpabiliser. Elle devait aider Mydreï, autant que lui l'a aidé jusqu'à présent, alors qu'il n'y a rien gagné du tout. Il fallait lui remonter le moral. Mais bon, plus facile à dire, qu'à faire. Elle se sentait quand même un peu bloquée entre deux eaux, comment faire pour l'aider, et le laisser tranquille en même temps ? Pouvait-elle l'aider en le laissant respirer ? Mais si elle le faisait, il se renfermerait sur lui-même et ...

« Miréna ? Tu comptes rester ici la nuit ? »

Hein ? La voix de Mydreï la ramena à la réalité. Une distance de 10 mètres la séparait désormais du jeune homme. A force d'être perdue dans ses pensées, elle avait finit par s'arrêter ? La jeune femme aux cheveux blonds rougit un petit peu, de honte. Dans la nuit, cela ne se verrait pas trop, hein ?

« Euh non désolée, j'étais perdue dans mes pensées. » bafouilla t-elle rapidement avant d'accourir vers Mydreï.

Le jeune homme la regarda venir. Elle était un peu distraite, mais bon. C'était normal, se disait-il. Des choses se passaient ces derniers jours. Une fois Miréna à ses cotés, ils repartirent tout deux vers l'hotêl.
Ils mirent quelques minutes à l'atteindre.

« Bonsoir. » leur fit l'hôtesse d'accueil. « Que puis-je faire pour vous ? »

« Une chambre, s'il vous plaît. » rétorqua Mydreï, sans émotion quelconque.$

Miréna le laissa régler les modalités de la chambre et regarda un peu les alentours, dans ce hall d'entrée. C'était un peu idiot, elle aurait pu le faire l'autre jour, et le pire, c'est sans doute qu'elle l'avait effectivement fait. Mais la jeune femme ne prêta guère attention à ses propres troubles intérieurs. Il fallait qu'elle se montre plus forte, qu'elle se prenne enfin en main, au lieu de rester une éternelle mineure dépendante. D'ailleurs, depuis le dernier combat contre Aryen, elle sentait que quelque chose avait changé, en elle. Comme si ses pouvoirs liés à la foudre étaient devenus autres. Comme si maintenant, elle les avaient réellement en sa possession.
Quelques instants suffirent néanmoins pour que tous deux montent dans les étages, dans une simple chambre, toujours avec deux lits.

« Bonne nuit. » fit Miréna.

Son compère lui répondit sur un ton plus monotone. Bien entendu, elle pouvait comprendre. Malheureusement ...

Le matin arriva rapidement. Mydreï s'était levé en premier, et se tenait sur une chaise, à contempler le triste paysage de Mekay Bridge. Miréna, elle, se réveilla aux alentours de 9 heures, soit deux heures après le jeune homme.
Ses yeux bleus se posèrent sur ce dernier, à son réveil.

« Salut. » dit-elle.

« Bonjour. » répondit calmement Mydreï, sans se retourner.

« Bien dormi ? » continua la jeune femme, en se relevant péniblement de son lit, se frottant un petit peu les yeux.

« J'ai déjà connu pire. » rétorqua Mydreï. « Et toi ? »

« Ca va, merci. »

La jeune femme se dirigea vers la salle de bain, pour y prendre une petite douche. Il y allait, par la suite, falloir discuter.
Chose qui se produisit une trentaine de minutes plus tard, lorsque Miréna sortit de la salle de bain, vêtue de son habituelle tenue noire. Mydreï, lui, était toujours sur sa chaise, mais lisait cette fois-ci le journal.

« Dis moi, Mydreï ... » commença presque timidement, la jeune femme aux cheveux blonds.

« Je t'écoute. »

« Est-ce que tu pourrais me dire ... comment les Pokémons ont disparus ? »

« Je ne sais pas. C'était petit à petit, visiblement à cause des activités humaines qui ont pollués le monde. Mais je n'ai pas de détails là-dessus. »

Au moins, c'était clair. Mais comment ces créatures ont-elles pu disparaître aussi rapidement et facilement ? La jeune femme s'interrogeait. Cela paraissait trop soudain. Apparamment, cela s'était déroulé quelques générations humaines à peine. Comment un tel processus a t-il pu avoir lieu dans un laps de temps aussi réduit ?

« Si tu veux, on peut faire des détours dans les bibliothèques. On trouvera peut-être des choses, là-dedans. » ajouta Mydreï, les yeux toujours rivés sur son journal.

« Heu, oui. Ici ? »

« Si tu le veux. »

« D'accord ! » s'exclama la jeune femme. « On repartira vers Kreinland quand j'aurais terminé, ça te va ? »

« Pas de problème. » répondit simplement le jeune homme.

La jeune femme salua son compère tandis qu'elle sortit rapidement de l'hotêl. Avec tous les évènements de ces derniers jours, elle n'avait pas beaucoup eu de possibilités pour répondre à ce type d'interrogations. A force de se questionner sur elle-même, elle avait oublié quelque chose de plus important: le monde qui l'entourait.