Chapitre 9 - Forêt et braconnage
- Elle n'a pas vraiment de nom, on la surnomme la forêt aux quatre visages, dit Rubys les yeux plongés dans l'horizon.
- Ha, c'est dû au changement de saisie c'est bien ça ? Et a cette légende aussi je suppose questionne Stéphane d'un air pensif. Mais pourquoi, elle change tant que ça ? ajoute-t-il avec curiosité.
- C'est exact. Que cela soit les couleurs, les formes, les pokemon ou même le ressenti, d'une saison à l'autre cette forêt change grandement, signifie-t-elle de manière scolaire.
Elle s'arrête un instant pour remettre ses attaches, pour que son paquetage ne la fasse pas souffrir. Elle prend une grande inspiration et poursuit :
- Au printemps, tous est coloré, un air de bien être s'abrite autour de ces arbres. En été, tout devient vert, feuillus, épais. En automne, la forêt se transforme en une grande vallée rouge au sol boueux. Mais le plus impressionnant c'est en hiver, s'interrompt-elle comme subjugué par une vision utopique. Tout est blanc, les troncs sont recouvert d'une fine couche de glace, mais sont encore en vie. C'est tout simplement stupéfiant, mais hélas dangereux, finit-elle rêvassant.
Ces yeux regardent la forêt au loin. Elle songe surement à cette époque qu'elle a l'air d'apprécier tout particulièrement.
- Et bien entendu, les pokemon rencontrés changent également. Actuellement comme tu peux le voir, nous en sommes à la troisième saison, dit-elle en se tournant vers Stéphane.
En s'approchant de plus en plus de la forêt, Stéphane perçoit les aspects changeants de celle-ci. En effet, tout une partie de ces bois est encore verdoyante, touffues et pleine de vie. Pourtant, tel un coup de pinceau au milieu d'un tableau, le reste de la forêt arbore des teintes pourpres, des reflets ambrés saupoudrant l'écorce friable des arbres aux feuilles tombantes. La terre couleur de sienne se mélange avec l'eau pour former une veste homogène, vierge de toute empreinte. De l'autre côté, l'herbe foisonne et il est impossible de distinguer une bribe du sol environnant. Un tel spectacle est impossible pour Stéphane. C'est comme si deux forêt s'offrait à lui, dans deux temps différent. Choqué, il lance un regard incrédule vers Rubys.
Elle étouffe un petit rire à la vue de son ami et lui raconte plus en détail.
- Ici, nous sommes habitué à voir cette forêt ainsi, en changement de saison. Elle est unique dans notre monde, et à suivre ta réaction, cela ne doit pas être le cas dans le tiens, lace-t-elle moqueuse.
- Oui, chez moi, la forêt, elle est verte ou elle l'est pas, mais pas la moitié l'un et la moitié l'autre, en tous cas pas comme ça, dit-il stupéfait. Mais c'est magnifique je trouve, ajoute-t-il émerveillé.
Rubys lui fait un grand sourire en s'agrippant à son bras gauche. Il se dirigent ensemble vers ce bois, à quelques pas d'eux maintenant. Arrivé à l'orée de ce paysage sylvestre, Ils prennent une grande inspiration en se regardant droit dans les yeux et se lance dans la partie automnale. Ils avancent sans trop de problème, le sol n'étant pas encore trop meuble pour gêner leur progression.
Stéphane scrute les environs et se désespère de rencontrer de nouveaux pokemon. Quant tout à coup, ils entendent des bruits étranges, un peu plus loin sur leur droite. Ils se font signe de rester silencieux et s'approchent prudemment de la zone d'émission de ces spasmes phoniques. Arrivé à quelques pas, ils assistent à un spectacle des plus affreux : un Insecateur est parterre, couvert de blessure. Il semble protéger un plus petit pokemon, surement son enfant.
Face à lui, un homme de grande stature, le regard injecté de sang et le sourire malsain le surplombe, les bras croisé avec un air satisfait. A ses cotes, un pokemon, un Malosse aux airs fourbes et machiavélique, tout comme son maitre.
Stéphane se précipite hors du buisson derrière lequel ils sont cachés pour voler au secours de ces pokemon sauvages. De justesse, Rubys le rattrape par le col et le fait chuter au sol avant qu'il ne se découvre. Le bruit efface le sourire sur le visage du protagoniste cruel qui s'affiche devant eux. Il fait un tour d'horizon de ses yeux empli de malveillance et finalement revient sur son sujet.
- Mais pourquoi t'as fait ça ? hurle Stéphane en chuchotant, visiblement très en colère.
- Ce n'est pas notre travail mais celui des pokéforestiers, réplique Rubys dans un murmure, en train d'appeler avec son pokedex.
Stéphane pose sa main sur l'appareil de Rubys en serrant les dents. Il la regarde droit dans les yeux en laissant échapper sa rage pour qu'elle comprenne bien ce qu'il s'apprête à dire :
- Tes pokéforestiers je sais pas où ils sont, et toi non plus d'ailleurs. Si on ne fait rien, le temps qu'il arrive ton sauveur, tu crois qu'il va se passer quoi ? crache-t-il d'un ton accusateur en se relevant. Pas question que je le laisse, faire, de plus, on a trois pokemon à nous deux, on peut les aider ! ajoute-t-il alors le corps dépassant des fourrés.
Le jeune homme au Malosse se retourne alors vers lui, les yeux haineux, enclin de surprise et de colère.
- Que faites-vous ici ? Barrez-vous ! lâche-t-il rageur, en agitant son bras gauche comme pour les faire fuir.
- Pas question ! cria alors Stéphane, je sais pas ce que tu fous, mais je t'assure qu'on va pas te laisser faire, tu veux jouer pas de problème !
Stéphane malgré sa rage avait préalablement préparé le terrain. En effet, il avait demandé à Thor d'un geste de la main de faire le tour pour les prendre à revers, tandis que Fouinette les occuperait de front. Ils avaient communiqué de manière intuitive et Thor avait maintenant ces instructions. Il savait quand, où et comment frapper, il fallait juste attendre le moment opportun. Stéphane lance sa pokeball et Fouinette en sort.
- Fouinette go, lance vive-attaque ! ordonne-t-il.
Le pokemon s'exécute sans laisser le temps au vil dresseur de donner une instruction à son Malosse qui se prend l'attaque de plein fouet et recule de quelques pas en grognant.
- Maintenant, vas-y ! s'écrie subitement Stéphane.
Fouinette fait alors un grand bond en arrière pour retourner aux pieds de son maitre et un éclair de lumière sort de derrière nos braconniers pour canoniser le Malosse et son dresseur. Visiblement surpris et touchés, ils préfèrent prendre la fuite sans demander leurs restes.
- Attendez bande de …, tente Stéphane, avant de se faire arracher le bras par Rubys. Mais qu'est-ce que tu fais, il faut pas les laisser … mais ils n'a pas le temps de finir que Rubys lui place un doigt sur la bouche et s'explique :
- Ce n'est pas à nous de terminer cela. De plus, un pokemon n'est mauvais que parce que son maître lui a appris à être comme cela. Ce n'est pas nécessaire de le punir pour les agissements néfastes de son dresseur, dit-elle calmement.
Stéphane serre les dents puis semble se calmer en baissant son bras lentement. Thor rejoint Fouinette, aux pieds de leur dresseur. Stéphane adouci les traits de son visage et s'accroupi pour féliciter ses pokemon :
- C'est du bon boulot les gars, je suis fier de vous ! dit-il avec un grand sourire soulagé.
Ces deux amis lui font la fête mais sont vite interrompu par Rubys qui s'est précipité vers les Insecateurs au sol. Pour le petit, rien de grave, il n'a que quelques égratignures. Pour le parent en revanche, ça devient plus compliqué.
- Ça ne va pas du tout, le Malosse lui a causé beaucoup trop de brulure, et si on ne le soigne pas rapidement il risque de mourir ! larme Rubys les yeux mouillés.
Elle tient la tête de l'Insecateur et tente de soigner les plus grosses blessures avec le peu de matériel dont elle dispose. Après quelques bandages de fortune elle se tourne ver Stéphane le regard désespéré.
- Il faut l'amener rapidement au centre le plus proche, je ne peux rien faire avec ce que j'ai sur moi, au mieux je peux lui donner du temps… pleure alors Rubys, mais le prochain centre est à une journée de marche, je ne sais pas s'il pourra…
Sans laisser le temps de finir à sa douce infirmière, Stéphane se décharge de son bagage et prend délicatement l'Insecteur dans ces bras, une bouteille d'eau dans sa poche arrière gauche. Il le stabilise dans ces bras et se baisse vers Rubys.
- Je trouverais ce centre, dis-moi juste comment y aller, j'irai le plus vite possible. Sinon il faut trouver rapidement un pokéforestier peut être que… commence-t-il
- Non, ils n'ont pas de véhicules, c'est une interdiction dans leur métiers, ils n'ont que les kits de premier soin, dans tous les cas, aux vues de ces blessures, il faut de toute urgence l'amener au centre ! crie Rubys, de fine perle ruisselant sur ces joues rosées.
- Alors dis-moi dans quelle direction aller, avec Fouinette et Thor, on va faire vite, ajoute Stéphane le torse bombé d'un air déterminé.
Elle lève alors le bras et lui indique une direction en lui précisant que la route est droite et que c'est le long de celle-ci qu'il trouvera le centre. Sans poser plus de question, notre jeune ami se dirige en courant vers la sortie de cette forêt, qui semble plus longue que large.
Après une dizaine minutes d'effort, il ralenti sont pas, franchissant enfin les arbres de cette forêt, tombant sur une route mordoré parsemée de pavés argentés. Il reprend un grand souffle et décide de faire travailler Fouinette et Thor. Ils prennent le pokemon meurtri à trois, de manière à ne pas trop le blesser davantage et reprennent un rythme de course.
Au bout d'une heure, Stéphane fatigue, il n'a pas fait plus d'une quinzaine de kilomètre et sent que le centre n'est pas encore tout proche. Il s'arrête, tentant de reprendre son souffle sur ce chemin qui s'aplani de plus en plus, laissant l'herbe reprendre le dessus. Soudain une idée jaillit de son cerveau embrumé. Il enlève son pull et son tee-shirt, et confectionne une sorte de lit pour l'Insécateur. Il défait les lacets de ses chaussures et attache le tout à sa ceinture puis à son lit de fortune. Il pose délicatement le pokemon sauvage dessus et commence à courir doucement sur une dizaine de mètres. Il se retourne pour demander à l'Insecateur s'il peut voyager de cette manière. Après un léger hochement de tête, il s'accroupi pour lui donner quelques gouttes d'eau et s'apprête à repartir.
Après une autre heure de course, Stéphane n'en peut plus et l'état du pokemon ne cesse de se dégrader. Néanmoins, une lueur d'espoir s'immisce en son cœur quant au loin, il croit distinguer un bâtiment, perdu au milieu de la plaine. Il reprend alors son souffle le plus rapidement possible et reprend de plus belle. Fouinette et Thor tente de le soulager du mieux qu'ils peuvent en soutenant la couche improvisée pour le petit animal ailé.
Après une heure et demie supplémentaire, le voilà proche du centre, mais ses jambes ne le tiennent plus et son regard se trouble. Juste avant de s'effondrer, il indique à Fouinette d'aller rapidement au centre pour chercher de l'aide. Bien que réticent à l'idée de laisser son maître, il échange un regard avec Thor et se lance le plus vite possible vers le centre encore à quelques kilomètres. Après plusieurs minutes pendant lesquelles Stéphane voit Thor s'agiter au-dessus de lui, inquiet de son état, il reprend de nouveau la pleine possession de sa conscience et tente de se relever. A peine fait-il un mouvement que son corps lui fait payer le prix fort, et c'est au bout de grandes souffrance que Stéphane réussit enfin à se relever. Thor lui demande à sa manière de rester là mais le jeune dresseur n'est pas ainsi.
- Je te… remercie Thor… Mais, il faut… avancer dit-il péniblement, moi, je m'en sortirai… mais lui, non, pas si on… traine, tente-t-il d'expliquer à son ami, luttant chaque seconde pour ne pas sombrer. Je dois le faire, un peu plus.
Thor ne peut qu'assister impuissant à cette scène et décide alors de pousser son dresseur pour l'aider, si c'est là, la seule chose qu'il puisse faire.
- Merci... Merci beaucoup Thor… susurre Stéphane dans un souffle.
Ils continuent ainsi pendant presque un kilomètre, le pas las et l'ombre de son Fouinette s'effaçant à l'horizon. Hélas, Stéphane, à bout de force, finit par s'évanouir peu avant midi, à deux kilomètres le séparant de son but.