ARC Origine : chapitre 4 ailes obscures
Avec Dracolosse volant sur son dos nous commençâmes à voir Carmin-Sur-Mer avec son immense port, son activité incessante tant c'était important pour la ville et le monde. Et tout autour s'étendait cette Mer polluée à mort avec des pokémons marins modifiés, même une fois a été retrouvé un Magicarpe à trois yeux, des industries déversaient directement dans cette eau tout ces polluants les plus nocifs, certains étaient dus à la Team Rocket.
Carmin-Sur-Mer avait cette réputation de ville malfamée dans les quartiers quand le jour s'endormait avec sa lumière réconfortante ; sous la Lune mystérieuse et rêveuse s'effectuaient les pires actes de l'humain. Je le savais par expérience, moi-même avait contribué à cette réputation aujourd'hui reconnue, mais je ne fus pas le seul. Les Assassins lorsqu'ils étaient encore là possédaient quelque quartier caché dans la ville et de là partaient leurs tueurs. Sur certains murs de la ville on pouvait encore contempler leur passage suite aux marques.
Le vent soufflait fort et froid me mordant les oreilles et me piquant les yeux, pleurant, toutefois j'avais mis une sorte de foulard pour protéger ma gorge et mon début de visage jusqu'au nez. Cela atténuait un peu.
Il y a une Lune avait été diffusée cette élocution de la part de notre cher Maître de la Ligue parlant au nom de notre Président, et quelles paroles ! Je n'en revenais pas, ils appelaient au soutient le peuple, qui selon eux possèderaient quelques informations sur moi, quelle farce est-ce là ? Un gag télévisé orchestré royalement, mon Maître et moi-même avaient éteint toute source d'information officielle, seules les rumeurs voguaient de cerveau en cerveau déformant ces rumeurs ce qui faisait perdre toute crédibilité à celles-ci, indirectement m'aidant. Et puis... cette élocution me rendait heureux, je l'avais dépassé, mon Maître, lui avait été recherché assez passivement et activement dans certaines régions, moi, où que j'allasse je serai recherché activement. J'en vibrai d'excitation.
Je tapotai gentiment Dracolosse à dessein qu'il descende pour faire une légère pause, pourquoi se presser ? Ainsi disait mon Maître : « La Mort, ta femme, approche à pas d'Evoli et prend son temps pour aller cueillir son prochain fruit, en tant qu'homme tu te dois de la suivre patiemment et elle t'offrira toutes les clés. » Comme un sot Dracolosse fondit en un piquet vers le sol se rapprochant à vive allure, disons plutôt que c'était moi qui me rapprochait. Je ne fis rien et mon pokémon volant continua son mouvement jusqu'au dernier moment où il remonta démontrant une force anormale, heureusement que personne rodait dans les environs.
En descendant je lui donnai un coup d'œil noir, il me répondit par une tête de pokémon battu, triste ; je souris, il sourit de complicité et lui offris un pokébloc dont je savais qu'il était amoureux. Puis je sortis tous mes autres compagnons. Le Soleil rayonnait à son apogée, quelques cotons blancs naviguaient cachant à des moments cette lumière, à ces moment un vent glacial se levait ainsi que le froid rampait vers nous nous faisant frissonner.
Nous étions proches de la mer car on entendait ce chant mélancolique annonciateur de sa présence ainsi que des cris de pokémons côtiers. Derrière nous s'étendait une forêt compacte non-déchiffrée donc impraticable, certains lieux de Kanto étaient ainsi oubliés, d'elle glissaient des cris sauvages ainsi que des piaillements de Roucool ou, encore, bourdonnement d'insectes, bref la faune typique. Puis, devant nous il y avait cette vague verte plate se pliant au passage du vent et l'on pouvait entendre un bruissement d'herbes remuées.
Mes pokémons habitués à ces pauses partirent chacun de leur côté ; Insécateur s'enfonça dans la forêt jusqu'à que je ne le vois plus, j'étais habitué à ses incursions qu'au départ je renâclai à le laisser partir ; Tortank marcha lourdement vers la mer et sa rumeur ; Dracolosse se mit sur un côté et essaya de dormir ; Kabutops exécuta quelques mouvements d'entraînements pour se rafraîchir, il était vrai que je le prenais qu'en cas d'extrême urgence lorsque la situation l'exigeait. Quant à moi je m'en allai vers mon pokémon favori : Tortank, ce dernier était mélancolique, tout comme moi, la mort de Voltali les avait touchés au fond de leur cœur dur comme le roc. Au fond d'eux mêmes ils en pleuraient.
Avec lui nous marchâmes au gré du vent pour tomber finalement sur cette falaise surplombant à-pic la mer se brisant sur la roche abrupte. Le bruit obnubilait quiconque pouvait l'entendre, quelle magie ! Puis nous fûmes rejoins par les autres, leurs pas félins ne s'entendaient pas mais avec le temps je pouvais sentir qui arrivait. Tous étaient là regardant la mer, ou peut-être est-ce l'horizon qu'ils regardaient, je l'ignorai mais en eux vibraient des sentiments qu'ils n'exprimaient plus depuis trop longtemps. Quelle belle famille formions-nous tous muets pour raconter ou faire comprendre ce qu'on ressentait, peut-être avions-nous passer ce stade tellement habituer à se voir tous les jours unis par cette fraternité.
Ainsi nous restâmes cinq bonnes minutes à contempler cet horizon mince fil bleu s'étendant à perte de vue, tous muets. Seul les sons naturels se déchaînaient.
- Vous êtes ma famille, et plus jamais je ne laisserai un des nôtres mourir comme est mort Voltali ; de ma faute il est mort. Comme dit le dicton : « Le Passé est une erreur, le Présent est la seconde chance » je sais que vous êtes touchés mais ensemble nous avons vu pire, ce n'est qu'une épreuve de plus à surmonter. Et sur mon honneur je vous promets que quiconque ayant participé à sa mort sera maudit à jamais et mourra dans de cauchemardesques conditions.
Tous se mirent alors à crier scellant la malédiction. Et elle déploya ses ailes obscures...
Pierre, marchait depuis très longtemps dans le long tunnel avec cette impression d'avoir raté quelque chose, oui, lui avoir raté quelque chose, où était l'erreur ? Lui qui n'avait presque jamais rien raté. Il y avait sûrement un truc qui clochait.
En mangeant avec sa faible lampe il y repensa instinctivement, alors il attrapa son téléphone et appela son chef.
- Oui bonjour, comment allez-vous ?... Non, à vrai dire un truc me tracasse, avez-vous exécuté tous mes ordres, le port de Carmin-Sur-Mer est bloqué ?... Parfait, à partir de la technique Vol il ne pourrait pas se rendre aux Îles Sévit ?... En six étapes cela serait impossible, donc c'est parfait aussi. Pourtant j'ai cette impression d'avoir oublié un truc pourriez-vous y réfléchir pour moi ?... Quoi ? C'est mon anniversaire ? Mais qu'est-ce que j'en ai à faire ?... Des gens meurent pendant que moi je fais la fête et la vie d'un collègue est en jeu, pas le temps de fêter. Et savez-vous où je suis ?... Eh bien dans le Tunnel des Taupiqueur, voilà où je suis ! Comment voulez-vous que je le fête ici ? Allez au revoir.
- Mwahahaha c'est mon anniversaire ! ! ! Cria Pierre en marchant de son pas rapide, et à ce son des Nosferapti s'envolèrent.
Ce ne fut que le lendemain que Pierre put enfin revoir la lumière du jour illuminant ce monde magique empli d'événements malheureux et heureux, un monde où aucune logique était. Le Mal et le Bien étaient juste des images reçues, en réalité c'était les médias qui offraient ces clichés avalés par la populace. La compréhension mutuelle n'existait pas et la Haine rongeait que trop ce monde. Et dans tout ceci l'homme n'avait qu'un réconfort : le Soleil et son rayonnement.
Á présent il était à côté de Carmin-Sur-Mer, à l'Est, il lui faudrait marcher un peu pour accéder aux quartiers maritimes de la ville, en espérant que tout serait comme il le pensait. C'est-à-dire un lieu déserté par tout le monde.
Des dresseurs traînaient par là faisant des matchs entre eux, certains pleuraient de leur défaite, d'autres rigolaient de bonheur en enchaînant victoire sur victoire. Dire qu'à la base j'étais comme eux, un gosse fait par la télévision et qui fut très vite rattrapé par la réalité, quelle chose amère que d'être rattrapé par la réalité !
Puis petit à petit je rattrapai la ville fraîche qu'était Carmin-Sur-Mer bizarrement fantomatique. Il y avait comme un léger problème, derrière des immenses tours s'élevaient une fumée noire venant du... Flûte !
Notre voyage allait se finir, la ville était en vue calme et paisible avec ses grues immenses tout le long des quais bougeant lentement et avec ses pokémons vol tournoyant lançant des cris perçant. Tout semblait normal, merveilleux.
Soudainement Dracolosse s'arrêta pour lancer un cri et me montra du doigt une fumée noire s'élevant dans les airs signe de feu déclenché.
- Dracolosse va sur le côté pour mieux voir d'où provient cette fumée, rapproche-toi.
Mon pokémon s'exécuta silencieusement et lentement jusqu'à que je puisse observer la réalité très bizarre. Il y avait une manifestation massive sur les quais avec des feus artificiels ou encore des vrais feus. Et cette manifestation était sûrement due à l'arrêt de l'activité maritime, il y avait très peu de bateaux. Cet arrêt se voyait parfaitement si l'on avait déjà vu Carmin-Sur-Mer actif, et c'était mon cas.
- Qu'est-ce qui se passe par ici... Dracolosse pose-moi à l'extérieur de la ville.
En un piquet il plongea vers le lieu demandé du côté vers Safrania, il n'y avait que quelques dresseurs mais aucun ne posèrent des questions, à vrai dire tous semblaient avoir peur en voyant cette mini-révolte. Quels idiots !
Je pénétrai dans la ville, rappelai Dracolosse et demandai à un badaud ce qui se passait précisément pour avoir confirmation de mes conjectures ; elles furent confirmées. Donc je savais à quoi m'en tenir. Au meilleur des cas aucuns de ces Enquêteurs ne traînent par là, au pire des cas ce ne sont que des policiers ayant reçu des ordres inutiles. Mais quand même ça démontrait qu'ils avaient planifié mes actes, ça en devenait inquiétant.
Dans les rues de la ville il n'y avait pas un Miaouss, l'agitation régnait au summum uniquement dans le port, ça m'aiderait.
Je partis vers l'Arène de la ville où un Champion avait une dette envers moi et ce dernier possédait un yacht qui devrait me suffire, de surcroît un yacht de vitesse pour aller se rendre sur les Îles Sévit, n'était-ce pas une pomme tendue dont j'avais juste à tirer pour la prendre.
Pour une Arène c'en était une, visible à l'autre bout de la ville elle était si différente des autres sobres et officielles, celle-ci le Champion l'avait faite par des moyens anormaux pour un salaire de Champion, totalement corrompu il possédait quelques dettes envers la société criminelle ou d'autres comme moi. Il se moquait de sa réputation et faisait tout dans la grandeur, même lorsqu'il se faisait battre c'était dans la grandeur.
En entrant dedans des lumières s'allumèrent soudainement éclairant puissamment les lieux, m'éblouissant presque mais par pure réflexe j'appelai Insécateur et lui ordonnai de neutraliser les lumières. Avec un cri le noir revint. Un homme cria, c'était le Champion.
- Comment avez-vous osé casser mes lampes qui m'ont coûtées extrêmement chers ! Misérable dresseur pathétique tu vas crever !
- Un Champion se doit de rester calme en toute circonstance, malgré le fait que le dresseur soit un dieu et lui une bouse. Allez Insécateur apporte-moi cette pourriture gâtée.
- Oh ! Maître Assassin comment allez-vous ? Excusez mes jérémiades insultantes envers votre divine personne, je me sens comme un Insolourdo devant Dialga. Me permettrez-vous de baiser vos pieds ?
Pitoyable.
- Cesse ton charabia mensonger, je sais très bien ce que tu penses à mon égard. Insécateur tu te bouges. Et je ne suis pas un de ces Assassins ! Aboyai-je en colère devant cette méprise entre Sion et Assassin.
Je vis l'homme apporté des cheveux en arrière couleur or, des yeux bleus magnifiques comme faux, son visage trop parfait, ses habits taillés au millimètre trop parfaits eux aussi. Et comme si ce n'était pas assez il portait des bijoux par dizaines tant autour de ses doigts et autour de son cou. Cherchez l'erreur.
- Bien sûr, votre Saint Esprit, aussi obscur que Darkrai, ne peut être un de ces Assassins, c'est un divin assassin implacable. Mais dites-moi, Maître, que puis-je pour vous moi le misérable ?
- Relève-toi, et arrête avec tes paroles. J'aimerais me rendre aux Îles Sévit et comme tu as pu le constater l'activité maritime est bloquée par les autorités. Tu n'aurais pas un yacht ?
- Si, si, Maître, mais il est bloqué par les autorités comme les autres, aucun voyage ne peut être effectué.
- Eh bien, tu as une dette envers moi depuis longtemps, aujourd'hui je te demande quelque chose, cède-la moi ou tu auras une fin prématurée. Alors que choisi-tu ?
- Très bien, Maître, vous aurez votre yacht. Vous l'aurez cette nuit à minuit précisément.
- Bonjour, monsieur, que puis-je pour vous ?
- Je suis un agent au service de l'Intérieur, j'avais demandé à mon Chef de bloquer le port car il se peut que l'Assassin, comme vous le nommez, se trouve au sein de la ville.
- Pour vous rassurer tout de suite nous l'aurions repéré depuis des lustres, ici notre hôtel de police a des oreilles partout. Rien ne peut nous échapper ne vous inquiétez pas.
Pierre ne se posa aucune question sur la corruption du policier qui jouait très mal son rôle, en temps normal cette partie du bureau était filmée et dès que sa fonction exprimée un supérieur devrait l'accueillir, il y avait peut-être un léger espoir et ainsi l'espérait-il.
- Euh... Monsieur venez, entrez dans mon bureau, je suis Commissaire Moulin.
L'Enquêteur le suivit traversant le hall bien éclairé avec une salle d'attente et des bureaux derrières lesquels étaient planqués de simples policiers. Derrière eux une télévision diffusait un spot pour les fonctions de la police. Il suivait le Commissaire le long d'un couloir gris éclairé par des lampes basiques, et sur les murs étaient accrochés des tableaux artistiques, pour égayer légèrement le lieu.
Le Commissaire devait avoir dans la cinquantaine les cheveux grisonnant, de vieilles lunettes. Un visage buriné, il exprimait une certaine fermeté et à la fois une impassibilité suite, sûrement, à force d'exercer son métier qui l'avait transformé. Comparé aux autres agents il avait le droit de porter une tenue de tous les jours, plutôt que la tenue officielle assez explicite.
- Désolé pour mon agent qu'on a repéré très vite comme agent double qui renvoyait ceux qui pouvaient déclencher son salut, comme vous. Si nous ne l'avons pas arrêté c'est qu'il nous donne involontairement des informations cruciales de la Team Rocket. Et le soulèvement est dû à cette Team, je suis navré pour vous mais un bateau a réussi à partir cette nuit.
- Destination ? Demandai-je succinctement avec quelque brusquerie.
- Destination Hoenn, est-ce là où doit se rendre votre homme ?
- Non, il doit aller vers les Îles Sévit pour tuer un type, un ancien collègue. Vous pensez que ce soulèvement s'arrêtera quand ? Une vie dépend de ce blocage et j'y tiens. Au pis vous ne pourriez pas envoyer une force d'intervention pour les disperser ?
- Il faudrait que je fasse une demande à leur patron et il faudrait une bonne raison.
- Faites-la alors, je vous en prie, Commissaire.
La Lune miroitait sur la mer se levant à peine ayant repris depuis quelques heures le relais au Soleil ; je la regardai, pensant à Voltali, dernière pensée à lui car mon futur sera troublé, comme l'était sans doute le Champion misérable Insolourdo. Sur les quais on pouvait voir encore la défaite du soulèvement stoppée net par les forces d'intervention qui les avais balayés. Maintenant ce sont sur des quais lugubres que j'attendais, il y avait sans doute une dizaine d'hommes sur ceux-ci, des types comme moi, enfin je m'entends, des types ayant un but illégal entraînant à agir se mouvoir la nuit plutôt qu'au grand jour. Tous, on se faisait la tête, même quand je vis un sac poubelle basculé dans la mer l'avalant avec hâte.
Puis, finalement perdant patience se profila à l'horizon le yacht magnifique beauté obscure avançant avec lenteur et silence fendant le mer. Tout était parfait...