Chapitre 130 : Ce destin que je hais
Galatea Crust était épuisée, en sueur et en sang après près de six heures de bataille non stop. Xan, le grand baraqué shooté au destin dont les membres pouvaient repousser, s'était pointé à Jadielle avec une armée, soit Rocket soit Némésis, ou un peu des deux ; les membres de chaque Team devaient tellement être lobotomisés par Zelan que plus personne ne semblait trouver étrange de se battre aux cotés d'une Team ennemie. Apparement, Zelan n'avait pas mis longtemps à trouver qui cachait et soutenait les traitres de la X-Squad : le professeur Chen et sa bande de dresseurs qui lui étaient loyaux. Et il avait envoyé le paquet. Près de six cent hommes, des dizaines de Porygon-?, et trois de ces espèces de grosses bases mobiles façon tank appelés Béhémators. Plus Xan bien sûr, qui dirigeait l'ensemble, et tout ça contre Galatea, Djosan, et une vingtaine de malheureux dresseurs, et peut-être une petite garnison de soldats du gouvernement, qui avaient dû prendre la fuite depuis longtemps.
Dans ce cas, pourquoi Galatea était en train de se battre depuis six heures ? Eh bien, tout bonnement car le ciel de Jadielle avait vite été envahie des silhouettes bienveillantes des vaisseaux Lunariens. Une grande partie de la flotte que commandait Siena était venue faire face à l'armée Némésis et soutenir les dresseurs. L'Empereur Octave lui-même s'était montré sur le champ de bataille, avec ses Pokemon. Dès lors, Galatea pouvait bien enchaîner les heures de combats, si ça lui permettait d'avoir une jolie vue sur ce type qui atteignait des sommets insoupçonnés dans son échelle de « beaugosserie ».
Quand il arriva en plein cœur de la bataille, avec son Dimoret d'un coté et son Pyrax de l'autre, le feu et la glace réunis sur son épée royale, Galatea crut qu'Arceus avait prit forme humaine pour descendre sur terre dans toute sa splendeur. Franchement, si Siena avait bien réussi un truc dans sa vie morne et terriblement sérieuse, c'était bien le choix de son petit copain ! Galatea avait aussi libéré ses Pokemon. Son Galladiateur restait près d'elle, à trancher quiconque s'aventurerait un peu trop près de sa dresseuse. Pyroli avait dressé un mur de flammes autour d'eux, pour encore plus de sécurité, et même son Tentacruel participait, en sautant de victime en victime avec ses tentacules. Galatea, elle, se servait du Flux dans tous les niveaux qu'elle maîtrisait pour balayer continuellement les légions de Rocket et de Némésis.
Jadielle était devenue méconnaissable. D'une belle ville urbaine agrémentée d'une nature présente, elle s'était transformée en piles de débris, nuages de fumée et départs de feu un peu partout. Et pour une fois, Galatea n'était pas la responsable ! Enfin du moins, pas la seule. Mais en tous cas, elle ne pouvait pas cette fois se targuer d'être celle qui provoquait le plus de dommages avec le Flux, car elle était, et de loin, dépassée par Djosan. Ce dernier avait fait fi de la loi qui interdisait l'utilisation des Titank dans les zones urbaines. Inutile de préciser quels genres de dégâts pouvait faire un Pokemon de ce genre lâché dans une ville. Galatea tâcha d'essayer de rejoindre Octave. Elle y arriva rapidement. Tous ceux qui se mettaient entre elle et un beau gosse en subissaient les conséquences. En la voyant, Octave lui offrit un sourire qui manqua la faire chavirer.
- Ravi de te retrouver, ô puissante Mélénis. Vous attirez toujours autant les bastons autour de vous, ça fait plaisir.
Galatea se souvenait d'Octave comme d'un garçon réservé, distant, si ce n'était pas geignard, avec quiconque d'autre que Siena. La couronne l'avait apparemment déridé. Ou bien était-ce Siena ?
- Votre Majesté. Je me serai bien agenouillée pour vous accueillir, mais montrer mes fesses à tout ce monde serait malpoli. Vous avez des nouvelles de Siena ?
Octave se baissa avant de répondre pour éviter l'un des rayons violet des armes Némésis et logea son épée dans le corps d'un sbire Rocket un peu trop prompt à vouloir commettre un régicide.
- Que oui, je l'ai même vu avant d'arriver. Elle est en sécurité avec l'Agent 003, bien que légèrement agacée de rester inactive. Qui commande de votre coté ? Il faut que je lui parle pour la stratégie à employer.
- Bah, y'a pas vraiment de chef désigné, mais Régis Chen, le champion local, semble coordonner tous les dresseurs.
Encore un sacré beau gosse, celui là, songea Siena, en voyant le petit-fils du professeur Chen, chevauchant son Ptera.
À son tour, Djosan se creusa un passage pour les rejoindre. Un passage à coup de poing, avec beaucoup d'ennemis qui se mettaient à voler un peu partout à son contact.
- MOOONNNNN EMPEEEEREUUUUR OOOCTAAAAAAAAVEEE !!
Par réflexe, Octave s'écarta rapidement des bras de Djosan, qui avaient la mauvaise habitude de briser quelques côtes à tous ceux qu'ils serraient.
- Que vous voilà à point nommé, pour sûr ! Que tous ces mécréants tremblassent devant votre illustre présence !
- C'est apparemment loin d'être le cas... Pourtant, nous leur sommes clairement supérieur en nombre ! Qu'est-ce qu'ils attendent pour prendre la fuite ? Ils sont idiots ou quoi ?!
- Non, juste soumis, fit Galatea. Ils ont tous subi un lavage de cerveau, que ce soient les Némésis ou les Rockets. Ils ne connaissent plus la peur et se battront jusqu'à la fin.
Elle dévia avec le Flux un missile qui venait dans leur direction pour l'envoyer sur l'un des Béhémators. Elle eu au passage une brève vision du commandant de l'armée ennemi, Xan, qui se trouvait au milieu de la mêlée, armé d'une espèce de lance, sans craindre aucunement pour lui. Il n'avait pas de quoi, à dire vrai. Toutes ses blessures se refermaient en quelques secondes, tout comme ses membres repoussaient. Aucun Lunarien ne semblait capable de l'arrêter.
- Je reviens, fit-elle à Octave et Djosan. J'ai un gros morceau qui m'attend.
Elle se propulsa alors avec le Flux pour traverser plusieurs mètres en quelques secondes, et propulser Xan devant elle juste au moment où il allait passer sa lance au travers d'un des soldats de l'Empire. Sans lui laisser le temps de contre-attaquer, elle le prit dans ses bras grâce au Quatrième Niveau et l'amena avec elle à une certaine distance de la bataille, où elle pourrait se battre sans se soucier de ce qui se passe à coté d'elle, car elle se doutait que ça ne serait pas gagné d'avance contre un gars qui semblait de toute évidence invincible. Quand ils furent hors de la ville, en bordure de la forêt de Jade, Galatea envoya Xan percuter un arbre, qu'il fit tomber sous le choc. Mais Xan, lui, se releva bien vite, et jaugea son adversaire du regard.
- Galatea Crust. Le destin nous a réuni aujourd'hui. Est-il de sa volonté que l'un de nous périsse sous les coups de l'autre ? Je n'y tiens guère ; maître Zelan voudrait que vous demeuriez vivante pour l'instant.
- Tuer n'est pas trop mon truc non plus, admit Galatea. Et si vous vous rendiez ? Je ne vois pas bien ce que ce dingue de Zelan peut faire qui soit dans votre intérêt, à moins que vous ne désiriez vous aussi un monde sans Pokemon ?
Xan haussa les épaules.
- Seul le destin choisira l'avenir de ce monde. Mais je ne suis pas contre le monde tel que le veut le maître. Il présente nombre d'avantages.
- Comme ? Voulu savoir Galatea.
- La vengeance, répondit mystérieusement l'Arme Humaine.
Sans s'expliquer d'avantage, ou peut-être las de parler, Xan tandit sa lance à l'embout rouge, qui cracha un rayon d'Eucandia de type différent de celui des armes ordinaires des Némésis. Celui là était vert, pas violet, et quand Galatea l'esquiva, le rayon laissa un trou fumant dans le sol. Galatea sentit que même le Flux ne la protégerait pas si elle se faisait toucher par ce truc.
- De l'Eucandia concentré, expliqua Xan. Nous avons mis longtemps à le mettre au point, et nous en avons peu, mais le destin veut que sa puissance vienne à bout de n'importe quelle matière, en détruisant ses atomes même.
Xan eut un sourire ironique. Ce fut surprenant, lui qui montrait toujours un visage si placide.
- C'est drôle, non ? Un seul tir sur une personne, et l'être touché disparait totalement, comme s'il n'avait jamais existé. Plus rien de ce qu'il est ne demeurera. Notre existence est si ténue, si fugace... Tel en a décidé le destin.
- C'est vrai, la vie est courte et fragile, répliqua Galatea, mais il demeurera toujours quelque chose de nous en ce monde, même si nous disparaissons totalement : nos actes et ce qu'ils inspirent aux autres, le souvenir de notre vivant... Mourir n'équivaut pas à disparaître de l'existence, Xan !
Les yeux noirs de l'Arme Humaine se plissèrent de colère. Il envoya une autre décharge et Galatea dû utiliser le Flux pour s'envoler pour l'esquiver.
- Ce que vous dîtes est mensonge ! Il ne reste rien de nous à notre mort. L'oubli est ce qui nous attend tous ! L'oubli, et rien d'autre. Comme l'oubli de mon peuple et de notre culture après leur disparition !
Galatea secoua la tête, et envoya une vague de Flux concentrée sur Xan, qui lui arracha le bras gauche. Ce fut comme si il n'avait rien senti, et un autre bras lui repoussa en un bruit écœurant.
- Si vous êtes tant bouleversé par le sort des vôtres, vous devriez en vouloir à Zelan ! Pourquoi le servir alors qu'il a décimé votre peuple ?!
Elle chargea sur Xan en esquivant son dernier rayon, et le choc lui fit lâcher sa lance des mains. Mais Xan cessa rapidement de reculer, sa force physique considérable contrant le Flux de Galatea. Une lutte de volonté s'engagea.
- Ce n'est pas maître Zelan le responsable du malheur de mon peuple, clama Xan. Non, il n'a été que l'instrument du destin ! C'est lui, le destin, qui a condamné mon peuple ! C'est le destin qui m'a fait naître comme ça : une erreur génétique, un monstre, qui ne ressent pas la douleur, qui ignore ce que c'est, et dont n'importe quelle blessure se refermera immédiatement ! Pourtant, ma blessure au cœur ne s'effacera jamais ! Celle que le destin m'a causé !
- Crétin, siffla Galatea. Il n'y a pas de « destin ». Chaque hommes est responsable de sa vie. Ce sont les actes de chacun qui forge l'avenir ! Zelan se sert de vous !
- Non ! Il m'a appris que le destin était mauvais ! Il m'a appris à affiner ma malédiction pour que je m'en serve contre ce destin qui me l'a donné ! Oui... le destin s'est créé son propre ennemi en moi ! Il m'a maudit et m'a tous prix, mais je vais lui rendre la pareille.
Les deux combattants se dégagèrent. Galatea sentait toute la colère qui se dégageait de Xan et qui se transformait en force et en volonté.
- Et alors ? Demanda la Mélénis. En quoi servir le projet fou de Zelan vous arrange ?
- Dans le nouveau monde de maître Zelan, il n'y aura plus de destin, expliqua Xan d'un air extatique. Une fois Dialga, le maître du temps, détruit, nous serons tous libres de son emprise. La destinée inéluctable de la mort prendra fin. De même, une fois Arceus déchu de son trône céleste, nulle puissance supérieure ne choisira notre destinée. Nous serons tous égaux dans cette existence éternelle !
- Des conneries tout ça ! Un monde sans cours du temps est un monde immobile, qui n'évoluera plus. Un monde où la vie sera plate et sans intérêt ! Un monde ou personne n'affirmera plus son potentiel, où les humains seront condamnés à la stagnation et à la régression totale ! Et un monde comme ça, je n'en veux pas.
- Alors viens ! Viens, Galatea Crust, défendre ton monde !
Galatea se plongea au plus profond du Quatrième Niveau, qui rendait son corps quasiment invulnérable à tous dégâts physique, et augmentait sa force de façon considérable. Contre Xan, les attaques spéciales ne servaient à rien. Ce serait un duel physique. La jeune Rocket se rappela du temps où elle subissait les entraînement quotidiens du commandant Penan, notamment celui du corps à corps. Elle n'avait jamais été aussi douée que Mercutio ou Siena dans ce domaine, mais son cerveau avait depuis longtemps intégré les gestes de base. Et quand le combat contre Xan débuta, son corps même s'était remémoré la chose inconsciemment.
Après tout, ce n'était rien d'autre qu'une mécanique qu'on apprenait par cœur. Xan était fort et ses coups puissants et rapides. Mais pas un ne toucha la Mélénis. Elle semblait voir les coups de l'Arme Humaine passer au ralentit, et n'eut aucun mal à les esquiver. Elle aurait pu même les bloquer avec la force qu'était la sienne grâce au Quatrième Niveau. Quant à Xan, il encaissait les contre-attaques de Galatea, mais elle aurait pu lui briser les os qu'ils se reconstitueraient immédiatement.
Galatea menait le combat, mais ces coups ne faisaient rien à l'Arme Humaine. Ça pourrait durer un long moment... et ce fut le cas. Une heure plus tard, ils étaient toujours en train de se battre. Galatea n'avait reçu aucune blessure grave grâce au Quatrième Niveau et à l'endurcissement de son corps, mais le Flux ne supprimait pas la fatigue. Ses membres devenaient lourds, et elle avait de plus en plus de mal à trouver son souffle. Xan, lui, semblait aussi frais qu'au commencement.
Galatea changea de tactique. Elle recula d'un bond et enchaîna Xan avec le Cinquième Niveau, usant de sa télékinésie pour lui tordre les membres à l'extrême, compresser sa cage thoracique, bloquer chacune de ses artères. Mais Xan n'eut aucune expression signifiant que tout ça ne lui fasse quoi que ce soit. De dépit, Galatea le propulsa vers le ciel puis le fit retomber à toute vitesse au sol. Et là où tout être normalement constitués aurait été réduit en la plus infime des bouillie, lui se releva quelques instants plus tard, paraissant presque s'ennuyer.
- C'est inutile, Galatea Crust. Tu pourras me briser tant que tu veux, me découper en morceaux, me brûler ou m'écraser, je ne sentirais rien, et mon corps se régénèrera de lui-même. Les molécules de mon corps sont auto-régénératrices, et peuvent en créer d'autres en un temps infime, en se basant sur mon ADN. Tu ne...
Il ne finit pas sa phrase, car Galatea venait de compresser son crâne, qui explosa en une douche de sang, d'os et de cerveau. Galatea avait prit soin de fermer les yeux en faisant ça, mais quand elle les rouvrit, quelque secondes plus tard, ce fut pour voir la tête de Xan à moitié reconstituée, ce qui était tout aussi répugnant. Galatea se souvint alors de quelque chose. Xan avait dit que ses molécules étaient auto-régénératrices, certes, mais il y a quelques temps, n'avait-il pas parler d'un rayon capable de détruire totalement les atomes ?
Ils avaient pas mal bougé durant leur combat, mais Galatea repéra bien vite la lance à Eucandia de Xan. Elle l'attira jusqu'à elle tandis que Xan surgit pour l'attraper à la gorge. Galatea se maudit d'avoir baissé sa garde ne serait-ce qu'un instant. Un instant qui lui serait peut-être fatal, si Xan lui brisait la nuque avant que la lance n'arrive. La lance était encore loin, et n'arriverait pas à temps. Alors Galatea joua sa dernière carte. Elle se servit du Flux pour la positionner dans l'air, et pour presser la gâchette à distance. Le tir effleura un bras de Xan ; ce fut suffisant pour qu'il commence à se désintégrer, lâchant automatiquement Galatea. Xan recula, observant son bras qui partait en poussière avec une certaine surprise. Galatea prit la lance en main.
- Oui. Tes molécules ne pourront pas en créer de nouvelles si ce truc détruit jusqu'à tes atomes. Tu as perdu, Xan.
L'Arme Humaine eut un pauvre sourire. Déjà, la désintégration de ces cellules avait atteint sa poitrine.
- Oui, j'ai perdu. Me voilà condamné à disparaître totalement à petit feu alors que mon corps n'a jamais cessé de réapparaître pour me maintenir en vie. Le destin aime vraiment la plaisanterie, hein ? Sans doute me déteste-t-il autant que je le déteste...
Il regarda Galatea durant les quelques secondes qui lui restait à vivre.
- Tu as dit tout à l'heure que la mort ne pouvait pas nous effacer de l'existence. Mais quelle marque aurai-je laissé en ce monde ? Qui se souviendra de moi et de mon peuple ?
- Moi, je me souviendrai.
Xan lui sourit. Un sourire sincère.
- Tu es un être digne, Galatea Crust. Peut-être as-tu raison sur tout. Puisse le destin te sourire plus qu'il ne l'a fait pour moi...
Quelques secondes plus tard, il ne restait plus rien de Xan l'Ajohus, si ce n'était deux larmes qui tombèrent au sol, laissant à jamais une trace de lui sur ce monde.
***
Zelan sentit brusquement la mort de Xan dans son esprit. Il avait fait en sorte que toutes ses Armes Humaines soient liées à lui par un lien psychique. Un lien qu'avait créé Licia, la commandante des Armes Humaines, par ses talents de manipulation de l'esprit. Ainsi, tous ce qui se passait chez toutes les Armes Humaines était ressentit par Licia, où qu'elle soit, et elle-même transférait ces informations chez Zelan et les autres Armes Humaines. Au moment même où Xan avait rendu son dernier soupir, tous le monde fut au courant. Crenden soupira et fit :
- Un camarade nous a quitté. Quel tristesse. Il était pourtant le plus civilisé de nous tous.
Vaxatos, non loin, sourit méprisamment.
- Le chiant s'est fait avoir comme un con ! Tant mieux ! J'ai hâte de me faire celui ou celle qui l'a buté !
Zeff ne dit rien, mais son visage exprimait de la surprise. Sans doute ne pensait-il pas que quelqu'un ait pu venir à bout de Xan. Zelan sourit.
- Je présume que ce doit être l'œuvre de Galatea Crust, dit-il en jetant un coup d'œil amusé à AM-2 à coté de lui. Un simple humain ou Pokémon n'aurait pu vaincre Xan, et Mercutio se trouve actuellement dans l'Elysium.
- Ouais, d'ailleurs, faudrait ptet que vous punissiez ces deux teubés de Jensel et Roseo pour avoir laissé le gosse pénétrer là-bas, et pire, avoir paumé la clé, hein, maître Zelan ? Proposa Vaxatos.
- Tu penses ? Je trouve moi que ça ajoute encore plus de piment à notre petite partie de jeu. Mais ne vous en faîte pas, tous ; Mercutio Crust reviendra bien un jour, et avec la clé. Et puis, pour l'instant, nous jouirons de la compagnie d'une autre Crust.
Il se leva de son siège pour accueillir AM-1, qui était rentré avec Siena Crust, captive et défaite.
- Re-bienvenue parmi nous, très chère Siena. Je dois dire que ta fuite précipitée m'a causé grande peine, alors que, selon tes propres paroles, tu semblais avoir accepté mon idée du nouveau monde.
Siena avait l'air résigné, mais gardait encore assez de colère pour répliquer :
- Si tu avais vraiment pensé ça de moi, c'est que tu es encore plus stupide que tu veux nous le faire croire...
Siena croisa le regard de Zeff un instant, mais ce dernier prit bien soin de regarder ailleurs. Zelan pouvait sentir de là l'hésitation du Silvermod. Cette situation ne lui plaisait pas. Sans doute craignait-il ce que Zelan pourrait faire à Siena en guise de vengeance pour sa trahison. Et il n'avait pas tort de le craindre.
- Il me navre de constater que tu n'es pas enthousiaste à l'idée de revenir parmi nous. Je vais devoir alors changer tes quartiers en conséquence. Zeff, amène donc Siena se reposer dans les appartements que je lui ai alloué pour le reste de son séjour. Tu as de la chance, Siena, tu y retrouveras une figure amicale.
Zeff s'avança sans un mot pour prendre Siena par le bras et la tirer avec lui hors de la pièce. Zelan ajouta :
- Oh, et par la même, informe le général Tender que nous avons récupéré sa traîtresse de fille, et qu'elle demeurera cette fois sous ma... protection bienveillante. Sans doute cela le rendra-t-il plus enclin à coopérer avec moi.
Quand ils furent tous les deux dans les couloirs de la base, Siena osa enfin lui parler.
- Je sais pourquoi tu fais tout ça.
Comme Zeff ne répondit rien, Siena poursuivit :
- Zelan me l'a dit, ainsi que Lusso. Tu aimais ma mère. Tu veux la ramener. Mais, et même si le plan de Zelan marchait, tu penses que c'est ce qu'elle aurait voulu ?
- La ferme, répliqua Zeff. Tu ne sais rien de ce qu'elle aurait voulu. Tu ne l'as pas vraiment connu. Moi si. Ce qu'elle aurait voulu, c'est vivre pour prendre soin de ses enfants... et de moi. Je vais la ramener. Et elle sera heureuse et fière de moi. Toi, tu vas sagement patienter dans ta cellule. Zelan est furax après ce que tu lui as fait. Je te conseille de ne plus trop l'énerver.
Zeff l'amena jusqu'aux cellules des prisonniers, toutes gardées par les hommes de Zelan. Siena se demanda vaguement si l'Agent avait déjà pris le contrôle total de la base. Zeff ouvrit l'une des portes, mais Siena ne bougea pas. Dans la situation où elle était, elle pouvait facilement ravaler sa fierté, et prendre un ton suppliant.
- Je ne sais pas ce que Zelan compte me faire, mais je pourrai tout supporter. Juste... qu'il ne fasse pas de mal à mon enfant... Je t'en prie Zeff. Je te le demande. Tu es mon parrain, parait-il ? Fais qu'il n'arrive rien au petit quand il naîtra.
Zeff secoua la tête.
- Des enfants, on peut en faire d'autre, si on reste en vie. Quand on est mort, on ne peut plus rien faire.
Puis il poussa Siena dans sa cellule sans ménagement, mais non sans ajouter un inaudible :
- Désolé...
Siena se retrouva seule dans les ténèbres. Elle tomba à genoux et laissa ses larmes couler. Elle sursauta quand une main lui toucha son épaule.
- Siena ? Par le ciel, mon enfant, c'est toi...
- Professeur Natael !
Natael lui fit un sourire douloureux. Son visage était devenu méconnaissable. On aurait dit que la peau avait fondu. D'énormes rides violettes parcheminaient ce visage autrefois séduisant, et tous ses membres ne cessaient de trembler.
- Par Arceus, que vous a-t-il fait ?!
- L'Agent 002 a plus d'une fois tenté de briser mon esprit, expliqua Natael. Il m'a affirmé que mon corps devrait se briser avant.
Le professeur frissonna.
- C'est un véritable démon... Il a des pouvoirs terrifiants. Tout en lui n'ait que cruauté et noirceur... Et maintenant, te voici, toi aussi... Quel espoir nous reste-t-il ?
Siena sécha ses larmes et tâcha de reprendre courage.
- Mercutio, professeur. Zelan a dit qu'il était parvenu jusqu'à l'Elysium. Mercutio peut tous nous sauver. Il faut que nous croyons en lui. Il ne nous reste plus que ça, de toute façon...