Leçon de morale et concours
Mr. Bruno leva la tête de son bureau, et nous envoya un sourire craquant. Je sentais les plaques rouges venir sur mes joues, il fallait que je dise quelque chose.
-Voilà où on en est à causes de vos conneries ! chuchota Keiko, les larmes aux yeux de voir son idole fâchée après que Finaud lui ait avoué les faits.
-Les conneries de Taylor, rectifia Lilian.
-Oui, excuse-moi ma chérie.
-Je vais vous voir une par une, annonça Bruno en faisant papillonner ses yeux verts. Miss Mercedes Hourantier, à vous.
Ça m'énervait, ça, chez lui, sa façon de nous appeler « Miss Prénom Nom de Famille. » Nan mais tout le monde sait bien que Taylor c'est « Miss Alexia Taylor » ! Mercedes avança, pas très sûre d'elle. Nous étions plus que trois, Finaud étant parti régler des affaires personnelles (savourer sa victoire devant la machine à café, oui.)
-C'est trop bête, on va se faire défoncer, couina Keiko.
-Ne t'inquiète pas, il ne va pas trop crier, ce n'est pas son genre, assura Lilian.
-Tu le connais si bien que ça ? m'étonnai-je.
Elle ne répondit rien et fit mine de ne pas m'avoir entendu, parce qu'elle ne savait pas quoi dire. Finalement, Mercedes quitta la salle, très digne, ignorants les questions hystériques de Keiko et Lilian. Puis ce fut le tour de Keiko, Lilian et…
-Mademoiselle Alexia Taylor !
J'entrai dans la salle, assez impressionnée. Mr. Bruno me regardait tranquillement.
-Vous pouvez vous asseoir. Comme je l'ai dis à vos trois camarades, combattre à cette heure-ci dans le parc est inacceptable, mais on ne vous a pas prises sur le fait…
-Et alors ?
Bruno ferma les yeux avec lassitude.
-Ne m'agressez pas, mademoiselle. Hors, sans preuves, vous êtes inclassables. C'est ce que j'ai dit à Hourantier et à Lin…
-Vous avez mis un quart d'heure pour leur dire trois mots ? lâchai-je.
-Mais, ajouta le prof en élevant légèrement la voix, je leur ai aussi sortit des discours pompeux typiquement professoraux. Je suis fatigué, je n'ai pas envie de vous le ressortir, car j'ai autre chose à vous dire, mademoiselle.
Je baissai les yeux et me mordais les lèvres pour ne pas éclater de rire. Comme si ce qu'il avait à me sortir m'intéressait ! Il voulait m'initier aux secrets intimes de sa vie privée ?
-La rentrée était hier et vos professeurs ont remarqué un net changement de comportement, dont une dispute avec votre plus proche amie, mademoiselle Stephanie…
-Merci, dis-je, mais je suis au courant. Si c'est ce que vous…
-Non, mademoiselle, je n'ai pas fini.
Alors là, Bruno avait carrément aboyé, comme un Caninos. Wahou, je ne savais pas que je pouvais faire sortir un type aussi calme de ses gonds.
-C'est regrettable qu'une si gentille fille comme vous soit devenu comme ça. Peut-être voudriez-vous en parler avec la psychologue…
-JE NE SUIS PAS FOLLE !
Il avait touché ma corde sensible : la folie. Qu'on me soupçonne d'être folle était la pire chose que j'imaginais. Folle de rage, je me levai et partis sans même lui accorder un regard. Il ne chercha pas à me retenir.
Sur le chemin de la chambre, je sentis ma rancœur s'atténuer peu à peu. Alors que j'arrivais à la porte de la chambre, Stephanie sauta hors de sa propre chambre et se planta devant moi.
-Bon, ma chère amie, dis-je, étonnée, d'un ton moqueur. Je sais que tu m'aimes bien, mais là, j'ai envie de dormir, après avoir failli me récolter trois heures de colle.
-Je m'en fiche, coupa Steph. Je veux juste te parler.
-Me parler ! Tout le monde ne fait que ça depuis hier.
Mais le Charmillion de Stephanie surgit hors de l'ombre, comme un ninja invisible, et se posa sur la tête de mon ex-amie. Il me regardait de ses gros yeux, comme s'il allait m'attaquer.
-Dis à ta bestiole d'arrêter de me fixer comme ça.
-Ecoute d'abord ce que j'ai à te dire, insista la fille. Je ne veux pas parler de ton comportement. Pas la peine. Simplement, je voulais te prévenir qu'un concours allait avoir lieu dans un mois. Un concours inter-collèges, bien sûr. Alors, je t'en supplie, travaille et ne ridiculise pas le pensionnat en te donnant bêtement en spectacle comme l'année dernière.
-C'est tout ?
-Oui.
Je partis dans la chambre. Les trois autres demoiselles m'ignorèrent, et je me contentai de les imiter.
Ce qu'avait voulu dire Stephanie par « comme l'année dernière » était assez vexant. En fait, je m'étais totalement engluée dans ma prestation, cramant au passage tout le public lamentablement. J'avais réussi à passer le premier tour par miracle, mais mon Colossinge avait défoncé mon adversaire humain d'une droite dans la mâchoire. Il avait écopé d'un cocard et moi, de cinq heures de colle. Alors que je mettais mon pyjama ridicule orné de petite pokémons, je ne pus m'empêcher de rougir en y repensant.
-Bonne nuit, bâilla Keiko.
-Bonne nuit, répondit Mercedes.
-Bonne nuit, répondit Lilian.
-Allez vous faire voir, répondis-je avant de m'endormir.
Un mois s'était passé depuis ce fameux combat contre Lilian, un peu loupé, et cette leçon de morale. Le concours allait bientôt avoir lieu…
N'oubliez pas les commentaires ça me ferait plaisir merci !