Team Rocket X-Squad de Malak

Mercutio et ses compagnons ne mirent pas longtemps à trouver Galatea. Elle et ses alliés dresseurs, auxquels s'étaient joints les rebelles de l'Agent 003, avaient trouvé refuge sur les quatre Asmolés de la flotte Lunarienne qui les soutenait. Des bases aérienne mobiles étaient bien plus pratiques quand il s'agissait de se cacher de Zelan. Le problème, c'était que quelques minutes à peine après leur arrivée et les retrouvailles avec Galatea, la flotte subissait une attaque. Ce n'était apparemment pas une embuscade préparée, mais un coup du hasard ; ils avaient tout bonnement croisé, sans le vouloir, plusieurs appareils Rockets qui se rendaient sans nul doute à la base G-5, avec à leur tête Crenden, l'Arme Humaine passe-muraille.

Mercutio avait tout juste eu le temps de serrer sa véritable sœur dans les bras, de revoir Octave et de rencontrer l'Agent 003, pour apprendre, en outre, que Siena était captive de Zelan. Pas terrible nouvelle pour commencer une bataille. Ou plutôt, bonne à décupler sa haine contre Zelan et lui donner plus de force. Mais la colère et le Flux ne faisaient pas souvent bon ménage, Mercutio le savait. Surtout quand ils se trouvaient à plus de mille lieux d'altitudes, sur des forteresses volantes.

Néanmoins, la flotte Rocket adverse était moins nombreuse et bien moins armée que la flotte Lunarienne. Et puis, eux n'avaient pas trois Mélénis dans leur camp, dont un maître. Mais ils avaient Crenden, et ce type, s'il parvenait à s'infiltrer, pourrait faire de très gros dégâts. D'un commun accord, Mercutio et Galatea allèrent se charger de lui, tandis qu'Irvffus et les autres se chargeraient de la flotte adverse. Les jumeaux étaient certains que Crenden était à bord, se servant de sa capacité pour se cacher n'importe où dans l'Asmolé, prêt à commettre des actes de sabotage avant de passer à un autre.

- Tu le sens dans le Flux ? Demanda Galatea à son frère.

Mercutio avait étendu sa perception dans tout le vaisseau. Son entraînement avec Irvffus sur le Septième Niveau lui avait aussi servi à améliorer tous ses autres dons, et de manière assez significative. Et il sentait une présence qui se déplaçait vite, très vite, sans doute en traversant les murs et le sol. Sa destination ne faisait aucun doute.

- La salle des machines !

Les deux jeunes Mélénis s'y rendirent sans perdre un instant, parfois en faisant exploser un mur qui les dérangeait pour aller plus vite. Mais quand ils parvinrent dans la grande salle qui abritait tout le mécanisme qui faisait fonctionner les innombrables hélices de l'Asmolé, ils ne virent nulle trace de Crenden. Pourtant, ils sentirent qu'il était là, quelque part, sans doute à rire d'eux et à prévoir une attaque surprise. Mercutio et sa sœur se mirent dos à dos, bien que leurs perceptions mentales valaient bien plus que leurs yeux en l'occurrence. Mais grâce à son pouvoir, Crenden pouvait surgir de n'importe où. Toutefois, Galatea fit une remarque intelligente.

- Cette salle se trouve au plus bas de l'Asmolé. En dessous du sol, il y a le vide. Il ne peut pas y être.

C'était déjà ça. Pour plus de sûreté, Mercutio fit appel à son Mortali. Etant un Pokemon spectre, il serait insensible à tous les coups de Crenden. La voix amusée et toujours autant distinguée de l'Arme Humaine retentit dans la pièce :

- Je vous souhaite bien le bonjour, chers amis Mélénis. Il se peut fort bien que dans quelques instants, je sois amener à tuer l'un d'entre vous, ou carrément les deux. Ne le prenez pas personnellement, de grâce. Ce n'est que le mal nécessaire du travail à accomplir. Et n'ayez crainte. Quand le Nouveau Monde du maître sera fondé et qu'il aura banni la mort, vous aurez l'existence entière pour vous.

Mortali tentait de repérer l'intrus à son odeur, mais si il y avait de la matière solide entre l'Arme Humaine et eux, ce qui était sûrement le cas, c'était peine perdue. Et la voix, qui résonnait à travers toute la pièce, ne les aidait pas plus. Mercutio jugea le moment opportun pour essayer d'entrer dans l'état d'esprit qu'Irvffus lui avait enseigné, que ce soit pour le Septième Niveau ou pour l'essor du Flux en lui, tandis que Galatea l'occupa par la conversation.

- Le dernier qui m'a dit un truc du genre a fini désintégré.

- Ah, tu veux parler de Xan ? Pauvre vieux, il a eu une vie difficile, et une mort pas très glorieuse. Je me vois dans l'obligation d'essayer de le venger.

Enfermé dans un profond Flux, Mercutio eut le mauvais pressentiment significatif des dangers imminents. Il poussa sa sœur une milliseconde avant qu'un laser violet, typique des armes Némésis, ne vienne la faucher. Mercutio eut tout juste le temps de voir un canon de pistolet retourner se cacher à l'intérieur d'un des trois grands piliers qui tenaient toute la machinerie en place. Mercutio déclencha une attaque de Troisième Niveau, suivi d'une Ball-Ombre de Mortali. Le pilier fut détruit, mais il n'y avait rien à l'intérieur. Crenden avait déjà bougé.

- Rapide, avoua l'Arme Humaine. Belle réaction.

- Comment il a fait ça ? S'inquiéta Galatea.

- Allons ma belle, tu devrais le savoir. Tout ce que je touche ou que je porte possède la même caractéristique que moi, et peut traverser n'importe quelle matière. D'où va venir le prochain tir, maintenant ? Jouons un peu...

Les deux Mélénis passèrent les dix prochaines minutes à esquiver in extrémis les tirs de Crenden qui venaient de nulle part. Mercutio savait que ce type avait besoin de rester solide au niveau des pieds s'il ne voulait pas traverser le sol. Mais ça ne l'aidait pas beaucoup, à moins de vouloir détruire toute la pièce. Certes, Crenden tomberait sûrement, mais l'Asmolé, privé de sa mécanique, le suivrait sous peu. Puis Crenden ne mourrait pas; il se contenterait de traverser le sol. Ce type était vraiment l'Arme Humaine la plus casse pied !

Au bout d'un moment, les tirs lasers cessèrent, et la salle, percée en de nombreux endroits, resta silencieuse. Peut-être Crenden n'avait-il plus de balle à son arme, ou ce qui devait s'en rapprocher. Mais dans ce cas, où était-il ? Mercutio eut sa réponse quand il sentit quelque chose pénétrer son pied gauche et une douleur fulgurante éclater. Il cria malgré lui, tandis qu'une des mains gantées de Crenden avec des griffes métalliques venait de traverser le sol pour transpercer son pied. Mais la main disparut sans laisser le temps à Galatea d'intervenir.

- Il s'accroche à la coque du vaisseau avec ses griffes !

Il suffisait de léviter à quelques mètres du sol pour éviter d'autres désagréments du genre, ce que Galatea fit, mais Mercutio était encore trop sous le choc de la douleur pour se servir correctement du Flux, même à un niveau aussi minime. Galatea fit donc elle-même léviter son frère. Mais c'était ce qu'avait prévu Crenden. Durant la seconde nécessaire à la Mélénis pour utiliser le Flux sur son frère, l'Arme Humaine surgit du sol, derrière son dos, et passa le bras tout entier au travers du corps de Galatea. Un bras solide. Mercutio retomba immédiatement au sol, ne pouvant que contempler, éberlué, le bras qui dépassait de la poitrine de sa sœur. Galatea, immobile, était aussi sous le choc que son frère. L'attaque avait fait cessé son propre Flux pour léviter, et elle n'était retenu que par le bras de Crenden. Lequel avait sourit tristement.

- Je suis fort désolé, jeune dame. Ça me chagrine beaucoup de devoir stopper une existence si prometteuse. Enfin... on se reverra dans le Nouveau Monde. J'espère alors que tu ne m'en voudras pas trop.

Puis il retira son bras de Galatea, laissant un gros trous ensanglanté, élargi par les griffes de son gant. Mercutio reçu un jet de sang chaud en plein visage. Le sang de sa sœur. Mercutio n'aurait jamais cru qu'un corps humain pouvait en contenir autant. Galatea tomba à genoux, resta un moment immobile en dévisageant son frère horrifié.

- Mer...cu...

Et elle tomba, face contre terre, son sang se déversant allègrement sur le sol en bois de l'Asmolé. Si Crenden avait attaqué sans attendre, il aurait fait subir le même sort à Mercutio, qui était trop paralysé, d'esprit comme de corps, pour réagir à quoi que ce soit, si ce n'était à sa sœur qui gisait à terre dans une marre de sang, sa poitrine déchirée, ses beaux yeux verts jadis brillants maintenant ternes et vitreux. Le choc le plus terrible vint quand elle disparut totalement de son esprit. Sa présence dans le Flux n'était plus. Ce fut comme si Mercutio avait été coupé en deux, lui qui avait toujours partagé son esprit avec celui de sa jumelle. Galatea était partie, partie, partie... En quelques secondes, sans que Mercutio n'ait pu le réaliser. Mais là, il réalisa. Et la stupeur et l'horreur laissèrent place à la haine et à la rage quand son regard croisa celui de Crenden, toujours avec ce sourire penaud sur le visage.

- CREEEENNNNNDENNNNN !!!!

Il le surprit un peu, ce cri sortant de sa gorge. Il n'avait même pas conscience que ça venait de lui. Tout son corps et son esprit était soumis à sa rage. Son Flux aussi, naturellement, mais il s'en moquait. Soumis à un tel niveau de colère, il brûlait si ardemment qu'il pourrait réduire en cendre le corps de son possesseur. Mais ça aussi, Mercutio s'en moquait. Seul ne comptait plus que ce désir ardant de tuer Crenden, lentement, de le faire souffrir, de l'écraser comme une mouche, de le réduire en charpie. Le Flux qui sortait de toutes les pores de sa peau, d'ordinaire d'un blanc immaculé, se mit à noircir. Le plancher lui-même brûla sous l'action de cette énergie pure. Crenden, guère rassuré, recula devant ce phénomène. Le visage de Mercutio devait être encore plus terrifiant, car il balbutia :

- O...Ok gamin, restons cool, hein ? Je suis sûr qu'on peut discuter de ça en... en hommes civilisés. Comme j'ai dit, je...

La salle qui s'effondra sur elle-même couvrit la fin de sa phrase. Un véritable mur de Flux noir était sorti de Mercutio, le recouvrant, traversant le sol comme le plafond, et prenant une forme distincte. Une forme humanoïde, géante, effrayante. Mercutio ne distinguait plus son corps, mais il avait l'impression de voir tout de haut. Et c'était le cas. Car un observateur extérieur aurait dit que Mercutio Crust venait de se transformer en une énorme ombre noire flamboyante, au bras énormes, aux ailes de feu sombre, et à la tête monstrueuse. Quand la chose qu'était devenue Mercutio traversa l'Asmolé de part en part, tous les combattants, Lunariens, dresseurs ou Rockets, cessèrent le combat pour s'éloigner le plus possible.

L'Asmolé tangua dangereusement, et fut totalement hors de contrôle sous le poids de ce monstre. Mercutio aussi, était hors de contrôle. Il ne se souvenait même plus qui était sa cible. La rage qui coulait en lui, multipliée par la puissance son Flux, le poussait seulement à s'en décharger le plus possible en tapant sur tout et n'importe quoi. De ses nouvelles mains énormes, d'un noir transparent, comme des flammes, il balaya trois appareils Rockets qui volaient trop près de lui. Ses ailes de derrière se consumèrent en des flammes qui touchèrent à la fois un autre Asmolé et plusieurs Pokemon alliés volants, en même temps que les Porygon-? contre lesquels ils se battaient. Le cri qui sortait de sa bouche, un cri qui n'avait rien d'humain, suffisait à désarçonner tous les appareils volant et à assommer les humains et Pokemon qui se trouvaient trop près.

C'était le chaos total. Personne ne songeait plus à se battre, mais à mettre le plus de distance possible avec cette chose - sauf peut-être les Pokerangers, qui, très excités, faisaient face à Mercutio en l'invectivant de loin, pensant faire face à quelques démons maléfiques. Heureusement pour eux, ils étaient trop petits et insignifiants pour apaiser la soif de carnage du Mélénis, sans quoi ils auraient terminé en cinq tâches aux couleurs de l'arc-en-ciel sur le parquet de l'Asmolé.

La chose qu'était devenue Mercutio Crust était entrée dans une folie meurtrière, décimant tout ce qu'était à porté de lui, que ça ait une forme humaine ou pas. Dans sa recherche de choses à détruire, Mercutio retomba sur Crenden, qui était resté dans la salle des machines, se faisant tout petit. Alors une gerbe de conscience émergea dans l'esprit de Mercutio empoisonné par la rage, et il se rappela contre qui il devait la diriger. Face à cette créature terrifiante qui faisait près de six mètres de haut, faite d'une matière inconnue, Crenden ne préféra pas tenter le diable en vérifiant si son pouvoir l'immunisait contre lui ou pas. Il rendit tout son corps hors-phase pour traverser le sol et quitter l'Asmolé en ruines en tombant.

Mercutio tendit les bras pour lancer à travers le sol des ondes de Flux si destructrices qu'elles allèrent quasiment anéantir plusieurs kilomètres carré dès qu'elles toucheraient la surface. Mais elles traversèrent Crenden comme si de rien n'était. Mercutio continua ses attaques, même si elles étaient inutiles. Il ne contrôlait plus rien, et le fait de voir son ennemi lui échapper accentuait la rage qui était la sienne, ou plutôt celle de son Flux. Il allait continuer à tout détruire jusqu'à que ce que le Flux noir qui le possédait ne le consume entièrement, et qu'il ne reste plus rien de lui.

C'est alors qu'Irvffus surgit, volant dans le ciel en fonçant vers lui, tout son corps luisant d'une énergie dorée. Mercutio tenta de l'attraper, mais le maître Mélénis traversa sa main de Flux noir puis le percuta en un flash de lumière d'or. Tout cessa encore plus vite que ça avait commencé. L'énorme corps immatériel de Mercutio disparut, laissant tomber le jeune Mélénis sur le sol de la salle des machine, en piteux état. Mercutio ne sentait plus aucun de ses membres. Il était totalement paralysé, épuisé, en sueur, et tout son corps souffrait de soubresauts incontrôlables. Il respirait difficilement.
Irvffus le toisa d'un air sévère.

- Ne t'avais-je pas mis en garde contre la colère ? Vois ce qu'elle peut produire alors que tu tentes toujours d'atteindre le Septime Niveau, jeune inconscient !

Toute la colère et la rage de Mercutio semblèrent avoir disparu, détruite par l'attaque mystérieuse d'Irvffus. Seuls restaient le désolément et le chagrin.

- Mais... mais... Galatea...

- Elle est encore en vie, idiot ! Tu l'aurais senti si elle avait péri.

Irvffus s'agenouilla auprès de la forme inerte de Galatea. Mercutio se surprit à espérer, ce qui fut très difficile en voyant l'état de sa sœur.

- Mais... elle est si pâle, elle a perdu tant de sang... Et je ne la sens plus. Maître... je ne la sens plus dans le Flux ! Elle est...

- Contrôle-toi, Mercutio. Je te dis qu'elle est en vie. Tant que son corps existe toujours, elle est en vie.

Le maître Mélénis passa plusieurs fois sa main au dessus de Galatea, et hocha la tête.

- C'est bien ce que je pensais. Quelle fille maligne.

- M...Maître ?

- Il est vrai que même un Mélénis n'aurait pu survivre à un coup pareil, expliqua Irvffus. Mais elle a réussi, en très peu de temps, à donner des derniers ordres mentaux à son Flux. Il maintient artificiellement son cerveau en état, et remplace son cœur pour lui fournir du sang, ainsi que ses poumons pour charger son sang en oxygène. Puis elle a enfermé sa conscience sous une espèce de barrière de Flux pour la maintenir en cryogénisation, en quelques sorte, le temps que son corps redevienne viable. Une véritable alchimie du corps humain, alors que les principaux organes sont détruits... Ta sœur a un don naturel pour le Flux à caractère médical. Même moi je n'aurai pas pu faire une chose pareille. Ça requiert une précision infinie et une grande connaissance de son propre corps...

- Oui oui, c'est génial, mais alors ?! Elle va s'en sortir ?! S'affola Mercutio.

- Elle est salement amochée, mais tant que l'esprit demeure, le corps n'est qu'une simple mécanique, que le Flux peut aisément réparer.

Pour prouver ses dires, il fit briller ses mains qu'il passa sur l'énorme blessure de Galatea. Mercutio vit le sang cesser peu à peu de couler, et sans doute ses organes se régénéraient-ils à l'intérieur. Mais il n'alla pas voir de plus près. L'émotion d'avoir cru sa sœur morte, son incident avec le Flux, et tout ce sang, acheva ses maigres résistances et il se détourna pour vomir longuement. Irvffus lui décocha un regard de sympathie.

- Je n'aurai pas du être si dur avec toi, mon enfant. J'en oublie que tu es jeune, et que tu es à moitié humain, et donc soumis à ces émotions qu'on ne peut souvent pas contrôler.

- J'ai... j'ai tué beaucoup de nos alliés ? s'inquiéta-t-il en s'essuyant la bouche.

- Moins que nos ennemis, c'est déjà ça. Mais pour plus de sécurité, il faudra cacher cet incident. Tu diras qu'il s'agissait d'une arme de cette Team Némésis qui a mal fonctionné. Il ne faudrait pas que nos propres alliés craignent désormais de se battre au coté des Mélénis. Ceci dit, tu devras porter ces morts sur la conscience le reste de ta vie. Mais ne t'inquiète pas... tu en auras toujours moins à supporter que moi...

Irvffus faisait sans doute référence à son souhait de fusionner avec les Pokemon des Gémeaux, Gemizuri et Geminero, qui eut pour malheureuse conséquence la naissance de Vriffus, qui fut responsable de bien des tragédies.

- Enfin, tu auras toujours fait cesser l'attaque de nos ennemis, et donc sans doute sauvé plus de vie que tu n'en a prises. Console-toi avec ça.

Mercutio se remit peu à peu de ses émotions, et constata avec inquiétude que l'Asmolé dans lequel il se trouvait continuait de descendre de plus en plus vite. Il ne voulait pas déranger Irvffus pendant qu'il traitait sa sœur, mais s'écraser ne l'aiderait sans doute pas.

- Euh... maître ?

- Oui Mercutio ?

- Nous sommes en train de tomber, vous savez ?

- Je sais. J'en aurai fini avec Galatea avant que nous ne nous écrasions en bas. Je préfère ne pas la transporter immédiatement. Et je ne pourrai pas la guérir totalement ; elle aura besoin d'une longue série de soin et d'un long moment de repos.

Mercutio jugea qu'après le gros trou que Crenden avait fait dans sa poitrine, ce n'était pas cher payé. Mais il était sûr que sa jumelle trouverait le moyen de se plaindre.

- Qu'est-ce que vous vouliez dire, maître, quand vous avez dit que je le saurai si Galatea venait à mourir ? J'ai pourtant cru que...

- C'est de ma faute, je ne te l'ai jamais dit, s'excusa Irvffus. Quand un Mélénis meurt, son corps disparait.

- Ah bon ? Comment ça se fait ?

- Il est désintégré. Par le Flux. Vois-tu, nous maintenons inconsciemment et en permanence le Flux dans notre corps. Mais quand nous mourrons, ce contrôle disparait, et le Flux surgit d'un coup, emportant le cadavre avec lui. Ce qui fait que nous, Mélénis, enterrons rarement nos morts.

Mercutio avait une autre question, dont la réponse l'effrayait autant qu'elle l'enthousiasmait.

- Maître, ce que j'ai fait... ce que je suis devenu... C'était le Septième Niveau ?

Irvffus fronça les sourcils.

- En partie. Mais ce n'était que l'ombre du véritable Septième Niveau, obstrué par ta rage et le Flux Noir qui en est né. Même si tu deviens très puissant de la sorte, ça ne te servira à rien si tu ne peux te contrôler. Et ne compte même pas vaincre Zelan de cette façon, lui qui abrite une partie d'Horrorscor, un être né d'un Flux encore plus noir que ça. Non, pour atteindre le véritable Septième Niveau, ce ne sera que par un sentiment de paix avec l'univers et de grande compréhension, et non de haine.

Mercutio fit signe qu'il avait compris. Pourtant, il ne voyait pas bien ce qu'Irvffus pouvait s'imaginer. Ne pas éprouver de haine envers le gars qui venait de tuer votre sœur était sans doute aussi facile que de ce couper les deux jambes avec un cutter. Mercutio ne tenait pas à renouveler l'expérience, quand même. Faisant abstraction des victimes qu'il pourrait causer, il avait eu l'impression d'être enfermé dans un cauchemar, et d'avoir eu du feu liquide dans tout le corps. Si Irvffus ne l'avait pas arrêté, il y serait passé, dévoré par son propre Flux, cela ne faisait aucun doute. Et cela posait une autre question : pourrait-il résister à la déferlante d'énergie que provoquerait le véritable Septième Niveau, s'il était identique, voir plus puissant, que ça ?

Depuis qu'il tâchait de l'assimiler, et malgré son peu de succès, Mercutio avait toujours été enthousiaste à se servir un jour du Septième Niveau. Aujourd'hui, il n'était plus sûr d'en avoir si envie. Mais serait-il capable de vaincre Zelan sans ça, malgré tous ses progrès dans le Flux ? Il en doutait sérieusement. Il n'avait même pas été capable de gérer l'insidieux Crenden, qui d'ailleurs, ne perdait rien pour attendre si Mercutio recroisait sa route un jour.